ASTUCES DE PARENTS POUR DONNER ENVIE DE LIRE AUX ENFANTS Instaurer un visuel, lire à haute voix, miser sur les BD… Des familles nous livrent leurs ficelles pour faire de la lecture un temps plaisant. Le Figaro – Alice Develey et Claire Conruyt – Mardi 7 avril 2020, p. 14 1) « À la maison, on lit comme on se brosse les dents. » Amélie est mère de deux enfants, âgés de 7 et 13 ans. Tous les soirs, elle consacre 30 à 40 minutes à la lecture d’une histoire. Un rituel qu’elle a instauré dès leur naissance. « Voilà le secret, lire quand ils sont petits et ne pas arrêter même s’ils savent le faire seuls. » Comme elle, nombre de parents ont trouvé, grâce à la magie des contes, un cocon merveilleux dans lequel rêver avec leurs enfants. En quelques pages, les voilà transportés dans le monde fantastique de Harry Potter ; terrifiés par le Grand Méchant Loup qui souffle sur la maison des Trois Petits Cochons ou encore éblouis par le ticket d’or que découvre le Charlie de la chocolaterie de Roald Dahl. Si, hier, la lecture était ludique, aujourd’hui avec le confinement, elle est surtout essentielle. […] 2) Quelles astuces ces parents ont-ils trouvées pour donner le goût de la lecture à leurs chérubins ? D’abord, ils ont fait de ce temps un événement plaisant que les enfants attendent. « L’histoire du soir, c’est un moment de rassemblement. J’en ai autant besoin que mes enfants », confie Vianney, 39 ans, père de deux enfants abonnés à Astrapi, Picsou ou encore J’aime lire. Mais c’est aussi un instant rassurant. Pauline, mère de deux enfants, n’a pas expliqué les raisons du confinement à sa plus jeune. « Elle sent qu’il y a quelque chose d’angoissant dans l’air. Je la mets sur mes genoux, lui lis une histoire, et ça l’apaise. Elle adore cela. Le livre devient son doudou. » Et pour choisir l’histoire à lire, la maman a sa technique : elle éparpille vingt ouvrages autour de sa fille afin de la laisser libre du récit qu’elle veut découvrir. 3) Le livre est avant tout un corps qu’on s’approprie. Il faut lui donner vie. Pour cela, Laura et son époux n’hésitent pas à mettre le ton. « Chaque personnage a sa voix : le loup, l’ogre, les princesses. Cela nous amuse et les enfants aussi. » Laëtitia, 36 ans, maman d’un petit garçon de 5 ans, opine : « Noé adore que je le surprenne, lorsque j’imite la voix des dinosaures, des sorcières ou des chevaliers. » Selon Anne-Marie Gaignard, auteur d’Hugo et les clés de la concentration (Le Robert), la lecture à voix haute est primordiale. « Plus on multiplie les tons de la voix, plus l’enfant sera éveillé aux différentes émotions. » Ségolène prend ce rôle à cœur. Tous les vendredis soir, la comédienne invente une histoire. « Parfois mes enfants m’aident, parfois ils me disent ce qu’ils voudraient que je raconte. » 4) La mise en scène d’une histoire passe aussi par les images. Boule et Bill, Astérix, Barbapapa… sont autant de livres constellés de bulles et dessins colorés qui captivent l’enfant. « Une image se lit et développe une alphabétisation visuelle. Un livre illustré a donc une immense valeur pour le développement cognitif », explique Clémentine Beauvais, auteur des Petites Reines (Sarbacane). Et d’ajouter : « Les albums et les bandes dessinées permettent de catalyser l’imaginaire. » Alia raconte : « Petit Vampire, de Joann Sfar, plaît énormément à nos enfants. Cela les fait rire. Tintin a également leur préférence : ils connaissent toutes les injures du Capitaine Haddock. Hier, mon aîné de 4 ans et demi m’a dit : “Je suis tombé dans un sommeil léthargique.” Ça vient de Tintin ! » L’image ne doit pas pour autant remplacer le texte, prévient Anne-Marie Gaignard. […] Le succès des livres audio 5) Pour les parents qui manquent de temps, les livres audio remportent un franc succès auprès des enfants de tout âge. Alia confie : « Nos enfants sont très agités et la lecture est la seule manière de les arrêter de faire des bêtises. » Lise, maman d’une fille de bientôt 4 ans, a quant elle recours à « la Fabrique à histoires de Lunii et des CD audio avec musiques et contes. » De son côté, Cécile, 34 ans et mère de trois enfants, branche Le Petit Prince. Selon Clémentine Beauvais, cet outil est aussi efficace pour les parents que pour leur progéniture. « Contrairement au papier, qui nous occupe totalement, le livre audio permet de faire deux choses en même temps. C’est un mode de lecture qui s’applique très bien à la vie contemporaine. » À chaque parent sa technique. Il n’y a pas de formule magique. Mais peut-être faut-il, comme Obélix, qu’ils tombent très tôt dans la marmite des mots ? Alors, l’enfant peut jouer avec la langue et faire des livres les plus merveilleux de ses amis.