La batterie de smartphone à plat, « une vraie angoisse » ! Un tiers des Français redoutent le déchargement complet de leur appareil mobile, selon une étude que nous vous dévoilons en exclusivité. Un stress qui touche surtout les 18-35 ans. Damien Licata Caruso et Élie Julien – Le Parisien du 1^er mars 2021, p. 14 Qui ne l’a pas déjà entendu ? « Je suis tout nu sans portable. J’ai peur de manquer un truc important, témoigne Paul, étudiant de 23 ans. Vous ne verrez jamais mon portable à 1 % de batterie. Je le recharge quatre fois par jour. » Cet habitant des Hauts-de-Seine est loin d’être un cas isolé. Selon un sondage OpinionWay* pour le fabricant de smartphones Oppo, 34 % des Français interrogés reconnaissent que la perspective de se retrouver sans batterie engendre un stress au quotidien. « Le smartphone est un doudou sans fil et son hyper-utilisation vient pallier nos inquiétudes et combler notre incapacité naturelle à être seul », explique Michaël Stora, fondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines. « Voir sa batterie diminuer, c’est comme un enfant qui voit qu’il ne reste plus qu’une seule page du livre à lire ou qu’on lui enlève son doudou, cela crée une vraie angoisse qui renvoie aux traumatismes de la petite enfance, assure ce psychanalyste. Il y a aussi le phénomène du FOMO (NDLR : Fear of missing out), c’est-à-dire la crainte de rater quelque chose, qui est alimentée par notre imaginaire. » Cette préoccupation est plus marquée chez les 18-24 ans, qui sont 64 % à y voir un motif de stress. Même inquiétude chez les 25-34 ans, dont une majorité (53 %) observent avec appréhension les réserves de leur batterie fondre au cours de la journée. C’est logique, car ces catégories d’âge ont grandi avec la démocratisation des smartphones, de la 4G et de l’accès au Wi-Fi partout. Ajoutée aux adolescents et préados — trop jeunes pour être sondés —, cette population de jeunes adultes constitue bien la partie la plus connectée des 77 % de Français propriétaires d’un smartphone, selon le Baromètre du numérique, l’enquête annuelle réalisée par le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie). Moins concernés mais pas totalement rassurés, un tiers (34 %) des 35-49 ans jugent l’absence d’autonomie de leur téléphone préoccupante. Quant aux 50-64 ans, ils ne sont que 23 % à s’en soucier vraiment. A contrario, les seniors ont du mal à stresser à l’idée de ne plus pouvoir utiliser leur appareil (18 %). Cette phobie concerne en priorité les cadres et CSP +, qui sont 40 % à être stressés, alors que 73 % des inactifs refusent de considérer un smartphone à plat comme une source de tension dans leur existence. « La panne de batterie est une sorte de grain de sable qui peut compromettre toutes formes d’opportunités, selon Ronan Chastellier, sociologue. Les smartphones ont été poussés à leur limite avec le télétravail, et la batterie est devenue le nerf de la guerre. Recharger vite devient une condition de la nouvelle sérénité. » Plutôt être en retard que partir avec un téléphone à moitié chargé Rater un message important sur WhatsApp ou se priver d’un moyen de passer le temps dans les transports… Les désagréments potentiels sont légion. Ainsi, 82 % des 18-24 ans et 71 % des 25-34 expriment dans l’étude au moins une crainte de ce type à l’idée de ne plus pouvoir consulter leur écran (voir ci-dessous). Jusqu’à nous pousser à des comportements inattendus ? « Si je dois me déplacer, j’ai toujours un chargeur sur moi, explique Juliette, 28 ans et responsable dans l’hôtellerie. Parfois, j’attends jusqu’à la dernière minute avant de partir pour qu’il ait le temps de charger au maximum. » Chez les sondés, 14 % avouent même se mettre en retard pour finir la recharge. Une propension qui se retrouve surtout chez les 18-24 ans (42 %) et les 25-34 ans (26 %). « Il faudrait que la batterie se charge plus vite ou se décharge moins vite. Parfois, je reste dans ma voiture moteur allumé pour charger un quart d’heure de plus », confie Paul. « Les constructeurs s’efforcent d’être de plus en plus performants. Seulement, nous ne pouvons pas agrandir indéfiniment la taille de la batterie, au risque de se retrouver avec un appareil très peu maniable, rappelle David Chauvaud, chef produit chez Oppo France. C’est pourquoi la vitesse de charge est clé, elle fait partie d’ailleurs des critères de sélection d’un smartphone avec la vitesse et l’autonomie. » Dans ce domaine, les moins de 35 ans sont, sans surprise, les plus demandeurs (61 %) en technologies de charge ultrarapide — les plus performantes assurant une recharge complète en 40 minutes. * Etude en ligne sur un échantillon de 1 002 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans ou plus, selon la méthode des quotas.