Proposition de description et de compte rendu d’une situation de communication Utilisation du discours indirect1 Une jeune fille, que nous appellerons Julie, est à demi allongée sur le lit de sa chambre quand retentit à travers la pièce le mot : « Téléphone ! » Julie sort alors sur le palier, se penche au dessus de la cage d’escalier pour répondre à sa mère qu’elle prendra la communication dans la chambre de ses parents. Dans la chambre, Julie a décroché le combiné. Son interlocutrice, que nous prénommerons Sylvie, la salue et lui demande si elle ne la dérange pas. Julie dont les yeux étaient une minute plus tôt grand’ ouverts, les ferme sans doute pour se concentrer ; elle répond à Sylvie qu’elle a eu aujourd’hui beaucoup de soucis, et ce précisément à cause d’elle. Toute étonnée, Sylvie demande alors à Julie des explications : depuis qu’elle, Sylvie, est venue l’attendre devant son lycée, les camarades de Julie ne veulent même plus lui parler parce qu’elles la prennent pour « une gouine », une homosexuelle… Sylvie réagit vivement à ces explications en lui demandant d’arrêter de s’exprimer en des termes aussi vulgaires qu’irrespectueux, Julie ayant de toute façon bien plus de valeur que ce que ses camarades pensent d’elle. Mais Julie, bouleversée, poursuit ses explications en ajoutant que ses amies l’ont traitée de « détraquée sexuelle » simplement parce qu’elle était partie avec Sylvie. Cette dernière rétorque que ce sont très vraisemblablement ses « soit disant » camarades qui ont un problème, et elle la somme de cesser de parler des homosexuels d’une façon aussi indélicate, lui demandant même si elle n’aurait pas été victime d’un lavage de cerveau. Julie demande alors à Sylvie si elle n’a jamais eu honte d’être homosexuelle. Mais pourquoi Sylvie aurait-elle honte d’aimer puisqu’elle croit que seul l’amour peut sauver ce monde… Profondément émue, Julie raccroche, semble-t-il brutalement, le téléphone. 1 A partir de l’ouvrage Le bleu est une couleur chaude, Julie Maroh, Paris, Gléna, 2009