I. I.ii hni nie aiix temps préhistoriques La préhistoire recouvre I'ensemble des événements concernant l'humanitě avant I 'apparition de l 'écriture. Les vestiges préhistoriques sont connus depuis l 'Antiquité, mais les premieres études sérieuses datent du Xl)C siěcle (Boucher de Perthes). Les découvertes des grottes, qui constituent la principále source des connaissances sur la vie du peuplement ancien, ont été souvent dues au hasard (Lascaux, Sormiou) qu 'awe vraies prospections (Dordogne). Selon les phénoměnes naturels et les mouvements humains, les préhistoriens distinguent les divisions suivantes de la préhistoire : Les temps glaciaircs Age de la pierre ancienne (Paléolithique) 2 000 000- 12 000 av. J.-C. Mésolithiquc 12 000 - 8 000 av. J.-C. Le post-glaciaire Age de la pierre nouvelle (Néolithique) 8 000 - 1 800 av. J.-C. ■ La protohistoire Age du cuivre 2 300 - 1 800 av. J.-C. Age du bronze 1 800 725 av. J.-C. Age du fer 725 - 10 ap. J.-C. 1. 1. Le Paléolithique Cette periodě de la préhistoire est déterminée par les oscillations climatiques entre les périodes de froid glaciaire et les périodes de radoucissement glaciaire. Elles rythmaient toute la vie sur la terre. Les grandes glaciations portent le nom des affluents du Danube : Gunz (2 000 000 - 500 000 av J.-C), Mindel (500 000 - 200 000 av J.-C), Riss (500 000 - 90 000 av J.-C.) et Würm (90 000 - 9 000 av J.-C). Lors de la derniere glaciation de Würm disparait la grande faune froide (mammouths, rhinoceros laineux, rennes, ...) qui est tenue pour caracteristique de la prehistoire. Le climat plus modere permet le developpement de la faune forestiere (sanglier, cerf elaphe, lynx, loup,...) que la France connait encore aujourd'hui. Les premiers signes de la vie humaine sur le sol francais datent du paleolithique inferieur. L'humanite pithecanthropienne (500 000 av. J.-C.) est representee par Pindustrie abbevillienne (cheleenne), attestee par les decouvertes dans les terrasses de la Marne k Chelles et ä Abbeville, dans la terrasse de la Somme. L'abbevilien est suivi par la civilisation de l'acheuleen. L'homme circule dans les vastes plaines du Nord et traite les rognons de silex recoltes le longs des rivieres. II parcourt aussi le sud et avec son installation dans les grottes il passe au Stade preneandertalien (grotte de Coupe-Gorge ä Montmaurin, grotte de la Chaise, caveme de PArago ä Tautavel). L'homme de Neandertal, qui apparaTt au debut de la glaciation de Würm (90 000 - 35 000 av J.-C), est porteur de Pindustrie mousterienne. Le caractere ainsi que le mode de vie de cet homme sont relativement bien connus grace au grand nombre de sites decouverts (Moustier, Roc de Marsal en Dordogne, La Chapelle-aux-Saints en Correze). Ce qui differencie cet homme de ses predecesseurs, e'est la pratique des premiers rites funeraires dans Phistoire humaine. Vivant dans un climat rigoureux, il sait dejä entretenir le feu dans les grottes qu'il habite. II n'est plus le nomade qui se deplace sans cesse en chassant. II s'installe au moins pour un certain temps ä Pabri des surplombs rocheux. L'apparition de VHomo sapiens date du paleolithique superieur. II s'agit tleja d'un homme anthropologiquement moderne avec un front droit, une voüte eränienne elevee et un menton bien marque. En France, il est represente par deux grandes civilisations : le perigordien et Vaurignacien. Le perigordien, caracterise par des pointes de silex (pointes de Chätelperron et pointes de la (iravette), evolue dans Pespace entre la Loire, PYvonne et la Garonne. I,'aurignacien a les traits communs avec /'aurignacien d'Europe centrale forgeant les memes pointes en os ä base fendue. 4 5 i li.....mi 'In paléollthique supérieur fabrique les outils ďune grande ipéi Ifli ne i'i vwiétés en eomparaison avec les périodes précédentes. 1. 2. Le Néolithique La néolithisation ancienne de la France est liée á deux courants de civilisation : cardial et danubien. La civilisation cardiale, nommée selon la céramique décorée ďempreintes de coquilles de cardium, occupe děs 6 000 av. J.-C. la moitié sud de la France. Elle construit des habitats de plein air, comme á Courthézon (Vaucluse), oů les huttes rondes ont des pavements de galets. Elle maitrise déjá 1'agriculture céréaliěre dont la presence a été prouvée par les découvertes des grains carbonises de blé et ďorge. La civilisation danubienne arrive d'Europe centrále sur le sol francais vers le milieu du Ve millénaire. Elle répand avec elle 1'agriculture, 1'élevage du porc et du bceuf. Elle se caractérise par la fabrication de lourdes haches polies en pierre noire et par la production de céramique rubanée. A 1'instar de leurs ancétres, les colons danubiens édifient de vastes maisons avec un toit á double pente qui est soutenu par cinq rangées parallěles de poteaux. Au cours des trois millénáires du néolithique se sont formés encore d'autres groupes culturels dont nous mentionnerons surtout: • la civilisation chasséenne avec une céramique trěs simplement décorée par les couleurs sombres sur les surfaces polies • la culture de « Seine-Oise-Marne » centrée sur le territoire du Bassin parisien qui touche aussi les regions voisines de Normandie, d'Armorique et d'Aquitaine et qui se distingue notamment par une varieté riche ďoutils de pierre et ďos • la culture de « Saóne-Rhóne », construisant sutout á Pest (par ex. : la Suisse occidentale) le long des riviěres et des lacs, de grandes maisons de bois rectangulaires sur pilotis. Le phénoměne le plus important pour la periodě préhistorique du Néolithique reside dans la colonisation agricole qui transforme radicalement Forganisation et Factivité humaine dans le temps et dans Fespace. Le processus de colonisation agricole ne se deroule pas en quelques decennies, il a ses racines dans le jardinage archaTque du mesolithique. Le premier stade d'agriculture repose sur la fertilisation du sol par les brulis et par Fabattage des arbres a la hache de silex. Ensuite s'imposent les techniques plus ameliorees des labours a Faraire. La recolte est faite a la faucille de silex et elle est conservee dans des silos creuses dans le sol. Les cereales (engrain, amidonnier, orge) sont broyes dans des moulins a main primitifs. A cote de Fagriculture, les Neolithiques se consacrent aussi a Felevage du mouton, de la chevre, du porc et du boeuf sans qu'on puisse tracer les limites precises entre les peuples uniquement pasteurs et/ou les paysans sedentaires. En plus, Falimentation est encore en grande partie completee par la cueillette, la chasse et la peche. 1. 3. L'Age du bronze Les premiers objets métalliques sont diffuses sur le sol francais vers 1 800 av. J.-C. Sous Finfluence sensible de FEurope centrále et orientale, différents groupes culturels voient le jour. lis ont cependant tous une tendance á la specification des activités et par consequence aussi des hommes. L'individualisme naissant se reflěte aussi dans Facte funéraire, chaque mort est en general enterré dans une sepulture séparée des autres. L'Armorique, fortement peuplée d'hommes venus du Nord, est riche en sepultures circulaires reservées aux- chefs de guerre. II entretient des échanges avec les iles Britanniques, les regions des Alpes et la péninsule Ibérique. Une métallurgie importante se développe dans le Médoc. On y produit des milliers de haches « médocaines » aux bords rectilignes surélevés. La fabrication des haches á talon atteint le maximum de nombre en Normandie. Mais la fabrication produisant des haches est présente aussi dans le Centre-Ouest et dans le Massif central. La fin de Fage du bronze est en signe du progres agricole, favorisé par un climat devenu plus humide et par la domestication du cheval qui devient un animal de trait. La civilisation dite « des Champs ďUrnes » penetrant sur le territoire francais de l'Est contribue le plus au développement et á la diversification des 6 7 II i li. iltili mm ii.im ,ni i ik- ľunéraire (les restes des défunts étaient places i m li mu. .) i'si parlbis adopté dans certaines regions (Jura, Champagne, 11.r,mii purlsien, Touraine, Languedoc). Elle introduit une céramique trěs belle et Ires line, noire ou chamois, ornée de cannelures et de filets graves. Sous ľinfluence de cette civilisation les épées re^ivent une poignée métalique et les haches á rebords sont remplacées par les haches á ailerons subterminaux. Vers 700 av. J.-C. le bronze commence á étre supplanté par le fer mis au point par les Hitties du plateau anatolien de Turquie (vers 1 500 av. J.-C). La technique du fer se répand grace aux navigateurs phéniciens et par ľintermédiaire des peuples balkaniques. 1. 4. L'Age du fer Vers 700 av. J.-C. le bronze commence ä etre supplante par le fer mis au point par les Hitties du plateau anatolien de Turquie (vers 1 500 av. J.-C). La technique du fer se repand grace aux navigateurs pheniciens et par Pintermediaire des peuples balkaniques. La structure sociale est marquee par une forte domination des guerriers montes sur leurs chevaux et equipes de chars. Les echanges culturels et commerciaux continuent ä s'intensifier surtout dans le sud de la France actuelle ou les Grecs fondent leurs colonies (par'ex. : la ville de Massalia - Marseille). Des le Ve siecle av. J.-C. se manifeste un grand mouvement de migration des Celtes. Les Celtes proviennent principalement du sud de l'espace germanique. Pousses peut-etre par une pression demographique ou soit par un climat se degradant, ils s'implantent vers le IIIe siecle av. J.-C. sur le territoire francais : Arvernes dans le Massif central, Eduens en Bourgogne, Sequanes dans le Jura, Pictons au Poitou, Carnutes dans la Beauce. L'espace meridional reste occupe par les peuples « celtoligures » ou « celtiberes » {Allobroges, Volques). Dans le nord de la France actuelle, les Celtes, arrives plus tard, sont minoritaires ä cote des peuples germaniques (Ambiens en Picardie, Reines en Champagne, Nerviens et Eburons en Belgique actuelle). 1. 5. Ľart préhistorique Les manifestations les plus marquantes de Fart prehistorique sont les gravures et les peintures parietales. Les gravures sur les parois des grottes, sur des galets ou sur des os ont ete executees au doigt ou avec un outil pointu. Elles representent d'habitude des animaux. Ceux-ci servent souvent de points de reperes aux chercheurs qui essayent d'etablir les changements de la faune suite ä des differences climatologiques. L'une des plus belles gravures avec des mamouths et des rhinoceros se trouve dans la grotte de Rouffignac en Perigord. Les peintures parietales representent aussi le plus souvent des animaux ou des scenes de chasse. Elles peuvent avoir une forme lineaire (dessins de contour) ou ponctuee (points ä l'interieur du contour ou picturale (peinture ä l'interieur du contour) et etre accompagnees eventuellement de signes geometriques. Dans certaines grottes se sont conservees les representations des mains, soit en trace digite positif (main trempee dans la peinture et appliquee sur la paroi), soit en trace digite negatif (main appliquee propre sur la paroi autour de laquelle on pulverise ensuite de la peinture). Quelques-unes des plus belles peintures sont ä voir ä Lascaux en Perigord : 9 Parmi les autres sites renfermant les peintures prehistoriques nous pourrions mentionner par ex. p. : la grotte Cosquer a Sormiou (Cassis) ou Vallon-Pont-d'Arc (Ardeche). Au neolithique nait l'art des megalithes, L'homme neolithique edifie de grandes sepultures pour ses defunts, les dolmens (« tables en pierre »). lis sont formes en general d'une dalle en pierre posee horizontalement sur deux montants verticaux. Les dolmens peuvent parfois etre disposes en couloir formant une allee couverte menant a un tumulus (tertre en pierre et en terre) ayant la fonction d'une chambre funeraire. Si les prehistoriens se mettent d'accord sur le fait que les dolmens etaient des tombaux, la fonction n'est pas si claire pour les menhirs auquels certains attribuent des reperes astronomiques. II s'agit de « pierres dressees » mesurant de quelques decimetres a une vingtaine de metres, lis peuvent etre ornes de spirales. Mais la majorite est sans gravure. lis sont parfois disposes en alignements, comme a Carnac en Bretagne ou ils s'etendent sur 4 kilometres, ils sont du nombre de 2 934 pour une hauteur de 0,5 m a 6,4 m. La these, selon laquelle l'alignement de Carnac a une orientation privilegiee sur le lever du soleil au solstice d'ete, ne reste pas sans reserve. Ce qui n'est pas conteste, c'est la date de leur construction qui remonte au IVe millenaire av. J.-C. Sur l'ensemble du territoire francais, on evalue le nombre de dolmens a 4 500 et le nombre de menhirs a 6 000. ■ 10 2. La conquete romaine de la Gaule A partir du lf siede av. J.-C. les Romains entreprennent la conquete de la Gaule qui s 'achevera par la victoire de J. Cesar sur Vercingetorix en 52 ä Alesia. Le territoire de la Gaule est ensuite partage en trois parties (1'Aquitaine, la Lyonnaise, la Belgique) et passe saus le contröle des Romains qui y repandent leur culture et leurs coutumes. 2. 1. L'organisation de la Gaule celtique La Gaule est le nom donne par les Romains au territoire correspondant a peu pres a la France et a la Belgique actuelles. Selon le rythme des conquetes s'etablissait une distinction entre: la Gaule celtique proprement dite, designee aussi par le terme « Gaule chevelue » (l'adjectif chevelu fait reference aux cheveux longs des Gaulois) - appelee aussi Gallia comata ou la Gaule transalpine, elle restera independante jusqu'a la conquete de Jules Cesar et la Gaule du Sud sous l'influence de l'ancienne colonie grecque Marseille - la Gaule cisalpine, ou l'on portait la toge, d'ou le nom Gallia togata. L'organisation de la Gaule est connue surtout grace aux sources greco-latines, en particulier par le recit de la conquete de la Gaule, ecrit par Jules Cesar dans De bello Gallico (La Guerre des Gaules) dont un petit extrait vous est propose a titre d'exemple : La Gaule vue par Cesar « L 'ensemble que forme la Gaule se decompose en trois parties : la premiere est habilee par les Beiges, la seconde par les Aquitains. la troisieme par ceux qui portent le nom de Celles dans leur propre langue, de Gaulois dans la nölre. Tous different entre eux par la langue, les usages, les lois. Les Gaulois sont separes des Aquitains par la Garonne, des Beiges par la Marne et la Seine. Les plus braves de tons sont les Beiges, parce qu 'ils sont les plus eloignes de la civilisation et de la culture de la Province, parce que ce sont eux que les marchands 11 frequentent le moins et a qui Us apportent le moins de tout ce qui est propre a effeminer les caws, et parce qu 'enfin Us sont le plus proches des Germains, qui habitent au-dela du Rhin, avec lesquels Us sont continuellement en guerre ; c 'est la raison aussi pour laquelle les Helvetes surpassent en bravoure le reste des Gaulois : Us livrent combat aux Germains presque quotidiennement, soit qu'ils lew interdisent leur territoire, soit qu'ils portent la guerre chez eux. La region que nous avons definie comme le domaine des Gaulois commence au Rhone et est enfermee par la Garonne, 1 'ocean, la frontiere beige, et atteint meme le Rhin du cote des Sequanes et des Helvetes ; elle est tournee vers le nord. Les Beiges commencent a la limite de la Gaide, s 'etendent jusqu 'a la partie inferieure du Rhin, sont orientes au nord et a I'est. L 'Aquitaine s 'etend de la Garonne aux monts des Pyrenees et a la partie de Vocean qui est voisin de I'Espagne ; elle est tournee vers I'ouest et le nord. » Jules C6sar, La Guerre des Gaules, I, 1 2. 2. Le systéme politique Les tribus celtiques étaient divisées en royaumes indépendants et rivaux á la téte avec im chef-roi. Aprěs la disparition des chefs-rois, le pouvoir politique est récupéré par les grandes families celtes que César designe sous le nom d'equites - chevaliers. Cette catégorie formait l'aristocratie gauloise, les grands propriétaires. Cette aristocratie, qui siégeait au conseil, contrólait la vie politique de la cite et elle désignait les magistratis ou vergobrets. Ceux-ci détenaient le pouvoir exécutif et judiciaire. Cette noblesse militaire gauloise fondait sa puissance sur les ambacts (guerriers attaches á la personne d'un chef gaulois) et la clientele (formée d'hommes libres sans fortune). 2. 3. La religion Les Celtes ont cru á Pimmortalité de 1'áme, symbolisée par le gui qui reste vert et qui fructifie Iorsque tombent les feuilles des arbres sur lesquels il vit. Aprěs la disparition des chefs-rois, le pouvoir religieux passe á la classe des druides. II est difficile de définir avec exactitude ce qu'a été le druide : prétre -c'est incontestable. Mais ce prétre est double d'un guérisseur, d'un maítre á penser et d'un savant. Comme prétre, il est charge ďordonner les sacrifices et de régler la liturgie des ceremonies religieuses. Les druides avaient une connaissance trěs poussée des plantes et de leurs vertus curatives. lis pansaient les blessures et guérissaient les fractures. Les druides étaient aussi des éducateurs. L'usage de Pécriture était interdit, seul un enseignement oral était donné dans des Iieux retires au plus profond de la forét. 2. 4. L'amenagement des places fortes (des oppida) Ce type de sites fortifies était construit á partir du 2e siěcle av. J.-C. Les oppida ont joué un role militaire mais aussi économique. lis étaient de superficie variable (entre 90 et 160 hectares), proteges par une enceinte. L'enceinte délimite une zone interne. La partie méridionale du site est la plus élevée : la se situe le sanctuaire, un espace quadrangulaire ; pres de ce sanctuaire se trouvent le marché central et les residences des nobles ; plus bas un quartier d'artisans. Les oppida étaient le siege du pouvoir et le lieu de residence de la noblesse celtique. 12 13 2. 5. L'art celtique Cet art est caracterise par la predominance des courbes, des anti-courbes, des spirales et des esses (motif decoratif ayant la forme d'un S). II s'applique essentiellement ä de petits objets utilitaires qu'il decore ; Poeuvre d'art pure, non fonctionnelle, est quasi absente. Le travail du metal: • Bijoux en or : colliers ou torque (collier gaulois qui, porte aussi par les hommes, figurait comme attribut des dieux gaulois), bracelets. • Armes decorees : gravures sur les casques, sur les epees et sur les fourreaux. 2. 6. La conquete romaine de la Gaule L'invasion romaine s'est deroulee en deux etapes : • 124-118 av.J.-C. • 58-52 av. J.-C. Pour soumettre le territoire gaulois, les Romains ont profite des disputes et des petites guerres parmi les tribus celtiques. En 124 av. J-C, Marseille, menacee par les Celles Salyens et les Ligures, appelle les Romains au secours. L'intervention romaine retablit I'ordre. Les Salyens sont battus et leur capitale - Entremont - est detruite. A cote de cette ville les Romains fondent sur un site d'eaux thermales, la ville fortifiee d'Aix-en-Provence, ou ils s'etablissent. En 121 av. J-C, les Romains interviennent de nouveau, sollicites cette fois-ci par les Eduens, contre les Arvernes et les Allobroges. Iis sont battus, et par la suite, les regions situees entre les Alpes et les Pyrenees deviennent romaines. En 118 av. J-C, les Romains fondent Narbonne qui devient la capitale de la nouvelle province romaine - La Gaule narbonnaise (transalpine). Elle regroupe les territoires conquis en Gaule. Le reste de la Gaule, divise en cites rivales (il y avait de nombreuses petites guerres civiles), doit faire face k un double peril: • la menace germanique au Nord • les ambitions romaines au Sud. En 58 av. J-C, les delegues des cites gauloises viennent demander a J. Cesar de les aider contre les Germains qui ont a leur tete Arioviste. J. Cesar accepte, car il y voit l'occasion de s'engager encore plus en Gaule. Les (iermains sont battus et doivent repasser le Rhin. Au lieu de se retirer apres la victoire sur Arioviste, J. Cesar organise ses quartiers d'hiver sur le territoire conquis en envisageant de soumettre le reste de la Gaule. De 57 a 53 av. J-C. J., Cesar et les legions romaines se portent sur les regions peripheriques. L'annee 57 av. J-C. est consacree a la soumission des peuples de la Belgique. En 56 av. J-C, J. Cesar soumet la Bretagne et 1'Aquitaine. La soumission des peuples gaulois ne se passe pas sans revolte. La grande revolte dans l'hiver 53 - 52 av. J-C. commence par le massacre des commercants a Cenabum (Orleans). A la suite de cette nouvelle, Vercingetorix, le fils du noble arverne Celtill, parvient a s'imposer a son peuple et a prendre la tete de la revolte. Avec l'aide des peuples du centre et de l'ouest de la Gaule, Vercingetorix lance l'offensive. J. Cesar, parti en Italie, revient. II assiege Vercingetorix qui s'est replie sur sa capitale, une place forte, Poppidum de Gergovie. Mais devant les qualites defensives du site, J. Cesar leve le siege. II se retire vers le sud pour defendre la Province. A ce moment-la, Vercingetorix a commis une erreur d'appreciation qui serait fatale. II decide de lancer sa cavalerie contre Parmee romaine en marche. Mais Passaut est repousse par les Romains ; les Gaulois se retirent a Alesia, oppidum du peuple des Mandubiens. Pour s'emparer d'Alesia, les legionnaires romains ont construit une double barriere de fosses et de pieges, interdisant aux Gaulois toute echappee ainsi que la venue de renforts de l'exterieur. Enfin, Vercingetorix doit se rendre en 46 av. J-C. : emmene a Rome, dans le cortege triomphal de J. Cesar, il sera execute. Vercingetorix est devenu au XIXesiecle le symbole de Punite du pays face a la menace etrangere et le prototype du heros national. La realite est a la fois plus complexe et moins grandiose... II n'cxislc pas de portrait de Vercingétorix, les monnaies qui étaient linppécs á smi nom représentaient sans doute Apollon plutót que lui. 2. 7. Des provinces pacifiees et urbanisees En 43 av. J-C. les Romains fondent Lugdunum (Lyon) qui est devenu la capitale des « Trois Gaules » (voir la carte ci-desssous): 1. FAquitaine 2. laLyonnaise 3. la Belgique Les provinces romaines ifsonia Claudia LES PROVINCES supérieure Belgique ILyonnaise Aquitaine Narbonnaise Alpes Ville gallo-romaine Condate nom latin RínHts nom actuel Ces provinces sont dirigees par un gouverneur. Toutefois, la Narbonnaise reste administree directement par le Senat romain. A Lugdunum se tient une fois par an le Conseil des Gaules qui peut approuver ou critiquer l'administration des Romains. Pour administrer le pays, les Romains s'appuient sur les notables gaulois. Ms accedent a des responsabilites politiques dans leur cite et dans Pempire. Le mode de vie romain se repand aussi par l'urbanisation. Les villes de Gaule adoptent le modele romain : on construit des cites ornees de theatres, de lliermes. Tout s'organise autour du forum selon un plan en damier. Ainsi la romanisation concerne surtout les citadins et les elites. Beaucoup de Gaulois riches deviennent citoyens romains et adoptent la langue, le mode de vie et la religion des Romains - ils deviennent des Gallo-romains. Mais, dans les campagnes, la romanisation est plus lente et moins complete. Les paysans conservent la langue et les coutumes celtiques. Ils venerent toujours les memes dieux en leur donnant des noms romains. Ce melange entre les apports romains et le maintien des traditions gauloises forme la civilisation gallo-romaine. 2. 8. Les grandes constructions de l'architecture gallo-romaine • Le Pont du Gard est 1'élément majeur de 1'aqueduc qui alimentait Nimes. II est constitué de trois niveaux d'arches et il se distingue des autres ponts-aquaducs par sa hauteur qui atteint 49 metres et sa longueur de 273 metres. Le nom de l'architecte reste inconnu. La durée de construction mobilisant probablement un millier d'hommes est estimée á trois ou á cinq ans. Le Pont du Gard a remarquablement conserve sa forme originaire á travers plus de vingt siěcles d'existence. En 1985, il a été inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de PUnesco. Les theatres ont ete edifies en hemicycle. La scene etait placee devant un mur de fond decore (colonnes, statues). Les plus celebres se trouvent a Orange, Aries, Vaison-la-Romaine, Lyon etAutun. 16 17 tt/n/iliilMtilrcs, qui etaient destines aux combats de gladiateurs et de holes, out elii construits en forme elliptique. Les mieux conserves sont a Nimes, Aries, Saintes et Frejus. Pour commemorer 1'origine d'une cite ou une victoire, on a dresse les arcs de triomphe et les arcs municipaux decores des statues et des bas-reliefs. Les plus celebres sont Orange, Les Antiques, Saintes. Les Mérovingiens La premiere dynastie des rois qui a régné sur le territoire de la France actuelle est issue des Francs Salyens. Cest Clovis qui, par ľintermédiraire des balailles, a agrandi le royaume ä Vensemble de la Gaule. Aprěs sa mort, le pouvoir des Mérovingiens s 'qffaiblit au profit des maires du palais dont ľun ďentre eux a destitué enfin le dernier roi mérovingien et a fonde une nouvelle dynastie des rois. 3. 1. Les invasions barbares La premiere periodě du Moyen-Age est troublée par les invansions barbares. On emploie parfois l'expression « Epoque de Grande Noirceur » pour designer cet état de léthargie et de stagnation. La Gaule (qui faisait partie de PEmpire romain) a connu plusieurs poussées successives des peuples barbares : • Les Wisigoths : ils établissent en 410, autour de Toulouse, le premier Etat barbare sur le territoire gaulois. • Les Burgondes : ils s'installent dans la vallée du Rhone. • Les Bretons : chassés de leur Tie (PAngleterre) par des peuples germaniques, ils arrivent en péninsule armoricaine. • Les Francs : divisés en deux groupes, occupent la rive gauche du Rhin : 1. Francs Rhénans ou Ripuaires - autour de Cologne. 2. Francs Salyens - autour de Tournai. Les Barbares ont soumis la population indigene. Ils étaient aussi Chretiens - mais sous une forme hérétique - l'arianisme : ils ont nié la Trinité divine; d'apres eux, Dieu le Pere est supérieur au Fils, le Christ, qu'il a engendré. De ce fait, ils ont rencontre l'hostilite de l'Eglise catholique qui au Moyen-Age était toute puissante. 18 19 2. I iti Mirovingiens La premiere dynastie des rois qui ont regne sur le territoire de la France actuelle est issue des Francs Salyens. La puissance des premiers Merovingiens se reduisait a l'origine au seul royaume de Tournai. C'est Clovis (roi de 481 a 511) qui a etendu ce royaume a 1'ensemble de la Gaule. Clovis, fils de Childeric et de Bassine, avait quinze ans lorsqu'il succeda a son pere. Cet age etait normal, puisque la loi salique fixait la nubilite a douze ans pour les filles et quatorze ans pour les garcons. En 486 a Soissons, Clovis bat et tue son voisin le plus faible, Syagrius. La conquete de ce riche territoire agricole dans le Bassin parisien lui a assure la position predominante parmi les Francs. En 496 a Tolbiac, Clovis remporte la victoire sur les Alamans. D'apres la tradition, au cours de cette bataille, il a promis de se convertir a la foi catholique, si le Dieu de Clotilde lui donnait la victoire (il a epouse Clotilde, une princesse burgonde de foi catholique, en 493). La victoire obtenue, Clovis et 3000 de ses guerriers sont baptises le 25 decembre a Reims par 1'eveque Remi. Cette conversion lui permet de s'appuyer desormais dans sa conquete sur l'autorite des eveques. Le bapteme de Clovis « // [Clovis] raconta a la reine comment en invoquant le nom du Christ il avait merite d'obtenir la victoire. Ceci s 'accomplit la quinzieme annee de son regne. La reine fait alors venir en secret saint Remi, eveque de la ville de Reims, en le priant d'insimter chez le roi la parole du salut. L 'eveque, V ay ant fait venir en secret, commenca a lui insinuer qu 'il devait croire au vrai Dieu, createur du del et de la terre, et abandonner les idoles qui ne peuvent lui etre utiles, ni a lui, ni aux autres. Mais ce dernier lui repliquait : « Je t 'ai ecoute volontiers, tres saint pere, toutefois il reste une chose ; c 'est que le peuple qui est sous mes ordres ne vent pas delaisser ses dieux ; mais je vais Ventretenir conformement a ta parole. » // se rendit done au milieu des siens et, avant meme qu'il eut pris la parole, la puissance de Dieu I 'ayant devance, tout le peuple s 'ecria en meme temps : « Les dieux morttls, nous les rejelons, pieux roi, ct c'est le Dieu immortel que preche Remi que nous tommesprits a suivre. » Cette nouvelle est portee au prelat qui, rempli dune grande joie, fit preparer la piscine I...J Ce Jut le roi qui le premier demanda a etre baptise par le pontife. II s 'avance, ihiiivcau Constantin, vers la piscine pour se guerir de la maladie d'une vieille lepre et pour i ■//(« vr avec une eau fraiche de sales laches faites anciennement. Lorsqu 'il y fut entre pour le bapteme, le saint de Dieu I'interpella d'une voix eloquente en ces termes : « Courbe Jiniccment la tete, 6 Sicambre ; adore ce que tu as brule, brule ce que tu as adore...» Ainsi done le roi, ayant confesse le Dieu tout-puissant dans sa Trinite, fut baptise au mini du Pere et du Fils et du Saint-Esprit et oint du saint chreme avec le signe de la croix du ( 'hrisl. Plus de trois mille hommes de son armee furent egalement baptises. » Gregoire de Tours, Histoire des Francs, Livre II, chap. XXX-XXXI En 507, Clovis entreprend une expedition contre les Wisigoths. A la bataille de Vouillé, le roi wisigoth Alaric LI est tué. Par la suite le royaume de Toulouse s'effondre et passe sous le contróle de Clovis. Dans les derniěres années de sa vie Clovis succěde au dernier roi des Francs Rhénans et realise l'unite de tous les Francs. II fixe á Paris sa residence principále. La preference de Clovis pour Paris tient en réalité á toute I'histoire de la cite, une ville milittaire oú avaient séjourné les empereurs remains Julien et Valentinien. De plus, « Lutěce » présentait depuis le haut Empire Romain un caractěre bi polaire, avec un quartier insulaire, dans l'ile de la Cite, et des quartiers ouverts et largement développés sur la rive gauche de la Seine. L'ile de la Cite conservait sa puissante muraille, édifiée au Bas Empire, et c'est á son extremitě occidentale que s'elevait le palais des gouverneurs remains que Clovis et ses successeurs réutilisěrent. L'autre extremitě était oceupée par un quartier religieux. C'est au IIIe siěcle que Lutěce a pris le nom de Paris (nom de la tribu gauloise des Parissis). A la mort de Clovis ses quatre fils {Thierry, Clodomir, Childebert et Clotaire) se partagent le royaume. lis choisissent quatre capitales : Reims, Orleans, Paris, Soissons. Le royaume fut uni á deux reprises, en 558 sous Clotaire et en 613 sous Clotaire 11. 20 21 Miii'i, ,i i iiiisc ilcs querolles et des Iuttes successorales, le pouvoir du roi I'affWbllt, ("est le pouvoir de l'aristocratie qui augmente. Le roi doit payer sa liiloliie en lui dormant des biens domaniaux. Les maires du palais, qui a l'origine etaient les gestionnaires du domaine royal, deviennent les veritables detenteurs du pouvoir dans le pays. Deux d'entre eux ont joue un role determinant: • Charles Martel qui arrete les Arabes a Poitiers en 732. • Pepin le Bref, le fils de Charles Martel, qui se fait elire roi apres avoir depose le dernier roi merovingien Childeric qu'il a envoye au couvent. •I. Los Carolingiens A let charniěre du Vllf et du UC siede, I'Europe occidentale fait son unite sous la dynastie des Carolingiens. Le representant le plus important de cette dynastie, Charlemagne, , rve im Empire dont le fonctionnement est base sur des institutions nouvelles et doni la culture s 'est relevée grace a la Renaissance carolingienne. 4. I. Charlemagne (roi de 742 ä 814, sacré empereur d'Occident en 800) Cest le fils de Pépin le Bref, Charles, connu sous le nom de Charlemagne, qui a donné, du fait de son importance considerable en France comme en liurope, son nom á la dynastie. En 774 Charlemagne intervient en Itálie á la demande du pape menace par les Lombards. S'etant emparé de la capitate des Lombards, Pavie, il prend le litre de « roi des Francs et des Lombards ». En 778, á la demande d'un chef musulman en lutte avec son emir, Charlemagne entre en Espagne dans l'espoir ďy libérer les chrétiens. Une revoltě sur le Rhin I'oblige á battre en retraite. II repasse alors les Pyrenees, oil I'arriere-garde de son armée commandée par son neveu - le compte Roland, est massaerée par les Basques á Roncevaux. Roland est devenu le héros des chansons colportées par les jongleurs. II incarne le chevalier chrétien se sacrifiant pour une noble cause. Au Xe siěcle, I'histoire enregistrée par Eginhard s'enrichit de la belle Aude aux bras blancs, du sage Olivier et du traitre Ganelon. Au Xlle siěcle, la Chanson de Roland est mise par éerit et constitue l'un des plus anciens textes littéraires du francais. A son retour d'Espagne, Charlemagne tourne son attention vers la Germanie, oil il établit son controle direct sur VAlémanie et la Baviěre et oil, au terme d'atroces campagne,s il parvient á soumettre les Saxons et á atteindre I'Elbe. A la fin du VIII6 siěcle, Charlemagne est á la téte d'un territoire qui couvre plus d'un million de kilometres carrés : un royaume si vaste qu'il a du en detacher des sous-royaumes ou des duchés : Itálie, Baviěre, Aquitaine. En 794, Charlemagne fonde une nouvelle capitale : A ix-la-Chape lie. 22 23 lin 800, le jour dc Noel, il recoit ä Rome la couronne imperiale des mains du pupe Iron III. L'Empire de Charlemagne m^jRoyaume de Charlemagne en 763 j H^J-Conquetes de Charlemagne |||||^ Marches : regions conträlBBs par I'armee carolingienne L'Empire carolingien en 814 4. 2. La Renaissance carolingienne Ce courant artistique s'appuie avant tout sur une renaissance de Pecrit et du latin. Charlemagne a fait appel a ceux qui avaient le mieux maintenu ou assimile la tradition antique : Pierre de Pise, Paul Diacre, Theodulf et Alcuin. En 789, Charlemagne promulgue la celebre « Exhortation generale » par laquelle il ordonne Pouverture d'une ecole dans chaque eveche et chaque monastere. Ces ecoles etaient destinees a elever le niveau moral et intellectuel du clerge, et ensuite des lai'ques. Dans les scriptoria, grands ateliers monastiques de la France du Nord ou Pon se consacrait a la copie des manuscrits, etait mise au point une magnifique ecriture - la minuscule Caroline. En ce qui concerne le niveau d'education de Charlemagne, son biographe Eginhard a ecrit: « il s 'y prit trop tard et le resultat jut mediocre ». I ,e foyer culturel principal de la Renaissance carolingienne etait la M-adcnce dc Charlemagne, Aix-la-Chapelle. Eginhard a lui aussi realise un portrait de Charlemagne : " D'une large et robuste carrure, il etait d'une taille elevee, sans rien d'e.xcessif .1 .ulli'iirs, car il mesurait septpieds de haul II avait le sommet de la tete arrondi, de grands i, u\ r/'/v. le nez un pen plus long que la moyenne, de beaux cheveux blancs, la physionomie .•w/.' i-1 ouverte. La voix etait claire, sans convenir tout a fait a son physique. II s'adonnait tissklument a I 'equitation et a la chasse. II aimait les eaux thermales et s 'y livrait souvent au .//'.// .le la natation, ou il excellait au point de n'etre surpose par personne. C'est ce qui I .iiii,-iui a bdtir a Aix et a y resider constamment dans les dernieres annees de sa vie. II I'lir/uit le costume national des Francs : sur le corps, une chemise et un calegon de toile de hn ; par-dessous, une tunique bordee de soie et une culotte, des bandelettes autour des . uiibes et des pieds ; un gilet en peau de loutre ou de rat luiprotegeait en hiver les epaules et hi poitrine ; il s 'enveloppait d'une sale bleue et avait toujours, suspendu a son cote, un glaive (hut lapoignee et le baudrier etaient d'or ou d'argent. » 4. 3. Le Serment de Strasbourg Charlemagne meurt en 814. Un seul de ses trois fils lui survit : Louis le Pieux. Charlemagne Pa lui-meme couronne empereur & Aix-la-Chapelle en 813. Louis le Pieux avait d'abord cherche ä maintenir Punite en attribuant le titre imperial ä son fils aine, Lothaire, et en ne laissant aux deux autres que des royaumes inferieurs : VAquitaine ä Pepin, la Baviere ä Louis. Le mecontentement de ces deux derniers, qui veulent agrandir leur part, et la naissance d'un quatrieme fils, Charles - le futur Charles le Chauve -remettent tout en question. Les fils se soulevent contre leur pere, dont la position s'affaiblit dangereusement. En 838, ä la mort de Pepin d'Aquitaine, son fils, Pepin II, est ecarte au profit de Charles. Apres la mort de Louis le Pieux, en 840, eclate la guerre entre les trois freres survivants. Contre Paine, Pempereur Lothaire, s'allient Charles, maitre de la Neustrie et de l Aquitaine, et Louis, maitre de la Germanie : cette alliance est 24 25 juree solennellement ä Strasbourg, oil chacun prononce son serment dans la langue de l'autre pour etre compris des troupes de celui-ci. Charles s'exprime en langue « tudesque » et Louis en langue « romane ». Ce Serment de Strasbourg (842) est le premier texte conserve du francais. En voici un extrait significatif: « Louis, etant Paine, jura le premier [...] : Pro Deo amur et pro christianpoblo et nostro commun salvament, d'ist di in avant, in quant Deus savir et podir me danat, si salvarai eo cist meon fradre Karlo et in aiudha et in cadhuna cosa, si cum om per dreit son fradra salvor dift, in o quid it mi allresi fazet et ab I.udher nul plaid nunquam prindrai, qui, meon vol, cist meon fradre Karle in damno sit. » (Pour Pamour de Dieu et pour le salut commun du peuple chrctien et le notre, de ce jour en avant /=dorenavant/ autant que Dieu m 'en donne savoir et pouvoir, je defendrai mon frere Charles, ici present, et par aide et en chaque chose, comme on doit, par /le/ droit /naturel/ defendre son frere ; a condition qu 'il en fasse autant pour moi; et avec Lothairc je ne traiterai jamasi aucun accord qui soit, par ma volonte, au prejudice de mon frere Charles, ici present. Louis et Charles s'emparent ensuite d'Aix-la-Chapelle et imposent ä Lothaire les negociations qui aboutissent Pannee suivante au traite de Verdun. I . |i,u dc Verdun 843 4. 4. Le traite de Verdun Le traite de Verdun est le premier acte de naissance de la France. II reconnait Pexistence de trois royaumes independants (voir la carte ci-dessous): /. La Francie occidentale, attribute a Charles, s'etend a Pouest d'une ligne qui suit tres imparfaitement le cours de PEscaut, de la Meuse, de la Saone et du Rhone : soit les « quatre rivieres » qui constitueront jusqu'a la fin du Moyen-Age la frontiere orientale du royaume de France. 2. La Francie orientale, attribute a Louis, s'etend a Pest du Rhin et au nord des Alpes : elle va constituer le royaume de Germanie. 3. La Francie mediane et I'ltalie, une longue bande qui s'etire de la mer du Nord au sud de Rome, va a Lothaire, qui conserve le titre imperial. 26 27 5. Les Capétiens Sous les regnes de Philippe II Auguste, Louis IX et Philippe IV le Bel, le royaume capetien connait son apogee. Le royaume s 'agrandit par de nouveauxfiefs et connait aussi un essor culture! Le XIIf siecle est un siecle de grand rayonnement de la civilisation francaise qui sen de modele pour les aulres royaumes europeens. 5. 1. Le regime scigneurial Au cours du Xe siěcle s'impose un nouvel ordre social et économique que les histoirens ont pris coutume de nommer « temps féodaux ». Cet nouvel ordre est base sur le systéme féodo-vassalique. En attribuant un fief á son vassal, le suzerain dispose du droit ä des redevances, á la fidélité et á une aide en cas de nécessité de la part du vassal. Le suzerain exerce également le commandement et la justice dans le cadre de sa seigneurie. Comme les vassaux sont désormais responsable en premier lieu au suzerain de la seigneurie au sein de laquelle il vivent, le systéme féodo-vassalique aboutit á Paffaiblissement du pouvoir central des rois francais. 5. 2. La Francie occidentale au IXeet au Xe siěcle Le pouvoir royal s'affaiblit au profit des nobles territoriaux. Ceux-ci prennent le titre de marquis ou de due. L'unite du pays est brisee. Au fur et ä mesure, les princes territoriaux et aussi les eveques se sentent assez forts pour choisir eux-memes le roi, faisant jouer le principe de selection au detriment de l'heredite dans la famille carolingienne. Pendant un siecle, de 888 ä 987, se succedent ainsi les rois carolingiens {Charles le Simple, Louis IV, Lothaire et Louis V) et non carolingiens. S, 3, Hugues CAPET (roi de 987 á 996) Un 987, les nobles territoriaux élisent Hugues Capet (ce surnom, apparu plus lard, évoque peut-étre la chape, en latin capa - grand et long manteau qui I'iigrafe par-devant et qui est porte par l'officiant dans les ceremonies icligieuses). Les Capétiens possédaient comme relique la chape de Saint Martin et IVniportaient dans leurs expeditions militaires. Par cette election la nouvelle dynastie est née, méme si les premiers ('npétiens n'administrent directement qu'un petit territoire s'etirant de < ompiěgne á Orleans (voir la carte située á la fin du chapitre). Děs 987, Hugues, par precaution, associe au pouvoir son fils, Robert II le Pleta, qui lui succěde sans difficult^ en 996. De toute la dynastie, trois rois capétiens étaient les plus importants. Sous leur rěgne le royaume capétien connait son apogee : • Philippe Auguste • Louis IX • Philippe IV le Bel 5. 4. Philippe II Auguste (roi de 1180 ä 1223) Le regne de Philippe Auguste est marque par les luttes contre les rois anglais Henri II Plantagenet et ses fils, Richard Cceur de Lion, puis Jean sans Terre. Philippe Auguste a reussi a faire prononcer la confiscation des fiefs francais de ce dernier, en 1202, et a en conquerir la majeure partie, provoquant 1'effondrement de cet « empire angevin » qui representait pendant un demi-siecle une menace mortelle pour le roi de France. Philippe Auguste realise du meme coup un accroissement du domaine royal et devient le maitre inconteste de la France du Nord. II conquiert la Normandie et le Poitou. En 1205, il s'empare de la Tourraine et de l'Anjou. Cette puissance montante du roi de France inquiete ses voisins comme ses vassaux et Jean sans Terre reussit a susciter contre lui une coalition menee par I'empereur Othon de Brunswick. 28 29 I'IiHI/i/h- liiyji\ic, ;i In tote do sa chevalerie et de l'infanterie de ses bonnes v illi-.. lull i11u- coalition á Bouvines, pres de Lille, le 27 juillet 1214. A l.i fin de son rěgne, Philippe Auguste entre en conflit avec le pape Innocent III, en raison de son mariage avec Agněs de Méranie. En effet, s'il est marié avec Isambour de Danemark (1193), le roi ne consomme pas ce mariage et fait voter son annulation par une assemblée ďévéques. Ensuite, il épouse Agněs. Or, le pape ne reconnait pas cette union et demande au roi de reprendre la princesse danoise, ce que Philippe Auguste refuse. C'est alors que le pontife, n'ayant pu faire fléchir le roi, decide de jeter l'interdit sur le royaume (1200), mais Philippe Auguste ne s'incline qu'en 1213, bien aprěs la mort ďAgněs de Méranie (1201). Philippe Auguste, á sa mort (á Mantes) en 1223, laisse á son fils (Louis VIII) un pouvoir consolidé, á tel point que celui-ci a pu abandonner le vieil usage capétien consistant á faire sacrer son successeur de son vivant. C'est grace á Philippe II Auguste, que le royaume de France, dépassant la principauté d'lle-de-France, devient une puissance de premier plan en Europe. 5. 5. Louis IX ( roi de 1223 á 1270) Fils de Louis VIII, mort prématurément en 1226, Louis IX devient roi á douze ans. Sa mere, Blanche de Castille, assure la régence (jusqu'a ses vingt-deux ans) et le fait sacrer roi sans délai á Reims, dans une cathédrale en chantier en 1226. En general, ce roi est caractérisé comme trěs chrétien et justicier, désirant faire régner l'ordre voulu par Dieu. II a créé de nombreuses institutions ďassistance. Pour ses qualités et grace aux efforts de sont petit-fils Philippe IV le Bel, il sera canonise en 1297. De 1248 á 1254, Louis IX dirige en Orient la 7éme croisade au cours de laquelle il connaít la défaite et aussi la captivité en Egypte. Cet échec ne 1'empéche pas d'entreprendre, en 1270, la 8éme croisade. Louis IX s'attaque á l'Etat musulman de Tunis - royaume qui commercait avec la Sicile et l'ltalie du Sud, gouvernées par son frěre Charles d'Anjou. Tunis ne devait étre qu'une i vers la Terre sainte. Mais le siěge tourne au désastre. Le roi est emporté |mi II typhus et trouve la mort devant Tunis. Louis IX était accompagné dans sa premiere croisade par Jean de lotnvllle, sénéchal de Champagne et confident du roi, qui a rédigé tardivement, it In demande de la reine Jeanne (femme de Philippe IV le Bet) Histoire des fails ,/<■ Notre Saint roi Louis. Ses images pittoresques ont parfois marqué la vision du saint roi, présenté comme la figure idéale du croisé. Pendant son rěgne, de grandes cathédrales gothiques ont été achevées : lúuiis. Chartres, Amiens. 5. 6. Philippe IV le Bel (roi de 1285 á 1314) Par son mariage avec Jeanne de Navarre, Philippe IV a rallié au domaine royal la Champagne, Pun des cinq grands fiefs francais. Proclamant que le roi de France est « empereur en son royaume », le roi et les légistes qui Pentourent ne tolěrent plus aucune intervention extérieure, méme celle du pape, d'ou le conflit avec le pape Boniface VIII. Pour faire approuver sa politique dans un conflit qui l'oppose au pape, Philippe /Kconvoque de grandes assemblées de nobles, ďecclésiastiques et de la bourgeoisie des villes qui sont á Porigine des états généraux. Aprěs un premier affrontement avec le pape lors de la levée ďune taxe sur le clergé (1296), l'arrestation de Pévéque de Pamiers sur ordre de Philippe IV déclenche un violent conflit. Le pape Boniface VIII menace le roi de France ďexcommunication. Philippe IV, fort de Pappui de ses Etats, reclame la destitution du pape. Cela aboutit en 1303 á l'attentat d'Anagni (pres de Rome) au cours duquel Penvoyé du roi aurait souffleté le pape. Libera par la foule, Boniface VIII meurt peu aprěs. Le nouveau pape, Clement V, est francais. Des troubles agitent Rome et les conflits entre Italiens et Francais conduisent á la scission de deux papautés, Pune á Rome et Pautre en Avignon jusqu'en 1403. Philippe IV le Bel meurt en 1314. Ses trois fils lui succědent briěvement: Louis X le Hutin (1314 - 1316), Philippe V (1316 - 1322), Charles IV le Bel (1322 - 1328). Ce dernier meurt sans héritier mále et, comme une assemblée de 31 notables a exlu en 1317 les femmes de la succession au trone de France, la lignee des Capetiens directs s'est eteinte cote epee. La France de 987 a 1180 R9YAUME rfVllMCI.RHiRRK SAINT-EI*?IRE Compifcgao "■AUW» Ocean Atl Mil qui! j • T....I o I Domaine royal en 987 . I Extension du domaine royal (987-1180) Fiefs des Plantagenets en 1180 Autres fiefs 32 «). La guerre de Cent Ans (1337 - 1453) La guerre de Cent Ans éclate pour des querelles de succession au tróne franqais (Philippe de Valois X Edouard III). Ce con/lit, qui traine sur deux siécles, constitue le « temps i Irs épreuves » pour la France a ins i que pour toute ľ Europe occidentale. Les rois franqais ont finalement récupéré l 'hegemónie dans leur royaume contre les rois anglais, mais au prix d'une depression économique et d'une regression démographique dont I 'agent le plus actiffut la peste noire. l). 1. La premiére etape de la guerre de Cent Ans La guerre de Cent Ans éclate en 1337 pour plusieurs raisons. Mais la plus importante est celle de la succession au tróne de la France. Les fíIs de Philippe IV le Bel ont régné chacun leur tour, mais ils sont morts sans héritiers males. La noblesse doit choisir un nouveau roi. Elle hésite entre le roi anglais Edouard III qui est le petit fils de Philippe IV le Bel et Philippe de Valois, le neveu de Philippe IV le Bel. Finalement, elle préfére Philippe de Valois á Edouard III pour des raisons patriotiques. Dans un premier temps, le jeune Edouard III, parait s'incliner devant le fait accompli et préte hommage á Philippe VI pour la Guyenne. Mais il renie son hommage et lance un défi au roi de France. En 1340, Edouard III détruit la flotte francaise dans le port flamand de / 'Ecluse. II peut désormais débarquer á la tete de troupes peu nombreuses, mais trés motivées par les richesses francaises. Devant les « chevauchées » anglaises razzias á cheval qui dévastent les campagnes et donnent lieu á des pillages dans les villes - Philippe VI léve á grands frais de vastes cohues féodales de chevaliers indisciplines, soucieux de prouesses individuelles, mais paralyses par lours lourdes armures. En 1346, Edouard III écrase les chevaliers francais á Crécy. Malgré leur supériorité numérique (plus de deux contre un), les Francais sont battus. Sans reconnaitre le terrain et au nom de ľhonneur, ils se ruent en désordre sur les 47 Anglais etablis sur de fortes positions. Les Francais comptent environ 3000 morts, les Anglais 100. En 1347, Edouard III conquiert la ville de Calais. Cette ville fut assiegee pendant onze mois. Pour mettre fin au siege, six bourgeois parmi les plus riches, en « simple chemise », la corde au cou, apportent a Edouard III les cles de la ville. Cette meme annee la France est atteinte par la peste noire. Elle a ete probablement rapportee par les marins genois et elle durerait trois ans. La mortalite differait d'une localite a l'autre, mais d'apres Jean Froissart « la tierce partie du monde mourut». En 1350, Philippe VI meurt. Son fils Jean le Bon lui succede. En 1356, Jean le Bon est fait prisonnier : « Le Prince noir », fils d'Edouard III, ainsi nomme a cause de la couleur de son armure, ravage le Poitou avant de se heurter au sud de Poitiers au roi Jean le Bon et a son armee. Les lourds chevaliers francais, empetres dans les vignes, offrent des cibles ideales aux archers anglais a l'abri des haies. Jean le Bon est blesse au visage et est fait prisonnier. Le dauphin (le fils du roi francais) essaye de ramasser de l'argent pour une rancon. II convoque les Etats generaux en demandant la constitution d'un Conseil du roi. Ce Conseil est enfin etabli et impose en 1357 le controle de la perception des impots et de la valeur de la monnaie. En effet, de 1350 a 1355, il y a eu 22 devaluations ! Entre temps, sous Taction d'Etienne Marcel, prevot des marchands, Paris se souleve contre le dauphin. Mais sa tentative de conclure une alliance avec les Anglais indigne les Parisiens qui le tuent. En 1360, la premiere etape de la guerre de Cent Ans prend fin avec le traite de Bretigny. D'apres ce traite, Edouard HI renonce a la couronne de France, mais il recoit plus d'un quart du royaume : Calais, une partie de la cote picarde et tout le sud-ouest (Poitou, Limousin, Perigord et Guyenne) sans preter hommage au roi de France. I 1. Les Bourguignons et les Armagnacs En 1364, Jean le Bon meurt. Charles Klui succede. Le nouveau roi < 'harles V recrute de petites troupes permanentes et soldees qui, sous la conduite de Ihi Guesclin, recuperent le pays par la guerilla. A la mort de Charles V, les Anglais ne possedent plus en France que cinq villes fortifiees : Bayonne, Bordeaux, Brest, Cherbourg et Calais. A la mort de Charles V, son fils, Charles VI, n'est pas majeur. Ses oncles (,;ouvernent jusqu'en 1388, date a laquelle il prend personnellement le pouvoir. Une fois majeur, le roi devient fou. En traversant une foret de la region du Mans, Charles VI est pris d'un acces de fureur : il tue quatre hommes. Ses crises sont intermittentes mais son frere Louis d'Orleans et ses oncles assurent conjointement le pouvoir. En 1407, la situation en France est aggravee par la guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons qui se disputent le pouvoir. En 1413, aux massacres commis par les Bourguignons quand ils se rendent maitres de Paris, repondent ceux des Armagnacs appeles au secours par le dauphin (le futur Charles VII). Les Bourguignons reprennent la ville en 1418, an prix de nouvelles tueries. Le dauphin s'enfuit a Bourges ou il prend le titre de regent. Le nouveau roi d'Angleterre, Henri V, profite du desordre en France. II impose aux Francais la bataille A'Azincourt en 1415 et remporte la victoire. Les lourds chevaliers francais, empetres dans la boue due a de fortes pluies, sont decimes par les archers anglais. Les prisonniers sont acheves sur place. Bilan francais : 7000 morts. En 1419, au cours d'une rencontre a Montereau entre le dauphin et Jean sans Peur, ce dernier est abattu d'un coup d'epee. Pour venger son pere, le nouveau due de Bourgogne signe le traite de Troyes avec le roi d'Angleterre. Ce texte decide que le « soi-disant » dauphin de France est desherite, en raison des « horribles et enormes crimes qu'il a commis », au profit d:'Henri Kqui coiffera la double couronne de France et d'Angleterre des la mort de Charles VI. En 1422, les deux rois meurent. Henri Klaisse un fils d'un an. La France est divisee en plusieurs « Frances » : 48 49 1. 1' Anglaise : de la Normandie á la region parisienne 2. la Bourguignonne : de la Bourgogne á la Flandre 3. le royaume de Bourges : celle des Armagnacs et du dauphin, organisée autour de Bourges et de Poitiers La France en 1429 RCpXnWE d'ANGLETERRlŽ c f» SAINTS'. EMPIRE : Domrémy / Dans cette situation de grande crise se produit un miracle : un rttournement de situation grace a l'intervention de Jeanne d'Arc. En 1429, Jeanne d'Arc et les troupes royales delivrent Orleans. Le 17 julllet, au terme d'une longue chevauchee a travers des terres controlees par les Anglais, Jeanne d'Arc fait sacrer a Reims le roi Charles VII. La tentative As Jeanne d'Arc de liberer Paris echoue. Le 24 mai, elle est prise par les Bourguignons. Elle est livree aux Anglais, |ugee et brulee comme sorciere a Rouen en 1431. Apres de longues et difficiles negociations, le due de Bourgogne conclut uvee Charles VII la paix d'Arras. Les positions anglaises s'erodent: Paris est repris. La conquete de la Guyenne s'acheve a Castillon (pres de Libourne), e'est la derniere bataille de la guerre de Cent Ans. Aucun traite de paix ne vient la conclure; les Fran?ais et les Anglais ont simplement signe une treve a Picquigny, en 1475. - ......._' - Territoires soutenarrts Charles VII en 1429 Territoires soumis au Due de Bourgogne en 1429 1 Territoires soumis au due de I Bourgogne en 1453 □ Territoires soumis au roi id'Angleterre 1429 Territoires soumis au roi d'Angleterre en 1453 50 51 10. La Renaissance en France Les guerres ďltalie menées par les rois francais de 1494 a 1516 accélerent l'epanouissement de la Renaissance en France. A l 'instar des nobles Italiens, les nobles francais se font construire des residences confortables (Azay-le-Rideau, Blois, Chenonceaux, etc.) et invitent ä leur cour divers artistes comme Leonard de Vinci. La Renaissance est accompagnée par le mouvement de l'humanisme qui change la vision medievale du monde et la place de I 'homme dans celui-ci. L 'humanisme se refléte dans la production littéraire qui connait ä cette époque un essor remarquable. 10. 1. Les origines de la Renaissance La Renaissance est un mouvement culturel et social, fonde sur un retour aux moděles de PAntiquité classique. Elle est née en Itálie, riche en vestiges romains. La Renaissance marque la fin de 1'esthétique medievale et le debut ďune ěre nouvelle. Elle a bouleversé la pensée, l'organisation et 1'art de la société européenne aux XIVe et XVf siěcles. 10. 2. La Renaissance francaise Ce sont les guerres ďltalie, menées par les rois de France de 1494 á 1516, qui font connaítre aux nobles l'art nouveau. Iis achětent en Itálie des statues antiques, des tableaux, et font venir en France des marbriers, des sculpteurs, des orfevres, des ébénistes et des peintres italiens. A l'instar des Italiens, les seigneurs francais se font aménager de nouvelles residences: A/ay-le-Rideau - situé au bord de flndre, aété bäti par le grand financier Gilles Bertheloi. Blois - Louis XII, ne au chateau de Blois, le fait agrandir Taile Louis XII, melange du gothique et de Renaissance (candelabres. feuilles d'acanthe, etc.) 53 Amboirsc - Charles VIII. né au chateau ď Amboise, Ic fail agrandir et transformer: fin du gothique. avec omemenl Renaissance introduits par des artistes italiens. Chenonceaux - a ete bäti par le Receveur general des Finances Thomas Bohier dans les annees 1515 - 1522. Linfluence italienne est deja fonement presenle. mais eile est encore accentuee quand le chateau, acquis par le roi de France, sera donne a Diane de Poitiers qui y ajoutera le celebre pont sur le Cher; par la suite, Catherine de Medicis y fera monter plusieurs etages, donnant au chateau sa configuration actuelle. Le principal introducteur de la Renaissance italienne en France est Frangois f(xo\ de 1745 á 1765). Surnommé « le roi-chevalier », il se veut niccene, protecteur des humanistes et prince de la Renaissance. En 1516, il a réussi á faire venir ä sa cour Leonard de Vinci qui lui a vendu laJoconde et a étudié pour lui plusieurs projets. Dans les années 1519 - 1533, il a fait édifier Chambord, somptueuse residence de chasse, francaise par son donjon, italienne par son decor. En 1546, Francois Ier a confié la reconstruction du Louvre á Pierre l.escot. Francois Fr a entamé la construction du chateau de Fontainebleau dont il a voulu faire la nouvelle Rome. Des artistes italiens y animent des ateliers actifs 61 brillants. Des lambris, des fresques encadrées de guirlandes de fleurs et de fruits célěbrent les faits du roi et racontent des legendes antiques peuplées de héros, de nymphes et de muses. 10. 3. L'Ecole dite de « Fontainebleau » En rapport avec la construction de Fontainebleau se développe le nouveau genre artistique autour de l'Ecole dite de « Fontainebleau ». Cette école est une synthěse du génie des créateurs italiens invites par Francois Ier (Le Primatice, le Rosso, Pellegrini, Majorici, Nicolo Dell'Abate,...) et du génie des artistes francais. Les représentants les plus célěbres de cette école sont: .lean Goujon (1510 - 1566) - architecte de Henri II, décore le Louvre, realise « Diane chasseresse » et construit la fontaine des Innocents á Paris. ■tntoine Caron (1521 - 1599) - peintre de Catherine de Médicis, dessine une « I listoire des rois francais ». (iermain Pilon (1537 - 1590) - orne le tombeau de Francois 1er et realise beaucoup ďceuvres inspirées par la religion. 54 55 10. 4. Les Clouet Jean Clouet (1485 - 1541) a realise le portrait de Frangois f et de quelques hommes de son entourage (Guillaume Bude, Erasme). Son fils Frangois (1510 - 1572) a peint entre autres les portraits de Henri II, Charles IX et Marguerite de Valois. 10. 5. La littérature de la Renaissance L'epanouissement de la littérature francaise lors de la periodě de Renaissance est lié á un mouvement européen plus general qui est celui de Thumanisme. II est issu d'un double retour aux sources : vers la chrétienté avec Pévangélisme et la Reforme; vers la periodě antique, avec la renaissance des belles lettres. Méme si la vision du monde des humanistes reste centrée sur Dieu et la religion, ils accentuent en méme temps la confiance en l'homme et ses facultas. Iis veulent que l'homme vive pleinement sur la terre au lieu de penser ä sa vie éternelle. Les écrivains les plus célěbres de cette période-ci étaient: Frangois Villon (1431 - apr. 1463) - Pun des précurseurs de la littérature de Renaissance. Avec ses ballades (par exemple le Testament), il a annoncé une poesie lyrique et personnelle des années á venir. Frangois Rabelais (1494 - 1553) - Pun des premiers grands auteurs comiques francais qui utilise Phumour et le grotesque pour décrire son temps (Pantagruel, Gargantua). Michel de Montaigne (1533 - 1592) - de ses Essais, meditations sur sa vie et ses lectures, découle une morale empreinte de scepticisme et de tolerance face á la quéte humaine de justice et de vérité. I it riéiade - groupe de sept poětes francais {du Bellay, Jean Dordt, Antoine de Is,uf. Remy Belleau, Etienne Jodelle et Pontus de Tyard) créé par Ronsard. La Defense et illustration de la langue frangaise de du Bellay fait figure de manifeste dans lequel il exprime le vceu de faire de la littérature francaise Pégale de la latine. Ce groupe de sept poětes exprimait son attachement aux valeurs antiques (reference aux sept filles ďAtlas et aux sept poětes de Pépoque de IMolémée Philadelphe). 56 57 11. Les guerres de Religion Pendant pres de quarante ans la France est dechiree par un conflit - entre les catholiques et les protestants - que les historiens appellent les « guerres de Religion ». Ces guerres sont aussi envisagees comme une crise nationale favorisee par la faiblesse de I'autorite royale sous les trois fils d 'Henri II. La sagesse politique d'Henri IV et I'edit de Nantes parviennent a ramener la paix dans le pays. 11.1. Les causes des guerres de Religion Pendant pres de quarante ans, la France connait une guerre civile continue, entre catholiques et protestants, entre papistes et reformes. Degoutes par les « coupables dereglements » de l'Eglise, rejetant la veneration de la vierge et des saints, les protestants pratiquent un culte depouille qui privilegie la foi et la priere. Avec l'imprimerie, la pensee de Luther et de Calvin, precurseurs de la Reforme, suit les grands axes de circulation « comme une epidemie ». En 1559, la France compte plus de deux milles cercles de reformes (protestants, partisans de la Reforme, on dit aussi huguenots), une fraction importante de la noblesse a adhere a la Reforme. Cela constitue une menace directe pour la paix et l'unite du royaume, puisque, conformement aux idees de l'epoque, il ne doit exister dans un Etat qu'une seule religion, celle du prince. C'est le principe (« cuius regio, eius religio » = religion du prince, religion du pays) qui a triomphe en Allemagne en 1555. Toute minorite pratiquant une religion differente de celle du souverain est une menace pour l'unite de 1'Etat et doit etre eliminee. Car si la minorite s'estime assez forte et sure d'elle pour devenir un jour majorite, elle deposera l'adversaire, dans notre cas le roi de la France qui est de confession catholique. C'est ce qui explique la duree et l'acharnement du conflit qui dechire la France dans la seconde moitie du XVIe siecle. 11. 2. La Saint-Barthélemy En Janvier 1562, les protestants obtiennent le droit de pratiquer IMihliquement leur culte. Malgré cette permission, le Ier mars, á Vassy, en Champagne, le due inmcois de Guise massacre des protestants qui célébraient leur culte dans une Hiange. C'est le debut de la lutte armée des guerres de Religion. L'historiographie traditionnelle distingue huit guerres de Religion. Mais c'est toujours le méme combat qui se poursuit, entrecoupé de tréves plus ou inoins longues : les prostestants sont généralement battus, mais ils obtiennent lies conditions de paix chaque fois plus favorables, ce qui provoque I'exasperation du parti catholique qui, aprěs avoir reconstitué ses forces, reprend la lutte. L'evenement qui a joué un role décisif dans le déroulement des guerre de Religion fut le massacre de la Saint-Barthélemy. En septembre 1571, l'amiral de Coligny (protestant) est entré au conseil du roi. II reclame l'ouverture d'une guerre contre l'Espagne de Philippe II. II préeonise une intervention aux Pays-Bas qui se sont révoltés contre Philippe II. Catherine de Médicis, qui est favorable á une entente avec l'Espagne, se nipproche du jeune Henri de Guise, impatient de venger son pere qui a été tué par les protestants. Catherine de Médicis arrache á son fils Charles Z^l'ordre ďexécution des principaux chefs protestants venus á Paris pour le mariage ďHenri de Bourbon-Navarre avec Marguerite, sceur du roi. Catherine le convainc que si les princes protestants réunis au Louvre ne sont pas exterminés, il y a peril pour sa vie, pour le pouvoir. Charles IXcéáe. A Taube du dimanche 24 aoüt 1572, l'amiral de Coligny est assassiné chez lui. Son corps est jeté par la fenétre. C'est le signal. Les catholiques, croix blanche au chapeau pour se reconnaitre, massacrent les protestants. Aux deux cents nobles tués aux abords du Louvre s'ajoutent les cadavres de quelque deux mille sept cents anonymes, hommes, femmes et enfants, assassinés au hasard des rencontres. Les pillages s'ajoutent aux massacres. La fureur aveugle ne cesse que le soir. Henri de Navarre a été épargné : il a abjure. 11.3. Les consequences de la Saint-Barthélemy Le massacre de la Saint-Barthelemy est suivi de massacres semblables dans plusieurs grandes villes. A la nouvelle des evenements parisiens, des groupes de fanatiques massacrent les protestants de province. Au total, il faut denombrer en province pres de vingt-sept mille victimes. La Saint-Barthelemy n'arrange rien. Bien au contraire : les protestants, furieux de la disparition de leurs chefs, decident d'organiser solidement le parti huguenot autour d'Henri de Navarre. La Saint-Barthelemy leur donne l'occasion de cimenter leur unite, lis se regroupent en une puissante Union calviniste. En 1574, Charles /X meurt. Son frere Henri III lui succede. II se retrouve bientot dans une situation quasi desesperee. Les protestants lui arrachent, a Tissue d'une nouvelle guerre indecise, I'edit de Beaulieu (1576), qui leur rend la liberte de culte. Les catholiques, estimant que le roi ne soutient pas suffisamment leur cause, s'organisent en Sainte Ligue, avec a leur tete Henri de Guise. Entre les deux se regroupent des catholiques moderes souhaitant que la royaute se place au-dessus des partis, lis sont soutenus par le dernier fils & Henri II, Francois, due d'Alengon. II mene une politique personnels et complote contre son frere. Entre temps, Henri de Navarre s'enfuit de la cour ou il etait retenu et abjure le catholicisme qu'on lui avait impose a la Saint-Barthelemy. En 1584, le frere d:Henri III, Francois d'Alengon, meurt. Henri III n'a pas d'enfant et peu de chances d'en avoir un. C'est Henri de Bourbon-Navarre, descendant du dernier fils de Saint Louis, qui devient Pheritier legitime du trone de France. La perspective de voir un protestant monter sur le trone de France repugne a la tres grande majorite des Francais et amene Henri de Guise a signer avec Philippe II un traite, aux termes duquel le roi d'Espagne promet d'aider financierement la Ligue a ecraser en France le parti protestant. Henri III essaie de faire face. Mais les troupes royales sont battues a Coutras. Grise par ses victoires, Henri de Guise songe a detroner Henri III qui lui uiicrdit Pentree de Paris et fait appel a six mille gardes suisses pour parer a Pcventualite d'un coup de force. La Ligue declenche l'emeute. Le 13 mai 1588, Henri III doit quitter en secret le Louvre encercle par la foule et les ligueurs. A l'occasion des Etats generaux convoques a Blois, Henri III fait nssassiner le 23 decembre le due Henri de Guise par sa garde personnels et le lendemain son frere le cardinal de Guise. Ce double meurtre entraine un dechainement de la France ligueuse contre le roi. A Paris, le comite des Seize prononce la decheance du roi et nomme le due de Mayenne (un Guise) lieutenant general du royaume. Dans cette situation, Henri III se rapproche d:Henri de Navarre (heritier presomptif). Leurs armees conjointes assiege Paris. C'est la, a Saint-Cloud, qu'un moine dominicain exalte, Jacques Clement, pretextant la remise d'un document secret, tue Henri III de deux coups de poignard. Henri III meurt quelques heures plus tard, apres avoir reconnu Henri de Navarre comme son successeur. 11. 4. Le rěgne d'Henri IV (roi de 1589 á 1610) Henri IV met cinq ans pour conquérir son royaume. Constatant que seule sa religion est un obstacle á sa montée sur le trone, Henri IV abjure le protestantisme á Saint-Denis le 25 juillet 1593. Sacré roi á Chartres le 26 février 1594, il entre sans combat, le 22 mars 1594, dans un Paris las des exces de la Ligue. Le 13 avril, Henri IV signe I'edit de Nantes. Cet edit assure aux protestants le libre exercice du culte dans les villes oú il était pratique avant 1597, ainsi que le libre accěs á tous les emplois. II les autorise á tenir des assemblies particuliěres. II établit cent cinquante et un lieux de refuges dont cinquante et une places de súreté tenues directement par les protestants. Le rěgne d'Henri IV est une periodě de redressement financier et cconomique de la France. Le due Sully, nommé surintendant des Finances, a réussi á redresser la situation financiere grace á un étroit contróle des dépenses et des recettes. 60 61 Henri IV et Sully se rallient au mercantilisme, selon lequel il faut vendre a Petranger plus qu'on lui achete afin de degager un solde positif d'or et d'argent. En 1608, Champlain fonde, sur les bords du Saint-Laurent, Quebec, noyau de la Nouvelle-France. Le 14 mai 1610, Henri IV est assassine par Ravaillac a coups de couteau. Sa femme Marie de Medicis proclame la regence. Louis XIII a neuf ans. 12. De Louis XIII a Louis XV Apres le debut de regne difficile de Louis XIII, Richelieu retablit Vautorite du roi. S htis sa politique de guerre ainsi que les charges imposees par le cardinal soulevent de vives oppositions. Cette politique, poursuivie par le successeur de Richelieu, Mazarin, est a I'origine d'une guerre civile - la Fronde - qui trouble la minorite de Louis XIV. line fois mqjeur, Louis XIV desire surtout renforcer son autorite royale et realiser I 'unite religieuse du pays. Son ministre des Finances, Colbert, avait entrepris un redressement economique du royaume qui est finalement gdche par les multiples guerres menees par le roi. Ces guerres eaiisent a la France un endettement qui continue a s 'agrandir sous le regne de Louis XV. 12. 1. Louis XIII (roi de 1610 a 1643) Louis XIII n'a que neuf ans a la mort de son pere (Henri IV). La reine mere, Marie de Medicis, exerce la regence. Mais, sans experience des affaires, elle se laisse dominer par son entourage, surtout par sa sceur de lait Leonora GaligaT et le mari de celle-ci, Concini. Ambitieux, cynique et avide, il est fait marechal et marquis d'Ancre et devient tout-puissant a partir de 1615. Les grands en profitent pour s'agiter et se faire accorder places et pensions. En 1617, le jeune roi, pousse par son ami Charles d'Albert de Luynes, fait assassiner Concini par le capitaine de ses gardes. II fait exiler la reine mere a Ulois et se debarasse de ses ministres. Marie de Medicis s'echappe de Blois. Elle commence a s'allier avec les grands et prend les armes. En avril 1620, aux Ponts-de-Ce, pres d'Angers, le roi disperse les troupes de sa mere et se reconcilie avec elle. En 1624, cedant a sa mere rentree en grace, il decide de faire appel a Richelieu, qui, nomme cardinal en 1622, recoit le titre de « chef du Conseil » en aout 1624. Le regime du ministerial institue repose sur Petroite collaboration entre le roi et son ministre. Le roi accorde a ce dernier une confiance sans limite. Le cardinal resume en une phrase celebre la tache qu'il se donne : « Kuiner le parti huguenot, rabaisser Porgueil des grands, reduire tous [les sujets] 62 63 en leur devoir et relever [le] nom [du roi] dans les nations etrangeres au point ou il devait etre. » Les premiers obstacles resident dans l'opposition nobiliaire. Les nobles voient tres vite dans Richelieu une menace de « liberies traditionnelles ». lis font des complots dans lesquels Gaston d'Orleans, frere du roi et son heritier jusqu'a la naissance en 1638 du futur LouisXIV, joue un role central. En 1627, la grande place huguenote de la Rochelle est prise. Les protestants ont aide les Anglais a occuper Pile de Re. Par une ligne de fortifications de dix-sept kilometres, Richelieu isole La Rochelle et boucle faeces par la mer. Apres treize mois de siege, la ville tombe le 28 octobre 1628. L'Edit d'Alais conserve aux protestants leurs garanties civiles et religieuses, mais leur enleve leurs places fortifiees. En 1630, un complot de cour, qui regroupe tous les opposants au ministre derriere Marie de Medicis, la reine Anne d'Autriche et Gaston d'Orleans, est sur le point de reussir: le 10 novembre, Marie de Medicis, qui reproche au cardinal son ingratitude a son egard, croit avoir obtenu le renvoi de celui-ci, mais a l'issue de cette « journee des Dupes », le roi renouvelle sa confiance a son ministre. Richelieu ne s'interesse aux problemes economiques que dans la mesure ou la puissance du roi depend de la richesse du royaume. II attache une grande importance a la mer et au grand commerce maritime. Au total, ce qu'il attend des Francais, e'est qu'ils soutiennent le roi, et il leur fait payer sans management toutes les actions du roi. Depuis 1635, la France est engagee dans la guerre de Trente Ans, le grand conflit qui dechire l'Europe de 1618 a 1648. A l'origine de cette guerre sont les ambitions de l'empereur Ferdinand II qui veut uniformiser l'ensemble de ses possessions (Autriche, duches alpins, Haute-Alsace, Boheme, Hongrie, principautes germaniques) en un seul Etat centralise et catholique. Tcheques, Hongrois et princes allemands (surtout les protestants) estiment leur autonomic menacee par un tel projet et, eclatant d'abord en Boheme, la guerre embrasse rapidement toute l'Europe. Or la France s'estime concernee par le conflit, dans la mesure oil une victoire de l'empereur, membre de la branche viennoise de la dynastie des Habsbourgs, et a ce titre allie a l'Espagne que gouverne, avec Philippe IV, la branche madrilene de la meme dynastie, placerait le royaume dans une situation de faiblesse et d'encerclement. Aussi, apres avoir soutenu (itistave-Adolphe de Suede, Louis XIII intervient directement et declare la guerre a l'Espagne en 1635, puis a l'empereur en 1636. Dans de telles conditions, on concoit que la mort du cardinal Richelieu, survenue le 4 decembre 1642, ne constitue pas un tournant decisif. Louis XIII lui demeure pourtant fidele et poursuit, avec le meme personnel ininisteriel, dont surtout lTtalien Mazarin, la meme politique. Avant de mourir, le 14 mai 1643, le roi a le temps d'organiser la regence assistant Anne d Autriche. 12. 2. Louis XIV (roi de 1643 a 1715) A la mort de Louis XIII, son fils, Louis XIV n'a que cinq ans. Sa mere, Anne dAutriche, appelle a son service le cardinal Mazarin, recommande par Richelieu avant sa mort. En 1648, le traite de Westphalie met fin au conflit avec l'Espagne et accorde a la France Metz, Toul et Verdun (occupees depuis 1552) et des villes d' Alsace. Au debut, le roi avait des problemes avec la suite des frondes (des oppositions qui ont recu le nom d'un jeu d'enfants). En juin 1648, le parlement de Paris reclame la soumission a son approbation des impots nouveaux et aussi la faculte de controler le gouvernement du royaume. En reponse a cette contestation, Anne dAutriche fait aneter trois parlementaires, dont le tres populaire Broussel. Paris se couvre aussitot de barricades. Broussel est enfin libere, mais l'agitation continue, ce qui oblige la Regente a quitter la capitale. Elle se refugie a Saint-Germain-en-Laye. 1 ,e parlement leve des troupes et recoit le soutien de quelques grands seigneurs. Mais, 1'armee royale assiegeant la capitale, une solution politique permet d'eviter le conflit direct, avec la signature de la paix de Rueil en mars 1649, par laquelle la Regente et Mazarin accordent un pardon general aux frondeurs. A une fronde du Parlement de Paris qui veut controler la monarchie et qui oblige la reine et le jeune Louis XIV a fuir Paris de nuit, succede une fronde des princes qui avaient aide a la repression de la fronde parlementaire. Condi, chef des troupes royales avec lesquelles il a battu les Espagnols a Rocroi (mai 1643), entre en conflit avec Mazarin et il songe a le remplacer. En 1650, l'arrestation de Conde provoque un mouvement provincial de soulevements animes par la haute noblesse. Conscient de son impopularite, et comprenant qu'il constitue le seul ferment d'unite capable de regrouper tous les opposants, Mazarin decide de se retirer. En fevrier 1651, il fait liberer Condi et les autres princes emprisonnes, puis il se refugie a Cologne. Des lors, le front des mecontents s'affaiblit. A partir de l'automne 1651, la Fronde ne se limite qu'a Taction de Conde. Le roi est proclame majeur le 7 septembre 1651, cela provoque de nombreux ralliements. Un frondeur repenti, Turenne, mene les troupes royales contre Conde, passe aux Espagnols. En octobre 1652, Louis XIV revient a Paris. Mazarin l'y rejoint en fevrier 1653. Le traite de Dunkerque et le traite des Pyrenees en 1659 mettent fin a la guerre avec l'Espagne. La France obtient l'Artois et le Roussillon. Louis XIV epouse une fille du roi d'Espagne (Marie-Therese d'Espagne), mais il renonce a la succession espagnole. Mazarin meurt le 9 mars 1661. Le 10, Louis XIV reunit les ministres et leur annonce sa decision de gouverner desormais seul. Sa volonte de puissance l'entraine dans de longues et vaines guerres : 1. la guerre de la ligue d'Augsbourg 2. la guerre de succession d'Espagne : le roi d'Espagne, qui meurt en novembre 1700, a choisi pour heritier le petit-fils de Louis XIV. L'Autriche, l'Angleterre et la Holande s'inquietent de voir un jour reunies la France et l'Espagne et ils declarent la guerre a la France le 15 mai 1702. Au debut, la France connait plusieurs echecs (1704 - 1709). Les Anglais debarquent a Gibraltar, le roi Philippe V d'Espagne est chasse de chez lui, la Flandre francaise est envahie... Neamoins les Francais refusent une offre de paix inacceptable, ils reprennent le combat et repoussent leurs adversaires. Philippe V reconquiert le trone espagnol. Les traites d'Utrecht (1713) et de Rastatt (1714) mettent fin a la guerre. Philippe V abandonne toute pretention au trone de France. La France sauvegarde les conquetes de Louis XIV mais cede la Terre-Neuve et l'Acadie aux Anglais. Sa volonte d'etre un roi chretien l'amene a revoquer l'edit de Nantes. La France connait sous son regne une renaissance catholique. Des 1661, les piotestants ont ete genes dans l'exercice de leur culte, exclus de l'achat des nl'lices royaux. En 1680 ont commence les « dragonnades » (precedes de conversion forcee ; si les prostestants ont renonce de se convertir, on a loge chez eux les dragons). (!e logement systematique de soldats chez les protestants provoque des conversions en grand nombre. Cela mene a l'interdiction du culte protestant dans le royaume par l'edit de Fontainebleau en 1685. II bannit les pasteurs, mais interdit aux ex-reformes de s'enfuir sous peine de galeres. Deux cent mille iTentre eux quittent pourtant clandestinement la France. Ce qui malmene Peconomie deja secouee par les depressions des annees 1693 - 1694 et 1709 -1710. En 1715, apres cinquante-quatre ans de regne, Louis XIV meurt, impopulaire, en laissant une dette et un deficit annuel de quarante-cinq millions de livres. 12. 3. Louis XV (succede au regent en 1723, regne jusqu'a 1774) Le pouvoir royal sous le regne de Louis XV eprouve de graves difficultes. Ces difficultes-ci sont proviennent des echecs de la politique exterieure du roi: • la guerre de succession polonaise • la guerre de succession d'Autriche • la France doit abandonner le Canada et l'lnde, a 1'exception de cinq comptoirs et de la Louisiane. et de son impuissance de resoudre l'important deficit du budget qui ne cesse d'augmenter. Toutes les propositions des reformes fiscales et judiciaires sont cependant refusees a cause de l'attitude de la noblesse et de la hardiesse des parlements. 66 67 14. La periodě révolutionnaire 1. Les progres scientifiques du XV1I1* siecle remettent en cause la vision du monde et de I'homme. Les croyances traditionnelles sont soumises a des critiques de la raison et elles perdent leur statut irrefutable. La crise economique en France renforce chez les gens le desir de changer la monarchic absolue et de modifier la repartition de la charge fiscale. Ayant besoin d'appui pour la requete de nouveaux impots, le roi convoque les Etats generaux. Le Tiers Etat voit dans ce rassemblement I'occasion pour lui de revendiquer des reformes. Les reformes n 'etant meme pas evoquees, les deputes du Tiers Etat incitent les gens a I'action. Tracasses par la misere et encourages par des orateurs improvises, les Parisiens prennent la Bastille. Ce geste, dote d'une grande portee symbolique, marque le debut de la Revolution francaise. 14. 1. La France des Lumiéres Le XVIIIe siěcle est une periodě de grands progres scientifiques. Déjá, á la fin du WIT siěcle, PAnglais Newton avait découvert le principe de la gravitation universelle. Au siěcle suivant, il existe dans les milieux cultivés de la noblesse et de la bourgeoisie un grand engouement pour les sciences. Les « cabinets » scientifiques se multiplient. Le Francais Lavoisier crée la chimie moderně. Le Suédois Linne et le Francais Buffon font progresser les sciences naturelles. L'electricite, aprěs la découverte du paratonnerre par Franklin, suscite la curiosité la plus vive. Le monde des idées évolue au méme rythme. En France, des écrivains qu'on appelle « philosophes » critiquent, au nom de la raison, les préjugés et les institutions. Iis réclament la confiance dans les progres de la science, la liberté de pensée et la volonte de réformes. 1. Les « philosophes » Parmi les nombreux écrivains francais du XVIIf siěcle, certains ont joué un role preponderant: Charles de Secondat, baron de La Brěde et de Montesquieu (1689 - 1755) critique dans ses Lettres persanes les institutions et Pétroitesse ďesprit chez les ()ccidentaux. De I 'esprit des lois est un classique de la philosophie politique, avec sa distinction des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Leur separation est la seule possibilité pour assurer la liberté. L'ceuvre de Francois Marie Arouet dit Voltaire est multiple: theatre, pamphlets, essais philosophiques (Zadig, Candide). Déiste, il consacre beaucoup de temps et ďécrits á défendre la tolerance. Mais il reste partisan d'un regime monarchique, á condition qu'il soit « éclairé ». Ses Lettres philosophiques montrent toute son admiration pour les institutions anglaises. Jean-Jacques Rousseau a dénoncé Paliénation de Phomme et la contradiction entre la nature et la société. II préconise un gouvernement « naturel » fonde sur Pégalité et la souveraineté du peuple. II est done favorable á un systéme démocratique. II est l'auteur d'une ceuvre diverse qui a influence les révolutionnaires de 1789 et le romantisme : Discours sur I 'origine de l 'inégalité, Le Contrat social, Emile ou de Veducation, Les Confessions... Les physiocrates sont des économistes qui, contre la réglementation de Colbert et le systéme des corporations, préeonisent le « laissez-faire, laissez-passer », e'est-a-dire le retour aux lois naturelles. Parmi les Francais, on peut citer Quesnay, Gournay, Turgot. Mais e'est en Angleterre qu'Adam Smith posera de facon beaucoup plus large les principes du liberalisme économique. 2. L'Encyclopedie L'Encyclopedie, ou Dictionnaire raisonne des Sciences, des Arts et des Metiers, est une ceuvre monumentale faisant le point des connaissances 74 75 scientifiques, des techniques de travail des hommes, des reflexions philosophiques et politiques du milieu du XVIIIe siecle. Malgre la censure et grace au directeur de la librairie, Malesherbes, les 17 volumes d'articles et les 11 volumes de planches ont pu paraitre entre 1751 et 1772. Les collaborateurs etaient nombreux (Voltaire, Montesquieu, Rousseau), mais l'essentiel du travail est du a Diderot et au mathematicien d'Alembert. Les nouvelles idees des Lumieres penetrent peu a peu toute la societe. L'Ancien regime est conteste dans ses bases : l'absolutisme, la societe d'ordres et la feodalite. La bourgeoisie ainsi que les masses urbaines et rurales veulent transformer en profondeur la societe et l'organisation politique de la France. 14. 2. Louis XVI (roi de 1774 á 1793) On dit que Louis XVI était timide, lourd, ďun caractěre faible et irrésolu face á un entourage divisé et peu súr. Sous son rěgne, le deficit du budget de l'Etat augmente par le cout de I'intervention francaise dans la guerre ďlndépendance américaine. Les projets réformateurs en matiěre ďimpóts se heurtent á 1'opposition des privilégiés. lis renvoient leur auteur - le ministře Turgot. Dans les années 1780, les difficultés économiques s'accroissent. La récolte de 1788 est mauvaise et l'hiver qui suit est rigoureux. Pour résoudre la crise financiere et pour trouver de nouveaux impóts, le roi convoque pour mai 1789 les Etats généraux. L'assemblee des Etats généraux se compose de trois ordres: 1. le clergé 2. la noblesse 3. le Tiers Etat Les deux premiers ordres sont les ordres privilégiés qui ne payent pas ďimpóts. En convoquant les Etats généraux le roi demande aussi á « connaítre le souhait du peuple ». Chaque village met par écrit ses vceux dans des cahiers de doléances. En general, les gens réclament une constitution, la fin des droits féodaux et dénoncent les impóts. Les Etats generaux se rassemblent a Paris le 5 mai 1789. Mais le Tiers Etat, auquel Necker a accorde autant de deputes que les deux autres ordres reunis, est decu par le deroulement. Les reformes ne sont meme pas evoquees. 14. 3. L'assemblee Constituante Les deputes du Tiers Etat prennent alors 1'initiative. lis invitent les deux autres ordres ä se joindre ä eux ; le 17 juin ils s'attribuent le vote de l'impöt. En quelques jours, la majorite du clerge et 47 nobles se rallient. Le 19, le roi fait fermer la salle. Le 20 juin, les deputes se reunissent alors dans la salle toute proche du Jeu de Paume et pretent serment de ne pas se separer avant d'avoir donne une constitution ä la France. Le 23 juin, le roi reunit l'assemblee pleniere, desavoue toutes les entreprises du Tiers Etat. II menace de dissoudre les etats si les ordres ne se separent pas pour deliberer. Noblesse et clerge quittent la salle, mais le Tiers Etat demeure. Le marquis de Dreux-Breze, charge de sommer le Tiers Etat de se disperser, s'entend repondre par Bailly « La nation assemblee n'a pas ä recevoir d'ordre ! ». Le 27 juin, le roi cede : il demande ä la noblesse et au clerge de se rallier au Tiers Etat. Le 9 juillet, les deputes se declarent Assemblee Constituante et se mettent au travail pour elaborer les textes de lois qui regiront le nouveau regime. 14. 4. La prise de la Bastille Paris connait une situation de crise : les approvisionnements parviennent avec difficulté et le chómage touche de nombreuses professions. Le prix du pain ne cesse d'aumenter. Le mécontentement est d'autant plus grand que des rumeurs circulent sur la situation des deputes á Versailles : on parle de complot aristocratique, d'un possible bain de sang... Le roi, hostile á 1'Assemblée, multiplie les erreurs. L'effervescence est vive dans les jardins du Palais-Royal, dans lequel des orateurs improvises, comme Camille Desmoulins, incitent le peuple á s'armer. La nuit du 13 juillet est marquee par la formation d'une nouvelle municipalita, dirigée par le populaire Bailly. La municipalitě decide de créer une 76 77 milice qui prend bientot le nom de Garde nationale; ses membres, sous les ordres de La Fayette, heros de la guerre dTndependance americaine, porteront une cocarde rouge et bleu, aux couleurs de Paris. Au matin du 14, le prix du pain est au plus haut. Le bruit court que Louis XVI veut faire tirer sur le peuple depuis la Bastille. Les gens se rassemblent devant le vieux chateau qui, converti en prison d'etat depuis Louis XIII, symbolise l'arbitraire royal. Les tentatives de conciliation echouent, et des coups de feu sont tires sur la foule. La Bastille est finalement prise, grace a P intervention des gardes francaises qui ont rejoint les manifestants. La forteresse n'abritait que sept prisonniers: quatre faussaires, deux fous et un noble debauche. La prise de la Bastille etait plutot un geste d'une grande portee symbolique. Le roi cede : il rappelle Necker et renvoie les troupes. Le 17 juillet, il se rend a Paris ou il arbore la cocarde, devenue tricolore - le blanc du roi s'est intercale entre le rouge et le bleu de Paris. Des lors, ceux qu'on appelle desormais « aristocrates » prennent, comme le frere de Louis XVI, le chemin de l'exil. 15. La periode revolutionnaire II. Par I'abolition des privileges et par la Declaration des Droits de l'homme et du citoyen, VAncien Regime est defmitivement mort. Le roi s 'engage ä respecter la Constitution et devient ainsi le roi de la monarchie constitutionnelle. En esperant se voir libere un jour par les monarchies europeennes alliees, le roiparticipe ä la declaration de la guerre ä l'Autriche. ('e desir de Louis XVI restait inaccompli. La decouverte de sa correspondance secrete avec les « ennemis » de la Revolution provoque sa chute et plus tard sa decapitation. En septembre 1792, la Convention proclaim la Republique. 15. 1. La revolution en province Dans la deuxieme quinzaine de juillet 1789, la nouvelle deformee des evenements parisiens provoque la Grande Peur dans les campagnes : on raconte que des brigands ä la solde des nobles vont devaster les moissons. Dans le meme temps, des paysans attaquent les chateaux et brülent les titres seigneuriaux. Pour arreter ces desordres, l'assemblee Constituante vote, le 4 aoüt, I'abolition des privileges (droits feodaux, dime). L'egalite de tous devant l'impöt et la justice ainsi que l'acces aux emplois sont proclames. C'est 1'effondrement de ce que les revolutionnaires nomment VAncien Regime. Le 26 aoüt 1789, l'Assemblee Constituante vote La Declaration des Droits de l'homme et du citoyen. Elle contient dix-sept articles et se veut universelle, c'est-ä-dire qu'elle s'adresse aux hommes de tous les temps et de tous les pays. Les constitutions de l'annee 1946 et de l'annee 1958 englobent une partie des articles de cette declaration. LA DECLARATION DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN : 26 aout 1789 IVeambule « Les rcpresentants du Peuple Francais [...] ont resolu d'cxposer dans une declaration solennelle les droits naturels; inalienables et sacres de l'homme [...] En consequence; 1'Assemblée nationale reconnait et declare, en presence et sous les auspices de TÉtre Supreme, Ics droits suivants de l'homme et du citoyen. Article premier. - Les homme naissent et demeurent libres et égaux en droits ; les distinctions sociales ne peuvent étre fondées que sur 1'utilité commune. Art. 2. - Le but de toute asociation politiaue est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme ; ces droits sont la liberie, la proprietě, la sureté et la resistance á l'opression. Art. 3. Le principe de toute souveraineté reside essentiellment dans la nation ; nul corps, nul individu ne peut exercer ďautorité qui n'en emane expressément. Art. 4. La liberté consiste á pouvoir faire tout ce aui ne nuit pas á autrui. Ainsi l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que Celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mémes droits ; ces bornes ne peuvent étre déterminées que par la loi. Art. 5. La loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles á la société. Tou ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut étre empéché, et nul ne peut étre contraint á faire ce qu'elle n'ordonne pas. Art. 6. La loi est 1'expression de la volonte generale ; tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs rcprésentants, ä sa formation ; eile doit étre la meine pour tous, soit qu'elle protege, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens étant égaux á ses yeux sont également admissibles á toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autres distinctions que Celles de leurs vertus et de leurs talents. Art. 7. Nul homme ne peut étre accuse, arrété, ni détenu que dans les cas determines par la loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expedient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent étre punis ; mais citoyen appelé ou saisi en vertu de la loi, doit obéir á l'instant, il se rend coupable par la resistance. Art. 8. La loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut étre puni qu'en vertu ďune loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée. Art. 9. Tout homme étant presume innocent jusqu'ä ce qu'il ait été declare coupable, s'il est jugé indispensable de 1'arréter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit étre sévěrement réprimée par la loi. Art. 10. Nul ne doit étre inquiété pour ses opinions, méme religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi. Art. 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de 1'homme : tout citoyen peut done parier, écrire, imprimer librement ; sauf á répondre de Tabus de cette liberté dans les cas determines par la loi. Art. 12. La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est done instituée pour l'avantage de tous, et non pour 1'utilité particuliěre de ceux á qui eile est confíée. Art. 13. Pour Tentretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable ; eile doit étre également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultas. Art. 14. Les citoyens ont le droit de constater par eux-méme ou par leurs représentants, la nécessite de la contribution publique, de la consenir librement, ďen suivre Temploi, et ďen determiner la quotité, Tassiette, le recouvrement et la durée. Art. 15. La société a le droit de demander compte á tout agent public de son administration. Art. 16. Toute société, dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la separation des pouvoirs déterniinée, n'a point de constitution. Art. 17. Les propriétés étant un droit inviolable et sacré nul ne peut en étre přivé, si ce n'est lorsque la nécessite publique, légalement constatée, Texige évidement, et sous la condition ďune juste et préalable indemnité. » 15. 2. Le roi prisonnier de la Revolution Le roi ne cesse de jouer un double jeu. II refuse d'approuver les decrets de l'Assemblee portant sur la propriete de la terre et fait venir des troupes ä Versailles. Le mecontentement persiste. Le pain manque ä Paris et le peuple craint Pecrasement de la Revolution. Le 5 octobre, la foule, au sein de laquelle dominent les femmes des Halles et du quartier Saint-Antoine, marche sur Versailles en reclamant du pain. Elle oblige le roi de quitter Versailles. Le lendemain, le roi et sa famille sont ramenes ä Paris. Iis s'installent aux Tuileries. Le roi perd encore de son autorite. 80 81 15. 3. La monarchic constitutionnelle L'Assemblee Constituante fixe par ses lois le nouveau regime. Le pouvoir du roi (executif), celui de l'Assemblee (legislatif), celui des juges et des tribunaux (judiciaire) sont separes. Lors de la Fete de la Federation commemorant la prise de la Bastille, Louis XVI jure sur l'autel de la nation qu'il respectera la constitution. L'ancien « roi de France par la grace de Dieu » est desormais « roi des Francais, par la grace de Dieu et la Constitution de l'etat ». 11 nomme les ministres, mais il ne peut pas dissoudre l'Assemblee. L'Assemblee, elue pour deux ans, prepare, delibere, puis vote les lois. 15. 4. La trahison de Louis XVI Le 20 juin 1791, la famille royale essaye de s'enfuir. Deguises en bourgeois, les voyageurs quittent discretement les Tuileries, une berline les conduit vers Metz. Mais ils sont reconnus et arretes ä Varennes. Sous bonne garde, ils sont reconduits ä Paris. Pour sauver la constitution, le roi est innocente par l'Assemblee. Le 17 juillet 1791, les manifestants deposent au Champs-de-Mars une petition demandant la decheance du roi. La Garde nationale tire sur la foule. Les revolutionnaires qui veulent« aller plus loin » sont arretes. Quelques mois plus tard, le 1er decembre 1791, l'Assemblee Constituante est remplacee par l'Assemblee legislative. 15. 5. La declaration de la guerre Si les esprits « eclaires » d'Europe accueillent la Revolution francaise avec Sympathie, les souverains sont inquiets. Les emigres, qui forment une armee ä Coblence, reclament 1'intervention des souverains. L'empereur et le roi de Prusse, par la declaration de Pillnitz, prevoient une action contre la France. L'Assemblee legislative, plus revolutionnaire que la precedente, est, en majorite, favorable a la guerre. Le roi espere que la nation, en cas de guerre, « se jetterait dans ses bras ». II erige alors un ministere domine par les Girondins. Au club des Jacobins, Robespierre s'oppose, seul, a la guerre. Le 20 avril 1792, sur proposition de Louis XVI, l'Assemblee legislative vote la declaration de la guerre a 1'Autriche. 15. 6. La chute de la monarchie Au debut de la guerre, la France, mal preparee, subit plusieurs defaites. Autre deception, le roi de Prusse dont on esperait la neutrality, s'allie ä I'Autriche. Au debut du mois de juillet, l'armee prussienne menace la France ä 1'Est et la Legislative proclame « la patrie en danger » ; les federes de province affluent ä Paris. Les Marseillais chantent un « chant de guerre, pour l'armee du Rhin » compose ä Strasbourg par Rouget de L 'Isle, et qui sera la Marseillaise. Le 1er aoüt, la foule parisienne prend connaissance du manifeste du general prussien Brunswick, dans lequel il menace de raser Paris s'il est fait violence au roi. Dans un sursaut patriotique, les sans-culottes (les republicans les plus ardents; on les appelait ainsi parce que les hommes du peuple portaient le pantalon alors que la culotte - qui s'arrete aux genoux - paraissait aristocratiques) prennent les Tuileries. Le roi se refugie aupres de l'Assemblee qui le depose et decide 1'election au suffrage universel d'une Convention nationale. Apres la premiere victoire de Valmy (le 20 septembre 1792), la Convention proclame ä l'unanimite la. Republique. Des le lendemain, les actes officiels sont dates de l'An I de la Republique. 82 83 16. La lere Republique (1792 - 1799) Apr es I 'execution de Louis Capet, la majeure partie des puissances europeennes forme une coalition contre la France regicide. La situation s 'aggrave aussi ä l Interieur du pays ä cause de la Hausse des prix et du chömage. Pour resoudre la crise, les Montagnards creent le Comite de Salut Public. La lutte pour le pouvoir dans ce Comite a debouche sur les destitutions reciproques des adversaires politiques, la mise en place de la Terreur et finalement sur la dictature de Robespierre. Mais celui-ci fut aussi ecarte par les vainqueurs de Thermidor qui ont installe un nouveau regime politique - le Directoire. 16. 1. Le proces de Louis XVI La decouverte de la correspondance de Louis XVI avec les ennemis de la Revolution (la correspondance avec l'etranger) dans l'armoire de fer aux Tuileries a provoque son proces. Dans la Convention, 387 voix contre 334 votent la mort. Louis Capet est execute sur la place de la Revolution le 21 janvier 1793. 16. 2. La Terreur La Convention comprend trois groupes : les Girondins, les Montagnards et la Plaine. Dominee par les Girondins, les Montagnards creent une forte minorite dans laquelle s'illustreront Danton, Robespierre, Marat, Saint-Juste et d'autres. La guerre reste le probleme majeur de la Convention. L'automne 1792 est marque par une serie de succes des armees revolutionnaires, mais suite ä l'execution du roi, l'Angleterre, l'Espagne, les Provinces-Unies et la plupart des Etats allemands et italiens se joignent ä l'Autriche et ä la Prusse contre la France regicide. Les coalises battent Dumouriez ä Neerwinden (18 mars) et la France perd la Rhenanie. 84 La situation est difficile aussi a l'interieur : les prix et le chomage montent, la Vendee se souleve par hostilite au gouvernement central qui a decide la levee de trois cent mille hommes. Apres des manifestations populaires a Paris, dues aussi a la hausse du cout de la vie, les Montagnards obtiennent la creation d'un Comite de Salut Public. Sentant que le pouvoir leur echappe, les Girondins denoncent le derapage vers la dictature. lis en accusent les Montagnards. Le 2 juin 1793, la Convention est encerclee par une foule armee et sous cette pression la Convention accepte I'arrestation des Girondins. Ainsi parvenus au pouvoir, les Montagnards se trouvent dans une situation difficile : une crise financiere secoue le pays envahi par les troupes etrangeres, des soulevements provinciaux declenches soit par les royalistes soit par les anciens allies des Girondins. A cause de ces difficultes, la Convention fixe par une loi le maximum des prix et des salaires. Les Montagnards annoncent que « la Terreur est mise a I'ordre du jour ». Tout suspect peut etre arrete. Cette loi alimente la guillotine. Le bilan de la Terreur est lourd : on compte quarante mille victimes, condamnees a mort par les tribunaux revolutionnaires. Apres l'execution de Marie-Antoinette (16 octobre 1793) et la repression contre les « suspects », la tension monte encore. Les Hebertistes (les revolutionnaires extremistes) veulent encore accentuer la Terreur. Mais le Comite de Salut Public fait arreter Hebert et les « enrages ». lis sont guillotines en mars 1794. Le mois suivant (avril 1794), ce sont les Indulgents (Danton, Desmoulins et leurs amis), estimant que la Terreur doit prendre fin, qui sont guillotines. Apres s'etre debarasse de ses adversaires, Robespierre, surnomme « I'Incorruptible », se retrouve a la tete du Comite de Salut Public. II est desormais seul maitre du pouvoir. Les mesures les plus marquantes de la dictature de Robespierre sont: les decrets de Ventose (mars 1794) dont le but est d'avantager les patriotes pauvres et 1'installation de la fete de l'Etre supreme (juin)- Au fur et a mesure, Robespierre s'isole de plus en plus dans un pouvoir absolu. Mais la terrible loi du 10 juin 1794, qui permet de fonder Facte d'accusation sur une simple denonciation, souleve les oppositions contre lui. 85 Le 9 Thermidor an II (27 juillet 1794) l'Assemblee le met « hors-la-loi ». II est mis avec ses amis en etat d'arrestation et le lendemain ils sont tous guillotines sans jugement. 16. 3. Le Directoire Aprěs 1'élimination de Robespierre, les vainqueurs de Thermidor souhaitent « terminer la Revolution et installer une République conservatrice et censitaire ». Iis installent un nouveau regime politique - le Directoire. Le Directoire comprend cinq membres (avec le titre « directeur ») élus pour cinq ans. Le pouvoir législatif est partagé entre deux assemblées : le Conseil des Cinq et le Conseil des Anciens. La situation économique du pays reste critique. Le Directoire se heurte á des oppositions. Pour garder le calme, les directeurs doivent sans cesse faire appel á Parmée. Ainsi les généraux prennent un röle important dans la vie politique. L'un d'eux, le general Bonaparte, trěs populaire depuis ses succěs en Italie, s'empare du pouvoir par le coup d'Etat du 18 Brumaire. 17. Le Consular et l'Empire Le regne de Napoleon fr est bien sür marque avant tout par une serie de batailles tour ä tour victorieuses et perdues ä travers toute I'Europe. Mais en meme temps la France connait sous son regne, apres vingt-cinq annees de troubles, une stabilisation interieure basee sur I'administration centrale, sur la paix religieuse (le Concordat) et sur Vordre juridique (le Code civil). 17.1. Le Consulat Sous la pression des troupes de Paris, commandees par Bonaparte, les directeurs sont remplaces par trois consuls : Sieyes, Ducos et Bonaparte. Les trois consuls promettent de respecter les principes de 1789 et de retablir la paix. « La Revolution est finie. » L'essentiel du pouvoir se concentre entre les mains du Premier consul -Bonaparte. II nomme les ministres, les fonctionnaires. II a seul le pouvoir de promulguer les lois. L'une des premieres riches du Consulat est de centraliser l'administration. Les departements crees sous la Revolution sont conserves, 1'innovation importante est celle du prefet. II est designe par le Premier consul et en tant que tel il est l'agent du pouvoir central. Ses attributions sont variees : levee des contributions, organisation de la conscription, surveillance de l'opinion publique. Bonaparte essaye de reconcilier les Francais. II amnistie les emigres qui peuvent rentrer en France et retrouver leurs biens confisques s'ils n'ont pas ete vendus. Pour avoir le soutien des catholiques, il negocie et signe enfin avec le pape Pie VII le Concordat en 1801. La paix religieuse est retablie. L'Eglise est soumise a l'Etat: le clerge recoit un traitement et prete un sentient de fidelite. Pour sortir du desordre des systemes juridiques, on tire une synthese integrant des heritages de l'Ancien Regime aux apports du droit revolutionnaire : confirmation de la suppression de la feodalite, egalite civile, pleine reconnaissance des liberies d'entreprise et de concurrence. Cette synthese appelee le Code civil est promulguee le 21 mars 1804. Bonaparte signe avec 1'Angleterre (menacée par une crise) la paix en 1802 et rompt ainsi une periodě de dix années de guerre. La joie de la paix retrouvée permet á Bonaparte ďachever ďétablir son pouvoir personnel -ďaprěs la nouvelle Constitution de l'An X, Bonaparte devient consul a vie. En 1803, 1'Angleterre reprend la guerre. Les royalistes organisent un complot. Tout cela permet au consul ä vie de renforcer encore son pouvoir. La Constitution de l'An XII proclame Napoleon Bonaparte, empereur des Francais et la dignité imperiale devient héréditaire dans sa famille. La creation de l'empire est présentée comme une mesure defensive contre les manoeuvres anglo-royalistes. 17. 2. L'Empire Le sacre est prévu pour le 2 décembre 1804. Napoleon f decide le pape Pie VII á venir le couronner á Notre-Dame de Paris. En fait, il se couronne lui-méme, geste ďune non-dépendance ou ďune improvisation - comme on le dit souvent - mais établi par le protocole. Puis ľempereur couronne lui-méme Josephine de Beauharnais qu'il a épousée religieusement, ä la hate, dans la nuit du ler au 2 décembre. Désormais les pouvoirs de Napoleon f sont illimités. II s'entoure d'une cour fastueuse, crée une nouvelle noblesse, constituée des maréchaux, des grands dignitaires et de ľancienne noblesse royale. Pour éviter toute forme de mécontentement populaire, il encourage ľagriculture et ľindustrie. Napoleon ľr visite les expositions, recompense les chercheurs et entreprend une politique de grands travaux : construction de canaux, de routes dans les Alpes, aménagement de ports. Paris, capitale de l'Empire, est embellie de monuments édifiés á la gloire de Napoleon ľr : la Colonne Vendôme, ľ Arc de Triomphe du Carrousel, le Temple de la Gloire (église de la Madeleine)... 17. 3. La Grande Armee Au debut de l'Empire, la Grande Armee est une armée nationale, peu disciplinée et peu instruite. Elle se recrute par conscription : tout Francais ágé de 20 ä 25 ans, doit participer á la defense de la patrie. Chaque année, on tire au sort le nombre de soldats nécessaire. Les riches peuvent se faire remplacer. A mesure que les conquétes s'etendent, Napoleon /''recrute aussi les étrangers qui en 1813 forment déjá la moitié de Parmée. Napoleon /^commande les batailles et son génie consiste dans sa strategie et sa tactique. L'armee est divisée en différents corps indépendants, disperses pendant les déplacements et regroupés pour les combats. Napoleon f attaque sur un terrain choisi ďavance, aměne parfois son adversaire á commettre une faute, comme á Austerlitz. Une fois la bataille gagnée, la cavalerie poursuit et anéantit 1'ennemi en retraite. 17. 4. La soumission de 1'Europe Le 21 octobre 1805, 1'amiral anglais Nelson détruit la flotte francaise á Trafalgar. Sa victoire assure k 1'Angleterre la maitrise des mers. Cette défaite de la France est éclipsée par sa victoire ä Austerlitz le 2 décembre 1805. Napoleon /'récrase les armées austro-russes en les poussant sur des étangs gelés. Cette bataille a été parfois considérée comme la plus belle de ľhistoire, car ľennemi a manoeuvre exactement comme ľempereur avait su le lui suggérer. Le bilan de cette bataille est lourd pour ľarmée austro-russe : vingt-sept mille morts, quarante drapeaux perdus ainsi que cent quatre-vingts canons. ĽAutriche signe la paix ; eile est chassée d'Italie. Cette bataille est surnommée la bataille des Trois Empereurs : Napoleon f, le tsar Alexandre f, Francois ľr. En 1806, Napoleon Ť'défait ľarmée prusienne de Frédéric-Guillaume III á léna. Par la suite, il devient maítre de toute ľAllemagne (sauf une petite partie de la Prusse - le refuge du roi prussien et du reste de son armée). En 1807, Napoleon f se réconcilie avec le tsar Alexandre f. Iis signent la paix á Tilsit. La Prusse perd la Westphalie, érigée en royaume au profit du frěre de Napoleon f - Jérôme. 88 89 Apres avoir signe la paix avec la Russie, Napoleon f decrete le Blocus continental dont le but est de plonger PAngleterre dans une crise economique qui la contraindrait ä demander la paix. Tout commerce avec les iles britanniques est interdit. Pour rendre ce blocus efficace, il doit imposer son autorite ä toute 1'Europe. En juin 1808, Napoleon Ier engage l'expedition d'Espagne qui use les forces de l'Empire. Profitant de cette situation d'affaiblissement, l'Autriche reprend les armes. Mais eile est vaincue ä Wagram en 1809. Elle cede les provinces illyriennes sur la cöte adriatique. Pour confirmer la paix, Napoleon f epouse Marie-Louise, fille de Franqois fr. En 1811, Napoleon fest ä 1'apogee de sa gloire. Le Grand Empire atteint son extension maximale en Europe. Dans une Europe de cent soixante-sept millions d'habitants, l'Empire en comprend quarante-quatre et le « Grand Empire » en controle quatre-vingt-deux : L'Empire de Napoleon Ier á son apogee (1811) Empire des 130 départements et les provinces illyriennes I ;- :; I Etats allies j Royaume-Uni et ses allies Etats vassaux (famille Bonaparte) 90 L'Empire francais, agrandi de la Hollande, d'une partie de l'Allemagne du Nord et d'une partie de ITtalie, est entoure d'Etats vassaux confies a des membres de la famille imperiale. Napoleon Fr est aussi Protecteur de la Confederation du Rhin, du Grand-Duche de Varsovie et Mediateur de la Confederation helvetique. Mais une crise economique et le reveil de l'Europe asservie menacent. La Prusse prend la tete du mouvement national allemand et reconstitue son armee. En 1812, la Russie a rompu le Blocus continental. Napoleon f" entreprend une expedition en Russie a la tete d'une armee de vingt nations de plus de six cent mille hommes. Les Russes reculent devant la Grande Armee en adoptant la tactique de la terre bailee. Napoleon /'les suit jusqu'au centre du pays. Apres la bataille a Borodino il entre a Moscou comme maitre. Mais comme Alexandre f n'a pas demande la paix, Napoleon fr ordonne au mois d'octobre la retraite. II doit revenir par la meme voie par laquelle il est arrive. Le froid, la faim, les harcelements des cosaques deciment la Grande Armee : plus de trois cent mille tues, blesses ou prisonniers restent en Russie. L'echec de Napoleon f en Russie encourage toute l'Europe. Elle se coalise contre lui. En 1814 Napoleon f est vaincu a Leipzig. II doit evacuer l'Allemagne. Le 6 avril, Napoleon f, qui n'a pas pu empecher Pinvasion en France, abdique. Les rois coalises lui attribuent Pile d'Elbe. Louis XVIII, frere de Louis XVI, devient roi de France. La France se retrouve avec ses frontieres de Pannee 1792. 17. 5. L'empire des Cent Jours S'echappant de Pile A'Elbe, Napoleon f rentre en France et réussit á reprendre le pouvoir. La periodě de l'empire des Cent Jours (20 mars - 20 juin) commence. Le roi Louis XVIII s'enfuit á Gand. Les Etats européens se coalisent á nouveau contre lui. Napoleon f est définitivement battu á Waterloo le 18 juin 1815. Napoleon f abdique le 22 juin et se rend aux Anglais qui l'exilent á Sainte-Hélěne oú il dicte son Memorial. II meurt le 5 mai 1821. En 1840, ses cendres sont placées sous la coupole des Invalides. 91 18. La Restauration et la Iľ République installent sur le tróne de France le due d'Orléans, le cousin du roi. II devient roi des Francais comme Louis-Philippe f. Au debut du XIX siede, la France connait une experience de deux monarchies constitutionnelles : la Restauration et la monarchie constitutionnelle. La monarchie de Juillet s'effondre d'elle-meme devant la revolution demoeratique et sociale de 1848 qui installe en France la If Republique. 18. 1. La Restauration Apres la chute de Napoleon f, le frere de Louis XVI, Louis XVIII devient roi de France. II octroie une Charte qui organise une monarchie constitutionnelle. Le roi dispose des pouvoirs executifs et militaires et de 1'initiative des lois. Le Parlement est constitue de la Chambre des Pairs et de la Chambre des Deputes. II discute et vote les lois et le budget, mais le roi peut, par ordonnance, se passer de ses services. La Charte instaure le suffrage censitaire (le droit de vote est reserve aux citoyens qui payent le cens ou l'impot indirect). Les libert.es instaurees permettent la creation des partis : a droite - les « ultra-royalistes » envisagent de retablir certains privileges au centre - les constitutionnels souhaitent une application loyale de la Charte a gauche - les Iiberaux qui sont attaches aux liberies de 1798. Le 16 septembre 1824, Louis XVIII meurt. Son frere Charles X (roi de 1824 a 830) lui succede. En se faisant sacrer a Reims il annonce une politique favorable a l'ancienne aristocratie. En 1830, Charles X laisse dissoudre la Chambre des Deputes. La cause en etait l'independance grandissante. Mais apres de nouvelles elections l'opposition liberale est renforcee. En reponse a cette situation, Charles Xtente un coup de force et signe quatre ordonnances par lesquelles il interdit la liberte de la presse, dissout la Chambre des Deputes, modifie la loi electorate et ajourne l'election de la nouvelle assemblee. En trois jours d'emeutes {les Trois Glorieuses), bourgeois, ouvriers .et compagnons parisiens obligent le roi a abdiquer et a s'exiler. A sa place, ils 92 18. 2. La monarchie de Juillet Louis-Philippe ľ adopte une nouvelle Charte (constitutionnelle d'un etat, établie par concession du souverain et non par les représentants du peuple). Son rěgne est marqué par divers soulěvements sociaux. Le roi se maintient et consolide sa situation grace aux ministres autoritaires. Mais l'opposition monte dans le pays. En 1848, la protestation prévue contre le regime est interdite. Néamoins, le 22 février, la foule manifeste. La troupe tire sur les manifestants (52 morts). Paris se couvre de barricades. Le 24 février 1848, Louis-Philippe f abdique. La IIe République est proclamée. 18. 3. La H6 République Apres 1'abdication de Louis-Philippe f se met en place un gouvernement provisoire de onze membres avec a sa tete Lamartine. Le nouveau gouvernement proclame la Republique et au nom du liberalisme democratique : • institue le suffrage universel masculin pour les citoyens de plus de 21 ans • instaure la liberte totale de presse et de reunion • abolit l'esclavage aux colonies • limite la journee de travail en usine a 10 heures. Sous la pression des ouvriers le gouvernement doit aller plus loin. Le droit du travail est affirme. Pour garantir ce droit, des ateliers nationaux sont crees. II s'agit d'ateliers de charite employant les chomeurs de Paris et bientot ceux de province qui affluent a des travaux de terrassement. N'etant pas efficaces, les ateliers nationaux sont supprimes pendant les journees de juin. Les ouvriers se soulevent, les quartiers est de Paris se couvrent de barricades. Apres trois jours de violents combats, le general Cavaignac 93 čerase cette insurrection. La repression fut particuliěrement severe : 1 500 de Iusilies, plus de 11 000 de déportés notamment en Algérie. Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte est élu president de la République avec 75% des voix. II est élu pour quatre ans et, ďaprěs les lois, il ne peut étre rééligible. Comme 1'Assemblée a refuse á Louis-Napoléon Bonaparte une revision constitutionnelle pour qu'il puisse exercer un second mandát, il realise un coup ďétat le 2 décembre 1851 : il proclame alors 1'état de siěge, fait arréter des opposants et dissout 1'Assemblée. La République cesse de fait ďexister. \x \ow di; peiple fra\í;us. LE PRfiSIB&Yr DE LA REPlflLIOIE BjÉCRĚTE; ■ ■ Art. I. L'As*ei»Mageunivci^>losrrotnl)li.f^lni(lu:$liiiai(>Ntulm>jriN>. Art. 3, I^e Peujde franeais est eonvoque* dans *es cornices a partir ilu 14 riiM-enibreJiMqu'au 21 decern hre isnivant. _ Art, 4. L'Btat lie siejr,. est d.-eiVre dans Petenduede ia I division militaire. Art. ,5. Le Coiiseif il'l-'.tat ext dissous, lit. (!. Le Minixlre de ttn■ : les capitaux gagnent Pétranger. Voulant se débarrasser du gouvernemeiil de gauche, la Banque de France contraint Herriot á révéler qu'il a « crevé le plafond des avances ». II est renversé par le Senat. En 1926, Raymond Poincare est appelé au pouvoir pour sauver le franc. II forme un nouveau gouvernement d'« union nationale » rassemblant les radicaux et les partis de droite. II rétablit la situation financiere : il augmente les impots indirects, lance des emprunts, realise des economies budgétaires, équilibre le budget et stabilise le franc. Les capitaux reviennent. Grace á la popularito de Poincaré, les partis de droite Pemportent aux elections legislatives en 1928. Soutenu par les milieux financiers, Poincaré stabilise le franc au cinquiěme de la valeur du franc germinal d'avant-guerre. Cette devaluation cause une reprise économique qui dure jusqu'en 1930. En 1929, Pexcédent budgétaire permet á André Tardieu, president du Conseil, de faire voter par le Parlement la construction ďune ligne fortifiée : la ligne Maginot. En 1931, la France est touchée par la crise économique. La production agricole et industrielle diminuent, le deficit budgétaire et le chömage augmentent. Cette crise favorise la gauche radicale et socialiste qui gagne aux elections legislatives en 1932. 24. 3. Une periodě troublée Les gouvernements radicaux ont sous-estime la gravite de la recession. En 1933, la France compte environ 300 000 chomeurs. L'instability ministerielle rend les Francais mecontents et suscite Pantiparlementarisme de Pextreme-droite. 122 123 Favorisant la nouvelle tactique de 1'Internationale communiste qui veut defendre les patries contre le peril fasciste, les partis de gauche (social istes, radicaux et communistes) adoptent ensemble en 1936 le programme du Rassemblement populaire. Ansi reunifies, les partis de gauche gagnent les elections legislatives d'avril-mars 1936. Leur alliance electorate - le Front populaire - obtient la majorite absolue | la Chambre. Leader du groupe le plus nombreux, le socialiste Leon Blum forme un gouvernement qui prend une serie de mesures socialistes (les accords Matignon) : la reconnaissance du droit syndical, 12 jours ouvrables de conges payes annuels, la limite ä 40 heures de la duree de la semaine de travail,... L'hostilite des partis de droite et des milieux d'affaires ainsi que la fuite des capitaux en Suisse obligent Blum ä annoncer une « pause » dans les reformes. Le 20 juin 1937, le Senat lui refuse les pleins pouvoirs financiers. Blum demissionne. Apres deux cabinets Chautemps, Blum forme le 13 mars 1938 un second cabinet renverse quelques jours plus tard par le Senat. C'est la fin du Front populaire. 124 25. La France dans la Seconde Guerre mondiale La France entre dans la Seconde Guerre mondiale le 3 septembre 1939, mais jusqu 'a I'invasion des Allemands elle n'entreprend pas de batailles. La defaite arrive avec la signature de I'armistice en juin 1940. Les Francois sont divises en deux camps d'opinion : le premier qui suit les mesures du gouvernement de Vichy et I'autre, d'abord minoritaire, qui refuse la collaboration avec le Reich et engage la Resistance. Cette fraction des nonadherents avec a leur tete Charles de Gaulle prepare la liberation de la France. 25. 1. De la « dróle de guerre » á la défaite La Seconde Guerre mondiale pour la France commence le 3 septembre 1939 á la suite de 1'invasion des nazis en Pologne (le ler septembre 1939). La France est obligee de declarer la guerre mais elle n'est pas préte : • La strategie militaire est vieille, elle date de la Premiere guerre mondiale. C'est une strategie de defense qui consiste en un rassemblement des troupes derriěre la ligne Maginot. Les propositions de de Gaulle de moderniser l'armee et de changer la strategie defensive contre une offensive ont été refusées. • L'opinion publique des Francais est pacifique. La Premiere guerre mondiale est considérée comme la « der des der ». En septembre 1939 survit "l'esprit de Munich" - on a cédé des petites nations (la Tchécoslovaquie) pour garder la paix. Les Francais veulent que les problěmes soient résolus par les négociations. lis font le choix d'une politique defensive et statique. A partir du 3 septembre 1939 jusqu'au mai 1940 rien ne se passe ; les soldats francais sont derriěre la ligne Maginot. II n'y a pas de combat. Entre-temps les gens commencent á reprendre leur vie quotidienne. Cette periodě est entrée dans 1'histoire sous le nom de la « dróle de guerre ». 125 1 Le 10 mai 1940, les troupes nazies commencent l'offensive en France. Elles lancent leur offensive au niveau des Ardennes, ou la ligne Maginot est la plus accessible, pour rejoindre la cote de Normandie. Dix divisions allemandes franchissent la Meuse. En trois jours la percee allemande a permis de disloquer le front francais. Les armees allemandes contournent et encerclent en forme de poche quelques quarante-cinq divisions, repliees sur l'Escaut, Lille et Dunkerque. Les Francais et aussi les Anglais se refugient au port de Dunkerque. lis seront evacues a partir du 28 mai 1940 dans des conditions dramatiques (les Allemands bombardent les plages) grace a I'intervention de la marine et de l'aviation alliees. Mais seule une partie des troupes est evacuee parce que le 4 juin Dunkerque est pris. Le 14 juin 1940, les Allemands entrent dans Paris. Le gouvernement quitte la capitale et se refugie a Bordeaux. La moitie du pays est envahie. II y a deux camps d'opinion qui s'opposent: 1. Ceux qui veulent continuer le combat, c'est notamment Charles de Gaulle qui soutient Paul Reynaud- president du Conseil. 2. Ceux qui ne veulent pas continuer, a leur tete se trouve le vice-president du Conseil le Marechal Petain. II est pour arreter la guerre et accepter les conditions de l'armistice. Finalement c'est le Marechal Petain qui l'emporte. Le 16 juin 1940 Paul Reynaud demissionne. Petain le remplace. Le meme jour Charles de Gaulle s'envole en Angleterre. Churchil lui laisse l'acces aux antennes de la BBC pour lancer le 18 juin un appel pour continuer le combat - Appel aux Frangais du general de Gaulle. Le, 17 juin 1940 Petain demande les conditions de l'armistice. L'armistice est signee le 22 juin 1940 a Rethondes, dans le wagon meme ou les Allemands avaient capitule en 1918. 25. 2. Les clauses de la signature de l'armistice • la zone occupee au nord - entierement sous controle allemand • la zone libre au sud - les decisions sont laissees au gouvernement francais a Vichy • la zone interdite au nord (a statut special) - sous le controle de l'Allemagne par Bruxelles en raison d'importance strategique • l'Alsace et la Lorraine sont annexees par le Reich. La France sous ['occupation (1940 - 1944) ZONE LIBRE i' i «Aix f n P Jl „,„„■■■,,„ ligne de demarcation M9I zone annexee par l'Allemagne r~i lone rattache militairement a la Belgique [ ] zone occupee par I'Allemaqne |i |zone fibre, occupee par les Allemands a partir de novembre 1942 [ | occupation italienne i j occupation Italienne de la zone libre a partir de novembre 1942 La France doit verser a l'Allemagne quatre cent millions de francs par jour. La France est découpée en zones (voir la carte ci-dessous) 126 127 Apres la signature de l'armistice, PAngleterre se trouve isolee. Elle craint que l'Allemagne utilise la marine francaise. Pour cette raison, les Anglais se decident ä detruire la flotte fran9aise basee ä Mers-el-Kebir. Lors de cette operation environ mille trois cents marins sont tues. Beaucoup de Francais considerent cette operation comme un coup lache et changent d'avis. lis vont soutenir le nouveau regime ä Vichy. 25. 3. L'effondrement politique La France doit faire face á sa défaite. On cherche les coupables. Les hommes sont persuades que ceux qui sont responsables de cette défaite, ce sont les hommes de la IIIe République qui ont mené le pays ä une debacle totale. Ce systéme ne peut plus continuer á vivre. II faut reviser la constitution, mettre en place un nouveau regime qui permettrait de se redresser. Le 10 juillet 1940, les membres de la Chambre des deputes et du Senat décident de donner au Maréchal Pétain les pleins pouvoirs pour reviser la constitution. Pétain se proclame le chef de l 'Etat franqais pour une durée illimitée avec tous les pouvoirs. II n'est responsable devant personne. II nomme et renvoie les ministres. II decide qu'il n'y aura plus de Chambre des deputes, de Senat, ni de consultations parlementaires. A partir de ce moment-lá, la IIIe République est défínitivement morte. On a mis en place une dictature qui repose sur la personnalité d'un homme - Pétain. 25. 4. La « Revolution nationale » L'ideologie de la « Revolution nationale » remplace les anciennes valeurs de la republique, liberte - egalite - fraternite, par les valeurs nouvelles - travail, famille, patrie. Le but de la « Revolution nationale » c'est le redressement du pays en s'appuyant sur le travail, plus precisement sur le travail d'une certaine partie de la population : de petits paysans, de petits ouvriers. Car la « Revolution nationale » est presentee comme le retour vers les anciennes valeurs. On n'admet pas de grands possesseurs des biens, de grands capitalistes. La « Revolution nationale » lance la devise de glorifier la famille. On soutient la famille, encourage la natalite, instaure la fete des meres. II est interdit de divorcer. Le troisieme mot de la devise c'est la patrie, il s'agit de maintenir l'unite nationale du pays. 25. 5. Les mesures prises par le regime de Vichy Les hommes du nouveau regime s'installent ä Vichy en raison d'une bonne position geographique et d'un grand nombre d'hötels oü on peut loger les ministeres. Les hommes de Vichy sont des hommes d'extreme-droite (fascistes, xenophobes-racistes, antisemites). Pierre Laval est choisi comme Premier ministre. Les hommes de Vichy veulent eliminer tous les opposants au regime par la censure, l'epuration, la repression. En ce qui concerne la vie politique, il n'y a plus de Parlement, plus d'election. Les maires sont nommes par Vichy. L'administration doit preter serment ä Petain. Les partis politiques sont renvoyes. Tous les syndicats sont interdits. Dans le domaine de l'education, les mesures prises par Vichy constituent un retour en arriere. On revise surtout les livres d'histoire. La IIIs Republique y est presentee comme l'un des plus mauvais moments de l'histoire francaise. Des les annees 40 les juifs sont recenses. On confisque leurs biens. En 1941, on cree un commissariat aux questions juives. C'est un organisme d'Etat qui est charge de la repression des juifs. A partir de juin 1942, les juifs doivent porter l'etoile jaune. 128 129 25. 6. La politique de collaboration 26. La liberation et l'instalation de la IVeRépublique Petain s'engage dans la collaboration pour assurer au pays une nouvelle position. Dans l'espoir de s'attirer les bonnes graces de l'Allemagne, il faut collaborer avec elle. Les Francais sont divises en deux parties : 1. ceux qui acceptent de collaborer 2. ceux qui rejettent cette idee pour patriotisme Le debut de la collaboration est marque par la rencontre entre Petain et Hitler a Montoire en octobre 1940. Pour le Reich, la France est une source de main d'ceuvre et de materiel pour la guerre. En 1942, l'Allemagne propose de liberer un prisonnier pour trois volontaires francais qui accepteraient d'aller travailler en Allemagne (le systeme de la releve). Ce systeme n'est pas tres efficace. En 1943, Vichy instaure le Systeme du Travail Obligatoire (STO). Les jeunes essayent d'y echapper. S'il reussissent, ils doivent se cacher et ils vont ainsi grossir les rangs du mouvement de resistance. 25. 7. La Resistance A l'origine, la Resistance renferme une quantite de petits mouvements qui sont apparus d'une maniere spontanee. Les gens commencent a resister en refusant d'obeir. Au fur et a mesure, ils deviennent plus actifs : ils publient des tracts, distribuent des journaux, aident les juifs a echapper a la repression, organisent des sabotages,... La Resistance francaise est double : • interieure : en France metropolitaine • exterieure : la Resistance des Francais installes a Londres avec a leur tete Charles de Gaulle. L 'ensemble du territoire francais est libere au printemps 1945. Des ce moment-ci commence la reconstruction politique du pays prealablement preparee par de Gaulle durant son exit. Dans les premieres elections legislatives les Francais accordent leur confiance aux partis de gauche. Etant en conflit permanent avec eux, Charles de Gaulle quitte le gouvernement et se retire de la scene politique. Vincent Auriol est eiu le premier president la IV Republique. 26. 1. La reconnaissance internationale Le 18 juin 1940, Charles de Gaulle prononce L'appel aux Frangais, dans lequel il proclame que le conflit n'est pas termine. II appelle les Francais ä se ranger parmi les vainqueurs. Suite k cet appel, de Gaulle est reconnu comme le chef de la France litre. II se rend compte alors qu'il faut une reconnaissance internationale. Comme les lois de Vichy ne passent pas bien dans certaines colonies francaises, il y a des gens qui vont apporter leur soutien ä de Gaulle. Le 28 aoüt 1940, le gouverneur de l'Afrique Noire equatoriale a offert son ralliement ä de Gaulle. A partir de ce moment-lä, il dispose d'un territoire. En octobre 1940, de Gaulle va essayer de rallier d'autres colonies. Mais l'Afrique occidentale reste fidele ä Vichy. De Gaulle essaye d'organiser un affrontement maritime en Afrique occidentale, mais les troupes n'ont pas reussi ä debarquer. Apres cet echec ä Dakar, de Gaulle decide d'aller ä Brazzaville oil il prononce un discours : il proclame que le regime de Vichy est illegitime. Extrait du discours prononce par Charles de Gaulle á Brazzaville, le 27 octobre 1940 : « II n 'existe plus de gouvernement proprement frangais. En effet, l 'organisme sis á Vichy et qui pretend porter ce nom est inconstitutionnel et soumis á I 'envahisseur. II faut done qu'un nouveau pouvoir assume la charge de diriger Veffort de guerre. Les événements m 'imposent ce devoir sacreje n 'y failliraipas. J'exercerai ce pouvoir au nom de la France et uniquement pour le defendre et je prends I 'engagement solennel de rendre compte de mes actes aux representants du peuple francais des qu'il lui sera possible d'en designer librement». Le 7 decembre 1941, suite ä l'attaque de Pearl Harbor, les Etats-Unis entrent dans la guerre. lis preparent une operation de debarquement en Afrique du Nord. Comme Roosevelt ne fait pas confiance k de Gaulle, il essaye de negocier avec les militaires de l'Afrique du Nord en demandant leur soutien. Mais l'autorite locale de l'Afrique du Nord, Darlan, est un proche de Petain. II refuse toute necociation. Le 8 novembre 1942, les Etats-Unis debarquent par la force (operation Torch). Darlan accepte le cessez-le-feu avec les Americains. II laisse liberer l'Afrique du Nord par les Americains. C'est un coup dur pour de Gaulle, parce que Darlan, reconnu comme chef de l'Afrique du Nord par les Etats-Unis, est petainiste. Finalement, Darlan est assassine et il est remplace par Giraud qui soutient aussi ouvertement Petain. Charles de Gaulle doit s'imposer face ä Giraud. II se fait reconnaitre par la Resistance interieure comme le chef. De plus il a une legitimite politique comme ancien ministre de la republique. La Resistance interieure n'a pas d'action commune. De Gaulle envoie Jean Moulin rassembler la Resistance en une seule organisation : le 27 mai 1943 se tient la premiere reunion de Conseil national de la Resistance. Ainsi de Gaulle a gagne le soutien de la France metropolitaine. Le 30 mai 1943, Charles de Gaulle va ä Alger. II y reussira ä imposer son autorite k Giraud. lis se sont divise les pouvoirs. Desormais Giraud s'occupera des affaires militaires. lis creeront un gouvernement provisoire de la France -Comite francais de Liberation Nationale avec les representants des partis politiques. En novembre 1943 de Gaulle ecarte Giraud qui demissionne. De Gaulle reste le seul chef du gouvernement provisoire. En tant que tel, il prend les mesures suivantes: • il annule tous les decrets pris par Vichy • il prepare la restauration du gouvernement local avec la nomination des prefets qui vont s'occuper de 1'administration apres la guerre. En mai 1944, le Comite franqais de Liberation Nationale devient Gouvernement provisoire de la Republique. 26. 2. La liberation Le 6 juin 1944, les allies débarquent en Normandie. Charles de Gaulle est prévenu trois jours avant. II insiste pour que les Francais assistent á ce debarquement. Pour les Americains, leur participation est secondaire. Finalement, il a réussi á les convaincre. Charles de Gaulle débarque quelques jours aprěs. Le 15 aoflt 1944 commence le deuxieme debarquement avec la participation pleine et active des Francais en Provence. Le long du Rhone ils vont rejoindre les soldats débarqués en Normandie en septembre 1944. Le 25 aoút, le general allemand von Cholticz capitule. Paris est libéré. Charles de Gaulle fait son entrée á Paris et met en place son Gouvernement provisoire qui est reconnu par les Americains comme le gouvernement legitime. Děs novembre 1944 la totalitě du pays est libérée á l'exception de l'Alsace et des Vosges. Au printemps 1945 l'ensemble du territoire francais est libéré. 26. 3. Les consequences de la Seconde Guerre mondiale Sur le plan humain il y a : • des victimes directes - 600 000 morts dans les batailles et dans les camps de concentration, dont 200 000 sont des militaires et le reste des civils. • des victimes indirectes - 500 000 morts á cause des mauvaises conditions de vie. 132 133 Sur le plan materiel on constate une grande destruction des villes, des equipements, des usines, mais surtout des chemins de fers : les rails sont detruits, les gares et les locomotives ne sont plus en etat de marche. A cause de cela il n'y a pas de production, on ne peut pas vendre : PEtat doit acheter les aliments et s'endette. Sur le plan social le ravitaillement est difficile (les tickets de rationnement restent jusqu'a 1949), la misere est grande. La liberation a suscite beaucoup d'espoir en un pays plus juste, il y a un grand desir de voir le pays changer, se moderniser. Les Francais ont envie de reformes. 26. 4. La reconstruction politique Pour Pinstant on n'a que le Gouvernement provisoire et I'Assemblee constultative qui a repris les institutions de la III6 Republique. En avril 1945, les Francais votent au niveau des mairies. Ces elections municipales sont les premieres auxquelles peuvent participer les femmes. A partir du 5 octobre 1944 de Gaulle leur a attribue le droit de vote. Le parti communiste gagne haut la main. Sans demander aux Francais, il declare la fin du Gouvernement provisoire. D'apres les communistes ce gouvernement n'est ni democratique ni legitime. Cette situation politique aboutit aux elections legislatives. Le 21 octobre 1945, Charle de Gaulle demande un referendum. II veut tester sa popularity en demandant aux Francais s'ils souhaitent un nouveau regime ou s'ils desirent garder les institutions de la III6 Republique. Pour ce referendum, Charles de Gaulle passe pour un petit Bonaparte parce que le dernier referendum avait eu lieu sous le regne de Napoleon 111. Certains ont peur qu'il y ait une comparaison, en ce qu'il ne puisse devenir dictateur. Ce referendum presentait deux questions: • lerequestion : si les Francais veulent oui ou non une nouvelle constitution. • 26 question : si les Francais veulent laisser I'Assemblee adopter seule la nouvelle constitution ou s'ils veulent etre consultes par referendum. La majorite des Francais a repondu OUI : ils veulent etre consultes pour qu'ils puissent exprimer leur opinion. En meme temps que le referendum il y avait les elections legislatives. Les partis de gauche (Parti communiste, Section francaise de Plnternationale ouvriere, Mouvement des Republicans populaires) sortent tres largement vainqueurs de ces elections (73 % des voix). De Gaulle n'est pas elu, il n'a pas de legitimite, il ne peut pas rester le chef du gouvernement. 11 faut alors de nouvelles elections du chef du gouvernement oil de Gaulle se fait elire par I'Assemblee. Mais comme il est en conflit permanent avec les partis politiques, le 20 Janvier 1946, il demissionne et part. Etant libre, il peut librement critiquer les partis politiques qui font la redaction d'une constitution. En avril 1946, les communistes ont acheve le Ier projet de constitution et ils proposent le 26 referendum. 53 % des Francais se prononcent contre les communistes. Apres cet echec, il faut dissoudre le parlement et elire de nouveaux deputes pour qu'ils preparent un nouveau projet de constitution. Le 13 octobre 1946, le 3e referendum est organise pour demander Pavis sur le nouveau projet de constitution. Cette fois-ci, le projet est accepte. La IV Republique est mise en place. 26. 5. Les institutions de la IVC Republique Le pouvoir legislatif Le pouvo x exécutif L'Assemblee nationale Le President du Conseil Le Conseil de la Republique Le Conseil des ministres Le President de la Republique • est élu par le pouvoir législatif pour une periodě de 7 ans • nomme le President du Conseil avec Paccord de PAssemblée nationale 134 135 • est le President de / 'Union francaise (les colonies) Le President du Conseil des ministres • est le chef de Pexécutif • est responsable devant 1'Assemblée nationale L'Assemblee nationale • est élue au suffrage universel direct pour une periodě de 5 ans • domine dans lejeu politique Le Conseil de la République • n'a qu'un role consultatif • est élu pour 6 ans La IVe République est un regime parlementaire. Parfois cette république est surnommée le regime des partis. A cause du scrution proportionnel (vous avez autant de deputes que vous avez obtenu de voix) il fallait former des alliances pour avoir la majorité á 1'Assemblée nationale, ce qui entraínait une instabilité énorme. Le premier President de la IVe République, Vincent Auriol, entre en fonction au mois de janvier 1947. 27. La mise en place de la V6 République La V Republique est mise en place grace ä de Gaulle en 1958. Charles de Gaulle devient le premier president de cette republique. En 1969, il est remplace par Georges Pompidou qui meurt en 1974. Son successeur n 'a assume la fonction qu 'un seul septennat a la difference de Francois Mitterand quifut reelu la deuxieme fois au suffrage universel direct en 1988. 27. 1. Difficultés et chute de la IVe Republique En Janvier 1946 Charles de Gaulle a démissionné. II va tenter de revenir sur la scene politique en critiquant les projets de constitutions. Son vrai retour date du mois d'avril 1947 oú il fonde un parti politique - le Rassemblement du peuple francais (RPF). Le mot d'ordre du RPF est la critique des institutions de la IVe République. A cause de l'agitation sociále et des grěves, le RPF va regrouper beaucoup de gens. Le 5 mai 1947, les communistes sont chassés du gouvernement. L'alliance des partis s'effondre. Et la IVe République retourne á 1'instabilité. Le RPF obtient une grande popularitě quand le regime montre l'incapabilite de diriger le pays. La nouvelle alliance rassemble différents partis qui ont en commun la defense de la IVe République contre de Gaulle et les communistes. Cette nouvelle alliance est entrée dans l'histoire sous le nom de « Troisiěme force ». Les représentants de cette alliance vont transformer le systéme electoral en pensant aux elections legislatives de 1951 afin de s'assurer que les gaullistes et les communistes obtiennent un minimum de deputes. Néanmoins le premier parti vainqueur des elections legislatives en 1951 est le RPF et le deuxiěme parti de Fassemblée est le parti communiste. Cette alliance va essayer de se maintenir, mais en 1952 elle s'ecroule. Le president de la république a choisi un premier ministře de droite - Antoine Pinay. Cest un échec pour de Gaulle. 136 137 Charles de Gaulle prend la decision de dissoudre le RPF. II se retire de la scene politique. 11 s'installe a Colombey-les-Deux-Eglises ou il se consacre a rediger ses memoires. 27. 2. Decolonisation La guerre d'lndochine (1946 - 1954) En 1930, Ho Chi Minh a cree le parti communiste dont les representants declarent Pindependance de PIndochine. La France la refuse et les pays commencent la guerre qui est tres epuisante pour la France. Apres la bataille a Dien Bien Phu, en mai 1954, les belligerants concluent les accords de Geneve qui mettent fin a la guerre. Suite a ces accords, on cree Petat du Vietnam. Le Laos et le Cambodge obtiennent leur independance. L'Algerie Les troubles en Algerie commencent en 1954 avec la creation du FLN -Front de liberation nationale qui se donne pour but de lutter militairement contre Poccupation francaise. Le FLN refuse les negotiations et la violence va en s'aggravant. En 1956, la violence necessite une solution. L'Algerie est traitee comme une partie integrante de la France. Les Francais ainsi que les colons ont peur que le gouvernement ne donne a PAlgerie Pindependance comme cela fut le cas avec les colonies en Asie (Vietnam, Laos, Cambodge). Le gouvernement francais a choisi la fermete, c'est-a-dire de donner Pordre par la voie militaire. L'evenement fatidique arrive le 13 mai 1958. A Alger eclate une insurrection des pieds-noirs et des militaires. Les insurges creent un pouvoir local - Comite de Salut public pour assurer Pordre. Les generaux qui dirigent cette insurrection, Salan et Massu, vont consterner la France en declarant qu'ils ne sont prets qu'a reconnaitre Pautorite de Charles de Gaulle. Comme il s'agit d'une situation de crise, il y a meme des menaces de coup d'etat. Le ler juin 1958, Charles de Gaulle est nomme president du conseil. Le jour suivant, il recoit les pleins pouvoirs et le 3 juin 1958 les deputes lui accordent le droit de reviser la constitution. C'est la fin de la IVe Republique. 138 27. 3. La mise en place de la Ve Republique Le projet de nouvelle constitution est acheve en septembre 1958. Le 28 septembre 1958, on organise un referendum pour demander aux Francais s'ils acceptent ou refusent cette nouvelle constitution. 80 % des Francais ont repondu OUI a cette constitution. La Ve Republique est officiellement mise en place. Apres les elections legislatives en novembre 1958, Charles de Gaulle est elu president de la la Ve Republique. II reste le president jusqu'a Pannee 1969 oil il perd sa popularite. 27. 4. Les institutions de la Ve Republique Le pouvoir législalif 1 C |>iiu\ nil- L'VVCUtif L'Assemblee nationale Le Senat 1 e Frei »er - linií ■ ! t m ei les • nista-s Le President de la Ve Republique • est děs Pannée 1962 élu au suffrage universel direct • nomme le Premier ministře • peut dissoudre PAssemblée nationale • siěge á PElysée L'Assemblee nationale • est élue au suffrage universel direct pour une periodě de 5 ans • siěge au Palais Bourbon Le Senat est elu au suffrage universel indirect un tiers de son effectif est renouvele tous les trois ans siege au Palais de Luxembourg 139 _ 27. 5. Mai-juin 1968 L'annee 1968 accélěre encore le mouvement de liberation des mceurs qui se propage dans le monde entier. Ce phénoměne touche la structure de la famille. Le style éducatif devient plus « permissif ». Děs l'annee 1965, les femmes peuvent ouvrir un compte en banque sans l'autorisation du mari. En 1967, la loi Neuwirth autorise la contraception (les textes d'application furent retardés jusqu'en 1971 á cause des resistances). Dans ce contexte de « liberation », les événements de 1968 sont souvent expliqués comme le refus des autorités institutionnelles et des normes toutes faites. La crise touche d'abord l'enseignement. Les universités sont débordées par 1'afflux des étudiants (1956 - 1957 : 157 500, 1961 - 1962 : 232 600 et en 1967 - 1968 : 483 300). Une tentative maladroite de reprise en main cause une grěve des étudiants (3 mai) qui se prolonge sur une semaine d'agitation autour de la Sorbonně et aboutit au dressage de barricades au Quartier latin. Le 13 mai, les syndicats ouvriers et la F.E.N, déclenche une grěve qui aprěs l'adjonction des chemins de fer et des postes devient generále. La crise atteint une telle ampleur qu'elle nécessite une solution politique. Charles de Gaulle fait dissoudre l'Assemblee et annonce le nouveau suffrage universel qui apaise la situation. Méme si l'ancienne majorité sort du suffrage comme vainqueur, Charles de Gaulle se séparé de Georges Pompidou en chargeant M. Couve de Murville de former un nouveau gouvernement. Persuade que la crise réflěte le refus general du centralisme burocratique, Charles de Gaulle impose un referendum sur la creation de regions et sur une reformě du Sénat. Son projet est repousse par 53 % des voix. Děs les résultats connus, Charles de Gaulle donne sa demission. 27. 6. La présidence de Georges Pompidou Georges Pompidou est elu le 15 juin 1969 contre Alain Poher qui a exerce le pouvoir apres le depart du general de Gaulle. II inaugure une politique contractuelle dite de « nouvelle société » : • il associe aux decisions publiques les syndicats • en Janvier 1970 on crée le SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) qui integre dans son calcul revolution de la conjoncture économique. Le 5 juillet 1972 Pompidou renvoie le premier ministře, Jacques Chaban-Delmas, méme si celui-ci a obtenu un vote de confiance du parlement. Le nouveau premier ministře, Pierre Messmer, entreprend une nouvelle politique d'industrialisation. En mars 1973, les elections legislatives ont lieu. Les partis de droite restent au pouvoir mais l'influence de la gauche a augmente. Ce succěs de la gauche est dü au nouveau premier secretaire du Parti socialiste, Francois Mitterand, qui a substitué en 1969 ä l'ancienne Section francaise de PInternationale ouvriěre (SFIO). La méme année se produit le premier choc pétrolier (suite á la guerre du Kippour, un embargo a été lancé sur le pétrole produit par les pays arabes ce qui a eu pour consequence une augmentation des prix et une recession mondiale). Aussi la France est-elle touchée par cette recession. Le chómage et I'inflation montent. N'etant pas capable ďaméliorer la situation économique de la France, le 28 février 1974 Messmer démissionne. Deux mois plus tard, le 2 avril 1974, Georges Pompidou meurt suite á une maladie. 27.7. Le septennat giscardien Valéry Giscard d'Estaing est élu le 19 mai 1974. Au debut il lance plusieurs réformes: • 1'áge de la majorité électorale est abaissé á 18 ans • il fait supprimer toute censure • il fait légaliser 1'interruption volontaire de grossesse (IVG). II norame Jacques Chirac premier ministře. II essaye ďarréter I'inflation en freinant 1'activité économique par des restrictions de credit. Puis il decide d'abandonner la rigueur budgétaire pour lutter en prioritě contre le chómage mais cela relance I'inflation. 140 141 En 1976, il demissionne. II est remplace par Raymond Barre qui revient ä l'austerite. Aux elections legislatives de 1978 la droite conserve sa majorite gräce aux querelies qui divisent la gauche. En 1980, Valery Giscard d'Estaing se discredits par quelques aspects de sa politique exterieure. Apres l'invasion en Pologne, il rencontre Leonid Brejnev ä Varsovie. II perd sa popularite et aux nouvelles elections il n'est pas reelu. 27. 8. Francois Mitterrand Frangois Mitterrand est elu le 10 mai 1981. Sa politique est marquee par une serie de reformes : • cinq groupes industriels et une quarantaine d'etablissements bancaires sont nationalises • une cinquieme semaine de conges payes est accordee aux salaries • la retraite est avancee ä 60 ans • la duree hebdomadaire du travail est ramenee ä 39 heures sans baisse de salaire • la peine de mort est abolie en 1981 Sous la presidence de Frangois Mitterand fut votee la loi sur la decentralisation (1982) augmentant les pouvoirs des 22 regions crees en 1972 (voir la carte de la division administrative en region ä la fin du chapitre). Malgre l'ampleur des reformes, le chömage augmente et la situation economique du pays s'aggrave. Apres deux devaluations du franc en huit mois, le premier ministre Pierre Mauroy, commence une politique dirigiste (blocage des prix et des salaires) et protectionniste. Apres les elections municipales gagnees par la droite, Mauroy cede sa place ä Laurent Fabius. Ses efforts ne suffisent pas pour retablir la confiance. Aux elections legislatives de 1986 la droite est majoritaire mais le president annonce qu'il ne se retirera pas. II appelle Jacques Chirac qui forme le premier gouvernement de cohabitation. Ce gouvernement se fixe comme objectif prioritaire de lutter contre le chömage. Aux elections presidentielles de 1988, Frangois Mitterrand est vainqueur avec 54 % des voix. 142 KORD HAUTE- PICARÖIe! normandie c hak1 pagiie ■ &ftsse' ardenne noruanoie «.£- de- """"""(.OR mm tramce s: MißELA LOIRE CENTRE p„„-.„rE5"t,IE' BOURi**,NE COUTE *■ : fOlTOU. charentes limousin rhone-alpes provence "«"" langueocc . pvrenees cote d'azu r rous3illon Les 22 regions de la France metropolitaine avec leurs chef-lieux: 1. Alsacc Strasbourg 12. Ile-de liaiue Paris 2. Aquitaine Bordeaux 13. Langucdoc-Roussillon Montpellier 3. Auvcrgne Clermont-Ferrand 14. Limousin Limoges 4. rtassf-.Noi'inanclie Caen 15. Lorraine Metz 5. Bourgognc Dijon 16. Midi-P) ivnees Toulouse 6. Bretagne Rennes 1". Nonl-1'as-dť-Calais Lille 7. Centre Orleans 18. Pays-de-la-l oire Nantes S. ( lianipagnc-Ardeiine Chalons-sur-Marne 1*.). Pieardie Amiens 9. Corse Ajaccio 20. Poitou-Charentes Poitiers 10. ľranehc-Compté Besancon 21. Pro\ ente- \ Ipcs-( úte ď Win Marseille II. llaule-Normandie Rouen 22. Rhône-Alpes Lyon 143