La Princesse de Clěves (1678) La Princesse de Clěves est le chef-d'osuvre de Mme de La Fayette. Publié sans nom d'auteur, le livre connut děs sa sortie un vif succěs et suscita en měme temps une vive querelle, car l'auteur mettait en scene des figures authentiques de ľhistoire récente. Roman bref, en quatre parties, La Princesse de Clěves raconte ľamour impossible ďune jeune femme mariée et fiděle pour un gentilhomme, ä 1 epoque du roi Henri II (1547-1559). Premiere partie. Mile de Chartres, présentée ä la Cour, séduit tout le monde par sa beauté. Demandée en mariage par le prince de Clěves, tombé amoureux d'elle, eile ľépouse. Mais seule ľ« estime » (« Carte de Tendre » voir p. 227) la lie ä son mari, alors qu'une veritable «inclination »la pousse vers le séduisant due de Nemours, rencontre ä ľoccasion d'un bal. Deuxiěme partie. Retiree un temps ä Coulommiers, la princesse revient ä Paris, esperant pouvoir máitriser la passion qui ľenvahit peu ä peu. Mais eile ne parvient ä masquer ses sentiments au due, qui lui dérobe un portrait d'elle. Elle souffre měme de jalousie ä ľoccasion ďune lettre galante du due qui lui vient sous les yeux. 1. .Affection profonde. 2. Demarche suivie (i< l'aveu). 3. Celui qui courtise, i adore. Troisiěme partie. Elle préfěre enfin s'écarter du monde de la Cour : intrigue par cette retraite qui n'a pas de raison apparente, M. de Clěves, qui ľa rejoint ä Coulommiers, la presse de questions. Elle lui fait alors l'aveu de sa passion. Ce qu'elle ne sait pas, e'est que Nemours, cache non loin de la, a tout entendu. Alors qu'elle n'a pas dit le nom de celui qu'elle aime, son mari parvient ä ľidentifier, car Nemours lui-měme raconte (sans donner de noms) cette intrigue amoureuse dont on se met ä parier ä la Cour. Les trois personnages sont alors tortures par les soupcons et la jalousie. Quatriěme partie. Nemours qui a suivi la princesse ä Coulommiers est dénoncé au prince par un espion. Se croyant trahi, Clěves meurt de chagrin, non sans avoir fait de tragiques adieux ä sa femme, qu'il aime toujours. Mme de Clěves, que Nemours presse toujours, finit par lui avouer sa passion; mais eile refuse de ľépouser, et se retire dans une maison religieuse. Un aveu sans precedent Mme de La Fayette Im Princesse de Clěves (1678) La passion a saisi la princesse; eile decide done de fuir, pour ne plus ětre torturée par la vue de celui qu 'eile aime. Cette brusque retraite incite M. de Clěves a interroger sa femme. Elle va done lui avouer la teneur de ses sentiments. - Eh bien, monsieur, lui répondit-elle en se jetant ä ses genoux, je vais vous faire un aveu que ľon n'a jamais fait ä son mari; mais ľinnocence de ma conduite et de mes intentions m'en donne la force. II est vrai que j'ai des raisons de m'eloigner de la cour et que je veux éviter les perils oú se trouvent 5 quelquefois les personnes de mon äge. Je n'ai jamais donné nulle marque de faiblesse et je ne craindrais pas d'en laisser paraTtre si vous me laissiez la liberie de me retirer de la cour ou si j'avais encore Mme de Chartres pour aider ä me conduire. Quelque dangereux que soit le parti que je prends, je le prends avec joie pour me conserver digne d'etre ä vous. Je vous demande 10 mille pardons, si j'ai des sentiments qui vous déplaisent, du moins je ne vous déplairai jamais par mes actions. Songez que pour faire ce que je fais, il faut avoir plus ďamitié1 et plus d'estime pour un mari que ľon en a jamais eu ; conduisez-moi, ayez pitie de moi, et aimez-moi encore, si vous pouvez. M. de Clěves était demeuré, pendant tout ce discours, la téte appuyée sur 15 ses mains, hors de lui-měme, et il n'avait pas songé ä faire relever sa femme. Quand eile eut cessé de parier, qu'il jeta les yeux sur eile, qu'il la vit ä ses genoux le visage couvert de larmes et ďune beauté si admirable, il pensa mourir de douleur, et ľembrassant en la relevant: - Ayez pitie de moi vous-méme, madame, lui dit-il, j'en suis digne; et 20 pardonnez si, dans les premiers moments ďune affliction aussi vioiente qu'est la mienne, je ne réponds pas, comme je dois, ä un procédé2 comme le vôtre. Vous me paraissez plus digne ďestime et d'admiration que tout ce qu'il y a jamais eu de femmes au monde ; mais aussi je me trouve le plus malheureux homme qui ait jamais été. Vous m'avez donné de la passion děs 25 le premier moment que je vous ai vue ; vos rigueurs et votre possession n'ont pu I eteindre : eile dure encore ; je n'ai jamais pu vous donner de ľamour, et je vois aue vous craienez d'en avoir nnnr im antw Fr mti oct ;i rr,^-,™~