Pavel Borkovec UČO 262931 - 1 LES PRÉSE TATIFS « SOIT » ET « SI » DA S LES DÉFI ITIO S E MATHÉMATIQUES (PAVEL BORKOVEC) Dans cet article, nous essayerons d’éclairer la problématique de deux présentatifs qu’on rencontre dans des définitions mathématiques en français contemporain. En général, l’objectif sera de montrer que « si » et « soit » sont des présentatifs. Avant de commencer, nous pensons qu’il serait utile de proposer une explication qu’est-ce qu’un présentatif. On peut le caractériser comme des mots (ou un mot) qui « servent à présenter un groupe nominal ou un constituant équivalent qui fonctionne comme leur complément. »1 . Le verbe « présenter », utilisé dans la citation, fait naître le terme pour ces mots, c’est-à-dire « présentatif ». Dans le langage courant, on repère les présentatifs comme il y a, voici, voilà, c’est (ce sont). Le trait commun pour tous ces présentatifs est qu’ils sont invariables2 . Dans cette perspective, on classe « soit » et « si » parmi eux grâce à la fonction de présenter de nouveaux faits. Cependant la problématique n’est pas aussi simple que proclamer qu’ils font partie des présentatifs, il faut à la fois essayer de résoudre des problèmes qui apparaissent aussitôt. Tout d’abord, présentons ces problèmes : en ce qui concerne le présentatif « soit », il faut se demander quelle est la mesure de ce présentatif, c’est-à-dire s’il est au même niveau que les autres présentatifs cités ci-dessus. En ce qui concerne « si », il faut justifier la raison pour laquelle on classe cette conjonction parmi les présentatifs. Commençons avec « soit ». Originairement, il s’agit du verbe être au présent du subjonctif. Dans les définitions, il est toujours placé à la tête de la phrase. Citons un exemple pour imaginer mieux dont on parle : « Soit E un ensemble (quelconque) et soit A une partie de E. Un recouvrement de A est une famille IiiB ∈)( , des parties de E vérifiant : U Ii iBA ∈ ⊂ . »3 Le subjonctif a bien trouvé sa place dans les définitions comme celle-ci. On peut le justifier à l’aide d’imaginer que les mathématiques sont une science plutôt abstrait. Et si l’on veut décrire quelque chose, il faut tout d’abord le désirer ou supposer qu’il existe. Pour 1 Martin RIEGEL – Jean-Christophe PELLAT – René RIOUL : Grammaire méthodique du français, PUF, Paris, 2009, p. 757. 2 Nous utilisons le mot « invariable » dans le sens qu’ils gardent sa forme (voici, voilà sont toujours sous ces formes, il y a varie en catégorie de temps et c’est ou ce sont varient en nombre et en temps). 3 Yves SONNETAG, Topologie et analyse fonctionnelle : Cours de licence avec 240 exercices et 30 problèmes corrigés, Ellipses, Paris, 1998, p. 283. Pavel Borkovec UČO 262931 - 2 exprimer cela, le français utilise le subjonctif. Malgré cette fonction, le subjonctif est dans les définitions « cristallisé » comme note Marcel Barral en ajoutant « [...] soit n’est plus que le présentatif de la supposition ».4 Cette notion nous justifie de classer « soit » parmi les présentatifs. Pour éclairer la problématique entière, signalée plus haut, il reste de répondre à la question dans quelle mesure « soit » est figé, autrement dit invariable. On peut le mettre en évidence avec un autre verbe qui s’utilise comme un présentatif. C’est le cas du verbe « vivre » dans les phrases comme « Vive la France ». Vivre peut être considérer comme un verbe mort parce qu’il a perdu sa possibilité de se varier. Il ne s’accorde pas en nombre avec le sujet, exemple : « Vive les vacances »5 . Au contraire le cas du verbe vivre, « soit » garde la possibilité de s’accorder avec le sujet, exemple : « Soient G un groupe et X un ensemble. On appelle action de G sur X toute application de GxX dans X, notée xgxg ⋅a),( et vérifiant les deux propriétés suivantes : 1. Pour tous Ghg ∈, et tout .)()(, xghxhgXx ⋅=⋅⋅∈ 2. Pour tout .1, xxXx =⋅∈ »6 . Cependant nous avons également trouvé un cas où « soit » reste invariable. Citons-le : « Soit F et G deux sous-espaces d’un espace vectoriel E, et soit HGF =∩ . Si vu rr , sont deux vecteurs de H, ils appartiennent à la fois à F et G, il en est de même de vu rr βα + , quels que soient les scalaires α, β : donc Hvu ∈+ rr βα , H est un sous-espace de E, et aussi de chacun des sous-espaces F et G. »7 Cet exemple nous peut servir comme une preuve que « soit » commencé à être employé petit à petit comme invariable. En dépit de cela, il se varie toujours dans la majorité des cas que nous avons observés. Passons maintenant au présentatif « si ». Si nous voulons classer ce présentatif parmi les parties de discours, il appartient aux conjonctions. Il faut tout d’abord noter qu’on peut rencontrer deux types de « si » dans les définitions mathématiques. Observons ces deux exemples : (1) « Si a et b sont deux nombres réels quelconques, le couple ordonné [a,b] est appelé nombre complexe ou imaginaire. »8 4 Marcel BARRAL : L’imparfait du subjonctif, A. & J. Picard, Paris, 1980, p. 106. 5 Martin RIEGEL – Jean-Christophe PELLAT – René RIOUL : Grammaire méthodique du français, op.cit., p. 565. 6 Jean-Pierre RAMIS – André WARUSFEL, Mathématiques Tout-en-un pour la Licence : cours complet avec applications et 760 exercices corrigés, Dunod, Paris, 2007, p. 71. 7 Elie AZOULAY – Jean AVIGNANT, Mathématiques 4. Algèbre, McGraw-Hill, Paris, 1984, pp. 116 – 117. 8 Ibid., p. 51. Pavel Borkovec UČO 262931 - 3 et (2) « On dit qu’une série de terme général est normalement convergente [ou encore absolument convergente] si la série de terme général |||| nu (à termes réels 0≥ ) est convergente. »9 Le premier « si » (1), placé en tête de la phrase, introduit une nouvelle hypothèse de deux faits (A et B) et le reste de la définition s’occupe d’eux. Mais, le « si » dans l’exemple (2) a une propriété différente : il introduit une hypothèse à l’intérieur de la définition. Il ne forme donc pas de véritable hypothèse en comparaison avec celle du « si » dans le premier exemple. Nous proposons de l’appeler un « si partiel », c’est-à-dire qu’il s’agit d’un « si » qui garde sa valeur de conjonction et que nous ne l’occuperons pas dans cet article parce que ce n’est pas un présentatif. Après avoir expliqué la différence au niveau des « si » que nous rencontrons dans les définitions, éclairons la problématique présentée plus haut. C’est-à-dire que le « si » peut être considéré comme un présentatif. Autrement dit, le « si » perd peut-être sa valeur de la conjonction hypothétique et on pourrait le traiter de la même manière que « soit ». Pour justifier cette affirmation, « si » pourrait être remplacé par « soit ». Si nous disons « remplacer », nous pensons bien sûr qu’on supprime « si », qu’on change le mode du verbe et qu’on le place à la tête de la phrase. Observons la modification dans l’exemple (1) cité cidessus : « Soient a et b deux nombres réels quelconques, le couple ordonné [a,b] est appelé nombre complexe ou imaginaire. » On peut dire que le sens reste toujours le même. Et si ce changement est possible et le sens est le même, cela nous fait preuve que la « conjonction » si perd sa valeur et devient présentatif, comme « soit » ou « voilà »10 . Pour conclure, nous pouvons dire que la problématique de « soit » est un exemple typique de présentatifs. Nous avons vu que « soit » entre bien dans la catégorie des présentatifs parce qu’il commence à être saisi comme invariable ce qui est un fait typique pour les présentatifs. En ce qui concerne la problématique de « si », c’est un peu plus délicat en comparaison avec « soit ». Le fait n’est pas aussi soutenu que celui de « soit ». On ne peut donc pas déclarer avec certitude que la fonction du « si » est aussi « désémantisée » que dans le cas du « soit ». Mais, malgré cela, nous avons vu que « si » possède certaines marques communes avec les présentatifs et on peut donc le classer parmi eux. 9 Yves SONNETAG, Topologie..., op. cit., p. 261. 10 La différence entre « soit »/« si » et d’autres présentatifs est que les premiers servent à présenter une hypothèse. Si nous voulions les classer plus précisément, on pourrait les appeler « présentatifs de supposition ». Pavel Borkovec UČO 262931 L’analyse de plans-séquences dans l’article « Les présentatifs « soit » et « si » dans les définitions en mathématiques » Nous proposons notre analyse sous la forme de grille : PARAGRAPHE LE PLA -SÉQUE CE ET LES PROCESSUS DU RAISO EME T LOGIQUE 1er - la présentation de l’objectif de l’article - la situation : qu’est-ce qu’un présentatif - une citation pour soutenir l’idée + des exemples du langage courant → la déduction que « soit » et « si » font partie des présentatifs, parce qu’ils ont les mêmes propriétés 2ème - l’observation - la présentation de la problématique concernant « soit » - la présentation de la problématique concernant « si » 3ème le plan binaire – dialectique - la présentation de « soit » de la manière générale - soutenue par un exemple 4ème - renforcement de la thèse : à l’aide de la fonction des mathématiques → l’hypothèse « mathématiques sont abstrait » → pour cela = subjonctif - malgré : un autre point de vue → soutenu par une citation - cette notion – déduction qu’il s’agit du présentatif 5ème - la présentation de l’antithèse – « soit » est invariable - la réfutation de l’antithèse : on va démontrer la variabilité de « soit » - exemple : vivre (on démontre le fait sur ce verbe) → l’induction : pour tout présentatif → l’opposition : cela n’est pas valable pour « soit » - soutenu par un exemple 6ème - le renforcement de l’antithèse - « soit » reste invariable - soutenu par un exemple 7ème - la réfutation de l’antithèse : il s’agit d’un seul exemple → la concession : « soit » commence à être invariable (la fin de la problématique sur « soit ») 8ème - le doute sur la position de « si » → il y a deux types de « si » - leur présentation sous la forme de citation 9ème - l’opposition entre ces deux types - on nuance de quels type nous allons intéresser 10ème - l’argument de la thèse : « si » est un présentatif → soutenu par l’examen de la commutation dans un exemple 11ème - la valence de l’antithèse : « si » n’a pas la même valeur que « voilà » → la conclusion : le présentatif de l’hypothèse 12ème - l’information - la présentation de la synthèse sur « soit » - la présentation de la synthèse sur « si »