"Village people", sur France Inter Spontanes, malicieux, deux jeunes reporters off rent un regard tendre sur la France rurale. Dimanche ä la campagne 118 • Nous, on nest pas des léveiôt.»Aľentréede Fozzano, Corse-du-Sud, assis sur un banc de pierre et micro ä la main, AuréiieSfez et Julien Cernobori ne cessent de répéter cette phrase en riant. Derriére eux, au loin, le golfe du Valin-co. A 6h30, ils ont rendez-vous avec Marc, ľépicier itinerant. Voilä deux jours que les deux Télérama n* 2898 - 27 juillet 2005 reporters de France Inter sillonnent ce village situe a 350 metres d'altitude, non loin de Pro-priano. Quelques heures apres leur arrivee, ils savaientdeja que Marie-France, Mireille et Daniel eta lent les enfants de Felix et Fanette; Marjorie, Carole, Lucas et Vincent, leurs petits-enfants; que Madeleine et Antoinette etaient deux sceurs revenues au village aprěs la mort de leur mari; que Robert et Antoine avaient une fille, Audrey... Que Criantal passait ses vacances depuis sept ans ä Fozzano... En un temps record, ils orrt littéralement plongé dans ce charmant village de 198 habitants. Chaque dimanche de ľété, Aurélie Sfez et Julien Cernobori présentent Village people, une emission-portrait, regard tendre et poé-tique sur la France rurale. En temps ordinaire, Aurélie Sfez, 29 ans, musicologue et profes-seur de piano, ceuvre surtout pour France Culture; alors que Julien Cernobori, de deux ans son alné, diplome de Sciences po et ďan-thropologie, travaille plutôt pour Inter, Tous deux sont nés et ont vécu dans un village : Camblanes-et-Meynac, en Gironde, pour elle, Eguilles, dans les Bouches-du-Rhône, pour lui. Ils ne supportaient plus de n'enregistrer que les voix de Paris et de ■ stars il leur fallatt une respiration. • En proposant notre projet, on n 'y croyait pas : il codtait crier ä mooter. Pourtant, le directeur des programmes de France Inter a dit qu'il lui plaisait, qu'il en avail assez des *ém/ss/ons de plateau", avec toujours les memes invites! En plus, Bernard Chérěze connaissait notre travail, puisque ľan dernier nous avons participé ä Ouvert tout ľété, un rendez-vous quotidien de Laurent Cheval. Alors il nous a /a/'sses faire. ■ Depuis, toutes les semaines, Aurélie Sfez et Julien Cernobori partent deux jours dans un village minutieusement choisi pour repré-senter - au mieux - I'Hexagone. Puis ils mixent leurs enregistrements et préparent le déplacementsuivant. Pendant leur immersion en Corse, ils n'ont jamais décroché.«II faut qu'on se régale, qďon s'eclate. D'ou 1'idée de s'enregistrer a tout instant, quand on mange, conduit ou se brosse les dents. Nous voulons ětre acteurs, faire passer le souffle de la vie dans notre emission... On vent sunout faire tes mémes closes que ceux que nous ren-controns. Jouer á la pétanque avec les aínés, écouter de la musique avec les ados ; des petíts riens ereateurs de paroles... Comme on n 'éte/nt jamais le micro, on se met forcé-ment en scěne. Cest aussi notre facon de ne pas nous prendre au sérieux. • Trěs«génératíonnelle«- ďautres trente-nairesde la chaíne (Rebecca Manzonř, Caroline Cartier, Thomas Chauvineau...) precedent de měme -, leur maniěre de faire renouvelie 1'écriture radiophonique. Melange de spontaneitě et de discretion, de malice et de recherche de sens, ce happening sonore surprend par sa justesse de ton. S'ils arborent un air désinvolte, les deux reporters savent ce qu'ils veulent: faire parier la France silencieuse. loin du folklore touristique. A Fozzano, ils auraient pu exploiter le theme de Co/omba. Cest la, en effet, qu'en 1833 eu lieu une vendetta sanglante entre deux families qui inspira a Prosper Mérimée son roman, lis ont préféré les hommes et les íemmes ďaujourďhui. Marc, 1'épicier ambulant, par exemple, qui prepare son camion en declarant: «Je n'ai pas que du chocolat, des pates et des fruits dans mon camion, j'ai aussi des enveloppes, des timbres et des bougies pour les morts. le trimballe avec moi routes nos traditions... • Joseph, tatouages de lile de Beauté Sur cha-que bras, present ä Fozzano parce qu'il vient ďyenterrerson pere... Fantine, la sorciěre qui chasse le mauvaisoeil, mais n'ouvre pasfaci-lement sa porte... Les adolescents qui se re-trouvent depuis des generations au panneau 30 (kilomětres-heure) installé ä I'entrée du bourg. Enfin, Jean-Paul Poletti, vedette locale, Aurélie Siez et Julien Cernobori ä la chasse aux sons dans le villaqe corse de Fozzano. chef du choeur de Sartěne et specialisté de la musique sacrée.«Regartíez le paysage, dit-il de sa terrasse, c'est un orchestre III y a les flutes, les cortíes, les cuivres, et lä, derriěre, les montagnes, ce sont les contrabasses. Le premier víolon, c'est ľéglise. Avec ses couleurs, ses motifs, ses variations et ses contrastes, notre environnement tout entier est musical. » Et les reporters boivent ďau-tant plus ses paroles qu'il les a autorisés ä enregistrer la repetition de son oratorio. «On est d'une generation qui a envie de jongier avec les traditions, reconnaít Aurélie Sfez, on ařme mélanger les gens et les genres. - Julien Cernobori renchérit: • En fai-sant ces emissions, je pense beaucoup ä mes grands-parents... Chacune des per- sonnes rencontree nous donne des formules pour la vie.» Avant de partir pour Lauzette, dans le Tarn-et-Garonne, puis pour Le Pont-de-Montvert, en Lozere, ils saluent chaleu-reusement leursamis corses, les chiens, les myrtes et I'estragon. Assis sur le banc de pierre, golfe du Valin-co derriere eux, ils sortent la liste des sons d'ambiance que la realisatrice leur a deman-des de ramener. Tut-tut camion : - On a. - Bar de pres. bar de loin:«On a.»Oiseaux du matin, cigales, criquets, fontaines, cloches et am-biances de nuit etoilee : • On a.»Avec, en prime, pas des chevaux sur le maquis et chants sacres. Pas mal • Anne-Marie Gustave (envoyee speciale a Fozzano) Photos: Rita Scaglia/Rapho pour Telerama Village people, le dimanche ä 15 heures sur France Inter. Micro revolutions 3/3 : la radio sur le mobile Ne quittez pas Latechnkiueachangelamanieredeproduire le son. Desormais, la radio se fabrique Chez soi, on I'ecoute sur son ordinateur. son bala-deurou son telephone portable. Tour d'horizon de ces«micro revolutions... . C'est le transistor des generations futures, affirme Pascal Delannoy, a la tete de Radio France Multimedia. La radio via le telephone portable permet non seulement d'ecouter des programmes, mais offre A }J/ des services supplementaires, comme la possibilite de connaitre le nom d'une chanson qui passe ou de la telecharger. Elle permet a I'auditeur d'etre actif. • A linstar d'une douzaine de stations (1), Radio France vient de signer un accord avec I'opera-teur Orange. A la cle, la possibilite pour le service public de diffuser deux de ses radios - FIP et Le Mouv' -sur la demiere generation de mobiles, les fameux3G, qui per- <^> mettent de re-garder la tele et QJk, d'ecouter la ra- dio. En s'alliant ainsi au plus grand reseau telephonique - 21,3 millions de clients-, Radio France agrandit son bassin d'ecoute. «Nous touchons davantage d'auditeurs tout en assurant une plus grande proximite avec eux. lis captent la radio et en plus ladaptent a leur gout -, poursuit Pascal Delannoy. A la pointe de ce mode de diffusion, les radios jeunes. Sur ia planete ado, ra-Ij I dio rime depuis belle lurette avec te-■QJ lephonie. NRJ a ainsi baptise son eco-ie d'animateurs la > NRJ School Nokia -, et propose une serie de programmes uniques sur portable (* NRJ mobile, c'est que des hits ! •). L'auditeur zappeur peut, en plus, envoyer des SMS a d'autres auditeurs et auxanimateurs, telecharger des MP3, des videos, visionner les coulisses desa radio preferee... II y a quelques mois, le magazine americain Wired an-noncait en couverture «la f7n de la radio telle que nous la connaissons*. La mue est amor-cee • Emmanuelle Dasque WltO.. m Chérie FW, Rire el Chansons, řřJjJJt* Fun. RTL2, Europe 2. RFM, Nostalgie, NRJ, Skyrock... Téléranta n" Z898 - 27 juillet 2005