964 LE DETERMINANT [S 623 Hist. — Ex. anterieurs au XIX* s.: A sot compliment, ilfaul une reponse de mesme (Moi . Av„ HI. 7). — * Yous me paraissez tranquille [...] ; nous ne sommes pas de MEME (Sev., 8 janv. 1672), — Je ne suit qu alter droit, el simptement. peu de gens sont de mesme (Maintenon, Let-Ires. 27 aoul 1693). — Le visage plat, I esprit dp Meme (J.-J, Rouss., Conf., PI., p. 261). 624 Quetconque signifie « quel qu'il soil» ; il n'a qu'une forme pour les deux genres et sc place apres le nom : Senecal demandait un emplai 0UKLC:ONQUE. une place tFl.AUB., Educ, II, 4). — Reganle: un point QUELCONQUE de I 'horizon (Diet, contemp.). Remarques. — 1. Quelconque, notamment dans le langage familier, peut prendre le sens de « mediocre, banal », notamment comme artribut: Son palais modeme paraitrail quelconque n 'elaienl les tapis merveilleu* (Loti, Vers Ispahan, p. 229). — Le papier de la teltre est quelconque (BoL'rcei, Tribtm. p. 64). Dans le meme sens deprccialif ou meprisant, quelconque sc met familieremenl comme epi-thete avanl le nom : // a ite aiiaqui par da quei.COnqUES voyous (MalraUX. Conquirants. p. i ik). — Un Rothschild quelconque, qui aura date un quelconque ohservatoire d'une lunette (...) (Mirbeau, Dingo. Vll). — Preparer ['execution d'un ql^elconqlte ptijet de police (troyat. Tant que la terre durera..., p. 820). Lorsquc quelconque, en ce sens, esl mis comme epithets immediatcmem apres le nom, e'est rintonatien ou le comexte qui en indiquenl la valeur depreciative. A observer que ce quetconque admet les degres de comparison : C'esl un homnte tres QUEL-CONQUE lAc), — La cuisine ehez Zena'ide n 'est pas mauvaise, mats on ia trowerait plus quel-CXJNQUE si elle etott mains pareimonieuse (PROUST, Rech., t, II, p. 487), — Accomplishment facile et joyeux des laches journalieres j.es plus quix^ONQUES (MaUrOIS, De Gide a Sartre. p. 68). 2. Quelconque. employe avec la negation ne (sans pas ni paint) et place apres le nom. comme dans les phrases suivantes, forme une construction vieillie : II n u mat quelconque (Ac), — // n'y a homme quelconque qui ne sacite cela (Ac). 3. Quekonaue peut, surtuut dans le style didactique, se placer entre un numeral et un complement designam la totality: Trmtwr la distance tie deta plans paraileles et I'uue QUELCONQUE de leurs perpendicitlairef communes (Ch. Brisse, Geom descriptive. 2C ed„ revue par C. Bourlel, p. 127). — Le rapport anharntonique ne change pas si I'on ichange deta quklconques des points et en meme temps les deux autres (J. Haa^. Cours complet de math, etem,, tieom,. Exerc. Uu t. IN. p, 156). 4. Quelconque. au sens de « quel qu'il soit», bien qu'il exprimc a lui seul une indctcrmination complete, sc tail parfbis preceder d'un des adverbes tout it fait, genc-talement: Je suppose [.,.] que les coordannies d'un point soient des Junctions continues, d'a'tlteurs TOUT a fait Qur.l.uONQUES, des coatdonnees du point carrespimdant [H. PoiNCARL, Valeur de la science, HI, Introd.). — [...] gre\vs des rentes, dotations, pensions el autres dettes litNERM.EMtsr QUELCONQUES qui pourraient etre reclamies (Stendhal, Corresp.. i. Iff, p. 111). — Un mondc prttpremenl philosopliique etranger a toule ptanete c;tN£KALEMENT 0.UELCONQUE (E. GfJ-son, dans Ic Monde. A sept. 1957). Hist. — Quelconque est de formation savante : il a ele caique sur le latin quttliscumqin: Anciennemenl le premier element du mot. quel, pouvait varier : quelieeonque. quelsconques. etc. — Quetcouifue pouvait, dans Tanciennc langue. se pltieer devant Le nom : 1.6 tes damue- n'anront Ot'rlconque repos ou consotacion (Internelle Consolacion, Ml. 24). — 11 servait parfois de pro-nom, au sens de quiconque: Le Baptesme it'est point d'ltumme. mats de Dieu. par otJEi.raNQL^ it ait esle administre {Calvin, Inst., 5V, xv, 16). i 625] LE PRONOM 955 CHAPITRE IV le pronom SECTION 1. — GENERAUTES 625 Le pronom est un mot qui varie en genre et en nombre; en outre, les pronoms personnels et possessifs varient en personne; les pronoms personnels, les relatifs et les interrogatifs varient d'apres leur fonction. — Le pronom est susceptible d'avoir les diverses fonctions du nom ' : sujet, attribut, complement, parfbis apposition ou apostophe : TOUT passe. — Votrt avis est aussi LE MIEN. Tu te crois quelque CHOSE. — Prenet CECi. Ne nuisez d personne. Vtnez avec MOi. // a ite instruil par vous. L'amour de so: ne connait pas la jalousie. Elle est attentive a TOUT. — 11 ecrivil une epigramme, quelquE chose de virulent. — O vous qui m ecoutez. ceci est important. Par rapport aux noms, les pronoms constituent une categorie finic : leur nombre est limite, alors que la categorie des noms s'accroit sans cesse. D'autrc part, les noms ont une veritable definition, ce qui n'est pas le cas des pronoms, Le pronom n'a pas besoin d'un determinant, et il est rarement accompagne d'une epithtte autre que detacher (mis a part des adjectifs indefinis comme autre, meme). Cenains pronoms conliennenl un article ; cet article en fait partie et ne sert pas de determinant : le mien, la plupari, etc, II y a meme souduie dans lequel (laquelle, etc.). — Pour tout cela, nous deux, cf. § 351, 2". Les pronoms n'ont generalement pas tin genre et un nombre en soi, mais ils le doivent, s'ils sont representants (§ 626), au contexte et, s'ils sont nomi-naux {§ 627), a la realite qu'ils designent. Voir les precisions au § 629, Remarques. — 1. Les pronoms peuvent communiquer le genre, le nombre et la personne a un autre mot sans porter eux-memes les marques du genre, du nombre et de la personne: Tu es satiskaite. I. Ceci ne veut pas dire que chaque pronom puisse avoir toutes ces fonctions : je, tu. itfs). on, nut sont des sujets; — me. le. se, en. leur, v. dont sont des complements. (Pour autrui. voir § 713.) 956 LE PRONOM [i 625 § 628) LE PRONOM 957 2. Les pronoms lui, ieur, dont, en, y et, dans certains cas, me, te, se, nous, vous equivalent á des syntagmes nominaux prépositionnels : Je donnerai le livre k Jeanne —> Je le lui donnerai. — Je suis sär de sa presence -+ J'vti suis stir. — Void le livre dont j'ai écrii la preface ( = la preface du livre). — // m'q dil adieu. II nous a dil adieu. {Comp. : II a dil adieu k son ami.) 626 Les pronoms sont des representants (ou des Substituts) quand ils reprennent un terme se trouvant dans le contexte, ordinairement avant, parfois aprěs. Ce terme est appelé antecedent. Ětant donnee 1'etymologie ďantecedent (le lal. ante vent dire « avant»), certains voudraieiu un mot particulier lorsque le pronom annonce un terme qui suit: Quand [...] j'estime cu'il se trompe, je dis au Prince qu 'il se trompe (Étiemble, Confucius. Conclus). — On a propose consequent ou postcědent. Cela ne nous a pas para nécessaire. — D'autre pan, certains grammairiens ne pari cm ď antecedent qu'á propos du pronom re lati f. L'antecedent peut ětre 1" Un nom commun accompagné, en principe, ďun determinant, — ou bien un nom propre (avec ou sans determinant), — ou bien un pronom : Vous demandiez les journaux d'aujourd'hui; je ivus l]$ apporte. — Nous L'avons eu, votre Rhin altemand (Musset, Pais. nouv.. Rhin allem.). — Son frěre Joseph dénonce Paoli. qui a rompu avec la Convention (Grand diet. enc. Lar., s.v. Napoleon I"). — Je connais quetqu'un que cette affaire intěressera. Le pronom peut rappeler soit le syntagme nominal entier : Un ouvrier specialise esťiL nécessaire ? ■— soit son noyau ; Un homme averti en vaut deux. On ne doit pas dire (puisque i'antecedent est constniit sans determinant) S "II a été condamné á mort, qu'iV a endurée courageusement. °J'ai ahtenu satisfaction : je i-a considere comme impor-tame "It parla sans colére. ä laquelle it n'etait d'ailleurs pas enclin. Les ex. suivants (qui peuvent se réclamer de 1'usage classique : Hist.) ne respectent pas cetie regie : [Mirabeau] couvrit ses gens de livrěe quand tout le monde la quitta (Chat., Mém., 1, v. 12).--le te vois encore en redingote de molieton blanc QV'il n 'avail pas ótée pour aller á deux pas de la porte (Stendhal, Vie de H Brutard. t, I, p. 127). — 11 emplit nos oreilles de vacarme QUI, ffl et iá. a un sens (J. RenaRD, Journal. 11 mai 1893). — Par grand vent QUI agile nos tentes (Lon, Desert, p. tl). —• Je ne me fais point illusion, et ne veux pas en faire aux autres (R. Rot -land, Voyage Interieur, p. 42). — // est seulement fächeux [...} qu il ait parfois éerit en vers ; car CEUx-Cl sont affreux (L. Daudet, Stupide XIX" s.. p. 106). — Le roi I'a surpris en rohe de chambre de brocart: il la lui a arrachee (GaXOtte, Frederic 11, p. 41). — L 'autre [accuse], [..,] qui demandait grace. l'euf obtenue (MauriaC, Báilion dénouě, p. 206), — Elte a d'abord perdu connaissance et ne Vu reprise que cliez le pharmacien (Gide, Journal, 3) mars 1943). — It s'adressa á moi en hébreu, QUE je ne parle pas (kessel, Fils de I impossible, p. 11). — Jamais vraiment elle n 'avail eu confiance en vous. ou tout au moins [...] depuis trěs longtemps elle ne Vavait plus (Butor, Modification. 10/18, p. 37). Mais il est normal de rcprcsenter par un pronom un nom qui est dépourvu de determinant en application de regies generates, par ex. un nom en apostrophe, un nom attribut (cf. 2") ou en apposition, etc. (voir § 570), ou encore quand 1'article partitif ou indéfini est supprimé par haplologie aprcs la preposition de (§ 568, b. Rem.): Salut, sacré flambeau qui nourris ia nature > (Lamart., Mědit., XVHI.) — Dans les planches d'anatomie / [„.], I Dessins auxquels la gravilé I Et le savoir d'un vieil artiste / [...] / Ont communique ia Beauté. I [...] (Baudel., Fl. du m., Squelctle laboureur). — // agit en politique qui sail gouverner (LlTTRE, s.v. qui, 6°). — // est coupahle de crimes qui meritem clidliment fib.). Hist. — Dans 1'ancienne langue. ou Temploi de 1'article n'etait pas generalise. le pronom se rapporliiit souvenl á un nom employe sans determinant. Cela restaii assez frequent au XVir et mime au XVlllf s.: ' Aliez lui rendre kommage et j'aitendrai le sien (Corn., Pompie. II, 3). — Je demeuray sans voix. el n'en repris I'usage {...] (Rac, Iphig.. L !)■ — En Langue HebraT-qtte. ou vous pretendez que ces manieres de purler sont ordinaties ÍBOIL., Réfl. critiques. X). — + Si vous ětes si touches de curiositě. exercez-\.\ du mains en un sujet noble (La Br., VIII. 50). — * Les dieux ont été lents a faire justice: mais enfin ils la font (Fén., Tel.. I. II, p. 322). — * lis manquěrem sunout d eau douce elle se vendil six sous la pinie (Volt., L. XIV, X). — Je vous rendrai justice, el je me la rendrai á moi-měme (Did.. Corresp . t. II. p. 19). 2" Un adjectif ou ses equivalents : Courageux. it t.'est vraiment. — Le nom sans determinant employe comme attribut peut etre assimilč a I'adjectif (cf. 5 648, h): Projesseur. il Cétait jusqu 'au bout des angles. 3° Un verbe, une phrase : Panir. c'est mourir un peu (E. HaRaucourt, Seal, Rondel de I'adieu). — 11 ne fait jamais ce qu 'il dit, \v>us le savez bien. 4° Parfois un adverbe : Avec en et y (§ 653, a): Sors-tu dici! Out. y"en sors. Est-il ici ? Oui, il V est. — Avec ou (cf, 5 1059, c) : ia oů vous habitez. Re marques. — 1. 11 est souvent difficile de rappeler par un pronom un nom ou un syntagme employes de maniere ftgurée. Des phrases comme les suivantes fonl figure de plaisanteries : Pierre a perdu les pédales : Marie les a perdues aussi, — Le premier intervenant a mis sur le tapis le coút de 1'operation ; le second intervenant v a mis la difflcuité de respecter les dělais. 2. II convient que le nom dont le pronom tient lieu et celui qui a été exprimé antérieurement aient exactement le meme sens. Cela aussi peut etre I'occasion de plaisanteries. Contexte sérieux : "Germain avail un cantr de pére aussi tendre [...} que celui ďunc femme. La mon de la S1ENNE, les soins qu'il avail été force de tendre seal á ses petils [...] avaient contribué á le rendre ainsi (Sand. Míre au d„ VI}. fj.B. — Pour que 1'exprcssion soit claire, 1'antécédent du pronom doit pouvoir etre idemifié sans ambiguite. Cf. 35 632, N.B.; 670, b. \". ■27 Les pronoms sont des nominaux quand ils n'ont pas ďantécédent : Tout est dit. RlEN n'est fait. Qui a partě ? ON espére. Qui m'aime me suive. Ainsi employe, le pronom peut servir de simple « outit * dans la conjugaisun, avec le role de « flexion d'avant » : Je lis, tu écoutes. Cet cmploi du pronom n'est pas conforme i I'etymologie du mot: lat. pronomen. dc pro. i la place de, et de nomen. nam. — Notons que, pour des linguistes eminenis (par ex., M. Ureal, Essai de sémantique. p. 192), !a categoric du pronom serait antérieure á celle du nom. te8 Especes de pronoms. On distingue des pronoms personnels, des possessifs. des démonstratifs, des relatifs, des interrogans et des indéfinis. On peut y joindre des numěraux. 958 LE PRONOM {§ 628 Ce sont done les mcmes categories que pour Les determinants, a 1'exception des pronoms personnels, qui n'ont pas d'equivalents parmi ies determinants, et des articles, qui tie sont que determinants. — Cette classification traditionnelle n'esl pas a I'abri d'objections : cf. § 557. Certains pronoms ont la mime forme que des determinants. 11 y a d'aulres parentes aussi du point de vue etymologtque (par excmple, pour les possessifs et les demonstratifs). II n'esl pas toujours facile de dislinguer, quand la forme esi la meme, le pronom cl Ic determinant employe avec un nom implicite > De ces hommes, pluseeurs sont blesses. — Mais on ne con-siderera pas comme des pronoms un. le, moil dans les phrases suivantes : Quel costume vewc-tlt ? UN bleu ? (ou : LE bleu ? ou; Mon bleu ?) — Cf. § 217, d. 629 « Accord » du pronom. a) Selon la definition de ['accord qui a ete donnee au § 415, seuls ressor-tissent a ce phenomene les pronoms relatifs et. parfois, les pronoms personnels. 1* Les pronoms relatifs s'accordent en genre, en nombre et en personne avec leur antecedent: Le clerc le gronda pour les depenses auxquelles II se tivrait the: Arnaux (Flaub., Educ. It 5). — Voir cependani j( 680, a. Rem. Qui el que transmeltenl le genre, le nombre et la personne de leur antecedent sans qu'ils portent eux-memes ces marques : 6 toi quejeusse aimer, d toi qui le savms ! (Baudel., Fl. du m.. A unc passante.) 2° Les pronoms personnels, lorsqu'ils represcntent, par redondance {§{j 364367), un element faisant partie de la meme phrase, sous-phrase ou proposition, s'accordent en genre, en nombre et cn personne avec cet element: Peul-elre mire mere le sait-ELLE. tut parents le sai'evrMLS ? Cet accord n'esl pas automatique, si le syntagme nominal esl place apres le pronom et s'il a un genre contredisant le sexe de la personne designee (comp. ci-dessous, b, 1°): Ii_ le sail bk'n. CRtte pettte gocape (Camus, adaptation de : Faulkner, Requiem pour une Home, V). N.B. — II convient d'appliquer ici les observations qui ont etc faites a propos de 1'accord en general (ir partie, chap. VIII). Rappelons certains points. 1. Lorsque ('antecedent est un syntagme complete, ce qui determine 1'accord esl parfois un element apparemmem subordonne (|§ 421-425): Tom de curiositi n'atteig»ait-&X£. pas a I impolitesse ? (Bos«i, Renard dans I'tle. p. &6.) — Sa Mujeste le rut \iendra-!-\\. 7 (Lancelot [ = A. Hermant], dans le Temps, 9 fevr. 193!).} 2. Lorsque les antecedents sont multiples, le pronom esl au pluricl, Lorsqu'ils sont de genres dilYerents, le pronom est au masculin, Lorsqu'ils sont de personnes dif-f'erentes, la \" I'empone sur les deux autres et ia 2C sur la V (g 433, b): Voire pere el voire oncle onl-HS la meme laille t - Man frere el moi, NOliS avons la meme lailte. — Voire frere el \tms. vous avez la meme laille. M arrive pourtanl que 1'accord ne se fassc pas avec 1'cnsemble des antecedents : cf. SS 434-444. 5 629] LE PRONOM 959 3. Nous et vous. ordinairement pluriels, peuvent etre des singuliers (§ 429. a. T). lis peuvent ětre masculins ou ťčminins (§ 428, a): Paul, vous vous étes trompe. — Marie, vous vous étes trOMPÉe. — Voir, pour ďautres syllepses, S§ 427-431. b) En dehors des cas envisages ci-dessus, les pronoms representant un nom ou un autre pronom connaissent un phénoměne analogue á 1'accord. I* Les pronoms personnels, ont normalement le genre, le nombre el la personne de leur antecedent (compte tenu des observations presentees dans le N.B, ci-dessus) : Tipasa [vilk ďAlgérie] m apparait čumme cet personnages qu on iěcrii pour signifter indi-rectement un point de vue sur le monde. Comme Eux, El.LE témoigne, et virilemem (Camus, Noces. PL. p. 59). Un pronom personnel peut avoir plusieurs antecedents qui ne sonl pas coordonnes : Apres la pinie vient le beau tumps : ils sani utiles luus les deux. II n'est pas rare pourtant que le pronom s'accorde, non avec son antecedent (sur-toul si celui-ci ne figuře pas dans la měme phrase ou sous-phrase), mais avec la signification impliquéc par cet antecedent. — Syllcpse du nombre i II arliculaii chaque syllabe et LEnR donnait une valeur musicale trěs sensible (Valéry. Hhtnires brisées, Acem). - fa ne m arrive pas suuvent á moi de/aire eticadrer un tableau . je ne les aime pas {r. Bažin, ciL Sandfeld. i. I, p. 40). - Je ne smtrais dire avec quel beau courage le peuple beige supporte celte situation angoissanle lIJS sont lern-blement génés dans leur industrie et dans leur commerce (duhamel, Positions francaises, p, 173). — Jamais il neůt tourmentě un chat inutilement. II les respeetait (Troyat, Extreme amilié. p. 22). — Tu trouveras ci-joinl un article que je destine a I'lntransigeant mats je nai eu aucune nouvelle d'un precedent article que je leur hwjís enwyě (BernanOS, Corresp.. 1. II, 1971. p. 737). — Maintenant on peul produire heaucoup plus de nourriture quavant. el les transporter vile et jacilement des pays riches aux pays pauvres (BeauvOIR, Belles images. F°, p. 30). — Je me trouvais [...) au premier itage de lancien hotel de Zaiiaroff Beaucoup de monde. Comme d habitude. ils ne quittaient pas leurs pardessus (ModiaNO, Rue des Boutiques Obscures, p. 176). — Syllepse du genre: La pauvre Barbe-hleue se doutait bien de quelque cltnse. mai.fl u. ne savait pas de quoi (France, Sept femmes de la Barbe-bleue, p. 19). — II ne vit que des figures béates. convaincues á favance de la beaulé de ce fu'lLS entendatenl (R. RolI.antj, Jean-Chr.. t. IV. p. 25). — Elle /' [ = ginée] ěíarř comme les personnes que Ion n'a pas habi-tuies a certaines prevenances. Change-t-on, ils se demandenl ce que cela sigmjie (RadkH^t, Bal du comte dOrgel. p. 90). — L auteur [ = George Eliot] a beau ttrc pozitivisté, elle emit au diahle. et le tliable. pour elle, cest le sexe (J. Green, Journal. 5 aoul 1957). — L auteur [ = Heléne Cixous] sabuse si eujl croit ainsi Yapprocher le langage du corps (Poirot-Del-pech, dans le Monde. I" juin 1979}. — Voir d'autres en. au § 429, c, 1°. Sans syllcpse: De bout en hout I auteur [ = Christine Marehello-Nizia] a vise á la plus grande clarlé [.,.]. IL n'a economise aucun des moyens qui rendeni un livre de cette sorle com-moděmenl consuttable (r.-L. Waííner, dans Rumania. 1980, p. 117). Hist. La syllcpse ne semblait pas géner les elassiques ; Le peupte preste aysement I oreille á ces dbscours. Ils secouent le joug des qu'ivs le reconnoissent (Pascal, Pens., p. 183). — * Morse assemble le peuple pour LEUR proposer les conditions sous lesquettes Dieu les recevait 960 LE PRONOM (5 629 en son alliance {Boss., CEuvres oral., t. HI, p. 275). — * Man fits n 'aura point le chagrin de commander la noblesse de la vicomté de Rennes el de la baronnie de Vilré : jls / on! élu malgré lul pour ětre á leur těle (SÉV., 2] févr. 1689). — Entre le Pauvre et Vous vous prendre: Dieu pour juge; / Vous souvenant, man fits, que cache sous ce lín, / Comme Eux vous fiites pauvre. el comme eux orphelin m tó« ÍÍ - m ntatheureuse passai, ses nui* a qualre pattes entre son seau quanl que le* W ' _ ťarrose _ le„ement que la mousse commencatt de el sa vassmgue [ — scrpiilicrej arrose que ur j n ateuvair grimper le iongdet colonnes (BHR^anos, Journal d'un cure de camp., a credit F, SS srands flats., [...] ft que rE te pleas des pe.nes cascade^ ^ p. 605.) [Dans cet ex., il ťigit mĚme d'un verbe d ordtna.re lumtt a la 3 pers.] Sur* pour nous (le verbe restart au ptur.), voir 5 635, g. 2° Au pluriel, la premiere personne designe un ensemble de personnes dont le locuteur (ou le scripteur) fait partie: Toi et mat. nous sortirons les premiers. - Lui el moi. nocs sommes cousins Dans ím récils. par le recours . la t» pers. du p!ur., le narrateur ^^ftg ^ « y associam ett queloue sorte son lec.eur et lui-měme : Nous sommes en 1770 (Sano, Homme deneige. t. 1, p. 6). - Cf. 8 310, a, 1°. 2. Lorsque le pronom de la 1™ personne est ccordonné I un autre ff^^WJ nom de la r personne, on considěre comme plus poli de mcttre le pronom de la I personne dernier lieu: Toi ei moi, plutot que I Moi et loi. 962 LE PRONOM [5 631 Elle repre te parf0iS un ensemble de locuteurs (on de scripteurs), par ex. dans les pneres 0U le* chants en commun, dans [es ecrits en collaborate lorsqu il est recite en commun) - Nnrrc unm ..__ . , . . wmsw {.rater, ,aZ ae materiaux e?p"cHT§T" J " ™* dernier point ne conceme pas ta pronoms sauf si le verbe est pronominal) A.-M. Löfler-Lonan (dans la fiew« 4> fa* rom. Janv :uin .ag0 m n, .,71 „ M 22 a ~ que de 2E 13 iangUC fam'U^ la '* F** du plu, se me. parfois au lieu de la T ou Pichen, I ,433). ^' J '' W '(UD TOeV™ d'°m"">^ dans « m 1 ' '■ OU3 reg,n,C """W" 4 ™ <*Pl*ite ou implicit* : g 725, Les avocats, dans leurs plaidoiries, s'assimilen. a leurs clients tH i. , condamnericz \ 1 (Berrver n|.irfnu„ . ' /e Cffit OM ™UI NolJs i« 1-..J (berryer, plaidoyer pour Chateaubriand, dans : A LambreH,. uam I ffljs. Eloquence, n 109) — Nnrrc „„_ ■ i- ' La«i "rette. Modelespan- "'to ^igne : voir diver, ex. ci-desLs et T T * de ^^SJtä^ä: !1 w des ~> •*» <** orients. D'au re fcm obl'er oS \ "T™" ^ ^ - donnc plus a^^t^SfS 2 P"S°nne COmme U"e ™ « 1942. pp. 3-26. eourante. Cf. G. Ganite, dans les Etudes ckuägm. b) La deusieme personne. .nterlocuteur, plus rarement («uif dans la correspondance) lecteur : *, 1X7 ItsZ Ä^ * *• * a""F ■ c""- S 631] PRONOMS PERSONNELS 963 2° Au pluriel, la deuxieme personne designe, soit un ensemble d'interlo-cuteurs, soit un ensemble de personnes don t l'interlocuteur fait partie : Officios frum-ai*. uilclats l'ran(iiis. marins fran^aw. avialeurs fran<;ai5, mgénieurs franiais, ou que vous sovez. e^ů^cez-vous de rvjoindre ceux qui veuleut combattte encure {de Cíaľlle, Disc, et messages. 24 juin l°40). — Si tu as enrie de te riconcilier avec hi, lu es bien libre, dít Henri. Mais je croyais que vous aviez de trés motivate rapports ? ajouia-t-il (BKWVOBt, Mandarins, p. ] 35). Elle peut aussi designer, comme le singulier, une seule personne: Vous n'utes pas monsieur Godot, monsieur? {BFCK.F.T1, Theatre, En attendant Godot, p. 30.) Cet emploi de la T pers. du plur. au lieu du sing, s'appellc le vouvoiement (ou vousoiement. voussoiement: § 166, b. 3"), qui s'oppose au imoiement. Celui-ci impli-que d'ordinaire la familiaritc, tandis que le vouvoiement marque une certaine distance, notamment s'il s'agit d'une personne inconnue ou d'une personne ä qui I'on doit le respect. Mais il y a d'importantes variations scion les temps, les lieux, les classes soci ales, les families, les individus. Par ex.. 1c reglement du compagnonna^c inlcrdisait les jurons, les querdlcs el le tutoiemenl: cf. A_ Peruicuier, Mémoires d'un eompagnon, 19I4. p. 276 (1854). — Inversement. les poeles tutoyaient Dieu et le roi (ou les membres de la lamille royalc) : Ô rol qui fis lever cetle seconde autore, I [...} I Rigne á jamais, ó Chris!, sur la raison humaine / [...] ! (Lamart,, Harm , 111, 5.) — Devuis-W done, princesse. en touchant ce rrvage. / Voir silór suecéder ie crěpe tin vcuvuge /Au chaste voile de Ibymen ? (Hugo, Odes et ball.. Mori du due de Berry.) — La liturgie catho-lique, vers Ic milieu du XXC s,, a reintroduk le lutoicmcnt dans les pricres. Hisl, — Le vims de politesse est souvent présenté comme un coroltaire du note de majestc (cf, a. Hist.). Toutefois, le vouvoiement apparait déjá en lat. chez Ovide. Dans ľancienne langue. aucunc regie fixe ne dclimitaii ľcrriploi dc ta ct celui du vous de politesse ; souvent meme les deux pronoms alternaienl dans un meme pasííage (cf. Rem. I). Cest au XVI1C s. que I'inriuence de la cour lit prévaloir le rota de politesse. Sous I'Ancicn Regime, les « hoimétcs gens » ne se tutoyaient pas enlre eux, mats ils tutoyaient I'homme du peuple. La Repu-blique étahlit en ľan II le tutoiemenl general, mais on cn revim sous l'Empirc á ľusagc d'avant Ja RévoluEion. Rcmurques. — 1. Le passage du vous au lu, ou inversement. implique une intention particuliere, d'ordrc affectif: Latesez-moi \ eiller et vot;s, durme: , et reve á moi. je Yen prie (Vigny. letlrc á Louise Colct. dans la Revue dux deux mondes, 15 janv. 195ft, p. 263). — Sire, vot.-s pome: prendre a voire fanlaisie, / Ľ Europe ä Charlemagne, ä Mahomet i'Asie. I Mate tu ne prendras pus demuin ä I'Eter-nel.' (Huoo. Ch. du crép.. V. 2.) — Si je te vayaisjouer avec une margotoit ficelée comme ceile-la. monsieur le jih de ma sautr. je ne vous reennnailrate plus pour man neveu (France, Crime de S. Bonnard. p. 30). — Porce qu 'on ne I'otiffait pas che: toi, grain de pore. / — Je me suis peut-ětre mieux nouirl que toi... [...] I — 7a£sei-vous, gonzesse [cf. § 476, c. 2°],je mis vol's eorriger ' D'un coup, le cercle atlentij' se resserra : gare '. il lui avail dit « vous », tes chases allaient re gater... (DoRGElJs, Croix de bote, X.) Hisl. — En ane. fr., on passail eourammenl — et sans aucunc raison d'ordre afTeelir— du tu au vous ct vice versa : Pren la corone. si seras eoronez ; t O se ce non. jih, \ .■ la ester * I Je vos dvjent que vtis n 'i aDESEZ [ = Prends la eouronne, ct tu seras couronné ; ou sinon, fifcj iaissezAz. la ; je vous defends que vous y touchie:] (Courtrnnetti. de Louis, 69-71/ 2. Quand vous représentc un étrc unique, les adjectifs et les participes qui s'y rap-portent se mettem au singulier, avec le genre eorrespundam au sexe de 1'ětre designe (cf. § 429, o. 1°), 964 LE PRONOM [S 631 Jean, vous etes ljeslkael. — Jeanne, vans etes distraite 3, Certaines expressions avec tutoicmcnt. ou avec vouvoicmcnt. peuvent etre tigees et s'utilisent avec une personne que Ton vouvoie, ou que Ton tutoie : Vous babitler, pour vous. c'est enftler, va comme je te pousse. une housse (Maupass., tile dans Romania. I95L p. 434). — Tu vos rudement me manquer, javfz-vous ? (B, el FI. grolilt. // elail deux fois.... p. 379.) [Le second ex. est un fait individual.] — Cf. $ 1049, b, 2°. 4. Par souci d'expressivite. on peut impliquer fictivement son ou ses interlocu-teurs en utilisant la 2' personne. Par ex., un artisan decrtvanl son metier (a quelqu'un qui n'csl pas appele a I'exercer): Pour /aire un manche d'oulil, vous prenez (ou tu prends) du betre bien sec. — Voir aussi 647. e; 862. Rem. 2: 725, e el note. Certains proverbes sonl a la 2r pers, pour une raison analogue ; AlDR-toi, !e eiel t'aidera. OlGNEZ vilain. il vous poindra. c) La troisieme personne represente un 6tre ou une chose {au singulier), des etres ou des choses {au pluriel) dont on parle. Que demande-l-on d'une fleur I Sinoit qu'VAXE soil belle et odorante une minute (CLAUI)el, Ann. faite a M., p. 92). — J'ai de mes ancetres gaulois 1'eeil bleu bianc. la cervelle elroiie. et la maladresse dans la luite. [...] / D'eux, j'ai: I 'idoldlrie et I'amour du sacrilege ; — oh ! tous les vices (Rimbaud, Saison en enfer, Mauvais sang). La 3* pers. designe ce qui ne tessortil ni a la Lre ni a la 2C, qui* elles. concemenl des etres humains participant a l"acte de communication. Considerant celles-ci comme Les vraies personnes. Benveniste {Problemes de ling, generate, pp. 255-256) iraite la 3C de mn-personne; A. Joly pre-fere parler de la personne absente. L'identification de la I™ et de la 2' pers. est d'ordinaire cvidenle, puisque cela resulte de la situation. 11 n'en est pas de meme pour la 3C: Le fait que dans ce cas la plupart des pronoms portent la marque du genre facilite I'identification. — Voir aussi la Rem. 1. Les pronoms de la 3e pers. ayant d'habitude une valeur de representanls (cf. $ 632, c)T on identifie mal une personne prcscnte en la designant oralcmcnt par un pronom de la 3C per?.; le fait d'uliiiser un pronom de ia 3e pers. a propos de quelqu'un de present est meme considers comme impoli. Cependant, dans une syntaxe familiere et effective, il peut se substituer a la, par ex. quand une mere dit a son enfant (avec le ton approprie): Est-ce qu'ti. aime bien sa maman ? — Au lieu du pronom personnel, on peul aussi avoir un nom comme bebe ou Le prenom de Ten-fant (comp. ci-dessous). Pour s'adresser a des personnes de haul rang, on recourt a des periphrases fornixes du determinant possessif de la 2C pers. et d'un nom, et ces periphrases, lorsqu'clles sont sujets, impliquent un verbe a la 3C pers.: Vos Eminences ont la permission de se retirer (Curtis, adaptation de : P. Luke, Hadrien VII. n, 2)- Pour les pronoms personnels ou les possessifs qui, dans ta suite du tcxtc, concement les personnes d'abord designees par ces periphrases, on peut, soit gardcr La 3C pers., soit passer a la 2C. soil meme meter La 2e et la 3C: Votre Majeste [,,.], non seulement est foible reellemem. sur certains points, mais. sur d duires, flle est obligee de feindre lafaiblesse (Montherl., Reine morte. n. 1). — I! ne tiendrait qua Votre Altesse Rovale de s'environner d'hommes en rapport avec les idees el les sentiments de la France. Votre petite cour servirait de contrepoids dans I 'opinion (Chat., Mem , IV, x, 6). — uJ'at le regret d'annoncer d Votre Majeste que son voyage s'arrele ici [,..]. » I [...] Les moindres details de I'expedition etaient connus du prefet: I » § 637) PRONOMS PERSONNELS 973 «> Le verbe manque ou il n'est pas á un mode personnel : Qui partira le premier ? Mot. — // est plus grand que TOt. — Lul pani, on commenca á s'amuser. — O touiment! Doňa Sol soujfrir er Mot le voir I (Hugo, Hem.. V, 6.) Sur le lour // arriva lu) iroisiěme (oú Ton a line proposition absolue, c'esl-a-dire un sujet et un prédical sans copule), voir § 253^ b. j) Le pronom est sujet « reel ». Assez couramment si le verbe est accompagné de ne... que: II ne manque que TOL II n'v o que \.V\ de competent. — Plus rarement sans celte condition, et seulemeni avec II y a : Mais die.' il v a elle... I — Bien sůr, il y a elle. It n'y a pas beaucoup elle, mais il y a elle. / — Et il n'y a plus MOI. [...] I — 11 y aura toujours TO], Naunoune... (colette, Chéri, M.L.f., pp. 64-65.) g) Le pronom est mis en evidence par C'est... qui: C 'est TO! qui partiras ie premier. Remarque. — La forme disjointe soi est rarement sujet: Avec Vannarai, on tit á deux, et souvent á haute voix . car Vannoral lit trěs, trés bien, et SOI [ = moi], pas trop mal (Fakríre. Seconde porte, p, 40). — On aurait chacun inventi des crocodiles et des rhinoceros pour [aire peur á I'auire dans le noir el on aurait eu peur SOI (M. LlN-DON, Livre de Jim-Courage, p. 11). — Soi-meme serait plus acceptable. Autre cas : Un amour inquiétant. celui de qui s 'aime lui-měme sans savoir qui est soi (ci. Roy, Temps variable avec éclaircies. p. 11). [Si 1'autcur avail icrit qui i! est, il renvoyait au sujet, alors que l'inlention esi de renvoyer á I'objet] 637 Cas oú les formes disjointes s'emploient comme objets directs. a) Pour renforcer un complement par redondance : II ftnissuit par I'accuser, elle, de 1 'ignominie qu 'it avail eue; de [sic] se feliciter. lui. de tant de puissance (Therive, Sans áme. p. 231). [Dans eel ex.. il y a en meme temps une opposition avec un autre tenne.] Dans la langue parlée, le pronom conjoint peut manquer ! II faul choisir. Eux ou nous [...]. /-— [.,,] Alors. je choisis vol'S, naturetlement (Loti. Děsenchantées. p. 174). [Vous est imprimé en italique : l'auteur est conscient du caraelére particulier de ce tour] b) Dans une phrase ou une proposition averbales: Qui a-t-on choisi ? Moi. — Je la trouve mains jolie que TOI. c) Quand le pronom est coordonne : Mes meilieurs amis n'en [ = de ces souvenirs] auront pas connaissance, car je veux conserver la Uberte de peindre sans flatterie et moi et eux-mfmes (TocQUEVILLI, Souvenirs, p. 38). — // contemplail la Joule sans distinguer ni moi ni personne [trance, Ětui de nacre, p. 219), Par archalsme, certains auteuis coordonnent un pronom conjoint á un autre élémenl: Étail-ce pour les trahir ou bien la Rěpublique ? (flaub.) — Voir § 267, b. 1°, d) Quand le verbe est accompagné de ne... que : On ne regardait que mi. e) Quand le pronom est mis en evidence par C'est... que : C'est toi que je bénis dans toule creature (Lamart., Mědit.. xvi), 974 LE PRONOM [§ 637 % 638] PRONOMS PERSONNELS 975 J) A la I™ et a la 2< pcrsonne du singulier, apres un imperatjf afflrmatif (sauf devant en et y): £™u,e-„OL fl^e-TOL Mais I Va-Yen *. verbe subsritut {§ 745), il est tres rare aujourd'hui que 1 objet direct soit un pronom personnel. Dans I'ex. suivant, on a recouru a la forme disjoin* (comme en anc. fr.: § 745 a Hist I) ■ St vous y alle:. /„ use vous tueron! tmm m ou ^ ^ e/fc ofl//a,( nol-s (Genevoix. Jtottf t'mfcm cif. Sandfeld, t, II, p. 448). 638 Les formes disjointes comme complements prepositionnels. a) Avec une autre preposition que a ou de : Qui n 'est pas avec MOi est contre mol So.K lui, que ferions-nous ? Le pronom represente ordinairement des personncs. Quand il s'agit de choses on SffrfSTw ^ PCra0nnel °U bie° °" Cm* la P^ion sans regime {(} 992, a): ^ attend Ies emploxs, les autres courent apres (Ac s v apres). - Ce dermer precede passe pour trop fkmilier ou peu elegant, et les ecrivains assez souvent preferem joindre nn pronom personnel a la preposition, meme a propos d ammaux ou de choses , le TleiZ q"TU"7 a"7* * ^ ^ ^ * t.-J tangent au loin. sur (t-lalb.. a*,. II, I). _ je „ ose plus ouvrir une parte dans la peur de trouver ton frere demere elle (Maupass.. Pierre et Jean. VII). - La seule chose imporlante, c est que la bn, ehure paratsse [...) Je desirerais pouvotr faire man article sur ell* (Barres. dans Barres e. lule,f fTv h ^ ^ ,77)- ~ Si'*aiS * <°<*f<™ «* roman de la vie. Le sujet en est fertde, et. bten traite. ,u paurrais [aire to fortune avec lui seal (leautaud. Peti, ami. VII). - Elle a un coq el ellejoue avec lui (J. RenaRd, Journal. 20 aout 1902) - II disait TcT'tt d"7 ^ SO" ™ "U 'U "*>e sur EL« mm*** Folic LUl (DOHAMEL. ^ Dfflet. p. |2l). _ Je vh „„ ^ ^ t ^ ^ quUe. t0^Temsnaiem h «k no,>, (grac«. Pres- Hist _ L'emploi qui vient d'etre dteit n'est pas recent: ' Je vous conjure [...] de ne point prendre de chocolat. Je suis fdchee contre LU p^ritoww (Sev., 13 mai 1671). IPeu^etre avec .mention pla.san.e.] - Une camete passait [...]: Us s'elancerent sur elle (Volt Comes et rom., Micromegas, 111), Remarque. - Sur le tour II lui court apres (il s'agit de personnes), j 647. ■» monde compose de tout ce qu 'it a vu et atme (Chat., Voy. en Italie. 11 dec. 1803). - C es, taut un monde que chacun porte en LUI 1 (Müsset. Fantasia. 1, 2.) - Chacun prenatt som de lli-meme (HerMant. Confession d'un homme d'aujourd'hui. IV). - El aucun n etat» en petne de prouver. d wmeme e, aux autres [...] (J. et J. ThaRald, Ombre de la crois. p. 17). - » qui sejugen, les plus maitres d'M-memes (L. Daudet, ft** eveilie. p. 142). - Chacun parte -5. On pourrai, d'ailleurs discuter de la Tonction de wi. I'anc. fr. disail CV es tu. consider tu comme un sujet. Cf. § 241, Hist, nom ; etc) : ■ , _ iec\ — N'ecrire jamais rien qui tester so,, cestune ^^^^^^K * ~ J£ & „ ne sorti, (E. Rostand, ^'^'"^ FJnoctume. V). - Mats que sen de canter étonnan,es qui nétonnent jamais que ^^w^^ Jean_Chr., t. VIII. p. 217.) - Vivre tZJ^Zilltle * - La langue commune prtfere sot-meme. y Oans rusage g^ral, dans les egressions aUer de sol et „ sot , de par nature měme«: JřM|emef)< les nótres. Oans chaque patelin qua au0n remet a la cuisine ° 'f TTolTle Tmemlles vieilles aspirations ancestral. fWT te AMMWM P. «•~ '*7T(hermant, &m«říí * * ^io'' ► 14S)' ' ft min.^/^ v^n. ««* ^ « ^* XI). - Bie a dit quelque centres, p. 90). - Elle se repliai, ^^fi^J^ pour une religieuse.ětre chose pour SO, seule (ValERY, ^'.P-^^ , (bkrnanOS, tto^ *• II, 1.) — CommF"' Cé™9uera;en(--tíú est ? (Floire et Btanchefior. 676.) - Feras ? (Patbelin. 1390.) - Peu i pen le pronom suje. ses. impose dans la conjugaison. II etaii encore assez souvent omis au XVI* s. - Direz chantani mes vers, en vous esmerveillani / [...] (Roxsard, t. XVII, p, 265), - Au XVII1 s., cette omission Mail un archalsme. quoiqu'elle ffit fřéquente encore dans les réponses : El le vais voir taniát (Mot. Et V, 8). — Leur at dit la longueur (La F., F. Vni, 3). — Non ferai. de par tous les diables (mol., Av.. V, 3). [Cf. § 1054, a. Hist.]. - L'ancien usage survit dans certaines expressions figees : cf. § 233 et Hist 2. Au Moyen Age, lorsque le pronom sujet était exprimé, il emit souvent tonique, memo ye. tu, ti Ceux-ci pouvaient done éuc séparés du verbe et s'employaient dans des cas oil le ft. modeme recoun aux formes disjointes (§ 636) : Je et mi [ = mes] chevalier en loames Dieu (JoiN-Ville, § 210). - Et tu meismes le sez bien [ - El toi-méme le sais bien] (Queste del saint Graal. p. 113). — Tu. tafemme et tes enfants. mengiez vos Ire pain en sceurté (A. ChartiKR. Quadrilo-gue invectif p. 23). — Et il meismes y ala (Renart le contrefait. 13137). — El tu. Echo, qui § 643] PRONOMS PERSONNELS 983 faiz Fair resonner (LemaiRE ije Bei.ges, Épitres de I'amant vert. p. 5). — De cet usage il nous reste la formule Je soussigné. Jean Dupont. declare que.. — Claudel a éeril dans une traduction de Patmore : Je, singuliéremenl animé á ehérir ce qui. aimabie. n 'est pas aimé, entre toules saisons le plus aime ťhiver (QZuvre poet., p. 307). Devanl 1'étonncment des lecteurs, il s'exclame : « Que les gens sont bétes ! » et les renvoie á Je soussigné et i Je qui chaniai jadis du Virgile travesti [de Scarron] (dans Claudel et Gide, Corresp.. 22 sept. 1911). Remarque. — Le pronom personnel ayant le role ďun « sujet réel» prend la forme conjointe regime: Avec faltoir. cela est couraní: Te faut-il ce livre, cette cle, ces livres ? It me le faul, il me la faul, il me les faut. Avec éfre et 1'indication de 1'heure, cela appartient i un usage recherche : £sí-i7 sept heures ? it les est ÍLITTRÉ, s.v. le1, 5°). — Lucie, // rtesf pas loin de ti heures. I mmc Pruneau. // les eíí (Tr. Bernard, Ěcole du piston. II), — Pluriel étrange : °Mais une heure, il les est hientot (Proust, Les plaisirs et les jours. p. 249), Avec ďautres verbes, cela est vraimenl exceptionnel: II lul manque [...] la « distraction toute-puissante qui nous perme! de vivre ». Ou plus exactement il lj\ lui manque par moments (Fr. Nou-RisSiER, dans le Magazine litter., juillet-aoůt 1983, p. 15), 643 // comme sujet neutře. a) Avec les verbes impersonnels exprimant un phénoměne meteorolog i que; Il pleul. Il neige. Il grěle. Il vente. b) Comme sujet redondant (§ 230) avec les verbes accompagnés d'une sequence appelée traditionnellement « sujet reel » : IL vous faudra du courage. — Il vous est arrive de tui parter de son passé ? (M. Duras, Amante angiaise. p. 39.) Quand le sujet reel est une proposition ou un infinitif, it est concurrence dans la langue cou-rante (sauf avec faitoir et rester) par ceta, ca, par ce (avec étre): Ca ne suffit done pas que tu te sois mis sur les bras cette sale grěve ? (Zola, cit. Sandfeld, t. I, § 186.) — C'est ires difficile de vous exprimer ce que je crois (Duras, Amante angiaise. p. 46). Lorsque le verbe n'est pas arriver, conrenir. ělre, importer, se pouvoir. sufftre. la construction avec il est purement littéraire (cf. Hist.): S'tL t'ennuie [...] de pěnétrer aussi avant (Toulet, Man amie None, l.P., p. 11). — Quand il ne m 'amusera plus de me déguiser en groom ou en toreador (Fr. Partltuer, citée dans le Fr. mod., ocl, 1970, p. 396). — Voir d'autrcs ex, au § 753, Hist — Chez les classiques : Il leur fácbe d'avoir admire serieusement des ouvrages que [..,] (Bon.., Sal.. Disc, sur la sat.) — Il vous ennuyoit ďesire maistre chez vous {Mot., G. Dan-din. I, 3). c) II a encore (cf. Hist.) dans certaines expressions la valeur de cela, en dehors du cas envisage dans le b) ; IL est vrai, il se peut, il est possible. il suffit, H. nempéche, il n'importe. il n'y parait pas, S\l vous plait {qui est figé). — Fatten comme il vous plait. — Comme u est frequent. Cela ne pourrait ělre subslilué á il dans il me semble, me sembte-t-ju U faut ajouter des emplois qui paraissent régionaux : Elie m 'a iaíssé en plan parce qu 'il était son heure de partir (StMENON, Vérilé sur Bébé Donge. p, 112). — S'il étail jeudi. on croirtiit á un jeu (A. stil. Seize nouveltes. p. 71). Hist — 11 pour cela était ftéquent á Tcpoque ciassique ; + De vous dire de quels traits lout cela était orné. il err impossible (SÉv.. 25 avril 1687). — Célíměne. Voulons-nous nous asseoir ? / Arsinoé. IL n'est pas necessaire {Mol.. Mis.. Ill, 4). 984 LE PRONOM 15 643 S 645] PRONOMS PERSONNELS 985 d) Dans les phrases enonciatives introduces par peut-étre, etc. (§ 378) et dans les interrogatives (§ 388), lorsqu'un pronom neutře sujet {cela, ce. rien. tout, quetque chose, autre chose, etc.) est repns apres !e verbe, c'est sous la forme it: Peut-étre cela esí-tL vrat. — Tout e.íML fini ? — Quetque chose a-ř-lL pu vous gěner ? — Autre chose vous ň-mlplu ? — Ce qui est nommé, n'est-tt pas déjáperdu ? (CamUS, Été, p. 125.) [Á cause de la virgulc, cet en. pourrait 6tre range ci-dessous.] En dehors de ce cas, c'est seulement dans une langue littéraire assez recherchce (cf. Hist.), que il peut avoir pour antecedent un pronom neutře : Cela tt'est pas toujours si simple qu'n, le parait (Nerval, Lorety, Du Rhin au Mein, H). — Qu 'esl-ce que vous uvez dans le corps, pour chanter ainsi ? J Eiie répondit: J 'ai ce que vous me faites chanter. ! — Out ? Eh bien, il n v est pas deplavé (R. Rolland, Jean-Chr.. t. IX, p. 180). — Tout serait comme stl n'avait jamais été (Maeterlinck, Grande féerie. p. 142). — Ce qui me dépiait, je dis qu 'il me deptali (R. Kemp, dans les Nouv. lit!.. 2 juin 1955). — Tout eela, pour si flaneur quit, vous paraisse el qu'\L vous soil, n'a rapport que d'assez lain á cette passion canaille dénommée běguin (ToulKT. Moh amie None, XL I). — Quetque chose en moi réprouve te luxe (tout autant qv'\y- I'admire du reste) (GREEN, Journal. 20 nov. 1944). Hist. - La langue classique employait containment il comme representant d:un autre pronom neutre; ' Quoi que I on donne [...]. rien n 'est contemptible quand XL est rare (Malherbe, 1. H, p. 20). — Ce que tu mas dicté, I Je veux de point en point qu 'It. soil execute (Rac, Esther, [I, 5), — Tout cela ne convient qu a nous. !— Il ne convient pas á vous mesmes. / Reparlil le Vieii-lard (La F., F., XI, 8). — ' Un dernier point ditruit tout comme si jamais il n avail été (Boss.. Sermon sur la mart. 1). — * On prend ce qui se présente, quetque élrange qu'ti. soil {Marjv.. Paysan parv., p. 200). Remarques. — 1. Dans le type de phrase envisage ci-dessus dans le d), II sert parfois aussi á reprendre le sujet quand celui-ci est un infinitif ou unc proposition conjunctive : Eire pere dune filte esl-lí. ětre pere ? (Montherl.. Múítre de Santiago, II, 2.) — Qu'il prenne ce risque ne présume-t-ll. pas ce qu 'on appette un grand amour ? (SlMENON. cit. Togeby, § 413.) — La langue couianle pre fere d'autres tours : dans le 1" ex., elle mettrai! ce au lieu de i7; dans le second, le sujcl serait repris par cela devant le verbe : ... cela ne présume-t-il pas... 2. Sur l'omission de il impersonnel. voir § 234. 644 Repetition du pronom sujet dans la coordination. Les pronoms personnels sujets se repetent d'ordinaire devant chaquc verbe quand il y a coordination : Je me souviens t Des jours ancieas f Et je pleure (Verl.. Poémes saturn.. Chanson d'au-tomne). — Nous sortimes par la porte de la cuisine et nous alíámes au préau (Alain-Fournier. Gr. Meaulnes, I, 1), — Je suis noire, mais je suis belle (Bible de Maredsous. Cant, des cant., I. 5), — Tu prendras des forces et ft: iras le chercher (Ionesco. Victimes du devoir, p. 222). — Jeferai mon devoir et je dirai ee que j'ai á dire (Camus, Caligula. EL 3). ■— J'accordais beau-coup á lamour et je m'y montrais aussi ardent e< aussi libre qu'aucun autre (Gracq. Rivage des Syrtes, p. S). Cependant, surtout dans la langue éerite, on se dispense assez souvent de répéter !e pronom. en particulier lorsque les prcdicats sont brefs ou étroitement lies, ou encore lorsque la coordination conceme plus de deux elements ; mais parfois aussi alors que ces conditions ne sont pas reaJisees. Je frappai et entrai (Green. Autre, p, 130), — // allait et venait derriére son bureau (Martin du G„ Thib., PI., l 1. p. 597). — // mangeait te reste du miroton, épluchait sonfromage. croquait 645 une potnme, vidait une carafe, puis s 'allait mettre au lit, se couchait sur le dos et ronfiait (Flaub., hF" Bov„ I, 7). — Les deux possibility se succedent: De sa cabine translucide il repirait les orages a cent kilometres. il les sutvait a la jumelle. il m&dilait sur leur trajel, prevoyail leurs capricieux d&tours (Grainvjlle, Forteresses noires. p. 34). Je rougis quand ils portent des fitles et s 'its passenl des photos, detoume la tele (MaURIAC, Adolescent d"autrefois, p. 8). — It ne fit aucune allusion d cela, par bonheur, et s 'abstint de tout commentaire a I'egard des liberies qu 'il venait de prendre dans le magasin (Pieyre de MandiaR-GUES, Motocyclette. P, p. 131). La repetition n'a pas lieu lorsque la conjonction de coordination entre les verbes est tti: i7 ne tit ni n 'ecrit. La repetition est de regie 1) Quand il y a inversion du pronom sujet dans le premier mcmbve : Viendra-t-il et nous apportera-t-il son aide ? Peut-etre viendra-t-il et nous apportera-t-vl son aide. C'est vrai. dit-il et repeta-t-n.. — !l en est de meme pour le pronom de reprise : Voire pere viendra-t-il et nuns apportera-t-ii son aide ? II est anomial que le pronom soil exprime seulement apr£s le premier ou apres le dernier verbe : "Pourquoi un tableau eoupe-t-VL le corps, le volte ou le devoile ? (Rezvani, Portrait ovate, p. 118.) — "Et si I'ecote n'etait pas obtigatoire... dans quelle mesure les enfants et les grandes personnes sen dispenseraienMUS ou bien, par desir et necessite, en favoriseraienl la metamorphose muiticotore ? (Fr. BiLLETDOux, dans le Monde, A janv, 1980, p. 10.) — "La bonne volonle de Bons-Ojfices le disarme ou te consteme-l-ELLE [...] ? (P. MERTENS, Bans offices. p. 316.) 2) Quand la conjonction de coordination est car ou or: Souvent, elle demandait d Frederic t 'explication d'un mot qu 'elle avait tu, mais n 'ecoutait pas la reponse, car elle sautait vite d une autre idee {Flaub., Educ., II, 2). — // n'est pas venu ; or il savait que nous i'attendions. Des grammairiens exigent la repetition si les verbes sont a des temps diiTerents ou si Ton passe de la negative a raffirmative, mais pas plus les ecrivains modemes que les classiques (cf. Hist,) ne tiennent compte de ces restrictions. J'ai retrouve hier son nom, et vous le montrerai (VlGNY, Stella, XXVI). — 11 se refugiait a mon paiais et ma couru apres dans la rue (Stendhal, Chartr., XXIII). — Ils resterent silen-cieux I'un devant lautre. poussaient par intervaile un long soupir et renvoyaient leur assiette (Flaub., Educ., Ill, 5). — // se faisail [„.] des idees fausses sur les punaises. et {...] commenca par les chercher sur iui (GlDE, Caves du Vat., [V, I). 11 n 'en avait pas eu le courage [...] et avait marche au Itasard [...] pour s 'elourdir (FlaUB., Educ. Ill, 5). — Elle n'avait aueune instruction et avail peur de faire des faules de francais (Proust, Rech., t. [, p. 204). — Je ne prenais pas au serieux ou craignais de prendre au serieux ses paroles (Gide, Pone itr., II). — Jen 'exagere rien el pese mes mots (DuhamEl, Cecile parmi nous, p. 61). Hist. — Ex. classiques : J ignore lout le resle. I Et venois vous comer ce desordre funeste {Rac, Ath, II, 2). — Je nay rien exige de vous, et vous tiendray ce que j'ay promts (MoL.. D. Juan. Ill, 4). Les formes conjointes autres que sujets. a) Elles precedent d'ordinaire le verbe : Elle TE regarde. Avec un imperatif affirmatif (§ 658), les formes conjointes de la 3= personne sui-vent le verbe et prennent i'accent tonique : Prends-LE, prends-lK, prends-LE&. — A la \" et a la 2C personne du singulier, elles sont remplacees par la forme disjointe: Suivez-MOl, — sauf devant en et y: Va-j'en. 647 *> Elles s'empW surtout comme compldments de vertes. Celles qui servem d'objet direct (FH* ,r -,i ««■>.) ou WrlbW (| 648). - vTtSViJ"' ™" '"J"- *" (S «2. * cnt parfois d'autrcs valeurs (§ 647). «• Observation sur ta formes conjointes objets ^ m ^X%T^Jr m P°Ur reprendre «» —> - P-e ou ***** * %Hj*Hfc p. 7). >a"' / *»■ Mi (Duras, ft*, U pronom est factor dans divers cas (cf. S§ 2, 7>/; 407, % Rem , . , P*™». * Vieadra-t-U ? je ne le crois pas. ? ** "* f« * U AJ Dans certames expressions, fe parfois A, iii , ja-.- tj ^ a et les s emP'cient sans antecedent .' L'echapper belle (/' = //. J^i/- - E*pr. de i laneuc f3railij,, n ^\e-z:ttt ,3nsm des ioueu™ * «- - £*« ■' fCh.-L. P„1LIPP£, ^ rt*JJ I * U &m djs tes domes, ou vous me ^faites en large-(cw„ * «* « ™- M** te [ = la beuche], A la X J - JSJiuftf Chai"°'- P- '53> - ™>< oilier : Emplofc partic„.ier5 deS f„rmes conjojntes ^ * Ell« serven. de compos de 1'adjecuf attribut du sujet ■ WMff (comp. : * A mon maw) ^ J Elles correspondent a des compiaments nominaux p^des d'une autre prepo- — La preposition strait pour (dans ce cas I« m™ ■ Plement d'attribution : cf 8 277 REm 21 , grammairlens Pwlent souvent de com- appanemen,. La societe (itft 6j& ^L^! 1 ^ ,T " VOÜS " " *^ une momre. voir J 285 / (ZOLA- ^ ™>- ^ ^bigu j A LW * S 647] PRONOMS PERSONNELS 987 Ex. Imera.res (cemius paraissant incompréhenables á 1'usager moyen), 11 H nom de personne ; Cetie musique ne ^arrive pas (kob.). - La pemeprisonniěre [„.] s-inquiétai, davantage de Melek et de Zevneb Reussiraient-elles a UUr amver. malgre Vheure tardive ? (Lon, Désencbamées. 111.) c) Elles tiennent lieu d'un determinant possessif attache au nom sujet ou com-pie ment. II s'agit ordinairement d'un nom désignant une partie du corps (cf. ) 591, a): Le eaur LUI (erno/e.(, p. 13), — ion mu/fe enorme LLT relombait sur la poilrine (Flaub So/ II) Cela se trouve měme parfois dans des cas ou le pronom devraii régulicrement avoir la forme de1 objei d.rect: Frederic senlit auelau'un lui toucher a Věpaule {Flaub.. Éduc 1 4) TUěd ongmale porta,.le toucher. ] - ^^„7^,^,,^ LUJ &y,w4 f***^ ^ «. 15). - Aousttn [.„] , eff vinl LUI Kg* ™r /'^^ (Chátealbriant Brííw VI - C est un cro.semem de ... luj toucher Vépaule e. de ... le toucher á lepauie. ~ Ex régulier • A le frappai sur lépaule. souriant déjá á demi (Gracq, «m»« As $tft, p 40) Ouand le nom ne designe pas une partie du corps, I'emploi du pronom personnel n'appartient lONESto, Rhinoceros, p. 64). - Cest une facon de parler trés eourante dans le Midi : >l* chien """"*;/,s fe/*™p^ - °tm S-entéve le chapeuu (H. ChaRRIERE, Papillon p. 474), — Voir aussi S 749, Rem, 3. 4 Elles tiennent lieu, dans la langue familiére, du regime de certames prepositions (lesquelles sont employees de facon absolue). Apris: 11 lui court aprés (que Lirtre accepts s.v. aprěs. 4°, mais que PAcad. 1986 trouve 2 A , P:mCuJlí:rtraen, r™1uent: les ^rivains qui Pemploient ne le metien, pas necessaire-m n, dansbouche de leurs personnage, : Le chambellan de sen-ice W courut aprés pour lui *" t] o» de minui,, p. ||S) - 2. Lorsque 1'attribut aft'ecte la f„™. ' ta-qu'il a uxte va)eur pJus ou moins™.m préposinonnal fe, surtom (au lieu £V/e etr en grand Jmii' Mai. o On troiive ménle d "T" 6- p-=t.te eorrtsp), SíS,est et nord de * 5SSS52 fai__u r , ■ S , . . u-Muiiinoi (ftREC, Vie mode demploi. p, 287). — n avail soufort ZŽI ísííä5 ffi ^ ^1 e' * - l^Ľr Mulati *J Attribut. fc represenle un nom comportant ľanJele indefini „ partitif *// en a exlgé un homme. d) Complement ďun adjectif attribut ; Elte est jolte et elle en est consciente. ^Complement de pronom {numeral ou indéfini) sujet ree,, attribut ou objet Et s Íl n en reste qu'un, je seral celui-lá ! (Hugo Cháiim Vtl tól n tears; 11 s ex présenla un (LrrTRÉ) o* ľľ j! T J ~ °" """•9™" * ř*^ íu«-«nj (ag i On Z ~ í iW0Kr/řH,te V- vous avez. donnez-m^s quel- lain P X ~PaZ ľ T "T" * "* ** ^ (Mo^herlant. ^ * Znie t p_263ľ "r"""' ** " 9** Oe Hmel- Ä2Í dS eľ™ ' P' !73>- " A remalqUer aUSS' ''"Passion En voiid un qui. lieu dľl TLtmo i n°™*1 ^ ^ «VM aprés le pronom an Z£ LiS X ?Ue'?Ueí-U™ DE CÉS FRU1TS- - complement nominal es, redondan, Parfbis, en peut manquer: voir g 712, * 1= et Rem., ainsi que f 695, * 2» et/ 3». J) QuandJ'agent d'un infinitíf objet direct est introduií par de (§ 873, b ľ) il peut ětrc représenté par en : ces ŠSSS^ r0,BU<;" * CO/°"e' " S^faÍSaÍ1 Äfc^ Äto- Remarque. - Sur la formule '©ttibtí/W Jera/ ^ vob. s 9o2> fl j*; S 653] PRONOMS PERSONNELS 995 (52 Functions de >\ aj Compldment d'objet indirect d'un verbe. Y correspond a un syntagme nominal introduit par ä : Le vase oü meurt cette verveine / D'un coup deventail fut file ; / [...] / a/-y fOHCnei pas, il est brise (SULLY PrudhomME, Slarrcej et poemes, Vase brise). — Volcl une lettre, vous y repondrez. Le mal est grave . peut-on Y reme-dier? — Voir aussi § 653, c, 2°. b) Compliment adverbial d'un verbe. Y correspond ä des syntagmes nominaux introduits par diverses prepositions, la preposition n'etant pas necessairemem presente aupres du nom antecedent (cf. S 653, i). JJ s*agit ordinaire-mcnt de lieu : Quelle grande maison '. on y vir a l'aise. — II a un beau jardin; il y ctt//i've des legumes. —J'ai Visite [..,] une ecole instaltee ä cinq cents metres des trancbees [...]. Un caporal V enseignait la botanique (Saint Exupery, Terre des hommes, p, 210). — La table etait grise de poussiere. iV y icrivii son nom avec i'index. — Voir aussi § 653, b. Par analogic avec des complements de lieu, la preposition sous-jacente etant sur ou dans : Ce tont lä des reflexions que le lecteur n'aime pas faire. Permettez-moi d'v imister cependant (Ber-nanos, France contre les robots, p. 85). — Pour ce qui est de mon silence, tu peux v compter (Sartre, Le diable et le hon Dieu, III, I}. - f>ortrf un de mes camarades est dans tajoie ou duns te deuil.j'v suis aussi (JaMmes. cit Le Bidois, $j 310). [On trouvc parfois le: § 245, b, 4°, Rem.] — Voir aussi l'ex. de Mauriac au S 653, c. 2". — Rcpresenter par v des expressions abstraktes avec la preposition en paraft surtoul litteraire : On mit en accusation Barbis et ce vieil imbecile de Counois [...]; bien des gens voulaient y mettre aussi Louis Blanc (TocquEville, Souvenirs, p. 198). — Je vivais en paix. du mains. J'\ semis morte (BernaNOS, Journal dun eure de camp, PL, p. 1160). [Meme substitution : Vigny. Poemes ant. et mod.. Prison.] — Ses cheveux herisses lui donnaient facitement fair de quelquun qui va se mettre en colere. II iV meffeif. d'ailteurs. assez soui-eiit (Mariin du G., Thib.. PL, l n, p. 29). Ex. pop. : °Voulez-vous parier qu 'eile couche avec cette vipere de Fauchery ?,.. Je vous dls quelle Y couche (Zola, Nana, VI), — Pour l'ex. suivant, l'auteur avail pcul-etre l'exprcssion jouer ä la poupee dans l'espril : Ve ne me sens pas tres d l'aise avec eile [ = une poupee]. [...] Je n 'ai presque jamais envie d\jouer (N. Sarralie, Enfance. p. 49), Hlit, — Ex. classique : Mascarille. Demeurez en repos. / Lalie. Otry, va, je mV tiendrai (Mol., Etourdi, IV, 6). — Voir aussi S 653, c. 2°, Hist, c) Complement d'un adjectif attribut. Y est place devant le verbe copule : La defiance ? Je n \ suis pas enclln. 11 est plus rare (sauf dans y compris) que y soit place immediatement devant un adjectif ou un panieipe pass6: Circonslances y relatives (Code civil, art. 81), etc. Cf. § 638, b, 4°. d) Attribut: cf. § 648, b, Rem. 2. Remarque. — Dans le sud de la Bourgogne, dans les regions de Lyon et de Grenoble, y se •lit pour le neutre : Elle refiisa de danser en disanl. avec l'accent des Maranges [Saone-et-Loire] : J'Y sais pas ! Et j\ saurai jamais ! (H. Vincenot, Billebaude. p. 306.) — Voir Tuailton, Kegionalismes du fr. parle ä Vourey, pp. 1-2 et 368. L' antecedent de en et de y, a) Ce peut etre un adverbe de lieu : Viem-ildela? Out. it EN vient. - Sors-tu d'ici ? Out. /en sors. - N'allez pas la, it y fair trap chaud (Ac). - Va-t-ii partoul ? Out. 11 y va. - Est-il ici ? Out. il y „, En tnclut la preposition de. Mais elle n'aecompagne pas nccessairement I'antecedent: Enlre *cr rvont j tn vienS. 996 LE PRONOM [§ 653 b) Ce peut Ětre tin nom (ou un pronom) ou un syntagme nominal indi-quant un lieu : J J"'™ *" £ CUife ' ? " faU ^ Chmd - Tu **• * «tó (o" * chez Pierre) 7 m rcvtensaussi. - La notron de lieu doit parfois etre prise dans un sens large ■ , «Q ft La préposmon .mpl.quee par , et en nest pas necessairement presenle dans I Wecédent soi, que ceim-c, sou const™, sans preposition, sort qU'„ ait unc W^SS^UmT^Z rrJ,, 77, V;ntIJOWe"" I~J J "<""" * fa-jhtt-* JB v m^-Www Z (Coo teau, TSoma.v I imposteur. I.P., p. 16). cj Ce peut etre un syntagme nominal n'indiquant pas le lieu. 1° Le plus souvent, en et y designem des choses ou des animaux : *p « iettre et % a^-vous répondu , _ ^ ^ jj ^ y JJJ ^J™ W Cependant, ÍI n'est pas rare que la laugue littéraire emploie lui. leur, a lui. á iS££< °U 5 aU 'ieU dC > 61 de á P«#* danimau" et de choses (meme s',1 n>y a pas de person mrkat ion ni de risque^equivoque} / ,/d'elles (Larbaltd, F*™™ Mfr^ XVI>. - Cesjournées de Corona. qu £ « /all,-e „ fc^ „ ■ ^ Beno J ^ ~ * ijaioux, ^"ft I). - /W flmomř to seetm&v du volant [.,.], ,y, trampo„„t; : .... dt: v^rt ;;r ra lui c— —Sk^S ffi 65)' ^ í^**** ou ^ ťtóíl vraimen, pus u„ grand ihiátre le r a™«^™alí eníťnlíu ^ de MM (chamson, ^ M la/leur.p. 279) mJSS£, S 'i'6 fc"r ^ n0nTlal' mĚme á pr°P°s ďanimaux ■ choses, ™ S rrv *a ^r1- ^"cHřr - ™u( * lel'r dnh 1« m^tii , f "Ppret). — Je peux b,en avouer ces iarmes-lá : je dolx te »»""««■ de ma vie (DuHAMEj., C™/eIS<()n de minuii. p. 53) ^ ^aTeTlTLZorT, " ^ * ^ '"téralr" : ^ * — -Dan'"? ^ °" Y dm"e °- R0STAM' biolagisie. p. 114,. ífc / ™f niíe t/e Peg,,,, r. Rolland, PťS[ív t n „ 15gi r> „, VZJ . , f ^ l! J V Dře7e«. [ 1 (R hn,,.,,, j , V ' P' ~ L <*l pourqum la tangue iilleraire ^prefere [...] (r. L, B.oo.s, dans ]c M.ude. 14 dec. 1964). - L'equivalcn. ordinaire serait a 2° £n et y désignent moins souvent des personnel m tou lXlTg*Ť qtd i] a ^valeur ?mitive f*řdes ?" ™" »> ? b» « DanÍd-auT " EC ™"' °n di': " 'efU' iV,a"'0 D'WI(- el * « cAacun. ami Till "'J T^. rtqUem qU'á '''W Classi[",e : «• d abort „es doulourease. Mat, irois/ais la semaiae elie en recoil une lei.re (Flalb . Tr. con- ZlÍ7.l2%7 ~ "VaÍt iS ^ de de "™ ****** S emendre auiL 1 I' , T'"™' ~ S ^ ^ " moi **** ^ rol e, medeci*. qu, en apprache tous les jours, je pourrais [...] (Gide, Saul. Ill, 2). - Je a obwais jamais deux % 653) PRONOMS PERSONNELS 997 [ = des coiffeurs] la coupe ni les soins que /EN demandais (DuKAMEL, Pierre d'Horeb. p. 119). Pascal plaisail peut-étre á quelques femmes. it en ětait admire (MauRiaC, Bl. Pascal, p. 121). On emploie plus souvent de lui. d 'eux. d ette, d 'elles. sauf quand cela entratnerait unc repetition du pronom : // [ = 1'éléve] ne pouvait pas nous empécher de Sanger á lui etďENparier (Hermant, Xavier, p. 126). — Pour les cas oil en est en concurrence avec le possessif, voir § Í9I, b. En peut avoir pour antecedent un pronom de la ]" et de la 2C personne seulement quand celnici est precede d'une preposition: Ne parlous pas de mot, veux-tu 7 1 — Mais si. parions-EH (BoURGET, cit. Sandfeld, 1.1, p. 142). — On ne dira pas : *Je crains que mafemme ne jfcN séparé pour ... ne se séparé de moi. _ Y s'emploie réguliércment comme objet indirect quand les pronoms conjoints objets indi- rects sont exclus (cf. § 638, ft. 2" et 3°): Cest un homme equivoque, ne vous y fiez pas (AC). ___Certains ecrivains. on prend plus de plaisir á y songer qu a les retire (j. Rostand, Pensées ďun biolog., p. 165). — Mais on peut dire avec la preposition et le pronom disjoint: Ne vous fiez pas A Lin. — Les deun constructions se suivent dans cet ex. : Vous vous intéressez A lui ? Je ne m'\ intéresse pas (AugiER, Effrontěs, II, 10). Dans une grande partie de la France, ainsi qu'en Suisse et au Canada, le langage populaire emploie y comme objet second ( = lui. plus rarement leur) ;'. propos de persoimes. Les ecrivains font souvent parlcr ainsi teurs personnages du peuple: J'y [ = pour sa femme] achetai des bonnets, des robes (MaUPaSS., C, Fermier). — Tu viens ? j"V dis [ - lui dis-je] (GlONO, Un de Bau-mugnes, 11). — J'ai jamais compris qu'on pouvait apporter de ťencens á un enfant nouveilemem-né pour v {aire un present (A. MaHAET, Sagouine. p, 69). — Měme intention chez péguy : Elle se sauvait comme une pauvre vieille bonne femme toute seule. [...] On aurail eu envie d\prěter des enfants {Mystére de la char, de J. d'Arc. p. 38). N.B. Y et en s'emploient tout naturellement quand 1'amécédenl désignant une personne est precede d'une preposition de lieu : Vas-tu chez la sotur? Oui. j'y vais ou Non.j'ES viens. — Par analogie : if >■ a des milliers d'enfants comme celui-lá, tu n \ arrétes méme pas ta pensée (MaU-riac, Agneau, p. 85). Comp. § 652, b el I'Hisl. ci-dessous. Hist. — En et y se rapportaient autrefois h des personnes bicn plus librement qu'ils ne font dans I'usage modeme (il ne s'agit pas toujours d'objets indirects): + Marius bttllit (...) les Teutons, tes Cimbres [...). Les victuiret qu 'il en remparta (..-] (Boss.. Disc, hist- unlv.. I, s). - * images de Dieu, was t-n mure- findépetohnce (tD., Or. fan.. Le Tellier), — San Ěpma en ( » (te u femme] cnerclioii le corps (La F., F.. Ill, 16). — + £jtte peu de Camitle ? Y joignez-wus ma sour ? (Corn., Her., 11, 6.) — + /li ojií trompe le diabli Ů force de.i'y abandonner (Pascal, Prav.. IV}. — * Ken ne me pent dtstraire lie penser á vous: y'Y rapporte toutes chases (SŮV.. 20 mars 1680). — 4 L'on me dil tant de mat de cet homme el j'y en vois Jí pen (La Bs... VIII, It). — Je romps arecque vous. eí/y romps paw jamais (Mor... Dip. am.. IV, 3). — [.„] + de gagner le mat de lit reine en continuant de caucher avec elle, et poussérenl jusqu 'á ťinqaiiler ďY[- avec manger (S.-SlMOiN. Mém . PI., t. III. p. 1114). — + On se fail an plaisir de vivre avec eux [ •= lea corocdiensl et on ne veut pas y f = avec eux] etre eníerré (Volt.. Corresp.. IB juillet ]762). — Je me brouitlerais avec elle, je vous y brouitierais vons-méme (Masiv.. Legs. IV). — Comp. cepeudatlt § 652, b. Remarque. — Un autre trail populaire relevé par les ecrivains dans leurs dialogues consiste 4 ajouter a leur (ou plutól a °leurs. avec [z]: 5 635, d. 4") un y redondanl: Je LElíX y dirai la chose, histoire de lire (Balzac. Birotteau. XIII). — // LEUR z'y a dil ousqu'etail noire cabane (Pergaud, Guerre des houtiins. Ill, 7). — Aux pouiets [ ~ poticiers] lil pouirais toujours leur-z-y expliquer (J. Genet, Quereile de Brest, p. 149). d) Ce peut etre un verbe, une phrase, etc. Je ne feral pas ce voyage, je n *en ai pas la force. — Je voulais vous apporter ce livre, je n *Y ai plus songe. On observers qu'en rempiacant en par le merabre de phrase qui convienl, on n'obtient pas necessaiiemem l'antecedent tel qu'il a et£ exprimd d'abord. On traite parfois comme un complement de lieu (cf, b) 1'infiniiif de bui dependant d'un verbe de mouvemenl {cf. 5 878, d, 2" et Rem. I): Elle se hdta d'envoyer ses filles coucher, puis elle 998 LE PRONOM [§ 653 654 ^""fa d i'homme jaune la permhsion d\envoyer aussi Cwetle (^ t[ m S) _ «[...] atlons nous coucher*. Et il v olhit (A, Daudet, cit. Sandfeld, I. Ill, p. 150).' En etyant une valeur imprecise dans un grand nombre d'expressions : 5 -m ijgfe a 'm m*, , en w™™^ (pour c« troi3 verbes, voir g 6S6| tJ> m wulgjr . sen prendre a qq„ (cf. a"), „ ,„ w en coite< , .„ „,/fl., eB . ■ s enreferer a qqn ou „. cA, (et Ac.,, ne ^ en mener ^ f ^ ^ . ^ ^ ^ £ en itre. ,1 en est (ainsi. de mime, aulrement. etc.), en jinir. en avoir assez. e'en est trap il en a menu, en prendre d son aise. en user avec qqn. en croire qqn. , 'en tirer. s 'en /aire, en (aire de mime enfatre a sa tile, n'en rien faire. n'en pas finir. sen tenir a. en user mat avec qqn Us en faut de beaueoup ; ~ it y a, il y va de Vhonneur. it n 'y parait pas. n y voir goutte Zu\ n y etes pas. y regarder a deux fois. il s'y prend mal, etc. Hist. - // a pour il y a se trouve encore sporadic mem au XVII= s.: + // a Songtemps (Vot-tltre, cit. Haase, p. 24, qui cite aussi Guez de Balzac et Pascal). — La F qui aime ]'ar chalsme, ecrit meme sans il.- N'a pas long-temps (C. Cocu, baltu et content). Comp naguere ( = na guere). - Au XVUP s., ce doi, etre un lapsus : Cel Hal seroit un des plus miserableiqu U cut eu au Monde (Montesq., L. pers., CVI). Quelques expressions demandent des commentaires particuliers. fa agir, a condamnc par Racine et Bouhours, 1'est juslemem, dit Littre (Suppl., | v agir Kern. 1); car on ne pent pas dire agir de. tandis qu'on dit user de. ce qui Justine en user » -Sans dome on peut preferer agir (Proust, Rech., t. 11, p. 183). — A comparer avec ; La douairiěre ne revenail pas de ce que les cloches portassent jusqu'iei (ib.. p. 822), seule construction signalée par I'Acad. 656 Agglutination et semi-agglutination de en. a) Le pronom en est agglutiné au verbe dans enlever. emrainer. empörter, emmener el dans les pronominaux s 'enfulr, s 'envoler, s 'ensuivre 11 reste done attache au verbe dans toute la conjugaison, méme ä I'impcratif (comraircmenl a ce qui est décrii au s 658, b): 11 s'est f.NVOi.é. Enfuis-íoi vrre. Je l'ai EmmKNEE au cinema. — II avail célébrě [■■■] le succěs d'un eamarade en ses examens, et les libations s 'ětaient ensuivies sans mesure (Henrsot, Aricie Brun. Ill, i). Une autre consequence est que Ton ne considére pas comme un pleonasme de joindre á ces verbes un complement introduit par de. ou meme un second en representant un tel complement: La joie / S'enfuit de ton front lerrassě (Baudel., Ft. du m.. Madrigal Irisle). — S'enfuir de la prison (Ac). — La poussiere blonde s'envolait de son ouiil (Flalb., Af™ Bov., Ill, 7). — De toul cela. il ne s'ensuit pas que je doive accepter voire amour aussi vile qu'il est ně (Gautier. Jean et Jeannelte. VII). — DE ce que M. Vinteuil connaissait peut-etre i'inconduite de sa ßlle, il ne s 'ensuit pas que son culte pour elle en eůi étě diminuě (Proust, Rech., t. 1. p. 148). — On la enleté de .ja maison (Ac). — Comme si /La ftévre d ieurs talons les empartait o'ici (Müsset, Prem. poés. Marrons du feu, III). St vous laissez la cage ouvene. loiseau s en enfuira (l)ttre, s.v. ensuivre, Rem. I). [Mais s.v. enfuir. il considére //jen sont enfuis comme une u grosse taute ».] — Comme si le honheitr [...] avail pu s en envoler (Flaub., Educ., 11, 6). — (,,.] pose peile ei pincette sur le papier /Jam-bani pour empěcher la eendre de sen envoler [Henhiot, cit. Robert). — Mon imagination [...] concut tout le drame et méme ce qui s en ensuivrait (LacRetelle, Sitbermann, IV). — // est per-mis d 'éviter aujourd 'hui, lors des transfusions de sang, les accidents qui jadis s en ensuivaient sifréquemmeni (J Rostand, dans le Figaro litt., 17 nov. 1951), — La politique ěconomique ne pouvail munqtier d'etre affcctée [...] par une grěve qui a immobilise neuf millions de travailleuis pendant plus d'un mots, par les rajustements de salaires ei de traiiemenls qui s en sont ensuivis (Fr. Mitterrand, dans le Monde, séleclion hebdom., 21-27 nov. 1968). — Autres ex. du type sen ensuivre : Billy, uans le Figaro lilt., 17 dec. 1949 : — du type j'en est ensuivi: Henriot. 88 1002 LE PRONOM [5 65G dans le Monde. 17 nov, 1948 ; Hériat, Enfanis gates, VII, 2 ; P.-H. Simon, Hist, de ta litt, fr. au JCV s., I. II, p. 145. — Voir aussi Hist, 4. Dans le verbe s'ensuivre, i I n'csl pas rare*1 que ľ on separc en du verbe, notamment pour évi-ter le plconasme en question. Cela est blämé par plus d'un grammairien, notamment par Liuré et A, Hermant, qui pourtant manquent eux-memes á la regle qu'ils énoncent: II s'EN est survi quelques propos un peu vifs (VtGNY, Cinq-Mars, XIV). — 11 s'EN est SU1VI inevilablemenl que demi n a ptus eu d'empioi au feminin que ptače aprés le nam (littré. SuppL, s.v. demi. Rem. 5). — 11 ne S'en suivrait nullement que sur ces spheres d'aspect lerrestre, régnerait un etre d'appa-rencc humaine (Maeterunck, Grande fierie, p. 166). — Et je sais trop ce qui s'en serait Sum si je n'étais á temps intervenu (Hermant. Daniel, p. 147). — Concile de Latran, en 1215, déve-ioppement des techniques de confession qui s'EN est SUIvl O^OUCAULT, Hist, de la sexualite, t. I, p. 78). — Un verbiage oiseux, partiel et méchanl s'en peut suivre el parfois s'ensuil (G. Guil-laume, dans le Fr. mod., janv. 1960, p. 47). [Rem. le double proeédé.] Auln-s ck. du lypc s en suivre ; H. de RiUNliii, Flambte, Epil. . FARaf&E, Chef, p. 87 ; A. SujJiís. tVj sur {'Europe, p. 183 ; A. BosouET. Bonnes intentions, p. 6fi; ■-■ du type s'en est suivi: Sand, Mauprat. XXVIII ; S.-Beuve, lettre publiée dans la Revue d'ktK litt de la Fr. juillcl-aoůl 1978. p. 627 : Zola. Běle hum., t ; FAGirKT, En lisanl Mol., p. 277; J LKMulTHE, Impression*. Je theatre. I. I. p. 136; Martin du G.. Thih.. PI., t. ], p. 915 ; A. MkiujíT. Préf. de : Bloch-Wartburg, Dier. élym. [Voir dějů MakIV.. Paysan parv., p. 127 . Behn. [>i Satnt-P., Paul et Virg.. p, 223.] Certains préférent employer suivre: Le negre [...] est fait pour servir aux grandes choses vou-lues et concwes par le blane. II ne suit pas de lá que cel abominable esciavage américain jut legitime (Renan, Dialogues el fragm. philos., p. xvri}. — De ce que cent piques peuvent valncre de mauvais ntousqttets, it ne suit pas que cent fusils de chasse puissent vaincre un bon avion (Malraux, Espoir, PI., p. 529). [Dej& au XVIIIs s.: Monteso , L pers.. CVI; Turcot, Etymologie, p. 4; J.-I. ROUSS., Réver.. IV.} Remarques. — 1. "S'encourir {ou s'en courir) est aujourd'hui (cf. Hist.) surtoul un régiona-lisme (Belgique. Normandie, Bretagne, Saintonge, Berry, Périgc-rd, Provence): Ce netaient que [...] des ombres de ßammes qui s en étaienl COURU [sic] brůler ailleurs (proust, Les plaisirs et les jours, p. 189), — Elle a poussé un cri. arrachě ses mains ei s'est enjuie, el s'est EnC.Ourll, laissant ses vétements en désordre (Segalen, Fils du ciel. 1975, p. !44). — Je sautai á terre et mENCOURUS wrs ia maison sinislre (allais, Allais...gremenl, l.P., p. 97). — Fuis il hondil á 1 ombre des arbres, s tNCOLTRUT eomnte un tiěvre (D. Roun, Marais, I, 2). — « M™ Jeanne, vile ! u Elle s ENCOURUT aussitůt, laissant lá son repassage en train (CESBRON, Mais moi je vous aimak, p. 238). — Autres ex.: Chat., Essai aur les révol.. cit. Brunot, Hist, t. X, p. 791 ; Sand. Pet. Fädelte. V; Barbey d'Aur., Prětre marié, PL, p. 1110; A. Daudet, Petit Chose, II, 16 : Eug, Le Roy, Jacquou le croquant. LP., p. 61 ; Chateau br t ant, M. des Lourdines, 1; La VareNDE, Homme aux gants de toile. 1, 7 : P.-H. StMON, Les hommes ne veulent pas mourir. p. 164; G, Esnault, dans Romania, 1951, p. 297. On a aussi "s'ensauver en fr. populairc (disparu á Paris 7), ďaprés s'enfuir ; Ma mere avail de I intelligence, mats pas de conduite. Elle s'est ensauvée un jour avec un chef de la Garde [dit un mendiant] (BernanOs, Imposture. PI., p. 455). — Tout le lait [...] s'ensauve dans les ckarbons [dit un serviteur] (ValERY, tt Moil Faust», PL, p. 352). — La gamine hi a chipe un billet el i est ensauvée [dit unc psysaruic] (H, Bazin, Cri de la chouette. p. 79). — Aulres ex. Musset, Piem poés., Marrens du feu, III; Sáno, Pet. Fadette. XIII; BarbEY d'Aur., Ensorce-lie. PL, p. 762; Zola, Argem, [II; P. Aréne. Damnine. III : Maupass.. C, Ventc ; PerOAUD, Guerre des boulons. 1, 4 ; Martin du C, Gonfle, II, I ; Genevoix, Raboliot, p, 102 ; CenDRARS. cit. Robert; B. Cla vel, Saison des loups. p. 83 ; etc "S'engaloper parait avoir été forge par Eug. Le Roy, sur le modele de s'encourir: Je le [ " un licvre] ramassai et wťENGALOPA] chez nous (Jacquou le cmquanl. L.P.. p. 107). 6. Martinon écrii (p. 294. note 1). non sans quelque exagéralion : « On ne dit plus il s 'en est ensuivi, mais plulol. malgré I'incorrection certainc. il s'en est suivi. » % 656] PRONOMS PERSONNELS 1003 2. En s'est agglutiné ä vouloir dans le fr. populairc du Centre, ďoú ľemploi pléonastique du pronom : "Force que j'ai braconné sur eux, its mÉN envoulent ä ma perdition. Maintenanl, au mains, its mtN envoudront pour quelque chose {Genevoix, Raboliot. Ill, I). b) Dans les verbes s'en alter, s'en retourner, s'en venir (vieilli en fr. commun), s'en reveniren a perdu sa valeur premiere comme le montrent les phrases oil il fait double emploi avec un complement introduit par de : Allez-vous-ek D'ici (Ac), — Pa-r EN o'ici {Bible de Maredsous, Amos, VII, 12). — Du fond de ťétendue i Sen venait quelque couple (Verhaeren, Heures du soir, II). — Les enjants qui s'en revenaienl oe la classe (Flalb., M™ Hov., II, 14). — Je 1 ai rencontre au moment ou il s "eh revenait OU marché (Diet, contemp.). Mais !e figement n'est pas complet. 1) La succession des deux en est impossible ; *Je ottN en ™ú (voir cependanl plus loin), *Je m "en en retourne. — 2) On dit á I'imperfltif : Va-I en. Altons-nous-EX. Allez-vous-FX. Retour-nei-ioiii-en. — Viens-t'EX, ma petiole ! (ChÁteaubriant, M. des Lourdines. II, 4.) — [Comp. : Enfuis-toi] — 3) Aux temps composes, en est séparé du participe passé : // jen est RETOURNE, II i en est VENU (el non : *U s 'est EN retourne, *fl s 'est en venu). "Enviens-t'en, °Elle s'est envenue s'entendenl dans le ft. de la region franco-provencale : cf. G. Tuaillon, dans Vingt-cinq communautés linguist, de la Fr. sous la direction de G. Vernes, p. 295. Cependatit, pour le verbe s'en alter, s'il reste normal de dire // s en est allě, on trouve fort souvent dans la langue littéraire, depuis le XVII1 s, (cf. Hist.), malgré les blames des grammairiens, // s'est en ailé (sur le modele de // s'est enfui), parfois méme avec un second en. Type II s'en est allě : Ma bonne aventuriére j'en était allée (Chat., Mém.. I, X, I). — Ou done s en som allés mes jours évanouis ? (hugo. Contempt.. V, 13.) — La dauleur j'en era/f allée (Maupass., Sur I'eau, p. 136). — Elte ííN était allée (R. Rolland. Jean-Chr., t. Ill, p. 151), — Elte jen řjř allée toule trisle (Rob. method.). Type // s 'est en allé . // s 'est en al1.é avec une ére entiére du monde (Chat.. Mém., IV, x. 9). — Dieu '. comme U se sera brusquement en allě I (Hugo, Le roi s am.. V, 3.) — J7 se serait peut-éire en ALLÉ (FlaUB., Sal.. XID). — Quand le docieur se jut en allě (A. Daudet. Jack, L I, p. 222). — Le genlilhomme {...\ s 'était á coup sur EN allé (Gautier. Partie carrée. VI). — // ne S'est pas EN aIXÉ (ClaUDEL, EmmaiUs, p. 238). — lis se sani en alLÉS (Bosco, Rameau de la nuit. p. 176). — Autres ex.: ViGNY, lettre citée dans la Revue d'hisl. liti. de ia Fr., janv.-févr. 1979, p. 102 ; Nerval, illumines. pl, p. 955 ; Sand, Mare au d.. XIII: Zola, Madel. Feral, I; VallĚS. Enfant, XXII; BouRUĚT, Ětape. p. 147; Boylesve, Sainte-Marie-des-Fleurs, p. 96; J. Lemaitre, Depute Leveau, 1, 3 ; L. Daudet, Jour d'orage, p. 253 ; J, el J. TharaUD, Noire cher Péguy, 1. I, p. 115; GENEVOIX, Maroheloup. HI, 1 : etc. Type "II s 'en est en allé: Qu 'aurai-je regrellé ? Peut-étre la douleur. I [...] qui s tN est en allée (JamMES, Cloiriéres dans le ciel, p. 127), — Alors je m en suis en aixée (La Varende, Centaure de Dieu. p. 298). De méme, alors que *en retourne, *en venu ne s'emploient pas non plus sans auxtliaire, en allé comme épithéte ou attribul (comp. envolé, enfitietc.) est assez frequent et passe méme pour une elegance poétique; 7. Dans d'autres verbes pronominaux, la construction avec en n'est qu'une realisation particu-lierc du complement : Je m 'iloigne de l'OBStaCle -» Je m en eloigne. — En garde ici sa pleine valeur. 8. cTnjuivi est cxceptionnel : La procedure du droit de reponse a la television sera uliiisee, [...] ENSuiviE dun debat (GtsCARD d'EstaINO, interviewe dans le Monde. 20 avril 1979), 1004 LE PRONOM [5 656 Les bleus [...] ne trouveraient plus personne {..,] el vous croiraienl en alles enfumée (Hugo Quatrevingt-tr.. Ill, [v, 12). Une ante EN allee (Verl., Jadis et nag.. Art poet) - Le soleil des beaux jours en alles (s amain, Chariot dor. p. 102). - Nous ecoutons. /esprit et les regards en alles (Dorgeles. Croix de bots. VI). - Son epaute sentit le froid de cette tete en allee (Genevodí, Raboliot. p. 61). — Je me souviens des heures en allées (Gide, Nourrit terrestres el nouv. nourr., p. 174). - U n 'avail jamais lair de rien voir, toujour, en alle au cceur de I'ab-solue bonti (M, DuRAS, Douleur. p. 48). - Elle songe avec douceur á la patronne en allée [ = morte] (D. Bqul anger. Nacelle, p. 144). - Autres ex.: j. Rjchepin, Chemineau, V 5 ■ Bourget, Danseur mondain, p. 55 ; Peguy, Morceaux choisis. Poesie, p. 8; Verhaeren Ä la vie qui seloigne. p. 14: Proust, Rech, t. Ill, p, 426; R. BazIN. dans la Mode illustree. 9 mars 1890, p. 79 ; Jammes, Georgiques ehret., VI; Montherlant, Songe. XVIII; Jouhandeau, Cha-mmadour. p. 414 ; P.-H. Simon, dans le Monde, selection hebdom., 11-17 juillet 1968 ; etc. Remarque. - "Se rentourner pour sen retoumer (avec en agglutiné entre le prefixe re- et le verbe) est du fr. pop. de plusieurs provinces de France el du Canada : °Tu le renTournís Ravanat ? (Frison-Roche, Premier de cardie. I, 5,) — 'Je me renvois (pour Je m en revais. cf Hist. 1) est aussi un regionalisme pop. assez repandu. Hist, - 1. L'anc. fr. employail un grand nombre de verbes de mouvement avec s'en : quel-ques-uns ont survécu jusqu'á nos jours ; d'autres oni élé courants jusqu'au XVI5 ou jusqu'ai, XVII* s.: De Rome s'En issi [Chevaterie Ogier, 2609). - Trotter m'en fault enfmte (Villon Test., 953). — S'en partit de la court et vint en sa maison (N. de Troyes, Grand parangon de, nouvelles nouvelies. XXVI). - Luy [...] s'en wonta legieremen, par les degreti (Marc, de Navarre, Hept.. XXVII). - Elles s'en revont a pied (Fr. de sales. Introd. á la vie dév, i 5). — II telaisse au Roy Jean et s'en court au Roy Charles (Regnier, Sat.. XI). — Le pauvn homme / S'en courut chei celuy qu'il ne réveilloit plus (La F., F., VIII, 2). Certaines survivances appartiennent aujourd'hui aux pariers regionaux : Ne t'en Reva point (De Coster, Ulenspiegel, EV, 3). - Pour s 'encourir, voir ci -dessus. - S 'en partir, chez PÉGLY est dans un passage transpose de Joinviile : // attend que les deux fréres s'en soient partis (Mar. des saints Innoc.. p. 85). — Formation occasionnelle ďaprés s 'en retoumer: It y a de fortes chances pour que cette fillette [...] s'en repaRte comme elle est venue (P. Benoit Toison dor p. 218). 2. Le pronom en pouvait manquer avec des verbes de cette espece en anc. et moyen fr.: Et Genes se retournat en France (Jean d'Outremeuse, éd. G., 7662). — Les dieia [...) se sont fuiz d icy (A. Sevin, cit, Huguel). — Pour se partir, voir § 310, *, Hist. Cela est exceptional en fr, modeme i Nous serons manges par les hups en NOl's allanT (Sand, Mauprat. IV). — Retournez-vous, ce nest pas la peine de me conduire (ChamSOK. Hammes de la route, L.P., p. 32). 3. Le pronom réíléchi pouvait aussi manquer en anc. et moyen fr.: Ensuyt ľévangitle sainct Luc (J. michel, Passion. 1486). — Dans I'c*. suivant, on peut voir ce pbénomcne, mais c'est plutôt I'annonce de i'emploi d'en alle pris adjectivement (cf. ci-dessus): Iis sont EN alles, Dieu merci, tous les inditjerents qui nous séparoient (Did,, Corresp., 20 oct. 1760). 4. Sensuivre (cf. 5 ci-dessous). emporler. enlever, emmener se sont agglutinés des ľane. fr. Mais la fusion de s'enfuir et de senvoler n'étail pas encore acquise au XVII" s.: La Justice et la Paix [...] / [..,] au ciel s'en sont volees (Recnier, Disc, au roy), — Kiste, fuy t'en (La F.. C, Lunettes). — // s'en ear fuy de chez may (Mol., Pouneaugnac. II, 2). L'emploi de en avec sensuivre est ancien : J'attens ce qu'il sen ensuivra (A. CharTIE*. Belle dame sans mercy, 471). — + Vous etannerez-v-ous [..,] s'il s'en est ensuivi un ckangement si épouvantable ? (Boss., (Euvres oral., t. Ill, p. 224.) Dans sen aller, en n'etait plus compris, des l'anc. fr., comme marquant I'origine, ainsi que le montre le pleonasme : Li marchis s en en ala en son pais (Robert de Clari, VI). Je me suis en alle, blämé déjá par Menage, se trouve chez des auteurs considerables au XV11C el au XVIIľ s„ mais surtout dans des écrits de caractére famílier : It s'est en alle saiisfait de luy mesme (BoiL,, Lettres á Racine. 3 juin 1693). — * Je desire plus mon retour que ceur qui me condamnent de m'eire en ALti (Volt., Corresp., 24 dec. 17JI). S 657] PRONOMS PERSONNELS 1005 5. Wartburg considere sensuivre comme issu du lat insequi, plus exactement du lai. vulg, *insequere. Mais, dans Bloch-Wartburg, le verbe est rangi parmi Ies « derives » de suivre, ce qui est 1'avis de la pluparl des etymologisles. — II y a eu un autre verbe ensuivre. qui, lui. continue sfliement insequi. cf. § 840. Place du pronom conjoint autre que sujet Bibl. — A. De Kok, La place du pronom personnel regime conjoint enfran^ais. Amsterdam, Rodopi, 1985. W7 Le verbe est a un autre mode que I'imperaHf (affirmatif) et 1'infmitif. a) S'il y a un seul pronom conjoint, il se met devant le verbe (devant l'auxiliaire si le verbe est a un temps compose): On le voit. On ne nous verra pas Nous leur obeirons. Qu 'on llt obeisse ! Nous lui wans repondu. Ne Cecoulez pas. En te regardant. Elle en a ri. II y travailie. "en parie jamais. Cette position n'esl pas permise avec le participe passe {'Un livre Hi! destine), sauf si le pronom est v (y compris) Cf. 6. 638, b, 4°. Remarque. — Dans Ies fr. populates ou le ne de la negation a tout a fait disparu (§ 982, b, 2°), on constate une tendance a trailer I'imperatif negatif comme rimperatif affirmatif (§ 658): °jW#£?-vouS pas d'ea ! dit la proprietaire (J.-P. CaRasso, trad, de : t. McEwen, Sarabunde de Fisher, p. 52), [Pour Ne vous m^lez pas.] — °Vas-v pas [dit une petite fille de la campagne] (M. Pons, M1" B.. dans les Temps modemes. fevr. 1973, p. 1356). — Voir aussi Bauchc, p. 109. Cela est particulieremenl frequent au Quebec. b) II y -a plusieurs pronoms conjoints. 1° Groupements interdits. Les pronoms conjoints me, le, se. nous ct vous ne peuvent pas (sauf les pronoms cxpletifs : 5 647, e) se trouver juxtaposes deux a deux, ni se joindre aux pronoms lui et leur. Le pronom objet indireel doit prendre la forme disjointe avec preposition. Tout ceci vaut aussi devant un infinitif. Au lieu de *Tu me lui presenters, on dit: Tu me presenteras a lui. — Ex.: J'ecris au baron de r*" [...] pour vous recommander A lui (B. Constant. Ad., VII). — Le del Jut sans pitie de te donner a moi ! (hugo, Le roi s'am.. V, 4.) — Celui qui osera vous disputer a MOi (Sand, Mauprat, Xlll). — // ni offrit de me presenter a vous (Dumas fils. Fits naturel. I, 3), — Dieu veuille vous garder a nous, ma Mere.' (BernanOS, Dialogues des Carmelites, fl, 4.) — Vous m'avez fail I'honneur de me presenter A lui (Billy, Madame, p. 180). Des manquements a cette regie sont fails dans des formules plaisantes ster6otypees : Je ne Peux pas me dispenser d'y [ = dans le monde] aller: on se m'arrache (BecquE, Corbeaux. I, 11). ~ Elle se t'arrachent (La Varende, Ceeur pensif... p. 276). — Comme si I'on ne sp vous arra-chait pas ! (A. Uchteneerger. le cceur est le meme. p. 139.) — Ex. occasionnel : Chloe avail envie de se taper un gigolo ? C'est-a-dire de se me taper ? (Vailland, Droie de jeu, 11, 3.) Hist. — L'interdiction n'avail pas encore force de loi au XVIir s.: 11 me luy/aur deplaire (Corn., Place roy., I, 4). — Si je ne vous luy vow faire fort ban visage (Mol., Sgan., I). — 11 me lui fit parler au trovers d 'une jalousie (montesq., L. pers , LXV1I). 1006 LE PRONOM [5 657 2° Quand le verbe est precede de deux pronoms personnels objets. Tun direct, Tautre indirect, celui-ci se place le premier. — Toutefois lui et leur font exception ; ils viennent en second. Tu me le dis. Ces fautes, je te les pardonne. Ne me if. répětez pas. — Nous le lui dirons. Qu'on les leur envoie. Ne le lui rěpétez pas. Dans ccrlaines regions du Midi, on a generalise I'ordre objet indirect + objet direct: "II lui LE donne. Hist. — Dans I'ancienne langue, et sporadiquement jusque dans le XVTIC s., on mettait le pronom objet direct avant le pronom objel indirect dans lous les cas : La te vuer/ je doner [ - Je •vein te la donner] (Couronnement de Louis. 64). — Je le te di {Renari, éd. M_, IV, 311). -Je les vous monstre (Froissart, Chron.. iá. K.., t. V, p. 408). — St tu le me conseittes (J. uu Bellay, l II, p. 78). - Comme je le vous dis (MalheríE, t. II, p. 515). — * Sans qu'il soit něcessaire queje le vous die (boss.. (Euvres orat., t. Ill, p. 440), — Ex. isolé au XVIII's.: Cela nempeche qu'on ne le vous montre (Bern, de Saint-P„ Vie et ouvr. de J.-J. Rouss., p. 142). Remarque. — Sur la suppression de le, la. les devant lui ou leur (Je lui donne pour Je le lui donne), voir j 635, e, 1°. 3° Quand un des pronoms est y ou en, il se met en seconde position : // rouš en parlera. Je ne vous em parlerai pas. Ne nous en parlez pas. II nous y a conduits Qu 'il les y contraigne f "H V s'ogii de est incorrect: cf. § 749, Rem. I. Certains linguistes considérent qu'il y a incompaiibililé entre un pronom nj-TOi-le pour dit (m. Temps d aimer, p. 110; Genevoix, Vaincre ä Olympic. 1977, p. 116). — Tewez-vous-LE pour dil est particulieremenl frequent : Nerval, Marquis de Fayolle, II, 8 ] J. Renard, Ecornifieur. XLII: GlDE, Thesee. p, 94 ; MaURIAC, Passage du Malin, p. 62 ; Cocteau, Aigle d deux teles, I, 1 ; AO. s.v. tenir; Rob., s.v. dire, II, 2. Hist. — Es. classique : ' Donnons-NOUS-LE (BOSS., (Euvres oral, 1. Ill, p, 364). Mais 1'ordre inverse semble avoir elk plus frequent. 2° En et y, construits avec un autre pronom conjoint, se placent apres celui-ci ; le, la, ainsi que me et te (qui se substifuent h mot, toi: cf. 1" et a : voir aussi § 44. a. Rem. 3), s'elident phonetiquement et graphiquement. — Sauf lorsqu'il y a elision (et apostrophe), il faut un trait d'union entre le verbe et le pronom et entre les pro-noms. Kq-t'en. Allons-Novs-EN. At!ez-vQU$-EH. — Retirez-LES-EN (Littre s.v. en, Rem. 4). — Owj-m'EN sur ma parole [Müsset, Nouv. poes. Sonnet). — Parlez-lui-en la premiere (zola. Bonheur des D„ VII), — Tenonj-nol's-en lä (CourtelINE, Boubourorbe. II, 4). — Gardez-\QVS-en bien (Balzac, Ittus. perdues, PI., p. 736). — Ccmmande-If*en un (BeaUVOIR, Belles images. F, p. 108). — Mettez-M'EN dix kilogs de chaque (A. Sarrazin. Cavule. 111, 3). — Dites-m'ES davantage sur voire piece (lONESCO, Impromptu de I'Alma, p. 13). — Souviens-l*EH (Hugo, Leg, LX ; Apollin., Ale, Adieu). Menez-IES-Y (LlTTRE, s.v. y). — Tenons-NOUS-Y (COURTELINE, Le commissaire est ban enfant. V). — Prenez-vaus-Y comme Voas voudrez (France, Orme du mail, XI). — Fnii-tn'v penser (Romains. Hammes de h vol., L I, p. 287). — Refugiet'Y (Littre, s.v. tu. Rem. 3), — Laissons-L'Tt en paix (Ch. Brlneau. dans Camhat, 25 avril 1949). — Accompagne-L'Y (P, BE-NOIT, CiL Rob., s.v. y. Rem. 2). Ä part l'imperatif de s 'en aller, ces formes nc sont guere frequentes dans la languc parlee. Parfois, en est place en premiere position, cc qui n'est pas admia par le bon usage : "Felici-ron.T-EN-LE; felk-itons-en-nous (CRmcus, Style au microscope, I. Ill, p. 181). On evite surtoul m y el t'y. Des juges severes acceptent, avec y en tele : Menes-Y-MOl. Con* ßes-Y-JOi. Voir Littre, s.v. y. Rem. 3 (voir aussi I'Hist. ci-dessous). — Mais ces formes elles-m.\qes sont evitees dans I'ecril, sauf dans des tcxtes proches dc la languc Parl6e quotidienne : Mets-toi d leur place a ces deux femmes, mets-Y-JOi un peu (CELINE, Voy. au bout de la null. p. 445). — Quand tu auras chaisi ton genre de clientele, !iens-y toi [sic] (Max Jacob, Lettres avec commentaires, dans ta Nouwlle revue fr, Ier avril 1928, p. 478). — Avec tout ca. je n'ai pas fail mon anglais, a-t-il ajoute, candide. / — Mets-Y toi [sic] tout de suite [dit le pere, qui est professeur] (H. BaZIN, Au nam du fib. Xlll). — La plupart du temps, on choisit unc aulre lournure, par ex. : Je vous prie de.„ etc. L'usage populaire connait la construction : pronom disjoint +y ou en avec un [z] entre les deux pronoms. G. Sand ecrit par badinage : Si done mus n ties pas force de quitter la rue Pigale [sic] avant mon arrivee, aaendez-MOi-7.'f [imprime en italjque] (Corresp, 9 oct, 1841), Hist. — Pour Vaugelas (p. 95), « il faul dire, menez y may, et non pas, menez m y ». CORN., dans sa traduction de Vimilativn, ecrit : * Tiens-\~TOl. ' Prepares-Y-TOi (cf. Litlre, I.e.). — Mais, comme nous I'avons vu, 1'usage n'a pas vraiment ratific ces facons dc s'cxprimer. 3° L'imperatif est accompagne ä la fois de v et dc en. Y precede : Expediez-Y-EN (LtTTRE, s.v. v, Rem. 6). Mais en fait plus personne ne parle ou n'ecrit comme cela. — Le groupe pronom personnel + y + en. recommandc aussi par Littre (ib„ Rem. 7), est sorti de l'usage ! "Äerournez-vous-V-EN. S 659] PRONOMS PERSONNELS 1009 Hist. — Ex. du XVTT s,: Plulon [.,.] As tu faicl quelque figure dans le Monde ? T'y a ton jamais veu ? / [...] I Ostorius. Eh. une fois I Plulon. Retoume t'y en (Boil., Heros de roman. p. 43). — Autres ex. dans Litfre. 653 Le verbe est a 1'infirtUif. La plupart des regies donn^es dans le § 657 s'appliquent au cas ou le verbe est A I'infimtif. Nous devons examiner seulement deux phenomenes particulicrs. a) Si l'infmitif est precede d'un des pronoms indeftnis tout ou rien ou d*un ad verbe (assez, bien, beaucoup, mieux, trop, etc.), le pronom personnel conjoint est place apr£s le pronom indefmi ou Tadverbe dans 1'usage ordinaire, mais assez souvent devant dans la langue lirteraire. Pour mieux le voir. C'est mal se comporter. It a faltu tout leur laisser. — En repoussant un des oreiliers pour mieux TAretendre (Flaub.. Educ, 111, 1), — // dit ne rien y comprendre. Des personnes se leverenl pour le mieux voir (2ola, Bete hum.. XII). — On devrait passer la vie a leur lout expliquer (Colette, Maison de Claud.. XXIX). — If Dezaymeries s accoutu-mail a le mains observer (MaURiaC, Mal, p. 55), — Par matheur, sans Y rien pouvoir, je souffre de mitte objeis saugrenus (monthf.rj... Sen'ice inutile, PL, p. 5B4). — Est-ce un crime d'aimer son metier et de le bien faire ? (Ayme, Passe-muraille, l.P., p. 212.) — Madeleine et Henri [...] faisaient effort pour se bien tenir (BuroR, Modification, 10/18, p. 185). — Vous avez fait aussi voire valise pour un coin perdu. [...] pour vous mieux aimer (d. boulanger, Connaissez-vous Maronne ? pp. 65-66). — Pour ne le point troubter (duhamel, cf. § 980, b. I"), L1 an Imposition de y et dc en est paniculierement frequente. Certaines expressions appartien-nent meme a Pusage ordinaire : a n'Ett plus finir. C'est a n\ rien comprendre. Hbt- — L'anteposition du pronom est conforme a Lusage classique r [...] sans pouriant luv rien osier de cette grandeur dame (Rao, Phedre. Pref.). — Pour LE bien entendre (Volt., Lettres phil, XXII). — * Je lui proposal de se coucher pour se mieux reposer (MaRIV., Marianne, p. 529). b) Le pronom est complement d'un infmitif qui lui-m£me est complement essentiel d'un verbe. Bibl- — A, GOOSSE, Notes de grammaire franc. Sur la place du pronom personnel complement d'un infinitif, dans la Rewe des langues vivantes, 1952, pp. 258-275. — Y. GalET, L'evolu-tion de I 'ordre des mots dans la phrase francaise de 1600 a 1700. La place du pronom personnel complement d'un infinitif regime. p., Presses Universitaires de France. 1971. 1" Lorsque le support de Ptnfmitif est un des verbes voir, entendre, ecouter, laisser, faire, regarder, envoyer, le pronom complement de 1'tnfini-tif se met ordinairement devant le verbe support: Ce paquet, je le ferai prendre, je le laisserai prendre. Cette maison, je Cai \u batir. Cette histoire, je Vai entendu raconter. — Si j'avals su que vous n'aviez votre soiree prise par personne, je vous aurais envoye chercher (Proust, Rech, t. II, p. 202). — Cetait bien adroit d\ avoir fait mettre [...] une serrure compliquee '. (GlDE, Caves du Vat., V, I.) — Avec mener, cela est vicilli: On va peut-etre ME mener pendre (Stendhal, Chartr, XIX). L'infinidf a plusieurs pronoms complements : // ne prononca plus qu 'avec effort les demieres syllabes, et encore apres se les etre fait repeter trois fois (Sand, Mare au d., IX), [Lui devenanl se; comp. Rem. 2.] Si le verbe support el I'infinitif ont chacun leur pronom complement, ils se placent tous deux devant le verbe support : Ce livre, il me le laisse lire. [On peut aussi considerer que me est Pagent de I'infinitif.] — Je vous en regarde manger (duhamel, Les piaisirs et les jeux, IV, 3). — Cela n'est pas obligatoire : voir les Rem, ci-dessous. 1010 LE PRONOM [§ 659 Re marques. — 1. Le pronom complement de Tinfinitif ne pent ětre place devant le verbe support — Si le verbe suppon est a I'imperatif affirmant (comp. S 658). Le pronom est place apres le verbe suppon, auquel il est joint par un trait d'union : Laissez-vovs conduire (Musset, Laren-zaccio. IV, 4). — Ce paquel, faites-LE prendre. — Si cela a pour résullat un groupement interdil [J 657, b. 1°): Toi settle peux udoucir, pat-ton uvea, ce qui me fait te hair (Proust, Rech., i. I, p. 363), — S'il s'agit d'un pronom réfléchi: Elle verse la poesie el la beautě i tous les étres, a touted les plontes qu'on laisse s'y développer a souhait (Sand, Mare au d„ 11). — Si I'agent de 1'infinitif (qui peut Ctre considéré aussi comme objet direct du verbe suppon) est place immediate ment devant celui-ci : J'ai vu sa mere le battre. 2. On a le choix entre deux constructions — Quand le verbe support et 1'infinitif ont chacun leur pronom personnel complement (le eompl. du verbe support étant I'agent de I'iniln.): Depuis eombien de temps m as-tu vu Caimer '.' (musset, André del Sarto. I, 3.) — Je ne vous aurais pas laisse le reprendre (Proust, Rech., t, I, p. 222). — Pour envoyer, voir ci-dessous. Ceci a son application quand I'infin. depend d'un impčratif. Si cct impératif et cet infin. ont chacun un pronom personnel complement, on peut joindrc les deux pronoms immédiatement apres I'imperatif, avec deux traits d'union (d'abord le pronom objet de I'infin.: le. la, les; puis le pronom compliment de I'imperaiif: moi. toi. lui, nous, vous. leur): Ce livre. fame-LE-moi lire. Ces livres, regardez-les-uji relier. De meme: Faites-ii'es connaitre les details (musset, Caprices de Mar.. 1, 12). — On peut aussi mettre immédiatement apres I'imperatif son pronom complement, avec trait d'union (moi, toi. le. la. nous, vous, les). et placer le pronom objet de I'infin. (me. le, le. la, nous, vous, tes) immédiatement devant cct infin.: Ce livre, laisse-moi le lire. Ces livres, regardez-le les refrer. — [Cette main] laissez-Mca la poser cantre ma joue (VerWRS. Armes de la nuit. p. 61). — Si les deux pronoms represented des personnes. le second ordre paraii s'imposer! Voyez-le la caresser (c'est lui qui caresse). Voyez-LA le caresser (e'est elle qui caresse). Entends-LA nous injurier. Écoute-kous L'injurier. — Quand le pronom complement de 1'infinitif represente le tněme ětre que le sujet du verbe support, ou bien ce pronom reste devanl 1'infuiitif: Elle pria son tuteur de la laisser Cv accompa-gner une seule fois (Balzac, Urs. Mirouět. XI); — ou bien ce pronom est place sous la forme refiechie devant le verbe suppon, I'agent de l'uifin. étant construit avec pur: ...de s'y laisser accompagner par elle. Si le pronom complement de rinfinitif est objet indirect, il reste ncccssairement devant 1'infinitif quand le verbe support est autre que jdire ou laisser. lis sentaient [...] leur entrer dans láme comme t'orguell d'une vie plus libře (Flaub.. Éduc, 111, I). — Avec envoyer. le pronom peut resler devanl rinfinitif I 11 m 'a laissě son hideux chapeau plat: qu un peu plus, d'un coup de pied, j'allais envoyer LE rejoindre (OlDE, Caves du Vat.. V, 2). [Dans ce cas particulier, cela évite une ambigultc.] — C'est I'usage normal si le verbe support ct I'infin. ont chacun leur complement : Mme Lepic. pour une tache, vous renverrait le [ = le tinge] taver (J. Renard, Poll de Car., PI., p. 696), 2* Le support est un autre verbe que ceux qui sont énumérés dans le 1°. L'usage ordinaire laisse le pronom devant rinfinitif: Je veui le voir. II saura me comprendre. Je vais la rencontrer. Tu peux en sortir. Je dais y remmcer. — Si le support est a I'imperaiif, on écril sans nuit d'union : Viens le voir. Cependant 1'ancien usage (cf. Hist.) a laissé des traces dans les parlers régtonaux (surtout Midi, Lorraine, Wallonie, Normandie) et dans la langue littéraire. § 659] PRONOMS PERSONNELS 1011 Usage regional : Its vow; rattrapent au tournant s'ils le veutent faire (un dialectologue lie-geois, 29 janv. I968). — On le sail dire (une vieille paysanne du Brabant wallon, 1976). — Je pense qu'un de ces jours je t'enverrai un saucisson. mais il faul que ma mere me l'aitle acketer, parce quautrement on me couyonneruit (cezanne, Corresp., 1978, p. 124). — JTe vas ciuquer a giftes (La Varende, Centaure de Dieu. p. 34.). — En outre. Sand, Maitres sonneurs. XXVll. — Voir aussi Damourette-Piehon, t. 111, p. 582. Dans la langue lirteraire, si le tour consistant a placer le pronom devant le verbe suppon est bien moins frequent que Tautre, il n'empeche qu'il se trouve, au moins d'une facon occasionnelle, pour ainsi dire chez tous les ecrivains du X1XC et du XXC s., et meme chez certains erudits dont les ambitions ne sont pas proprement litte-raires. Nous avons cite, dans Tarticle indique plus haut, des ex. pris a une soixantaine d'auteurs et s'echclonnant de 1800 a 1950. Nous ne donnerons ici que des ex. poste-rieurs a cette date : Je pensais m'after coucher (Duhamel, Cri des projondeurs, p. 201). — Antoine Le Maistre [..,] s'alla construire un petit emtitage dans le jardin de Port-Royal (Daniel-RopS, Hist, de t'Egl., Grand siede des ámes, p. 392), — Tonio entra dans la maison et s'aLLa coucher (R. VailLaND. Lot, L.P., p. 130). — Vingt-cinq papillons in-folio s en eckapperaient [...] pour s'aller poser sur un rayon de la Bibliolhěque Nationale (Sartre, Mots, p. 161). — Rien n'indiquait que ma vie s'aliail jouer (Chr. rochefort. Repos du guerrier, L.P., p, 7). — Comme sa ftile á elle Vallail faire (yourcenar, Souvenirs pieux, p. 131). — Pour ne pas se placer tout á fail oü je Cavais cru voir, le miracle ne s'etait pas moins produil (JouhaNdEaU. dans le Figaro litt., 2 juillet 1955). — Les malices quey'Y croyais lire (F. Marceau, Annies couites, p. 112). — J'V devais faire [..,] ma premiere communion solennette (Le Rov LaDURIE, Paris-Mantpeliier, p. 13), — It le/aui traverser (butor, Modification, IQÍ18, p. 239). — C'est dans le cadre de ce grand jeu qui! les faul situer (CaRRÉre d'Encausse, Ni paix ni guerre, p. 363). — Si! LES pouvuit lire dans leur séduisant děsordre (GuiLLEMiN, dans le Figaro lilt., 20 dec. 1952). — La science de la mutiere animée [...] ne se peut fonder que sur la certitude d'un inflexible determinisme experimental (J. Rostand, ib., IS mars 1952), — La btessure el la souffrance [...] ne se peuvenl imagi-ner (AudiBerti, Maitre de Milan, VI). — Sa vie, il la pouvait citer en exemple (M. toesca, dans le Figaro, 4 juin 1971). — Je ne croispas qu'unegiande dme s'enpuisse contenter (P.-H. Simon. dans le Monde, 11 mai 1966). — Son odeur intime [,..] lui a loujours paru l'une des plus agrěa-bles qui se puissent fiairer (Pieyre de MaNdIaROueS. ib., 14 mai 1971). — Les maladies o ger-mes vivants ne se peuvenl contracter que par contagion externe (Grand diet. enc. Lar., s.v. conta-gionnisme). — \.„) toute occupation qui les put souiller (Fr. PaRtuRiER, Calamitě, mon amour. p. 9). — Je ny pouvais consentir (DE GaULLE, Mém. de guerre. 1. I, P- 115). — On n EN peut faire un diclionnaire (TheJUVE, Libre hist, de la langue Jr.. p. 28). — Ce qu'il EN paurrait gagner (É. GlLSON, La societě de masse et sa culture, p. 95). — On n'v peul pas chercher une base süffisante (M. Roques, dans Romania. 1955. p. 406). — L'individu qui cherche lout simptement a exprimer sa pensée. et peut parvenir sans cette tournure familiěre (CI. Blanche-Ben vENtSTE et A. CHERVEL, Orthographe. p. 219). — Mon pere M'etait venu chercher (M. noel, Cru d'Auxerre, p. 166), — Sans permettre [...] que personne. jamais, ne l'y vienne filire tartir [ ennuycr] (Simonin. Du mouron pour les pedis oiseaux, L.P.. p 30). — Une erreur est done de la vouloir retrouver sous son espěce premiére (G. Guillaume. dans le Fr. mod., janv. 1951, p. 39). — Egos Coelho [...], LE voulanl convaincre de tuer Ines [...] (Montherl., Fort-Royal. p. 208). — Ce jut pour le vouloir convaincre (A. Salmon. Souvenirs sans fin. I9Ö3-1908. p. 274). — if LE veul franchir (D. Boulanger, Nacelle, p. 95). — M. Jean Marx, qui EN veuf démonlrer faction prépondérante [...] (E. Faral, dans Romania, 1952, p. 264). — Les conclusions quelle en voudrait lirer (F. LecOY, ib., p. 418). — Si voire Pere n y vein pas consentir {C. Paysan, Nous autres, les Sanchez. L.P., p. 123), —J'V veux tixntver des exemples (A. REV, Littrě. I'hitma-niste el les mots. p. 24). Etc. 1012 LE PRONOM [5 659 § 660bis] PRONOMS NUMERAUX 1013 Le déplacement de en et de y est particuliércment aisé, not a in mem dans certaincs expressions : Autant qu on en peut juger. II n en pouvait dauter. FMe n "un voulait Hen savoir. Je n v puis tenir. I! n v faul pax compter. Lorsque le pronom place devant le verbe support represcnte le mime čiře que le sujet de celui-ci, le pronom est tc pronom réfléchi, et le verbe support prend I'auxiliairc étre aux temps composes : L'Allemagne stST voulu venger (Chat., Mém., iV, ix, 2). — 11 ne if'EST pas voulu dédire (A. SuARES, Sur ia vie, i, II, p. 245). — J'avais invite [...] None, avec qui il ne s 1ÉTA1T encore pu résoudre á rompre (toulet. Mon amie Nane, II, 2). — il ne peut croire que Nounette se soft voulu anéantir pour i'amour de lui (A. Beaunier. dans le Lar. mensuel, fevr. 1925, p. 708). — Rousseau s est peint lui-méme te! qu il S'est voulu voir (r Kemp, dans les Nouv. lift.. 29 mai 1952), — Cette construction est rare aujourd'hui. — Avoir dans ce cas n'a été trouve que chez Chat. : Je m'AURAIS wutu baitre centre I assassin (Mem , I, n, 4). [Autres ex.: ib., Avanl-pr. ; ib., L V, 5.] II est rare aussi que le pronom soit place devant 1c verbe support quand I'infinilif est joint á celui-ci par une preposition : Pour Vache\'er de peindre, il faudrait lui planter á 1 'endroit ordinaire un nez long et carrě du bout (Nerval, Comes et facěties. Main enchantěe. 1). — Une paire de grěgues boujfanles que LUI vjeni d'opporter Eustache Bouieroue {ib.. ill), — yEN viens d'avoir i'eblouissante certitude (Zola. Travail, cil. Gougcnheim. Etude sur les periphrases verba-Ies. p. 182). — Une douceur de voix presque enfantine qui les achevait d'abasourdir (Courte-line. Train de £ h 47. cit. Sandfcld, t. I, § 5). — La vieille cuisine [...] n 'inspirait plus á Gabriel un sentiment de sécuritě [...]. Comme si quelqu'un v venait d'enlrer (MauriaC, Anges noirs, p. 83). — La revelation lui en venait d'etre faite (Bernanos, Imposture, p. 55). Hist. — En anc. fr.. Ic pronom complěmem de I'infjn. éiait place devant le verbe support, quel que soit eclui-ci. Une distinction s'esl peu á peu instauree entre les verbes énumérés dans le 1° et les autres. Au XVIVs. encore, Vaugclas écrivait (pp. 376-377): tide ne le veuxpas (aire, sera meillcur que ye ne veui pas le faire. parce qu'il csl incompatablement plus ušité. » Cela n'est plus vrai au XIX1 et au XX's., mime chez les ccrivains qui pratiqitcnl volonlicrs le lour ancicn. SECTION 3. — LES PRONOMS NUMERAUX Les numeraux cardinaux, qui indiquent le nombrc (§ 572), s'emploient aussi pronomin ale merit, sans etre accompagnes d'un nom. Ils n'ont pas alors de forme particuliere, sinon, parfois, dans la prononciation : cf. § 574. c. Pour un. voir aussi §§ 714-715. a) Le nom a ete exprime antcrieurement (ou, parfois, est exprime ensuite), ct le numeral est employe comme representant; quotqu'il n'en porte pas les marques fa I'exception de un). il a le genre du nom represents : Des ouvriers arrivaient; il en aburda t>Eux ou trois (Flaub,, Educ, 11, 3). — De ces lies. Deux sont inhubitees. [Anciennemeni: les deux, cf, j J5S, Hist. I.] b) Le numeral est employe comme nominal. II y a ellipse du nom, que le con-tcxte permet de suppleer: Toutes les voitures [...] allaient d quatre-vingts [kilometres] a I'heure (Malraux. Espoir. p. 14). — Simon de Montfbrt [...] mil en deroute complete [...] tome I armee uragonaise pres de Murei, le matin du 13 septembre 1213. Mu.le [hommcs] banireni quarante mille, dont i>i/igt utile perirent (J. GutTTON, Crises dans I'Egtise. 1981, pp. 126-127). — Le numeral esi ici masc. 660 bis On pourrait imaginer des situations ou le fern, serait requis; par ex. un coiffeur de dames dirait: Quatre se sont inscrites pour ce matin. Descendre un escalier quatre a quatre : voir § 579, a. Dans le langage de 1'arithmetique, le nom qui n'est pas exprime esl un nom quelconque : Deux ei deux font quatre. Remarque. — Sur combien, numeral indefini (interrogatif et cxclamatif), voir § 699, b. — Sur les autres numeraux (ou quanti/Janis) indefmis, voir la section 8 (§§ 705 et suiv,). Tous deux, tous Ies deux, les deux, etc. a) Dans la langue generale, on dit de preference, avec tous et 1'article defini, tous Ies deux, tous les trois, etc. : Faut-il les [ = des chapons, mais ecu* qui ecouieni croient qu'il s'agil de personnes] tuer tous I.ES deux" ? {P.-L. courier, Leltres. I" nov. 1807). — // se plante au coin de la rue de la Ferme et de la me Tronchet, de maniere a voir simulianement dans toutes les deux (Flaub,, Educ, II, 6). — TolS les trois. un instant apres. nous etions instatles au fond de la boutique (Alain-FduRnIER, Gr. Meaulnes, p. 20). — Nous portions done tous les quatre des le matin (Loti, Roman dun enf, XLIV). — lis se retrouvaient, Tous les sept (RomaINS, Hommes de b. vol., t. XXIV, p. 197). — Est-ce que TOUS les Dtx n ant pas ete gueris ? {Bible de Jems.. Luc, XVII, 17), [Comp. c] b) Dans la langue Utt6raire, on dit aussi tous deux, tous trois, un peu moins souvent tous quatre, raremenl tous cinq ; au-dela, le tour est exceptionncl. Tous deux blesses, et vivants tous deux! (VigNY, Mareeh. d'Ancre. V, 12.) — Nous dtnions souvent tous DEux dans le petit troisieme de la me Jacob (Colette, Kepi, pp. 7-8). — lis travailierent TOUS TROIS a inslruire la fille du calife dans la religion chretienne (FRANCE. P. Noziere, p. 268). — Toutes quatre etaient follement folies (Hugo, Miser., I lU, 3). — lis s'enfoncerent rous quatre dans le maquis des rues (La VarEntje, Roi d'Ecosse, p. 173), — Nous avons a prendre toutes OUATRE une decision (GiRAUDOUx, Folle de Chailiot. p. 107). — Nous avons soigne quatre blessures de la face et toutes quatre chez des femmes (DuHAMEL. Lieu d'asile, XVII). — Maman, il faut que nous portions immediatement tous quatre (C. Paysan, Feux de la Chandeleur. p. 212). [Ex. paraissant refleler la langue parlee], — En un instant, tous Cinq furent prits (Al. Dumas, TV. moitsa., LXIV). — Et tous cinq se son! endormis pour toujours (NoDIER, Contes. p. 358). — Toutes cinq, en entendant la parte s 'ouvrir. s 'etaient brux-quement levees (GiRAUDOUX. Contes dun matin, p. 91), — Toutes oNze etaient enceintes (Avolun,, Femme assise. IV). — Elles sen allaient ainsi toutes quinzE {ib.. V). II n'y a pas entre les deux formules (anciennes, 1'une el 1'autre) des differences d'emploi ou de sens constanies. Cepcndanl, tous ies deux insiste davantage (i> ™- * ,7 faut imiter les anctens (Vai.LES, Enfant, XXII). ^ vol J^I T- l0CUti°nS ] ' 7"™ °U ^ (°U rf" K faciiiter l« par sa bonne ST°U UK ; P1US rar—1 PC-nnes) «cornmettre des fredaines, des bctises habituelles ». one Vl 7™ ' { ^ V6iFe ! " diMnt **• 16 lan&& familiCT P""' A ««» ««* ' alors ne 11 , " T PraTOnC' am^euremenl - Dans la correspondance commercial anteneuremem. Cela est critique depuis longtemps : ef, Brunoi, «k, L VI, p. 1637. En Bourgogne. et sans doute dam d'autres regions, 'le mien. c'es. « mon mari * : Vous etes duTe^Zad%T ! " M,EN1:,"'"'^ ««« » (Vincenot, dans J, Robe.-Ferrans, i^W, au Sexique d Jl Vtncenot, p. ]6I). RtitK "/on fien, etc. sont des pleonasmes de la (angue populaire ou dc la langue des enfants. SECTION 5. — LES PRONOMS DEMONSTRATES Bibl. Voir avanl le § 596. Les pronoms dčmonstratifs désignent un étre ou une chose en les situant dans l'espace, eventuellement avec un geste ä ľappui (function děic-iique); ils peuvent aussi renvoyer ä un terme qui precede (fonction anapho-rique) ou qui suit (fonction cataphorique) dans le contexte. Prenei rECi. — 5/ vous cherchez un beau livre, prenez CELUi-Ci piutôt que CEluI-l1. — [A Don Carlos, qui demandc la lete de Herními] Don Ruy Gomez, (Montrant sa tete.) Je donne C£LU;-Ct. / Prencz-la (HuOO, Hern., III, 6). — Jdi écrit á Pierre et á Paul; CELUI-ci [ - Paul) m 'a répondu le premier. — Frederic entendait des phrases comme CELLES-Ci : / — v Avez-vous ěté á la derniére jěle de charitě de I hotel Lambert. Mademoiselle ?■#./—* Non, Monsieur.' » (Flalb,. Ěduc. II. 2.) Dans certains emplois, ľidée demonstrative est fort alténuée : Ceux qui vivenl, ce son! ceux qui luttent. ce sont /ceux donl un dessein ferme emplit lame et le front (Hugo. Chátim, IV, 9), — CE que femme veut. Dieu le veut (prov.). Dans des phrases de ce type, le pronom démonstT. est un moyen de nominatiser la proposition relative, c'est-ä-dire de lui permettre d'exercer les functions d'un nom, vu le recul (pour qui nominal, § 6S7, a) ou la disparition (pour que nominal ncutre, qui ne subsiste que dans des tours figes : Advienne que pourra. § 690, a) des propositions relatives sans antecedent. Voir aussi S 1058. — On pourrait voir dans cetui qui. ce qui. ce que. etc. des locutions pronominales relatives. Ce qui, ce que jouent aussi le role dc locutions pronominales interrogatives dans I'inienoga-tion indirecle : Je demande ce qui te plait, ce que tu veux (§ 703). Le pronom démonstratif peut Etre nominal ou representant, comme 1c montrcnt les ex. qui precedent. Variabilitě des pronoms démonstratifs. a) Les pronoms démonstratifs varient en genre, d'apres la realite designee (pour !es nominaux) ou d'apres ľantécédent (pour les représentants). Le masculin et le feminin s'emploient d'apres le sexe de ľltre designe (le mascu-lin étant aussi le genre indifférencié) ou le genre du mot represents : Je ne [Hielte pas Celle qui a fail celte rohe ! — CEUX qui sont absents ont toujours tort. — Ma voitttre est en panne . je prendrai celle de ma saeur. On a aussi une forme que l'on appelle neutre et qui est employee surtout pour designer des choses ou pour representer un terme dépourvu dc genre (infinitif, proposition, phrase). Les mots qui s'accordenl avec ce pronom neutre sc mettent au masculin singulier. CeC'I est mon teslamenl. — Je me suis trompě, cela est vrai. Ce employe comme sujet avec le verbe ětre (§ 675) convient aussi bien pour des personnes que pour des choses ; Cest mon meiileur ami. — Sur eeta et ca. pour des personnes, voir § 671, b. sur ce + pronom relatiľ i propos de personnes, voir § 674, a. 1018 LE PRONOM [5 666 b) Les pronoms demonstratifs varient en nombre, d'apres les besoins de la communication : /^crLT'"' Bt ™ "Ui ^ ~ S "™ ai™ fa Iiv™ ***** c> H existe des formes simples, qui ont souvent perdu la valeur demonstrative, - et des formes composes, qui explicitent la valeur demonstrative grace a un adverbe de lieu, ci ( = ici), qui serf pour des etres ou des objets proches (ddmonstratif prockuin), ou Id, qui sert en principe pour des etres ou des objets eloignes, ou moins proches (demonstratif (ointain). Sur Pemploi de ces formes, voir ci-dessous 669-676; nous commencons par les formes composees parce qu'elles ont plus nenemenl la valeur demonstrative. 667 Formes des pronoms demonstratifs. SINOULIER PLUR1EL Masculin Feminin Neutre Masculin Feminin Formes simples ITllli celie ce ccu\ celieš Formes composees celui-ci celui-la celle-ci celle-lä ceci cela, ca ceux-ci ceux-lä celles-ci celles-la a et Id sont joints par un trait d'union a cetui, celle. cewc, celles. lis sont aggluti-nes dans ceci et dans ceia. L'accem grave disparait dans cela (et dans ca), Sur les emplois de cela et ca. voir s 671. - Aux formes figurant dans le tableau il fau, encore ajouter tcelm. etc. (cf. s 668, e) et ci - ceci (cf. s 671, e. 4°). KB. ~ Ne pas confondre le pronom co. et gd, adverbe et interjection qui prend 1 accent grave : contempT™"'* ie!iS ^ " * ~ ^ ^' ^ m bie'"6' OV°ir fini de crier ? *** Hist - I Les demonstratifs du laiin classique ont laisse quelques traces en anc. ft ■ par ex hoc se trouve dans o il. oil, d'ou vien. oui (cf. § 1052, c. His..). Mais ce sont des formes renfor-cees par I introducteur latin ecce qui Ton. emporte. 2, L'ancienne langue avail trois series de demonstratifs : les demonstr. prochains (marquan. la pro^nu.e par rapport au loculeur), issus de la combinaison latine ecce iste; c'est le type cist. don. la decimals a ete decile au § 597, a. Hist 1 ; - les demons*, lointains (ou, plus exacle-menl, ne marauant pas la proximo), issus de ecce ille: masc. sing, cil. cas regime cel. cell. , :J1 C"S m CeUX (P°Ur ■* mk * M- *■ Hist> i »fa Plur **fai, - le demonstr. neutre co. ^ ce (parfois c™. cf. ci-dessous, 3). - En outre, toutes ces formes avaient des vanantcs icist. icil, etc. (cf. § 668, e). Jusque dans te XVI= s, el meme dans le XVir, les formes des deux premieres series ont servi auss, b,en de dctermmants que de pronoms, Sur le type cil eomme determinant cf. 8 597, a. Hist 2. Ex. du type cist comme pronom : Cbste me soil, dy je. demiere excuse (sceve. Delie. LVII). Vaugelas, en 1647, observe que cettuy^y ..commence a n'eslre plus gueres en usage» (p. 367). On note encore chez La F.: Cetuv me semble a te w Papimane (C. Diable de Papefi- S 668] PRONOMS DEMONSTRATIFS 1019 _ Cesti a persiste dans des emplois dialectaux : + Ne fau, pas peser sur ceti-c.. pour lectes e. parfois en fr. regional: nous avons en.endu le pronom ceite-ct en Maine-el;Lo,.e (1990. On frouve aussi ce,tuy-ci dans une farce cherchan. a rendre le parler paysan : Y a encore un moven cest cettuy-C1 (Martin du G„ Testament du pere Leteu. II). Vers la L du Moyen Age, Popposi.ion entre demonstratifs prochams - ^ lains a L exprimde par les advert** - En irticulier, !es locutions (propositions absolues a Poogine: | »^SSSS ce A,^ ZZ, « A»»r « sans (que Vaugelas, p. 44, preftrau), cen, sens^ vou Uttre^ » His. ainsi que Vaugelas e. Wartburg. S»> etait repandu avant Vaugelas . rons., ed. V., t. VI, p. 259; regnier, Sal.. XIV. Sens est atteste des le XVf s. Balzac voulait revenir a la forme de Rabelais: cen dessus dessous (Urs. IMI, I, etc.) _ Si que .'Acad, ressusc.a, rti , .1 se fondai. sur ^f^^S ici la locution ™ db»). Ouelques auteurs on, cm devo.r su.vrc L.«re Or, a C'en dessus dessous (ainsi doit-on ecrire, (GaxOTTE. ***** « Ces ves FAGUET EnfoonrMo/^, p. 82 ; Pourrat, Gaspard des Montagues, p. 124-C^~f P^m vaines, car b forme sens [*] s'es. imposec dans les diet (par ex. echo de I Acad., des le XVlir s.) el dans Pusage ; les references sont superflues. PouTce qui concerne Pordre des adverbes, on a di. d'abord Ce dessous rare auiourd-bui: «. ^ **« "» I0'n rfe ne ?!acer sem rZri, (Vaupover, ^ « CriM P. 214). [Ce n'es. pas la s.gn.f— habituelle. « en desordre », mais « le dessous dessus ».] 4. Pour ca. voir § 671. a, Hist Mts Observations sur les formes du pronom demonstratif. a) Dans la langue parlee familiere, cetui est souvent prononce Tsqi]. b) Ce et la phonetique syntactique. 1" Devon, une proposition relative. II a'amm! phonitiquemen. devan. consonne : LI fait ce au-it veut [s k,(l) vBJ. - 11 ne s'elide ni phonetiquement ni graph^uemcn. devant voyelle . ce [sa] a quoi je pense ne saurait vous concemer (Ac). 2° Quand il est sujet, . s'amuu rarement devant une consonne. - PboneUquement e. graphi-quemen., il subi. Pelision devant toute forme du vert* etre commencan. par une voyelle devan. un a on ecri. c \ avec la cedille; ce subi. aussi Pelision devan. le pronom en e. deyan. le sem -auxiliaire alter: Cest ici; e'eui ete difficile. - C'a He la cause de blendes malheurs (AcO-- Cava* ete rude. - Cen est fail - Une parte a claque ; et c'« ete tout (ArlaNI>, Plus beaux de nos jours p. 105). - On sentatt que la grande affaire c'atlait etre les colis (NouRtSSnm, Htst. 1020 LE PRONOM [S 668 franc■-. p 108). — Cen det'ient insupportable (VERCORS, Che\-aux du tentps, p. 218). — Caurait ětě dans son village (P. LainÉ, Dentelliěre. p. 149). Si ce est place aprés le verbe, e n'est pas prononcé devant voyelle el souvent devant con-sonne, mais cela ne se marque pas dans 1'écriture : Est-ce arrive [s s ARive] souvent ? — Est-cz vrai [é s vre] ? 3" Dans les autres situations, ee reste intact phonétiquement [so] et graphiquemem : Sur ce il sortit. — // est entri. et ce par hasard. — Á CE autorisés (Stendhal, Abb. de Castro, V). c) fa, réguliérement, ne s'elide pas i CA allatt mal ? (Dumas fils, Question d argent, IS, 5.) — Ca o passě en un clin ďait (Flaub., Corresp., t, H, p. 99). — CA obtient tout ce que ca veut (A. DaltdET, Evangeliste, p. 247). — Ca a des hěrebs a cause de ses měches (Montherl. Olymptques. p. 225). — Oh ! ca arrive (GlONO, Batailles dans la montagne, p. 235). — Ca aurail ětě une charitě (Lacretelle, Le pour et le coníre, t. 1, p. 191). — Ca a ětě dur, par ce froid de chtěn ? (KeSSEL, Heure des chůtlmenis, p, 136.) — Ca oblige a le manner (MalraUX, Temps du měpris. p. 163), — Ca a děbuté comme ca (CÉLINE, Yoy. au baut de la nuit, F°, p. 15). — Ca aurail pu ětre aussi bien une ětude de notaire (Mauriac, Mal. p, 159). — Voir au § 671, d. 2U, d'autres ex. oů ca est sujet de ětre. Parfois, pourtant, il subit 1'élision, soil par analogic avec ce (voir d'ailleurs § 676, o), soil par un phénoméne d'haplologie (§ 218), surtout devant a (dans 1'ex, de Billy galia s'opposc á cu ira): Quel bonheur que C'ait attendu l (R. Rolland, Jean-Chr., t. IV, p. 260.) — Cavait lair ďune blague f (Mauriac, Anges noirs, p, 212.) — Cavait fait une flamme verte (Pourrat, Tour du Levant, p. 113). — Cavait debute par la fameuse commode de laque (La Varende, dans fíommes et mondes. mars 1947, p. 525). — # Co ira bien i>, répandit seulement Napoleon III. Calla bien. en effet (Billy, dans le Figaro liti., 10 mars 1969). — C 'est tellement hors de toule proportion avec [..,] la realitě que c1en perd toute portěe (id., ib, 20 dec. 1952). — C'o de tu gueule (H, BaZIN, Vlpire au poing, XiX), — Ca lair encore vivant (Troyat, Grive, p. 31). — Ca eu lieu cel aprěs-midi (j -L. bory, Feau des zibres. p, 319). — Ce netait rien, c'aliait surranger toul seul (P. LainÉ, Denteltlěre, p. 167), d) La predominance de celui-lá sur celui-ci (cf. § 670) a pour résultat que la valeur de lá s'efface. On en arrive á distinguer dans la langue populaire cetui-lá et celui-lá lá-bas ou méme °celui-lá-lá avec un double adverbe. e) Les anciennes formes (cf. § 567, Hist. 2) icelui « celui-ci », iceux, icelle(s) oni été conservées jusqu'a nos jours dans ta langue de la procedure. Les écrívains y recourent parfois, généralement avec une intention badine. Pourra paretllement le maří. du consentement de sa femme. et aprés avoir pris ! 'avis des qua-Ire plus proches parents í/icelle [...] (Code civil, art. 2144). — Les huissiers seront lenus de mettre á ta fin de 1'original el de la eople de 1'exploil, le coul ďtCELUl {Code de procéd. civ.. art. 67). — Cetui qui se prétendra propriětalre des objets saisis ou de partie ďlCEUX {ib., art. 608), — Le devoir de ces Messieurs ětalt [...] de se saisir de tous paplers, lettres et documents, de Ure tCELtx [,..], comme il appert am termes du susdit mandát (Chat.. Mém.. IV, n. 4). — Méme forme de cases el méme disposition d icelles en petits groupements (GiDE, Voy. au Congo, PL, p. 783), — Au moment precis oú ce haul personnage pénětraii dans la classe, enlouré de tout un ětat-major de bons frěres, ne vollá-t-il pas qu a ('effrol et grande admiration d 'iceux. le tableau noir s'eerouiait awe un bruit ěpouvantable (P. Cazin, Děcadi. p. 89). — Tous [...] sui-virem Chloi quipénétra la premiére dans i'ascenseur. Les cables rfiCELUl s 'allongěrenl [...] sous le polds (Vian, Ecume des jours, XXI). — Nous étions [...] trop nalfs pour decoder son message ; et lui, trop timaré pour nous donner la clef d ICELLtt (LE Roy Ladurie, Paris-Montpeltier. p. 206). — Avec une graphic d'un autre age : Le brusque el turbulent appel d'Attkusser a ia liberie dans le parti vient de lechec d iceluy (M. Clavel. dans le Monde. 5 mai 1978). I 670] PRONOMS DÉMONSTRATIFS 1021 Emploi des formes composées Quand le démonstratif lointain (cela, celui-lä, etc) est oppose au démonstratif prochain (ceci, celui-ci. etc.), le démonstratif prochain designe ce qui est le plus proche dans la realite ou dans le contexte : [...] étendanl ]...] sa main droite vers le livre imprimé ouvert sur sa table et sa main gauche vers Notre-Dame (visible par la fenetre], et promenant son Iriste regard du livre ä ľéglise : / — Hélas ! dil-il. ceci tuera cela (Hugo, N.-D. de Paris. V, 1). [Commentaire : Le livre tuera /'edifice (V. 2).] Sombarl oppose la sociológie occidentaie naturaliste [...] á la sociológie allemande spiritualists Celle-lA s'efforce de riduire le splrituel au psychique, le psychique au physiologique et au social. Celle-Ci, ou contraire. respecterait la spécificilé des fails spirituels (Raym. Aron, Sociológie allem. contemp. 41 ed„ p, 127). — Estragón et Vladimir se sont remis ä examiner, CELL1-lá t = Estragón] sa chaussure, celui-ci son chapeau (S, Beckett, Theatre, 1, En attendant Godot, p. 53). — 11 s 'Informe [...] des etudes des garcons et des lemons des grandes demoiselles, et ceux-lá el CELLES-ci, inlerfoqués, n oni pas loujours la presence d esprit de répondre (Your-cenar, Souvenirs pieuX. p. 224), — Corop. $ 219, c (adjectifs ordinaux). Parfois aussi le démonstratif lointain indique ce qui precede par opposition au demonslrali! prochain, qui conceme ce qui suit : Je suis certain que je vous fácherals ; alors cela n'abouttra qua ceci : [..,] j attrai perdu une bonne camarade (Proust, Reck. 1. 11, p. 831). Les démonstratifs composes pcuvent avoir une valeur distributive comme L 'un... I'autre ... ; de méme, nominalemcnt, comme Un tel... un le!... : J'écoutais. CELUI-CI grave. CELUI-lá argentin. le double ronron (COLETTE. Maison de Claud.. X). — Dans toutes les families on faisait des plans. Ľun révail des persiennes vertes, I'autre un joli perron ; celui-CJ voulait de la brique. CELU1-lá du moellon (a. Daudet, Port-Tarascon. I, 2). — Comp. ceci... cela ... au S 671. e. 4°. Dans ta langue parlée, ľ opposition entre -ci et -lä n'est pas toujours respectée. On emploie souvent -lá merne quand les réalités sont inégalemenl distanies du locuteur : Pretidrez-vous celle-la? ou cetfť-lá? Cf- §§ 668, d; 670, a et b. 870 Les démonstratifs prochain et lointain ne sont pas employes ensemble. a) Les démonstratifs prochains désignent normalement dans la realite (fonction déictique) ce qui est proche du locuteur, et les démonstratifs loin-tains ce qui est éloigné : vJe bois á la destruction complete de 1'ordre actuel. [...] que je voudrais briser comme Ceci ' n en lattcant sur la table le beau verre á pane, qui se jracassa en mille morceaux (Flaub., Ébuc, (1, 2). — Quelle robe préférez-vous ? Je préfére celle-Lá, Dans la langue parlée quotidienme, ceci. celul-ci. etc. sont assez peu frequents. Cela. celui-lá les supplantent dans bien des cas. b) II s'agit de contexte. 1" Les formes avec -ci renvoient á ce qui precede immédiatement. Les formes en -lá ä ce qui est plus éloigné: La justice [...] est un princípe commun it t'individuaiisme et a I'universalisme mais alors que CElui-la [ - ľindividualisme] t'interprete faussement comme justice commutative, égalisatrice. I'universalisme pose á la base la justice distributive (Raym. aron, Sociológie allem. contemp.. 4C ed., p. 38). — L 'ouvrlére redit nalvemcnt son mensonge á M11" ť'alnaz ; celle-ci [ = M11" Vat- 1022 LE PRONOM IS 670 naz] [...] vinl en purler au brave commis (FlaUB.. Ěduc Ill, 4). — Ce pouvail ělre un bon souvenir de M. le cardinal. / [.,.] / Ce pouvail ělre une vengeance de Milady. I CECI. c était plus probable (Al. Dumas. Tr. mousq.. XLI). — Comp. § 2:9, c (ordinaux). Les ex, suivanis ne respectent pas eette regie et expriment la pensee de l'auteur d'une maniěre confuse : Entre I'esprit oriental et I'espri! occidental s'appliquant a penser.je crois saisir d'abord une difference de direction [...]. Celui-la [ = l'esprit occidental] veut dresser un plan de I'univers [...] L esprit oriental, au contraire [...] (Malraux, Tentation de /'Occident, p. 93). — Le barbu dictateur a [...] couverl de fleurs Ben Bella puis Boumediěne aprés qu 'il [ - Boumediěne] ail ren-versé et incarcéré CElui-Ct [ = Ben Bella] (soustelle, Lettre ouverte aux victimes de la dieoiu-nis., p. 151). — SI faudrait se souvenir d écrire á Madame de 8., [...] cbez qui Azélie Iravoillail en ce moment, pour remercier celle-ci [ = Mmc de B.] de la lui avoir cédée (yourcenak. Souvenirs pieux. p. 24). 2° Les formes en -ci annoncent ce qui suit {fonctton cataphorique), et les formes en -la rappellent ce qui precede (fonctton anaphorique) [§ 598] : Diles ceci de ma pan á voire ami: qu 'il se lienne Iranquille (Ac). — Que voire ami se tienne tranquille : dites-lui cei.A de ma part (Ac). Cette regie n'a rien de rigide. D'une part, les formes en -ci stmt assez souvent utílisées pour quelque chose qui precede (sans qu'il y ait une opposition avec quelque chose de plus éloigné): SI faul songer dans la jeunesse aux besoins de la vieitlesse; CECi (ou cela) s 'adresse aux prodigues (littre). — Un héritier génant. en bas áge, qu 'Us prenaient et qu 'Us maniaient, per-daii sa forme. Ceci faciiitail les confiscations (Hugo, H. qui rit, 1, 2C chap, prelim., 6). — Ce jour-la lu pourras me pleurer comme un homme mart. / — Mart, non, rep/it Olivier, mais tombé de haul. N'importe, ceci est funibre (Fromentin, Domin., LX), En particulier, comme ['observe A. Tbérive (Quereltes de long., t. Ill, p, 95), « ceci da a pres-que evince cela dit. Cest que le paragraphe precedent est considéré non pas comme fini, mais comme encore tout proche » (cf, 1°, ce qui rend peu pertinentes les protestations de I'Acad. 1990, s.v. dire): ceci dil.j'ajoule que Pereda est, comme ěcrivain. le plus revoiutionnaire de nous tous (R. Bazin. Terre d'Espagne, p. 69). — CECI dit, que le gouvemement prenne ses responsabilitis (Romains, Hommes de b. vol.. l XXIV, p, 253), — CECt dit. on peut faire corresponds a chaque individu un domaine remarquabie de son existence (ValÍRV, Varietě. PI., p. 1406). D'autre part, 1'usage oral tend á généraiiser le démonstratif lointain. Méme des écrivains soigneux I'empJoieni parfbis pour annoncer quelque chose qui va suivre : // faul qu'un jeune Prince francais sache cela. Daní un monde domini par le Realisme, il y aurail peut-étre place encore pour une sortě de diclature hiréditaire [...], mais elie serai! [-] víře absorhée par les regimes totalilaires (bernanos, Nous autres Francais, PL, p. 705). — Calboliques et révolulionnaires. vous avez au mains cela en commun : facte de Foi (MaURIaC, Journal. (Euvres compl., p. 52). En particulier, on a le choix entre ceci et cela (celui-cť et celui-lá) quand le pronom démonstratif annonce une proposition conjonctive introduite par que : La Facutté [...] le poursuivit. meiant á d'autre griefs CELU1-lá, que Pari avait ecrit en francais (Brunot, Hist., t. II, p. 43). — cela seul lui importaii que Paule ne rouvrít pas le debat (MaUrjaC, Sagouin. p. 37). — Les récits de famille ant cela de bon qu'ils se graven! plus forte-mem dans la mémoire que les narrations éerites (VlGNY, Serv. el gr, mil,. I, 1). — Cette religian du diable a cela de terrible que peu á peu 1 'homme elait parvenu á détruire en soi tout ee qu 'il avait de t'homme (MiCHELET, J. d'Arc. p. 356). — lis oni cela de charmant quits sont pauvres (France, Livre de man ami, p. 263), La bétise a CECI de terrible qu'elle peut ressembler á la plus profonde sagesse (LaRBAUD. Fermina Márquez. XIII). — Ce tripot avail ceci de perftde, que loul s'y passait entre gens du 5 670) PRONOMS DEMONSTRATIFS 1023 monde (GiDE, Faux-monn., p. 52). — L'ecriiure a CECI de myslérieux qu'elle parte (Claudel, Con/iniuonce de t'Esl. Religion du signe). — Or, it arriva ceci que lafitefut ires belle (DUHAmel, Desert de Bievres, p. 206). — De meme : La bourgeoisie a ceci de bon. c'est qu'elle a ses garde-fous. ses rampes salides qui nous empechenl de nous jeler a I'eau (CaVROL, Vent de la mémoire, p. 12). Si le pronom démonstratif annonce par redondance un element nominal, cela (ou co) s'impose : Cela vous plait, les vacances ? Remarques. — 1. Dans un certain nombre d'emplois décrits ci-dessus, le pronom démonstratif pourrait étre remplacé par un pronom personnel. Mais le pronom personnel rappelle souvent un terme plus eloign* (cf. § 632, c. N.B.). Le démonstratif (correctement employe) a l'avantage d'identifier mieux 1'antécédent. il a aussi une force particuliere : Et s 'il n 'en reste qu 'un, je serai CELUI-LÁ (Hugo, Chdtim., VTI, 16). 2. La fonction anaphorique est parfbis assumée dans la langue administrative par (edit (normalement determinant: cf, § 598, b. Rem. 3). Certains écrivains 1'emploient par badinage : Le vestiaire des gargons, établi dans te bureau du pére d'lsis. consistait en la suppression des meubies dudit [bureau] (Vian, Ěcume des jours, XI). — La réponse [...] que Von Irouvera en těle de la seconde partie de ce recueii, sert done [...] de charniére entre les deux parties Duorr [recueii] (QuEnEaU, Voyage en Grice, p. 11). — [...] pour faire des recherches hisloriques á ťuniversitě de Nanlerre, doni les professeurs commu-nistes — prédominants dans le corps enseignant de LADÍTE [universit*] — s efforfaienl de faire un modele de modernité pragmatique et liberate (SEMPRUN, Aigarabie, p. 129). Le susdit [sysdij (parfbis [sydi]) s'emploie á propos d'une pcrsonne. dans la langue juridiquc et parfois ailleurs : J'ai pour vous deux sous de Paoti el deux du roi faniastique Theodore. Les pieces d'argent du susdit [ = Theodore] sont si prodigieusemeni rares quit n'en exisle pas une seule en Corse (MÉRJMÉĚ, Corresp.. 29 dec. 1839). c) Une langue littéraire assez recherchee (cf. Hist.) emploie celui-lá, ceux-lá, celle(s)-la au lieu de celui, ceux, celle(s) (§ 672, a) devant une relative determinative : Car nous sommes ceux-la qui pour amante n 'oni 1 Que du réve souffle dans la bulle d 'un nom I (E. rostand, Cyr.. II, 10.) — CELUI-LA qui veitle modestement quelques mouions sous les étoiles. s 'il prend conscience de son rate, se découvre plus qu 'un serviteur. I! est une sentinelle (Saint ExUPERV, Terre des hommes, p, 210), Ce tour appartient aussi a la langue populaire de diverses regions, par ex. dc Paris : Cui-LÁ qu'est pas la, 1'en aura pas (dans Bauche. p. 92). Le tour avec -la est plus naturel (sans etre obligatoire) quand il y a un element entre le pronom démonstratif et ia relative : Mais les vrais voyageurs sont CEUX-la seuls qui partem I Pour partir (BaudEL,, Ft. du m.. Voyage). — Elie [ = 1'Église] ripond encore aux besoins profonds de ceux-la mimes qui sem-blent les plus refraetaires a son paisibte rayonnemenl (BaRRES, Grande pitié des igt. de Fr., p, 92). — L'Histoire qu 'on va lire est celle-la mime qu Albert Thibaudet se préparail á publier (L. BOPP et J. PaULHan, dans Thibaudet, Hist, de la litt.fr. de I7S9 a nos jours, p. vr), Le tour avec -la est obligatoire lorsque le verbe principal est intercalé entre le pronom démonstratif et la relative (tour littéraire) [cf. Hist.] : Celui-la seul pouvail étre propriětaire du sol. qui avait un culte domestique (fustel de Coulanges, Cite am., IV, 4). — ceux-LÁ >renf des cuistres qui prétendírent donner des regies pour écrire (France, P. Nozlire, p. 146). 1024 LE PRONOM [§ 67D G71 Les formes composées sont obligatoires aussi quand la relative n'est pas determinative : Mes yeux cherchent en vain un brave au cceur puissant, / Et vonl [.,.] I De ceux-lá qui sont marts á CEux-ci qui sont laches ! (Hugo, leg, X, 3.) — Quel est celui-ci, disaient-ils, á qui obéissent mime les vents et la mer ? (Bible, trad. segond, Matth., Vlll, 27,) N.B. Le pronom démonstratif mis en evidence par Cest... que. Cest... qui a la forme compo-sée : Cest celui-ci (ou celui-la) que je veux. Hlsi. — 1 Pour Vaugelas (p. 325), « Jamais on ne doil user du pronom démonstratif avec la particule lá. quand il est immediatement suivi du pronom reletif». Cela se trouve pourtant chez lcs classiques : Elle approchoit vingt-ans : et venoit d'enterrer I Un mary (de CEUx-la que I'on perd sans pleurer [„.]) (La F., C, Gascon puni). Inversement, jusqu'au debut du XVir s., on pouvait employer la forme simple du démonstratif quand le verbc principal était intercalé : + Celui vraiment les a perdus qui les a estimés perdus (Malherbe, t n, p. 6). 2. Celui-ci (et parfois celui-la) a eu au XVIir s. le sens de un tel. t [...] comment se portail [sic] le pere un tel. la mere une telle, monsieur celui-ci, monsieur celui-lA (Mariv., Paysan parv., p. 196). — Mr un tel avoit le plus bel attelage [...] qu'il soil possible d'imaginer. La belle madame celle-cy commence á passer (Dux, Neveu de Ram., p. 9S). Observations parti culler es sur cela et ca. Bibl. — a. Henry, Ětudes de syntaxe expressive, pp. 75-110. a) La concurrence de cela et ca. Les deux formes sont, du point de vue syntaxi-que, presque toujours interchangeabies, mais la premiere prédomine dans la langue ecrite et la seconde dans la langue parlée. I! serair exagéré pourtant de considerer que, dans l'ecrit, ca n'apparait que la ou 1'auteur fait parler un personnage. Relevons notamment ; Pellisson avail trop de gout pour parler de ca (Chat., Rance, s.t.F.M., p. 227). — Les crimi-nels děgoůtent comme des chůtrés: moi, je suis intact, et ca m 'est égal (Rimbaud. Saison en enfer, Mauvais sang), — 11 [ = Bourbon Busset] a choisi de těmoigner sur la réussite de so vie privée, de ne /aire que ca, sur tous ies tons ! (PoíROT-Del pech. dans le Monde, 8 mars 1985.) — Voir aussi divers ex. donnés ci-dessous. Les psychanalystes ont fait de ca un nom : its opposcnl le ca au moi et au surmoi. Sur I'elision de ca. voir § 668, c. — Sur la place de fo, voir § 296, b. Hisl> — P« est unc forme contractée de cela comp. lcs prononciations [pyj pour pita et [st|i] pour celui. II y a peut-ětre eu unc interference avec ca adverbe. — La premiere attestation es: de 1585 : R ti'y a rien impossible de ca (René de Lucince, Lettres sur Ies debuts de la l.igite éd, Dufour. p. 151). Mais 1'éditeur signále que le passage est chiffrc, cela ne rend-ii |ias la lecmt douteuse ? — Le mot est bien attesté au XVIlr s,: Mor., le met dans la bouchc de ses paysa.is (o. Juan. II, 3 ; etc.); La F. 1'emploic dans une lettrc de 1661 * On a de I'inquietude pour M Pellison ; si ca est. cest encore un grand surcrott de maiheur ten. Henry) Sfiv. se moquf de quelqu'unqui répetail sans cesse ; *■ Vous deviei bten m dverur de ca (13 mai el n jum IftKDi — II taut altendre le XIX; s. pour que le mot pénétrc vraiment dans récril (quoique. nous 1'avnns dit. i! n'y ait pas ses librcs enlrées) bj Cela et fa peuvenl, dans la langue familierc. designer des personnes ; dans c~ eas, ils cxpriment souvent quelque mouvement affectif. qui pout aller du mépris á ?j tendresse (une tendresse plutót protectrice. par ex. á 1'égard des femmes ou des en rants). Pile me tue á petit feu et se emit une sainte : ca enmmunie tous Ies mots IBalzAC. Lys dans la v., p. 130). — Ca venait du couvent. Ca ne lavaii ni enrrer ni sortir, ca satuait tout dinu- 5 671] PRONOMS DÉMONSTRATIFS 1025 piece ; de iu fraicheur seutement. la beaule du diable (VlGNV. Quitte pour la peur. Vl!l). — Elle [ = une enfant| allait et venait dans un gai rayon dor; I cela jouait toujours. pauvre mouche ěphémére ! (Hugo. Leg., XVlll. iu. 14.) — Ca. une marquise ! (Proust, Rech.. \. I, p. 244.) — Qu esl-ce que iu as lintention de j'aire de ca ? reprit-elle aprěs que la petite (unc petite aveuglej jut inslallěe. / Mon dme frissonna en entendanl t'emplot de ce neutře et j'eus peine á mailriser an mouvement dindignation (GlDE, Symphonic past., m.l.F.. p. 19). — ca jail du bruit, les innocents. Ca piotesle, ca crie, ca pteure, ca renifle et ca n a jamais de mouchoir (PaGNOL. Temps des amours, p. 34). Quand cela el fa reprennent devant le verbe un sujel délaché. la nuance affective peul dispa-raitre : Une fee, cela va sur les eaux (France, Livre de mon ami. p. 48). — t7n juge, ca a des hauls et des has (Camus, Justes. p. 120). — Maurras. Herman!, exsavait ěcrire le beau francais fdundreux qui faisait Celine lourner de tail (Queneau, Batons, chiffres et lettres. Id., p. Í4). c) Les démonsn-atifs neutřes cela. ca s'emploient fréquemment pour designer un étre ou une chose qu'on ne veut ou ne peut nonrmer avec precision. [i sagit de quelque chose qui est mal identifié : Devant moi, quelque chose apparaissait [...]: ca semblail instable, peifide, engloutissant : ca remuait el ca se demenail partout a la fois (Lam, Roman d un en/., IV). — Ca avail glissé dans mes fambes, ca avail frólé mes motlels, et c etaient des viperes (Saint F,xupéRY. Terre des hommes, p. 86), 11 s'agit ďune realitě que Ton veut designer ďune maniěre euphémiquc : Puisque cest son metier, á celte gueuse. de faire ca [ - t'amour| avec tous ies hommes, je trouve qu elle n 'a pas le droit de refuser Tun plutót que lautre (Maupass., C. Boule dc suif). Dans la langue populairc, avec un geste approprié : Elle a de ca « elle a unc belle poitrine » ou « elle est inlelligente » (on indique la tele de la main) ou « elle est riche » (on frotte le pouce sur 1'index), etc. Le sujet est vague, non identifié, ct le pronom démonstratif esi prochc de il impersonnel, avec lequel il peut parfois commuter : Ca sent la rěsine. la menthe, 1'écorie brítlée (Mauriac, Asmo-dée, 11, I). — Ca pleut fort [dit la servantě Kraneoise] (Proust. Rech.. t. 1. p. 102}. — Celte année-lá, il avail fait mauvais. [...] Tous Ies matins, celte angoisse machinate avant d'owrir Ies rideaux : el si ca faisait beau pour changer ? (aragon. Blanche ou I'oubli. F°. p. 13.) — Voir aussi § 753. d) Cela et (a (parfois ceci) ont remplacé ce dans la plupart de ses emplois. Voir les ex. donnés ci-dessous, ainsi qu'au § 668, c. Mais il y a des cas oil ce est encore possible dans la langue soignee (cf. § 676). 1° Notamment, en coordination avec une phrase que le pronom représente, afin que puisse s'y ajouter une precision supplemental (cf, § 265, d, 1°): Nous reprimes, sur son ordre. eerie fameuse lecture et cela dans des conditions morales lout á fait inquiělanies (Celine, Voy. au bout de la nuit, F°, p. 548). — Je saisis la běle par le cou. vive-ment. Qui. par le cou. et. ceci, par le plus grand des hasards (H. Bažin, Vipěre au poing, I), 2* Avec étre suivi d'un arrribut ou d'un complement, on prend comme sujet cela (ou ceci) au lieu de ce. si Ton veut accenruer ou souligner 1'expression; Cela est admirable (comp. : Cest admirable). Cela est sans importance (comp. : Cest sans importance). — Cela est une affaire grave. Cela est dans les joumaux. Cela eil partout. — Cela seul est important. Cela ausn est nécessaire. — II a fail cette demarche, cíla est certain (ou : ... e'eji certain). ... cela est vrai (ou ... e'est vrai, ... IL est vrai). Cela (ca) se trouve notamment pour annoncer par redondance un sujet expritné par la suite. Le sujel est un nominal: Cela est beau, la franchise (comp.: Cest...), 1026 LE PRONOM [S 671 Le sujet csi un infinitif ou une proposition conjonciive : Comme cela doit élre doux el consola-teur d'etre motade [...] (Mirbeav;, 21 jours d'un neurasíhénique. cil, Sandfeld, i. ], p. 287). — Ca leur est désagréable dedonner leur argent (Tr. bernard, Danseur inconnu, ib.). — On peut aussi avoir ceci avec une proposition : Cela ou CeCI est i/rai que Galilee jut condamné par I Inquisition (Lii ike. s.v. ceci. Rem. 2), — Dans ces cas, it impersonnel est possible, aussi bien que ce. Ca s'cmploie assez couramment au lieu de cela ou de ce. devant une forme composed du verbe étre suivie d'un attribut ou d'un complement : C A a été une trisie affaire {S.-Beuve, lettre publiée dans la Revue d hist. lilt, de la Fr.. juillet-aoút 1978, p. 628). — Ca aura été plus vile que je ne croyais (Dumas ills, Ami desfemmes. IV, 7). — Ca a été une excellente etude (Flaub., Corresp.. t. [I, p. 99). — Ca a été un succés (J. Rehard, Journal. 15 mars 1898). — Ca aurait été stupide (Proust, Rech., l 1(1, p. 613). — Ca a été une belie fete (GlONO, Regain, p. 222). — Mais lu disaii tout á ľkeure que CA a été un ratage (MAtmiAC. Passage du Malin. p. 114). — ca a été pareil (G. MARCEL, Ckapette ardenle. II, 4). — Ca a été pour tui une vie nouvelle (Gaxotte. dans le Figaro lilt.. 23 avril I960), — Contre notre parter. ca a été une lutte constante (Sabatier, Noisettes sauvages. p. 243), — Ca aurait été dérisoire ďessayer de s'en expliquer (Beauvoir, Mandarins, p. 16). — Comme ca a été le cos (P. Guiraud, Mots étrangers. p. 108). — Ca avail été 1'un de ses exploits (Fr. Giroud, Bon ptaisir, p, 249). — Avec elision ! § 668, c. Ca s'emploie aussi devant une forme simple du verbe étre: 1) si celle-ci commence par une consonne ; 2) si elle est précédée de rte ou d'un pronom personnel complement conjoint; 3) si elle est introduite par ľun des semi-auxíliaires devoir, pouvoír, aller; 4) si ca est precede de toul: Celte femme-lä, ca sera ta mori (Nerval, Nuits d'octobre, X). — CA .terajf mieux que tu la voies avant le spectacle (BtAUvoiR, invitee. L.P., p. 137), Ca n'est pas nouveau. ca n'est pas original (Dumas fils, Demi-monde. Avant-pr,). — Ca n'était pas la réponse de Dieu (Barres, Cotline imp. 1913, p. 90). — Ca n'est pas elle qui ma répondu (G, Chéral. Enfant du pays. p. 173). — Ca m'est égal {Rimbaud, cit. a, ci-dessus). Ca peut bien élre (VlCNY, Quitte pour la peur. VIII). — Ca doit élre [,..] la chévre d'or (A. Daudet, Lettres de m. m., p. 62). — Chacun comprit que ca altait élre du Bach (Super-vielle, Enfant de la haute mer, p. 91). Tout CA est préhistorique (Hermám. Grands bourgeois. IV). — Tout ca est de ma fautc (R.-V. Pilues. Imprécateur, p. 107). Si ces conditions ne sont pas remplies, ca est assez nettement populaire, comme dans les ex. suivants ; fa peut passer dun jour á I'autre, comme ca est venu (Sand, Meunier d'Angibaull. XXX). — Ca est une ancienne qua fait son temps {Maupass., C, Miss Harriett, I). — Un fils ca est toujours trop (H. Cixous, dans Samuel Beckett. Edit, de ľHerne, p. 334). — Cet cmploi est frequent dans le parler des Bruxellois el des Flamands. Plus surprenant : Ca etait d'une violence inoule (Barbey d'Aur., Lettres á Trebutien, t. I, p. 106). — [Ex. anciens, dans la bouchc de paysans : CA est si biau. que je n V enten.i goute (Mol.., Méd. m. L, II, 4). — * Lorgnez-moi an peu. que je voie si ca est vrat (Mariv., Épreuve, Xlll).] Ca suivi du verbe étre au pluriel est propre au fr. des Flamands : "C* som des Anglais. MB. — Devant étre pris au sens absolu de « exister, ětre vraiment », on met nccessairement comme démon s trati f neutře sujet cela. ca ou ceci [ce ferait avec étre une simple formule): Je vous dis que cela est. que cela sera. Puisque CECi est. ne chieanans pas. — li faul qu 'une femme aime toujours un bomme qui lui soil supirieur, ou qu elle y soil si bien trompée que ce soit comme si ca étail (BaLKAC Lettres á 1'Ětrangěre. l I, p. 466). — Ca est. ou ca n 'esi pas ; fa n'a pas besoin d'etre expliqui (Dumas fils. Visitě de noces. III). — 11 y a des choses qui ne se discutent pas plus que la vie ou que la mart. Ca est ou ca n est pas (Bourget, Drames de S 6711 PRONOMS OÉMONSTRATIFS 1027 jamilte. p. 75). - /; ne dit pas ca parce qu 'it a vu fa aarti ies livres ni parte qu 'on lui a dit de le dire. 11 dit (a parce que CA est (Peguy, Myst. des saints Innoc, p. 68). e) Emplois divers. 1" Cela et ca accompagnent les mots interrogatifs, surtout dans des phrases interrogatives averbales: ff Toumez-vous done pour qu 'elle vous voie t» I — * Qui cela ? w / — ft Mais la fille de M. Roque ! » (Flaub., Educ, III, 2.) — « [...] Quel gredin tu es '» /11 demanda i ff Pourquoi CA? [...]» (MaUPASS., Bel-Ami, II, 10). — Autres ex. au S 384, c. 2° Comme cela (ou ca) epithete ou attribut, au sens de « pareil, semblable » : Arnoux se lamentaii [...] sur i'humeurde safemme [...]. Elte n etait pas comme Cela autrefois (Flaub., Educ, 11, 3). — Un homme comme ca [en italique] songerait ä ma fille ! (Sand, Meunier d'Angibaull, XXI11.) — Que voulez-vous ? je suis comme Ca. Populairement, avec le nom ellipse (cf. 6 556, Rem. 2): Une [valise] comme on n'en fail plus, svtrement. puisque. d'apres elle. on n'en faisait dejä plus de comme ca (DaNINOS, Vacances ä ious prix, p. 84). — // en fatlait aussi des comme ca pour reussir le coup (J.-P. CkaBROL, Gueuse. p. 350). Dans la langue populaire, comme (a est souvent une formule expletive accompagnant un verbe: Elle dit comme ca aue vous loubliez [dit le pete Rouaull] (Flaub.. If" Bov.. 1, 3), — Faul COMME Ca de temps en temp, que je boive un verre pour me donner des forces (France. Crainquebille. p. 56). Comme ca est aussi une maniere familiere d'eviter une explication precise ( = sans raison par-ticuliere) : Ca le fail combien. cette annee, mon garcon ? I — Quinze ans. pourquoi t / — Comme Ca (J. KamOuN, trad, de: St, Marlowe, Christophe Colomb, Memoires. p. 28), Familiercmenl, comme ca (ou ceJa), comme ci comme (a (cf. 4°), « ni bien ni mal», . p. 91). — n Elle etait vieille ? » J'ai repondu : « CoMME Ca», parce que je ne savais pas le cbiffre exact {Camus, Etranger, PI., p. 1134). — « Voyons, franchemenl. vous aimex la musique?» lui demanda-t-il [...]. / Elle haussa les sourcils. ayant I'air de dire: «Comme Ci, comme ?a...» (Montherl.. Jeunes filles, p. 192.) 3° Ca « d'autant » devant un comparatif est un wallonisme : Tu ne manges pas la pan ? Les autres en auront C* plus. 4° Ceci et cela (ou ca) employes correlarivemeot, surtout dans le langage fami-lier tiennent la place de termcs que Ton ne juge pas utile ou possible d'expliciter. lis peuvent avoir la fonction normale d'un pronom, par ex. celle d'objet direct. Mais on les traite comme des Substituts universels; par ex., ils sont parfois attributs, comme des adjectifs ; ils sont parfois precedes d'un determinant, comme des noms, ou d'une conjonction de subordination, comme des propositions. [...] accompagnent Ious leurs gestes de commentaires : « Ahrs, j 'ai fail ceci, j ai fail cela. Je me suis dit que ceci el que cela. El maintenant je vais faire ceci cr cela [...]» (Sabatier. Trois sucettes ä la menthe. p. 75). — Germain, c'itait en telle annee.. II faisait panic de lei numero... II etait comme ceci et comme ca (Simenon, Maigrel ä New-York. p. 110), — Je sais bien. elle est une ceci, une cela (Pourrat, eil. Tresor, s.v. ceci}. — Elle se plaint toujours de ses enfanls . elle les Irouve trap ceci ou trap cela, 1028 LE PRONOM [S 671 Au lieu de ceci, on peut, dans le langage familier, avoir ci (cf. Hist.), et au lieu de cela, on peut avoir la : II faut faire ci, ilfaut faire ca (Aym£, Custalin, IV), — it n'aurait pas a dire, comme d habitude, e si je te quitte. je te quitte d cause de ci », ou « si je tn 'en vais. e 'est a cause de ca # (SaGaN, Yeux de soie, p. 187). — Comme Ci comme ca, voir 2°. — Et de commetteer d raconter [...] dans sa boutique que I'Adele c'etait jamais qu'une CI et une LA [q. Chevallier, Cloche-merle. XVIII). Hist. — Rab. emploie deja ceci el cela comme des adjectifs : Ma tant bonne femme est morte, qui estoit la plus cecy et CELA qui feust au monde (Pant.. III). Ci n'est sans dome pas une contraction de ceci (qui n'appartiem plus a la langue familiere, dont ci fait partie). II semble avoir ete lire de ca sur le modele des expressions qui connaisseni I'altemance i/a, eouci couca. et patati et patata, etc. Comme le montre I'ex. de Chevallier, I'ad-verbe ci. en tant qu'elemem des demonstratifs composes, a pu jouer un r6le. Empioi des formes simples 672 Celui, celte, ceux, celles comme nominaux, pour représenter des person-nes. Le féminin est ušité quand le contexte montre qu'il s'agit uniquement de femmes. a) Devant une proposition relative (le démonstratif permettant á la proposition relative d'avoir les fonctions d'un nom : cf. § 678). CeUX qui pieusement sont marts pour la palrie / Ont droit qu d leur cerateil la foute vienne et prie (Hugo, Ch. du crep.. 111). — Béni soit celui qui a preserve du děsespoir un cceur den-fant! (bernanos, Journal d'un cure de camp.. PI., p. 1070.) — Elie était de celles qui savent repousser les larmes amollissantes (B, Cla vel, Lumiěre du lac, p. 206). Notammenl. faire celui «jouer le role de celui », « se donner les apparences de celui » : J'ai pounant voulu tácher de la bousculer en faisamt celle qui ne se doutait de rien (J. Schlumberger. Sainl-Satumin. p. 89). — Le chien qui fait celui qui boite pour n étre pas battu (Montherl., Fits de personne. Ill, 3), — Et tu FEras celui qui passait par hasard (PaGnOL, César, p. 12). — Manneret fait celui qui n'a pas entendu (RObbe-Grillet, Maison de rendezvous, p. 174). — Avec ellipse du predicat de la relative : § 217, c, Rem. 2. Hist. — On disait jadis ft n'y a eelui qui pour « J] n'y a personne qui» : Cel nen i ad Kt de pitet ne pturt [ ~ il n'y a celui qui de pilie ne plcure] {Pot. 822). — It n'y eut CEL1.uy qui ne beust vingl cinq ou trente muys [ = muids] (Rab., Pant.. XX). — + II n'y avail celui qui ne prevít une prochaine rupture (S.-SlMON, Mém.. PL, t. I, p. 231), On disail aussi comme celui qui « comme une personne qui», souvent avec une nuance de cause: lis marcheoyent en desordre comme ceux qui cuidoient [ - pensaient] bien estre hors de lout dangler (Montaigne. i, 45). — * Elie vous parte comme celle qui n'est pas savanie (La Br., XII, 28). bi Au pluriel, devant un complement introduit par de, surtout dans la langue familiere : Ceux de Nancy, qui voyaienr louf du haul des murs. furenl si éperdus [...] (MichELET, cit Le Bidois, § 174). — Ceux du batiment { = ceux qui connaisseni la partie, c'esi-a-dire I'edition I disenl que les articles en question ti e'est des fours » (Valles. Insurgé. VI). — Se venger, se vengert [...) Elie enviail celles du peupte qui guetlent I'homme sous une porte, lui envoient par la figure une polée de vitriol (A. Daudet, immortel, Xtf). — Tonnerre.' si ceux de TarascO* avaient pu le voir(Id., Tart, de Tar., hi, 4.) — Ceux de 14 (titre d'un livre de GeNEVOIX) i 673] PRONOMS DEMONSTRATIFS 1029 [ = les soldats de 1914]. — Atroce angoisse pour ceux de Cuverville (GtDE, Journal, 11 juin 1940). — La Langue soignee prefcre un nom; Les habitants de Nancy. Les gens du bátiment, etc. Tres rare au sing.: Une voix sérieuse et douce murmura pres de son oreitle: I A N'y va pas... » 1 celle de tout a ťheure était lá, tout conlre lui (A. Daudet. Sapho. 1). Hist. — Á Tepoque classique, le lour cem de se manifestait dans tous les styles : [...] comme partem el escrivent presque tous ceux de dela Loire (Vaugelas. p. 405). — celles de ma nais-sance ont horreur des bussesses (Corn., Rodog, 111, 3). — Cresus [■■■].fit dénoncer a ceux de Samos qu 'its eussent á se rendre ses tributaires (La f., F.. Vie d'Esope), — + Ceux de Crotone ont perdu contre lui deux bataitles (fén.. Tel., l. 11, p. 53). Remarque. — Á cause de cette valeur nominale, la langue popnlaire joint volon-tiers l'article au démonstratif, surtout au plur., ceux étant souvent prononcé [sas], Les ceux qui oni énorměmem du talent (Peguy. Esprit de systéme, p, 180). — Mais les celles qui, comme ca. dans cette gazette, se plaignaient. it les trouvait toujours soit trop dindes, soit trop lartes (Queneau, Zazie dans te metro, p. 15). Hisl. — 1. Les ceux de la maison existait deja au XVI1 s.: usage populaire pour H. Esticnnc (cite par Huguet. s.v. celuy. avec d'aulres ex,), 2. En anc. ft-,, de partitif accompagnait parfbis le démonstratif : Assez i ol de ceus qui btas-merent la reine ( = il y en cut beaucoup qui...] (Mori le roi Artu, J} 74). — Assez en i at de ceux qui en [ = du bulin] reiinrent (Vjllehardouin. § 254). Cel usage a subsisté dans le francais de Belgique : Ven connais DE ceux (ou, plus nettement populaire, DKS ceux) qui ne seront pas contents. — Sainle-Beuve {Port-Royal. PI.. i, I, p. 275) cite cette letlre de Janscnius, éerite en « mauvais francais tlamand » : + J'en connais iei de ceux qui [,.,] sont tombés en děsordre. 673 Celui, celle, ceux, celles comme représentants. a) Devant une proposition relative ou devant un complement inlTodu.it par de ; Amer savoir, celui qu 'on lire du voyage > (Baudel., Ft. du m.. Voyage, VII.) — Elie avait la ekevelure poisseuse comme celle des Gitanes (Montherl., Petite infante de Castitle. I, 1). On peut intercaler, entre le démonstratif et le relatif, soil une épithéte, ordinairemenl détachée, soit un complement: Les arbres fruitiers qui meurenl, ceux mimes qui sont arrackěs ou brisés par accident, appartiennent d I usufruitier (Code civil, art. 594). — Les horreurs que nous venons de voir, el celles pires que nous verrons bientůt (bernanos, France conlre les robots, p. 217). — lis passaient Id, ehaque jour, une heure bénie qu'ils avaient /'impression d'arraeher a loutes les tyrannies conjurées : celle, farouche, de 1 argent, et celle, caressante el souveraine. du foyer (DuhamF.L, Deux hommes. p. 131). — Au souci de rajeunir son Diclionnaire I'Academie a joint celui, nun mains vif de lui eonserver sa physionomie (Ac, Préf). — Ceux des parlementaires qui ne m avaient rallié ni en fait, ni en esprit, ne laissaient pas de s 'agiter (de Gaulle. Mem. de guerre. l II, p. 198). Si 1'élément intercalé est assez long, la clané de l'expression en souffre : Comment ne pas dire á ceux, si munis qu Us soiem de savoir humain et quelque importance qu 'iis aient ou qu iis s 'atlribuent, qui s 'érigent avec tant d'assurance en juges du christianisme [...] {P. sanson, Inquietude humaine. p. 12). Remarque. — Au lieu de représenter un nom par un pronom démonstratif, on pent se contenter, dans certains conditions, du complement seul: Mes sentiments n'etaient point dun esctave (France, Livre de man ami, p. 157). [On pourrait dire: .„ ceux dun esclave.] — Voir S. 217, e, 1°, ainsi que. pour d'aulres cas, 3°. 4°. les Rem. et l'Hist. 1030 LE PRONOM [i 673 S 673] PRONOMS DEMONSTRATIFS 1031 b) Devant un participe ou un adjectif accompagnés d'un element subor-donné ou devant un complement irttroduit par une autre preposition que de. Cette construction a été contestée, par Girault-Duvivier, par Littré, par I'Acad. (mise en garde du 18 fevrier 1965), etc., mats á tort, car elle cxistait déjá á 1'époque classique et mamc plus tot (voir Hist.), et elle appartient á un usage tres general, notammcnt parmi les academic i ens. — + participe passe : Les immeuhles, méme ceux possedes par des étrangers, sow regis par la ioifrancaise (Code civil, art. 3). — Tant pis pour CEUX culbutes dans le fosse ou Ecrases en route (Chat., Guerre d'Esp. XXXVIII). — J'eus fiděe de prendre d'abord man chocolat. et ensuite CELUI DESTINE ä mon camarade (Galttier, Voy. en Esp., p. 189). — Je fusfrappé dun cliapilre qui traitail á fond des amilies, de celles pretendues solides et de celles PRÉTENDUES innocentes (s.-beuve, Voluplé. XV). — II n 'est pas de plus grands crimes que ceux commis can-tre lafoi (France, Orme du mail. p. 12). — Une niche grassiere, un peu plus grande que Celles creusees dans le mur (hau. Mart de Philae. p. 123). — Les masses les plus nombreuses furent vraisemblablement celles apportées par les couranls de 1'Esl (Valery, Regards sur le monde actuel. p. 121). — les personnes [...] ětaient Celles CHARGEES de son education (Hermant, Sou-ven. du vicomte de Courpiire. II). — ChoLiir entre la position ehrélienne et celle prise par Giethe (Gide, Altenau que..., p. 131). — Tons cEux assis á I 'aire ou deboul priaient has (Jammes. Géorgiques ehret., 1). — Les séquelles dependant de typérite. comparées á Celles dues aux autres gaz (Martin du G, Thib.. PL t, II, p. 952), — Aucune autre limite que Celles assignees par la samé de 1 enfant (Maurjac. Pharisienne, p. 45). — Politique toule contraire d CELLE SLl-viE en Indo-Chine (Maurois, Lyautey. p. 83). — Un autre empire que Celli promis aux Latins (Henriot, Fils de la Lome, p. 117). — Sur Fétendue d'un jour plus long que celuj ne de nos ténebres (Saint-John Perse, Oiseaux, XI). — Une autre nature que celle imposée par le monde (Malraux, Voix du silence, p. 275). — Un autre univers que celui DECRrr par le marxisme (GtS-caRd d'EstaIng, Democratic francaise. p. 42). — La politique de M. Voizard, á la difference de CELLES FRATiQUÉIis par Hautecloque et par Guillaume (Edgar Faure, Měmoires. t. I, p. 593). ■ + participe present: Ici c'est un instinct brutal et plat qui opere: celui tendant a secouer un fardeau trop lourd pour une conscience trop petite ou trop fälble (L. Daudet, Réve éveilté. p. 194). — Mais quelle vaie avait-il suivie ďici lá ? Peut-ětre CELLE, si poětique, DÉva-Lant de ce village des Angles? (Jammes, M. le cure d'Ozeron. p. 117.) — Comme CEux cachant un secret (GlPfc, Retour de I'enf prodigue, p. 110). — Tout ceux ayant la meme maludie [VaiÍry, M. Teste, p. 37). — C'est un etat proprement anarchique. de méme que CELUI resultant de la constitution miiitaire aboutit it I autocratic (EsTAUNiÉ, Vie secrete, p. 175). — Aucun des protaganiiies de ce theatre, et méme CELUI tenant i'empioi de speetateur. n 'avail conscience de jouer un role (cocteau. Enjants terribles. p. 70). — Les souvenirs que je gardais de cette existence illusoire n elaient ni mains súrs, ni mains altachams que ceux SE RAPPOR1 ast á la periodě anlérieure (aymé, Passe-muraitle. p. 99) — [..,] la bombe á kydrogěne doni la puissance peul étre considěrabiement plus grande que CELLE utilisant I uranium (L. LeprincE-Rjn-guet. Des atomes et des hommes. p. 167). Auires «. ( + pan. prese on pan. prís.): Nerval, Vqy. en Or. PI., p. Jol ■ Dumas tils, Dame aux cm., Xt: Mi.kimi i . Partr hist, el liti., p. 24 ; Balzac, Muse du departement, p. 228 , Gobineau, Essai sur I měgaMé. 1, 15 : BAUDEt.-, Paradis nrtif. Poimc du riascliisch, IV; MalpaSS., Fort comme le mort. t. 1 ; PROUST. Rech.. l tl, p, 1058 ; R. Bazin. Terre d'Esp.. p. 337 ; R. Rolland. Beelhoven. y, Désespóré. p. 317 ; MílNTHtKL, Citihtaaires, p 188 ; BfcRNANOS, Soul le soleil de Satan, p. 270 ; i^mdoux. Sur la glebe, p. 7 ; Claudel, Ville. 2C veraiun, p. 231 ; Madeljn. Danton. p. 34; La Vasende. Rai dĚcosse, p. 202 ; M. Gakcon. Louis XVIi. p. 316; SlEOFRtM). Aspects du XX* siecle. p. 119, Thovat, Araigne. p. 273 ; DaNuíl-Rops. Elements de noire destin, p. 206 . Leautald, Journal liner.. 1(1 mars 1904 , Greoh, Age de fir. p. 45 ; BORDEAUX, Paris aller el relour. p. 134 : Orb-in, Journal, 18 mars 1*18 j A. Arnoux. Crime! innocents, p. 47 . Kemp, dans les Nouv. tin., 24 juin 1954 ; Maritain, Paysan de la Garonne, p. 3)6 ; Camus. Essais, p. 1401 ; Sartre, Les jeus sont fails, p. 176 ; Gun-ran, L't.glise ei I'Evangile, p. 77 ; TE1I.haju) DE CUARDIN. Apparition de t'Homme. p. 91 ; Saba™*, Altumetlts suidoises, p. 17 . CHAsn " Mľr. En avanl vers t'Ouesi. p. 75 ; M- BoEfiNER, Exigence treuménique. p. 102 ; PaOni>1„ Masque defer, p. \9\ ; H. Sa^IN, Cri de ta chaucae. p. 238 ; j. DUTOUKD. Ěcote des jacrisses. p. 8S j RoBBE-GRlLLIfT. Voyew, P- 15 ; P. Vallery-Radot. Rěp. au disc, de réc áe J Delay á l'Ac : J. Delay. Aram mémoire. I, II, p. 258 . etc. — + adjectif; [..,] sans autre preparation que celle necessairE á Christian lui-méme (Sand, Homme de neige. t. II, p. 171). — Tout ceci se passa dans un tempt mains long que CELU) NĚCES-saire pour I'ecrire (Gautier, Cap. Fracasse, XV). — Jamais son esprit [...] n avail plus d'autres pensées, d'autres espoirs, d'autres reves. que CEUX RELATIFS á son ministére (MaUPASS., C En famílie). — Ses parties claires et celles plus MYSTER1EUSES (Barres. Grande pitie des ěgl. de Fr., p. 312). — Elle [ = la science] děveioppe ľ amour-propre, qui est un second aveuglement ajouté ä celui inherent á i'itomme (L. DAUDET, Stupide XIX" s., p. 231), — Les regions dont je parlais ne sont pourianl jtas inhabitees : ce sont CELLES sujettes á d'importanles evaporations, [.,.] celles voisiNEs des embouchures des grands fteuves [GlDE, Faux-monn.. p. 194). — Si j'avais souci d'autres lecteurs que de ceux assez interieuRS pour le eomprendre (Valery, trad des Bttcoliques de Virgile. p. 28). — Les odeurs I [...] 11 y avait aussi celles CherES aux chiens (VlALAR, Homme de chasse, p. 117). — Des vragons [„.], ceux lout plats remplis de siiex rouil-tés pour aménager d'autres voies (BtJTOR, Modification, p. 72). — + complement prépositionnel : Mon pere el Séraphie avaient comprimé les deux |pas-sions]. (...] celle pour la chasse [.,.] de\'int une fureur (Stendhal, Vic de H. Brulard, XIX). — Tauzin compta les piles de blé, CEI.IJvS POUR la vente [...] (j, de PESOUIDOUX, CViei noiís, t. 1, p. 65). — La sonalc en C dur de Beethoven fop. 53) et le rondo de CEI.I.E en mi fop. 9(1) (GlDE. Si le grain ne meurt. L 6). — La distinction [...] est aussi confuse que telle entre jorme et content! (Malraux, Voix du silence, p. 52). — Une comparaison étubíira mieux les precautions rurales prises centre ľébranlement communique par les toitures: cej.le avec le clocher (La Varende, Normandie en jleurs, p. 153). — Je n'ai pas paríé de la plus maiaisěe des patiences : Celle EnverS soi-měme (Maurois, dans les Nouv. liti., 12 juillet 1956). — Je ne savaii pas que son erudition en droit civil ěgaiaii celle en astronomie (H. Bordeaux, Garde de la maison, p. 21), — Autres ex. : Lamart.. lellrc citée dans L. Bertrand. Lamart., p. 69 ; SainTE-Beuve, Mes poisons, p, 69 ; M. de Guerin, I. I, p. 77; GiRAUtJOUX, Bella. VM1; etc. La construction est plus raremcnt attestée quand le participe et surtout I'adjectif ne sont pas accompagnés d'un element subordonné, et les ex, suivants ne sont pas des modéles á suivrc : Les íettres d répondre et celles repondlES (P.-L. Courier, lettre, S mars 1805), — Vous aimez les Juifs itatiens et ceux franCaiS (Apolun., Hérésiarque et C", p. 120). — Elle le dégoúta tellement [,..] des lomates. merne de CELLES C0MESTIBI.es (Proust. Rech.. 1. 11, p. 855). — On nťa tant reproché \..\ de me désintéiesser du sort de la Potrie, des elections legislatives et de CELUS MĽNJClPAUiS (LÉAĽTAUD, Petit ami, I). — Nu! na été plus méconnu de la generation qui ľa suivi (je ne dis pas de la mienne, mais de celle intermedia i REJ (R, Rou.and, Voyage intérieur. p. 73). — [..,] en supposant d'autres conslantes que CELLES aomises (VaIÉRY. Varieté, PL, p. 1220). Lorsqu'il s'agil d'un adjectif, la construction regulicrc consiste é utiliser I'article défini, par ex. dans la phrase de Léaulaud : ... er des municipales. Voir S 217, d (ainsi que la Rem. 2, qui conceme des adjeciifs accompagnés d'un element subordonné). — En revanche, I'article est proseni devant un complement préposilionnel : ůLes robes en laine et LES en SOIE. Voir § 556, Rem. 2. Hisl. — Le pronom démonsiratif suivi d'un participe, d'un adjectif, d'un complement prépositionnel (autre qu'un complement de relation) est un tour que I'on trouve děs le Moyen Age, II n'est pas frequent au XVII' s„ mais parail le devenir au XV1IIC; Yoiz ci deus voies, I 'une a desire el 1 autre a senestre. Cfle a setu:stre le dejfenl je que tu n 7 enlres [...] et se tu en cHt a desire enlres. tost i parras penr (Queslc del s Graal. p. 4]). — Religions [ - monatstcrcst rerh lees et celles nn-nl [ * non] RľNTEE. (GlLLES li Muisrs. cil. TobltT-Lommatjith. II, 90). Le baral [ = trompc-rifi] de cells* NOMMEES (VlLLON, Test., 574). — Aux Unze Vingtz Sergeris / Donne [--] 1 A chascun une gram eamete t [...] / ; J'emends a ceulx fi. PIE (Its,, 1094), — Qui fai semblabte a rELUY donne par 1'orucle d'Apolton au tttiy Croesus ITabouroi ui;s Accords, cii Brunoi. Hist. t. II. p. 422). — ' J'ai Joint á ma derniere lettre čnít tcRiTE par le prince (Rac. cii. BcsLhtrclk \a\ii cite aussi Florian, Dei.ii.li;, etc.|). — Celij; [ = la sLancc| 1032 LE PRONOM (5 673 sur la plume hlunche da Roi eft urt peu encore en maillot (Bolt-, Lettres I fíttcine. ů juin 1693). — * II se mil & la copie pour lui el t CELLE POUR la Trappe (S.-SlMON, Mem.. pi.. I. ]. p. 343), — On confondslt [..,) la blessure fails a une bete et cEU-t FA itt á tin exclave (Montesq., Espr., XV, 17), — La preuve negative par le sermenl avail des wconveniens ; CELL! par le combat en m-vil aussi {ib.. XXVI11, 13). — + Cette remarque ainsi qae CELLfS purement grammatical^ sonl pour les ětrangvrs (Volt,, Comment, sur Cam.. Nicomede, v. 1409). — Les cornices par Curies étoient de 1 'institution de Roniulus. CEUX pah. Centuries de Servlus, CEUX par Tribus des Tribtttis du people (J.-J- RoLfss., Control soc.. [V, 4). — + Ctít de celte correspandance. de celle REM1S? pareit-tement á la mart de Madame de Tmtrvet [...] qu 'on a farmě le present Recueil (LacI.ijS. Liaisons dang.. CLXIX, note). — + La premiére chose qui se fait la est de tire le cuhier des/antes [...] ; d'abard cllles commises á ce dernier souper (Sade, Informaci de la verm. p. 124). — * le corbeau piqutiit les jambes de celui [ = fe msínel a darner (prince de LlGNE, Memoires. p. lf>6). 674 Ce devant une proposition relative commencant par qui, que, quoi pre-positionnel, dont. Dans ces emplois, le pronom relatif s'est d'abord passé du demonstr. : cf. §§ 67S et 681, e — Pour le role de celui-ci, voir § 665. a) Comme nominal, ce est un pronom neutře désignant ďordinaire des choses : CE qui vient de la flúte s 'en retoume au tambour (prov,), — Rěfléchissez á ce que vous attez dire. 11 est tres attend/ a ce qu 'on dit de lui. I! /aut ce qu "il /aut. Void ce dont j 'at besoin. — [...] la passion /anatique de gens, qui dejendaient ce á quoi Us avaient danně teur vie (MaLRAUX. Noyers de t'Aitenburg. p, 82). Comme á I'epoque classique (cf. Hist.), la Langue lirtéraire emploie parfois ce a propos de personnes : Le commissaire royal fit arrěter tout ce qui habitait dans la /orteresse (Stendhal. Chron. itai.. Cenci). — Ce qui n 'a pu ěmigrer s 'oriente děsespérément vers la /rontiěre (Barres. Appel au soldát, t. II, p. 96). — Eire dur et fourbe envers ce qu'on aime est si naturel f (proust. Reck., t. Ill, p. 111.) — Tout ce qui pouvait marcher mantail de San-Francisco (Cendrars, Or, XXXI). Hist. — Ce pour des personnes a etc ties couraní de I'anc. fr. au XViir s,: Qui fu CE qui vos delivra ? i — Certes. Tristans {Folie Tristan at Seme, 383. rd. Bedier). — [„,] esperant desconflre taut CE qui estait log* en cedící faulxbourg {COMMYNES, l I. p. 1551. — II peul. dans ce desordre extreme, i Eptivser CE qu 'il bait et punir CI qn'it aime {Rac. Andr., 1. i J. — ' Rien ne sera si bon pour sa samé [...j que d'y accoucher au milieu de ce qu'il y a de plus habile (SĚV., 6 aout 1670), — [...) la plus respectable partie des hommes, compasee de eeux qui étudient les lots et les sciences, des Negocuins. des Artisans, en un mot de lout CE qui netott point liran (Volt., Lettret phit., IX). Remarque. — Ce que. ce qui servent dans 1'interrogation indirecte comme equivalents de que (ou de qu'esl-ce que) et de qu'est-ce qui de 1'interrogation directe : QUE veut-il ? -» Demande-iui ce QU'iV veut. — Qu 'esl-ce QUI est preferable ? -i Demande-ltii ce qui e.vf preferable. b) Ce comme representant une phrase ou une partie de phrase et consti-tuant avec une relative un element incident (cf. § 372, d): /Is ne sont pas toujours pauvres. mais ib som ma! habillés. ce qui est pire {NtMIER, Spies, L.P., p. (33), — Cciir qui tie savent pas croient que les biens designem uniuuentent les objets matěriels [...], ce en quoi its se trompem lourdement (Pilhes, Imprecaieur. p. 14). — Les deuí gestes qui sont á I'origine de ce iivre [..,} ne pourraient plus ětre traces de la meme/aeon p 92) - Voir cependant § 897. ť ' c) Ires souvent ce forme une redondance avec le sujet qui est exprimé apres le verbe. 1" Tantdt le sujet postposé est détaché (aprěs virgule dans I'ecrit): £.«-ce bete, les convenances ! (Flaub., Ěduc.. IL, 5.) - C'est chic, la vie (Martin du G nib.. PL. t. 1, p. 1129). — C'est aimable. ce que Lydie l ecrit lá (J. Lemaítre, Flipote. I, 3). 2" Tantot le sujet n'esl pas détaché. — Le sujet est un nom ou un pronom precedes de que: C'est une noble cause que ceile-la -Le Rhin est un Burgrave. et c'est un troubadour I Que le Lignon. et c'est un ruffian que I Adour (Verl., Poemes sat.. Nocturne paris.). — Le sujei est une proposition introduite par que. parfois par comme. si, quand ou ■ C'est une dure hi [...] / Qu'il nous faul du malheur recevoir le bapteme (müsset, Poes, nouv Nuil d oct). — C'est vrai que je suis vieia et fatigue (Ayme, Conies du chat perche Le canard et la panthere). - C'est bien rare si quelque chose ne tombe pas du ciel (Arland, Terre natale p. [01). - C est fort rare quand il se grise (Lorr, Pech, d'lsl.. p. 59). - C'est singulier comme je savoure les minutes qui me restenl (J. LEMA.trt, Mariage hlanc. !. 3). - C'est incroyable ou est alle ce pelolon (Müsset, // ne faul jurer de rien, II, I). — Le sujet est un infinilif introduit par de. que de (parfois que : § 880): C'est beau d'etre la puce dun lion (hugo, H. qui rit. il 10). - Ces, imiter quelqu 'un que de planter des choux (Musset, Prem poes.. Namouna, II, 9). - C'est une grande erreur que pin- une confiance illimi-lee a la michancete des hommes (Montherl., Celibataires. p. 307). Remarques. — 1. Quand le sujet est un mftnitif ou une proposition et que ['attribut est un adjecttf, on peut aussi employer il: Il est evident qui! a raison. C'est meme 1 usage ordinaire dans la langue ecrite, sauf s. 1'on veut msister sur I'adjectif: C est odieux d'opprimer le faible. — Voir aussi § 753. 2. Sur l'analyse de que dans les ex. du 2°, voir § 689, c. Hist. d) C'est constitue avec qui ou que I'mtroducteur permettant de mettre en evidence tel ou tel element de la phrase (§ 447); avec inversion (est-ce). il constitue avec qui ou que I'introducteur de I*interrogation (§ 389). 5 676] PRONOMS DEMONSTRATIFS 1035 C'est voire mere qui est venue tout a I'heure. C'est tout á i'heure que votre mere est venue. — Est-CE qu 'il pieut encore ? Qu 'est-CE qui s 'est passe ? e) Du point de vue syntaxique, ce a souvent le comportement d'un pronom personnel sujet, notamment dans les inversions : voir §§ 377, 386, 396. Cependant, 1'inversion de ce est soumise ä certaines restrictions. L'inversion est impossible aprěs une forme verbale terminée par un e muet: 'Furenl-CYz de bans resuitats ? *Fussent-ct vos parents ? *Eussent-C£ ěté vos souhaits ? L'inversion ne se pratique guěre quand ětre est á un temps compose ou quand éire est precede d'une forme de devoir, pouvoir, etc, *.4-ce ěté vrai ? *Ont-Cv ěté vos amis ? — Si 1'auxiliaire a deux syllabes (sans e muet), l'inversion est rare, mais non inusilée : Avait-ce ěté des choses reelles ? (bourget, Laurence Albani, cite dans le bar. mensuei, févr. 1920, p. 47.) — Peut-ětre, sans de Gaulle, aurail-CE été pire (Raym. Aron, inlerviewi darts le Magazine litt., sept. 1983, p. 27). Encore devait-CE étre le nůtre (Thérive, Voyage de M. Renan, p. 127). — Penser comme rout le monde. c est penser soltemem. Quant á sentir comme tout le monde, [...] que doil-CE étre ? (A, SuaRĚS, Debussy, p. 154.) — Ceiait á s'emporter [.,.] ! Que devait-CE ětre pour un... malade ' (Mai.raUX, Antimémoites. p. 38.) Autre suite inusitée. "soit-ce. Hardiesse individuelle : "Lorsqu elle est menacěe. si peu soit-CF. (H. Bazin, Malrimoine, p. 274), Certaines associations sont rares sans ětre exclues : Ě 898, a, Rem. 1, et b, 2°. Hist. — L'usage de jadis admcttait des inversions aujourd'hui inconnues ou rares : N'a CV. pas eslě luy qui te I'a faict cognoistre ? (CORN,, Mělite. IV. I.) — Pen[i] e'estre autre chose [,..] 7 (Pascal, Pens., p. 96.) — Que peui-c'esire ? (MOL., Av„ IV, 7.) — Que pourroit-CE estre '.' (Id., D. Juan. IV, 6). — Que devoit-CE ětre [...] ? (J.-J. Rou55„ Confi, PL, p. 99.) Remarque. — Par une inadvertance trés ßcheuse, certains autetirs ccrivent ou laissent imprinter "Jitsse ou "fussent pour fut-ce, fiit-ce : Pour j'ut-ce . "Fussent les lecteurs, trop rares, de Minerva qui firem te suecés de mon roman, toujours est-il qu'il surpassa bien vile les deux uutres (H. Bordeaux, Garde de la maison. p. 152), Pour fut-ce : "Pour peu que celui que vous avez louche le manifeste, FUSSE méme par un clin d'mil ou un grognement. il se děcouvre ainsi par ce qu'il a approuvé au děsapprotivě (GlONO, Voy. en it.. p. 237). — "Quand on awit deux femmes dans sa vie et qu'elles I'apprenaient. on les gardait, fussent deux sceurs (Bourget. Deux saturs, cit, Heybye. p. 94). 6?6 Autres emplois de ce. a) Ce s'emploie comme sujet d'autres verbes osi'eire dans la langue littéraire. Rěguliěremem dans les sous-phrases incidentes ce me semble. ce semhle (plus recherche) : Toule vrate passion ne songe qu 'á elle. C'est pourquoi. ce me semble, les passions sont si ridicules á Paris, oil Se voisin pretend toujours qu'on pense beaucoup a lui (STENDHAL, Rouge, II, I). — A mesure que je me rappntche des marts, its me de\iennent, ce me semble, un peu moins sacrěs (J. Rostand, Fensées d'un hiolog.. p. 202). — Point d'esprit. ni. ce semble. d iděes (Taine, Notes sur 1 'Anglet., p. 56). — La premiere explication [...] parail toul á fait plausible .' on pourrail. ce semble. sen tenir á celle-tá (GREVISSĚ, Problěmes de tang., i. 11, p. 20). Oceasionnellemenl, au lieu de cela (et de ca. jugé trop familier): CE de\enait une mánie (R. Rolland, Jean-Chr.. i. 111, p. 27). — Jusqua ce moment ce lui avail semhle un jeu (ib., t. IX, p. 117). — CE devient une grande difficuliě (Barrés. Jardin de Berenice, p. 74). — CE pourrail se corriger adroitement á la plume (Barbey d'Aur., Leltres á Trebutien. l I, p. 105). — CE pourrail, á la hngue. devenir děsespirant (Duhamel, Le bemiaire et I herbier, LXXXI). — CE 1036 LE PRONOM [§ 676 S 677] PRONOMS RELATIFS 1037 «aus porta un travail tout aisé (!)>., Desert de Bieres, p. 146). — Ce n 'a pas la moindrc importance {to.. Refuges de la lecture, p. 226). - Ce rests longtemps le grand secret de nos adolescences (Alain- Four mier, Gr Meaulnes. p. 55). — CE ne veut pas dire du tout qu on soil généreux (La Varende, Don Bosco. IV). — Ce ne suffit pas á combter Ies deficits (G, Bauer, dans le Soir [Bruxelles] 4 nov, 1959). — Ce peut signifter que le ciel est vide (R. Kemp, dans Ies AW litter.. 19 fevr, 1953). — Ce que tu/ais est admirable [„.] I Ce doit devenir une regie (J. Laurent, Bouses, p. 46T). Un certain nombre d'ex. ou nous avons vu des pa elides (8 668, c) sont peut-étre des ce analogues á ceux que nous venons de citer. HisL — I. Ce s'employait notamment comme sujet du verbe venir. celui-ci étant suivi d'une preposition, d'ordinaire á Quant cue vent aprěs soupper (Froiss., Chron., SHF. t. IX, p. 39). - Quant che vent au soir (ib.. p. 45). [Dans ces deux ex., nous nous contenterions du complement de temps : Aprěs souper. Au soir] — Quant ce viENT á omriesme [apres dixiéme, etc.], on le traitte comme Ies autres [et on n'ilide pas I'article, ce qui est parler « tres-mal »] (Vaugelas. p. 77). — Quand ce vjnt au [ = quand ce fut le tour du] Dieu de Cylhere (La F„ F., XI, 2). — Cetour subsistedans 1c fr. pop. du Quebec : "Quand ca vient á I 'lieure de panir. i sail pa's partir (dans Bergeron). Par analogie avec cest, la preposition ctail parfois omise : Quand ce vient ta feste [dit un paysan] (Mol., D. Juan, fl, 1). — Quand damour ce vim luge (MiLLEVOYE cit Littré iv ce, 16"). On disait aussi avec ä ei j' inrinitiF: Quand ce vint á payer (La F.. C, Belphegor; J.-J. Rouss., Con/.. PL, p. l64;Ac. 1878). [= Quand vint le moment de payer.] 2. Ce a servi de sujet dans des propositions absolues i ce dessus dessous (§ 667. Hisl. 3); ce nonobstant ou nonobstant ce, cependant (§ 256, Hisl.). Ce tiéanmoins parait avoir elé fait sur le modele de ee nonobstant. Á voir ies ex. classiqucs, le tour appartenait á la langue juridique : MOL., Comtesse d'Esc. V ; Rac, Plaid.. Ill, 3. On en trouve encore quelques attestations au XX= s.: Et. ce néaNmoins. les ordres recus étaient des ordres (FarreRE, Onziéme lieure, p. 166). — Mais comment conserver une attitude empruntee eu face dun piaisantin qui [...] vous děclarail avec une emphase faussement irrilěe : I — CE néan-moins, madame, je vous tiens pour la plus cruelle. la plus indifferente. [...] la pire enfm des coquettes (Y, Gandon, Leone, p. 243). "Cefait [ = ceci étant fait] est un arehaisme encore pratique par les jurisles beiges. b) Ce objet direct dans quelques formules stéréorypees : Ce disant, ce/aisam : Ce disanl, il regardaii fixemenl le pauvre Berlaudier (Pagnol, Temps des secrets, p. 382), — Metaní donné comme lache [...] d'etre le spectateur engage de i'histoire, ttfaisant il m'a fallu enmprendre I'economie (Raym. Arqn, Spectateur engage, p. 218). — Sur ce modele, on trouve occasionnellement d'autres gérondifs : Ce révant (Barres, Mes cahiers. t. X, p. 117); — Ce lisant (P. BOST, dans le Figaro litt., 8 janv. 1949); — Ce voyant (SchwarzBart, Dernier des justes. p. 249). — Le pronom suit tres rarement Icgerondif; Voyant ce (PouR-rat, Gaspard des Montagnes. i. I. 1931, p. 143). — Comp, ce que voyant, $ 674, c. Pour ce faire: II voulail surprendre lennemi et, pour CE faire, attaqua avant faube (ac 1987). — Par imitation ; JacAez de CE faire (Flaub., Corresp.. Suppl., i. II, p. 35). Ce dit-on (archaique) comme incise : cf. § 374, HisL — Autre arcbalsme, par badinage : H. Fauquier [...] / Ne me trouve pas vertueux ! {...] / El signe CE de son paraphe (verl., Invect.. XIV). e) Ce regime de preposition. Sur ce apparttenl á la langue courantc : Le general Giraud [...] déclara á ce moment: * [...]. » I Sur ce. je me leva!, quittai la piece et rentrai chez moi (de Gaulle. Mém. de guerre, t. II. p. 243). — L'Acad. donne encore en 19B7 pour ce comme synonyme de pour ce faire (compl debut). Certc expression est vieillie [e'etait déjá I'avis de Vaugelas, p. 82]: On y voit un anacho-rěte [,..] perdre tout á coup la grace el pour ce tomber dans la damnation (Barres, Du sang... p. 65). [Compl. de cause.]—A ce + participe passé est un tour des juristes : Les lieux á ce desti- nes (Code civil, art. 1767). — A ce autorises (Stendhal, Chron. itat., Abbesse de Castro, V). — En ce compris « y compris » est couranl dans la langue administrative de Belgique. — Emploi isole: D'apres CE. je crois [...] (Vicny, Shylock, 111, 5). d) Ce coordonne a une phrase qu'il est charge de representer, pour que puisse s'y ajouter une precision suppl erne ntai re {§ 265, d, 1°) : // [ = le prince qui se serai! marie sans le consentement du roi] pourra etre releve de cette decheance par le Roi ou par ceux qui. a son defaut, exercent ses pouvoirs dans les cas prevus par la Constitution, et ce moyennant I 'assentimenl des deux Chamhres (Constitution beige, art. 60). — Sans conjonction de coordination : Ebert prenait sa succession, ce pendant que I 'Em-pereur s enfuyait en Hollande (de Gaulle, Discorde chez I'ennemi, p. 180). [Cf. § 1081, b.] e) Faits divers, CE que iu esfolic ! cf. § 394, a. — Ce annoncant une proposition conjonctive : // insiste beau-coup sur ce que ces deux imprudentes n'ont pas emmene de chauffeur (Mauriac, Pelerins de Lourdes. p. 133). Cf. § 365, b, 2°, HisL SECTION 6. — LES PRONOMS RELATIFS Bibl.— H. BonnaRd, Lequel/qui (quoi) pronoms relatifs, dans Melanges Grevisse, pp. 39-46. — Voir aussi avant le § 1057. Les pronoms relatifs, qu'on appelle parfois conjonctifs, servent á intro-duire une proposition, qu'on appelle elle-méme relative ; á la difference des conjonctions de subordination (qui introduisent aussi une proposition), 1) ils ont une fonction dans cette proposition : celle de sujet, de complement, parfois d'attribut; — 2) its ont un genre, un nombre, une personne, méme s'tls n'en portent pas visiblement les marques (cf. § 680) ; — 3) s'ils sont repré-sentants (§ 678), ils ont un antecedent. Ceux qui vivenr. ee sont ceux qui luttent: ce sont I Ceux dont un dessein ferme emplit Fame et le front (Hugo. Chátim., IV, 9). — L'hiver s'achevait. je vis pour la premiére fois cette chose exquise QV'est le printemps de Paris et dont je ne soupconnais pas le charme (J. Mistler. Bout du monde. p. 165). — // me semble que la principále de nos occupations ělaii latxente d'une catastrophe sur quoi nous ne pouvions plus rien (J. d'ormesson, Au plaisir de Dieu. p. 245). Remarque. — Le pronom relatif peut avoir sa fonction par rapport a un terme faisani partie d'un syntagme verbal ou d'une proposition inclus dans la proposition mtroduite par le pronom relatif. — Par rapport á un syntagme verbal á rinfinitif. Cela est couraní el sans ambigulté si I'infinuif est un companion' essentiel ou un sujei reel // pense a la temme ou'iV veuf épouser. Qt 'il songe a tPOUSER. ,\ qui il vent pi At re Je connais la voiture qu'i/ est allé chercher. 11 a rencontre la personne OV'il etait impatient (ou ou'iV avail envjet de connaitre. Ecoutez le conseil qu'ii taut suivRE. // a reconnu le puysage dont il cravaii se souvenir La maison dont it crainl de perdre la CLE est a ses parent, II pense U Iu maison oi il comple s installer — Le pronom reoresente i'ageni de I'inlimlii: /( admire le prafesseur ou'i'i ěcoute parler Autres ex. au $ 872, C. La construction est moms neite si i'infinitif nesl nas un complement essentiel ; Je ne savai* que repondre [...] lorsqu on me proposait quelque partie que, dans une situation naturelle, je n durais point eu de moli)'pour refuser (B. Constant, Ad.. IV), — // v avail dans son cabinet 1038 LE PRONOM li 677 une commode qu'il s'arrangeaii a nepas regarder. qu'il faisait un crochet pour EViTER en entrant el en sonant (proust, Rech, t. I, p. 321). — Solange [...] QUE je dots faire un effort pour recon-najtre (H. Bazin, Cri de la chouette. p. 54). — Je pense ä des escrocs dont il a fallu des annies et des campagnes de presse pour obienir J inculpation (Casamayor, dans le Monde. 17 fevr. 1978). — Apres I'introducteur c'est,. que: C'est eile Qu'il etait en route pour rejoin-dre (Claudel, Soulier de satin. II, 3). Certains ne reculenl pas devanl des constructions plus compliances encore : Cette realite que nous risquerions for) de mourir sans avoir connue (Proust, Rech, t III, p. B95). — Comme ces peuplades sauvages qu'lV nous faul des missionnaires heroiques el barbus pour aller conqujs-rir (BOYLESVE, Jeune fille bien elevee, VI). — Agregee de lettres. ce QU'elte ne laissait guere passer une occasion de faire sonner bien haut (j. Borel, Adoration, p. 388). — Je puis vans dire des choses Qu'avant on m aurait coupe en morceaux plutöt que de me faire dire (P. BENOtT, cit. Sandfeld, t. II, p. 198). On ne sera pas surpris que ces enchevelrements provoquent des redondances et d'autres accidents ; "Une belle hirondelle [.,] brusquemenl se jette dans ma chambre, fait trois tours [...] el full [...] par ce Irou de lumiere oü eile s'elait precipitee en ton! que trau d'ombre. et qu'iV lui a sußi de virer de bord pour la changer eti lumiere {Valery, Melange, PL, p. 312), — aLa presence [...] de son fits prefere etait un reconfort auquel [sic] on ne pouvail songer ä la priver (M. TOURNtER, Miliares, p. 19). Certains auteurs pre/erect recourir a dont « au sujet duquel », ce qui n'esi pas toujours ires heureux. Voir § 694, d. — Par rapport ä un terme d'une proposition incluse dans ta proposition relativ«. Si la proposition est une conjonctive essentielle (§ 1068), cela reste assez frequent dans la lan-gut litteraire comme dans l'usage parle: I. homme que les auires imaginent que nous somves (Maurois, Mintoires. I, p. 6), —■ Pour vous le dire d'un mot que je suppose que vous atiez com-prendre (Camus, Lettres ä un ami allem, p. 21). — Ce qui denote une vertu Qu'il n'aurait point aimi qu'on lui reconnut (M. Clavel, dans le Nouvel Observateur, 21-29 avril 1973). — Je me passionnais [,..] dans ma recherche tenebreuse. pour laquelle je sais que le chereheur devait abjurer et repousser de lui culture, decence el morale (GrrjE, Immor. Ill), — Le docteur es sciences Stangstadius. dont if est bien impossible que vous n 'ayez pas entendu parier (Sand, Hamme de neige, t, I, p. 118). — Le malheureux fait de grands efforts pour suivre le requisitoire de i avocat general, dont on voit qu 'II ne comprend de-ci de-Id que quelques phrases (Gide. Souv. de la Cour d'assises, II). —- L 'idee de queique chose de tneilleur [...], ■ DoNT i( sent que toutes les choses autour de lui soni essentieilement incaPABles (Claudel, Messe lä-bas. p. 104). — Un homme dont on sail que le talent se double de caractire (A. siegfried, Savoir parier en public, p. 40). Quoique ce tour soil aise ä comprendre, il peul donner une impression de lourdeur, Baudelaire, qui avail d'abord ecrit: Mes grandes attitudes. / Qu'on dirait que j "emprunte aux plus Jiers monuments (Fl. du m, Bcaute), a corrige en ... Que j'ai fair d'emprunter. Bernanos, qui avail ecrit: Un article de mat' que je serais heureux que vous LtslEz, (Corresp, 25 oct, 1946), ajoute enlre parentheses cette autocrilique : Que de que. seigneur. Le lecteur d'aujourd'hui risque davantage d'etre deconcerte ou cboque si la proposition est elte-meme une relative ou une adverbiale ou si c'est une interrogation (ou exclamation) indirecte ou encore si la proposition est compliment d'un infinitif lui-meme regime : Des fanalismes natio-naux, DONT il y a evidemment des chefs qui se servent (romains, 6 Oct, p. 106). — Quatrains [...] qu'i/ nous faudrait etre en salte de garde pour que je vous CITE (ARlSnDE [ = M. ChaPELANj. dans le Figaro litt., 10 nov. 1966). — Cette jeunesse dont j 'entends encore avec quel accent d 'admiration les paysans de Lorraine DiSENT qu 'elle est «ftere * (BarrEs, Mystere en pleine lumiere, p. 101), [Dans ce cas particulier, on a une exclam. indirecte, avec determinant exclama-tif] — Cette M™* de yUleparisis qu on traitait avec tant d'igards, DESQUELS toutes ces dames bruiaient d'apprendre qu'elle etait INdIGne (Proust, Rech, t. I, p. 702). — Une noble t&che ä laquelle ne demandaient qu 'a se vouer d 'autres femmes qu 'elle. entrE les mains desqUELLES it § 679] PRONOMS RELATIFS 1039 est vrai d'ajouter que la noble tache ne lui eCt páru plus qu une indiscrete e) insupportable usurpation de sa Uberte (ib, p. 320). Sur le tour La femme que je crois qui est malade, voir § 1062. Dans beaucoup de cas, la languc modeme prefere recourir a dont « au sujet duquel (ou de qui) » : voir \ 694, d. Hist. — Qu'il s'agissc d'un infmilif ou d'une proposition, ces lours soni anciens ei bien con-nus de la langue classique : De s 'amie ii remembre t dostt il sel qu 'il ne puet joír (Chátel. de Vergi. 180-181) [ = II se souvient de son amie dont il sait qu'il ne peul jouir], -— ~ Le roturier qui dit par habitude qu 'il tire son origine de queique ancien baron ou de queique chdtetain, dont if iir vrai qu 'il ne descend pas (La Br., XIV, 4), — Avez-vous jamais veu [,.] un Diamant plus vij que celuy QUE vous voyez que man Fere a au doigt ? (Mol., Av, 111, 7.) — Cet Enfant sans parens, qL'elle dit qu elle a vij {Rac, Andr, [U, 4). — Dans certains tours figés ou archa'fques, le pronom relarif a sa fonction par rapport á un partie i pť ou á un gérondif qui le suivenl immediatement. Le pronom est complement d'un gérondif: Quoi faisant. en quoi faisant « en termes de palais » (Littré). — Plus ušité, ce que voyant. etc., cf. § 674, c. — Chez un auteur feru d'ar-chaisme : Elle assise pres de lui pleurait. dont s'etant apercu Cambyse lui en demanda la cause (P.-L. Courier, trad, ďHérodote, HI). Le pronom est sujet d'une proposition absotue, aussi chez un auteur arcbaYsam : On résalui d'attendre quelques minutes. lesquellEs passEES, on irail á sa recherche {Galtter, Cap. Fra-casse, VI). Hisl. — Ces constructions du gérondiT et du participe sont des latinismes qui datent du XVC et du XVle s. On trouvait aussi des relatifs ayant leur fonction dans une proposition advcrbiale qu'ils precedent immédiatement: Lesquelz quand Panurge appErcéut, dist á Pantagruel [...] (Rab., Pant., éd. princeps, XIX). 678 Nominaux et représentants. Si le pronom relatif est nominal (ou sans antecedent: cf. § 627), ia proposition relative elle-méme a dans la phrase (ou, éventuellement, dans une proposition) la fonction de sujet ou de complement : QuiCONQUE demands rcfo/l, qui chercht. irauve. et I 'on ouvrira a qui frappe {Bible, trad. Crampon. Matth., VII, 8), - Je choisirai qui je veux. Qui (5 687) et que (§ 690) comme nominaux sont des restes d'une ancieune syntaxe. La langue ordinaire les fait prěcéder d'un démon strati!" (celui, cej dont le role est de transformer ces nominaux en représentants (ou. si Ion veut, de permettte á la proposition relative d'avoir les fonc-tions d'un nom). Cf, § 665. Si le pronom est representant (§ 626), ta proposition est complement de 1'antécédent, e'est-a-dire du terme représenté : II ne faul pas réveiiler le chat Out dort (prov). Quiconque est toujours nominal- — Qui, que, quoi. ou sont parfois nominaux. — Dont et lequel sont toujours représentants. 679 Formes des pronoms relatifs. a) Formes simples: Qui. que, quoi, dont, ou. Qui, que. quoi peuvenl etre consideres comme des formes differentes, selon la fonction, du pronom qui. — Aucun de ces cinq pronoms ne varie en genre et en nombre. Voir cependant S 680. 1040 LE PRONOM [§ 679 Qui s'elide souvent devant voyelle dans la langue populaire : 5 44, c. 2°. — En Belgiquc, qui a une voyelle longue quand il est nominal; elle esl bréve quand il est representant. Hist. — Qui el que non neutre provienneni des formes du pronom relatif latin qui el quern, que neutre el quoi du pronom interrogatif neutre quid. — Dani et ou sont original rem ent des adverbes : latin de unde « ďoú » (S 693. b, Hist.) el ubi « oil». Ou est encore considéré comme un adverbe dans certains de ses emplois ; c'est pourquoi on Pappelle parfois adverbe relatif ou adverbe conjonctif lorsqu'il a le role étudié dans ce chapilre. b) Formes composées. 1° Dans fequel, compose de 1'articie défini et du determinant interroga-tif. !es deux elements varient en genre et en nombre, genre et nombre qui sont communiques par ['antecedent. (Voir cependant § 680, a, Rem.) La maison dans laquelle j'ai pasné man enfance a ěié détrtute pendant la guerre. L'article défini que contient Sequel se contracte avec les prepositions á et de (cf. § 565, i>) au masculin singulier et au pluriel : Le livre auquel je pense Les livres auxquels je pense. Le livre á prnpos duquel vous m 'avez interrogé. Les livres á propas desquels vnitv m 'avez inlerrogé. 2° On considéré souvent quiconque comme une forme composée (ce qu'il est par 1'étymologie : cf. § 697, Hist.). II ne connaft pas de variation de forme, Les pronoms relatifs sont a la fois donneurs et receveurs ďaccord. a) Lequel varie en genre et en nombre en tbnction de son antecedent et communique ce genre et ce nombre aux mots qui s'accordent avec lui : Ma tante me contait. a diner, sa brouille avec le docteur Germond. laquelle, survenue dis ans en cá. /'occupait encore (A. France. Pierre Noziere, I, 9). Remarque. — On observe dans la langue parlce une tendance á Latsser lequel invariable comme les aulres ptonoms relatifs '. "Une ceriaine utilisation de la langue fruncutse dans lequfl il y a plusieurs parametres (un professeur ďuniversité. cit. Blanche-Benvenisle el Jeanjean, Fr. parlé. p. 99). b) Les autres pronoms relatifs ne portent pas les marques de la personne, du genre et du nombre. Lorsqu'ils sont représentants, qui et que ont la personne grammaticale, le genre et le nombre de leur antecedent et transmettent cette personne, ce genre et ce nombre aux mots qui s'accordent avec eux: Les personnes qui sont maitresses d'etles-memes ont souvent le dernier mat. — C'est tttoi qui irai. — Toi qui sěches les pleurs des moindres graminées (e. Rostaw. Chantecler, L 2). — Toute la peine que vous vous éles donnée a été perdue. Qui comme nominal désignant des personnes et quiconque sont de la troisiéme personne el ordinairement du masculin singulier. Voir cependant §§ 687, a. et 697. Rem. 1. Quoi est une forme que Ton appelle neutre, á cause de sa valeur ordinaire (§ 691. a). II en est de mime pour certains emplois de qui {§§ 685. h, et 687, c). Quand un § 682] PRONOMS RELATIFS 1041 6s1 mot s'accorde avec ces pronoms neutřes, il sc met au singulier et au masculin : Voilá qui est bien dit, Nature de P antecedent du pronom relatif representant. a) Nom ou syntagme nominal : Rends-moi LE LIVRE que je t'ai prělě. VoTRE am] est la qui attend. — Frederic se rendu CHEZ LE CĚLEBRE pomaděre, ou il commando trois pantalons. dettx habits, une pelisse de fourrure et cinq gilets (Flaue.. Educ, II, 1). Remarque. — Le pronom relatif ne pent, en general, avoir pour antecedent un nom commun sans determinant: VI demande JUSTICE, qui ne lui a pas été faite. b) Pronom : Cf. J 626, 1" Ó lac ! rochers muets I grotles I foret obscure I / Vous, que le temps epargne ou qu 'il peut rajeunir, / Gardes de cette nuit, gardez. belle nature. / Au moins te souvenir ! (Lamart., Mědit, XIII.) — J'ai enlendu raconter par ma mere CECt, que j'ignorais alors [...] (PROUST, Rech., 1. Ill, p. 3S3). ■— Tel flance qui n'épouse pas (prov.). — Que faisaii-i! qui ne s'est toujours fait? {Valéry, Varieté. PL, p. 781). — Sur le belgicisme "tout qui, voir § 687, Rem, 1. c) Adjectif ou participe, avec que attribut : INQUIETS et AGl'rES que nous sommes (Bremond, Ames religieuses. p, 82). d) Adverbe, dans des cas limités: La oů vous etes, vous Jerez du bon travail. — Cf. § 1059, c. e) Phrase ou partie de phrase. Cf. {j 689, c. Que — Dans des expressions figées : Qui plus est. Qui mieux est. Qui pis est (§ 685, b); je sache (§ 690, b); — Dont acte (§ 693. a). — Avec quoi precede d'une preposition (§ 691, c), et avec ďoú (S 696, b. 4°): Af™* de Sěvi-gné écrira par exemple des troupes qui occupent et ran-pnnent la Bretagne (contre quoi elle peste) [...] (Mauriac, dans le Figaro litt, 12 janv. 1957). — II a refuse. D'Oli il rěsulte mainte-nant que nous sommes dans I'impasse (Diet, contempj. — Dans une langue Iittéraire archaVsante, avec qui (§ 685, b) et dont (§ 693, a): Je risquerais de me faire [...] suspecter, au choix, de pédantisme ou d'ironie : qu], entre parenihěse [sic], serait injuste (hermant, Discorde, p. I). — Silvia ne le connaissail plus. / Dont il sentit une douleur extreme (Musset, Foes. nouv.. Silvia). Dans I'usage ordinaire, quand 1'antécédent esl une phrase ou une partie de phrase, il est rappele devant le relatif par le demonstratif neutre ce ou par un nom de sens vague comme chose, fail, etc.; dans ce cas, ce. chose, etc. sont les antecedents du pronom relatif: // me pria de donner mon adresse, CE que je Jts (Duhamel, Cri des profondeurs. p. 105). — It se leva et, CHOSE qu'il n'avait pas faite depuis longtemps, it alia lembrasser (CHATEAUBRtant, M. des Lourdines, p. 142). [Dans cet ex., chose annonce ce qui suit.] "82 Le pronom relatif se place d'ordinaire en téte de la proposition relative, á l'exception des cas sutvants. I" It est precede par la preposition qu'il reclame : L'enfant á qui j'ai parle est orphelin. — J'ai été ckoqué par la violence avec laquelle il m a rěpondu. — [Sur C'est lui a qui je pense (pour Cest á lui que je pense), cf. S 447, 3°] 1042 LE PRONOM [5 682 Le probléme ne se pose pas pour dont. qui équivaut á un syntagme prépositionnel introduil par de. 2° Si le relatif est complement d'un nom introduit par une preposition, il est precede par ce syntagme prépositionnel: S'asseyant devant le poete á la bguche duquel elle présenta ses souliers (Balzac. Goriot. p. 46). — Les [ = des fleurs] peindre vous faisait vivre dans la societě des fieurs naturelles. DE la beaute DesqUEllES [...] on ne se iassait pas (Proust, Rech.. t, !, p. 709). — Cel étendard glorieux, par le secours oe QUt Rene 11 děconfit les Bourguignons et leur téméraire chef devanl sa vitle de Nancy (Barres, Coltine insp., 1, 3). — La critique est mort-něe. au principe et au cours de laquelle ne soil present I 'amour des letlres (Thibaudet, Hist, de la lilt. Jr. de 1789 a nos jours, Prtf.). — Voir au § 344, a, 1°, Rem., d'autres ex. de ce lour (qui paralt lourd dans certains cas), Dont dans ce cas est exclu. Valéry, par caprice, a mis devant le relatif un syntagme non prépositionnel : Les psychoiogues modernes n'ont pas louche, je crains, aux dijficultes de ce genre, la resolution desquelles éctairerait presque tout le lattgage (PL, t, II, p. 1449), Remarque. — Sur la place de lit proposition relative par rapport á 1'antécédent, voir § 1060. 683 Repetition du pronom reiatif dans la coordination. a) Le pronom relatif sujet peut étre répété ou non. Le pronom n'cst pas répété : L 'homme est le seal animal [...] qui hěsite et táíonne (bergson, Deux sources de la mar. et de la rel, p. 216), — La main ou! sort de la poche et lentemeni s'eleve ne leur désigne-1-elle pas [.-1 le passant qui s'eloigne [,..] ? (RobbE-Grillet, Projet pour une revolution á New York, p. 23.) — Son visage se fend dans un sourire maximum qui se fige, dure un bon moment, puis subitement s 'éteint (S. Beckett, En attendant Godot, Theatre. I. p. 13). Le pronom est répété : Deux petits iraits noirs, out dépassaient te mur de la Belle-Étoile et qui devaient étre tes deux brancards dresses d'une voiture, ont disparu (Alain-Fournier. Gr. Meautnes, I, 4). — Des jlocons de neige, mais qui briilaient d'un j'eu ěblouissant et qui bru-laient comme des bouffées de vapeur. passaient de\'ůnt ses yeux (PlEYRE de MandiarouES, Moto-cyclelte, F°, p, 100). Certains grammairiens exigent la repetition quand le temps des verbes est different. L'usage ne tient pas compte de cette regie arbitraire : Cette atuvre, la France, qui est et demeurera son propre mandataire. la poursuivra (de gaulle, Discours et mess., 15 févr. 1945), b) Les autres pronoms se repetent : [...] / Ou / 'adieu du chasseur que I 'echo faibie accueille I El que le vent du nord porte de Jeuiile en feuiile (Vigny, Poemes ant. et mod.. Cor). — lis oni conserve leurs Rois-Prétres. dont te pouvoir n'est plus que spirituel, mais dont te prestige demeure (Malraux, Antiměmoires. p, 76). — Cette rue du Bronx [,..], ou un vieillard faisait sa promenade á pelits pas et oů une auto s'elanfaii sauvagement., (SiMENON, Maigret a New-York. p. 78.) Toutefois, si les verbes ont le měme sujet, on se dispense ordinairement de répéter le sujet et Ic pronom relatif: Je ne voulais pas engager cette bataille, en malade que 1'adversaire menage et protege (Mauriac, Namd de vip., XVII). — Ces traces instruiseni [...] sur le milieu culture! au sein DUQUEL ťévénemenl vient eclaler. puis survil a son emergence (DuHY. Dimanche de Bou-vines, p. 13). Remarque. — Par un phénoméne inverse, la langue littéraire répété parfois Ic pronom relatif devant chacun des sujets alors qu'il n'y a qu'un seul verbe : El quelle varietě. DONT un regard, DONT une mimoire, non hěbětěs par I 'abas, non violentěs par 1'kětérocíisme. ont tout te temps de se nourrir (ClaUDEL, dans le Figaro litt., 6 sept. 1952). § 685] PRONOMS R E LATI FS 1043 Emploi des pronoms relatifs e84 Dans la langue commune. a) Relatifs nominaux : qui, surtout dans les proverbes (§ 687, a), et qui-conque (§ 697). b) Relatifs representants. 1° Comme sujet: qui (§ 685, a). 2° Comme objet direct, attribut, sujet reel et complement adverbial non prépositionnel : que (§ 689). 3° Comme complement prépositionnel : lequel (§ 692, a), qui est rem-piacé par quoi quand ľantécédent est un pronom neutre (§ 691, a), et qui est concurrence par qui quand ['antecedent designe une personne (§ 686, a). — En outre, duquet est concurrence par dont (§ 693, b), qui est obiigatoire si ľantécédent est ce, cela, ceci, rien. Mais la situation est plus complexe si ľon tient compte de la langue littéraire et de divers emplois ftgés. Voir ci-dessous. Qui [lat. qui], representant, comme sujet. a) Dans la langue ordinaire, il a pour antecedent un nom ou un pronom qui peu-vent designer aussi bien des personnes que des choses, II a, de maniěre implicite, les deux genres, les deux nombres et les trois personnes. Dans la nuil du tombeau. toi Qui mai console, I Rends-moi [...} I La fleur qui piaisaii tant a mon cteur děsolě (Nerval, Chim., Desdichado). — Les j'emmes qui sonl occupées á ce travail ne sont pas assez payees. Lequel fait concurrence á qui d'une maniěre limiléc : ieu a fait reluire 1 [...] ou [ = au] rang des demy-dieux (LemairE de Belges. Concorde des deux langages. p. 29). — Voir au § 687, b. une survivance en fr, mod. 887 Qui comme nominal apparait surtout dans des expressions figées et dans la langue litteraire. a) Qui s'emploie comme sujet singulier (representant des personnes) de propositions relatives qui, elles-memes, peuvent etre sujets, complements ou attributs. La langue ordinaire recourt plutöl á cetui qui, ceux qui. Qui a hu boiro. (De meme, beaucoup d'autres proverbes.) — Ne lapidez pas qui vous ombrage (Hugo, Cromw., Préf, PI., p. 453), — Dieu choisit ou reserve qui lui plait (Bernanos, Dialogues des carmělites. V, 16). — A qui perd tout. Dieu reste encore (müsset. Poés. nouv.. Nuit ďaoůt). - Pour qui s'aime, parier est tellement inutile (giraudoux, Menleuse. p. 16). — Autres ex, au § 1058, a. 2". Qui est le plus souvent masculin. Lc feminin est possible s'il s'agit explicitement et exclusivement de femmes : Qui veut ětre belle doit sun'eiller son poids. — Qui donne son secret est plus tendre que eolle (Desbordes-VaLmOre, cit. Tresor, t. XIV, p. 160). Ce pluriel est exceptionnel : "Le temps de feuilleter ces lettres et de reconnoitre les nnm.i de qui, chez Lou, lui těmoignaient le plus de Sympathie (Edm. ChaRles-RouX, Elle. Adrienne. p. 545). La proposition relative, parfois, n'a pas la fonclion atlendue d'un nom : Qui de sis óte cinq, "arte un = Si on... Voir § 1058, a. 2°, Rem. Sur la reprise par il uc la proposition relative (Qui délasse hots de propos. iL lasse), voir S 236, b. 1°, Hist. bj Qui s'emploie comme objet direct quand la relative contient les verbe pottvoir. sa voir ou vouloir. plus rarement dans d'autres cas ; assez rare ment aussi, comme attribut. 1046 LE PRONOM [i 687 Cel argent [...] / Vient de qui vous savez pour ce que vous saver (Hugo. R. Bias, IV, 3). — J'imite qui je veux (j. Renard. Journal. 19 nov. 1898). — Que I'on null sciemmenl a QUt I'on aime ! (ARAGON, Anicel. cit. Robert.) — Deviens qui fu ei (G. MARCEL, Dědin de ta sagesse. p. 70). — Autnes ex. au § 1058, a. 2°. Dans cet ex.. la preposition qui precede la relative (objel direct!) s'explique par la fonclion du relatif: "On kail devant qui Ion ment (Hugo, Trav. de la mer, 1, vi. 6). Cest une construction rare et pcu satisfaisante. Hist. — L'etnploi de qui comme objet direct est une survivance de l'anciennc langue, oil qui (d'abord cui) s'est employe avec cette fonclion ! cf. § 686. Hist, 2. — Ce maintien s'expltque sans dome par une analogie avec le pronom interrogatif qui. leque! sert d'objet direct, notammenl dans T interrogation indirecte : Je vous demande QUI vous prendre: avec vous. Remarques. — 1. Dans le frangais de Belgique, on emploie fréquemment °toui qui avec les valeurs qui sont décrites ci-dessus (a et bj : Une femme qui donne a TOUT qui passe la vue de deux longs bras nus blancs jusqu'aux épau-les [...] (M. ThiRy, Romans, nouvelles, conies, récits. p. 386). 2. On considers generalement que dans qui que ce soil, qui est un relatif; A QUI que ce soil que nous portions. nous devons étre polls (LiTTRĚ). — Je n'y ai trouvé QUI que ce soil (AC). — Voir eependant § 1092, c. c) Qui est nominal neutře dans deux cas. — Apris void, voitá i Voila qui est fait ( r Cest fait). — Et voilá qui est entendu. n 'est-ce pas, vous tous? (Zola, Terre, I, 2.) — Mais void qui comble la mesure. La. en face d'elle el de {'enfant royal, cette fille instatlee a un rang de reine. quel outrage ! (A. Daudet, Rots en exil, p, 298.) — Dans la formule figée Qui fut dit fill fait: Balzac, Médecin de camp.. [II; Celine, Voy au bout de la nuit, F°, p. 139. 688 Qui a perdu sa fonetion de pronom relatif dans certains cas. Qui repetě distribulir: lis portaieni qui une épěe, Qui un couteau . voir aux pronoms indéfi-nis : § 729. — Qui de droit est aussi une locution servant de pronom indéfini : § 708, c. — A qui mieux mieux est une locution adverbiale : cf. Hist. Hist. — On a dit d'abord Qui mieux mieux. Et s 'en alerent, cascuns QUI MIEUX mieux, vers Gand (Froissart, Chron.. S.H.F,, t, LX, p. 59). Wartburg, t. VI, 1" partie, p. 677. y voit un qui mis pour cur «I qui » (cf, § 686, Hist. 2); mais on peut aussi penser á qui « si on » (§ 1058, a. 2°, Rem.): Si fun [fait] mieux. (I'autre fait] mieux [encore]. — Cette forme a disparu au XVr 5., remplacée par A qui mieux mieux On la trouve pourtant encore chez Celine : Cent petits ettfants qui piaittaient qui mieux mieux (Guignols band. L.P., p. 119). — A semble provenir de I'expression synonyme á qui mieux. 689 Que dans la langue commune peut étre objet direct et sujet reel. II est parfois aussi attribut ou complement adverbial. [Pour I'etymologie, voir § 679, a, Hist.] a) Comme objet direct, que conceme aussi bien des personnes que des choses, II s'emploie pour les deux genres et les deux nombres. Ce QUE femme veut. Dieu le veut (prov.). — Car j 'ignore oú tu fuis, tu ne sais oil je vats. / Ó toi que j'eusse aimée. d toi qui le savais .' (BaudEL., Ft du m.. Á une passante.) — Lesfeut-les / Qu'on foule I Un train I Qui roule ! La vie 1 S'ecoule (AfollW., Ale. Aulottvne roaladeV Suivi d'un gerondif: Ce que vovonr. Cf. §§ 674, c: 677, Rem. S 689] PRONOMS RELATIFS 1047 Remarques. — I. Lorsqu'une proposition infinitive est amenée par la construction relative, comme dans la phrase Le train que j'entends siffler est encore loin, le relatif que, qui designe ľagent de I'inftnitif, est traité comme objet direct du verbe dont I'infinitif depend. 2. Stir que dans C'esl voire intelligence QUE j'admire, voir § 1045, a, HisL b) Comme sujet « reel» : Les orages Qu'il y acuta semaine derniére ont fail du tort aux moissons. — Comment a-t-elle trouve t'argent qu'iV a fallu pour restaurer la maisan ? — Gueule d'Amour vient de la vendre et ľcotis, á I'heure Qu'/J est, navigue pour I'Amerique (Cargo, Jésus-la-Caille, II, 4). NB. — Avec les verbes impersonnels, que peut avoir une autre fonetion que celle de sujet reel : L 'argent rjuV/ a fallu děpenser (objet direct de dépenser). Du temps qu'i/ y avail des fees (complement adverbial). Remarque, — Avec les verbes susceptibles d'etre construits, soil personnelte-ment, soil impersonnellement, il y a parfois hesitation entre qu 'il et qui (qui se prononcent d'ailleurs de la méme fapon dans ľusage familier 1 cf. § 635, c). Qui est le sujet du verbe construct personnellement: Prends ce qui le plait. — Quit appaiall dans le tour impersonnel; le relatif est tantSt complement d'un infinitif exprime ou sous-entendu : Nousferons le chemin qu'iV convient de parcourir Je fais ce Qu'il me plait [defaire]: — tanlot sujet « reel » : // arrivera ce Qu'ii arrivera. Qu 'il s'impose quand ce qui suit le verbe ne peut étre analyse que comme sujet reel. Je prendrai ce QU'IL me plaira de prendre. Des phrases comme les suivantes ne sont pas reguliires : "11 me rendait le service d'apprendre á Jacques ce qui importait qu'ii sát (Radiguet, Diable au corps, p. 165). — Vimagine [...] quelle connat't ce qui lui est cenainement impossible de connat'tre (Queneau, Saint-Gtinglin. 1981, p. 30). Avec plaire, il serait logique de distinguer Choisis ce qui te plait « ... ce qui te donne du plaisir » et Choisis ce qu'il te plait « ... ce que tu voudras », qu' étant complement de I'infinitif sous-entendu. I! fait de ses amis lout ce qu'il lui plait (Ac). — ĽÉtat fait les lois qu'il lui plait (CHÁ-TeaUBrianT, Briére. p. 35). — Failes ce QU'IL vous plaira.' (ESTAUNiE, Vie secrete, p. 48,) — Vous pouvez me dire tout ce qu'il vous plaira (arland, Ordre, t. II, p. 71). — Des maximes generates ou chacun peut comprendre ce qu'il lui plait (Bainville, Napoleon, p. 111). — II ne dit jamais rien qu'ä i'instani qu'il lui plait (GiDE, Incidences, p. 175). — Nous avians le droit de lire ce Qu'il nous plaisait (Mauriac, dans le Figaro lilt., 12 dec. 1959). Mais I'usage est hesitant: Elle fait ce que je veux. bien súr. pendant tout le temps que j'y pense. Mais si je me taisse distraire, si je réve. si je te parte. I'auto fait ce qui lui plait, elle en profite, tout de suite, pour faire tout ce quelle peut faire (DuhamEl. Quereiles de famílie, p. 238). — Un notaire montre ce qui lui plait! (Estaunie, cit, Sandfeld, l II, p. 169.) Dans d'autres circonstances, le choix est libre, et les auteurs, partagés: Qujf; Void ce QU'tL advint (Henriot, Aricie Brun. 1, 3). — Lui [...] s'étail demandé ce QU il arriverait, s'il laprenait un beau soir entre ses bras (Zola, Argent, 11). — Qu'est-ce QU'il t 'arrive ? (A. Daudet, Rais en exil, p, 272.) — Ce qu'il lui était arrive (France, Sept femmes de la Barbe-bleue. pp. 158-159). — Arrivera ce qu'tL pourra I (DuhamEL, Fables de man jardin. p. 84.) — Elle ne comprend pas ce qu'il lui arrive (Aragon, Mise á mori, p. 314). — Elle dit ensomme ce qu'il convenait pour que chacun de nous trouvál á peu prés naturelles sa propre Presence et celle des autres (Romains. Lucienne. p. 69). — Que ľÉtat sache ce Qu'il en est du 1048 LE PRONOM [5 689 S 689] PRONOMS RELATIFS 1049 sexe des citoyens et de l'usage qu'iis enfant (Foucault, Hist, de la sexualitě. t.I, p. 37). — Ce qu'il se passa, je I 'ignore {Henriot. Livre de mon pere. p. 256). — Qu est-ce qu'il vousprend? (Ramuz, Vie de Samuel Betet. [, 6; Ionesco, Rhinoceros, p. 72.) — Qu 'est-ce qu'tL leur prend'> (Chamson, Petite Odyssee, p. 61.) — Ce qu'il restait de fromage d'Auvergne dans son assiette (A, Daudet, Immortet. I). — Tous les livres qu'il me reste á lire (J. Renard, Journal. 25 juin 1902). — Durant les trente anněes qu'il lui restait á vivre (France, Crainquebille. p. 181), — Ce qu'il lui restait a faire (R, Rolland, Jean-Chr., t. VI, p. 60). — Tout ce QU'il vous reste á découvrir (Duhamel, Paroles de médecin, p. 176). — Cest tout ce qu'tl restait de ťancienne chapelte de Royaumont (henriot, Temps innocents, p. 2). — Ce qu'il résuttait d'un entretien si important (Boylesve, Elise, p. 163). Qui. Qui sail ce qui peut advenir de la fragilitě des femmes ? (Musset, André del Sáno. II, 3.) — Voyez ce qui m 'arrive (Ac). — Qu 'est-ce qui arrive ? (J. lema1tre, Manage btanc. II, 8.) — Quoi qui arrival dans sa vie (Montherl., Célibataires, p. 118). — // en arrivera t:i QUI pourra 10 (NODtER, Conies, p. 578). — Je ne saurais dire ce qui se passait en moi (Ac.) Qu est-ce qui Us a pris? (Ayme, Chemin des ěcoliers. p, 97). — Qu 'est-ce Qui te prend • {Ramuz. fie de Samuel Betet, I, 8.) — Quesl-ce qui vous prend ? (ionesco, Rhinoceros, p. 82.) " Noas *e savons pas ce qui lui a pris (N. SaRRaute, Vous les entendet ? p. 198), — Le peu d'argent qui lui restait (Stendhal, Chartr., II}. — Ce qui me restait d tenter (A. Daudet. Petite paroisse. p. 198), — Le peu ďénergie qui lui reste (Martin du G.r Jean Barois. p. 312)._Le peu d'heures qui me restem á vivre (benda, Exercice d'un enterré vif, p. 69). — Ce qui lui reside saintelé (MauroiS, Ce que je crois. p. 134). — Le peu de courage qui lui reste (Romains. Hommes de b. vol.. I. XVIII, p. 56). Avec faltoir, verbe toujours impersonnel, on emploie obligatoirement qu'il; J'ai t'hommc qu'il vous faut, ce Qu'il vous faut (Ac). — Dans 1'ex. suivanL qui est destine a rendre I'usagc populaire : On y a tout ce qui vous faut (France, Crainquebille. VI). Hist. — Au XVH* et au XVIir s„ on trouve assez tréquemmenl qui au lieu de qu'il: * II est impunémem dans sa province tout ceQUt lui plait d'etre, assassin, parjure (La BR,. XIV, 62) — Elles ont tout ce qui leur faut pour moi {Mariv., Joumaux et atuvres div., p. 306). c) Comme attribut. L'antecedent est un nom : Insensé que je suis ! (Musset, Prem. poěs.. Namouna, II, 39.) -Deux rangées de haules maisoas cenlenaires qui se taisent comme des vieillards qv'eltes sont (Hugo, Misér., IV, xv, l). — Le vieitlard QUE je suit devenu a peine á se représenter le furieus matade que j etais naguěre (MaURiac, Netud de vip.. I). — "De jeune garcon réveur qu'il y entra. comment devim-il le grand désabusé qu'il apparait á quinze ans [...] ? (A. Breton. Pas perdus. Jany) [Le Ier qu' est une extension abusive du que attribul: cf. § 242, a1.] L'anlecedeni est un pronom i Vous ětes ce (ou celui) que / aurais vouiu étre. Lantécédeni est un adjectif ou un participc passé : [„.] la princesse. qui. de timide et d'wer-dite Welle avait étě j...], se trouva vers la Tin tellement á son aise [...] (Stendhal. Chartr. VI). Echaujjě [...] quf i'etais par mon propre style, je ressentais |...| un peu de la passion que j avals cherché a expnmer (b. Constant, Ad., il), - Cest done d la grace de Dieu que faced-mute ees feuillets. přivěs QV'ils sont du trait dětormam el agreable [...] (CoijnTE, Řtoite Vesper, p. 179) — Autres ex. aux ss, 327, d. 1°. et 1059. b — Plus rarement comme artribut de I'jbjet direct: § 299. Rem Hill, — D'un point de vue histonque. on peut considcrer que Ton a de iněme un que aitnbut dans Qu est-ce que la vérité f - dans Si f'elais que de vous : — dans Ce quer'est QUF de tous ' — dans l'adverbe presque La vtande est presque cuite = ... pres [de ce] que [en] cuHe icf-foblei. Mél.. p 17, nole 3;: — dans (.' est une belle flew Que in rose I -■ ... que est la rase. ci. Nyrop. t, V, ä 23) ou C est horrible que de hair — Mais ees analyses sont contesiees pw 10. Littré (s.v. armer. Rem p condamne en arrhv ce QUI pourra : « II faul, déclare-1-il : ce QU'il pourra. Car f ellipse ciani remplic. on a : en arrive ce qu'il pourra arriver n — La raison est vaine; en remplissam ['ellipse, on peui tort bien avoir: ... ce qui pourra arriver. natures grammainens. De route facon. ces expression, sont figees. et le la conduction que. - Que ne fonc.ionne pas non plus comme un pronom relatrf dans St jobe QV'elle soil, elie ne m attire pas. Cf. § 1092. d) Comme complement adverbial. 1* De mesure, darts la langue commune. Ce que m d coúlě cette voiture n 'es, rien i cótě de ce que m oni coůté les reparations. -Les dix grammes que cette leltre pise. — Cf. § 911 2° De temps. - Obligatoirement, quand le rclatif a pour antecedent unc indication de durée précédée de depu,, sřpa i > í «* (»»; tís rjftffisss Si de santé (mauriac Nteud de vip. XX). - ftpj* qualre tok (carco, Jésus-la-Caill, .1. 4). - Votld ^^^S^^^ l S 4). -ttya combien de temps QUE tu n as pas hu (sar1re u™mer\ - Cela fait bientót neuf mois Qu',7 est lá-bas (Martin du G„ Pl, % L P- 676). S quJl-indication de durée est précédée^ de durant, ? g W moi, Qu',7syi,renr enjerměs ensemble (France. Lřw* de mon am, ^JgJg^JjJJ PJ/e /fl,7 ce fliie íe ve«x. 6/en ,™r. pendanr iomi que j y pense (Dlhamel, Quereites ~de /Lfp 238). - De méme : Depu,Z it n 'est de jour [...] qu'ds f - )es livres, ne s 'introdit, I sent á mon domicile (Pivot, dans Lire, sept. 1986). - Ordinairement, apres les adverbes matntenant. a present, W*M (emD, s «1 renii, a« beau, nous aliens pouvoir sortir (Dut. cantemp.). - [Comp. lorsque et les temps s est remis au ue , apparlient i une langue locutions conjonctives alors que, aussttot que. etc.] - AP«=s '» ^ peu distinguée : Je n, mr suis pas trompée hier que je vous disats que [...] (A. CohEN. fle«e Seigneur, p. 444). - Souvent. aprés une indication de temps formée d'un nom precede de 1'artide indéfini: Un matin que Vheure ou Marthe entrait ďordinaire dans le cabinet de Charles etait fvssee LJ (E. T, J de CřONC, CA. iWř/>, XL1X). - t/n, QUE^erais pr* d ™c^e-e A.ve (BaUDEL F, du n"11: nui,...) - Une nul, W'on savat, p,u< du tout od alter (CÉUNE, Voy. au bout de la nuit. F°, p. 43). — Ou se trouve aussi. _ Dans la langue littéraire, aprés une indication de temps formée d^un nom precede de Lamele défini ou ďun démonstratif: Lesjours Qu' il faisait beau (FlauB., AT Bav., 1,9)^ - Unoble TouvZdu temps Qu'.n n'.vai, rien (péguy, Ěve. p. 88». - Hors le temps Q, .^"1 Z Zle. les chdtaigniers (Maeterlinck, Vie des abeilles, .11, 9). ^*J^"{ cordonnier [...) «™M.7 — i (ARLAND, ^nlar«. p 66). - Au momenty je pen trais dans l dané ďun lampadatre (DuhamEL, Btographie de ^^JJ^*^ nas řevu IOn mu depui, cette nuit que Bernard esf km cner.ner re/uge dan, sa chambre (GlDE ^ux Inn. III, 5). - Aux instants que /a We nous apparait intolerable nous ne lui demands pZZoirun sens (J- Rostand, cWe, d'„n bW,*. p. 124). ^"'^TjsdlZ Tsenfants ětaient tenus loin de I'ecole pour garder les troupeaux. ,1s ne ire áprofit leurs loisirs et leur libené (Ayme, Jument vene. VII). - ^ la littérature ? Id., p. 294). - Feat coirs de langue francatse pour ce temps present £ on I ecnt si fauiivemem (litre d'un article de LéaUTAUD, dans le Mercure de Fr.. 1 nov 19W) C'est un tour c.assique (cf. His..), qu, a tnompbé dans du momen raue.* W>9^ 1'idée temporelle s'es. affaiblie). - Dans la langue ordinaire, on se sert de ™'a)™* que n'est pas ignore de la langue populaire, pour la raison exposee ci-dessous J^^T QUE tu mediras quelque chose avec autoritě, je te dirai; merde (ex. oral, dans Damouretle-Pichon, § 1330), _ Assez souvent, lorsque l'antecedent est fois : C'est bien la premiére fois que je te vols passer volontairemenl d cótě d'un esclandre (Heriat, Enfants gates. VI, 4). j 1050 LE PRONOM [§ 689 Í 6911 PRONOMS RELATIFS 1051 Ou se rencontre pourtani : La seule j'ois ou j'ai cru que lu t'etais trompe (Lacretelle. cit. Sandfeld, t. II, p. 172). — Cf. aussi § 967. d. note. — Dans la langue litteraire, parfois, apres cas : au cas que. etc., cf. 6 1096, b. 3° De maniere, dans une langue litteraire assez recherchee : Touies les choses sc passerent de la /aeon que Justine les avait riglees (Gautter, Jean el Jeanneae. XV). — La construction ordinaire est avec dont. Hist. — Que. complement de maniere et dc temps, elait tout a fail courant au XVIIs s.: Me voyoit-il de Sail qu'iV me voit aujourd'hui ? (Rac, Andr.. 11, I.) — Dans la saison / Que les tiedes Zephyrs on! I'herbe rajeunie (La F., F.. V, 8). Remarque*. — 1. Une tendance populaire largement repandue est d'utiliser que au lieu de n'importe quel autre rclatif. Les ecrivains n'ont pas manque de I'observer: "C'esl meme moi qui lui avais donne ses boutons de maneheltes; vous savez, ceux qu'on a lu leur description dans le journal (GlDE, Caves du Vat.. V, 4). — "Nous tous QU'on I'a vue gran-dir (Ayme, Custalin, XVI). — Cf. aussi § 275, Rem. 2, Cela est panic ulierement repandu quand la relative est separee de son antecedent: "Je len-tends QU'elle bourdonne [dit Poil de Carotte] (J. RenaRD, Poll de Car.. PI., p. 745). — Comp. s 1046, 6, 1°, Rem. Que est, dans ces phrases, une simple marque de subordination (a rapprocher de que conjunction) ; la fonciion qu'exerce normalement le pronom rel. dans la proposition esl ici assumee par un autre clement: leur, on, elie. 2. A la suite d'une ellipse, le que correlatif de tneme donne ['impression d'intro-duire une proposition relative : Je m en reloumai chez moi, par le meme chemin QUZjetais venu (hermant, Confession dim en/ant d'hier, VII) [ = ... que celui par lequel...]. — Cf. 5 217. e, 4". Rem. 2. 690 Emplois divers de que neutre. a) Que est sujet. — ... ce que bon le semble (le pronom personnel ct le lemps du verbe s'adaptent aux circons-tances) : Failes ce que bon vous semblera. La place de 1'attribm est aussi un archaisme. — Par imitation maladroite de cc tour : "Ce que Jaime, c'esl d'etre libre, de /aire ce que bon me PLAIi (J. borel. Depossession. p. 414). Avec la forme modemc du pronom : Faites ce qui bon vous semblera (A. LichtenberghR. Le cotur est le meme, p. 33). — ... ce qu'd Dieu ne plaise, formulc incidente avec subjonctif optatif: S'i7 ment. ce Qu'ii Dieu ne plaise, je quitterai cette maison (Ac, s.v. plaire). Cf, 5 674, b. — Advienne que pourra ou Arrive que pourra J'ai pris de la vie taut ce que j'ai pu prendre [...], it grandes lampees, la gorge pleine ! Je I'at bue a la regalade . advienne que pourra ! (Berkanos, Sous le soteil de Satan, PI., p. 292.) — Tant pis si la /lamme se repand plus loin que besoin n 'est; arrive que pourra (Merimee. Mosal'que, Mateo Falcone). [Autre ex.; CELINE. Voy. au bout de la nuil, F°, p. 592.] On a aussi des expressions plus rarcs, sans doute regionalcs : Eh bien, tant pis' arrim qu'arrive, j'envoie la tettre demain matin (At Dumas. Keine Margot. XL1V). - - Vienne Qtrl: vienne [ =quoi qu'il en soil ?], comment /eindre a ce point le plaisir (Jouhandeau, Chroniques maritales, p. 373). — La relative est averbale : Vacher que vacher [ = Toul vacher que je suis] ; cf, § 1095, a. Dans le style juridique ; Tout ce que dessus sera fail de suite (Code civil, art. 976). \?nr(ots imite par les eorivains, par ex. Gibe, dans Sandfeld, t. [I, p. 114,] — [...] priu [...] la Faeulte de deliberer ce que de raison (Brun'Ot, Hist.. 1.11, p. 25, cit. Sandfeld). [Passage sans doute inspire d'un texte du XVIC s.] »1 Hist. — Que s'est employe comme sujet neutre du Xlľ au XVic s, : Or dites ce que vos plaira (VillEhaRdOutN. g 16). — Son precepteur repetoit ce que avoit esté leu (Rab., Garg., XXIII). — Ce QUE s 'execuloil (d'AuBigní, t. 1, p. 25). — Ce que dessus i voir Huguet, s.v. dessus. — Dans cene valeur, que continue sans doute le neutre latin quid. Cela est á distinguer de que substitué sporadiquemenl ä qui masculin ou féminin : A cele que plus t amereit [ = i celie qui ľaimerait le plus] (WaCE, Brut. 1684). — Et tous ceulz de tear com-paignie / Que d'oiseawt n'ont pas la maistrie \ = competence] / [...] (GaCE de la Buigne, 2428). — [...] des enormes abus que sont forgez ceatis (Rab., Garg., id. princeps, XiX). — Ce fait est peul-étre en rapport avec ľélision de qui que I'on observe encore dans la langue populaire : cf. $ 44, c. 2°. — Avec propos. averbale (comp. ci-dessus): Ainsi procéda [...] a la division et portage que dessus (LEMAtRE de BelGES, cit. Huguet. s.v. dessus). — Survivance dans la langue administrative : [,,]faii en seance date QUE dessus (deliberation du conseil communal d'Ottignies [Belgique], 27 juillet 1972). hi Que est complement. — Coiiie que coule [ = que cela coute ce que cela coOte], Va'ttle que vaille. — Que je sache (la personne peul varier): Jamais utopie n'a servi de rien, ni fait aucun mal. que L'on sache (MuSSET, Comes, Lettres de Dupuis et Cotonet. il). — Voir aussi § 1063, b. 5". Plus rarement avec d'autres verbes ; Ma téte encore est belle. I Et vaut bien, que je crOis. Iq téte d'un rebelie (HUGO, Hem.. Ill, 6), — Le roi mettra la main dessus. que je suppose (US., Le roi sam,, II, 5). — Louis XIV n'a pas eu, QUE je me raPPELLE. un seal acte de sévéritě á faire pour maintenir sa souverainetě absolue (Renan, Avenir de la science, p. 347). — Sur ce modéle, mais avec un verbe qui n'appelle pas d'objel direct: Jamais, Qu'lL M'EN souviennE (France, lie des Pingouins, III, 6). — Dans la langue parlée familiére, I'incise est souvent introduile par que (§ 374, Rem. 1): Tii vas voir !... qu't/ me fail (Celine, Voy. au bout de la nuit. F°, p, 388). Hist. — On retrouve aussi que comme complement dans I'anciennc construction du type, faire que sage (déjá archaique au XVIľ s.), qui peut s'expliquer par «/ai>e ce que ferait un sagen : // fist que běste (béroul. Tristan. 1309). — ľouí dites QUE sages (RutEBEĽP, Théophile. 62). — // /eroit que sage I De garder le coin du /eu (La F., F.. V, 2). — Mais certains linguistes voieni ici une conjonctton. Quoi [du lat. quid] s'apptique presque toujours ä des chases (voir cepen-dani b. Rem.). II s'emploie normalement comme complement prépositionnel. On ne le trouve sans preposition que dans les formules concessives quoi que, parfois quoi qui (5 1092, c, 2", Hist.), dans lesquelles d'ailleurs il n'est pas sOr que quoi soil un relatif. — Sur comme quoi, voir ci-dessous. c. Rem. a) Quoi comme representant des pronoms neutřes ce, rien, quelque chose, grand-chose, autre chose, peu de chose appartient ä la langue commune : r7 m 'a répondu brutalement. ce á quoi je ne m 'aitendais pas — 11 ne voyait rien á quoi il puisse se raccrocher (Diet, contemp.). — J'avais attache de moi quelque chose á QUOlje lenais [•-.] par de pro/ondes attaches (MaURIAC, Nceud de vip. XVII). — Les deux gestes qui som á ľorigine de ce livre [...] ne pourraient plus ětre traces aujourd'hui de la meme (aeon (ce pour tíUOi je renonce ô le corriger) (BARTHES, Mythologies, p. 7). — Dans ces divers ex., lequel ne peui guěre aire substitué á quoi. Voir § 692. a, 3°. Au lieu de pour quoi. on écrit souvent en un mol pourquoi (qui esl d'ailleurs issu de pour tuoi) [voir aussi * et c ci-dessous cl § 702, b, 4°]: Dam les lettres que je recois d'elle. ce qui me louche le plus, ce pourquoi je donnerais toul le teste, c'esl le post-scriptum (A. breton, Nndja, p, 76), — Je connaitrai ce pourquoi je combats encore (Saint ExuPÉRv, Pilote de 1052 LE PRONOM [5 691 guerre, p. 240). — Philippe {...] réussit á s'emparer de ta Normandie et de i'Anjou. ce pourquoi on le dit Auguste (duby, Dimanche de Bouvines. p. 47). b) Dans la langue ecrite, surtout litteraire, quoi fait une forte concurrence a lequel, lorsque l'antecedent est un nom inanime, non seulement un mot vague comme chose, point, etc., mais aussi des noms de sens tout a fail precis: La grosse rose d'apres quoi fawis fait tant d aquarelles (Gautier, de Maupin. V). — C'est un incident a Quoi Eustache n'uvait nultement songe (Nerval, Main encbantee, VIII). -Au moment des toasts, par quoi its se rappelaienl eloquemment ieur raison d'etre commune [.,.] (BakRES, Appel au sotdat, I. II, p. 214). — L 'art du realisateur a quoi ne saurait supplier aucune habitete [...] (Claudel, dans le Figaro lilt., 27 sepL 1947). — Bemis regarde ceite montre pat quoi s'opere un tei miracle (Saint exupery. Courrier sud, p. 204). — Je m'asseyais sur une de ces bornes a quo] ton amarre les bateaux (MauRIaC, Robe pretexte, XIV), — Cette case, vers quoi convergeaient les regards de presque tous les joueurs, [...} (Malraux, Condition hum. p, 290). — Deux las de pommes de terre sur quoi eouraient de longs germes violets (H. Bazin, Cri de la chouette. p, 78). — C'etait une idee a quoi je ne pouvais pas me faire (Camus, Etran-ger, II, I}. — L 'effronterie el la faconde andalouses a quoi se reduisent frequemment. betas, tes propos de Picasso [...\ (Caillok. dans le Monde. 28 nov. 197S). — On suppose une certaim-frontlere apres quoi t'humanite eesse enfin d'etre un tumutte insense (Merleau-Ponty, Aventu-res de la dialectlque, Id., p. 12), — [.,.] la clef magique grace a quoi if entrera dans lam-re (Dutourd, Paradaxe du critique, p. 20). Aulrcses : LOTl. Desencbanlees. i ; ValERY, Regards sur le mande Oftiiel, p, 117 ; GlDE, Incidences, p. 95 : Benda, Exercfces d'un enterre vff p. 109; Coctealt. Poesie critique, p. 78 ; BFJtNArOS, dole, p. 307 , Mon-therl,, Songe, II ; romains. Hommes de t vol., t. 1. p. 35 ; BoSCO. Mas Theotime. p. 28 ; Aragon, Mise 0 muri. p, 314 ■ NouRISSIER, Histoire francaise. iv; f.tif-mblp, dans la Nouv. revue Jr.. \a ovril 1969, p. 523 ; Foucault. Les mrjts Et tes ckoses. p. 162 ; PrttRoT-DlILPLCH. dans ]c Monde, 25 nov. 1981 ; A- fontaine, ib., [8 juin 1983 , dubv, Dimanche tie Bouvines. p. 9 ■ Duras, Douteur, p. 10 : etc. On observera que dans l'cx. de Claudel, le recours a quoi permet d'idenlifier le bon antecedent Au meme usage il Faul raltacber la formule la raison pour quoi ou pourquoi (1'Acad. acceple les deux graphics ; comp. a, ci-dessus): La seraii peut-itre la raison pour quoi son travail suites Souris n a jamais ete publie (j. Rostand, Aux sources de la biol, p. 190). — C'est une des raisons pourquoi j'ai eu quelquefois du plaisir a la guerre (Montherl., Olympiques, p. 137). — Aulres ex. de pourquoi: E. Rostand. Prlncesse loiniaine. Ill, 2 ; Maeterlinck, Vie des abeittes, U, 27; Gn>e, Journal, 9 mai 1918; HermaNV, Xavier, p. 136; etc. HJsl. — Au Moyen Age, il etai! courant de represcnter par quoi un nom de sens tout a fait precis. Vaugelas (p. 54) preferail quoi a lequel. taquelle, qui « sont des mots assez rudes ». Les ex. abondent au XVII" s. et restenl frequents au XVIIIs; [...] la base sur quoi est j'ondee la vertit de voire peuple (Montesq., L pers.. S.T.F.M., p. 320). — * Je men vais chercher mon aunt: avec QUOt vous vous soutiendrez (MaRIv., Marianne, p. 107). — Mais des grammairicns de XVIII' s. rejettent eel emploi : cf. Brunot, Hist., t. VI, p. 1678. Remarque. — II est exceptionnel que quoi conceme des personnes : Un extraordinaire gentt'lhomme campagnard aupres de quoi ceux de Barbey d'Aurevilly n etaiem tien (Proust, Recb.. 1.1, p. 745). — Cet itre etemel a quoi se reporlent toutes mes pen-sees (Git)e, dans le Figaro lilt., 31 juillet 1948). • Hist. — Quoi pour des personnes a etc relalivement frequent jusqu'au XVP s.: Ce Labiettus de quoy je parte (Montaigne, II, 8). — Vaugelas condamne cet emploi en ajoulant : « II n'y a que les Estrangers, qui puissent avoir besoin de cet advis » (p. 54). — Comp. pourtant, On vous obeira, quoi quit vous plaise elire (Corn.. Don Sancke. I, 2). § 6911 PRONOMS R E LATI FS 1053 c) Quoi s'emploie plus souvent que les autres reiatifs (cf. § 681, e) avec une phrase ou une partie de phrase comme antecedent : Je sortis et au lieu d 'alter regarder ta colonne d djflches. pour quot on me laissait alter seul, je courus jusqu a lui (proust, Rech.. t, 1, p. 75). — C'était concession de pure forme aux idées du jour, moyennutit QUO) Brtlning. sans etre suspect aux nazis. pourrait atler aux conferences (Bainville. Altemagne, t. 11. p. 175). — File n'en avail plus fait d'autres. /wurQUOI sans doute elle avail perdu toute habilete (GlDE, Pone étr.. VLt). [Pour la graphic, comp. o et ŕ] — tT de Sévigné écrlra par exemple des troupes qui occupent et ranconnenl la Bretagne (contre QUO! elle pestej [...] (Mauriac, dans le Figaro till.. 12 janv. 1957). — On était plus sur de me plaire si t'on se faisail adopter par les Dieudonné, á QUOt Pierre-Yves ne parvenait pas, rnalgre ses efforts (RlNALDI, Roses de Ptine, p. 116). — Prétez-moi un peu d'atgent, sans quoi je ne pourrai payer le taxi {Diet, contemp.). Dans une langue plus courante, on dirait: ... ce pour quoi, etc. (cf, a), — sauf avec moyennant et sans, qui n'admettent pas cette construction. II est frequent que les auteurs fassent précéder le groupe preposition + quoi d'unc ponctuation forte, point-vtrgule, point, voire alinéa, Quoi perd alors sa fonction pro-prement relative, pour prendre une valeur anaphorique pareille á celie des démonstratifs. (Comp, auquel cos au § 600 ; dont acte au § 693, a.) Le groupe joue méme parfois le rôle d'un adverbe et certains auteurs le font alors suivre d'une virgule. 11 lui reprochait surtout un grain de peau trop gros. A quoi Thérese réptiqua [...] que. pourtant. le soir. la prlncesse Senlavine effacait les autres femmes (France, Lys rouge, XXX). — On s'étonnera peut-étre de me voir conserver cette categoric puremeni grammaticaie. A quoi je répondrai que mon but n'est nullement d'abolir t'ancienne méthode (brunot, Pensie, p. 227). — Le general Weygand prend acte de mes dispositions. APRES QUOI. if me parte de ta bataitle (de Gaulle, Mem. de guerre, t. 1, p. 53), — Balzac enchaine sans aucune transition : I [...]. I Ensutte de quoi, Balzac expose la science du manage (BEAUVOiR. Deux'teme sexe, t. 11, p. 211). — J'avais soin de ckoisir. Malgre QUOt, des le mois de juin. nous avians dix pensionnaires (Ramuz, Vie de Samuel Belel, II, 6). — Partons d'autre chose, lui dis-je. Sans quoi je vous rélorquerai mon propre exemple (ThÉRIVE, Voyage de M. Renan. p. 127). — // avail faitu ntobiti-ser le village pour ramener au maire ses enfants couverts de contraventions... / Sur quoi, au passage du cirque suivant. il avail enfermé les enfants (MaI.RAUX. Antimémoires. p. 28). — Elle sera faite á la requéte des parties intéressées [...]; i l'efFET DE QUOt tofficier de t'etat civil en don-nera avis [„.] au procureur du Roi [...] (Code civil, an. 49). Le groupe preposition ^ quoi peut číre precede de C'est: Les poupées de monsieur d'Astarac n'avaient pas besoin de baptéme. nayant pas eu de part au peché originel. / — C'est a quoi je n 'avais pas songe. dit ma mere (France. Rotisserle de la Reine Pédauque, IX), — La preposition et le pronom sont agglutinis dans C'est pourquoi. Quoi représente un ensemble de phrases dans la formule De tout quoi, souvent utilisée par la langue juridique, mais non inconnue ailleurs : De TOUT quo! nous avons dressé le present constat pour la requerante en [aire lei usage que de droit (CouRTELtNE, Article 330. G.-F-. p, 132). [Conclusion d'un constat d'huissier.] — DE tout quoi iV est permis de conduce que les Gaulois apprirent le latin sans oublier leurs dialectes (M. Wilmotte, dans le Bull, de la Classe des lettres de i'Acad, roy. de Belg., 1934, p. 70), [Debut d'un alinéa donnám la conclusion des pages qui precedent.] Remarque. — Dans comme quoi, ľantécédent de quoi peut étre une phrase ; l'ex-pression a un sens comme « ainsi, done ». Le front largement dégaml [du défunl] annoncalt une calvitie irremediable, comme quoi, tu wis, il avail eu raison de mourir (Sav-ANTONIO, Meurs pas, on a du nsonde, p. 14). — Vu de Paris ou de Blois en J537-I53S. le Dauphiné est un pays de cocagne ou I'on ne paie pas d'im-páls. Vu de Grenoble, ou de Romans, it est tres tourdement taxe. Comme quoi la seute considéra- 1054 LE PRONOM [§ 691 tion des budgets centraux au des comptahilités Rationales [...] ne sujjit point pour comprendre les vastes luttes (LE Roy Ladurie, Carnaval de Romans, p. 69). Hist. — Pri m it i vemeni, dans comme quoi. quoi étail un interrogatif: voir § 410, Rem. el Hist. d) Quoi s'empioie sans antecedent dans la formule de quoi suivte d'un infinitif: // n'y a pas lá de quoi fouetler un chat (Ac, s.v. chat). — II lui fallail au mains accepter de quoi se vétir decemment (Maupass., Pierre et Jean, IX). L'infinitif peui étre ellipse : Sa cervelle en est restěe détraquée. Le fait est qu 'il y avail DE quoi... (A, Daudet, Lettres de m. m„ p. 110). — It n'y a pas de quoi. répond-on á quelqu'un qui s'excusc ou qui remcrcie. Avoir de quoi signifie aussi, dans la langue Tamilicre, « Eire dans I'aisance » : Cest un homme qui a de quoi (Ac, comme popul.), — De quoi est merne nominalise dans le fr. popul. de divcr-ses regions : "Elle a du D£ quoi, elle ; son frire n 'a pu toucher á son bien (Sand, Fr. le cbampi, XVHl), Re marques. — 1. Quoi s'empioie aussi sans antecedent aprés void et voi'/ri (Void k quoí je pense). — Mais on a des raisons de voir ici I'interrogatif; comp. g 1104, a, 2. Quoi pour ce ä quoi dans ľex. suivant semble étre un em plo i isolé : aContrairement á quoi Don Aivare s'etail atlendu. Valentine n*éleva aucune objection an depart de Miguel (YourcenaR, Anna, soror..., pp. 13-14). — Comp. i 217, e. 4°. Rem. 2. Hist. — De quoi pour « que, de ce que » člait fréquenl au XVI* s., mais il ne s'agit pas d'une proposition relative : 11 ne faul t'esmerveiller. Lecteur. de quoy je n'ai compose ma Franciade en vers Aiexundrins (RoNS,, éd V., t. VI, p, 532). 692 LequeL a) Dans la langue generate, lequel serf de complement pré position n el. 1° Le plus souvent, ľantécédent est un nom inantmé (ou un nom d'animal) : Cette religion dans j.aqueue j avals étě élevé (ClIAT., Mém.. 1, xi, 7). — M. Levy me pro/nil de ne demander á M Williams qu'une somme peu considerable, moyennant I.AQUH.LE le teste francais ne serail public que quand la traduction anglaise aurait paru (Renan, Lettres inédilfs ä ses éditeurs. 29 mai 1880). — A la buče vaporeitse [,.,} avail sutcédě une sécheresse lumincuse el dure, sur i.aquelle ětincelaienl crůment [...] tes murs blancs cl bas des fermes isolées (GkacQ, Rivagť des Syrtes. p. 17). — La le chemin devenait une place au milieu de laquelle se trouvait [...] le platana mori (DuRAS, Periu cdevaui de Tarquinia, p. 19). — Malraux s'attend á une crise trěs grave bien avant mai, date á laquelle la Constitution devra étre camplétée (LacoutURK. A. Malraux, p. 329). — Vous trouverez un anon attache, sur lequel aucun homme ne s 'est jamais assis {Bible, irad. Crampon, Lue, XIX, 30). La langue littéraire utilise parfois quoi {§ 691, b) et metne qui, plus frequent quand il s'agit d'animaux (§ 6S6, b, c). — Si la preposition est de. duquel est concurrence par dont, mais eclui-ci est parfois exclu (§ 695, c). 2° Ľantécédent peut étre un nom ou un pronom désignant des personnes : Celui qui a perdu ou aIíquel il a été vole une chose (Code civil, art. 2279), — L'homnic sous lequel la marine francaise sétait relevěe contre I'Angleterre {MicUELET, Hist, de la Rěvol fr.. IV, 12). — Mourements inttinctifs de que/qu un auquel on fait des propositions qui le rěvol-tent (AC, s.v. haut-te-corps). — Lěonie s'inleresse á ta femme pour l^QuELLE est man un hamnie qui I'avail aimée elle (Qlíeneaľ, Pierrot man ami, P, p. 99), I S 692] PRONOMS RELATfFS 1055 L'usage préfere qui (s 686, a). Cepcndant celui-ci ne s'empioie pas aprés parmi. Lá, il con-nut des jeunes gens instruits. parmi lesquels Maucroix (Faguet, XVIF s„ p. 234), Celte interdiction est parfois étendue á entre, mais cela n'est pas ratifié par I'usage : cf. Sandfeld, t. II. p. 185. D'autre part, il est assez rare que lequel ait pour antecedent un nom propre de personne (non quand il est sujet: b. Rem. 2): Ce present, c'était en somme le seui Cénabre, vers LEQUEL ses vieilles jambes le portaient si vile (Bernanos, imposture, pi., p. 517). — II est assez rare aussi que ľantécédent de lequel soil un pronom personnel : Lui auquel la monarchie absolue ne plait guere, le voilá roi et tyran tout á coup {MALLET-joris, Trois äges de la nuil, L.P., p. 293). — Cela semble tout ä fait exclu avec un pronom de la ľ" ou de la 2C personne. Si la preposition est de. duquel et de qui sont concurrences par dont, mais celui-ci n'est pas loujours possible (§ 695, c). 3° II est exceptionnel que ľantécédent soit un pronom neutre: Quelque chose pour lequel jene trouve que le muuvais qualijicalif d'« ineffable » (Mauriac Ce que je crois. p. 125). — C'était bien [...] ce pour lequel les seconds accusuient les premiers de mauvaise foi (Sagan, Femme fardée. p. 212). — On se sert normalement de quoi {% 691, a). Remarques. — I. Lequel est raremenl precede de en dans I'usage ordinaire, mais ceci concerns, d'une facon plus générale, ľemploi dc ľ article diifini aprés cette preposition : S 1002. b. 2. Sur I'accord de lequel. voir § 680, a. Rem. b) Comme sujet, lequel appartient ä la langue écrite. Parce qu'il porte les marques du nombre et souvent du genre, il pcrmet d'éviter des equivoques. D'autre part, il ratlache la relative ä son antecedent d'une fagon plus souple que ne le ferait qui; il s'empioie notamment quand la relative est une indication accessoire, adventice. Elle était avec son marí. madame Homais el le pharmacien, LEQUEL se tourmentail beaucoiip sur le danger des fusées perdues (Flaub.. AY*" Bov., II, 8}. — Vous vous pencbe: sur voire avenir et en merne temps sur celui de la bourgeoisie cassue, lequel n 'est peut-étre pus aussi sombre que vous le prétendez (aymé, Conforl inteilectuel, p. 204). — La letlre était déposée dans un cof-fret ctos. lequel se dissimulait clans la mousse (GlDE, Si le grain ne meurt. 1, 6), — Alors Simon le saislt par une de ses mains, laquľli.e s 'arracha aussilôt á celte étreinte (Green, Moira. p. 18). — /( reconnut ainsi la juslesse d un des mots favoris du maire. gros industriel de noire ville. lequel qfjirmait avec force que [...] (Camus, Pesle. p. 58). Remarques. — 1. Lequel sujet ne s'empioie pas normalement aprés et. Ex. non conforme a I'usage ; aC'est sa maniere [.,.] de grappillcr ici et lá des petites sensations qu 'il consigne d'un bout de crayon dans son camel et lesquellES, une fbis rentré. devien-dront le point de depart d'un voyage á trovers la peinlure (j. Michel, dans le Monde, 23 févr. 1984). 2. Considérant que lequel contienl I'article, on a contesté qu'il puisse avoir pour antecedent un nom propre ne s'accommodant pas de I'article ; cette opinion n'a pas de fondemcnt dans I'usage pour lequel sujet (comp. a, 2°): Ce mécanvitnc. [...] antusa beaucoup Sigognac, lequel, bien que spintuel par nature, était fort neuf en beaucoup de choses (Gautier, Cap. Fracasse, XI). — 11 atnenu plusieurs j'ois avec lui [...] le Pere Esprit de i'Oratoire, lequel, en cette circonslance, disaient les Jansenlstes. jit peu ďhonneur á son nom (S.-Beuve, P.-Royal. V, 11). — Autres ex.: Flaub., Éduc. I, 5 : proust, Rech.. t. I, p. 204; Bremond. Divertissements devant larche, p. 201 ; Daniel-Rops, Deux hom-mes en moi. p. 205 ; Gary, Téie coupabte. p. 2)6; etc. — [Voir deja Mol., Étourdi. IV, 7.) 3. Lequel est nes rare aprés un pronom personnel dc la 3* personne et exclu aprés un pronom dc la 1" et de la 2' personne. 1056 LE PRONOM (I 692 4. Lequel au debut d'une relative determinative (§ 1059, a, 1°) ressortit ä une syntaxe archai'sante : íl n 'y a pas un air de music-hall lequel ne soil un souvenir poignant el délicieux (Aragon. Anicet ou le panorama, L.P.. p. 165). Autre archaisme : lequel sujet d'une proposition absolue : cf. g 677, Rem. c) Comme objet direct, lequel est un archaisme assez rare : Je ne pourrais avoir que mon opinion particulkre, LAQUELLE on ne consullerail pus (CHAT., Mem., lit, U, IV, 10). — Vous verriez lomber dans voire cellule rien moins que voire mere elle-meme. laquelle si je ne me Irompe. vous aimez encore mieux que le pere Regnaull (Sand, Corresp., 13 mars 1832). — Ce detail grotesque ne Jin pas remarque par ces speciaieurs naľfs, tou, occupes de 1'affabululion de ta comédie et du jeu des persontjages. lesquels ils tenaienl pour véritables (Gautier, Cap. Fracasse, VII), — J ai cede, me dit-il. á un mouvement de fureur, il est vrai: LAQUELLE je ne pouvais loumer que coatrt moi (Gide, Thésée. p. 106). — // ne jouaii que de bonnes choses el il les jauait avec respect; les senates de Bach pour violon seul. les sona-tes pour violon et piano, lESQUELLES il esquissait, on le devine, sons accompagnement (Duhamel, Pesée des ämes, p. 133). — íl y a des replis de nous-mémes ijlsquels nous n'épousselons pas. de peitr de jaire tomber les étoiles qui s'y accrochent (Araoon. Anicet ou te panorama, L.P., p. 228). [La relative est determinative : cf. b. Rem. 4,] Hist. — Lequel. tres frequent á la Renaissance, restait au XVIIs s. ušité dans des constructions aujourd'hui archaiques, comme avec la fonction d'objet direct ou devanl une relative determinative : Ce me sera un autre tresor plus precieux que ceiuy lequel nous avons trouvé (La P., F., Vie d'Ésope). — 'Voilá trois circonstances de noire évangile. i.esouelles, Messieurs, si nous entendons, nous y liron.t manifestement toute t'histoire de noire pais (Boss., CEuvres oral., t. 111, p. 417), — // n 'y avail que ceux de cette Famille, lesquels pussent exercer la sacrificalure (Rac, Alh., Prel). Vaugelas (pp. 49, 54, 91, 115) trouvait lequel «. rude » ct recommandail dc choisir pluiót que. quoi (cf. § 691, b. Hist.), ou, dont. chaque fois que c'était possible. La langue juridique faisait grand usage de lequel, et cette caricature s'en amuse: Un Chien vient dans une cuisine. / II y írcruve un chapon, lequel a bonne mine. I Or celuy pour lequel je parte est affamé ; I Celuy centre lequel je parte aulem plume . / Et celuy pour lequel je suis. prend en cachetic I Celuy contre lequel je park (Rac, Plaid.. Ill, 3). Quel est atlesté si sporadiqucment jadis comme pronom relatif qu'on laxcra de famaisie badine plutôt que d'archatsme un ex, comme celui-ci: Ces miens trésors / Pour quels [...] / Je donnerais cent vies (Verl., Odes en son honneur, X). 693 Dont est toujours représentant. a) Ľantécédent est d'ordinaire un nom ou un pronom, qui pcuvent concemer aussi bien des personnes que des choses : Le prétendant dont m 'avail parte Juliette (GlOE, Porte étr., IV). — La maiadie dont il est mori. Ne fades rien dont vous ayez á vous repeniir. Ľantécédent est une phrase (ou une partie de phrase), — Dans la relative avcrbale Dont acte « ce dont je vous donne aclc », frequente dans la langue juridique et administrative. Cette formule figee sert de conclusion (parfois a une suite de phrases) el elle est souvent preeédée d'un point i En matiére de mceurs, la benediction officietle lit: est donnée de haul! Michel-Charles, bon pere de famille, se consacre exclusivemenl ä sa femme et á ses enfants. Dont acte, avec les quelques restrictions qui conviettnent toujours (YouRCE-nar. Archives du Nord. cit. Rob.) — Occasionnellement, dans la langue litteraire. par imitation de l'usage ancien : La mere Barbeau se prit á pleurer, dont te pere Barbeau se mit fort en peine (Sand, Pet. Fadette, 1) S 694] PRONOMS RELATIFS 1057 — Silvia ne le connaissait plus, / Dont il sentit une douleur extreme (Musset, Pais, nouv., Silvia). — Elle passa a son lour sa main dans les cheveux de Juiien, elle les embroussailla. les tira ; dont il avail horreur (Thérive, Sans ante, p. 23). — Elle voudrait bien étre la plus forte, mais elle ne peut pas, dont elle rage ! (Claudel, Pain dur. 1, 3.) — Le premier corps ďarmée s'en allail. remplacé justemenl par le troiskme. dont nos Normands paraissaient fort émus (Duhamel, Pesée des ámes, p. 156). — Si par hasard vous obteniez un ticket, dont je doute. [...] (Ch. Bruneau, dans le Figaro lilt., 23 fevrier 1952). — Ces jeunes m'ont inquiétě. Non parce qu 'ils revendiqueni. contestent et chahuteni — dont leurs devanciers ne se privaient pas — mats par la démesure de leurs espoirs (E. Berl, dans le Figaro. 16 juin 1973). — Cf. § 681, e. Hist. — Dont avec une phrase comme antecedent a été couraní jusqu'au XVl]r s.: Ainsi croissoit Pantagruel [...], dont son pere s esjouyssoil par affection nalurelk (Rab., Pant., V). — // veut avoir trop d Esprit. dont j 'enrage (mol., Mis., fl, 4). — * Hekne est arrivée depuis deux jours. dont je suis ravie (SÉV., 19 févr. 1676). b) Dont équivaut k un complement inrroduit par de : complement du sujet, du verbe, de 1'attribut (attribut adjectif ou nom), du complement d'objet direct. L 'homme dont les BtENS ont ěté vendus. -— Les iděogrammes chinois. dont chacun exprime un concept (EtiEMBLE, Jargon des sciences, p. 155). — Les faveurs dont vous m AVEZ comblé. — // n'est rien dont je sois plus CERTAIN (ac). — [/ne catastrophe dont nous sommes nous-mémes les viCTIMES (Chat,, Génie. 11, i. 3). — Le livre dont j'ai tu quelques passages. Sur les constructions plus complexes du type La maison dont je sais que vous étes propriě-taire (Littré, s.v. dont. Rem. 5), voir § 677, Rem. — A distinguer de dont « au sujet duquel » : § 694, d. Dans la plupart des cas. ifoní peut étre remplacé par de qui. duquel, parfois de quoi, selon les valeurs propres a chacun de ces pronoms : L'homme de qui le% biens ont été vendus. Les faveurs desquelles vous m avez comblé. Etc. Toutefois, quand 1'antécedent est un pronom neutre, dont ne peut guěre étre remplacé par de quoi. J'ai trouvé ce dont j'avais besoin. Ne faites rien dont vouí ayez á rougir. Nous verrons plus loin certaines particulariLés concernant dont lorsqu'il est complement d'un verbe (ťj 694), — d'un nom ou d'un pronom (§ 695). Hist. — Dont vient du lat. vulg. de unde, avec un de pléonastique puisque unde signifiait en lat. classique « d'ou », mais la valeur de unde lui-méme s'etait modifiée en lat. vulg., oil il jouait souvent le role d'un pronom relatif. La nuance de lieu n'a pas disparu pourtant: cf. § 694, c. En outre, dont a servi d'interrogatif pour le lieu jusqu'au XVI1 s.: Dont es-iu ? (Rab., Pant.. Vi.) Ont (de unde) est attesté en anc. fr. au sens de f is nutri. p. 31-t). Ce tour, qui n'est pas recent (cf. Hist.) s'esl generalise au XXr s., á la desapprobation ďAbel Hermant: « Faule avérce ct grossiere »; a Enlre les horreura d1 aujourd'hui Tune de celles qui attristent le plus aux champs elysčes les (repasses d*une cerlaine culture n (Chron de Lancelot, tr U, p. 30S), — II TauU de Lcute fa<;on, exclure dc cette sévérité les vert>es^ comme dire, qui se construisent réguliérttticiit avec un complement amené par de signiňani v. au sujet de 11 w: Un homme, auelaue malicieur qui! puiise étre, ne dira jamais i>es femmes autant de bien ni auiant de mat qu'elles en pensem elles-mémes (Balzact Physiol, du mariage, Épigraphe), rVi.Lu.LrL" part, la construction avec dont « au sujet de » peut paraitre néee^saire ; I) quand le verbe qui suit le pronom rclatif nTaccepte pas un que objet direct : Ces vieux WKHlfiiHIII. dont le bruit court qu 'Us se sont děcavés (toulet, Mon amie None, Vlil). — A 1'égard de la beauté dont il est trap clair qu'elle n'a jamais été envjsagée ici qu'a des jins passionneltes (Breton, Nadja, p, 185), — Un petit toit dont Shade s étonnait qu V eut pu le cacher (MaLRaUX, Espoir. p. 278). — Une quantité d'objets domesfiques dont je m'elais vite apercu qu'ils ětaient quelque chose (Bosco, Oubli moins profond, p. 313), — Quelques autres dont on n 'ětait pas tout a Jait sur qu 'ih eussent exists (Sartre, Mats, p, 48). — Mes cheveux dont je me souvinx qu 'Us étaient roux (H, Bazin, Qui j'ose aimer, XVII). — 2) Quand dont repré&ente le méme Ětre ou objet que le sujet d'une interrogation indirecte : Monsieur Cere, dont on ne sail encore s'H est un mari stupide ou complaisant (France, Crainquebille, Pierre gravee). — Des concepts [.,.] dont an ne suit s'Hs correspondent reellement á des facteurs constitutes du systéme de la langue {Saussure, Cours de linguist, gěnér., p. 153). — Ces trots ou auatre semaines dont je ne rappelfe pas sans malaise ee au'elles avaient d'ambigu (J. Borel. Adoration, p. 388). — On en rapprochera le cas oů une proposition relative est substituce á une interrogation indirecte (§ 411. t\ Rem. 1)', Le cas Martens, dont an sait le bruit qu'il a fait {J.-CI. RiCquter, dans la Re\*ue generate, oct. 1991, p. 7). En revanche, dont est moins juslifié quand il pourraít étre remplace par un autre relatif ayant sa fonction par rapport a un in Hniti f ou une proposition conjonctive cssenlielle 677T Remr) ' Une classe trés honorable pour une civilisation dont le plus fěroce marxisté ne pourrait la dire vampire ou parasite (Theríve. Essai sur A. Hermant, p. 25). — Cette question, dont on s 'ětonne de ne la voir soulevie par aucun de ceux qui [...] (Benda, Prance byzantine. p+ 151), — La Terre de Feu, dont i I caressait le projet d'y amčnager des colonies agricoles (Tol'LET. Mon amie None. I), — Qu'y a-t-il d'autre dans sa vie dont it tremble que son pere ne te découvre ? (Bour-OBX, Danseur mondain, \.) — Je me débarrasse de ceux [ = des livres] dont je suis á peu pres sur que je ne les lirai plus jamais {Green, Journal, 20 mai 1951 )r — Une priere dont je ne suis pas stir que \ous I'ayez jamais price pour ce petit [Montheri.., Vilte dont le prince est un enfant, III, 7). — Passion malheureuse et dont on peut dire qu'il l'o voulue malheureuse (Nadeau, ť?r Flaubert ěcrivain, p. 94). — On aurait pu ěcrire : ... Cette question, qu'on s'etonne de ne voir soulevée,., ; etc. On aurait pu aussi supprimer en el remplacer leur par la dans ces ex. : Des ouvra-ges dont nous nous ětonnions que les directeurs des scenes [...j en eussent supporte la lecture jusqudu bout (Bellessort, cil. Le Bidois, § 1384». — Cťiir dont on sail que leur curiositě ne sour.ie pas de vous (EsTAUNIÉ, ib., § 1379). II. Comp. : // est [..] difficile de dire, tour mainte variants de detail, si elle est correction d auteur, ou de llbraire, ou d'imprimeur (Lanson, dans Volt., Lettres phiL I U p. xxvii). 1060 LE PRONOM [§ 694 S 695] PRONOMS RE LATI FS 1061 Hist. — Ex. anciens : Touz ecus DONT on le feroit cerleln qu 'il eussent tort (JolNvli.le, cit, Le Bidois, 5 582). — ' Cen ětoiles extraordinuires [...} dont on -tail encore moins ce qu elles devienneni (La Br., IL 22). 695 Observations sur dour complement de nom et de pronom. a) Dont peut etre complement d'un pronom numeral, cardinal ou indé-fini. j" Doni complém, d'un pronom sujet: Vous m'avez prětě des romans dont trois m 'ont inté-ressé, dont plusieurs ni 'out ptu, dont quelques-uns m 'ont charmé. 2" Doni complém d'un pronom objel direct (cela a été contesté, a tort, car I'usage, sur ce point, esl bien declare): Des adorateurs. dont on a droit de nonimer quelques-uns (S.-Beuve. Caus. du lundi. t. I, p. 205). — // [...] possěde sept ou huit villas dont il habile une (TainE, Voy. en Italie, i. 11, p, 93). — Puis on répandit devant eux des saphirs dont il failut choisir quaire (Maupass., Fort comme la mart, II, 4), — Trop měprisé les journaux dont je lis quaire ou cinq chaque jour (J. ReNARD, Journal. I" janv. 1895). — Ceci n'ira pas sans de lerribles consequences, dont nous ne connaissons encore que quelques-unes (Camus, Homme revoltě, p. 42). — Des pauvrelěs assez surprenanles. DONT je montrerai quelqu'une (Valery, trad, des Bueniiques de Virgile, p. 31). — Autres ex.: BaUDEL.. Paradis artif, Mangeur d'opium, 1; Brunetiere, Bos-suet, p. 66 ; France. Rotisserie de ta Reine Pědauque. p. 172 ; Bloy, Děsespěrě, p. 42 ; BaRRĚS. Děrac.. p. 332 ; MaurraS. Musique intěrieure. p. 21; Tkerive, dans le Tempi. 24 mars 1938 : Billy, dans le Figaro. 19 aoút 1939 ; La Varende, Belles exclaves, p. 149 ; F, Gregh, Age de fer. p, 45 ; etc. 3" Dont complém. d'un pronom regime de voici ou voilá : J'ai reeu deux letlres, dont void l'une (Hermant. Samedis de M. Lancelot, p. 159). — L'abondance de mes Scrits a son excuse dans queiques idées iněpuisables. dont voilá une (Alain, Histoire de mes pensěes, p. 84). 4° Dont complém. d'un pronom sujel « reel » : Les gens (...] dont il n'y a pas un sur cent mille á qui je voulais ressembter (VIALAR, M. Dupont est mart, p. 278). — Pour le tour dont il y en a deux, voizf, 3°. b) Dont au sens de «parmi lesquels» peut introduire une relative a verba le : Nous avons eu des bals masques, DONT uuaíre cňurmanís (STENDHAL, Corresp., t. V, p. 298). — // leur restait environ dix mille francs de rente, dont deux mille trois cents á lui (FlaUB., Éduc. I, 5). — il avail huit enfants, dont six filles (FaGUet, Hist, de la poesie fr., 1. VI, p. 147). — Deux personnes attendent. dont Marcel Boulenger (Rqmains, Amours enfantines. cit. Le Bidois, § 1368). — Trois juges, dont moi, dicerneront des prix (Green, Journal, t. Ill, p. 89). — Plusieurs pays d'Asie. dont linde (MaI.RAUX, Anliměmoires, p. 114). Pour d'aulres types de relatives averbales, voir § 1061, b. c) Dont ne peut, en principe, dépendre d'un complement introduit par une preposition. Au lieu de °Les traites dont il se repose sur la foi; "Le proekain dont le caiomnialeur nuit a to reputation. I'usage normal d'aujourd'hui demands quart disc : Les traités sur la foi oesquelS it se repose; Le prochain á la reputation de qui (ou duquel) le caiomnialeur nuit. Ex, irrégulters : Ce William Rayne, dont elle n'est pas méme certatne de t'existence (E- de gonc Faustin, cit. Tobler, Verm., t. Ill, p. 43). — Combien d'autres dont il ne se souvenait plus des noms I (huysmans, Cathědrale, p. 390.) — Pauvre vieux dont on avail doutě de t'han-neur ! (M. RMBMS, Haute euriosité. p. 122.) — Cas plus cornplexe : Rimbaud, dont on deplore I'arrit prěcoce de production (Dauzat, Precis d'hist. de la langue et du vocab.fr., p. 73), Comp. ... a'ont on deplore qu'it ait arrétě..., % 694, d. Dont est cependant correct dans les cas suivants. 1) II est complement d'un objet direct introduit par jusqu'd « méme » (jusqua n'a pas ici un role de preposition): Elle, si innocente. [...] dont nous surveillons jusqu'aux pensěes (zola, Terre, II, 7). — Je me représentais cette enfant [...] dont j'ignorais jusqu 'au visage (Gandon, Monsieur Miracle, p. 82). 2) Dont est en méme lemps complement d'un syntagme non prépositionnel (sujet ou objel direct): it y a ceux [...] dont on til ta pensée dans tes yeux (Dumas fils. Fits naturel. Prologue, V). — L'autre. dont les cheveux jlottent sur les épaules (France, P. Noziěre. p. 187). — La vieille marquise du Badoul, dont les měches grises pendaient sous le Income (Vialar, Grande meule, I, 6). —- Tous ces symboles dont la grace attěnue le caractěre děmesurě des proportions (Herriot, Sanctuaires. p. 63). — Ceux dont les soucis ont dévoré tes premieres années de ta vie (green. Leviathan. I, I), — Un ěcrivain dont t'ceuvre [rrr] est a peu pres itisěparable de ta vie (Arland, Essais critiques, pp. 86-87). Toute difficulté disparait si le complement prépositionnel inclut un determinant possess]f: dans ce cas, dont ne se rappone plus qu'au syntagme non prépositionnel : Les vrais grands ěeri-vains sont ceux DONT la pensée occupe tous tes recoins de leur style (Hugo, Pierres, p. 195), — Les trois invitees, personnes [,..] dont la tenue, froidement correcte, contrastait avec I"exuberance de leur mise (JalOUX, Sous tes oliviers de Bohéme, p. 119). — Le varu conftant du poete dont íonr de lecteurs fětent. en 1947, le I5(f anniversaire de sa naissance (R. LaloU, dans les Nouv. litt., 1" mai 1947). — L'insecte, dont I'innombrable vibration de sES oiles soutient inděfi-nimenl la fanfare, le poids et le courage (ValÉRY, Eupaiinos. p. 154). — L 'histoire d'une femme dont la mort de son fits avail derange t'esprit (Green, Vers I'invisibte. p. 166), La difficulté disparall aussi s'il y a un pronom personnel objet indirect (comp. § 647, c): Une jeune fille dont tes cheveux LUt retombaient sur le dos (Mac Orlan, Ancre de Miséricorde. p. 204), Dans I'ex. suivant, dont peu l étre considére comme le complement de connait: Une personne dont on ne coNnaIt que I'haleine, les pantoufles et la couteur des yeux (A, Daudet, Tart, de Tar., 11, 8). — Ou bien on le considére comme le complement des premiers termes de la coordination, explication qui vaut aussi pour ce texte de Gide: Ce petit livre (...] dont je ne sais plus le litre ni le nom de I'auleur (Nourril. terrestres et nouv. nourr.. p. 293). 3) Le complement prépositionnel est un pseudo-complement (g 342, b) el constitue en fait 1'élément principal du syntagme nominal dont il fait partie : Le jeu de puzzle dont la moiiiě des pieces ětaient ďailieurs perdues (Duhamel, Voyageurs de n L 'Espěrance ». p. 46). [L'accord du verbe continue qu'il s'agit d'un pseudo-complement : cf. (j 422,] — Gide. dont elle avail traduit en anglais une grande partie de I'ceuvre (ScHLUMBERGER. dans le Figaro lilt., 18 juin I960). — Les ětres de qualilě dont une partie de I'existence a ětě donněe au desert (KeSSEl. Mermoz, p. 55). — La « Revue Internationale d'Onomastique w dont une bonne partie des articles sont signěs de ses anciens ěléves (P. Lebel, dans L 'hist el ses měthodes. p. ri7K). — Emission de television I ...j dont on trouvera une partie du texte dans le dernier numero des Cahiers de ia television (Kanters. dans le Figaro litt, 23 mars 19641 — Une jeune fille de 2j ani dont le reste de ia rěponse esl á peu pres nul (J, PERTu, Rue du Dragon, p 74). [L'accord du verbe se fait pourtanl avec reste.] On peui en dire autant des ex. sutvants; La bouchěre, doni eiie a ele\e un des petits 0. RENard. Ragotte. 1, En menage) — La banque, dont il est un des directeu/s (Valuo>er, Reine évanouie. p. 196?. 4) Dont est complement d'un nom compose ou dune locution nominale Un peintre ix>nt les che/s-d reuvre sont au Louvre Un Homme novr on admire ia force dame (hi rol dont lés gardes du corps s elaient mutinés Mais on trouve dont chez des écrivains méme soigneux dans des cas oů il est difficile Je pnr-ler de noms composes. Ex. á ne pas imiier : La gréve luit /usqu'au Ploch, dont on aperfoit f.„] le toil des premieres maisons (MirbeaU. Calvaire. IX). — La propre maison dont eiie ignorau 1062 LE PRONOM (S 635 le nom des locataires (R. RollanD, Jean-Chr., t. VI, p. 2)4). — Un cheval [...] DONT I'artiste a settlement retenu la forme du contour (benda, Rapport d'Uriel, p. 143). — Amoureux, du tat. amorosus, dont tt amour » a empeche la contraction de la comre-finale (Dauzat, Diet. itym.). — Un monde [..] dont la mise en question te rend furieux (Malraux, Antimimoires. p. 14). -Les jeunes. dont it est devenu banal de regretter la pauvrete de la tongue [Gramm. Lar. con-temp., p. 4). — L'inconduite de la reine Marguerite fDONT it obtint i'annulation du mariage) (Grand Lar. enc. s.v. Henri IV [France]). — Lefameux College William and Mary [...] dont nous craindrons de fouler le gazon du pare fF. Desonay, Air de Virginie, p. 87), — Unefemme dont j avals [...] le temoignage de la betise (B.-H. levy, Demiers jours de Baudelaire, p. 272). Parfois dont est employi alms que le complement prepositionnel est lui-meme accompagne d'un determinant possess if. ce qui ajoute un plionasme a la premiere irregularite : Une figure dont la diversite de ses parties s'arrangent [...] (Val£ry, Regards sur le monde actuel, p. 133). [Rem. I'accord du verbe.] — Le papillon Dont on voit miroiter au soleil la diaprure de SES ailes (Henriot, Aricie Brun, 1, 6). — Notre temps, celui dont je sens encore la tiedeur de ses midis {Proust, Jean Santeuil. I. I, p. 184). — Les institutions, dont II [ = M. Debri] jut au premier rang de leurs architectes. ant fait teurs preuves (de Gaulle, Mimoires d'espoir, L.P., t. I, p. 347), — Roland [Dorgetis] n'aimait guere Pablo [Picasso] parce que 1'Espagnol detoumait ses amis, surtout Mac Orian, dont Picasso avait fait le beau portrait de sa femme. Marguerite (Lanoux, Adieu la vie. adieu I'amour, p. 30) — Une itude [...] dont les raisons de son integration d ce volume nous echappent totalement (Jean Dubois, dans Revue beige de philologie ei d'hist., 1968, p. 14S8). ■— [Deja chez Bossuel: * Osymanduas, dont nous voyons [...] de si belles marques de ses combats {Disc. hist. univ.. Ill, 3] — Quelle que soil I'autoriti de ces auteurs, de telles phrases ne doivent pas etre prises pour modeles. On notera pourtant que dans certains ex, (des deux series) dont pourrait avoir le sens ■< au sujet duquel » (comp. § 694, d). Dans I'ex. suivant, dont n'est pas complement cYange et tVor, qui Font partie de complements de caractirisation assimilables a des adjectifs, mais de figure et de boucles : Jean dont chacun admirait la figure d ange. les courtes boucles d 'un or brute, les dents aiguis de son frats rire (Mauriac, Genitrix, p. 38). [Le possessif son. du fait de la coordination, est moins discutable que dans les ex. reproduiw ci-dessus.] 5) Avec venir a bout, dont est admis : Des difficulties dont iV ne viendra jamais d bout (HanSE, p. 346). On dit d'ailleurs : // en viendra a bout [deja chez La F., F., V, 9j, Hanse admet dont aussi avec d I'ecart (outre faire du cos, ou du est Panicle partitif), — el Plattner (1. V, p. 451) avec en possession . Les biens [...] dont i7.se trouvera en possession (Code civil, art. 33). — Comp,: Ne trouvant pas de contrepoids dans la realite. puisqu'il en vivait it I'ecart (montherl., Celibataires, i, 2). Hist. — Dont, au XVII's., dependait quelquefois d'un nom precedi d'une preposition : // est des nceuds secrets, ii est des sympathies. / Dont par le doux rapport tes antes assorties / S 'atta-chent tune a I'autre (corn,, Radog, 1, 5). — Luy dont a la maison / Voire imposture enleve un puissant heritage (Mol., Depit am.. II, 1). d) Dont peut etre complement a la fois du sujet d'une part, de 1'objet direct ou de l'attribut d'autre part: 11 plaignit les pauvres femmes dont les epoux gaspiltent la fortune (flaub., Educ. II, 5). — Vous avez trap de raison pour un age dont / ingenuite est d la fois le seul attrait et la seule excuse (froment1n, Domin., VI). — C'etail un vieillard dont in barbe blanche couvrail la pot-trine (France. Ballhasar, p. 32). - Un homme jeune [.,.] dont la chemise ouverte fort bos lats-sail voir la poitrine lisse (Maurois, Bern. Quesnay, p. 137). — Un homme dont le corps a 1 habitude d'aider la pensee (RomainS, Salsette decouvrc 1'Amerique. p. 72). Parfois, dont est complement d'un seul des deux noms, I'autre est accompagne d'un determinant possessif, ce qui rend la phrase plus claire : Cetle malheureuse creature. dont la mart pre-maturee attriste aujourd hui sa famille (Hello, Conrej extraordin., Regard du juge). — Venu a Thonon voir ma mere toujours malade, mais dont la maladie n'a pas interrompu son aclivlte (Bordeaux, Garde de la maison. p. 272). 5 695) PRONOMS RELATIFS 1063 De meme. dans I'ex. suivant, dont est complement du verbe el son antecedent est reprcscnte devant le sujet par un possessif: Un puits rempli de cadavres de petites jilles dont leurs parents se sonl debarrasses (Claudel, Connaissance de I 'Est. Pagode), e) Si dont est complement d'un nom d'action, il peut representer Pagent (complement subjectij) ou 1'objet (complement objectif) de cette action : Des gens dont I'arrivee est attendue (les gens arrivent). Des objets dont la vente est inter-dite (on vend des objets). — Quand il s'agil de personnes, la seconde application est parfois ambi-gu6 l. Les routes et les campagnes etaient couivnes d'hammes errants dont la peur absede les cullivaieurs (Jaures, Hist, socialiste de la Revol.fr.. 1. [, 1™ partie. p. 388), [II faul comprendre : Les cultivateurs ont peur de ces hommes. Mais, spontanement. le lecteur croit que ce sont les homines errants qui ont peur.] — Comp. § 588. ./) Redondances a eviter. 1° Dont et un pronom personnel objet direct ayant le mime antecedent ; J'ai i'intention [...] de reunir ici quelques-uns de ses amis. dont les parents ne manqueront pas de les accompagner (henriot, Aricie Brun. II, 1). [II vaul mteux ecrire: ...que leurs parents ne manqueront pas d'accompagner.] — Une diseuse de bonne aventure dont les anneaux d'or aux oreilles et le turban soyeux sur le front la transformaient en une reine des tinebres (CaYRol, Enfants pillards. p. 155). [En outre, dont semble complement d'oreilles et de front, ce qui est comraire a la regie donnee dans le c, ci-dessus.} Dans La phrase suivanle, il n'y a pas de redundance, mais le verbe n'a pas 1'objet direct qu'il reclame : Des artisans ranges et paisibles. dont les maturs douces et un pen molles tenaient plus eloignes encore de la cruaute que de I'hirolsme (Tocqueville, Souvenirs, p. 248). [11 faudrail: ... que leurs mceurs ... tenaiem ... eloignes.**] 2° Dont et un determinant possessif: Tous ceux dont un sombre chagrin nefermait pas leur Sme a la gaite du soleil (Proust, Jean Santeuil. t. fl, p. 155). Autres ex. dans c, 4. — Voir aussi dans c, 2, et dans d des ex. ou il n'y a pas vraimenl redondance. 3° Dont et en : De ce genre de meubles dont I 'elegante sobriete des lignes et la simplicity dts elements decoratifi en font te prix (M. RhEIMS. Haute curiosite. p. 289). — Sa vie familiale dont te desordre en faisait tout le charme (Cayrol. Enfants pillards, p. 16), — On pourrait con-sidercr que, dans ces deux ex., dont est compliment ;i la fois du sujet et du complement (cf. d ci-dessus). Dans le lexte de Rheims, dont serait alors compliment d'un nom introduit par une preposition (cf. c), Dans I'ex. suivant, en pourrait etre supprime sans difficulte (cf. 5 677, Rem.), mais peut-Stre l'auteur a-t-il donne a dont le sens « au sujet duquel » (§ 694, a), ec qui 6le la redondance : C'itait [...] un de ces livres dont an sent immediatement que l'auteur peu fortune en a fait les frais (belLEssort, V Hugo. p. 1). La redondance est assez frequente quand don! est compliment d'un numeral objet direct ou sujet tie!; les auteurs hesitent peut-Slre a recourir au tour signali ci-dessus (a, 2° et A") parce que ces numiraux s'appuient d'ordinaire sur en (§ 651, e) \ 25 a 26 pages in-folio dont il n'y En a pas trois de Du Camp (Flaub., Corresp., t. II, p, 261). — De toules ces raisons, — dont il n'y eh a pas une qui resiste a lexamen (Brunetiere. Bossuet. p. 70). — Elle a dH avoir quel-ques petites aventures supplimentaires dont je n 'en connais que deux (J. Laurent, Betises, P- 392). — Cas analogue : Tu ne te serviras point de tous tes mots, dont il en est de rares et de baroques qui tirent d eux toute lattention (Val£ry, Variete. PI, p. 741). Hilt. — l'usage classique admettait qu'un antecedent fin, dans une meme relative, represente £ la fois par dont et par en, notamment lorsqu'il y a un numeral cardinal ou indifini: + Elle demandait cinq viltes, dont Metz EN etait I'une (MaLKERbe, t. Ill, p. 582). — + Elle a deux mille cinq cents touts dont elle ne veut pas en remporter un (Sev.. 11 juin 1676). — + II faut faire un grand choix pour lire ses lettres [de Voiture] dont it y en a plusieurs qui ne vous feraient 1064 LE PRONOM [S 695 pas grand plaisir (RaC G.E.F., t. VI], p. 71). — Un secret ier (La Fayette, Princ, de Cleves, p. 61), OÚ [de l'adverbe latin ItW}, .] DOvT je lay deffcndois o"EN pár- aj Dans la langue generale, c'est un complement adverbial marquant le lieu, la situation, le temps : J at rh>ě dans la grolle oú nage la siréne... (Nerval. Chiméres. Desdichado.) — Dans ľ etat oťj vous étes. — Le jour OÚ la potrie tne demandera de verser mon sang pour eile, eile tne trouvera (céline, Voy. au bout de la nuit. P. p. 17). — Sur la concurrence de que. voir S 689, d. 2". Remarques. — 1. Oil sc combine avec peu de prepositions. — Avec de (elideI. par. jusque (élidé) : C'est alors qu 'eile est venue á Paris, d'ou eile lui a écrii (A. breton, Nadja, p. 73), — Le chemin par oil it faul passer La page jusqu'oú vous avez tu. — Oú peut á lui seul indiquer la direction s'il tienl lieu d'un complement introduii par á ou dans: L 'endroii, le pays ol je vais. Si la prépos. est vers, oú employe seul est possible dans la langue littéraire : Un cabinet de lecture oü le jeune hotnme s'achemine (Barrls, Dérac, p. 74). — [...] des cotlines OÚ les bétes semblaient mainlenanl se diriger (BoSCO, Mas Théotime, 1947, p, 155). Cependant, on trouve parfois pour, sunout avec partir, el vers 11; Á mon retour de la Tunisie. pour oú je partais (Montherl., Exil. Préí), — Fongueusemare, VERS oú revolatt sans cesse ma pensěe (GlDE, Porte étr.. p. 33). — L'onomastique VERS oú ľavaient poné ses gouts personnels (J. herbillon, dans le Bulletin de la Commission roy. de toponymie et de dialectol, 1962. p. 27). — Ou sans antecedent (cf. b, 5°): La poňe s'ouvrit [...] / Vomissant lout un floi [...] vers oi j'etais (Verl.. Elegies. II), Hist. — Vers oú a cherché ä s'inlroduíre au XVlľ s.: T Le bien vers ou vous aliez (Scc-déry, Cyrus, cit. Littré). Vaugelas (p. 355) cl ďautres grammairiens ľont condamné. 2. Oü est parfois substitué ä la conjonction que introduisant une proposition complement d'un nom (§ 1070, d): Inutile [,..] d'envisager l'hypothése oú eile [ = Albertine] partirait brusquement (prol5t, Rech, l III, p. 431). — Je faisais ces reflexions, me plácaní dans l'hypothése oú Andrée éiutl véridique {ib, p. 603). — Comp. : L 'Hypothese que je ľ [ - Albertině] avail aceusée injustemetii m'eúl semblě la plus vraisemblabte (ib, p. 177). Sans doute y a-t-il eu confusion avec le pronom relatif que. qui, lorsqu'il introduii un complement adverbial ()) 689, d), est concurrence par oú. Pour la mime raison, au cas oú s'esi substitué ä au cas que á la fin du XIXĽ s. (§ 1096, b). 3. La langue populaire empíoie parfois avec oú relatif des formules qui s'expli-quent par oú interrogatif (§§ 389-390): 12. Aussi lorsquc oii est un interrogatif: Jutien se hdia de lui annancer son depart. / — Poi'R ou ? dit M. de La Mole (stendhal, Rouge. II, 17). — La soujfrance est certainement ce qui va le plus loin, mais vers oil? (I. Rostand. Pensees d'un biologiste, p. 196.) — Autres ex, ie pour oil interrogatif: dumas Tils, Visile de noce. Vll ; GlDE, Journal. 14 mai 1943 ; T/royat, Tanl qvt la terre durera,, p. 651 ; etc. — De vers ou interrogatif; BaRrEs, dans la Cocarde. 2-3 janv. 1895 ; S. GroussaRB. dans Hommes et mondes. mars 1952, p, 341 ; R. Kemp, dans les N'ouv. UK, 26 mars 1953 ; M. Jobert, Vie d'Hella Schuster, p. 77; l. Bodard, Anne Marie, p. 143; etc. Avec sur : Le Ravitaillement. dejd evacue de Paris sur Pougues, va itre replie de nouveau Sur ou ? (F. Grech. Age defer, p. 144.) S 696] PRONOMS RELATIFS 1065 "Voire petit papier OUSQUE vous avez ecrit voire promesse. II faul t'oublier {GlDE, isabelle. F°, p. 120), — "C'est la maison [...] Oil C'EST QV'habite Fanny (dans D, Francois, p, 825). 4. Pour oü et y formant redondance, voir § 655, b. 5. Pour la concurrence entre d'oü et dont pour marquer I'origine, § 694, c. b) L'antecedent de oü est ordinairement un nom. Notons certains faits particuliers. 1° Si ordinairement oil s'applique ä des choses, il peut avoir comme antecedent un syntagme forme d'une preposition de lieu suivie d'un nom ou d'un pronom qui designent des personnes: Elle a d'abord perdu connaissance et ne !'a reprise que chez le pkarmac1en Oil on t'a {...] transportee (GlDE, Journal. 31 mars 1943). — lis relrouverent le Patron aupre5 du Willi;. OÜ I'avait conduit Studier (Martin du G., Thib, PI., t. 1, p. 1070). — Le rendemem fonctionnel de ces oppositions correlatives est faible Chez cEux oü elles existent (A. Martinet, cit, Sandfeld, t. IT, p. 193). 2° 11 est assez rare que l'antecedent son un numeral indiquant la date: Quel chemin parcouru depuis 1979. O0 les conservateurs demandaient aux ehcteurs [.,] de « donner une chance » a cetie quasi-inconitue [,..] ! (dans le Monde, selection hebdom., 11-17 juin 1987, p. I.) Ordinairement, on reprend le numeral par un nom: ... 1979, ANNTiE ou... 3° Oü peut avoir un adverbe pour antecedent: ici. lä, lä-bas. partout, aujourd'hui. Voir § 1059, c. 4° L'antecedent est une phrase quand d'oü marque la consequence : // a refuse, D'oü il resulte maintenant que nous sommes dans i'impasse (Diet, contemp,). — Bergson observe [...] que tangage et pensee sant de nature contraire [...]. D'ou vient que la pen-see, obligee [...] de passer par le tangage qui t'exprime, s'y altere (Paulhan, Fleurs de Tarbes, V). — Phedre parte [...] pour jouer un role [...]. Ariste. lui. parle pour parier [...]. D'oü leur pensee se trouve bien tibre de poursuivre [...] sa reverie la plus sauvage (ib.). Avec une relative averbale : // avoir un igal amour pour le reve et le reel. D'oü ses tourments, D'ou ses combats (Duhamel, Desert de Bievres. p. 188). — Ces grands caracteres. ainsi mis a la retraile, avaient besoin d 'occuper ieurs ioisirs. 11 etait necessaire qu 'its fussent domptes. D'oü les Precieuses, 1 'Hotel de Rambouillet et. plus lard, ces analyses de sentiments qui vous etonnent (MauRots, En Amerique, p. 90). -— lis sont poetes, el ne sont que poetes [...]. D'oü leur immense prestige (P. Emmanuel, dans le Figaro, 2 avril 1971). — Dans le jardin d'Academas (D'oü nor «tacademies »). il [ = Platon] a institue une ecote (J. GuiTTON, ib, 21 juillei 1980). — Au lieu d'un syntagme nominal, on a parfois une propos. conjonctive introduite par que : § 1072, d. La ponctuation forte (souvent un point) qui precede d'oü dans ces ex. montre que Le relatif est traite comme un demonstratif (comp, ouoi au & 691, c) et que la locution est proche des adverbes anaphoriques (§ 921). 5° Oü s'emploie aussi sans antecedent: Les Fleuves m oni laisse descendre oü je vouiais (Rimbaud, Premiers vers. Bateau ivre). Dans les formules concessives (OÜ que vous alliez, vous ne serez pas seul), il n'est pas certain que oü soit, originairement, un relatif. c) Oü comme complement d'objet indirect est un archaisme (cf. Hist.) de la langue litteraire : Les suppositions oil vous vous livrez (Gautier. Partie carree. VII). — Un des journaux Oi collabore Renaudin {Barres. Derac, p. 171). — C'est un toutou. celte fois, oil son cisur s 'inte- 1066 LE PRONOM [§ 696 6 699] PRONOMS INTERROGATES 1067 resse (TouLET, Mon amie None, XI, 2). — Elle [ = la nouvelle] est en (rain dec/tapper aux perils Ou le roman est expose (Morand, Ouvert la null. Pr£f. de 1957), — Autres ex.: Hermant. Daniel, p. 68 ; Therive, Proces de /literature, p. 127 ; G. Truc, dans S.-5imon, Mem., PL, L IV, p. 1106; Ambriere, dans le Figaro tin., 19 avril 1947 ; Caillois, ib.. 25 sept. 1948. Hist, — L'usage que nous venons de decrire elait encore courant chez les auteurs du XVIF el du XVIII" s.: C'est Id I'unique etude oil je veux m'attacher {BOIL., Ep„ V). — *IIy a des maux effroyables et d'horribles malheurs oil I on n 'ose penser {La Br., XI, 30). — Des honneurs Oil ils ne peuveni atteindre (Volt., Leltres phil., VI). — * Des soins oil sa piili /'engage pour vous (MaRiv,, Marianne, p. 28). lis pouvaient aussi donner a ou un nom de personne comme antecedent; Vous avez veu ce fib oil mon espoir se fonde ? (Mol., Etourdi, [V, 2.) — * Ce cammissaire Oil il nous renvoyait (Sev„ 13 juin 1684), — + Les Egyptiens sont les premiers oil Von ait su les regies du gouvernement (Boss.. Disc. hist. univ.. Ill, 3). Quiconque comme pronom relatif est nominal et concerae des pcrsonnes. II est sujet et ii 3 la valeur de « celui, quel qu'il soiL qui ». Comp. qui nominal (§ 687). II est singulier et de la 3' personne (cf. Hist.). La proposition relative qu'il introduii peut etre sujet ou complement, Quiconque m'a fail voir cette route a bien fait (MuSset, Poes. nouv., Sur la paresse). Je pense [,.,] I [...] I A quiconque a perdu ce qui ne se reirouve I Jamais! (Baudel., Ft. du m., Cygne, II). — ]...] en revenant pour un four au sommeil nature! — le plus etrange de tous pour quiconque a 1'habitttde de dormir avec des soporifiques {Proust, Rech., t. Ill, p. 124). /( sera critique par quiconque a un peu de connaissances en la matiere (Diet, contemp). — Autres ex. au § 1058, o, 1°. Hist. — Quiconques (qui s'ecrit avec un s jusqu'au XVTC s.) esl I'agglutination de 1'anc. fr. qui qui anques ou qui qu 'onques « qui jamais ». Le latin quicumque a exerce une influence. Le mot a servi parfois d'adjectif: Depuis ce temps, caphart quiconques n'est aule entrer en mes terres (Rab., Garg., XLV). — II a eu le sens concessif de qui que: quiconques sois, cruel, ne nous menace plus (Ronsard, l VIII, p 307). — II a pu, a I'ipoque classique. representer une autre personne que la 3C personne du singulier : O quiconque des deux avez versi son song. I Ne vous prepares plus d me percer le flanc (Corn., Rodog., V, 4). — Dans cet ex.. quiconque, par syllepse, est rappele par un pronom plurie) :H Quiconque nest pas d'accord avec la regie, elle les repousse et les condamne (Boss., cir. Littre). — Sur // reprenant devant le verbe principal la proposition relative introduce par quiconque, voir § 236, b, )°, Hist. (Quiconque veut prier. n doit.,.). — On observera aussi que, dans I'ex. de Bossuet, la proposition introduile par quiconque est objet direct et qu'elie esl rappelee par un pronom conjoint devant le verbc principal. Une autre analyse serail de rapprocher cet emploi de qui « si on » (§ 1058, a, 2", Rem.). Remarques, — 1. D'habttude, les mots qui s'accordent avec quiconque se mcl-tent au masculin. Mais le feminin ne serait pas impossible lorsque le pronom concemc manifestement des femmes: Quiconque sera paresseuse ou baBillarde sera punie (Littre). 2. En Belgique, on emploic "tout quiconque (comme tout qui: § 687, b. Rem. 1) comme equivalent de quiconque : Tout quiconque de Watlonie realiserait un autobus a pedaies serait prie de se /aire connai-Ire au ministere des transports (J. beaucarne, Ecrit pour vous, p. 39), 3. Sur quiconque employe comme pronom indeftni (...plus que quiconque), voir § 730. — Cet emploi entralne parfois un qui superflu apres quiconque ? "Quiconque qui ferait cela... SECTION 7. — LES PRONOMS INTERROGATES Bibl. — G. GouGenheim, Etudes de gramm. et de vocab. fr.. pp. 108-129. Les pronoms interrogatifs s'emploient au lieu d'un nom au sujet duquel le locuteur (ou le scripteur) demande une information, notamment quant a 1'identification : Qut done es-tu, marne et pdle visage. / Sombre portrait vetu de noir ? / Que me veux-tu. triste oiseau de passage ? (MussET, Poes. nouv., Nuil de dec.) Dans Ic cas de combien, la question portc sur le nombre : COMB1F.N sont Id ? Comme il n'est pas possible de faire porter I'interrogation dircctemeni sur le verbc predical lui-mfime, on utilise un pronom interrogatif ncutre et le verbe faire. qui est apte a rcmplacer n'im-portc quel verbe (§ 745): Que fait Marie ? Elle dort. Remarques. — 1. Combien peut s'cmployer aussi comme pronom exclamatif, nominal (« combien de personnes ») ou reprdsentant : cf. § 699, h. 2. Qui. quoi et combien servent a former les locutions pronominaies indefinies je ne sais qui, n "tmporte quoi, etc. Cf. § 708, b. 3. Comme le pronom relatif (§ 677, Rem), le pronom interrogatif peut avoir sa fonction par rapport a un terme faisant parrie d'un syntagme verbal subordonne ou d'une proposition conjonctive : Qui veux-tu emmener ? — Que crains-lu qu 'il apprenne ? (Vjgny, Stello. XXXIV.) — Qui dit-on que je suis ? (MaURIac, Vie de Jesus, p. 135.) — Comp. § 919, Rem. 2 (adverbes interrogatifs). Si la question porte sur le sujet de la proposition conjonctive, la proposition conjonctive esl parfois transformce en proposition relative : Qui croyei-vous. mon cher, qui parte de la sorte ? (Musset, Poes. nouv., Sur la paresse.) — Qui crois-tu qui a fail cela ? (Billy, Nathalie, p. 56.) — Comp. § 1062. N.B. — II faut prendre garde aux ambigultes : A qui dit-il que Marie a pris un livre ? Formes des pronoms interrogatifs. a) Pronoms interrogatifs proprement dits. Formes simples ; qui, pour des personnes ; — que el quoi, pour des choscs ou des animaux. Ce sont des nominaux. Qui interrogatif a une voyelle tongue en fr. de Belgique (comp. § 679, a). Les deux qui de qui est-ce qui sont done differents : [ki: £S ki]. Formes composees : lequel, dont les deux eI6ments varicnt en genre et en nombre (fern, sing., laquelle ; masc. plur., lesquels , fern, plur., lesquelles) et qui se contracte avec les prepositions a et de au masculin singulier et au pluriel (auquel, duquel; aux-quels, desquels : auxquelles, desquelles). — Ce sont des representants. Hist. — Qui comme sujet provient du relatif latin qui (qui a supplanle rinterrogatif quis). Comme complement qui esl une alteration de 1'anc. fr. cui (lat. cui); comp. § 686, HisL 2. Que et quoi vtennent tous deux de 1'imerrogatif neutre latin quid, le premier a evolue comme atone, le second comme tonique. 1068 LE PRONOM [S 699 Rem art] ue$. — 1, Ces interrogatifs ont les mémes formes que les pronoms relatifs. Cf § 679. Certains linguistes en tirent la consequence qu'il ne convient pas de séparer les deux categories. — Cependanl, dont aujourd'hui n'est plus que relatif (§ 693, b. Hist.). Quiconque (§ 697) n'est pas inlerrogatif. Quant á oú. quand il est interrogatif, on le range traditionnellemcnt parmi les adverbes, avec pourquoi, quand el comment (pour cambien, voir h, ci-dessous). 2, Dans ľ interrogation indtrecte, on emploie ce que, ce qui pour interroger sur les choses: cf § 703. b) Comme d'autres adverbes (§ 707), combien peut jouer le rôle d'un pronom {interrogatif ou exclamatif) et avoir les foncttons de sujet, d'attribut et de complement, — Nominal. Au pluriel, pour des personnes, surtout comme exclamatif: Combien voudraieni etre á wtre place t (Ac.) — Au sing., pour une indication chiffréc. surtout pour de ľ argent (comp. tant. § 707, a. Rem. 1): « Combien as-tu encore ? » I — it Deux pieces de cent sous '. » (Flacb., Éduc, I, 5.) — Combien y a-t-ii jusqu á Paris ? Cinquante kilometres (ou Une heure). — Reprcsentant, pour des personnes comme pour des choses : Parmi vos timbres, combien - ont vraiment de la valeur ? — Exclamatif : Oh I combien de marins. combien de capitaines / Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines. / Dans ce mome horizon se sont évanouis ! / Combien ont disparu, dure et triste fortune I (Hugo. Rayons. XLII.) Comme objet direct ou comme « sujet reel », combien s'appuie sur le pronom en (cf. g 651. e): Combuín en avez-vous mange ? COMBIEN en faut-ii ? c) Comme les autres interrogatifs (§ 389, b), les pronoms interrogatifs sont, souvent dans la langue parlée, mo ins souvent dans la langue écrite, sui-vis de est-ce qui (si le pronom est sujet), est-ce que (si le pronom a une autre fonction, y compris celie de sujet reel), Ce qui est particulier aux pronoms, c'est 1) la frequence de Qui est-ce qui (ou que)... ? Qu'est-ce qui (ou que)... '.' — 2) le caractcre prcsquc obligatoirc dc Qu'est-ce qui (ou que)... ? dans certaines circonstances : voir §§ 702, a, 1°, et aussi 389, h. — Ces periphrases soni pourtant parfois mal jugées, et des auteurs rccourcni occa-sionnellement ä des constructions inconnues de I'usagc ordinaire: voir §§ 701, b; 702, a. 2" et 3°. Remarque. — Sur le renforcement des pronoms {Qui done... ? Qui diable... ? etc.), voir g 383bis, c. — Sur Qui cela ? voir S 384, c. Sur les elements subordonnés aux pronoms interrogatifs, voir §§ 352, b et Rem, I, 3 (Qui d'autre. etc.): 353, c {Qui de nous. etc.). Sur la reprise dc ľintcrrogatif sujet par un pronom personnel (Combien viendront-iisl) ä 388, b. \". 700 Place des pronoms interrogatifs: voir §§ 383bis, d; 391, b. 1°. 701 Qui a) Dans la langue commune, qui interroge sur les personnes, tant dans ('interrogation directe que dans ľ interrogation indtrecte. II peut étre I 701] PRONOMS INTERROGATIFS 1069 sujet, sujet reel, attribut, complement direct de verbe, complement préposi-tionnel (de verbe, de nom, d'adjectif): Qui a frappi ? Je demande out a frappé. — Qui faut-ii en plus ? — Qui es-tu 7 Dis-moi qui tu es. — Qui désignera-t-on ? J'Ignore qui on designera. — A qui obélrons-nous ? Chez qui loges-tu ? De qui as-tu demande I'avis ? De qui est-il digne ? Qui est parfois mot en apostrophe, nolamment quand on veut reprocher a un enfant de n'avoir pas donne le mot en apostrophe requis par la politesse (g 370, Rem. 1): Tu te rappelles tout de méme hein ? [...] / — Oui. I — Out qui done ? / — Out. maman (ArlaND, Terre nalaie. I). Qui suit le prenom quand on interroge sur le nom de famille : C'est Bill... Bill qui > je n'en sais rien... (Simenon, Maigret á New-York. p. 60.) ■— Autre ex. ; Sand, Fr. le champi, I. — On dit aussi : Bill comment ? Qui ne porte pas les marques du genre et du nombre. Les mots qui s'accordent avec ce pronom se mettent d'ordinaire au masculin singulier, genre et nombre indiffé-renciés — ce qui est normal, puisque dans la plupart des cas on ignore le sexe et le nombre des érres au sujet duquel on interroge. II arrive pourtant que le contexte ou la situation imposent le féminin (il s'agit manifestement de femmes) et le pluriel (il s'agit manifestement de plusieurs personnes) : // avait observe et jugé la pauvre Jeanne [...] ; si cette créature-lá devait etre perdue, qui done serait SauvéE ? (ThÉRive, Fils du jour. p. 107.) — Agnes : Quelles idiotes ! / Le Secretaire general í Qui est idiate ? Ma seeur, ma mere, mo niece ? (Gjraudoux, Apotton de Betlac, V.) — Qui pouvait etre plus gtorieuse ? (Van der MeersCh, Compagne, p. 114.) — Et qui done est altée á Cbaumont demierement ? Et qui done est restée depuis deux mois enfermée ? (Arland, Terre natale. V). [Interrogations ficlives.] Je ne saurais vous dire qui sont les plus vitains (Sartre, Mouches. Ill, 5). — J'ignore qui sont les plus méprisables (J. Rostand, Pensées d'un biotogiste. p. 188). — Et qui étaient embétés alors ? C'étaient les autres (Yv. escoula, Sur la piste du murier. p. 10). — Qui furent contents ? Ce furent les Dutreil (Fr. PaRTuriER, Catamite, mon amour, p. 271), — Une trentaine de matafs de toutes les nationalites se battaient pour savoir qui monteraient les premiers (M, OuvtER-LacaMP, Chemins de Montvézy. p. 44). N.B. — Ne pas confondre ces pluriels et ceux qui sont dus ä un accord normal, qui etant attribut: Qui étaient ces dames et d ou venaient-ettes ? (Bosco, Balesta. p. 179). — Cf. : Qui riu/r ce Le Dantec ? Un homme de taille moyenne, brun, aux yeux Ires noirs. portant des cosnt-mes sombres rayis (R.-V, PilHES, Impréeateur, p. 79). [Ex. ou I'on voit que qui est manifestement attribut.] b) Dans la langue litteraire, on trouve encore (cf. Hist.) qui interro-geant sur les choses, avec la valeur d'un pronom neutre, lá oú ľusage ordinaire mettrail qu 'est-ce qui (interrog. directe), que certains auteurs cherchent ä éviter, — ou ce qui (interrog. indirecte) ; Qui peut vous faire croire cela ? / — Ce qui peut me le faire croire, c est que vous rompez t'amitié qui vous attachait ä mon mari (Al. Dumas, Reine Margol, XI). — Vous croirez avoir fait un beau réve Qui vous en emptche ? La vision s 'est evanouie avant le jour (GaUTIER, M*1' de Maupin, XVU). — Qui diable vous améne ? {Flaub., Éduc, I, 5.) — Alors. je m 'en vais. I — Qui vous presse tant ? / — J'ai besoin de marcher (MaupaSS., Fort comme la mori, II, 6). — Qui nous vaut cette bonne visile ? (A. Daudet, Petite paraisse, p. 73.) — Je ne sais qui m emeut davantage : la cotere d'etre joué ou te danger que courait F.tienne (ARl.and, Etienne, p. 127). Qui predestine I'Atlemagne et I'Autriche ä conduire le ehceur europien ? (Bainville, Alternate, t. I, p. 48). — Qui done, sinon cet amour, nous soutient [..) ? (Colette, Fanat bleu. p. 225.) " Qui de la terre ou du soleit tourne aulour de I'autre, cela est profondément indifferent 1070 LE PRONOM [§ 701 (Camus, Mythe de Sisyphe, p. 16). — Qui nous prouve qu'Hitler s'en tiendra lá ? (Troyat, Rencontre, p. 120.) — 11 ne savail pas qui le frappait le plus : Sam de ridicule ou une ceriaine admiration pour la violence dant il elait capable (j. Roy, Saison des za. p. 125). — Qui est unicorne. le rhinoceros d'Asie ? (IonesCo, Rhinoceros, p. 39.) Autres e*.j Müsset, Poěs nouv.. Nuit d'oct.: Vio.ny. Poémes ant. et mod., Fille de Jephtě ; Hugo, Orient.. XVIlt : Mi Kimm-. Corresp.. 18 die. : Lon. Désenchanlěes. ii | J. Renard, Hisl. nátur.. Taurcau, i ■ Franci:, fie des Pingouins. V, i ; Bible de Jérus.. Ép. kix Rom., Vlit. Í5 ; Bernanos, Jňle, pp. 48-49 ; GoiE. Caves du Vat. V. i ; P. Iii m il!. Toison d'or, p. 106 , Montherl.. Jeunes filles. p. 81. Hist. — Qui neutře a été courant jusqu'au XVII' et měme jusqu'au XVIH5 s.: Qui faict les coquins mandier ? Cest qu'ilz n'ont en leur maison dequoy leur sac empiir (Rab.. Ill, 14). — On demandoit á un Lacedemanien qui l avoir fait vivre sain si long temps : L 'ignorance de la medecine, respondit-il (montaigne, II, 17). — Je ne scay qui je doibs admirer davantage I Ou de ce grand amour, ou de ce grand courage (Corn., Illus., V, 3). — Qui fait I'Oyseau ? e'est le plumage (La F., F., II, 5). — Qui peut done determiner les soldats, les masons et tous les ouvriers mécaniques. sinon ce qu'on apelle hazard et h coutume ? (Volt., Lettres phil., XXV, 21.) — Qui interesse dans le vicaire Savoyard ? e'est sa bonté, ses soins penibles, charitables (Bern, de Sajnt-P,, Vie et ouvr. de J.-J. Rouss., p. 105). Qui s'employait aussi comme piuriel, soil á propos de personnes, soil i propos de cboses : " Je ne sais qui sont plus redevables. ou ceux qui ont ecrit I'histoire o ceux qui leur ont founts une si noble matiěre, ou ces grands hommes á leurs historiens (La Br., I, 12). — Ensre tans d'Animaux, qui sont ceux qu'on estime ? (Boil., Sat.. V.) 702 Le pronom neutře dans 1'interrogation directe. a) Comme sujet. If On utilise d'ordinaire la formule periphrastique Qu'est-ce qui... ? Qu'est-<:e qui distingue ici le comique du laid ? (Bergson, Rire, p 17.) — Cela tie saurad durer. Mais qu'est-ce done qui peut durer ? (CaMUS, Eti. p. 62.) — Autres ex. au 5 389, b. 2° Quoi est courant dans les phrases averbales: Quoi de plus grisant que de reirouver Paris apres une Sorte d'exil ? (Green. Jeunesse, p. 18.) On le trouve aussi quand quoi fail parrie d'un syntagme, soil parce qu'il est suivi de done ou d'une epithete (ä laquelle il est uni par de : § 352, b), ou parfois d'un complement du verbe, — soit parce qu'il est coordonne ä un autre interrogatif: Quoi done t'etonne ? (FlaUB,, M™* Bov., II, 13.) — Quoi done vous arrive ? (Verl., Rom sans par.. Ariettes oubliees, VIII). — QUO] done vous etonne ? (E, BOURGES, Les oiseaux s 'envo-ient..., Bibliolh. Plön, t. II, p. 119.) — Quoi done m oppresse el me ravit ä la fois ? (Willy el Colette, Claud, d Paris, p. 203.) — Quoi done t'a poussie ? (ChaTEauBRiant, Briere. V,) — Mais quoi done, alors. ou qui done [...] secouera assez cette nation [...] 7 (MONTHERL,, Service inutile, PL, p. 612.) — Quoi done a bien pu se seduire dans cette fille ! (GlRAUDOUX, Ondine. Ill, 1,) — QUOI done avail pu retenir George plusieurs annees dans un pareil endroit ? (bourni-quel, Abois. p. 106.) — Autres ex. de Quoi done : LaMaRT, et ies GONC, citfc par Gougenheiiii, p. Ill ; Wl. WeiklE, Abeilles d'Aristie, p. 54; CI. Mauriac, dans le Figaro litt.. 12 mai 1951. Quoi de nouveau allait apparaitre dans leur vie ? (Barrls, Derac, p. 197.) — QUOI d'autre pourrait m amener chez toi d cette heure ? (Mirbeau, cit. Sandfeld, I. I, p. 320.) Mais, flnalement, QUOI mieux que ce bref dialogue [..,] peut depeindre M. Jarrot ? (J.-M. ThBolleyre, dans le Monde, 13 juin 1987.) Qui ou quoi vous a donne cette idee ? (Ch. MERE; CiL Sandfeld.) — Cf. dans une inlerrog. indirecte : Je ne voyais jamais qui ou quoi en elait la cause (M. VÜRON, trad de : D. Lesstng. Memoires d'une survivante, p. 73). S 702] PRONOMS INTERROGATIFS 1071 Quui seul en těte reste assez surprenanl : Quoi elait plus intolerable que cette derision ? (Baudel., trad de : Poe, Nouv. hisl. exlr., Calmann-Lévy, p. 111.) — Quoi brvissait / Comme des sistres ? (Verl., Rom. sans par, Charleroi.) — tar quoi resiste au regard humain [...] '! (Claudel, Repos du T jour, p. 86.) — QuOt a détourné, un moment, le theatre francais de son caractere original ? (léautaud, Propos d'un jour. p. 122.) — Mais, á la fin. quoi vous autorise a croire... (Crommelynck, Chaud et froid. 1943, p. 18.) — Quoi le manqueraii alors ? (A. Sarrazin, Passe-peine, p. 128.) — Faut-il attribuer eel emploi au discredit (souvent excessif) qui frappe dans certains milieux toutes les periphrases avec est-ce qui, est-ce que '1 Quoi s'emploie aussi. surtout dans la langue parlée familiěre, quand on a besoin d'une forme accentuée (comp. 6, 3°), notamment: I} quand f interrogatif n'esl pas en letc de la phrase : A cela s'ajoute quoi 7 — 2) quand 1'interrogadf esl mis en evidence par e'est... que (ou qui): C'est quoi que tu as vu? C'est Quoi qui a provoqué I incendie ? y Que est tres rare: Que me vaul tan: d'hanneur ? (M. GaRCON, Disc, de rec. a I'Ac. jr., cite par Gide, dans le Littiraire. 8 fevr. 1947.) — Qu'avair iuen pu pousser papa á quitter brusquement sa tribu [...] ? (M. RagOn, Ma sceur auxyeux d'Asie, p. 260.) — Ces auteurs ont sans doute voulu évjter qu'est-ce qui. 4" Qui et lequel; voir §§ 701, b; 704, b. b) Comme complement essentiel direct (objet ou autre) de verbe, comme attribut et comme sujet reel. 1* Qu'est-ce que est courant dans la langue parlée et se trouve parfois aussi dans 1'ecrit: cf. § 389, b. T. 2" Que est ta forme ordinaire de la langue soignee. Compl. essentiel du verbe : QUE fettle-in ? Que mangerez-vouj ? — Que murmuraient les che-nes ? (hugo, Cantempi.. IV, 12.) — Que coúte cette voiture ? — Que pěse ce colis ? — Que peserait la protestation de Weygand ? (de Gaulle, Mem. de guerre, t. I. p. 196.) — Ce professeur [...], QUE vauťil ? (Martin du G., Thib., PL, l 1, p. 730.) Attribut: Que sera, ensuite. son avenir ? (de Gaulle, op. cit., p. 326.) — QUE deviendrais-je ? — Maij qu'esi une foi sans ies auvres ? (Daniel-ROPS, Eglise des temps cfeusiirues. t, I, p. 107.) — Ce dernier ex. est d'une langue assez apprítée; on díra plutót: Qu'est-ce qu'une jbi... ? Cf. § 388, *, 2°, Rem. Sujei reel: Que i 'est-il passe ? Que /auf-i7 ? Qu'v a-/-iJ ? Que se passe-t-il ? Qv'arrivera-t-it ? Que munque-t i, ? — Sans il: Que vous importe ? Que vous en semble ? — On peut avoir les tours piripbrastiques : Qu 'est-ce qu 'il se passe ? ou Qu 'est-ce qui se passe ? § 689, b, Rem. Remarques. — I. Que est un objet indirect avec servir ; Que me sen ton sang f (Vigny, Marěchale d'Ancre. V, 12.) — Voir § 278, Hist. 3. 2. Sur la place du sujet (Que serait devenu cela ?). voir § 388, b, 2°. 3. Que peut ětre séparé du verbe par un pronom personnel complement conjoint: Que me voulez'vous ? Que vous ai-je fait ? Qu'en pensez-vous ? — Voir pour d'autres cas ci-dessous, 3". 3° Quoi remplace que quand il fait partie d'un syntagme, soit parce qu'il est suivi directement de done ou d'une épithéte (á laquelle il est joint par de: § 352, b) ou parfois d'un complement du verbe, — soit parce qu'il est coordonné á un autre interrogatif. 1072 LE PRONOM [§ 702 Quoi done fera-t-il ? Quo] d"autre jaut-il choisir ? ou Quoi d'autre choisir t — Quoi sur la terre meitre en balance avec les joies d un pared moment '.' (BaIV ac, Mem. de deux jeunes mariěes. XLV.) — Et la lrotteuse [d'une monlre]. qui ou guoi paursttit-elle de ses saccaděs sauts de puce ? (S. Koster. Homme suivi. p. 16.) Mais si répilhčle est separée (ce qui est l'usage le plus frequent!, que s'emploie obligatoirc-meni avec un verbe conjugue, facul tat i vemeni avee un inftnitif {ef. 4"): Que fera-t-il d autre ? Que faire d'autre ? Voir § 352, o. Rem. I. — De tněme Que ferais-je de plus, de mieux ? Voir ib.. Rem. 3. Que s'impose aussi devanl diable ct dianrre servaní á renforcer I'interrogation (§ 383bis, c): Que diable en savez-vaus, docteur ? (MauROiS, Discours du [f O'Grady. [[.) — Que diable faire de ses enfants ? (Green. Journal. 17 mai 1957). Quoi s'emploie aussi, surtout dans la langue parlée familiěre, quand Tinterrogatif porte un accent tonique (comp, a, 2°), — Quand I'interrogatif n'esl pas en těte de la phrase (cf. § 391, b. \") : 11 I a dit quoi, mon fils ? (Lou, Ramunicho, p. 268.) — Spécialement quand la question porte sur quclque chose qui vienl d'etre dit par J'interlocuteur : Ators. comme qa. vous 1'étes ? / — Je suis QUOt ? I — Jesuite ! {Gyp, eil. Sandfeld, l. I, p. 320.) — Quand 1'inteiTOgalif est mis en evidence par c'esl... que: Cest quoi qu il t'a dit ? — Dans les phrases interrogatives averbales, cf. § 391, b, 1°, Rem. 2. Cet ex.-ci reproduit le langage enfantin : Loup y es-lu f m 'entends-tu ? QUOt fais-tu ? (Av\tE, Conies du chat perchě, Loup.) 4" Quand le verbe de la phrase interrogative est a linfinittf. le pronom est que d'ordinaire ; quoi parait d'une langue plus familiěre : Quoi faire, que rěsoudre, quels hommes aller trouver, je ne puLi le savoir encore (Müsset. Lorenz., Ill, 3), — QUOI devenir ? (H. LavedaN, Jeunes, p. 69.) — Mais QUOI wus raconler '.' (Saint Exupery, Lettres ä ťamie inventée, p. 89.) — Quoi répondre ? (Daniel-Rops. C&w compiice, p. 77.) — Mais pourquoi parier, quoi dire et comment le dire ? (CaSAMAYOR, Mystiji-cation, p. 58.) — Quoi penser ? (DuRAS. Douleur, p. 52.) Assez souvent, que tmplique une question pcu precise, par ex. quand on exprime un sentiment de perplcxilě, voire d'impuissance ; Que dire ? QUE faire ? J'etais comme un homme qui. ayant grimpé d'un trait une pente vertigineuse, [...] s 'arréte ěbtoui. hors ďětaí de montér ou de descen-dre (Bernanos, Journal d'un eure de camp.. PI., pp. 1160-1161). D'autre part, que est plus frequent si Tinftn. est suivi d'un autre complement: QUE répondre ä cette objection ? Quoi d'autre choisir ? etc. cf, 3°. Si 1'infinitif est introduit par une preposition, quoi s'impose ; d'ordinaire il se met entre la preposition et 1'infinitif: II quitte ses tissus. Mais pour quoi prendre, devinez-le (heriat, Enfants gátěs. V, 2). — La Uberte, pour QUO! faire ? (Titre d'un livie de Bernanos.) [Pour faire quoi ? serait de la langue plus familiěre : 3".] Pour quoi faire s'ccril souvent, quoique de facon peu logique, Pourquoi faire ? (Comp 5 691.) Ex. '. Hugo, Miser., I, I, 2 ; Martin du G„ Tkib., PL, t. I, p. 14; Malraux, Condition hum., p. 236; P. benoit, Dame de I'Ouest, p. 213; Troyat, Les semailtes et les moissons. p. 104 ; etc. — On observe des differences seton Ies editions : Apprendre á lire, pourquoi faire '.' (Ayme, Contes du chat p., 1952, p. 30.) [=pour quoi. 1966, p. 102.] <■) Comme complement prépositionnel, quoi est le seul ušité : A quoi pensez-vous ? De quo] étes-vous mécontent ? Á la suite de quoi esl-it handicape ? Sur Quo] pouvons-nous compter ? — Avec infinitif, voir b, 4°. § 703] PRONOMS INTERROGATES 1073 d) Emplois particuliers de quoi: I" Quoi peut tcnir la place de n'importe quel mot ou syntagme (ou měme partie de mot) que l'on veut faire répéter (si Ton n'a pas compris) ou faire dire (si I'interlo-cutcur n'a pas exprimé sa pensée de facon complete); La porlhéno. jeta-t-il du bout des lěvres. ! — La quoi ? i — La parthěno La Parthenogenese, eitjin '. (Curtis. Sains au neon, F°, p. 86.) — Autres ex. aux §§ 220, b, 1"; 391, b, 1", Rem. 2. Quoi s'emploie aussi pour faire répéter une phrase entiere, cc qui est considéré comme impoli. On doit dire: Plait-il ? Pardon '.' etc. Cf. jj 1051, d, 3". — Trěs familier aussi, quoi répondant a une interpellation : Emma ! dil-il. I — QUOI 7 / — Eh bien, j'ai passé cette aprés-midi che: M. Alexandre (FLAUB,, M™ Bov„ II, 9). 2" Quoi (suivi, dans l'ccrit, d'un point ďexclamation, parfois d'un point ďimerro-gation) est un mot-phrasc exprimant 1'étonnement; il est ustté měme dans le style noble : Eh quoi ! o 'en pouirons-nous fixer au mains la trace ? / Quoi! passes pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus '. (Lamart., Mědit.. XIII.) Dans tc langage familier. pour souligner un lernte : // s 'est enfui dans Ies bois: refractaire quoi. comme on Ies appelait (Balzac, Cure de viti, IV). Ott quoi, dans le langage familier. sett aussi á souligner, comme Oui ou non? sans qu'il y ail une veritable interrogation : Wim mats sans blague, elie est devenue dingue, ou quo] '! (É. Ajar. Angoisse du roi Salomon, p. 273.) — Autre ex. au 5 381, Rem. I. 3" De quoi sert parfois ďčquivalcnt á quoi pour faire répéter t'interlocuteur, Dans le fr. pop., il exprime un refus méprisant : Tu ferais mieux de dormir á cette heure-ci. / — De quoi ? observa le jeune homme avec cet accent des voyous parisiens qui semhle un rdle [,..] : esl-ce qu'il ne faul pas que je fasse mon etat ? (nerval, Nails ďoct., X.) e) Que « pourquoi » : voir § 394. d. — Lequel: t) 704, b. 703 Le pronom neutre dans 1'interrogation indireete. a) Comme sujet, on emptoie ce qui (par analogie avec la construction de la proposition relarive): Qu 'est-ce qui t interesse ? Je demande CE QUI f 'intdresxe. Hist. — On a employe qui jadis, el il s'en irouve encore des traces : 701. h el Hisi. b) Comme complement essentiel direct, comme attribut et comme sujet reel. 1° Si le verbe de la proposition n'est pas a 1'infinitif. on cmploie ce que (dQ aussi a 1'analogie avec la proposition relative) : Je me demande ce que nous ferons, ... ce que cela coitera, ... ce que nous doiendrons. ... ce qu'iV faudrail. Hisr, — On a employe que encore assez souvent au XVII' s„ bien que Vaugelas eul cstime que cela ne sc disait plus guere (p. 173): Je ne scay Qu'est detenu son Fils (Rac, Plaid.. I!, 7). — ~ Permeltez-mui de leur demander que leur a fait ce saint lieu (Soss.. (Euvres oral.. 1. lit. p. 471). — Vous scavez bien par voire experience i que e'est d'aimer (La P., C, Faucon). — Au XX* s., c'esl un archaisme rarissime: // demanda que pouvait bien entendre le R.P. de Sates, en parlant de restrictions (La Varende. M. le due. p. 284). [Malgre la ponclualion, discours indirect libre 7] 1074_LE PRONOM_IS 703 S 704) PRONOMS INTERROGATES 1075 2° Si le verbe de la proposition est ;i 1'infinitif, on a le ghoix entre que et quoi: Ex. avec que ; Je ne savais que répondre (Chat., Mem., III, II, xi, 9). — La pauvre mere ne saii plus Qu'inventer (A. Daudet, C. du tundi. p. 76). — Je chcrchais que lui répondre (Duhamel, Malices, p. 118), — N'est-il pas doux de savoir que faire [...] 7 (Id., Dei« hommes. XV.) — Elle vacilia sous le coup, ne sur que répondre (Fr. MauriaC, Genitrix. II). — Je ne savais plus que penser (Mac Orlan, Ancre de Misěrlcorde, p. Ill), — lis ne savent QU' inventer sur nous, égoutiers (GlRAUDOUX, Folie de Chaillor. p. 101). — Moi qui cherche roujours que répondre (Maurois, Lettres a linconnue. p. 100), Ex. avec quoi i Elle ne savair qu 'imoginei; quo! foire, quoi dire, pour se donner er se donner encore (Musset, Conf. IV, 1). [Rem. que avec le Ier inliri.] — Elle ne sail plut quoi invenrer (GlDE, Faux-monn., p. 156). —■ lis auraienl su quoi děfendre (GlRAUDOUX, Combat avec 1'ange. DC). — Je n 'ětais jamais embarrassě pour savoir QUOI donner d mon fds (Vaudoyer, Laure et Laurence, p. 314). — Je ne savais plus quoi dire (Kessel, Lion. p. 108), — Lui non plus ne trou-vail quoi dire (P. L.A1NE, Dentellicre, p. 115). — Tu trouveras bien quoi faire (Duras, Ferits che-vaux de Tarquinia. p. 200). Que est plus littéraire que quoi; il est parfois equivoque : // ne sair que chercher peut signi-fier « [I ne sail quelle chose chercher » ou « II ne sail rien faire ďautre que chercher », — Comme l'a note Gougenheim (p. 127), il y a une certaine tendance a spécjaliser les deux mots : ne savoir entraine piulól que, ne pas savoir (« portant sur une realisation concrete »), plulöl quoi. « Un hommc qui se trouve dans une situation difficile exprimera son embarras en disant Je ne sais que faire: un enfant qui s'ennuie díra Je ne sais pas quoi faire. » Locution figée : n 'avoir que faire de a n'avoir pas besoin de ». 3° Si la proposition est averbale (g 1102, Rem. 1), on emploie quoi. Cela se trouve surtoul avec savoir: Vous devriez.... en causam de Rosanette.... lacker á ma femme quelque chose... je ne sais QUOI, mais vous trouverez (FLAUB, Educ. II, 3). — Cf. § 708, o. — Elle ma rapporté... Devinez quoi. Dans les ex. precedents, Ee contexte permet de suppléer le reste de la proposition. Mais il y a des expressions plus ftgées. Je ne sais quoi (etc.), n 'importe quoi: § 708, b. — Sais-tu quoi ? Tu sais quoi ? pour attircr I'altention sur ce que Ton va dire: Savez-vous quoi ? Vous ětes dune coquetterie insupportable (J. Deval, eil. Sandfeld, t. II, p. 80) — Nous n'avons relevi qu'en Bel-gique : "Comment les ckoses vont-eltes se passer ? Je te dirai QuOl demain { = ce qu'il en est). Hist. — Ni quoi ni qu 'est-ce « rien » : Sans dire quoi ni qu 'est-ce (Th. CORWEtl.LE. cit. Loire, s.v. quoi, 4°). — * Sans savoir ni quoi ni qu 'est-ce (MaRIV., Epreuve. XVI). — Cette expression subsistc dans le fr. familier, notamment avec savoir. c) Comme complement prépositionnel, on emploie quoi : Savez-vous á quoi je pense ? — J'ignore sur quoi il se fonde. — // ne sair par quoi commen-cer. — Diies-moi en quoi je puis vous etre utile. Dans certains emplois, on peut sc demander si on a affaire a I'interrogatif ou au relatif; voir § 691, d. Rem, 1, d) Emplois particuliers de quoi. 1° Quoi est rarement precede de tout el un ex. comme le suivant parait dů á l'analogie avec tout quoi comme relatif {§ 691, c) : J'ai dit quelle lumiěre Mme Edwige Feuiitere apporte au rote d'Yse [dans line piece de Claudel]. Elle en comprend et en rend sensible chaque aspect, et t'on sail de tout QUOI est riche, el lourde, Ysé De Ciz (J. Lemarchand, dans le Figaro till.. 8 juin 1957). Dans une proposition averbale, cela semble du fr. regional (Est el Nord) : aA present, c 'est I'Abyssinie, c'est Pascal, c'est la politique, les preuves de Dieu. les phllosophes, tes peoples, et je ne sais pas tout quoi (Aymě. Gustaiin. XVI). — Comp, dans une interrogation directs : On le traitail de girouette et de tout quoi encore ? (J, francis, Mes beiges années. p. 28.) 2s Comme quoi: voir § 410, Rem, et HisL 704 Lequel est toujours representant. ]] peut remplir toutes les fonctions d'un nom, dans 1'interrogation directe et dans 1'interrogation indirecte. a) D'ordinaire, il représente un nom ou un pronom qui peuvent concer-ner des personnes ou des choses. Ce nom peut figurer dans le contexte qui precede ou comme noyau d'un complement prépositionnel qui accompagne lequel. De ton catur ou de toi lequel est le poete ? (Musset, Poés. nouv., Nuit ďaoút.) — Parmi ces étqffes. voyez laquelle vous plairait le plus (Ac), — S'il avail á former deux éléves. Fun qui aurait á mener une vie quelconque et I'autre qui serait destine a commander. auquel des deux enseigneraii-il a etre a malíře de ses désirs amoureux » [...] 7 (M. FoucaUlt, Hist, de la sexualitě, i. II, p. 72.) — Par lequel des deux tivres commencerez-vous ? Phrases interrogalives averbales : « Ne seriez-vous pas I'auteur d'un tableau trés remarqua-ble ? » / — * Peut-élre I Lequel 7 * / — « Cela représente une dame dans un costume, ma foi f... un peu... lěger (Flauh., Educ, 111, 2). — L'lnterrogateur. Mais est-ce que vous regrettez quelque chose de votre vie passée ? / Claire. De laquelle ? (Duras, Amanre angtaise, p. 63.) — Interrogation indirecte averbale ; // faudra leur faire un cadeau de noces. Je me demande lequel 7 (Ionesco, Camatrice chauve, p. 23.) [Point d'inierr. non justifié.] b) Dans la langue littéraire, lequel est parfois un pronom neutře. Soit qu'il porte sur des termes qui n'om pas de genre (des infinilifs par ex.): LEQUEL vaut mieux , gagner dans une partie ou tous les autres joueuis sont faibies, ou perdre dans une partie ou tous les joueurs sont forts (Peguy, Note conjointe sur M. Descartes, PL, p. 1437). Soit qu'il porte sur des lermcs dont le genre n'est pas pris en consideration : De ces plaintes et felicitations, lequel faut-il écouter de preference \> (Musset, Conies. Lettres de Dupuis el Colonel, II.) Htst. — Ex. classtques : Dans les coins d'une roche dure, / Ou dans les trous d'une mature, I (Je ne sfais pas LEQUEL des deux) (LA f., F„ V, 18). — * Lequel pése le plus de cent livres dor ou de cent livres de plume ? (SÉv., 14 aoůi 1680.) — Voir aussi I 'Hist, apres la Rem. Remarque. — La langue littéraire continue (cf. Hist.) a utiliser sporadiquement quel comme pronom interrogatif: // eút ěrě difficile de dire quel était le plus rose du pied de Georgette ou de I 'aurore (hugo, Qualrevingt-tr.. Ill, iii, 1). — Mais avec ceux-ci marchaient des hommes non moins aguerris, aussi furieux tout au moins. de plus ulcěrés dune blessure récente. QUELS ? (Michelet, Hru. de la Révoi. fr., VII, 2.) — Je vous livre un secret. Í — QUEL ? (E, rostand. Cyr., I, 3.) — On ne suvarf jamais quel des deux serait vainqueur (R. Rolland, Jean-Chr., t. X P- 108). — tTiíři traitement aurait-il du suivre ? QUEL a-t-il sulvl ? (Bremond, Pour le Romantisme, p. 56.) — lis marquent [...] quelles conditions sont possibles provisoiremem, quelleS sont definitivement impossibles (Sartre, Situations. Vlll, p. 137). — Cela est lourd de signification. I — Quelle ? (Ikor, Courá rire, p. 17.) Aultts ex.: Tocqueville. Souvenirs, p. 143 ; Claudei., dans Claudei-Gide. Corresp. p. 322 ; Daniel-Rops, Péguy. p. 234 ; colette. Fanal bleu. p. 127 ; thěrtve, Proces de langage. p. 11 , R. Kemp, darů les Nottv. lilt.. 10 avril 1958 ; p. Gum, dans le Figaro tin., 2 aun i9s7 - P.-h. Simon, dans le Monde, selection hebdom.. 9-15 juillei 1970 ; elc. Hist. — Ex, classique de quel pronom : * Quels de vos diamants me faut-il lui porter'? (Corn., Suite du Ment.. 11. 3.) — Covielle. Je viens vous annoncer la meilteure nou\'eiIe du monde. / M. Jourdain. Quelle ? (Mol.. Bourg, IV, 3.) — Plusieurs d'enireux ne wuloient que faire un livre, n'importoit QUEL (J.-J. Rouss., Reveries. 111). Quel pouvait Étre neutre (comp. b ci-dessus): Quel est plus difficile de naistre ou de ressusci-ter (Pascal, Pens., p. 157). — Cela reste possible dans la langue litléraire : Perdre un enfant ou apprendre qu on n 'en aura jamais : oui. quel est le plus cruel ? (CESBRON, J7 est minuit, Dacteur Schweitzer. I, 10.) — L'ex. de Hugo pourraii étre interprete de cette faeon. 1076 LE PRONOM [i 705 § 707] PRONOMS INDÉFINIS 1077 SECTION 8. — LES PRONOMS INDÉFINIS 705 On range sous le nom de proitoms indéfinis des mots varies indiquant, soit une quantité non chiffrée (par ex.,ptusieurs), soit une identification imprecise (par ex., quelque chose), ou méme un retuš ď identification (un tel) : Tout dit dans finfini quelque chose á quelqu'un (HUGO, Contempt., VI, 26). 706 Pronoms proprement dits. — Aucun, certains, maints (rare), nul, plusieurs, tel et tout sont aussi des determinants indéfinis. — Chacun el quelqu'un correspondent aux determinants indéfinis cha-que et quelque. — Autre et mime sont aussi des adjectifs indéfinis. — Autrui, on, personne, r'ten et néant ne correspondent pas á des determinants indéfinis. Personne est d'abord un nom. Néant est aussi un num. — Quiconque et qui sont d'abord des relatifs. Ces divers pronoms font l'objet ci-dessous ďetudes partieuliéres. Notons ici que tes uns sont seulement nominaux (autrui. on, personne, quiconque, rien, néant, tel. lout), que qui est ordinairement representant et que les autres sont tantdt nominaux, tantót représentants, 707 Adverbes employes comme pronoms indéfinis. La plupart des adverbes de degré qui, suivis de de, servent de determinants indéfinis (§ 607, a), s'emploient aussi seuls comme des equivalents de pronoms indéfinis, mais ils sont invariables, méme si, comme donneurs d'accord, ils peuvent étre des féminins ou des pluriels (§ 429, a, 3°). a) Comme des nominaux masculins singuliers á valeur de neutřes: Vous croyez sans daute avoir fait BEaucouf pour moi (B. Constant, Ad.. III). — J'ignorais beaucoup de son existence (Romains, Violation de frontiěres, p. 8). — Bossuet savait beaucouf du grand Condě (MalraUX, Antitněmoires. p. 16). — BeauCOUP depend des Ětats-Unis (dans !e Monde, selection hebdom., 8-14 janv. 1976, p. 1). — La bite est PEU, / L'komme n'est rien (Hugo, Contempt.. VI, 26). — lis avaient Ires PEu á faire (Maurois, Mes Sanges que void. p. 216). — Je ne crois pas avoir assez oblenu. Cest assez dire. — C'est TROPrfrre. trop demanded — On rirait, on se fácherait a moins (LlTTRÉ). — Elle avail peut-élre plus ä dire á son petit livre que son petit tivre n avail ä lui dire (France, Pierre Noziire, p. !44). — Nous avons, dans eel ordre ďidées, bien davantace a nous reprocher (MiomandrE, Mon caměléon, p. 78). — Je le dois tant [...]! (A, Daudet, Sapho. VI.) — Ah ! qu'aurais-je besoin de tant une fats seul? (GlDE, Immor.. 111.) — lina pas oblenu AUTANT quit espérail. — Pour combien. voir 5 699, b. — Voir les Rem. Avec guire, cet emploi est litteraire : Le nom d'Alain ne me disait guere (HenriOT, dans le Monde. 4 juin 195S). — Si Balzac [...] avail décrit ta soděté de son temps, il ne subsisterail plus guére rfe sa peinture (Mauriac, dans le Figaro tin.. 27 juin 1959). — La societě ne petit guere offrir aux pauvres. si eile ne veitie. d'abord. á la prospériti collective (Al. Peyrefitte, Quand la rose se fanera. p. 144), Sur pea, etc. concemam le temps (sous peu, etc), voir § 965, Rem. Remarques. — I. Tant s'emploie notamment pour une quantité qu'on ne veut ou ne peut prcciser, ainsi que pour le nombre des unites (et, éventuellcment, des dizai-nes) dans une somme ou une date : Its ant tant par ěcureuil, fouine ou renard (Taine. Vie et opinions de Fr.-Th. Graindorge, p. 282). — [.„] le testament cache qu'on děcouvriia page trois cent nonante et tant (Aragon, Mise a mort, p. 345). — L'an de grace mille six cent et tant (A. Daudet, C. du lundt, Trois messes basses). — De méme : Voire lettre du tant (Ayme, Passe-muraille. L.P., p. 7). En Bclgique, on emploie 'autant pour une quantité non précisée: Francois, tu m 'as remis autant pour le menage... void ies compies... void ce qui reste (A. Baillon. Hist, d'une Marie, 1929, p. 126). 2. Tant s'emploie comme nominal en particulier dans les expressions Avoir tant fait que de « avoir poussé les choses jusqu'a » et A tant faire que de « suppose qu'on pousse les choses jusqu'ä » : C'est grand dommage vraimenl que ce sentiment-la [ = l'amour] ne me soit pas venu plulót á moi. puisque y Al tant fait que de lépouser (Loti, M"' Chrysanth., XXiV). — Lorsque i'Ai tant FAIT que de Irouver une place pour ma voiture (dutourd. Paradoxe du critique, p. 12). A tant faire que de le rencontrer. j dime mieux qu 'il me voie aulrement (Colette, Chěri. M.L.F., p. 151). — A tant FAIRE QUE DE jouer du Jules Renard. M. Debauche [.] aurait pu choisir la Bigote (DuTOURD, Paradoxe du critique, p. 73), Variantes plus rares : A TANr faire de créer un mot [...}. auiant le riserwr a un usage precis (J. Cellard, dans le Monde. 29 janv. 1984). — Pour Tant FAIRE que prendre une maitresse, je ne me fusse pas conlenlě d'une aussi peu huppée que mon initiatr/ce (HERMAN!. Confession d'un enfant d'hier. VII). Emplois absolus : Ce n 'est pas le tout d'etre dans le train de la vie. Ii jaul encore y gagner une place — « assise u á tant faire (L. estang, dans le Figaro lilt., 29 oct. I960). — Ronse fail tenir tous les róles d 'homme par des femmes. qu 'il a affublěes de barbe el moustache. Ce sont des femmes aduites, ei. a tant faire que, il aurail pu choisir des jeunesses (M. Cournot, dans le Monde, 14 dec. 1979). [Comp, faire comme si, etc., tj 217, c, Rem. 2.] Sur Ies equivalents quant ů faire, tam quá faire, voir § 1044, d, 4" et Rem. 4. D'autres expressions s'expliquent par la valeur pronominale de ianr (valeur assez proche de cela), mais eile n'est plus percue : si tant est que (cf. § 1100, a), les adverbes partant upounant, etc, 3. Sur la place de ces adverbes employes comme nominaux objets directs, voir § 295, d. Rem. 2. b) Comme des pluriels, tantót représentants (équivalant á des masculins ou ä des féminins, selon le genre de 1'antécédent, qui peut concerner des choses ou des personnes), — tantót nominaux (désignant des personnes et ordinairement masculins, ]e feminin étant possible lorsqu'il s'agit exclusive-ment de femmes). 1078 LE PRONOM IS 707 Cela est íréquenl pour beaucoup. peu. pas mal (ct combien : tj 699, b): J'ai aeheti un lot de vieitles vesles ; beaucoup n'ont plus de boutons (Rob,), — tes deux tiers des avortées ětaient des femmes mariées, beaucoup avail! deja un ou deux enfants (BEAUVOIR, Deuxieme sexe. i. 1, p. 202). - Beaucoup vivaient bien qui n avaient pas de fortune (Flaub., Édue.. I, 6). — beaucoup sont appelés. mais pel1 sant éius (Bible, trad. Osty-Trinquet, Matth., XXII, 14). — Peu comprirent noire situation (Micf.Ei.et, Hist, de la Révo!, fr, IV, 3). — Sur les bancs de la Chambre. on peut comprendre la haine. Bien peu la manifestaient (BarRes. Du sang.... p. 105). — Nous tous. parmi les ruines. préparons une renaissance. Mais peu le savent (CAMUS, Homme revoltě, PL, p. 707). — he regiment de chasseurs [...] était presque tout entier dans la rue. les offtciers mělés aux cavaliers sur la chaussěe [...]. Pas mal avaient I'air ěměché. sentaient au mains 1'alcool (AraOOn, Semaine sainte. L.P., t. I, pp. 204-205), — Voir d'autrcs ex. au § 429, a, 3°, Cela est plus rare pour d'aulres adverbes : Quelques personnes. ici el la, en disenl du bien. davantage erachenl dessus (C. RtHOJT, dans le Monde, 9 oct. 1981), — Plus d'un million de personnes [...J ont participé aux quelque cinquante messes, reunions et rassembiements [,..]. Autant se sont děplacées au long des rues et des routes pour ť [ = le papej apercevoir quelques secondes (J.-P. Clerc, ib., 22 sept. 1987). — Don magique refuse á tant, accordě á quetques-uns (G. Beaumont, dans les Nouv. lit!., 18 dec. 1958). — Antoine, si détachě aujourd'hui. eut-ii. comme tant. des opinions sur la marche du monde {...] 7 (L Nucera, Chemin de la Lanteme, p. 223.) — La cohabitation que Tant souiraiiatenr (A. Fontaine, dans le Monde. 22 mars 1986). — Tant et tant s 'ětaient rapidement engraissěs de la mort des kěros (Renée Massip, dans Renee et Roger Massip, Passants du siecle, p. 83). — II [ = Montherlanl] a souhaité que son visage mort soit revětu d 'un masque romain. Et trop se sont laissés [sic] prendre á ce masque (J, Danielou, dans le Figaro, 30 sept. 1972). — Cel emploi est exclu pour bien *Bien me lont confirmě. On dit aussi beaucoup de ces gens, beaucoup de vos amis. etc. Dans ce cas. bien n'est pas non plus du fr regulter: °BlEN de leurs amis de la veille rejoignaient [...] la Resistance (G. CONTE, dans le Monde. 3 mars 1978). Comme nominaux. iis sont surtout sujets et attributs: Comme sujet: voir la plupart des ex. donnés ci-dessus. — Comme atlribul : Us ětaient beaucoup a cette reunion, lis sont TROP. On emploie beaucoup aussi comme complement prépositionnel (ce que n'admct-tait pas Ltttré) : Le malheur de beaucoup est de ne pas savoir passer les soirs dans sa chambre (S.-Beuve, Volupté, XV). — Pour beaucoup [„.] I'agriculture sembtail un aviiissemenl (FLAUB., Ěduc, III, 1). — // était parvenu [...] á passer aux yeux de beaucoup pour la fine fleur du high-life (Maupass.. Fort comme la mart, 1, 2). — Pourquoi le poete ne se plaisait-il pas á étre écouté de beaucoup? (france, Vie litt.. t. 1), p. 212.) — // était demandě á beaucoup de boire le calice gputte á gputte (Maurjac, Pělerins de Lourdes, p. 55). — Elie est violée par Beaucoup qui I ignorem (R. Georgin, Guide de la langue fr.. p. 181). — Autres ex. de á beaucoup. Daniel-Rops, Ilist. de 1'Eglise, Grand siěcle des ámes, p. 224; Romains, Lettre ouverte contre une vaste conspiration, p. 142; Hagěge, Le fr, et le-! siicles. p. 9. — De pour beaucoup: de Gaulle. Mém. de guerre, t. I, p. 116; Beauvoir, Deuxiěme sexe. t. 1, p. 173. — De chez beaucoup: L. Daudet, Jour ďorage, p. 76 ; etc. Les autres mots sont plus rarement employes comme complements prcpositionnels : Leurs reflexions ďété, tenues entre peu (D. Halévy, cit. Damourette-Pichon, § 2681). [Cf. Hist}. — Ex. de G. Beaumont ci-dessus. Comme complements ďobjet direct ou comme sujets reels, ces mots doivent ětre accompagnés du pronom en place devant le verbe (cf. § 651, c): S 706] PRONOMS INDÉFINIS 1079 Jen connais beaucoup qui pretendent... (Littre). - 11 en est peu qui aient le bonheur de s endormtr aussttot la tele sur foreiller (Romains, cit. Robert). -Hyena tant qui voudraient etre a voire place I Hist - Vaugelas, p. 485, estimail que beaucoup au sens de « plusieurs » ne pouvait s'em-ployer seul. sauf comme attribut. ]] blamail explicitement d beaucoup. exigeant beaucoup de personnes ou beaucoup de gens. Pourtant beaucoup comme sujet etait deja courani au XVII' z ■ beaucoup par un long age ont appris comme von / Que le malheur succede au bonheur le plus doux; / Peu savenl comme vans appliquer ce remede (Corn., Hor V 2) Feuse constmisait avec une preposition au XV1I= s.: 'J'ai permis a fort pel de lui rendre visile (Corn., cit. Littre, s.v. peu, 4°). 70S Autres indefinis occasionnels. a) Des syntagmes nominaux dans lesquets le nom a perdu sa valeur proprc. Autre chose, grand-chose, quelque chose, peu de chose, qui. en tant que donneurs d'accord sont mutes comme des neutřes. c'esl-á-dire comme des masculins singuliers, alors que chose comme nom est féminin. Voir § 734. La plupart, qui, comme donneur d'accord, est un pluriel, ordinairement masctilin, parfois femmin : La plupart son, venus, il en est de meme, mais moms fřéqucmment, pour bon nombre et pour quanttté. Voir § 429, a, 4°. Taut le monde lorsqu'il signifie simplement « tous ». « chacun » : Tout le monde ne peut pas etre orphelin (J. Renard, Foil de Car.. PL, p. 742). - Le bon usage n'acceptc pas que donneur d accord, tout le monde soil considéré comme un pluriel: voir S. 429, t- 2° D'aulres expressions avec monde pourraient Eire cities comme locutions'indéfmies notam-ment grand monde, qui correspond, pour des personnes, a grandiose (s 734 b) ■ II n V avatt pas grand „onde á 1 enterremem. - Cette locution, qui ne peu. élre sujet (sauf sujet Í reel „ d un verbe impersonnel), s'emploie dans un contexts explicitement ou implicitement négatif. b) Des locutions a noyau verbal contenant les interrogatifs qui. quoi lequel combien (ce sont des sous-phrases incidentes qui ont perdu leur caractěre originel : 8 J73, a). Le genre et le nombre sont ceux de I'interrogatif. twTJ^L lL I £* 9X1 Se /*•> d* « ** W Mauriac Journal m*-t w. p. 96). - Beaux yeux de mon enfant, par oů filtre el s enfuil / Je ne sais quoi de bon, de doux comme la Nuit ! (Baudel., Ft. du m., Yeux de Berthe.) - Un beau coussin rose amene la [..^par on ne sa.t qui (Dorgeles, Croix de bois, VI). - Aprés cela nous devons nous attendre a Dieu sait quoc. - Je ne sais combien se sont irouvěs mal qui (Simenon, Maigret et I inspecteur Matgracieux. p. 151). - Plus il avail trompě n'jmporte laquelle des deux, plus cite I'aimait (Flaub., Ěduc., IU, 4). - 77 md répondu n'importe quo. cj Mots ou syntagmes divers Qui de droit « celui qui exercc 1 'ton.! d qui-de-uro.t (Cendrars, Or a l'usage rccu, montrent que 1'auteur 5 263, c. 2°.] — Sens elargi, °« celui gera lautes les poursuites contre qu. Monde, 29 oct. 1976, p. 16). Qui que ce soit« n'importe qui », devoir faire, en toule conscience, et n nib., Pl„ t. I, p. 724). - Quoi qle Iraire (Montherl,, Maree du .voir, p Pour X. N, tutti quanti, et cetera. autorite » : Le Gouverneur adresse leurs justes revendica-XXXVII). [Les traits d'union, qui ne sont pas conformes voit ici une sorte de compose. Voir aussi Billy, cite au que cela conceme (juridiquement) » : i'awJiTBr [.,.] envisa-de droit ayrn de determiner les responsabilites (dans le ?Hor que ce soit « n'importe quoi » : Je fais ce que je crois 'oi de campte ä rendre ä qui que ce Soit (Martin du G., ce soit ne cesse detre faux que lorsqu'on affirme le eon-36). et alii, voir § 220.