1076 LE PRONOM [§ 705 SECTION 8. — LES PRONOMS INDÉFINIS 705 On range sous le nom de pronoms indéfinis des mots varies indiquant, soit une quantité non chifrrée (par ex., plusieurs), soit une identification imprecise (par ex., quelque chose), ou měme un refus ď identification (un tel) : Tout dit dans tinfini quelque chose ä quelqu'un (Hugo, Contempt., VI, 26). 706 Pronoms propretnent dits. — Aucun, certains, maints (rare), nul, plusieurs, tel et tout sont aussi des determinants indéfinis. — Chacutt et quelqu'un correspondent aux determinants indéfinis cha-que et quelque. — Autre et mime sont aussi des adjectifs indéfinis. — Autmi, on, personne, rien et néant ne correspondent pas ä des determinants indéfmis. Personne est ďabord un nom. Néant est aussi un nam. — Quiconque et qui sont d'abord des relatifs. Ces divers pronoms font ľobjet ci-dessous ďétudes paniculiěres. Notons ici que les uns sont seulement nominaux (autrui, on, personne, quiconque, rien, néant, tel, lout), que qui est ordinairement representant et que les autres sont tantôt nominaux, tantůt représentants, 707 Adverbes employes comme pronoms indéfinis. La plupart des adverbes de degré qui, suivis de de, servent de determinants indéfinis (§ 607, a), s'emploient aussi seuls comme des equivalents de pronoms indéfinis, mais ils sont invariables, méme si, comme donneurs d'accord, ils peuvent étre des féminins ou des pluriels (§ 429, a. 3°). a) Comme des nominaux masculins singulars ä valeur de neutřes: Vous croyez sans abate avoir fait BEAUCOLT pour mol (B. CONSTANT, Ad-, lit). — J'ignorais BEAUCOUP de son existence (Romains, Violation de frontieres, p. 8). — Bossuet savait BEAUCOUP du grand Condě (Malraux, Antimémolres. p. 16). —- Beaucoup depend des Etats-Unis (dans le Monde, selection liebdom., S-L4 janv. 1976, p. 1). — La bete est PEU, / L'homme n'est rien {Hugo, Contempt.. VI, 26). — Ils avaient Ires PEU á faire (MaľROis, Mes songes que void, p. 216). —Je ne crois pas ovcrirASSEz oblena. Cest assez dire. — Cest TROP dire, TROP deman-der. — On rirail, on se fácherait á MOINS (LiTTRÉ). — Elle avail peul-étre PLUS á dire á son petit tivre que son petit tivre n 'avait ä lui dire (France, Pierre Noziére. p. 144). — Nous avons, dans eel ordre d'idées. bien davantage á nous reprocker (Mlomandre, Mon caméléon, p. 78). § 707] í *„ VI 1 - A* ! qu aurais-je besoin de TANT um g& „, Je te dots TA.T [...]I| (A- %*£££^ I ,1 «** ~ Mm — "* seul ? (Gide, lntmor.. HI.) — " " ■ r s 699 b -, Voir les «*» , ,..,.,. „e me disail QUERE (HenrWT, dans le Monde, 4 JU,n 1958). - ■ **»W «J*^£ ^2 *■> " «" **** * *** Ä ojfrir hi« paiivres, s' «" ne ve,"<:-la rose se fanera. p l44)- SuI ^ etc. conceman. W «q. *» I-- •* «* • %5' ^ neS) dans une somme ou une date : _ >j /TiivF ľíe e( opinions de rr. m. u.» o pousse les cboses jusqu'a »l CW grand dornte vraintent que.e ^"^^^J„,h,, XXIV). - Lorsquej* a mo, pulques «Kí rA.T QUE f^^«^£^ Paradoxe du entique. p. U,-TAsr FMT 5« DB (™«^ u«, place r^r^Z quil me Z* autrenteni tC.LErrz, OH V.rian.es plus rares i A TAKT MI» WoJ^ «J- M^ qüe ^^ ,mf maltre,se. (J. OUAW», d3ns k Monde 29 ^v. «4 . - ^ ^^ (H£RMAST. fon/f JS(on J-un enfant d'hier. Víl). ^^ de ta vie. R f aut encore y gagner EmploiB absolus : Ce n est p** h ** ^'^ fc , ;/„.. 29 o«. I960), ^ R™« me plL -«"Sis* , Á TANT V-MRE (L^»M Jj ^ ,, ^rte eí nlo,^t-„ř. O, fa!< Lr lous les rôies d'nomme ^^Zait pucboitir des Jewesses (M. CouR*OT, son, des femmes udaltes. et. K TANT faíRE ' avaienl ameně tear famílie (R, de GourmOnt, Belgique liněraire. p. 15). — Celle-lá. disoii-it [ - un personnage á qui ľauleur prětc des regions I i směs], v'est I'effraie. D'AUCUS'S disent la chouetle retigieuse (Genevoix, Raboliut. II, 3). — Ce que D'AUCUNS designem parfois par « Lancelot propre u (A. Micha, dans Romania. 1%0, p. 145). — D'aucuns suggěreni tněme que Moscou a délibérément limite son soutien á Hanoi' (A, Jacob, dans le Monde, 13 mars 1979). — Une dissension s'étublit dans le mouvement. /— D'AUCUNS wulent abattre Rabler sans tattler. / — D'autres veulent que je quitte trěs vite Paris (Duras, Douleur, p. 96). D'aucuns comme representant : De ca hommes, il n'était pas un qui fit méchanl. d'aucuns měme ětaient capables de generositě (AymÉ, Aller retour, p. 58), Plus rarement comme complement: Un temps dons le prophětisme cacophonlque paraítra ä D^aUCuns annoncer blen des paroxysmes du nótre (Georges CeSBROn, dans les Lettres romanes. févr. 1977, p, SO), — Occasiunnel lenient au fém. : Si pármi vous. pourtant. u'aUCuneS / Le com-prenaiem différemment [,..] (A, Daudet, Amoureuses. Prunes). — Venez n'AUCUNES / Et d'aucuns (Verl.. Jadis et nag.. Images d'un sou). L'Acad. signak encore aueuns sans ď (« quelquefois famüiercmcnt » en 1932 ; « vieilli » e n 1986). Au XLX" s., on en trouve dea ex. assez nombreu* ; mais ils son! ires rares au XXC: Pour ěcrire. il jaut d'abord pensei; bien ^h AUCUNS s'en dispensent journetlement (NoDlER, lenre, dans Europe, juin-juillel 1980, p. 135). — Comme AUCUNS le priiendalent (Sand, Maitres .tonncun. XXXI). — AUCUNS t'appeileronl une caricature (Baudei ., Fl. du m.. Dansc macabre). — Ctíte ville méconnue par aUcunS (Jammes, De läge diviit á táge íngmi. IV). — Aulres e*. : Saintf.-Beuve, Proudhon, cit. Tresor V Comme representant au singulier, dans certaines conditions qui lui sunt communes avec d'aufres auxiliaircs de la negation [fj 981). Le sens est «un, quclqu'un » (il s'agit de personnes ou de choses); // emit presque aussi dangereux de s en remetlre complement a AUCUNE d'elles [ = les elas-ses sociales] du sort des aulres, que de faire dun peuple t'arbitre des destiněes dun autre pettple (TOCQUEVILLE, Dernocr. en Aměr., 1, u, 6), — Le caporal Aubty ěvitait de parier ä AUCUN des qfficiers (Stendhal, Cham:, IV). — D í í fr mouvement de ťäme aussi pur, aussi innocent qu 'AUCUN de ees gestes inbabiles qui ravissen! [...] le caur des měres [...] (Bernanos, Joie. p. 249). Rarement comme nominal: Je ne croispas ^uaucun en connaisse ľcntrée (Gide, 5atil. IV. 1). — Au feminin : Plus qu 'aucune \f" de Búrne se sentait nee pour le role de fetiche (Mal-Pass., Notre catur, 11, 5). 13. Prononciation tiadiíionnelie, fortetnent concurrencee par [okí]: cf. § 25, a. Rem. 5 7111________________PRONOMS INDÉFINIS__________________1081 b) Le plus souvent, aucun est employe dans un contexte explicitement négaítf, soit dans la dépendance de sans ou sans que, — soil comme auxi-liaire de ľadverbe ne : Aucun est representant el prend le genre de son antecedent (qui coticerne des personnes ou des choses) : Barres, cette abeitle au bord de I 'encrier, que les potiticiens macons de la UT Répu-biique, pendant plus de trenie ans, oni replongé dans I 'encre. sans qu 'aucun ait jamais eu la fantaisie d'en faire un ambassadeur au Vatican (Mauriac, dans le Figaro lilt., 19 juin 1948). — De toutes vos raisons, AUCUNE ne me convainc. On ohservera quelques usages particuliers et plus rares : I) Aucun redondant par rapport au sujet (cf § 365, c): Roben veut partir : vous n 'osez AUCUN le prier de rester (Fr. de Curel, Fossiles, cit. Sandfeld, l, 1, p. 363). — 2) Aucwt nominal : J'aime tous et n'aecuse aucun (Verl., Sogesse. 1, 2). —// M oubliait la ßte i/'aUCUN de la familte (R. Rolland, Jean-Chr., LI, p, 184). — Feminin : Aucune n 'a jamais été aimée comme moi f (FtAUB., Educ. Ill, 6.) — 3) Aucun au pluriel: Aucuns de ces caractéres indispensables á 1 Église [...] ne sauraient lui appartenir (Lamennajs, De la religion. VI, 1). — [...] sous la condition de faire bien constater leurs droits, ne renoncer ä AUCUNS (Balzac E. Grandel, G.-F., pp. 127-128). — [...] que vous finissiez peut-ětre par croire vous-měme que vaus avez des droits chez moi et sur moi; mais vous savet bien que vous n'en avez AUCUNS (DUMAS tils. Etrangěre. Ill, 3). — Cesyeux [...] n'etaient eompara-bles á AUCUNS (Loti, Désenchantées. XLlll). — Ah I je n 'avais plus hesoin des vers des poéles. maintenant. AUCUNS n avaient píeurě comme pieuraient man amour, ma pensée el mes souvenirs (LÉAUTAUD, Petit ami, VI). c) Comme d'autres auxiliaires de la negation (§ 982), aucun a pris par contagion le sens négatif de ľadverbe ne qu'il accompagne ďordinaire : Lui connaissez-vous des ennemis ? Aucun (Ac). Hist. — 1. Sur ľétymologie d'oucun. voir § 60S, a. Hist. — Aucun s'employait assez souvent comme nominal sujet avec la negation ne : + On entreprend assez. mais aucun n 'execute (CORN., Cinna. H, 1). ~ AUCUN n 'erí prophete chez sov (La F., F., Vlil, 26). — Qu 'AUCUN par un zele imprudent I [.,.] / Ne sorte avant le temps (RaC, Ath.. IV, 5). Jusque dans le XV1C s. le pluriel aucuns a pu etrc precede de I'article défini: Les aulCunS le piaindaient (Froissart, C/iran.. cd. K.., t. XVll, p, 260). — Les AUCUNS sout mars et roidis (Villon, Test., 229). —- Les AULCUNS disoient que [...] (Rab., Pani., II). 2. Sur pas un comme synonyme d'aucun. voir § 714, c. Nul appartient ä la langue écrite ; en parlant, on le remplace par per-sonne ou par aucun. II se constniit presque toujours avec ne ou avec sans que (voir Rem.). a) Comme nominal, il ne se dit que des personnes. U est ordinaire men t masculin ; il est d'ailleurs souvent employe dans ^'expression de vérités générales (morales ou juridiques). Nuu nest tenu d'accepter une succession qui iui est échue [Code civil, art. 775). — Nul n 'est exempt de mourir (Ac). — Nut, ne sail voire sort (Hugo, Rayons, XLII). — Nul ne pent itre arbitrairement detenu {Constitution de fa r* Rěpublique. art. 66). II se met au feminin quand la situation indique explicitement qu'il s'agit seule-ment de femmes : Nulle ire salt mieux éconduire un galant (Gautier, Cap. Fracasse. VIII). — Imaginez le plus laid des hommes. Nulle ne I'aimera (J, Renard, Journal. 10 dec. 1896). — Nulle ne ful dans de meitleures conditions que cette petite ftlle {Barres, Jardin de Sérěn.. p. 100). —Jefini-rai par me passer de toi, jeunefal que loule la ville adore el que NULLE ne fait pleurer (LouVS, 1082 LE PRONOM [i 711 Aphrodite, 11, 7). — Peut-ětre Robert a-t-il voulu me rassurer, me dire que je n 'avais rien á crain-dre. que NULLS dans ton passe ne pouvail rivaliser avec moi (M. Oliv rER-L ACamp, Cbeminit de Montvéry, p. 133). 11 s'emploie ordinairemem comme sujet singuljer. Certains auteurs en fonl un complement, ou lc raettew au pluriel: Piene se croyait seul a\ec eile [ = sa soulfrance] sans nul á qui 1 'ouvnr (R. ROLLAND, Pierre et Luce, p. 20). — ll\ = ton avenir] est deja si grand que tu ne peux empé-cher NUL de ie voir (GiDE, Said, 111, 7), — // est certain qu 'i! ne se serait adressě á nuls autres ^)uj Barrault et á sa troupe (G, Bauer, dans le Soir [Bruxelles], 4 nov. 1959), — Nuls nefurent plus constants dans leur haine de nazisme (AMBRIĚRE, Grandes vacances, p. 193). — Cf. Hist. Remarque. — Nut avec un sens positif (« n'importe qui ») est tres rare : Á meilleur litre que NUL. y aura if le droit [...] de récuser Ie reproche ďexagéralioii (Claudel, Figures et parabole*, p, 69), b) Comme representant, i] se dit des personnes et des choses et s'emploie aux deux genres i Plusieurs explorateurs sont allés dans ces regions : NUL n en esl revenu. — NULLE, pármi les femmes francaises. na possédi á ce degre I imagination et l esprit {S.-Beuve, Nouy. lundis. 1.1, p, 287). — Ces maisons se présentent á Vail comme les branches d un eventail grand ouvert. NutXE ne masque lautre (MaURRas, Anthinéa. p. 137). Hist. — Érymologiquemeni, nul inclul la negation (lat. nullus = ne + ullus). Cest par analogie avec aucun qu'il sc constniit avec ne en ft. — Comme nominal, il a pu s'employer couram-mcnl au plur. jusque dans le XVHC s.; * Afin que NULS de ceux qui oni de lajustcsse. de la viva-cité [...] ne se reprochent pas měme ee petit défaut {La Br., Disc sur Theophr.), 712 Autre. N.B. Comme autre est aussi un adjectif (§ 622), on ne considérera pas automati-quement comme pronominal tout emploi oil autre se trouve accompagné d'un determinant sans étre suivi d'un nom, étant donne que cette construction se présentc aussi avec un adjectif quelconque (§ 217, d). Ex. oú autre n'est pas pronominal: Voire habit est use, il faut en acheter UN AUTRE (Ac), [Comp, : ... il faut en acheter UN nOUveau.] — Une odeur trop douce dont on a peur quelle en cache une autre (MaURlaC, Robe pretexte. XXX), — Void deux livres ; je prends le grand : prenes lautre (Comp. : ... prenez le petit.) Autre peut étre considéré comme pronominal quand il est employe comme nominal ou constniit sans determinant. a) Autre comme nominal avec un determinant. II s'agit de personnes. ľ Avec Particle indéftni. — Comme sujet : Á voire place UN AUTRE se serait empressé de venir (Ac). — Hussemnet [...] inspira ľenvie ä Hosanette d'avoir. comme une AUTRE, ses soirees (FlaUB.. Educ. Ill, 4). — D'autres vont mainlenant passer ou nous passámes (HuUO, Rayons, XXXIV). — Comme complement prepositionnel : Adressez-vous it UN autre, á d'autres. — La place que j'occupaĽs ětait celie ďvtíí autre (Gide, Symphonie pastor., M.L.F., p. 153). — On voit son Ange. jamais t Ange i/'UN autre (Rimbaud, Saison en en/er, Délires. 1). — Tour ellipttque fige : Ah f si c ětait vrat .' / — Monsieur, je vous jure... / — Ä d'autres ! (VtLL. DE ĽlSLE-A., Contea cTuels, p. 568.) [ = A!le7 dire cela á d'autres, c'est-á-dire Je ne vous crois pas.) Ľarticle partitif disparait par haplologie aprés la preposition de (§ 568, Rem.). 11 est anormal qu'on emploie ľartiele conbracté : "Pour nos morts point de tombe [,..], seulement ta croix du S 712] PRONOMS INDÉFIN1S 1083 Christ pour les signaler au mépris de certains, ä ľoubli DES AUTRES. ä la priére de beaucoup (Cayrdl. dans le Figaro litt., 8 mai 1948). On dit bien d'autres (§ 569, h): Je pense aux matelots oubliěs dans une tle, /Aux captifs, aux vaineus!... Ä bien d'autres encor! (BaUDEl., Fl du m„ Cygne, II.) -— Comme objet direct, attribul ou sujet reel : Quant á ses chansons, [...] elles cělébraient d'autres que Gabrielle (Nerval. Filles du feu, Angelique, XI). — Et si j'aimais UN AUTRE, tu m'aimemis toujour*? (R. Rolland, Jean-Chr.. L 111, p. 210.) — // lui ětait indifferent quon aimdt d'autres (ib., t. Ill, p. 126). — Promene-toi; tu proměnes UN autre (Giraudoux, Contes d un matin, p. 40). — Elle t aurait aimé si eile avait pu aimer UN AUTRE (La VarENDE, Sorciěre. P- 33). — Eile se fait une gioire de ce qui remplirait d'autres de confusion (M. GaRCON, Plai-doyers chimériques. p. 19). — Sa sagesse personncile [...] a aide beaucoup d'autres á établir leur ěquitibre (Henriot, dans le Monde, 16 mai 1956), — Lorsque celui qui parle invite UN AUTRE á ľaccompagner (Ac, s.v. venir). Le pronom peut aussi s'appuycr sur le pronom en qui precede (cf. § 651, e): 11 en aimait une autre ! (Flaub., M°" Bov„ I. 1.) — Tu en aimes UN autre? (A. Daudet, Jack, t. II, p. 328.) — Vous i'aimie: ? La belle affaire ! Vous EN aimerez UN AUTRE, voilá lout (MauRTAC, Feu sur la lerre, p. 159). Hist, — Un autre objel direel sans en est atlesle á ľípoque classique : + Hétas! eile almě UN AUTRE (CORN., Pot,, II, 1), — Maiherbe (t. IV, p. 364), critiquanl ľexprcssion pourchasser autres. déclarait : « " 11 deva i t dire : en pourchassait d'autres. » Remarques. — 1. Le pronom en manque parfois alors qu'autre n'est pas nominal: Je revérifie beaucoup de mes idées ; j'apercois beaucoup D'AUTRES que je croyais neuves (Stendhal, Corresp., t. 11, p. 62). — Nous aimions un objet ou un acte, c'est-ä-dire que la pensée nous en ětait douce. Nous déteslions UN AUTRE (VaLÉRV, Varietě, PI., p. 747). — U v avail der-riěre cette idée une AUTRE qui se faisait lemement jour dans ma tete (Green, Autre, p. 340). — L'auteur de cette lettre — comhien iíautres ai-je recucs I — [...] (Malraux, Chěnes qu'on abat.... p. 88). 2. Un autre, d 'autres concemant des choses et appuyé sur en, lequcl n'a pas d'an-técédent (cf. § 654). Ce sont des expressions figées. Celle folie de grande maitresse n 'en fail jamais d'autres ! (STENDHAL. Churtr., XXVI.) — A croire qu'il a dormi du matin ou soir. / — Dormir ? En voilá í/Xjní AUTRE ľ Est-ce qu'il se figure, ce faineant, qu 'on le nourrit á dormir et á ne rien faire ? (AYMÉ, Contes du chat p., Vaches.) [Cľ. S 1046, a, 1",] — Tu en entendras bien D'AUTRES, si tu vis tongtemps (Bernanos, Sous le soleil de Satan, PI., p, 88), — J'en ai vu bien ö'aUTRES. 2° Avec ľarticle défini. Les autres <í íes autres personnes en general, autrui »; Vous rejetez toujours ia faule sur les autres (Ac). — // St měfie toujours des autres (Ac), Comme dit 1'autre (ou ... cet autre) est une formule que ľon emploie quand on enonce un proverbs ou une autre locution censéc connue : Allans, courage de brebis ! comme dit LAUTRE (MeRIMEE, Chron. du régne de Ch. IX, XJÍVH). [Ľautre = Rabelais, nolamment Garg.. VI.] — De merne : M. Eyssette, heureux et děsolě du měme coup, se demandait, comme ĽAUTRE, sil devail pleurer pour la disparition du client de Marseille, ou rire pour ľheureuse arrivěe du petit Daniel (A. Daudet, Petit Chose, I, 1), [Allusion á Rabelais, Pant.. Ill,] Lautre s'emploie par eupbémisme pour t'amant. !1 s'esl dit uussi par euphémtsme pour le diable Germain. [...] Les anciens. qui étaient plus sages que nous, ant bien cannu qu 'il fatiait laisser le gouveniement de t dme á Dieu, et cetui du corps... ä ĽAUTRE. / Pierre. Qui done, I du-Ire ? Le... / — Germain. Tais-toi. Cu porte maiheur de le nomnier (Sand. Diable aux champs, 1, 2), — Sous la Restauration, on a dit ľautre pour Napoleon : cf. Stendhal, Rouge. I, 29. 1084 LE PRONOM [i 712 3" Avec ďautres determinants. Elle pourrail [...] iui lělěphoner, ů lui ou á QUELQUE AUTRE (A. BRETON, Nadja, p. 106). — Tout autre ú la place de Levis auraii enrage (A. Daudet, Rois en exil. p. 166). — « Eh bien. et lautre ,?/>/-« Quelle autre ? » I — « La femme du faiencier I » (Flaub.. Educ. HI, 4.) — Nul autre, eel autre (cf. 2°). les deux autres. b) Autre sans determinant. ľ Autre peut s'ajouter aux pronoms nous, vous, quand on veut distinguer plus neltement ceux qui parlent ou ceux á qui ľ on s'adresse : Nous n'avons pas lieu. Nous autres. de faire une revolution de celte sorte (Duhamel, Tur-quie nouvelle. p. 32). — Peut-ělre bien que che: vous AUTRES les máti nom pas le méme sens quid (BeuEL. Manage des eouleurs. p. 45). — Souvent avec un nom en apposition: Nous AUTRES Francais (titre d'un livre dc BernanoS). Dans la langue populatre. nous autres. vous autres s'emploient an lieu de nous. rous. sans qu'il y ail une veritable opposition. - Populates aussi, ou regionales, les combinaisons de mne (ou *ms) autres avee mém«, seuls. lous ou un numeral: "Vous autres DEUX, vous voyez ca de trop haut (A. Stil, Seize nouieiles. p. 132). - "Nous autres deux [...] Antibes nous regarda (AudiRERTI. Dimanche mattend, p. 97). [Autres ex. i R. Vincent, Campagne, cil Damuureite-Pichon, 5 2878; GioNO. Voy. en it.. p. 110.] — "Le remement de tout le monde: [...] de tout isic] vous AUTRE», de Tous NOUS autres (Péguy, Mysl. de la char, de J. d Arc. p. 193). °Eux autres est de la langue couráme dans diverses regions (noiammem au Quebec) el de la langue populaire ailleurs (notammem á Paris): Eux autres [,..], cest laus des flics ? {QUE-NEAU Tazie dans le metro. XVI.) - Autres ex.: Peguy. op. dt.. p. 82 ; Pourrat, Gaspard des Montagues. I. 1, 1931, p. 139 ; Cidno, Lanceurs de graines. 11. 7 : Duhamel, Scenes de la me du poradil, p- 160; N. Sarraute, Vous les enlendez t p 151 , un cure ďllle-ci-Vilaine, aoüt 1976. — [Déjä dans Mol., Ětourdi. IV. 9.] r Et autres « et cetera », ä propos de personncs (comp, et alii au § 220, a, 3°): On se demande pourquoi [...] on continue ä ennuyer des gosses avec Virgile. Moliěre, Descartes ET AUTRES (AVME, Conforl inteliectuet, p. 141). y Entre autres s'cmploie lorsqu'on veut designer d'une facon particuliere une personne ou une chose parmi ďautres personnes ou d'autres chases: J'ai \m tes plus beaux tableaux de Rome. ENTRE AUTRES « la Transfiguration » de Raphael (Ac, s.v. entre). Deharveng (p. 113) enseigne que le tour It m a raeonte, ENTRE autres. ceci n'est pas correct: entre autres devrait luujours ětre en rapport avec un nom ou un pronom exprimc avant ou apres. - Cene regle ne correspond pas á I'usage reel. Depuis longlemps (cľ. Hist.), entre autres s'em-ploie absolument au sens de par e.xemple. notammem: Corps dur et solide, de la nature des roches. quon emploie. entre autres. pour bätir (LrrrRE, s.v. pierre. 1°). — Je me souviens^ entre autres, que M. Dubois nous rédtait {...} {Stendhal. Vie de H. Brulard. \. 11, p. 23). Je lis ceci entre autres : « Monsieur, au tours dun voyage [...] » (HermaNT. Ainsi parln M Lancelot p 134). — Voltaire, entre AUTRES, a metne éerit brute au musculin (MarTINON. Comment on prononce lefr.. p. 329, note 2). - Nous avons capture, entre autres. plusieurs batteries antkhars (DE Gaulle, Mem. de guerre, t. I. p. 49). mm m. i Taine. Note, sur lAttfk. P- 55 ; Faguet. But de fa poesie fr.. I VI. p. 19; Gide. Journal. 20 JB.V. 189! ; Lanson. to Volt.. Unres pMl. t. I. p. 109 : Giíalool-x. Bella. VIII : rormu. Poesie ennaur. p 207 ■ Cltono. Moulin de Polene, p. 203 : Hinriíit. to k Monde. 18 avnl 1951 | OtWM, Age *Jfe IP. ■ Daniel-RopS Im de It'gL Granu siécle des im«, p. 382 | DALZAľ. Génie de la hngue tr. p. 76 ; G. ümJOt. -mm to ic Fr. mod. juille, 1971. p. 257 ; lONESCO. Prňenl possé. possi present, p. 256; DuroUM>. to I» Revue d'mst till, de la Fr. jínv.-lívr 1971. p. 8 ; etc. i 713] _____________PRONOMS INDÉFINIS__________________1085 La graphie 'entre autre montre bien le figemenl de I'expression. Ex. : Beauvoir, Mandarins. p. 331 (mais entre autres dans d'autres livres : Tout compte fail, p. 424; etc.): Sagan. Merveil-leux nuages. L.P., p. 150. Hist. — Ex, classiqucs d'entre autres oů autres n'a pas ďantecědent ; ~ Je me souviens. ENTRE AUTRES, qu un jour Varicarville m écrivuit que [...] (Retz, Mém., p. 29). — Elle a. ENTRE AUTRES, un petit phaeton leger comme une plume (VOLT,. Corresp.. t, I, p. 507). — // en passa une Colanne par Chambéri et ENTRE AUTRES le Regiment de Champagne (J.-J. ROUSS.. Canf. PL, p. 182). En moyen fr., on disait aussi entre les autres : Hit t«»ur [ = il fit le vocu], entreS les altrES, que ilh fonderoit [...] une engliese [ - église] (Jean D'OUTREMEUSE. Éd. B„ I. II, p. 532). — Et, entre los autres, p en avail ung nomme Amadour (Marc de Navarre. Hept.. X). — On lil encore chez un specialisté du Moyen Äge: C 'est un indice. entre les autres, que la Chanson de Roland n 'est pas un commencement (BÉDIER. Chanson de Rol. commentěe. p. 61 >. Le latin avail I'expression inter alia (que certains emploient d'ailleurs en fr.: J..P. Chambon, dans la Revue de linguist, rum., janv.-juin 1988, p. 303), avec un plur. neutře Les formules fr. pourraieni en ěire des caiques, et cela expliqueraii qu 'autres n'y ait pas neces-sairement ď antecedent. 4" Autre pour un autre « une autre personne » est rare et littéraire : Francoise en voulait sunout á Albertině detre commandée par autre que nous (Proust. Rech., t. Ill, p. 99). — Louis XIV n dimait pas que la iumiére de la mode éclairál AUTRE que lui (DaníEl-RopS, Hist, de l'Égl.. Grand siécle des ämes. p. 453), Hist. — Ex, classiqucs : * Autre n'a mieux que toi soutenu cette guerre (Corn., Tior.. II. 5). — * Je ne vois pas qu 'autre que vous ait jamais conseilté á son maitre de taisser dans t'exil son petit serviteur (SÉV., 27 juin 1679). 5° Sans autre «sans plus» est trěs frequent en Suisse, mais n'est pas inconnu ailleurs : // convient de se mettre au travail sans autre (CHA8AN-DELMAS, le 3 avril 1947). — II se mil done SANS AUTRE o morditter son épouse (A. Cohen. Belle du Seigneur, p. 198). — Le Con-seil ď Administration entendait [..,] éviter que ceiui-ci puisse sans autre demander un avis sur la sanction prise {Bulletin d'information du corps académique de l'univ. de Louvain. aoůt-nov. 1972, p. 7). — II fait un peat bonsoir et sans autre, s'endort (Rheims, eil. Bernet et Rezeau, Diet, du fr. parle). 6* Dans diverses locutions adverbiales, autre est constniit sans determinant, le nom sous-jacent ayant é té exprimé dans la premiere partie de la locution : De temps á autre. — De fois á autre (« vieillit », selon I'Acad.); DE FOis a autre, I'une d'elles se levait pour alter prendre un plat sur le feu (BaRRES, Coiline insp., V). — De part el d'AUTRE. — De cóté el ^'autre (plus rare): Les troupes d'opera son! formées par un impresario qui engage de cóté et d 'autre les sujets qu 'H peut payer ou qu 'H trouve libres (Stendhal, Chartr.. Vili). c) Ľun... ľctutre... í voir § 715. Autmi est un nominal masculin qui appartient surtout á la langue écrite (reli-gieuse, juridique, littéraire). La langue courante dit les autres, un autre. II s'agit tou-jours de personnes. Conformément á son originc (cľ. Hist.), autrui s'emploie surtoul comme complement. Complement prépositionnel : La vente de la chose d autrui est nulle : eile peut donner lieu á des dommages-intéréls lorsque ľacheteur a ignore que ta chose füt á AUTRUI {Code civil. 1086 LE PRONOM (i 7t3 art, 1599). — // ne /aut pas désirer le bien ů"autRUI (AC), — Vivre. s'amuser aux dépens ů"aU-TRUI (Ac). — Ne fais pas á AUTRUJ ce que tu ne voudrais pas qu'on teßt. — // n 'est pas plus exigeani pour AUTRUI que pour soi-méme (DUHAMEL» Prince Jaffar, p. 18). Objet direct: Causer, c'est amuser AUTRUI en s amüsant soi-měme (Taine, Orig. de la Fr. contetnp.. t. 1, p. 193). — C'est AUTRUI qu'on a dote d'un pouvoir refrigerant (Sartre, Baudelaire, p, 137). — // ne faul jamais trailer autrui comme un objet (MaUROIS, Ce que je crois, p. 131). — Si attentive á observer autrui [...], je me demande comment eile esi si désintéressěe ďetle-měme (Henriot, dans le Monde. 8 mai 1957). — On quatifle volontiers ďégoVstes ceux qui n'utilisent pas autrui á se faire valair (J, Rostand, Pensées d'un biologiste. p. 251). L'emploi d'autrui comme sujet n'est pas si rare que certains grammairiens ie d (sent. Autrui suj el rep rend un autrui complement exprímé auparavant: EnvLvageons done le langage comme expression dune pensée communiquée ä autrui ou exprimée avec la representation d'au-trui; it importe peu d'aitleurs qu 'autrui soil un individu, une foule ou lout le monde (Balia. Tratte de stylist, fr., § 9). — L 'étre vulgaire ne se connait tui-méme qu'á travers lejugement d'autrui, c'est autrui qui lui donne son nam (Bernanos, Crime. Ill, 1). — C'est qu'on respecu* les opinions ďautrui [...] e! de plus on souhaite ^it AUTRUI respecte les opinions d'autnti {Queneau. dans Hist, des litt., t. 111, p. ix). — Le second autrui est nominalisé : Les années plus encore que les voyages m'apprennent ä me passer d'uutrui. méme quand čet autrui [imprimé en italique] est fertile tm graces (S.-BeuvE, Corresp.. 10 sept, 1839). — Une occasion de plus pour Browning de se dépersonnaliser pour s'incomer momentanément dans autrui. Cet autrui n'est pas ici Wordsworth (GlDE, Journal, janv. 1936). En dehors de la condition speciale qui vient d'etre signalée : En societě, ce n 'est pas autrui qui me fatigue et qui m'irrite ; c'est moi-méme (Gide, Journal. 5 janv, 1902). — Autrui nous est indifferent (Proust, Rech., t. Ill, p. 111). — Si on n'a pas la conviction au'autrui est dans des embétements sans nombre, on n 'est pas soi-méme trés heureux (GlONO, dans La Table ronde, net. 1951, p. 38). — C'éiait á moi d'éviter ces deviations [,,.] au [...] 1'utilisation ^w'AUTRUI essaye d en faire (Romains, Violation de frontiéres, p. 260). — // existe une Sympathie triste et ardente devani le monde qu'autrui porte en soi (Mauriac, Journal, t. V, p. 137). — Je n'ai jamais élě pleinement satisfail de tafacon donl AUTRUI exprime la sienne [ = son angoissc d'etre! (I. Rostand. Inquietudes d'un biologiste, p. 72). — On se sent quand méme un peu chleuks, dans la familte... L'Alsace, la Suisse... Mais on deteste üü'aUTRUI nous le fosse senlir (NOURISSIER, Aitemande. p. 145). — Autrui existe. au méme tilre que nous, et avec autant ďévidence (Beau-voiR, Force de i'ôge. p. 267). Autres ex : JaLOUX. Chufe d'Icare, p. 55 ; MALÉGUb-.. Augustin. E. 1, [>. 365 ; Maxetain. Humanisme integral p. 237 ; Paulhan, interviewt iajis le Figaro litt.. Is juin 1966 , R..-L. Wagner, Gramm, jr., t. I. p. 29 ; M TOURNEE», Votdredi ou tes limhes du Pucißque. F°, p. 36; G. DELEEJZÍ. Postftce oc: Toumicr. op. eil., p. 260. Hill. — Autrui est un ancien cas regime de autre. En moyen fr., li s'est parfois employe comme sujet: Ja Dieu ne me laisse lant vivre que aultruy que vous ait une part ne demye en ce qui est tout entiere vostre (Cent nouv. nouv.. XXXIII). Autrui a été employe jusqu'au debut du XVIF s, avec la valeur d'un génitif, I'autrui = celui d'autrai, le bien d'autrai : f...] / Qui, sans prendre L'autruy vivent en bon chrestien (RegNIER. Sat., X). 714 UlU N.B. Le numeral un. comme les autres numeratix (§ 660), est susceptible d'etre employe pronominalernent. II présente toutefois, comme pronom, des particuiarites qui Justitien! sa presence pármi les pronoms indéfinis. a) Un comme representant. S 774J PRONOMS INDEFINIS 1087 1" Un. ou I'un dans la langue soutenue, designem une unite faisam partie d'un ensemble mentionné ensuite (parfois avant) sous la forme d'un complement introduit par de ■• Henri IV fut l'un ou UN des plus grands rois de France (Lettre). — Les deux grand'meres vinrent ensuite [...]. UNE d'elles Hail veuve (Maupass., C, Baptěme). — Ľ UN de nous eut ťiděe de fixer au mur de planches d'une baroque une tringle (DUI4AMEL, Pesěe des ámes. p. 209), — UN des deux boii du cerf est efface (BEN1M, Songe d'Éleuthere. p. 29). — L'UN des uhlans avail aílumě une cigarette (Troyat, Le sac et la cendre. p. 605). — L autobiographic dont je venais de lui parier, la sienne ou celle a"UN de ses camarades [...] (Sartre. Situations, t. IX, p. 261). — Ce ministře était L'UN des mains patibuiaires da damestique de I'Elai (CURTIS, dans VExpress, 25 mars 1983) [pastiche de Saint-Simon]. — Des quatre venus, L'un arrivait visiblement de sa campagne (Green, cil, Togeby, § 193). Lun s'impose dans ['expression figée De deux choses I'ttne. qui annonce une alternative (il n'y a que deux possibilités) el dans le tour fige De deux jours l'un (ex. au § 611). Hist. — Ceci est k résidu d'un usage plus general: cf. 5 ÍÍ8, Hist. 1. 2° Un renvoie ä un antecedent qui precede. (Lorsqu'il est objet direct, attribut, sujet reel, un s'appuie sur en [§ 651, é].) On manquait de paneurs , 0 s en présenta VS (LiTTRÉ). — Je voyais děcroitre I Les ombres que j'avais autour de moi deboul; ! UNE de temps en temps tombait (HUGO, Leg , XL1X, 6). — Lei bouquets, rafraichis, ovaleni un éclat de neige . el eile en rcspirait UN. heureuse (Zola, Nana. XI). — De quel royaume prélend-il ětre le rol ? D'un qui n 'est pas de ce monde (BouR-GET, Au service de Vordre, p. 271). — Les orchiděes lourmentées se penchent anxieasemenl vers Honore ; une a 1'air měchant (Proust, Les plaisirs et les jours. p. 86). — Elle avail les moyens ďaller [.,.] dans un hotel. Elle entra dans UN ou hasard (V. Davet, trad, de : I. Murdoch, Homme ä catastrophes, p. 378), — Parfois une feuille de platane tombe. [...] on t'enlend rebondir sur d'autres feuilles avant de toucher le sol Une se pose sur les chweux de Jeanne (A, Phiupe. Etc pres de la mer. pp. 138-139), —Aucun parti ne léunil la majoritě des suffrages dans les elections britanniques, bien an UN obiienne presque toujours la majoritě des sieges (M. DuvERGER, dans le Monde. II juillet 1984). — Certains de ces ex, paraissenl peu naturels, b) Un nominal est senli aujourd'hui (cf. Hist.) comme familier. Ce n'est pas á une morte que je dědie ce petit iivre, c'est á une qui, quoique malade, est toujours active et vivanle en moi (Baudel., Paradis artif. Dědic.) — 11 y avail méme Le Hir I'idiot, un de File de Sein (LOTI, Mon frěre Yves, XXV). — Ce nesl pas la tele o"uNE qui se repent (J. RenaKD, Journal, 27 juillet 1908). — Avec la patience o"un qui se reveille (Saint Exupery, Ciladelle. p. 379). — Elle n'avail pas du tout Fair d"UNE qui vient de quitter son blon-dinet {Fr. NOURISSIER, Histoire francaise. p. 119). — L 'écrivain veui s 'ěpargner la déplaisaitte allure (/'UN qui, la veille un peu en dehors, se prěcipite en dedans sous Feffei du panégyrique donl il a été gralifié (H. GuillemiN, Regards sur Bemanos. p. 70). Comme un(e) qui... est une expression particuliérement fréquente : Ô vous. comme UN qui boite au loin [...] (Verl.. Sag., 1, 6). — Comme UN qui s'enivre des laches de vin sur la nappe (Bernanos, Crěpuscule des vieux. p. 143). — Autres ex. : Claudel, Téte ďor. Dědic, ; Gene-voix, Beau-Francois. p. 45; ARAGON, Roman inachevé, Parenthese 56; Audiberti, Maitre de Milan. XX; PiEYRE DB MandiaRGUES, Marge, p. 175 ; etc. Par analogie, avec un autre numeral: Sebastiano el mon ěpoux en train de rire de moi. se poussam comme deux qui vienneni de parier (Fl. Delay, Course d amour pendant le deuil, pp. 248-249). Par analogie aussi, des est employe de cette facon dans la langue pop. ou enfanline (comp. § 556, Rem. 2): Des qui soient reslěs ici, des qui soient venus aprés la guerre [...], ils som bien faciles á compter (Aymé, Gustaiin. IV). — Bourguiha el Ben Bella [...] lapeni du poing sur la table comme DES a qui la grandeur que vous save: n en impose plus (dans le Canard enchaíné, 13 mai 1964, cit. Gougenheim, Études de gľamm. et de vocab. fr.. p. 107). — Des comme eile. 1088 LE PRONOM 15 714 on n 'en rencontre pas des masses (B. Cla vel, Vny. du pere, XVIII). — Des comme la tanie Emílie on n 'en fera ptus ! (Sabaher, Trois sucettes á la menthe, p. 254.) Hist. — Un qui... appartenait, chez les classiques, au stylů noble : Ma fantaisie me fait hair [...] UN qui souffle en mangeant {Pascal, Pens., p. 234). — * Au milieu [sur le Calvaire], lauieur de la grace ; dun cote UN qui en profile, de I autre UN qui la rejette (Boss., CEuvres oral., L III, p. 77). — Voir encore ChenieR, Elegies, LXIV. Eo revanche, eel emploi de des qui au XVIIľ b. parařf surprenant: Pourquoi ne feriez-vous pas de miracle ? Des qui assurěment ne vous valaient pas en oni bien fait (Contjqrcet, juin 1771, dans Corresp. de Condorcet et de Af™"- Suard, p, 37). c) Certains auteurs suivent encore ľusage classique consistant ä dormer k pas un les emplois ďaucutt (§ 710): Je vous les cite sans en omettre PAS UN (Brunetiere, Bossuet, p. 60). — Quand ľautorité patemelle se fait senlir, il est rare que pas UN de nous rěsiste (Hermant, Discorde, p. 255). — Vous avez süretnent beaucoup plus ďesprit que pas un de nous autres (MONTřiERL,, Port-Royal, p. 135). — Ce jut pour entamer ia série des maladies ďenfance. II semblaii qu'it n'eút échappé ä PAS une {D. Boulanger, Nacelle, p. 67}. Dans ľusage ordinaire, ;;(;•■■ un a la syntaxe de pas deux, etc. Hist. — Ex. classiques ; Man caur n 'est á PAS UN, et se promet ä tous (Corn., Place Royale. I, 1, variante). — Ä PAS UN ďeux eile ne convenoit (La F., F., VI, 6). — SiJen connoy PAS UN, je veux estre étranglé (Rac, Plaid., II, 5). — + Ceux des Pays-Bas ne se sont lenus ä PAS UNE de Celles { = des confessions de foi] qu'on avail faites devant eux (BOSS., Hist, variat., Pref. XIV). — On permuta cent fois sans permuter Pas UNE (La F.. C Cas de conscience). 715 Un... autre... Ces mots precedes de l'article ont un role distributif. Ils peuvent gtre au singulier ou au pluriel, au masculin ou au feminin. Au plur,. on distingue deux sous-ensembles dans un ensemble. Au sing., on considere séparě-ment les unites, Cependant, dans I'usage du XXC s,, l'un ou lautre peut designer une pluralitě imprecise comme certains : voir les ex. ci-dessous. Si cette expression est sujet, il est possible de metrre le verbe au plur.: cf. § 444, a. L'articie peut dire absent devant un: cf. § 714. a) Lorsqu'ils sont employes comme nominaux, ils concement des per-sonnes doni il n'a pas été fait mention encore : Une atmosphere obscure enveioppe. la vilie, / AUX UNS portám la paix, AUX AUTRES le souci (BauDEL,, Fl. du m„ Recueil lement). — L'imagination éveillée me proposail sans fin miile curio-sités, sur l'un ou lautre, sur teile chose, tel évěnement, tel mystére (HENRIOT, Livre de mott pere, p. 197). — On peui avoir le fem. s'il s'agit exclusivemcnt de femmes ! Elle ne pensait pas qu 'eile füi positivement trompée si par cas Edouard se laissait aller á la testation de coucher avec L'UNE ou avec lautre (id., dans le Mercure de Fr.. 1er fevr. 1952, p. 256). b) Lorsqu'ils sont employes comme représe n t an t s, ils peuvent concer-ner des personnes ou des choses. 1* Ils explicitem un terme extérieur ä la phrase ou ä la proposition : Bientôt des yeux de tous votre ombre est disparue. í ľun /) a-t-il pas sa barque et ľaUTKIí sa charrue ? (Hugo, Rayons, XL II.) — J'ai entendu deux beaux cnénes qui par latent enlre eux / [...]. / Maintenanl, á la proue ďune drňme, Cun fait la guerre aux Turcs [...] /, ĽAUTRE, coupé parmes soins, au travers de la Tour de Laon, / Soulient Jehanne ia bonne cloche (Claudel, Ann. faite á M., Prof). 5 7151________________PRONOMS INDÉFINIS__________________1089 2° Ils explicitem le terme complement soit de ľun soil des deux pronoms : — Un des consuls tués, Ľ autre/ui t vers Linteme (Heredia, Troph., Aprěs Cannes.). — on bon accident, un petit scandale. une mort [...] chez ĽĽN ou LAUTRE de nos coilěgues, si nous sommes employes, e'est une diversion agréable (LÉAUTAUD, Propos dun jour, pp. 125-126). — En le\*ant la main, en allumant une lampe, en accomplissant ĽUN ou ĽAUTRE des rites de notre profession (DUHAMEL. Paroles de médecin, p. 194). — Comme j 'aimais voir son regard de lumiěre se poser sur ĽUN ou ĽAUTRE d'entre nous ! (M. BoEGNER, Exigence acumenique. p. 89.) 3" L'un et ľautre explicitem un nom ou un pronom (ou des noms ou des pronoms coordonnés) contenus dans !a měme phrase ou dans la měme proposition (redondance par exploitation : § 365, c): J'y vois deux chevaliers : ĽUN mori, ĽAUTRE expirant (VlGNV, Poernes ant. et mod.. Cor), — /Í! boitaient ľun er lautre (Flaub,. Ěduc, I, I). — En pathologic certains ětais d'appa-rence semhlable sont dus. les uns á un exces, d*autres á une insujftsance de tension, de secretion, etc. (Proust, Reek, t, I, p. 558). En particulier, tun I'autre indiquent la reciprocite, c'est-ä-dire que chacun des deux pronoms reprěsente chacun des étres ou des choses déstgnés. qui sont á la fois agents (ľun) et patients f I'autre) ; Comme deux rois amis, on voyait deux soleils I Venir au-devant Ľ UN de lautre (Hugo, Orient.. 1, 4). — Ah f comme elte cut vaulu qu 'il ia regardůt [...) ,' Mais ils s 'élaient promis ĽUN ľalttre, lui de ne point le faire, eile de ne pas le désirer ( Vercors. Animattx denatures, p. 240). — Comme je vous at aiměs. vous aitssi, aimez-vous LES UNS LES AUTRES 'Bible, trad. SEOONO, Évang, s. Jean. XII!, 34). — Sur la place de la preposition eventuelle, voir § 993, c. Lorsoue la reciprocite conceme deux étres (ou choses), ľun et i'autre sont nécessairemenl au sing., lor5qu'eIle conceme plus de dcux étres (ou choses), on dit ďhabitude les uns et les autres. Voir les ex. ci-dessus. Cependant, dans le second eas, le sing. nha rien d'illogique ; Les citoyens se fuyaienl ľun lautre (SjsvíONdi. cit, Bcscherelle, s.v. un). — [Tous ses projets sembloient ľun lautre se dětruire (RaC, Ath., III, 3). — lis [ = les dévůts] ne s'aimeni pas měme l'un lautre (J.-J. Rouss.. Nouv. Héi. VI, 8).] Si ľagent est exprimé par on ou est laissé implicitc. on a le choix entre le sing, et le plur. : On doit {ou II jaul) s'aider ĽUN lautre ou ... LES uns les autres. Ľexpression ľun datts I'autre >™v™»'»• f piiéPartespetites mauuues (Pascal. ieř(re A D,tlonvi!,e ä Carcavi. PI.. p. n8). _ chacun de ^m P autant de Pacrole.i (Delii.le, cit. Brunot, Hist., t. VI. p 1663) On trouve encore de ces negligences á ľheure actuelle : Cnacur, de nous, écrivajns dimagina-uon, *WMW m+mm *>*m feWtól* pour tel ouvrage qui nous a plu deturée (HeiIens dans Julien Graca, Cahicrs de ľHerne n T>ň\ n. , ■■ tntiiENs. la /i™„„ /. i , P '■ ~~ C'OC"" a leUľ n"""éľ<í MW tenír ensemble StírTr^ ° 'OUr- OCCUpé *> W»»WW ^-« tVUUR, /ermP,te * R,ac, J^M ™ « -nai du kéros, p. 14). - Orac^ *, «p« .^ (...) fEm ZÍT, 'Gramm smjc'-VCTbc-p-m- -L *—« a ŕ'™ ™™» --»-> [roLRASTIE, Ce que je crois, p. 8). I S. Or, eoordonne parfois. pour insister, tous et cAacun; fi en paríai, á tous « á chacun íiim (K. LéVESOUE, Attendez que je me rappelle..., p. 58). Cf. g 266, e, T. § 718] PRONOMS INDÉFINIS 1093 Chacun representant. Chacun représente ďordinaire un nom ou un pronom dont il prend le genre (mais non le nombre), II peut aussi représenter, d'une maniere sylleptíque, des singuiiers á sens colleetif, comme on. la plupart, etc., ou une suite de noms ou de pronoms singuiiers coordonnés. Nous distinguons trois cas. a) Chacun n'a pas de lien syntaxique avec le nom ou le pronom représentés : C'ilaient les convives du jeudi. Ch AC UN avait apportí quelque cadeau (Flaue., Éduc. I, 5). — Lorsque deux categories humaines sont en presence. CHACUKE veut imposer á ľautre sa souve-raineté (Beauvojr, Deux. sexe. I. 1, p. 107). — J'ai réve que je tuais tous les gens avec qui j'ai vécu [...]. El plusieurs fois CHACUN (Duras. Amante anglaise, p. 60). — Vous me diriez de [...] raconíer une de ces fois... comment voutez-vous ? Je n ai de CHACUNE garde que la terreur (ARAGON, Blanche ou loubli, II, 6). — La representation commencatt ä six heures du soir; une comě-die, un vaudeville, un drame. et tout cela á la suite... Je jouais dans CHACUN (Sahaiter, Trois sucettes á la menthe. p. 221). —- Assembler toutes les bien-aiměes dans ľimmense salon. [...] et étre couriois avec CttACUNi (A. Cohen. Cornets, 15 mars 1978). —Je ne savais pas que les dix-huit panneaux de laine racontaiem tous Vhistoire de Thésée; il n'y a pas d etiquettes sur le mur pour indiquer le sujet de CKACĽN (Bútor, Emploi du temps, p. 97). Dans celte construction, chacun est raremenl objet direct : ^ 11 se promenait avec ses deux Jiturt, en tenant CHACUNE par la main, il sembte que Ton préfere le tour décrit ci-dessous (c) : ... en LES tenant CHACUNE par la main. b) Le nom ou le pronom représentés sont les noyaux d'un complement préposi-tionnel de ckacun : Á CHACUNE des mansardes du chateau panirent des domestiques (Flaub., Éduc. Ill, 1). — Chacun d'entre vous a fait son devoir (Diet, contemp.). — Ce n Don »fatal [ = le pressentiment] qui surcharge CHACUNE de nos pensées d'une crainte inevitable (BosCO, Balesta, p. 229). — De míme avec dont: Les idéogrammes chinois, dont CHACUN exprime un concept (Etiemble, Jargon des sciences, p. 155), e) Ckacun explicite un nom ou un pronom (ou des noms ou pronoms coordonnés) contenus dans la méme phrase (cf. § 365, c): Lafenétre et la petite porte se font face et sont chacune prěcědées d'une légére architecture de poutres (Cocteau, Bacchus, indie, du decor), — Nous avons eu peur. chacun, de lapport de ľautre (H. Bazln, Matrimoine, p. 42). — De routes ces beautěs diverses qui CHACUNE avaienl lew défaut. il fit une beauté unique (Musset, Confi. I, 5). — Arrivent deux enormes ckiens ou nez rose et truffé. et qui mangeraient CHACUN un enfant pour leur souper (J. Renard, Journal. 2 janv. 1896), — H \ = voire pere] a bien travaillé pour vous donner á chacun une situation (Duhamel, (Euvre des athletes. I, 3). — Les Siennoises constituěrent trois troupes de trois mi/le femmes CHACUNE (BEAIivoIR, Deuxiéme sexe, I. 1, p, 172). D'habitude, le nom et le pronom explicités par chacun le precedent, mats ils le suivent par-fois : Apres avoir avalé chacun deux lasses de café [...] nous parlimes (Maupass., C. cit. Sand-fcld, I. I, p. 386). — Un méme mouvement a enlraine, CHACUNE ú son rylhme propre, les legislations europěennes (M. FOUCAULT, Surveiller et punir, p. 17). — CHACUN sur un versant du toil, ils se font face (J, Genet, Querelle de Brest, p. 12). — II arrive que ľanttcédent de ckacun sok le sujel implicite d'un impiratif r Vivez ckacun de vatre côté (Ac). 1094 —--------------------_______LEPRONOM ,.„ _ ~~~ —---------—_____._______TS 719 ' Kem- 3 : 9W distributíO. n0m ou Protři (comp t« vous re,,^^ r , , M i! aSKRCS Í ST ™-P^ ,e com '^-^S^fS'^rt1U,MT- ***** VI) .1 -^ . ' "**™*i «Wfc, II. 4). ; Oubhons chacun les done r^ipossessľfí;;'ľ Z "" ^ "ue le P°-ssifson ™ Zl J* -«c le «WS travaillons ch á ľa™, chacun dans «r,Z " T S"e ,Sand: Corresn ,m ** f Presse c, mol. *£Z Z**« * ■ ***», J*££7T f?^,fŕ "^«L. —-—,------------- A^- "■ Teste, p. M). _ a '6- Nous rappeioM ( f . a s?ssf« sa asaatto -— -,. „«« «*« - ^ äbbää; s v-^ra'un seul pos~; «ľ «• K Plund (nos_ voí) voir § S92 í 719] PRONOMS INDÉFINIS 1095 ei Ariane possédaienl, natureltement. chacun sa voilure (CuRTľS, Jame couple, p. 80), — lis auraienl mieux fait de s 'en aller délirer chacun dans SON coin (Bealtvoir, Mandarins, p. 22).— De ces configurations speciales qui décrivent chacune ä SA maniere la commune iaxinomique (FDDCAütT, Íra mots et les chases, p. 162). — Autres en.: France, Balthasar pp 158-159 ■ Proust, Rech.. L [, p. 138 ; BÉDn-R. Fabliaux, p. 109 ; Larbaud, Enfantines. p. 117 ; Mauroís! 5y«m, t. I, p. 148; Aymé, Conies du chat p.. Ľane et te cheval; etc. - Ma mere el ma sarur déjeunaient chacune dans LEV« chamhre (Chat., Mém.. I, in, 1). — Lemphyé el lancien commissaire avaient jugé chacun de LEUR cole qu'ils pouvaient repren-dre leurs chires habitudes (Zola, Th. Raquin, XV). - Les instruments s 'essaiem chacun de leur cote (Larbaud, Enfimtines. p. 224). — II semblait que les choses eussent perdu chacune LEUR sens particulier (Bernanos, Imposture, p. 35). — Presque touš nos regiments dmfanlerie out eu chacun LEUR soldát Bayel (GENEVOIS, Joie. p. 163). - lis s y prepare*, chacun selon LEUR tem-perament (H. Baz!N, Vipěre au poing. XXIII). - fií měněni chacun LEUR Campagne (J.-P. CHABROL, Embellie, p. 125), - Leopold et Cyrilíe se sěparirent afin de faire te guel chacun de leur cáte {DhöIEl, Des troitoirs et des fieurs, p. 220). Le choix peut Ětrt determine par le souci d'etre cleir: Dej pavsages qui font conlraste lui direm chacun leur mol (Barres, Appel au soldát, t [, p. 4). Voir aussi les ex. de Müsset et de Reriard au § 718, c. Si chacun est le sujet d'une proposition participe (proposition absolue), il n'a plus pour fonetion grammaticale d'expliciter un nom ou un pronom, et c'est chacun qui donne au possessif sa forme : De féroces oiseaus perches sur leur pálure / Détruisaient avec rage un pendu déjá múr. t Chacun plantám, comme un outil. SON bee impur / Dans touš les coins saignanls de celte paurri-iure (Baudel., Fl du m.. Voy. i Cythere). Lorsque le participe precede chacun. ce participe est senti comme une épithěte, et on a le choix entre son, sa, ses ou leur, leurs : Les goums dissidents se séparěrenl emmenant chacun SES prisonniers (MauPASS.. Au sole!!. p. SS). — On voyait défiler lenlemenl de grands chariots portant chacun SON acacia (A. DaUDET, Rois en exil. p. 162). — U maitre de Nemours put voir son oncle donnant le bras á la jeune fitie aommée Uršule, tenant chacun LEUR Paroissien (Balzac, Urs. Mirouět. 1). — Tous deux étalent arrives rue de VHomme-Armé [,,.J, absorbés chacun dans LEUR preoccupation personnels (Huoo, Miser.. IV, xv, 1). Ce que nous venons de dire des possessio s'applique aussi aux pronoms personnels, qui peuvent étre rapportés. soit á chacun. soil au nom ou au pronom explicités par chacun. Martinon (p. 167) laisse á juste titre le choix dans : f Is s'en lenaient chacun á ľ opinion qui LEUR ou qui lui paraissait la meiileure. Si le sujet est nous ou vous. le pronom réfléchi est ordinairement nous ou vous: Nous pant-rons chacun droit devant nous. On Houve parfois soi cependant, sunout dans chacun pour sot: Nous recommendons á exister. chacun pour SOI (Beauvoir, Mandarins, p. 27). Pour le choix entre soi el lui (ou eile, elles. eux) quand le sujet est chacun. § 640, b. 1°. 3" Quand chacun. explicit« le pronom indéfini on, on recount á ľunipossesstf: C'etait mieux quand on J » nous] vivaii chacun de son côté (Beauvoir, Mandarins, p. 80), HIM. — Les hesitations décriies ci-dessus sont anciennes. Ä ľépoque classique :' Les peuples marchaieni chacun en sa vole (Boss., Disc. hist, univ., I, 3). - + & leur offrent leur maisan pour syexercer chacun dans son art (La Br.. Car. de Théophr.. V). - Elles ťenvotent chacune de ^I'T/ľľ" T"de *'?**■•p-49y - *Je ,es"' *""»* *■ *■ «*»"» * L*UR *« T"'' H dŕC- l689>- — U hbené quauraienl plusieurs excellent., maílres de faire chacun dans leur ge„re et selon leur génie, de ires beaux ouvrages (La Br.. I, 49). - Ik rejaillirent chacun de UOT<*Í {Monte*,., L pers., CXXVIII). _ Tous les domesiiques avaient fid chacun de leur côté (Volt., Contes et ram,, Jeannot et Colin). 1096 ~—------------------____i£_^RONOM ------------------------ ÍS 719 * o*tó * ZI7ZTT ľ pronom *w*W Plus ďun autenr , ' "SBge «« ^ e"' *" «k**«* *«» r , ■ Xp,[Cité Pa-" öA«3Bi ■ 3*5 i& I., ľ - ~"s ?- «a fttt« «« 5 419, MÄ - ZÍ- J ' mémC " « altri°"' « Drtcéd, rf t 3,s ■ - dt"" *«*m Hmxm P e de cAíř™" • ** P«, do - - **»« ouinll mot "^ W* - S 1Í" ql" V,enl w«i«»nhtaWen« - *** am«^ *£ľ* •*>** pte A KSS*(CHAT ■ *S Sí «y (BAĽDEL., J7P^7 #-«n. vm, S Ü ^°2e t"'í í* <**W^ i 720] PRONOMS INDÉFINIS 1097 ./V,/ ď» raisoos. dom chaque ág I^mM ířuje (E. RosTAN0. Ä, I 4) __ y, m „,„ ptude CHAQd (VALER,, M reJ(e. p. 75). _ ZťJ>m(rPI dicloaées aílV rechua g " ™ r~ľľ:r/cocmĽ' **■ *■**p i2o)- - »•»*s*^ sssssí v^Ä U:i~L72857 'ffi SS ™"e u"e *™"ť "* *^ 2 „„„ , *" "' *" """' p- 285)- - ľ™» «w. iroisjuurs í/u^cjuque (Genevois rŕnľľ''7 QuOÍl)U'™ ait I"611!11« ^« BWérieure5, o« ™p|0i á, drnové pour chacun se S p ™apart,r xv,rs:/,va*"chaqueBn*•**(D'°-SS*!S^ 720 Chacun comme mimituil. Chacm s'empbie pour designer loute personne. sans distinction, tout le moncte so« d nn ensemble indéterminé, pouvant inclure ľhumanité entiére - son d nn ensemble plus restreini, determine par la situation '* (comp tout le monde, personne, etc.). ilraínAÍV*r"d SOn m ™ " le '™,nte {Prmg - Da"S "" mi ™™»- •* m maiion Uja* «a maure : Bremern. CHACUN .fait denser I «use du pa&r&UWSL, Ěduc III I} - Dien enroie ****** á chacl* seton „force (G.DE. Journal, U üÄ 1894). - * me L^ o amŕ;Ifr chacun d penser sa vie (GuÉHENNO, CT™gřř la vie p J 90) Chacu-n , ™ retouma I áme cain,e et ravie (Baitdel.. Ft. du m.. Calumcl de paix) - £Iíe TjuŽ^fZ Í ** m"ndI "r""' (-i "" Se ***** « » <&***" '- réP»»»™- JeZďl 'T'"'™ de la re"0m",ée ÍCřWMS0N' &***-«>« * ^™nt4 p. 56) A /«, A«*, , « n apereevaú pas [...] 9(íe/í((t. tränsacüa„ hümrable j -, d ^ " A reeufer (Tocqv-eville, AMmnAqi PP- 59-60). chacut. mon!reen,ÄnéraICmeilt Í Ü*^ M°ÍS 'C fém,nÍn « ,ľ0UVe "»^ '» *««*« montre qu i[ s agit umquemení de femmes ; i heure de i abandon (MaUpam, C. Suicides). i»aclnf o .en«"- n0nlÍnal aPParaít n0tammem *" deS phnSeS averbales' Proverb« «■ (cons 1 Ftgaro Utt.. 24 ma, ,947). - Chacun * ^» (J. RenaRD, Journal. ,6 „ov ^06) to mmm (Bernanos, ^ p. 9O). - Mais. biea súr. chacus- sa folic, el il {aulVaĹm*2m\ Om sa place (B. Po1ROT-DtLPF.cH. dan, ,c ES 31 «^ W5) '" "" Monde. U 2SSST CHAC" IO" fl,'m/'"™e'" '(J_M' CüLOMBANI- d™* 1098 LE PRONOM (í 721 721 Observations diverses sur chacun. a) Chacun nominal (voir Rem,) peut, au masculüi (cf. Hist.), etre precede de Particle indéfmi ou de lout un : im chacun, tout un chacun. Ces locutions ont fait ľobjet de jugements contradictoircs : t< tres vulgaires *> (M. Schöne, dans le Fr. mod., janv. 1947. p. 71}; « langue familiěre » (Maninon, p. 167); « ont disparu de la langue ecrite * (Dupré): — de un chacun « encore parfois, par plaisanterie » (Foulet, § 273); — de laut un chacun : « archaique » (Ac. 1987 [qui ignore un chacun]): «style soutenu » (Diet, coniemp.). A vrai dire, elles appataissent par éerit dans touš les styles. Un chacun : Cetui [...] qui sail les dessous de cartes a"uN chacun (S.-Beuve, Caus. du lundi, t ], p. 50). — L'amour, e'est [,.,] I Un calembour dont UN chacun prend ce qu'il vent (Verl., Jadis el nag.. Amourtuse du diüble). — Elle est á la pařiče dun chacun (Bloy, Man journal. I. 1, p. 166). — Je ne me mele jamais des affaires ŕ/'UN chacun fdit une concierge] (Bernanos, imposture, p. 252). — Je saisr comme UN chacun. qu'il est en prison depuis cinq mots (Raym. Aron, dans VExpress. 22 nov. 1980). Autrcíi ex. ; Sand, Maltres sonneurs. II ; Taint, Litter, angi, dans Nyrop, 1. V, $ 426, 1° , HüRMANT, Chron. de Lancelot du Temps, t. II. p. 293 : U Brians, i. II, p tx - J. Sabment. M""1 Qiiinxe. II: Giono. Un de Bauimt-gnes, I L Genevoix, Rahaliol. 1, I ; Pourrat, Gaspard des Mantagnes. p. 155 ; 1. ScHLUMBtiHUER, Mad el A. Gide, p. 113 ; J. Rostand. Pensées d'un kitilagiste. p. 65 ; Lti Roy Ladurie, Carnavat de Ramans, p. 400 J etc. Tout un chacun : Elle dansail si joliment, ma Brulelie, que TOUT UN chacun la mangeail des yeux (Sand, Maitres sonneurs. II). — TOUT UN CHACUN pouvait vous approcher (PÉGUY, Mysl. de la charitě de J. ď Arc. p. 58). — Je veux pour TOUT UN CHACUN une vie qui ne se quali-fie pas par ce qu 'it exige des autres (MaLRAUX, Espoir. p. 86), — Pourquoi avoir mis tanl de hargne á dénoncer malgré que qui, sans une agitation intempestive, seraii aujourďhui eunsidéré par tout UN CHACUN comme aussi acceptable que la preposition correspondante ? (A. Martinet, Franc, sans fard, p. 31.) — Comme TOUT UN chacun, eile aurail sans doute préféré se faire servir par une fille accorle (M. TOURNIER. Coq de bruyěre, p. 200). Autres es. : Colettí:, Fanal bleu, p, 21 ; IlENRIOT, Tempi innocents, p. 160 | QuttNEAU, Bälotts, chiffřes el Jennet. Id-, p. 149 ; AWBHIERId, Grandes lacanees. p 215 ; SOUPAULT. dans les Letlres frant;., 31 janv. 1947 ; Fr. d'EALniQNNE, dans Ic Figaro litt. U jüillcl 1949 ; Daniel-Rops, dans It Cite (Bruxellcs). 13 Oct. 195] . Gua_-LEMTN, dans [es Eludes classiques. janv. 1957, p. 57 : fj. Antoiwe, dans Ic Fr. mott., janv. 1958, p. 68 ■ J. DtJRON. Langue front;, tongue humaine. p. 25 í Druon, Reine ětrttnglěe. p. 86 ; Chapi-lan. dans Ic Figaro lilt.. 9 fevr. 1967 | NadeaU, dans la Quinzaine Hit, avril 1968, p 3 ; P. Emmanuel, dans Ic Figura. I" dec. 1973 ; Lacou-TURE. De Gaulle, t 1, p. 128 ; RlNALDI, dans VExpress. 11 dec. 1990; «c. Tout chacun est plus rare, sauf dans I'est de la France, [C'esi en Lorrain que Brunot, Pensée, p. 131, écril: « On dit aojourd'hui : tout chacun (et quelquefois tout un chacun)».] Ces injures dont TOUT CHACUN ici ľabreuve ä lajoumée (A, DauOET, Nabob, 1878, p. 50). — Cetpteje souhaite á tout chacun, c'esl la petite hlessure coquette avec trois semaines d'hos-tau (Dorokles. Croix de bois, V). — Nous [..,] recevions les compliments de tout chacun (FaR-RERE, Secottde pone, p. 178). — Tout chacun connaissani mes iravaux [...] le děcouvre d'em-blée (G. Guillaume, dans I e Fr. mod., janv. 1960, p. 47). Aulcurs originaircs de ľEst (Champagne, Lurrainc, Eranche-Comtt) : les GONCOURT. Journal. 1870, cit- Tresor ; ClaLtTJEI., Frotée, cir. Tresor et Dumourctte-Pichon, § 2873 ; F.. MosELLY, cit. Damourcrte-Piclion ; AymÍ, Alter retour. I ; J. Lanher, transcript loa en fr. reg. de Lorraine des Conies de Fraimhois. rt° 5. — Auteurs originales de Vendee : CLEMľ.srtTALr, cit. Tresor: CHATEAíJIWtANT. JÁM I, 1. — Lex. de Marhn dľ G., Gonße. 1. 5. concerne un fr. dialectal, en principe du HefTY. mais cn realilě compitsitc. Au Québec, oů ľon connaTt les diverses formes donněes ci-dessus (y compris tout chacun). on a en outre une variante populairc ůtout á chacun, Rcmirqut. — ]| est exceplionnel aujourďhui qu'un chacun ait la valeur de representant comtne chacun (§ 718, b): Cet homme unique, pour UN chacun d'entre nous, c'est: Soi (Gide. (Edipe, II). — Cela se irouvait plus souvent jadis : voir les ex. de Villon et de Pascal dans I'Hist. Hist, — Un chacun est trés ancien : Des or mais gart UNS ChasCUNS son ostal '. [ = Que chacun reste chez soi !| (Colin Musf.T, XX, var.) — Pendant la plus grande partie du XVllr s. il i 7211 PRONOMS INDEFINtS 1099 reste en p! ei n vitalite : Et cela est vray d 'UN CHACUN de tous les hommes (Pascal, Pens., p, 78). ■m D'un chacun it doit estiv aprouvé (Mol.. Turí.. U, 4). — Autres ex. dans Haase, S 47, B. Pour Furctiere (1690), uir chacun est bas (comme tout chacun). II est declare hors ďusage dans Richelet en 1706 (il n'étail pas mentionné en 1680). On le trouve encore parfois au XVIII' s.: Comme UN CHACUN sail (VOLT,. Crjniej e! rom . Ingénu, 1). — Je renverrai UN CHACUN content (prince dc LtGNE, Conies immoraux, Vlll). Ce dernier ex, est peui-étre le reflet d'un usage provincial qui va rendre la locution á la vie. —- Le fern, une chacune a cxiste : Une chasCUNE de ces femmes I Lars prlndrent [= prircnt] [...} I Uune ung cierc [...j, 1 autre ung moine (Villon, Test.. 596). Tout chacun apparaít au XiVr s,: Que tout chascun soil sus sa garde (Froissart, Chron.. S.H.F., t, XII!, p. 174). Malherbe I'emploic encore: cf. Brunot, Hist,, t. IV, p. 701. On nc le signále pa* chez les grands classiques. Tout an chacun est trés rarement attesté avanl le XLX= s, í Ce que fail un toul seui, TOUT UN chacun le stäche (REGNER, Elegie II [1613]). Cest sans doute un eroisement entre les deux ■utres formules. b) Pour designer les personnes d'un couple, la lariguc familiěre emploie chacun en correlation avec le feminin chacune precede du determinant possessif de !a 3= personne du stngulicr, sa chacune: Chacun avail l'air de reirouver sa CHACUNE (La Varende, Sortiere, p. 121). — Chacun enlaqant sa chacune, rV nous fut done permh d'attaquer le rigaudon d'un bon pied (Y. Gandos', Captain Lafortune, p. 160), — Aprés cinq tides de péripéties chacun détrouvrira SA chacune (J. Duché, dans Ic Figaro litt.. 29 nov 1947). — Chacun s'affaire pour sa chucune [il s'agit de plantet un artire devant ou sur la maison de celie qu'on aimej (van Gennep. Manuel de folklore fr. contemp.. t. I, p. 1538). — On trouve raremcnl ľinverse, chacune ... son chacun . Le mys-tére qui lie chacune á SON CHACUN (R. BlLLETDOUX, Lettre d excuse, p. 22). Appliqué aux animaux, plaisamment : Celte douce sonnerie ďune cathette á lautre est /oratorio matrimonial, la convocation discrete de chacun á SA CHACUNE (J.-ti. Fahrí , Scenes de ta vie des insecies. p. 33). II est exceptionnel que chacune soil construil sans chacun et avec un autre possessif que sa lis amenirent [...] avec soi LEUK CHACUNE (M, YOURCENAR, Archivs du Nord, p. 106), Autre emploi exccptionnel : Ellen prennent chacune sa chacune (C, Clement, Vies et legendes de Jacques Lacan, p. 83) [- chacune des deux servanles attaque l'une des deux patronnesj. Hist. — Ce tour date du Moyen Age. Á cetle époque, sa chacune s'employait aussi dans le sens de « son logis » : Et retournerent les Englois á Margasse et les Portingalois á Cousson, chascun d sa CHASCUNE (Froissart, Chron.. S.H.F., t, XIII, p 50). — [I.e monastére de Saint-Laurent á Liege était si ruine] qu ilh estoit lou prés que chascons ralaisi ô sa Chasconne [ ■ qu'il s'en fallait de peu que les moines ne dussenl retoumer chez eux] (Jean de Stavelot, Chron., p. 5), On disait parfois sa chacuniére dans le merne sens : Ainsi chascun s en va á sa CHaSCUníékE {Rab., Pant., XIV). Cela est eneure mentionné par l'Acad. 1987 (« vieüli el fam. »). On ne trouve guére cel emploi que dans des textes archai'sants : Les comediens, comme U se faisaií tard. se reti-rérent chacun en sa chacuniére (Gautier, Cap. Fracasse, IX). — A. Billy a employe sa chacuniére pour « sa compagne » r Dans mon pays, dans le vatre aussi. j'en suis súr. chaque jeune homme a ce qu on appelle SA « chacuniére » (cit. Tresor). Cc sens est relevé par Wartburg, t. U, p. 483, dans le patois du Dauphine. c> Chacun nc peut étre accompagné ď une proposition relative. Ces ex. ne som pas bons ä imiter ; "On n 'en ftnit pas de dérouler la liste des hommes, des groupes ou des croyances [...] qu'il faudrait éliminer de la nation si chacun QUI reclame ťépura-tion de la France voyait son vom exaucé (Ph. Boucher, dans le Monde, 24 ocl. 1980). — "Mon enfance morcelée s est passee tour ä tourchei chacun [de mes oncles] QUI retombait sur ses pieds (B. BECK, dans Europe, juin-juillet 1984, p. 9). 1100 LE PRONOM [S 722 722 Maim est plus rare comme pronom que comme determinant (§ 614). — Comme pronom aussi, ii a un sens identique au singulier et au pluriel. Nominal, il signific « beaucoup de personnes ». Representant, il signifie « beaucoup » et peut concemer des personnes ou des choses. Nominal: Prions, entre les marts, pour MA1NTS I De la terre et du Purgatoire (Verl., Liturg. intimes, XVII). [Le sens n'est pas tout a fail clair: peut-étre maints a-t-il morts pour antecedent.] — Comme Maints i'assurent (Benda, Exercice d'un enterrě vif, p. 34), — Les difftcullés tempo-relies atigmentaienl, pour maint et maint (Duhamel, Pesée des ámes, p. 254). Representant: Dans MAINTE de nos provinces (Dauzat, Suisse moderne, p. 272). — line philosophic doni se reclame maint d'enire eux (Benda, France byzantine, p. 37). — Maint de leurs coreligiannaires ouhlient [sic] [...] (ID., Trahison des clercs, p. 35). — Un assez grand nomhre de mythes dont MAINTS n 'ont aucune chance de se rěaliser bientôt (Daniel-ROPS, Par-delá noire nuit, p. 95), — Dans un grand nombre de communes du Boulonnais, dans MAJNTES de Celles de l'Anois et du Ponthieu qui sont limitrophes de celte contrée (van Génnep, Folklore de la Flandre et du Hainaut fr., t. 1, p. 184), Hist. — Pour l'origine du mot, voir § 614, Hist. — Maint a été employe comme pronom dans ľancienne langue jusqu'au XV1[C s.: Maint en i chtet [ ■ Maint y tombe k cause de cela] (Beroul, Tristan, 3673). — Par ce faire ont eü maint / De lor dames joies et solaz [ = p1aisirs] (Jean Rínart, Lai de I ombre, 174-175), — Ainsi en prent á Mains et maIntSS (Víllon, Test,, 532). — Maint d'entre-vous souvent juge au hazard (La F., C, Juge de Mesle). On a dit aussi dans Ic ničme sens maint un (forme comme quelqu 'un: § 728, Hist.): Files [...] voyent bien maintenant maint'une qui dedaigne son mary (La Boetie, cit, Huguet). 723 Le mime. a) Le měme representant, concemant des personnes ou des choses et prenant le genre de ľantécédent: Je suis alle dans plusieurs theatres, tour á tour [...J. Puis j'at fini par aller toujours dans LE měme (Romains, M. Le Trouhadec saisi par la débauche. I, 1). — Jefais souvent ce réve étrange [...] f D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, / Et qui n'est, chaque fois, ni tout á fait la měme / M tout á fait une autre (Verl., Poěmes solum.. Melancholia, VI). b) Le méme nominal désignant des personnes et variant en genre et en nombre: Moi, je voudrais aimer LA MEME, toujours / (FlaUB., Educ, 1, 5.) — Pourquoi la vie ouvre-l-elle ses corbeilles toujours AUX HEMES ? (ESTALtNIÉ, cit. Robert.) c) Le měme nominal neutře (= la méme chose): Cela revient au měme appsrtient á ľusage genera). — On pcut en rapprochcr 1'expression familiěre tautologique C est du pareti au méme : Gangster ou banquier, c'est du pareti AU MIME (DorgelĚs, Á bas largem ! p. 85), Dans le fr, popul. de Belgique, on entend : "Failes comme ceci ou comme cela : c 'est le méme ou e'est TOUT le Měme, °Vous redites toujours LE MÉME, — Autre tour regional: "II faisait Ires beau [„.]. Mais beau ou pas beau, c'était DU méme (AYMÉ, Gustalin, I), Les philosophes emploicnl aussi te méme pour « ce qui est le merne » : II n'y a de variable que ce qui demeure constant á quelques ěgards : LE MÉME seul peuS étre dit varier (RenouvieR, cit. Littré), — Vne sensation, par cela seul quelle se prolonge. se modifie [...]. Le méme ne demeure pas icl le méme (Bergson, Essai sur les données imméd de la consc, p. 115). Ulít. — Sur l'origine de méme, voir § 623, b, Hist, — Le méme nne, Claire, p. 13). — On ne refuse pas le bonheur quand il frappe á VOTRE porte (CHAMSON, Adeline Vénician, p. 94), Now;, notre. s'imposent quand on = nous (§ 724, b, 2"): L herbe qu on entevait étant mouil-lie. on fětendait avec nos fourches sur le grand plancher du fenit (BOSCO, Mai Théotime, 1947, p. 137). Si le pronom personnel est complement du vcrbc dont on est le sujet, on etnploie se et soi (cf. § 640, 6, 1"): voir les ex. de Flaubert, de Proust et dc Chardonne ci-dessus. On dire dc 19. Le meme choix existe lorsqu'on doit renvoyer ä un on implicit«, á une collectivite indé-termince qui n'a pas fait I'objet d'une explicitation : Se plaindre de tout ce qui NOUS afflige ou NOUS irrite. cest se plaindre de la constitution meme de fexistence (Flaub.. Corresp., t. 11, p. 128). — J'eus une emotion -— oh ! ce n 'etuit pas le coup violent au cantr, qui arréle la respiration. VOUS casse les veines et vous ělourdit (MlRHEAU. Calvaire, 111). — tt venait pres ďelle et s y trouvait bien. exactement comme un chien qui s 'installs á vos pieds (La VaRENDE, Traisiéme jour, p. 128). Ľemploi de la 3* personne donne des phrases peu nettes ■ Declarer par un acte ce que fon veut qui soil execute apres Sa mori (Ac, s.v. tester). Dans eel ex., á propos de chaeun, l'auteur est passe de la 3" ä la 2C pers. : Chacun. děs sa naissance, se trouvait place dans le rang qu'occupaient ses parents, et ďoú rien [..,] ne pouvait VOUS tirer pour vous faire pénětrer dans une caste supérieure (PROUST. Rech., t. I, p. 16). i 725] PRONOMS INDERNIS 1103 méme : On ne pense qu 'á soi. — On met son aussi quand le possessif accompagne le complement du verbe dont on est le sujet: On lave son linge sale en famille. J) De son etat ancien de nom (§ 724, a. Hist.), on garde la faculté d'etre accom-pagoé de Particle déflni dans la languc écrite. Ignorant ľhisloire, les grammairiens y ont vu une consonne euphonique dont ils exigeaient la presence pour éviter I'tnatus, apres des mots comme et. ou. ou. qui, quoi. si (ils étaient obliges d'ajouter que quoiqu'il n'y ait pas d'hialus). En fail, les auteurs en usent asscz librement, soit qu'ils mettenl on seul alors qu'il y a un hiatus, soit qu'ils emploient ľon aprés un mot termine par une consonne articulée ou par un e muel ou encore aprés un point. On alors qu'il y a hiatus : if" Du Deffand [...] a trěs-bien rendu feffet que font les letires de if" dc Matntenon. et ON ne saurait mieux les définir (S.-Beuve, Caus. du lundi, t. IV, 1852, p. 298). — II donnalt 1 impression [...] d'un de ces vastes magasins ou ON ne rencontre jamais les objets rares (Maupass., Fort comme la mort, 1, 2). — Je pensais que si ON pouvait alter plus lain, on apercevrait Dieu ie pere en robe bleue (France, Pierre Notiere. 1899, p. II), — [...] aur bonnes affaires á quoi ON préiendait ľintéresser (MauRIAC, Fin de la nuit. 1). — Si ON veut agir efficacement, si ON veut vaincre. un moment vient toujours oil ON est oblige, de sauter le pas (Montherl., Service inutile. PI,, p. 675). — r'oilá précisément pourquoi ON ne saurait comparer la Revolution fraitcaise á la Revolution russe de 1917 (BeRNANOS, France contre les robots. p. 130), — Comme si ON n 'en avail pas vu beaucoup, au cours des siěcles, se mettre au service de Terreiir (MaulnieR. dans le Figaro lilt.. 26 nov. 1955), — Ce pourquoi on agit (Ac. s.v.^n). Etc. L on aprés une consonne phonétique : le Midi et les pays vineux n 'ont pas, comme ĽON dit, le privilege de I'iloquence (MtCHELET. Tableau de la France, T.F., p. 87). — Comme t_'ON fris-sonne dans tes égtises sous le parfum des fieurs mele au froid des marbres (Flaub., Af™- Bov„ H, 5), — Tůt ou tard ĽON ne se plait plus qu'avec Dieu (Barres, Mystere en pleine lumiere. p. 248). — [...] si, quelque temps encore, ĽON s'interrogera sur sa fin (ARLAND. L'eau el le feu. p. 100). — I! afallu vivre comme ĽON pouvait (Green. Mont-Cinére, XVIII). Etc, L 'on en tele de phrase : L'on m'apporta tous les papiers d'Ellénore (Ô. Constant, Ad,, X). — ĽON m 'a pris le bras et l'on m 'a serré la main (Taine, Vie et opinions de Fr.-Th. liraindorge. p. 43), — L'on comprend que lorsqu'll se tail, c'est pour pens er (Gide, Thésěe, pp. 51-52). — Autres ex.: Stendhal, Chartr., Hi; Balzac, Goriof, p. 152 ; Hugo, Bug-Jargai, XII; GaLttiER, Jean et Jeannette. XXIV ; LlTTRE, s.v. entreténcment , BouRGET. Eau profonde, II ; ROMAINS, ÁjToot. I: Saint Exupery, Vol de nuit, XIII; Lar. XXs s., s.v. coussin : Mondor, dans le Figaro lilt., 15 oct, 1955 ; E. Faral, dans Romania, 1951, p. 190; etc. Pour 1'euphonic on conseillc ďéviter l'on apres dont ou devant un mot commencant par [I] et de ľemployer aprés que si la syllabc qui suit est [kä], Mais, si la premiére prescription (aprés dom) est assez bien rcspectée, les manqucmcnts aux deux autres sonl loin d'čtre rares : Ses yeux noirs oů l'on LiSAiT une purfalte assurance (BaRRÉS, Dérac. p. 259). — // ne possěde rien mime si ĽON LUI donne (JaMMKS, Clairiěrcs dans le ciel, p. 121). — Que l'on prend, que ĽON LAISSE (Valery, Man Faust, p. 163). — Lieu oú L'ON 1.0GE des hotufs (Ac s.v ětable). — Et telle est son insistance ou'ON comprend (...) (MauRIAC, Vie de Jesus, p. 184). — Ce qu'on conCÉDE-Ratt á la véritě (Camus, Homme revoltě, p. 233). — Autres ex, dc qu'on devant [ki]: ViünY, Stello. VI; BruNOT, Hist. t. 1, p. 18; MONTHERL.. Solstice de juin. p. 46; BernanOS, Liberie, pour quoi faire ? p. 84; Malraux, Noyers de t'Altenhurg. II, 3 ; GtONO, Moulin de Potogne. p. 224 ; BOSCO. Balesta. p. 241 ; etc. Sur tout cela, voir A, Goosse, Les emptois modernes de l'on, dans Melanges de grammaire et de lexicologie fr, pp. 1-37, Hist. — En anc. et moyen fr., on pouvait prendre l'article /' aprés im« forme verbale sc tcrmi-nant par une voyelle ; á cůté de aime on on avail aime l'on : Tant crie L'ON Nogl qu'il vient (Vjl-LON, éd. R.-H., Poémes varies, V). — El n'y toucha Las point de prime face {CoMMYNES, t. Ill, p. 169). — Bien. me dira ĽON, vostre regie serve á la mort (Montaigne, I, 14), — Cet usage 1104 LE PRONOM [S 725 disparail au debut du XV11C s.T tandis que s'instaure ľemploi ďun t analogique (of. § 766, Rem. et Hist). Les regies limitant ľemploi de Ion au cas ďhiatus n'etaient pas appliquies non plus au XV]]1 s., meme par Vaugelas (qui pourtani avait contribué a les čtablir: voir pp. 9-15) : Cest pourquoy ON ne peut manquer [...] (p. 384). — Car ĽON ne áira pas [...] (p. 338). — Comme ĽON dit [...\ (p. 323). — De mesme l'on dít [...] {p. 61). — Ele. 726 Personne est un pronom nominal singulier s'appliquant aux étres humains ; i I est ordinal řemen t masculin (voir la Rem, 1). a) Conformément ä son origine (cf. Hist.), personne peut encore avoir un sens positif. « quelqu'un » « n'jmporte qui n, mais dans des conditions particuliéres qui lui sont communes avec d'autres auxiliaires de negation (§ 981): Elle cherchait Se sucrier sans flambeau, de pear de réveiller PERSONNE (Barbey d'Aur.. Diabol. PI., p. 49). — // t'a dit du public tongtemps avant que PERSONNE songeát á m'atiaquer (About, Tolla, 1856, p. v). — Je suli nieilleur juge que PERSONNE (Auoier, Effronies, V, 4). — Devant sa [ - de Saussurej grace aristocratique ei jeune, on ne pouwii imaginer que personne reproche á la linguistique de nianquer de vie (A. MülLLEI, Linguist. Itistor. et linguist, generale. t. It, p. 179). — Les misshnntiires de la lume Utopie onl-ils convert! PERSONNE ? (J. et J. Tha-raud, Notre eher Péguy. t. I, p. 85.) b) Dans ľusage ordinaire, personne s'emploie dans un contexte explicitement négatif. soit dans la dépendance de sans, sans que. soit comme auxiliaire de ľad-verbe ne: Sous nous sommes arrětěs au milieu de la seconde place, suns presque personne ce jour-ló duns ses grands restaurants bon inarchě (Bútor, Emploi du temps, p. 208), — Un vieil écrivuin nous a quittěs sur la pífinte des pieds, sans que presque PERSONNE y prěíe attention (MauRIac dans le Figaro lit!., 14-23 juin 1968). — Non. ľavenir n est á personne .' /Sire ! t'avenir est á Dieu (Hugo, Ch. du crép. V, 2.) — Personne ne sera asset hard! pour le faire (Ac). c) Comme d'autres auxiliaires de la negation (g 982), personne a pri s par contagion le sens négatif de ľadverbe ne qu'il accompagne ďordinaire : Personne dans les nies. PERSONNE aux partes de la ville (Chat., Itiner., PI., p. 1125). — Qui vient ? qui m'appelle ? Personne (Musset, Poes, nouw, Nuit de mai). Remarques. — 1. Devenu pronom indéfini. personne est ordinairement masculin : Je ne connais [...] personne de plus distingue [...) et de plus devour á ses pupiiles qu 'eile (JOUHANUEAU, Cornets de I ěcrivain. p. 309). — Personne de vous ne parlera-1-lL ? (ClaudkI-Téte dor. \" version, p. 133.) Certains gram mai riens est i ment que brsque le sens est « aucune femme », les mots qui s'ac-cordeni avec personne peuveni se mettrc au feminin : Personne nest plus que moi voire stR-Vante, vorre OHL1GÉE {Ljttre). — Personne de ces demoiselles nest SORTIE (Sandfeld. I. I-p, 355). — Je ne connais personne heuREUSE comme celte femme (LE BiDOlS, § 393). — Mais les ex. observes manquent. [] semble que 1'on dirait plutôt, dans ces divers cas, aucune femme ou aucune personne. 2. Súr les complements accompagnant personne, voir § 353 ; — sut les épithětes (personne d'autre, personne autre), § 352, b. 3. On ne peut plus dire °Personnh n 'est PAS venu. CT. § 979, b. Hist. — Personne viem du lat, persona (lui-meme ďorigine émisque), ďaborti «masque de theatre ». puis « rule », cnlm « étre humain ». S 7281________________PRONOMS INDÉFINIS_________________1105 [I est déjá attests au Moyen Age dans le role de pronom indéfini. Lout en gardant le genre feminin, que I'on trouve encore sporadiquement au XVIIC s. ! On ľ [ = le pesiifire] enferme dedans sa maison sans qu il puisse sortir, ny que personne y soil admise pour le secourir (Pare, cit. Littré), — * ft tt'y a personne au monde si bien LiEE avec nous [...] qui n'ait en sot [...] des dispositions Ires proches á rompre avec nous (La Br,, VI, 59). Inversemem, meme quand il ctait employe comme nom, avec un determinant, les mots qui s'accordent avec personne se meuaieru psrfois au mase. : Vous \>oyez une personne. luy respondis-je, CONSTERNÉ de tant de miracles (Cyrano de BeRgerac, Autre monde. p. 37). — Jamais je n'ay veu deux personnes estre si CONTENS l'un de !'autre (MOL., D. Juan, I, 2). — * Témoignages rendus [...] par des millions de personnes les plus sages, les plus moderés qui fussent alors sur la terre (La Br., XVI, 34). — Le peu de personnes qui I ont vu en sont bien contents (Matnte-non, Leitres, 6 nov. 1697). Cette syllepse était particuliéremenl fréquente si personne est repris par un pronom plus ou moins Éloigné {comp. § 629, b. 1°): Une personne me disoit un jour qu il avail une grande joye el confiance en soriant de confession (Pascal, Pens., p. 108). — + Les personnes d'esprit oní en EUX (ei semences de toutes tes věrités et de touš tes sentiments (La Br., 1, 36), —■ Cette syllepse se produit encore parfois en fr. contemporain : Que wulez-vous qu on devienne auprěs des personnes dont on sail que, des leur naissance et par leur naissance. [LS seronl toujours SĎRS d 'étre plus que vous ? (P. Hervjeu, Armature, VI,) Plusieurs [plyzjceR], toujours au pluriel, mais pouvant avoir les deux genres sans changer de forme, indique un nombre indéfini supérieur soit ä un, soit ä deux (cf. § 613). a) Comme nominal, il ne se dit que des personnes: Si PLUSIEURS ont conjointement empruníé la metne chose, ils en sont solidairement responsa-bles envers le préteur (Code civil, art. 1887). — Ceci nous fut redil par PLUSIEURS (GlDS, Voy. au Congo, 28 oct. 1925). Plusieurs ne s'emploie pas comme objet direct ou comme sujet reel sans s'appuyer sur en. On rte dil pas *Je connais plUSTEURS qui voudraient ěire á voire place, mais J'en connais plusieurs..., mime s'il n'y a pas ďsntécédent, Cf. 5 651, e et comp. § 707, b (beaueoup). II est le plus souvent masculin. Mais le feminin est possible quand il s'agit exclusivemenl de femmes: Plusieurs étaiení amoureuses de lui. b) Comme representant, i I se dit des personnes et des choses et il a les deux genres. Le nom ou le pronom représentés peuvent ětre le noyau d'un complement prépo-sitionnel de plusieurs. Elle le pria de lui indiquer des ouvrages á lire. 11 en nomma plusieurs (FlaUB., Educ. II, 5). — // arrive souvent qu 'au lieu de comparer á un ou ä plusieurs, on compare á la totalite des étres ou des abjets de ľespece (Brunot, Pensée. p. 741). — Des barques, mollement, se baiancaient. [...] Plusieurs étaiení aliongées sur les dalles huileuses. péle-méte avec des charret-tes á bras dételées (Ialoux, dans Grevisse, 100 dictées progresses commeniées, I le éd-, p. 53). — J'ai reproduit au long de man ouvrage plusieurs des feuilles de signatures (J, Delay, Avant memoire, t. 1, p. 22). Hist — Voir § 613, Hist. Quelqu'un [kelkife]20, fém. quelqu'une [ktlkyn] ; plur. quelques-uns [kelksztž], fem. quelques-unes [kelkazyn]. Ce pronom s'emploie toujours pour des réalités nombrables. 20. Prononciaüon iraditionnelle, concurrencíe par [ktlkĚ], (vulgaire [kekí]) plur. [ktlkazěj: cf. 6 25. a. Rem, 1106 LE PRONOM [S 728 a) Comme representant, quelqu 'un se dit des personnes comme des choses, et il a le genre du nom ou du pronom représentés avant ou aprés (notamment comme noyau ďun complement prépositionnel de quelqu'un). 1° Dans la langue courante, il s'emploie au pluriel pour designer un nombre indé-terminé et peu considerable : On apercevait le ciel, entre Ses rimes des arbres. QUELQUES-UNS, dune altitude démesurée, avaient des airs depatriarches el d'empereurs (Flaub.. Éduc, 111, I). — // Irourait ouverts sur son piano quelques-UNS des inorceaui ou eile préférait (Proust, Rech., i. 1, p. 236). — Hier. il ramassalt les mieites tomběes sur son pantalon [...]. Aujourd'hui il en taisse QUElques-UNes (Dumas, Douleur. p. 73). 2° Dans la langue littéraire, quelqu 'un s'emploie aussi au singulier, pour designer, comme /'im. un representant non precise de ľ ensemble mentionné avant ou aprés {surtout comme noyau ďun complement prépositionnel de quelqu'un) : Ľoiseau qui [...] rapportail au ciel [...] QUELQU'UN de ces monslres [serpents, etc.] (MlCHb-LET, Insecte. X). -— 5i quelqu 'un, komme ou femme, cammet QUELOU'UN de touš tes pěchés qui causent un prejudice au procbain [...] (Bible, trad. Crampon. Nombres, V, 6). — [...] en passant [...] sous QUELQU'UN de ces porliques sacrés (LOTU if* Chrysanth., XXI). — [...] la /aim de quelqu'un de ces animaux que nous avons domestiqués (Gide, Journal, L 1, p. 809). — Elle lui demanda s 'U n avail pas Irouvé [...J QUELQU'UNE de ces personnes. auxquelles U s 'udressait le plus volontiers (France, Lys rouge. XVII). — Je devinais quelqu'une de ces occupations ou je ne pauvais suivre Gilberte (PROUST. Rech.. X. I, p. 406). — II m 'arrive sauvent de sourire aima-blement á QUELQU'UNE de ces enjants (LealtauD, Petit ami. ]). — It aval! taissé ta-bas un gamin qu'il payail vingt sous par jour. á lache de surveilter le passage des autos el de lavertir sjQUBL-QU'UNE s'arretail (Ayme, Gustalin. IX). — IIy en [ = des cnfants] avail dans lesplis de sa robe, d'autres sur le dossier de sonfauleuil qui jouaienl au trapéze, QUELOU'UN/iresgwe sous nan bonnet (JOUHANDEAU, Prudence Hamechaume. I960, p. ISO). — Cf, Hisl. b) Comme nominal, quelqu 'un ne se dit que des personnes. 1* Dans la langue ordinaire, il s'emploie surtout au masculin singulier pour designer une personne indéterminée : Toul dit dans t'infmi quelque chose á quelqu'un (Hugo, Contempt.. V], 26). — Quelqu'un a frappé ä la porte La forme masc. quelqu un est usitée aussí á propos de Temnieš : Deslauriers tear apprii au 'ii [ - Frederic j aimait Quelqu'un, qu 'il avail un enfant, qu V enlretenait une creature (Flaub., Éduc, I1J, 4), Le feminin quelqu 'une n'cst toulefois pas sans exemple : Tu veux faire croire ä quelqu 'un ou ó quelqu'une [imprimé en italique] que noire liaison n existe plus (J. DroľET, lettre á Hugo, citče dans: H. Juin, V. Hugo, 1. I, p. 778). — Tu ne voudrais pas. répondait-il. si quelqu'uNI lui reprochail de n avoir pas de femme (Carco, Jésus-la-Cailie, U, l). — C'esl bien ta premiére fitis qu on aura vu M. William faire á quelqu'une un brin de cour (SCHLUMBERGER, Saint-Satur-nin. I, 7). — Vous a vez fair de quelqu'une qui ne soil pas hin de pleurer (Valér v, c Mon Faust v. Lust, II, 5). — « Mon mari a súremem Irouvé QUELQU'UNh par lá. en bas. une ouvriére •>■ disail Ernestine (Vailland, Beau Masque, 11, 3). — Si quelqu'UNE savait quelque chose d'une autre, [...] qu'elle avertisse ta Měře Supérieure (Chamson, Superbe, p. 4681. — Voir aussi l'Hisi. Dans les ex. suivants, il y a une discordance enlre quelqu'un (employe pour une remmei el le participe passé dom quelqu un devrait determiner le genre : °Quě1jQU'un [ » ľimpératrice íos^' phinej qui en savait itulant. qui eut le tort ďen parter mat á propos, matgré son rang en est MORTE {Aimée de Coigny, Journal, éd. Grange, p. 117). — "Celte seute pensée ďépouser quelqu'un quej'ai VUE poupée me paraft comique (Fromentin, Domin.. XIV). S 728] PRONOMS INDEFINIS 1107 Remarque. — Accompagné ďune épithélc (ordinairement unie par de: cf- g 352, h), quelqu'un, invariable en genre, sen aussi ďatiribui. Le sujet est toujours au singulier: Mon pere était quelqu'un ďinielligent — Auprés ďeile [ = Jane Austen], Charlotte Bronté párati quelqu'un ďéche^elé (Green, Journal. 26 dee. 1932). — Michelle était quelqu'un de discrei (J.-J. Gautier, Homme fail, p. 256). Sans čpithete, quelqu'un. invariable en genre et en nombre, équivaul á quelqu'un d important ou de remarquahle : II se croit quelqu'un. — II s'adressait ľétemet reproche de n'avoir pas su étre quelqu'un (Maupass., .Voire cceur. I, 1). — M*° Monge est quelqu'un (Kemp, dans les Nouv. Hlt.. 5 juin 1947). — Madame, cest quelqu'un ! (I.-P. Chabrol. Rebelles, p. 357.) — Cela est rare avec un sujet plur. : Comme les officiers sont quelqu'un maintenant en ville! (de Gaulle, Letires, notes el cornels. !CT aoůt 1914.) La langue pop. a eonnu aussi faire son QUELQU'UN « faire ľimportam» avec variation en genre : Madame fail un peu sa quelqu'une [dit un voiturier] (Balzac, Debut dans la vie. PL, p. 612). [Imprimé en italique.] Comp. § 591, c. — Autre emploi pop.. Cest quelqu'un «e'est extraordinaire (d'une chose) » (a Paris surtout): Quel tncendte ! [...] Des décombres fumanis, monsieur. Cetail QUELQU'UN (Queneau. Pierrot mon ami. F", p. 196). 2° Dans la langue soignee, on emploie aussi quelques-uns au pluriel, en ajoutani ä ľindétermination quant ä ľidentité une indétermination quant au nombre (comp, certains, mais quelques-uns indique un nombre peu élevé) : D inutile á tous, je devins utile ä quelques-uns (Fromentin, Domin.. 1). — Nous voulons belie ťidée révolutionnaire, qui a pu molester QUELQUES-UNS (BaRRÉS, Dérac. p. 297). — [...] une harmonie asses complexe qui n'a pas laissé ďémerveiller ou d'embarrasser QUE1-QUES-UNS (Valery, Varieté, PL, p. 727). — Cette vision qui m 'est propre du monde ou des étres. je ne veux pas mourir sans qu'il en demeure aprés mol ľexpression écrite, [,..\fixée dans ťesprit de quelques-uns, du plus grand nombre possible (MauRiac, Dieu el Mammon. IV). — Sa [ = dc Nerval] legende, qui aide QUELQUES-UNS á vivre (Camus, Élé. p. 124). — Mais qu'est-ce que cette fin dc I'histoire dont quelques-uns font lout dépendre ? (Merleau- Ponty, Aventures de la diaiecti-que. Id., p. 12.) Le feminin est possible, s" il s'agit exclusivemenl de femmes, mais il est peu frequent. Remarques. — 1. Sur la construction de ľépithete se rapportant á quelqu'un (Quelqu un de getttil), voir § 352, b. 2. Quelqu'un, reprenant un autre quelqu'un qui precede, est parfois precede d'un determinant démonstratif ou d'un article : II faul bien que quelqu un paie el personne ne veut étre CE quelqu'un (Sainville, Journal, 22 aoflt 1922). — Vous savez que j'aime quelqu'un [.,.]. Lont, quelqu'un.. UN autre quelqu'un . UN quelqu 'un masculin... s 'est mis en travers de ma route... et CE quelqu'un me porte exagěrémenl sur les nerfs (FarréRE, cit. Sandfeld, l. Lp. 343), — Quelqu'un a du tes renseigner [.,.]. t Et CE quelqu'un était renseigné de tongue date (Simenon, Maigrel á New-York, p. 76). En dehors de ce cas, I'article est exceptionnel : 'La modernitě scroti le privilege DES quelques-uns qui, detaches de leurs contemporains, sonl en posture [...] de défricheurs (M. LEIRIS, Rubán au cou d'Otympia, p. 241). [Quelques-uns est traité comme un numeral.] "Un quelqu'un pour quelqu'un dans le fr, du Québec : Cest UN qVÉ'QU'UN qui vous offre de bien turnover vos guenilles (Gabr. Roy, cit. Seutin-Clas, p. 1920, avec un autre ex.). Cf. Wartburg, t. [[, p. 1412 (Sand et dialectes de l'ouesl). — Chez Verl.. est-cc aussi regional ? Tel UN quelqu'un plus que presse / Passe ouire aux defenses murales ! (Parallilement, impenitent.) Hist. — Quelqu'un a etc form* au XiV s. par composition de quelque et de un. Chacun a sans doute servi de modele. — Le pluriel quelcuns a été ušité au XVT s.: voir Huguet. C'était encore parfois la pronunciation au XVIľ s.: voir Brunot, Hist., t. IV, p. 700. Quelqu un au sing, comme representant (ci-dessus, a, 2°) appartcnait á ľusage classique : * Je lache de ľajuster sur quelqu'un de tous les airs que j 'at jamais sus (SĚV,, 12 sept, 1656). — Le peintre a voutu eiprimer quelqu'une de ses fantaisies (MoNTESQ., L. pers.. XCIX), 729 ľH!____________________LE PRONOM___________ [S 728 *"""* (Muiurr, dans Ronsard, éd. V., t I n 141) — - r v« ,„.„ i ,7 9 ,,, „„ , , . ' '■ *• P- '*'>■ f- es' une lot commune f Qui veut uuc tat ou tardje couře aprěs quelqu'une (Benserade, cil. Littré). La langue soignée emploie ,«/ répété dans tin sens disrributif, pour rcpartir les personnes d'un ensemble. D'ordinaire qui explicite m nom (pluncl ou collectif) [ou des noms] ou un pro-nom contenus dans la méme phrase (ef. § 365, <■. redondance par explication): Jtf vo,r j 265 c I .j _ Les cltenL, de ľhotel prenaient, QU & *£ qui A ^ * " ľ:0i:r^,om ******* m i° j*** ^ >< ■** ^ *« «-U 䣣 Parfois. selon un usage ancicn (rf, Hist.), g* es, suivi d'un verb, conjuguŕ et ne develop pa, un terme qui precede dans ,a phrase ; Qu, wc),,lJf J(H y,„„,üär, gL, J£ * J'tZ, PMt QW/eW <& boh, OM /o„rWf fc »«»* C«»«»!!)««. Cte noíts l I p 80) - o... Zť" 'íľ,T n' " P""OU- °" i/ü"-t ""ř äUbe,Se (PuĽRR"' «^ <*=• *ft*S« I I : p' IV:',■ ~ QĽI W UHe c™''- O" »» *a*« (Troyat, />■„„ fc íferfSfe p 48) & coZ Tpú qui re dévdopľpas un lemc qui précédc d3ns la p*™«:»<»"*»>*< m ÍZ L A ľ '"^ ° 'a/"Hi "ř™,e asi,ä,i°n' *»m:™'- ^ -""«"". 5 ««• fj QĽ1 ^™'" - ra''"'"""" 'K"-rfe/d í« ""»"- » tó «Ü (dans le Monde. JO juille, 1983, Remarques. - 1. [] m exceptíonnel que chacm des má représente une seule J *- - ^'-1JI j L mtvmCi!^ "' ™h°ls'QV! ľh™sé á la mue"e (PoLIRRAT' Ga^d<-'* u™«- 2. II est rare aussi que les qui soíent accompagnés d'appositions: ISZíZ m ca"""e; m ^"Ľc/e "n proJeí * "' (balzac- 3. Si rt est accompagné d'un syntagme conlenant un possessif. on peut avoir 1 umpossesstf ou le pluripossessif. selon les mémes regies qu'aprés chacun (5 719, a) : Reine de cene cour pteine de s„liicileUrs empresses autour delte. qui pour son livre Qm 'Z r,P'Z% ťšT W **"** qUÍ Pmlr "" ***** *"" "°"r W *»^P*« I-] ^ Z*S. F,lied£Ve. Pl„ i. rr, p. l33). - Laudiere gern*, en .ovaň,, dans ľenfer tou, ouvm S £* e' 9HJ f mŕrf' "" SA í««««tó« e, 0ui sa ^r (A. DAUwr. ie«m- & «. «. Cure de Cueugnan). JU fan que les qui e^plieitent un nom singuiier eollectiľ favorise le ehoi* de I untpossessif.] f«^TÄw*fl("LtUR ÍY""™"ť auŕ LEUR *****ffi"u:uR í,o,"r'"' (gaut,er' av'' Hl>t - guŕ... gd „ étaji déjá usúé au X\ľ s.; on trouvail aussi cui [ -á qui] em M ?«e (neutře) «M... « son ... soil... » : Chascuns a poim [ = éperonné] out c*««« Wi dmrier í 730] PRONOMS INDEFINIS 1109 {Couronnem de Louis. 1504), — Cot [ = á celui-ei] perce piz [ » poitrine], el cut mamelle. I Cut brise hroz. ei Cut chanote [ = clavicule] (Csirít. de Troyes, Perceval, éd. H., 2450-51). — Tam a [ ■= ií y a] Jiai« /ifímtí W ŕorí- [ = dans le bourgj de Saint-Omer. í Que due. que conre, que prince {Chevalerie Ogier. 81). — Ce type de construction, oů 1'on a au depart des pronoms rcla-tifs, est deja attestŕ en latin. Qui pouvait étre suivi d'un verbe : Qui porte hache, qui mapte, I Qui flaěl \ = ileau], qui baston d'espme {Renart. éd. R.h 654-655). — Qut casse le mwseau. QUI son rival ébtirgne, /Qui jette un pain, un plat, une assiette, un couieau. I Qui pour une rondache empoigne un escabeau (REgnier.. Sar.. XI). Sur qui... qui.... Vaugelas avail un avis peu favorable i « fort en usage, mais non pas parmy les excellens escrivailts » (p. 51). Les aulrcs grammairiens du XVtľ s. étaient panagés. Que... que... se rencontre encore parfois au XV11C s., spécialemeni dans que bien que mal : La wlalile malheureuse. / [...] / Demi-morte el demi-boiteuse. f Droit au logis s'en retourna. / QUE BIĽN QUE MAL eile arriva (La F., F.. LX, 2). — Cette locution a été remplacée par latit bien que mal. On a sans doute un souvenir dc La Fontaine dans ccs es. : Que bien, que mal. Athěnes voulait suivre Démosthěne (ClemencüaU. Démosthine. p. 32). — Les mots et les idées se cher-chenl et finissenl, QUE BiEN QUE mal. par se irouver (A. Secheiiaye, cit. SandfeltL t. 11. p. 103). Quiconque, pronom relatif nominal (ä 697), est aussi employe comtme pronom nominal índéfmi maseulin singulier signifiant «qui que cc soit, n "importe qui, personne ». Cet emploi, rare avant le XIX= s. (cf. Hist.), est re?u aujourd'hui par lc mcil-leur usage: Un valet de ľauberge [...] contenait la foule [...], ne laissant passer QUICONQUE qu 'il n 'eiit eraché au bassinet [ * payé le prift de sa place] (GautiEr, Cap. Fracasse, IX). — Defense abso-lue de parier á quiconque (A. Daudet, Port- Jar.. 111,3). — Aujourd'hui, Dumas fils uurait sun\ doute bien du talent, plus que quiconque (J. Renaro. Journal 31 oct. 1900). — La tnoindre nouvelle prenait toujours plus au děpourvu que QUICONQUE cet homme qui se croyait perpétuelle-ment prepare á toul (Proust, Rech., 1. I. p. 201), — II est impossible a quiconque de se procurer quoi que ce soit louchant cet ouvrage (DUHAMEL. Lettres au Patagon, p. 154). — La vieille [...] ne /hi adressail jamais la parole, non plus qua QUICONQUE (Gide, Symphonie past., p, 16). — Et eile défie quiconque parmi vous de se lever et de prétendre [...] (GlttAUDOUX, La guerre de Troie n aura pas lieu, 11, 12). — Comme it se produit chez QUICONQUE vivanl a ľéeari de la societě (LaCRETELLE, Bonifas, LX). — Qui d'entre nous accorde á QUICONQUE le droit de juger ? (Saint Exupérv, Pilote de guerre, p. 144.} — J'aurais du plus qua quiconque ne lui rien reveler du secret de cette lettre (MaURIAC, Pharisienne. p. 21). — tes « Francais libres » conser-vaient. vis-á-vis de quiconque, une fierté assez exclusive (DE Gaulle, Mém. de guerre. I. Ill, p. 43). — Cette repartition des rótes n 'itnplique aucune exclusive centre QUICONQUE (Ft. MITTERRAND, interviewe dans le Monde, 2 juillet 1981). Autits ex. I VlLL DE L'lSLE-A., Cantes cnieis. p. Mi ; P. HKRVitaj, Tenaillfs. I. 6; MlHBBAU, Dingo, IV ; APOLLIN., Antcd&tiques. p. 328 ; PÉGUY, Esprit tie systému, p. 147 : R. Rolland, Jean-Chr.. I. Vll. p. 143 ; CHÄ-TEADBRIANT. Sriěre. p. SI : JaMMES. M. le cure d'Ozrron, p. 40 ; Estaunie. Labyrinthe, p. 142 ; Clemenceau. Démostkěne. p. 99 : Madf.uk, Foch p. 214 ; MAimN du G„ J7i:fc., PI., I. II. p. 350. L. Daudet. Stupide XIX* s.. p. 200 ; G. LECOHTE, Le man saisií le vif. p. 255 ; VI a ft m ain. Question de conscience, p. 65 : MOfTTHERL., Malo-testa. I. 7 ■ Ch. DU Bus, Dialogue aver .4. Gide. p. 47 ; Gaxqtte, Frederic II. p. 99 ; Morand. Papiers ďidentiíé. p. 23 ; Daniel-Rops, Années tournante!, p. 213 ; ThÉRTVE, dans le Temps. 13 avril 1939 j BÉRAUD. Bois du Tem-piier pefidu, p. 27 ; Henhiot, Temps innocents, p. 33 ; Hi M)A, Exercice d'un enierré vif, p. 162 ; Bernanos, Enfants humilies. P1.T p. 778 : LÉAUTAUD, Propos d'un jour. p. 95 ;CaRCO. Morsure. p. 33 : HENRt-ROBfcÄT, Avo-cat. p. 43 : Sartre, Reflexions sur to question juive. p. 162 ; Genevoix. Aflique blanche. Afriqxe noire, p. 38 ■ Farrere, Onziime heure, p. Si ; JouKANDEau, Etsai sur moi-méme. p. 194 : J.-J. Gautte», Hist, d un fait divers. p. 86 ; Salacrou. Dieu le saval!.' p. 48; M. Boegner, Exigence a-cuménique, p. 197; Troyat. Satynia. p. 235 ; Pagnol, Gloire de man pere, p. 106 ; P. Emmanuel, dans [c Figaro. 2 avril 1971 ; VERCORS, Silence de ta mer et autres récits. p. 123 . CESRRON, Sauveraine. p. 73 : OítAĽQ. Au chateau d Argot, PI., p. 72 ; H. Bazin. Qui f ose aimer. XVIII ; BeauvoiR. Deujiěme sexe. I. t, p. 177; PlEYRE DE MandiaROUES. Point oij'en suis. p. 15 ; J, La-Can, Emits L p. 213 i Frossaid. Exmsez-mai d'etre Franc, p. 44; elc. 1110 LE PRONOM [S 730 Hist — Sur l'originc de quiconque. voir 8 697, Hist. — Selon Wartburg (t, II, p, 1464), ľem-ploi de quiconque comme pranom indéfmi est älteste une premiére fois au XVC s., dans les Quinze joyes de manage, puis á partir de 1793. Cette indication est ermnée : dans les Quinze joyes, qui-conques est un pronom relatif (voir ľéd, Rychner, p. 19). Litlré cite Bourdaloue (sans Faire de reserves) : ft >■ en a qui se lahsent tellement älter á une envie de railler de toutes choses el de íjuiConque, qu'ils le font sans ménagement et suns égard. — Voir aussi dans Brunot, Hist.. t, VI, p. 166í, un ex. de 1770, lire d'un edit. Remarques. — 1. Si quiconque comme pro n on i indéfini nominal appartient au bon usage, il n'est pas correct de le faire suivre de qui: "QUICONQUE de vous QUI restera en arriére sera regardé comme traitre. 11 faut employer ict quiconque comme pronom relatif (§ 697): Quiconque de vous restera... 2. °Un quiconque au lieu de quiconque reflěte-t-il un usage de l'Ouest ? Tu n aimes point qu "UN QUICONQUE se léve sur ton horizon (CháTEaijbwant, Briěre. I), — Comp, un chacun au § 721, a ; °un queiqu'un au § 728, b. 2Ů, Rem. 2. 731 Rien est un pronom nominal s'appliquant aux choses ; les mots qui s'ac- cordent avec lui sont du masculin singulier (genre et nombre indiiTérenciés representant le neutře en fr.). Bibl. — R. Martin, Le mot t rien » et ses concurrents en franca'ts. P., Klincksieck, 1966. a) Conformément á son origine (cf. Hist.), rien s'emploie encore avec un sens positif, « quelque chose », dans des conditions particuliěres qui valent aussi pour d'autres auxiliaires de la negation (§ 981) : Ne va pas I 'aviser de RIEN changer á ton costume (Viony, Serv. el gr. mil, II, 7). — Vous me désobligeriez si vous touchlez á rien (Herman, Rival inconnu. XVIII). — Je vous rends responsable si RIEN s'ebrulte dans la presse (BarrÉS, Au service de ľ Allem,, p. 189), — íl m'était interdit d'y RIEN prendre (France, Livre de mon ami. p, 43), — La bonne vieilte est loin de rien soupconner (GREEN, Journal, 14 aoflt 1934). — // nest plus temps de nous rien cacher (EstaU-NIE, Appel de la raute, p. 289). — Croyez-vous qu'on ěerive jamais RIEN de deßnitif? (BEAU VOIR, Mandarins, p. 107.) b) Le plus souvent, rien s'emploie dans un contexte explicite ment néga-tif, soil sous la dependence de sans ou sans que, — soit comme auxiltaire de ľadverbe ne : ŕ/n komme de mon áge ne doit pas vivre SANS WEN faire (Dumas fils. Question d'argent. III. 1). — [...] se consacra děs lors eníiěremení á ses travaux, SANS QUE RIEN vfnt troubler sa stu-dieuse retraite (L. de BROOLIE, Savants et découvertes. p. 98), Qui NE risque RIEN N'a RIEN (prov.). — RiEN NE me verra plus, je NE verrat plus rien {Hugo. Lég., II, I). — Comme si de RIEN tťétail: § 244, g. — Ťi'élre RIEN á .... n'étre de RIEN á: f 244,/ — II ne disait trop RIEN (ou ... °WEN trop): § 954, d, 1°. c) Plus souvent encore que d'autres auxiliaires de la negation (§ 982), rien a pris par contagion le sens négatif (« nulle chose ») de ľadverbe ne qu'il accompagne ďordinaire : Dreií a créé le monde de rien (Ac). — Ce que vous dites et rien c 'est la mime chose (AC.) — Que vous a coůlé cela ? Rien (Ac). — Voilá deux matinees que je passe á men faire (MÜSSET, Prem. paés,, Trois pierces sur la dune). — Inattentifa lout el attentifd rien (HUGO, Quatre-vingt-tr.. I, rv, 7). — Je me retire de longues heures, derange par rien, caime, insoucieux de lavenir (GlDE, Journal. 27 aofll 1938). — Le passe est réduit á RIEN (CAMUS, Été. p. 33). í 731] PRONOMS INDÉFIN1S 1111 De rien est une locution-phrase qui, dans la languc parlée familiere, signifie «C'est sans importance » : Excuse: mon indiscretion, dil Ětienne. / — De RIEN, de RIEN./7r Pierre (Queneau, Chiendent. F°. p. 191). A cause de cetle evolution, avec rien et sans rien (cf. a) sont devenus synonymes : Kiki a dil ators qu'il ne vomit pas dinconvěnienis á ce que je jene tous mes vetemenis par la fenetre. II a dit qu AVEC rien sur moi je serais mervellleuse (GiraudOUX, adaptation de i M. Kennedy et B. Dean, Tessa. I, I, 8). — Elte a dil que Jacob avail dil qu eile était blen mieux quand eile ětalt sans RUN sur eile (ib.. I. t. 13). — Autres ex. d'avec rien (qui a été critique): Baudel., Peius poémes en pr., XXXV ; BarrĚS, Dérac. p. 126 ; Bordeaux, Croisée des chemins. p. 243. Un résultat de ce glissement de sens est que rien mot négatif peut ětre nié par ne... pas-' Ce nest pas rien". Les deux negations s'annulent : «C'est quelque chose ». On a critique cet emploi, mais il est entré dans ľusage general : * Rien ne se fait de rien », disent-lls ; mais la souveraine puissance de Dieu n 'est pas wen (JOUBERT, Pens., cit. Robert, s.v. rien. I, B, 6). - Elle [ = la nature] n 'est pas toul. el nous ne sommes pas WEN (BRUNET1ĚRE. Évol. de la poesie lyrlque. I. n, p. 135). - Celte indépendance ne me coule pas RIEN {J. Renard, Journal. 31 janv. 1898). - Je n'ai pas RIEN qu unefacon de m exprimer (Gide, Journal, t. 1, p. 610). t = J'ai plusicurs ...1 - Ce petit cercle qui ne se croyatt pas RIEN el qui n était PAS rien {J. et J. ThaRAUD, Notre eher Péguy. t. 1. p. 92). — Ce que je t'apporte aussi nest Pas RIEN ! {CLAUDEL, Portage de midi. p. 103.) — La consolation [pour de Gaulle], ce n est pas la lombe de sa fille (qui n 'est pas rien, puisqu 'it m 'a dit « Je serai enterre avec Anne») (MaLRaux, dans le Figaro. 26 févr. 1971). - La formule Ce (ou cela) n'est pas rien esi part iculiére ment fréquentc ! Hermant Grands bourgeois. VI ; Mabtin DO G.. Thib.. PI , t. I, p. 1359 ; DuSAHEL. Mäítre,. p. 301 ; Brn-mono Pour le RoMMthme. p. 231 : SUunors. Cercle de fwille. p. 2S1 ; Thtbaudei. HU*, de I- tiit.fr. de 17gv á n„Sj,>urs p 162 : Mauium-, Sngoui„. p SI i MoWHERL., Jeuws filles, p. 239; BlttSANOS, Journal dun cure de camp. PL, p. 1223 i Daniel-Rops, Hi«, de ttglhe, 0™d sirck d<* toes, p. 150; P.-H. Simon, dans 1c Monde, selection heMom., 7-13 sepL 1967 ; Bastkes, Mythologies, p. 245 : etc. Hisl. — L Rien vient du lat. rem. accusatif de res « chose ». (Le nominatif res a laissé quelques rares traces en anc. fr.: cf, A. Henry, dans Romania. 1971, pp. 388-391.) Rien s'est employe comme nom feminin signifiant « chose » jusqu'i la fin du XV1= s.: Amor vein! I - vainc] tute rien 'Proverbes franc.. 89, éd Morawski). — Car a nule rien je n 'etttens {Rose. 586). — Pour vous faire croire quit vous aime sur toutes kens (Salyre Ménippée, Harangue du cardinal de Pelvé). Dés le Xlľ s„ il se construisait aussi avec ne. — Ä partir du XIVC s., on le trouve dans les textes avec un sens négatif: Ay longuement séjoumé á RSENSfaire ä grands despens [ = frais] (Jean le BEL, cit. Martin, p. 277). — Les aucuns [,..] eurete du gagnage [ = Certains eurent du gain] bien et largement. les autres ung peu et les autres wens (Jean de HaYNIN, Mémoires. cd, Brouwers, p. 81). — Ex, classiques : J'y vendrai ma chemise, et je veux RIEN ou taut (Rac. Plaid., I, 7). — Et camptez-vous pour RIEN Dieii qui combat pour nous ? (Id., Ath.. I, 2.) — Passer tranquillement. Sanssouci, sans affaire, / La nuit á bien dormir, et le jour á rien faire (Bon... Sol.. II). — Tous tes esclaves sont oceupés á garder nos femmes et ä REN de plus {Montesq., L. pers.. CXV). 2. Ne ... rien a eu le sens de ne ... pas depuis ľane. fr. jusqu'au XVIľ s.: Jay si grant deslr d'y venir I Que ľaler ne m 'est RIENS grevable [ = désagréable] (Gréban, Passion. 29454). [Avec Vs dil adverbial: § 923.] — Cet emploi subsiste en Suisse et en Franche-Comté : El force-mot cefeu, ca ne chauffe rien du tout ce matin >. (B, Clavel, Saison des hups. p. 14.) Pour RlEN ne sert de, voir g 278, Hisl, 3. 21. Ä distinguer du cas oú les deux negations torment redundance: Ce n est pas nen " ce n est rien. Cf, 5 979, 6, HisL 1112 LE PRONOM [5 732 732 Observations parti c u Neres sur rien. a) Sur la construction de ľépithéte (rien ďautre. rien autre), voir g 352, b; — sur rien autre chose, voir ib., Rem. 2 ; — sur rien de plus, etc., voir ib.. Rem. 3 ; — sur rien (de) moins que, voir ib.. Rem. 4. b) Sur la place de rien objet direct, voir g 295, d. c) Rien négatif est renforcé dans diverses formules, certaines hyperboliques : Absolutnem rien. Rien du tout (qui s'emploie aussi comme nom: cf. e, ci-dessous). — Ilfau-dra děs demain lui faire tin trousseau, dit Sylvie, eile n'a Wen DE RIEN (Balzac, Pierrette, V). — Les trouvailles de ces louslks son! ordinairement TROIS FOIS WEN (HERMANT. Ainsi paria M Lancelot, p, 41). Rien s'emploie souvenl par exagération pour «peu de chose»: It a eu cette maison, ce domain? pour RIEN (Ac). — // ne m'a donne que cent francs, [...] c'est moins que WEN (Ac). Aussi pour d peu de temps -a: It a mange son bien en moins de RIEN (Ac s.v. moins). d) Autres valeurs de rien. 1° Le pronom mdéfini a été renominalisé au masculin, dans le sens « chose de peu d'importance » ; ce nom varie au piuriel : // dit lautes sortes de WENS (DUHAMEL, Civilisation, p. 244). Les syntagmes rien du tout el rien qui vaille ont été aussi nominajisés (le second est vieilli) dans le sens « chose ou personne satis importance ». Ces noms ne varieni pas au piuriel: Les enfants en tneurenl quelquefois de ces petit! RIEN du tout qui leur manquent (A. Da u OTT. Evangeliste, p. 37). — Des revenants, [...] desfantames, des Rien du TOUT (IoneSCo, Chaises, p. 165). — Ex. á ne pas im i [er : [...jfaul-il qu II traile Racine et Shakespeare de RIENS du tout (MONTHER-LANT, Carnels. eile par Aristide, dans lc Figaro. 14 juillet 1973). — Comme des pleutres ou des RtENS qui VAiLLENT (J. Sandeau, Roche ai« mouettes, XIII). Rien du tout applique ä une femme est feminin : Ei pour quoi ? reprenait Denise, pour une rien du tout (Zola. Au Bonheur des Dames, VTII). — Cf, § 4SI, a. 2° Rien adverbc : «nullement » : cf. § 731, Hist. 2 ; — « trés » en fr. pop. pari-sien, voir § 954, / — Rien que « seulement » : § 982, b. 733 Niant comme pronom nominal n'a plus que des emplois timités. Les principaux sont la locution réduire á niant el něant comme mot-phrase négalif, sunout du langBge administratif: Signes particuliers : Něant. Hist. — De ľane. fr. nient (var. neieni, elc), lui-měme du lat. vulg. "ne geniem (de gens «peuple») : Jo n'enferai nient (Rol., 787). II a été evince par rien. — Avec ne, il servait aussi ďadverbe comme pas aujourďhui : Jo ne vus aim Nient {Rol.. 307). Cel emploi subsiste en wal-ion et en pieard, sous des formes diverses, le plus souvenl nin [n£], Asseŕ curieusemenl, on entend ces fonnes dans le fr. regional de Belgique chez des locutcurs qui ne parlent plus le dialecte, ou plutôt qui ne garden! du dialecte que cette negation, qu'ils ulilisent conseiemment. 734 Autre chose, grand-chose, quelque chose, peu de chose servent de pro-noms nominaux, dans lesquels chose a perdu sa valeur et son genre de nom. Les mots qui s'accordent avec ces locutions se mettent au masculin singulier (genre et nombre indifférencics ä valeur de neutře) [voir cependant a, Rem.: c, Rem. 1 ; d, Rem.]. Sur la construction de ľépithéte (quelque chose de beau), voir % 352, b. 8 73*1________________PRONOMS INDÉFINIS______________1113 a) Autre chose: AUTRE CHOSE allalt suivre (Green, Chaque komme dans sa nuit, p. 339), — Le trouble, lei, vient (/'autre chose, que nous avons dit (LE BlDOIs, § I226). — Comme substitut d'un adjeclif (fam.): Je peia faire des étapes comme aujourďhui. a la file, sans itre autre chose quefatiguie (GtONO, Bussard sur le toil, PL, p. 502). — Sur rien autre chase, voir § 352, b. Rem. 2. Attribut répélé en těte de sous-phrases coordonnées (la seconde elanl souvent averbale): AUTRE chose est en ejfet une simple variation de grandeur. AUTRE CHOSE un changement de forme (BerGSOn, Evolution créatrice, p. 84). — Autre CHOSE est la culture, autre chose la con-duite de la vie (M, BRION. Laurent le Magnifique. p. 144). Remarque. — Chose garde sa valeur de nom feminin dans des phrases telies que les suivantes: Touté autre chose me plairait mleux. Quelle autre chose děslrei-vous encore ? II n'est pas frequent de trouvcr autre chose sans determinant trade comme s1 i! contenaii le nom chose : H y avail autre CHOSE — pita grave, plus BlESSaNtE — que je devinais [...] et qui autorisait tous les espoirs (M, Tournier, Météores, p. 341). b) Grand-chose « beaucoup » s'emploie le plus souvent avec une negation explicite, ne, sans ou sans que : Ni vous ni moi ne ennnaissons GRANP'CHOSE de la guerre (MaI.RAUX, Espoir, p. 105). — // n'a jamais fait grand-chose de hon — I! faul étre de son temps, aimait-i! á dire, sans que cela ľengageát ä orand-chose (Aragon, Voyageurs de ľimpériale. I, 4). La negation peul aussi Eire pas (cf. § 972): Je me suis beaucoup agile pour pas grand-CHOSE (Gli)E, Ecole des femmes, M.L.F., p. 76). — Et, alors que grand-chose ne peut pas číre sujet (sauf sujet reel d'un verbe impersonnell, pas grand-chose. comme peu de chose, peul jouer ce role : // se peut que dici ä 1972 pas grand-chose ne soil change pour les habitants d Okinawa (dans {'Express, cit. Gaatone, ouvrage cite avanl le § 970, p. 198). — Cf, Rem. ci-dessous. Grand-chose se trouve parľois dans des phrases de forme positive, ľidée implicite étani negative : Cela veut-il dire GRAND-CHOSE 7 ( - Cela ne veut pas dire grand-chose.) — Vramtnt it sem-blait que j 'eusse lá du měrlte et que ce que je supprimais füt granti-chose ! (Gide, Porte etr., Journal d'Alissa. 4 juillet.) — En revanche, grand-chose purement positif est un archaisme rare : Elks nesout rien et paraissent CRANU'cHOSE (A, SUARĚS, Sur la vie, t. II. p. 159). — Cest dějů GRAND-CHOSE (PONCE, cit. Rob.). Sur "ríetf grand-chose, voir § 352, b. Rem. 2. Hist. — Grand'chose positif á ľépoque classique : Je voudrois, m 'en eoúíasí-it GRand'chose, ' Pour la beauté du Fait, avoir perdu ma Cause (Mol,, Mis., I, I). — Cest en 1932 que I'Acad, a remplacé grand'chose par grand-chose (cf. § 529, Rem. 2. Hisl.), mais 1'an-cienne forme se renconlre encore, měme sous la plume de philologues (FaRAL, dans Romania. L9S3, p. 110; Lecoy. ib.. 1974, p. 428 ; etc.) Remarque. - La langue familicrc emploie pas grand-chose comme nom invariable, aux deux genres, pour designer quclqu'un que ľon méprisc : Pour leur mettre le pied sur la gorge, á toutes ces PAS GRAND'CHOSE (Zola, Bonheur des D.. VI). — Depuis qu 'il avail eu le matheur de tuer une nuit, d'un coup de poing. un pas grand chose (CouRtělinE, Boubouroche, III). — De la voir acheter des choux au petit Martin, un sale coco, un PAS GRANU'CHOSE, i! en avait recu un coup dans lestomac (France, Crainquebilie, p. 53). — C'itait bien une pas grand-Chosp (Hlnriot, Livre de mon pere, p. 240). c) Quelque chose: QUEUjut CHOSE a gěmi dans ton caur (MÜSSET, Pais. nouv.. Nuit de mai). — QUELgUE chose de mystérieicc se présentait tout naUirellement ä mon esprit (BarréS, Grande pitié des égl. de Fr., p. 33Q). — Pour bien juger de QUEl.íjUE CHOSE il/aut s 'en eloigner un peu, aprcs 1 'avoir aimé (Gide, Journal, 27 mars 1924). — Par euphémismc : 5 il m arrivait QUELQUE CHOSE ( - un malheur, sunout la mott). HU LE PRONOM [§ 734 Quelque chose, attribul, au sens de « personnage ou chose considerables * ' fous serez QUELQUE CHOSE dans le monde [..,] quand vous serez porte par deux ou trois salons (STENDHAL, Vie de li. Brulard. XL). — [Comp, quelqu'un au § 728,*. 1".] — Une somme pareille, c 'est quelque chose (Dier. contemp, avec la meniion peu justifiee « pop. »), Remarques. — 1. Chose garde sa valeur de nom feminin dans des phrases comme les suivantes: C 'est assommant. quetque chose insignifiante qu 'on fasse, de penser que des veux vous voient (Proust, Rech., t. I, p. 151). — H y a toujours [...] quelque chose urgente qui doit ětre PATTE (MaurOIS, Art de vivre. p. 118). Dans ies ex. suivants, comme au XV!ľ s. (cf. Hist.), quetque chose, quoique pou-vant étre considéré comme pronominal, est traité en feminin : Quelque chase ne m'esr pas SOUM1SE (Claudel, Těle d'or. 2' version, p. 340). — On ne peut agrandir quelque chose guELLE ne se transform« bienlôt jusque dans sa qualité (Vai.ÉRY, Regards sur le monde actuel, p. 173). — Quelque chose de plus intime que la vie měme était comme SUSpendľe en lui (Bernanos, Sous le soteil de Satan, PL, p. 142). — Quelque chose qui se děroule mains qu ELLE ne s'arrache (PoNGE, Rage de lexpression. Poesie, p. 197). — On prit f habitude [...] de se sacrifter pour quelque those doni on ne sarait rien. sinon qu'il fallait mourir pour qu ELLE soil (Camus, Homme revoltě, PL. p. 572). — Chaque mur de brique vous rappellera quetque parole de Cecile, quelque chose que vous uvez LUE ou apprise pour pouvoir lui en faire part (BlrrOR, Modification, 10/18, p. 87). — Ce qui s'est passe dans la chambre ne s'est pas arrété. Quelque chose ne s est pas INTERROMPUE. Une douteur á laquelie je veitie (H. ClXOUS, Angst, p. 151). Hist. -- Au Moyen Age, chose gardait, dans cetle expression, son genre étymologique. MOL. écril encore : Cela n esl-it pas merwilleux [...] que j'aye quetque chose dans ta teste qui [...] fail de mon corps tout ce gu'ELLE veul ? (D. Juan, III. 1.) Et měme MONTRSQ, : * Si je savais quelque chose qui me fit utile, et qui fit prějudiciabie á ma famille, je LA rejetterais de man esprit {Mes pensées, 11). — Vaugetas (pp. 220 c! *464 suiv.). tout en admettant que l'oreille demande parfois qu'on donnc un adjectif fern, ä quelque chose, estimail qu'il était « beaucoup plus frequent, plus Francois, et plus beau » de lui donner un adjectif masc. 2. Quetque chose est transformé en nom masculin quand il est precede d'un determinant : Ce quelque chose de gai. de rieur, qui frappait en eile des l'abord (Martin du G, Thib.. PL, t. I, p. 910). — Avec l'adjectif petit (film.): Je ferai ce que je dois, et měme un petit quelque CHOSE en plus (Mallet-Joris, Mensonges, p. 120). d) Peu de chose: Le talent sans génie est PEU DE CHOSE. Le génie sans talent n'est rien (VaLÉRY, Melange. PL, p. 375). Remarque. — Dans eel ex., peu de chose est traité comme un feminin : II vous [á Diderot) restera tout court le litre de /"Encyclopedic, le litre, pas la doctrine, que vous ne pauvez guére reprendre a votre compte. Peu de chose el bien refroidie (Barres, Maitres. p. 179). 735 Tel72 marque une identification volontairement imprecise. a) Comme nominal, á propos de personnes, r Dans les expressions tel ou tel, tel el let (plus rare) pour des personnes qu'on ne veut pas designer plus précisément {synonymes : X ou ľ). 22. Stir tel comme determinant et comme adjectif, voir §ä 619-620. i 735) PRONOMS INDEFIN1S 1115 Je sais bien que tel ou tel est avore (H. de RÉGNIER. Bon plaisir. p. 213), — Je ne m oc-cvpe pas de savoir ce que penseront de ceci tels ou tels (BernáNOS, Essais et ěcrits de combat. t. I, p. 1069). — On comptait parmi Ies coupables tels ET TEW (Ac., s.v. compter). — Si je n'avais pour amis tel et tel (BouROET. Physiol, de l'amour moderne. XXII). — Au fem. s'il s'agit de femmes : Celieš [= les faveurs] que je n'avais pu obtenir ď Albertině, je les espěrais [...] de TELLE OU TEI.LĚ qui m'avait quitté le soir en me disant un mot. en me jetanl un regard ambigus (PROUST, Rech., t. 1, p. 944). — Vn cercle se forme aulour de moi. landis que je picore TEL OU TELLE (P. GuTH, dans le Figaro lilt., 7 juillet 1951). 2° Devant une proposition relative, dans des proverbes ou des vérités generates, oů Ton pourrait traduire Tel qui (au singulier) par Celui qui ou II y en a qui: Tel fiance qui n'épouse pas (piov). — Teu aujourd'hui. qui commande impuněment un diner de six louis pour lui seut dans un restaurant de Paris eúl ěíě jugé par eux [ = des moralistes grecs] aussi coupable [...] que TEL autre QUI donnerait en pietne rue un rendez-vous trop intime (Louis, Aphrodite. Préf.). [Comp, b, 1°.] Appliqué ä un cas pärticulier : Et iel qui sc croyait détesté de moi n 'en revenait pas de se voir saiué avec un grand sourire (Camus, Chute, p. 60). — Comp, un iel ci-dessous, c), Hist. — Comme pranom neutře, tel est un archaisme : Pour s 'entendre, U n 'est TEL que de s 'aimer (FRANCE, Pierre Noziěre, I, 5). Cf. Wartburg, L Xlli, 1 ™ partie, p. 55. Usage normal i // n 'est rien de tel. — Autre cas, non prevu par Wartburg : [Des paysans ä Rousseau, qui herborise :] Cest telte chose, cela serf á TIL (Bern, de Saint-P.. Vie el ouvrages de J.-J. Rouss., p. 165), b) Tel comme representant ä propos de personnes ou de choses, dans la langue ecrite. ľ Tel... let autre (ou un autre) .,., s'emploie ďune maniere distributive, comme Celui-ci... celui-lä ... ou L 'un ... l'autre ... : On trouve en moyenne 24 reiigieuses par maison de femmes. Telle, á Saint-Flour, éléve cin-quante pensionnaires . une autre, á Beaulieu, instruit cent externes : une autre [...] (Taine, Orig. de la Fr. contemp., I. 111, p, 260). — Ptusieurs [dames] [...] soupcormaíetit que son avenlure avec M. Roux n 'etair pas tout á fait innocente ; quetques-unes le disaient. Telle / 'en blámait, TELLE autre len excusait; TELLE autre enfm ľen approuvait (FRANCE, Amieau ďaméthysle. p. 9). — Onze sections '. [...] TELLE conceme la geographic el la navigation, TELLE autre lanatomie et la zoologie (Duhamel, Manuel du prolestataire, p. 112). — Sur tous Ies meubles etaient poses d'ex-traordinaires petits personnages [,..]. Tels étaient hěnéjiques, tels auires malěfiques (Malraux, Noyers de i'Altenburg, p. 76). Comme nominal, ä propos de personnes : Dans la měme seance oú VAssembiěe děcréta 1'abo-lition de la Noblesse, eile avail recu une deputation ětrange qui se disait celle des deputes du genre kumain. [.,.] Tusfurent émus, d'autres riaienl (MlCHELET, Hist, de la Révol. fr.. Ill, 12). 2" Devant un syntagme nominal introdutt par de, avec le meme sens que un (au singulier), certains (au piuriel): Sa rohe de dessus était de mousseline de Siam brodée en or passé. grand luxe, car TELLE de ces robes de mousseline valail alors six cents ecus (HUGO, H qui rit, [I, 111, 7). — En dormant j'avais [...} retrouvě TELLE de mes terreurs enfanttnes comme celle que man grand-oncle me tirůt par mes boucles (Proust, Rech., t I, p. 4). — A diverses époaues. tels d'enire eux [ - Ies noms propres] sont refaits [...] sur un móděte plus ancien (Dauzat, cit. Sandfeld, I. I, § 237), Tel ou let se constmit de méme, mais peul aussi representer un nom qui precede ! L 'irritation que tels ou TELS de leurs actes lui causaiem (Proust, Rech., t. Ill, p. 578), — A plusieurs reprises une phrase. TELLE ou TELLE, de la Sonate revenait. mais chaque fois changée (ib., p. 259). 1116 LE PRONOM [S 735 c) Un tel s'emploie á la place ďun nom propre, lorsqu'on ne veut ou ne peut nommer la personne plus précisément : En ľan 1600 ou en ľan Í5Q0, un TEL, de tel village, a báti celte maison pour y vivre avec UNE telle son épouse (Lan, Ramuntiho, p. 163). On čeril aussi Un Tel ou Un tel ou un Tel. avec une ou des majuscules ; unlet ou Untel en un mol: Madame Une Telu- s 'est levée et a dít [...] (Green, Journal, 3D mars 1943). — lis me donnaient des nouveiles de Untel (Houoron, Anti-jeu. p. 119), — Le probléme ne se prěsentaii ä lui que sous une forme théorique. Tel homme a éié tué dans telies et telies conditions. Untei. et Untel som suspects (Simenon, Maigret á New-York. p. 147). — Tu as lair drôle. Untel, lui dit-elle. / [...] / Oui. Unetelle, je me sens drôte, fit-il (Queneau, Chiendent, p. 19). Á propos d'une femme. on dit une telle : ci-dessus ex. de Loti, Green, Qucneau. Parfois un tel aprés un litre : Mademoiselle le Dr. UN TEL (B.RUNOT, Pensee, p. 90). — Je suis Mademoiselle Unlet (M.-Th. Humbert, Ä lautre bout de mot, p. 158). Au pluriel, un tel reste invariable, comme les noms de families : Tímm,. les UN tel (A, Daudet, Immortel, VI). — Chez les UN Tel (Proust, Rech., L I, p. 515). Un lei s'emploie parfois de maniere distributive, comme tel (cf. b. I"): Un tel neglige le bain rituei, tel autre n 'est pas exact á ta priére (J. et J. Tharaud, cit. Sandfeld). Hist, — Un tet étail dejá employe pour suppléer un nom propre au XVIIC s.: Madame une Telle (Mol., Mi. III, 5). — Mais tel seul suffisaii: *TEL vient de mourír á Paris de lafiivre qu'il a gagnée á veiller sa femme, qu'íl n'uimait point (La Br., XI, 64). — Avec un titre, tel était encore ušité au XIX' s., mais surtoul dans les expressions tel ou tel, tel et tel (comp. o. T): De vieux révolulionnaires ne marchenl plus qu 'avec une ěpithěte comme les dieux d 'Homere : c'est toujours le respectable Monsieur tel, e'est loujours {'inflexible citoyen tel (Chat,, Mém.. Ill, IL vi, 15). — Si jéiais madame la duchesse telle ou telle (Dumasfits. Dame aux cam., XV)- — Les ceuvres de messieurs TELS Ou TELS (Gautier, Jean et Jeannette. XIX) — Messieurs TELS ET TELS (HUGO, Nap.-le-Petit, V, 9). 736 Tout Sibl. — Voir § 615. Sur la prononciation au Quebec, voir J 615, Note. a) Tout [tu] masculin singulier á valeur de neutře s'emploie comme nominal au sens de « toutes les choses » : Vous mesurez TOUT á voire loise (VlGNTf, Cha«.. I, 2). — TOUT est bien quiflnit bien (prov.). — Tout vient á point á qui salt attendre'pto\.)[cf. S 1058, a, 2", Rem.]. — D un homme pareil. on peut s 'attendre á tout. — Une bonne á tout faire. La langue littéraire emploie parfois tout pour des personnes (« toul le monde »): Tout avail fui, měme les médecins (CHAT., Mém., IV, I, 15), — Qu'on m'ouvre bien vite. ou je ferai TOUT pendre(A\. DUMAS, Reine Margot, XXXV). — Les femmes en sabots cirés, les paysans en blouse neuve, les pelits enfants qui sautillaient nu-lěte devanl esa, TOUT rentrail Chez soi (Flaub., M™ Bov., 1, 9). — [Ctt emploi aujourd'hui assez rare, était couraní jadis : Tués TOUT! Tués TOUT ! (Froiss.. Chron., S.H.F., t. IX, p. 43). — Femmes, Maine, vieillards, TOUT estoit descendu (La F., F., VII, 8).] Sitr la place de tout objet direct, voir fi 295, d. Rem. 1, Tout s'emploie souvent pour annoncer ou rappeler un ensemble explicite, au moins partiellc-ment, apres ou avant: TOUT tournaii autour d 'eux, ies lampes, les meubtes. les lambris, el le parquet (Flaub., M"' Bov., I, 8). — Les citernes. ies bassins. Ies viviers, TOUT étail infecté (A. Daudet, Lettres de m. m., p. 242). — Sur les problém es ď accord, voir § 439, c, 2°. Tout entre dans tin grand nombre de formules figéea et de locutions : envers et contre tout {§ 1012bis, Hist.), ii tout prendre, avant tout, aprés tout, malgré tout, comme tout (qui marque le haul degré: fj 954, n), etc, — 11 est agglutiné dans partout, sunout § 736] PRONOMS INDÉFINIS 1117 Sur et tout equivalent de etc.. cf. § 220. a, 6°. — Sur lout suppléant universel, voir ib., b, 3° ; par ex. avec la fonction d'un adjectiľ: // est tout, sauj intelligent. b) Au pluriel, tous [tus] peut ětre nominal ou representant. 1* Comme nominal, il designe des personnes (la totalite, soit du genre humain, soil ďune collectivité particuliére) : Jěsus-Christ est mori pour le salut de TOUS (At). — Donnez á TOUS. Peul-étre un jour TOUS vous rendront I (HUGO, Ch. du crép.. XV.) — Le tumulte s apaisaii [sur un bateau] ; tous avaieni pris leur place (Flaub., Educ, I, 1). Comme objet direct, seulemcnl pour marquer des oppositions : Jaime tous et n accuse aucun {Verl., Sog.. I, 2). — Tous les connaissent et its connaissent tous (S.-Beuve, Mes poisons, p. v). [Formule analogue : R. Rolland, Áme enchantěe. t. II, p. 343.] — Mais aimer toul au monde, aimer TOUS, quelle vocation inconfortable '. (F. Desonay, Roman fr. ďaiijourďhui. p. 104.) Tous se met au feminin (toutes) s'il s'agit exclusivement de femmes ; Eile [ = Aphrodite] le iransforma en un beau jeune homme qui plairait á toutes (Henrjot, dans le Monde. 4 avril 1956). — Toutes est coordonné á íoiu quand on veut specifier qu'il s'agit aussi bien des femmes que des hommes : M. Gaston Defferre qui serre Ies mains de toutes et de tous {ib.. 11 mars 1983, p. H). Comme tout (a ci-dessus), tous peui annoncer ou rappeler des termes qui I'expticitem apres ou avant : TOUS, Ies hommes et les femmes ... — Les hommes el les femmes, TOUS ... 2° Comme representant, torn conceme des choses aussi bien que des personnes. et il prend le genre du nom ou du pronom représentés : Son cavr battail vite sous ľétreinte de ses espérances. Toutes étaient mortes. maintenant! (Flaub., Éduc. I, 5.) — // ful fétě par ses concitoyens. TOUS vinrent au-devant de lui (AC). Tous, toutes s'emploient en particulier par redundance (§ 365, c) pour expliciter ľextension d'un nom ou d'un pronom : Je crois que I odeur des cerises Ies avail rouš un peu grisés (A. Daudet, Leitres de m. m., p. 146). — Les joumées se passěrent toutes ainsi (AC). — Autres ex. au § 615, i. 2", Rem. Dans ce dernier emploi, certains grammairiens voient tous adjectif. Mais la prononciation [tus] et la comparison avec chacun (qui n'est que pronom : § 718, c) conlredisent certe opinion Hist. — 'trnout. Torrnc renforcée de tout (avec ties), qui a appartcnu jusqu'au XV F s. a la langue generale, aussi bien comme determinant que comme pronom ou comme adverbe, cl qui subsiste dans les dialectes de presque loul le domaine d'oll, n'est guŕre attesté dans des tejttes écríts, depuis le XVIľ s., que pour représenter le parier paysan : La F., Je vous prends sans verd. XIV; Mariv., Mere confidente. 11. I ; Sanu. Fet. Fadette. XL ; CLAUDEL, Ann. faite á M., U, I ; VlNCENOT, Pape des escargots, p. 189 (tertous). C'est sans doute par plaisantcne ou pour imi-ter la langue de Montaigne que Mmc du DeffaNd écrivait ä Voltaire en 1759 : * Savez-vous I'en-vie au'elle [ = votre lettre] m'a donněe? c'est de jeter au feu tous tes volumes de philosophic, excepté Montaigne, qui est le pere á tretols (dans E, Ritter, Quatre diel, jranc.. p. 230), — La forme masculine á valeur de neutře est dans RaMUZ : Je repris : / — Comme ca. tout a ěté radé. í II me dit, / — Tres tout í Vie de Samuel Belel, U, 12).