Synthèse de documents Le féminisme, l’identité de la femme et celle de l’homme CONSIGNES : L’ensemble de ces documents est composé d’environ 900 mots. Faites-en une synthèse de 300 mots (+ ou – 10%, soit entre 270 et 330 mots). Utilisez un minimum de 5 connecteurs logiques afin de structurer et fluidifier votre production. N’oubliez pas de noter le compte des mots de chaque ligne dans les cases prévues. Plusieurs types de plans sont adaptables selon votre synthèse : Constat/causes/conséquences ; Thèse/antithèse ; Aspects sociaux/économiques/psychologiques (ou encore politiques/culturels/écologiques). On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c'est l'ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat[1] qu'on qualifie de féminin. Seule la médiation d'autrui peut constituer un individu comme un Autre. En tant qu'il existe pour soi, l'enfant ne saurait se saisir comme sexuellement différencié. Chez les filles et les garçons, le corps est d'abord le rayonnement d'une subjectivité, l'instrument qui effectue la compréhension du monde : c'est à travers les yeux, les mains, non par les parties sexuelles qu'ils appréhendent l'univers. Simone de Beauvoir Extrait de « Le deuxième sexe » (1949) (122 mots) ELLE : […], le thème de l’égalité des sexes, et ce qu’il sous-tend[2] sur le rapport entre culture et nature, est éternel... Elisabeth Badinter : Depuis le début du féminisme, les mêmes questions essentielles ont traversé trois générations : comment instaurer l’égalité entre les hommes et les femmes ? Comment faire respecter nos libertés ? Dans les années 60, la plupart des femmes, militantes ou pas, avaient comme objectifs l’indépendance financière, un rapport d’égalité avec les hommes, la maîtrise de leur corps. Mais aujourd’hui, c’est fini. La diversité des modèles s’est imposée et on ne peut plus se permettre de dire : « Voilà ce que veulent les femmes. » Si l’on est culturaliste comme moi, c’est-à-dire que l’on pense que la culture est plus importante que la nature dans la construction de notre identité, alors on se donne les moyens du changement et de la liberté en essayant de modifier ses propres comportements et ses buts. […] ELLE : Vous écrivez : « Le modèle masculin était celui d’un homme mutilé[3] et dominateur. » Aujourd’hui, que seraient en train de devenir les hommes ? Elisabeth Badinter : Dans le schéma féministe égalitaire, je pense que c’est plus dur d’être un homme qu’une femme. Avant, ils avaient cette supériorité soi-disant donnée d’avance : le petit garçon était supérieur à la petite fille, il était un cadeau du ciel, la petite fille était une charge. Mais ce qui caractérisait les mâles – c’est-à-dire l’autorité, le pouvoir, la supériorité, etc. – ne leur appartient plus exclusivement dans nos sociétés occidentales. Aujourd’hui, ils sont en train de reconnaître leur part de féminité. Autrement dit, la validité de la ressemblance des sexes. Reste alors pour nous tous cette question : qu’est-ce qu’un homme ? Extraits d’un entretien avec Elisabeth Badinter publié sur Elle.fr (2012) (292 mots) La théorie du genre[4] à l’école, une réalité pour des centaines d’écoliers ! Innovation à l’école : des pratiques pour enseigner les théories du genre ont déjà investi[5] de nombreuses classes. À quelques heures du vote à l’Assemblée d’un texte qui pourrait ouvrir plus largement encore les portes des écoles aux théories du genre, il faut ouvrir les yeux sur les pratiques qui ont déj investi de nombreuses salles de classe. […] Le rapport du SNUIPP[6] (15 mai 2013), c’est 193 pages de réflexions théoriques, de prises de positions syndicales, mais aussi de… témoignages. Témoignages des nombreux professeurs qui ont déjà engagé leur classe dans la « lutte contre l’homophobie et les stéréotypes du genre ». Comment ? En faisant travailler en classe de CP le livre « Papa porte une robe », ou l’un des nombreux ouvrages faisant la promotion des « familles Arc-en-Ciel[7] », comme « Dis MamanS », « Jean a deux mamans », ou « J’ai deux papas qui s’aiment ». Le rapport fournit une bibliographie abondante. Et si vous voulez surveiller ce que votre enfant fait en classe, sachez que la suspicion[8] est réciproque et que vos réactions de parents ont été prévues et circonscrites[9] […] (p.46). Tout cela déborde du contenu même des cours, pour imprégner[10] la pédagogie dans son ensemble, et même le comportement des éducateurs : « Il est nécessaire que les enseignant(e)s et leur formation prennent en compte les études sur le genre dans leurs pratiques quotidiennes, tant au niveau des contenus d’enseignement que des interactions qu’ils/elles ont avec leurs élèves […]. Il s’agit de lutter contre les stéréotypes, de promouvoir la diversité́. […]. (p.18) Les contes traditionnels sont abondamment utilisés… comme contrepoint[11] pour bien faire comprendre ce qu’est un « stéréotype de genre » et pour aider les élèves à s’en défaire. Dans le Xème arrondissement de Paris par exemple : « Une approche comparée de contes traditionnels de princesses comme La belle au bois dormant, Blanche Neige, La princesse aux petits pois ou Cendrillon a mis en évidence les rôles et les attributs des princesses et des princes. Cette démarche préalable a débouché́ sur deux albums de « déconstruction » qui montrent des princesses émancipées[12] : Rose Praline et La révolte des princesses… La classe a imaginé pour le carnaval de l’école une manifestation des princesses avec leurs revendications. Les élèves, déguisés en princesses, ont défilé dans le quartier avec les pancartes qu’ils avaient préparées : […] « Je ne veux plus porter de robes mais des pantalons », « On veut pouvoir se marier avec une fille »… (p.75). On apprend donc à « déconstruire les stéréotypes du genre et à construire sa personnalité au sein de la communauté scolaire » (p.76) et… à manifester, ce qui est toujours utile, avouons-le. Un article de la Fondation pour l’école publié par Liberté scolaire, dans École & éducation (2013) (478 mots) ________________________________ [1] castrat nom masculin : Individu mâle à qui l'on a fait subir la castration. → castration nom féminin : Ablation des organes nécessaires à la génération chez l'animal, l'homme ou la femme. → ablation nom féminin : Action d'enlever une tumeur, un organe, un membre du corps. [2] sous-tendre verbe transitif : Sens 1. Être à la base. Sens 2. Constituer la base d'une réflexion, d'un raisonnement. [3] mutilé nom, participe passé : Personne qui a subi une mutilation. La mutilation est une perte partielle/totale d'un membre, d'un organe ou la destruction/dégradation partielle d'une ou plusieurs parties du corps sans cause intentionnelle de donner la mort. Les mutilations physiques peuvent être volontaires ou involontaires ; les mutilations font notamment partie des nombreuses séquelles laissées par les guerres. [4] théorie du genre féminin invariable : Théorie selon laquelle il y a une différence entre d’une part l’identité sexuelle au sens biologique du terme (présence des chromosomes XX ou XY) et d’autre part l’identité sexuelle pratiquée (hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, transsexuel…) choisie et vécue par chaque individu, le sexe d’une personne étant alors considéré comme étant construit socialement et culturellement. Cette théorie est née aux USA dans les années 1970 et a été portée en particulier par Judith Butler. [5] investi participe passé du verbe investir. → investir verbe transitif : (Sens 3) Se répandre en un lieu au point de l'occuper ou de paraître l'occuper complètement. [6] SNUIPP : Syndicat national unitaire des instituteurs professeurs des écoles et Pegc (professeur d'enseignement général des collèges). [7] famille arc-en-ciel féminin : Le terme de famille arc-en-ciel désigne une famille dans laquelle un parent, au moins, est homosexuel, bisexuel ou transsexuel. Les enfants peuvent être nés d’une relation hétérosexuelle antérieure, conçus au sein d’un couple lesbien, gay ou transsexuel, adoptés ou élevés par une famille d’accueil. [8] suspicion nom féminin : Fait de considérer comme suspect. (Synonymes : défiance, méfiance, soupçon). [9] circonscrit participe passé du verbe circonscrire. (Synonymes : arrêté, borné, cerné, délimité, enrayé, freiné, limité, localisé, stoppé). → circonscrire verbe transitif : Donner des limites. Tracer une ligne qui limite tout autour. (Synonymes : Sens 1. délimiter: borner, cerner, limiter, localiser, entourer. / Sens 2. enrayer: arrêter, stopper). [10] imprégner verbe transitif : (Sens 3) Marquer quelqu'un, un groupe d'une influence durable. Ex : La propagande imprégnait les esprits d'idées révolutionnaires. [11] contrepoint nom masculin : (Sens 1) Technique musicale qui consiste à superposer des lignes mélodiques. (Sens 2) Par extension et au figuré : [Avec une idée d'opposition, de mise en relief] Réplique, parallèle. [12] émancipé participe passé du verbe émanciper. (Sens 2) Personne affranchie de tout préjugé, qui ne s'embarrasse pas des conventions morales. → émanciper verbe transitif : (Sens 2) Rendre libre, affranchir d'une autorité.