Extrait n^o1 : École: leçon de notation, Emmanuel Davidenkoff, L’Express.fr, publié le 30 septembre 2015 : Supprimer les notes n'aurait guère de sens. Dire à quoi elles servent en aurait un, celui de signifier si l'école est d'abord là pour former ou pour trier. La rumeur, pourtant prestement démentie, a enflammé la Toile et les ondes en quelques heures: l'Education nationale envisagerait de supprimer les notes de 0 à 20. Ce tollé en dit long sur l'ignorance crasse des Diafoirus improvisés de la docimologie - l'étude des facteurs déterminant la notation aux examens et aux concours. Dès 1920, le psychologue américain Edward Thorndike parvient à isoler ce qu'il appelle "l'effet de halo". Entré dans le langage courant des élèves en des termes plus triviaux - "la note de gueule" -, il confirme ce que le bon sens suggère: plus un enseignant a une bonne image globale d'un élève, plus sa notation sera indulgente. En 1947, Karl Posthumus prouve que la majorité des enseignants répartissent les notes selon une courbe de Gauss: un peu de très mauvaises, un peu de très bonnes et beaucoup de moyennes ; et ce, quelle que soit la performance "objective" des élèves - phénomène récemment rebaptisé par le professeur de mathématiques André Antibi "la constante macabre". ● Extrait n^o2 : Débat : pour ou contre les notes à l'école, Antoine Dreyfus, Le Parisien.fr, 13 mai 2013 : Pour : « La notation incite les élèves à travailler plus et mieux » Mathieu Poiré, professeur de Sciences et vie de la Terre dans un collège d’Yerres (Essonne). Une évaluation fiable… C’est le système le plus sûr pour évaluer le travail des collégiens et lycéens. Si des améliorations sont nécessaires, elles doivent porter sur les méthodes d’évaluation. Il faut par exemple favoriser la double correction ou instituer, entre professeurs, des règles communes de correction. Mais cela ne remet pas en cause la notation chiffrée. …et simple. Même si l’on décide de supprimer la note sur 20 ou sur 10 pour la remplacer par un système d’acquisition de compétences, il faudra bien trouver une façon d’évaluer. Par exemple, on dira à un élève qu’il a acquis trois compétences sur cinq. Et les établissements devront établir des classements complexes, en mesurant ce qui est acquis et ce qui ne l’est pas. Pourquoi compliquer, alors que l’on dispose d’une mesure simple, compréhensible de tous ? Une stimulation pour les élèves. Contrairement à ce que l’on pense, les notes peuvent les inciter mieux travailler, dans la mesure où les professeurs pointent ce qu’il faut améliorer, tout en les encourageant. La note est souvent utilisée comme un outil de sélection, alors qu’elle devrait rester un mécanisme d’évaluation. ~ Contre : « Le stress des mauvaises notes est un frein à l’apprentissage » Antonella Verdiani, formatrice à Paris et fondatrice de l’association Le Printemps de l’éducation. Le modèle nordique, l’exemple à suivre. En Finlande, pays considéré comme une référence en matière d’éducation dans les classements Pisa (études mesurant les performances des systèmes éducatifs, NDLR), les enfants sont évalués pour la première fois à l’âge de 9 ans. Mais pas sous une forme chiffrée. Les encouragements favorisent les progrès. Les études montrent que le stress lié aux mauvaises notes est un frein énorme à l’apprentissage. Si un professeur met un 0 ou un 5/20, l’élève est susceptible de prendre cette note comme une remise en question de ses capacités. Inversement, de nombreuses études montrent que les encouragements favorisent les apprentissages. Des solutions alternatives efficaces. Dans l’enseignement primaire, la note chiffrée ne sert rien. Et dans le secondaire, il existe des solutions alternatives. Par exemple, au Lycée pilote innovant international de Poitiers (Vienne), les lycéens s’auto-évaluent puis discutent avec leurs professeurs. ● Extrait n^o3 : Sortir du faux débat sur les notes à l’école, Charles Hadji, Technologie 202, mars-avril 2016 : Le débat actuel sur les notes à l’école est-il plus qu’une « polémique pour intellectuels de salon » ? Pour trancher, il faut voir d’une façon claire ce qui est en question. La difficulté est que souvent ceux qui l’alimentent, comme le grand public qui en perçoit les échos, n’ont pas une claire conscience de ce qui est véritablement en jeu dans la querelle qui occupe le devant de la scène. Autrement dit, ce que montre en premier lieu, dans sa virulence, le débat actuel sur les notes, c’est que nous n’avons encore ni posé ni résolu d’une façon pertinente le problème de l’évaluation des élèves. L’urgence est là. Le débat, auquel se mêlent experts, hommes politiques, journalistes et grand public, porte pour l’essentiel sur la place faite aux notes à l’école. Pour certains, cette place est évidente. On a pratiquement toujours noté. Des générations d’élèves ont vu les notes rythmer leur vie scolaire et sanctionner leurs apprentissages. Pourquoi changer, si ce n’est, soupçonne-t-on, pour jeter un thermomètre dont la faute impardonnable serait de mesurer la baisse du niveau des élèves ? Environ 800 mots