FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. UN BRILLANT AVENIR Gallimard Catherine Cusset est née { Paris en 1963 et vit { New York. Elle a publié neuf romans dont [ vous, Jouir, En toute innocence, Le problème avec Jane, Grand Prix des lectrices de Elle 2000, La haine de la famille, Confessions d'une radine et Amours transversales. Un brillant avenir a reçu le Goncourt des lycéens en 2008. En 2009, elle publie aux éditions du Mercure de France un récit, New York. Journal d'un cycle. [ la mémoire de John Jenkins (né Bercovici) et de Rubin Berkovitz? Pour Jérôme Cornette, 1969-2008 Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. À Ann, Vlad et Claire J'ai de plus en plus l'impression que le temps n'existe absolument pas, qu'au contraire il n'y a que des espaces imbriqués les uns dans les autres [...], que les vivants et les morts au gré de leur humeur peuvent passer de l'un { l'autre, et plus j'y réfléchis, plus il me semble que nous qui sommes encore en vie, nous sommes aux yeux des morts des êtres irréels. W. G. SEBALD (Austerlitz) PREMIÈRE PARTIE Fille Chapitre 1 2003 JUSTE LE SILENCE Alors qu'Helen déplie le matelas gonflable, elle entend Jacob tirer la chasse et ouvrir la porte de la salle de bains. Elle lève les yeux et voit son mari dans son pyjama gris { rayures blanches qui la dévisage, debout { l'entrée du salon. Elle en est agacée. Non parce qu'il ne propose pas son aide — ce n'est pas difficile de gonfler le matelas, et Jacob est devenu si maladroit qu'il vaut mieux se débrouiller sans lui — mais parce qu'il ne pose pas la question qui le tracasse de toute évidence : pourquoi sa femme couche-t-elle dans le salon? Elle décide de garder le silence Il peut encore articuler trois mots. Elle ne lui demande pas non plus s'il a pris les médicaments qu'elle a laissés sur le bar de la cuisine avec un verre d'eau. S'il saute une dose, tant pis. Il n'en mourra pas. Parfois elle n'en peut plus de penser, parler, agir pour deux. C'est elle qui sort de leur emballage les vingt-quatre cachets quotidiens, et elle doit lui rappeler de les avaler. Aujourd'hui il a encore oublié de ramasser le courrier. Elle a patiemment attendu trois jours, multipliant les allusions aux factures qu'il fallait payer. En vain. Comme la boîte aux lettres était pleine, elle a fini par le lui dire SKVĚLÁ BUDOUCNOST O lásce, jež vzdorovala předsudkům Za cenné rady, připomínky a překlad veršů dëkuji PhDr. Libuši Valentové, CSc. Š.B. Památce Johna Jenkinse (rozeného Bercovici) a Rubina Berkovitze Jerômu Cornettovi, 1969-2008 …když stoji na zemi, kde posměch v tvář mu čiší, při chůzi vadí mu pár hřídel olbřímích. Charles Baudelaire1 Vënuji Ann, Vladovi a Claire ...stále víc mi připadá, že čas vůbec neexistuje a jsou jen různé, podle nějaké vyšší stereometrie do sebe vklíněné prostory, mezi nimiž mohou živí i mrtví podle libosti přecházet, a čím víc na, to myslím, tím víc se mi zdá, že my, kteří jsme ještě naživu, jsme v očích mrtvých nereálně bytosti. W. G. Sebald2 PRVNÍ ČÁST Dívka 1. 2003. Jenom ticho Helen si roztahuje nafukovací matraci a slyší Jakoba splachovat a otvírat dveře od koupelny. Zvedne oči a uvidí manžela v šedém pyžamu s bílými proužky, jak stojí na prahu obývacího pokoje a zkoumavë na ni hledí. Popudí ji to. Ne proto, že jí nenabídne pomoc — nafouknout matraci ned| ž|dnou pr|ci a Jakob je poslední dobou tak nešikovný, že si radëji poradí bez nëho — ale proto, že jí nepoloží ot|zku, kter| ho zjevnë sužuje: proč spí jeho žena v obývacím pokoji? Rozhodne se, že bude mlčet. Mluvit snad Jakob ještë umí. Ani se ho nept|, zda si vzal léky, které mu se sklenkou vody nechala v kuchyni na baru. Jestli vynech| jednu d|vku, tak ať. Na to neumře. Občas už m| toho dost myslet, mluvit a jednat za oba. Nestačí, že mu dennë chyst| čtyřiadvacet pilulek, ještë aby mu připomínala, že je m| polknout. Dnes zase zapomnël vybrat ze schr|nky poštu. Trpëlivé čekala tři dny a čím d|l častëji dëlala nar|žky na složenky, které je třeba zaplatit. Marnë. Jelikož byl kastlík na poštu plný, nakonec mu to řekla. Omluvil se, ale tím se FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. Il s'est excusé, mais ça ne change rien. Ce n'est pas seulement la maladie, ni l'}ge. Soixante-douze ans n'est pas si vieux. Mais il ne fait plus aucun effort. Et ce sera de pire en pire. Elle n'a pas envie d'y penser. C'est trop triste. Elle appuie sur le bouton et le lit se gonfle lentement avec un grondement de moteur. Les épaules tombantes, les bras pendant le long du corps, Jacob la regarde toujours, figé comme une statue de sel. Il croit peut-être qu'elle est f}chée { cause du courrier ou parce qu'il l'a empêchée de dormir la nuit dernière en allant dix fois aux toilettes. Ou il se demande ce qu'il a bien pu oublier d'autre. Un peu d'inquiétude secouera ses neurones et ne lui fera pas de mal. D'ailleurs, s'il veut savoir, il n'a qu'{ demander : « Lenoush, pourquoi dors-tu ici ce soir? » Elle lui répondra aussitôt, gentiment, et il verra que ce n'est pas { cause de lui. Elle n'est pas f}chée contre lui. Ce n'est pas sa faute s'il est malade, bien sûr. Elle voudrait juste qu'il fasse un petit effort. Un tout petit, tout petit effort. Quand elle lève les yeux, Jacob n'est plus l{. Il s'est retiré en silence. [ moins qu'elle ne l'ait pas entendu dire bonne nuit. La porte de la salle de bains se referme. La chasse d'eau résonne, pour la deuxième fois en moins de dix minutes. Elle finit de gonfler le matelas, met les draps et la couverture, puis sort sur la terrasse. [ travers le rideau, elle peut voir que la lumière dans la chambre est éteinte. Jacob doit dormir. Il n'a aucun problème pour s'endormir. Elle s'appuie contre la balustrade, allume une cigarette et regarde le miroir noir de l'Hudson entre les tours Trump. C'est une belle nuit claire de la mi-septembre, pleine d'étoiles. Elle aspire sur la cigarette, tire de profondes bouffées, rejette la fumée. La terrasse est son royaume, où elle ne dérange personne, où personne n'est l{ pour la juger. C'est pour la terrasse et sa vue éblouissante sur la rivière, les tours de Midtown et les falaises du New Jersey qu'elle a choisi cet appartement quand ils ont emménagé { Manhattan il y a sept ans. Elle recule, s'assoit sur la chaise en plastique blanc, éteint sa cigarette et en allume une autre. [ la télévision ce soir, elle a entendu dire que le vent soufflerait fort mercredi. Il faudra transporter les plantes { l'intérieur demain matin. Demain soir, Camille sera l{ et elle n'aura pas le temps. Elle boit un peu de Pepsi et se lève, enfonçant le mégot dans le cendrier plein. Juste avant de quitter la terrasse, elle va chercher sur l'étagère dans le coin Sa sirène en plastique bleu et rose qui fait des bulles automatiquement. Elle la pose près du cendrier. Camille adore les bulles. Son bébé chéri. Mais ce n'est plus un bébé, Une grande fille de quatre ans. Pendant l'été son petit ventre a fondu, et depuis qu'elle est rentrée de France, elle n'utilise plus la poussette. Elle était si mignonne, dimanche, quand elle a pris la main de son grand-père et lui a dit en français : « Toi aussi, Dada * danse ! » Elle aime tant son grand-père ! Le silence de Jacob ne lui fait pas peur. Elle a sans cesse des choses { lui raconter. C'est vraiment une enfant spéciale — un gracieux et joyeux petit elfe. Helen rentre dans l'appartement, marche droit jusqu'{ la cuisine et appuie sur l'interrupteur. Rien sur le plan de travail. Pas de cachet ni de papier argenté. Elle ouvre le placard sous l'évier et vérifie la poubelle. Les emballages des médicaments s'y trouvent. Il n'a pas oublié. Elle soupire de soulagement, et un sourire éclaire son visage. Il y a donc encore de l'espoir. Elie aurait dû être plus gentille ce soir. Elle le félicitera demain na vëci nic nemëní. To není jenom nemocí a vëkem. Dvaasedmdes|t let není ž|dné st|ří. Jenže on už se vůbec nesnaží. A bude to čím d|l horší. Nechce se jí na to myslet. Je to příliš smutné. Stiskne spínač a postel se za vrčení motoru pozvolna nafukuje. Jakob na ni neust|le upřenë hledí se svëšenými rameny a pažemi spuštënými podél tëla, strnulý jako solný sloup. Možn| si myslí, že ji naštvala ta pošta nebo to, že se kvůli nëmu poslední noc nevyspala, protože šel desetkr|t na z|chod. Anebo přemýšlí, jestli nezapomnël ještë nëco dalšího. Trocha nejistoty mu čechr| neurony a nijak mu neublíží. Ostatnë, pokud chce vëdët víc, tak ať se zept|: „Lenuš, proč spíš dneska tady?" Mile mu hned odpoví a on uvidí, že to není kvůli nëmu. Nezlobí se na nëj. Vždyť přece nemůže za to, že je nemocný, to d| rozum. Jen by si př|la, aby se trochu snažil. Docela malounko. Když zvedne oči, Jakob už tam není. V tichosti se vytratil. Pokud ovšem nepřeslechla jeho dobrou noc. Znovu se zavřou dveře od koupelny. Opët se ozve spl|chnutí, nejménë druhé za deset minut. Dofoukne matraci, nat|hne na ni prostëradlo, připraví si přikrývku a pak vyjde na terasu. Přes z|clonu může vidët, že v pokoji už se nesvítí. Jakob už nejspíš spí. S usín|ním nem| problém. Helen se opře o z|bradlí, zap|lí si cigaretu a zadív| se na černé zrcadlo Hudsonu mezi Trumpovými vëžemi. Je kr|sn| z|řijov| noc, jasn| a pln| hvëzd. Pot|hne kouř hluboko do plic a vyfoukne ho. Terasa je její kr|lovství, kde nikoho neruší a kde ji nikdo nesoudí. Pr|vë kvůli terase a n|dhernému výhledu na řeku, midtownské vëže a útesy v New Jersey si vybrala tenhle byt, když se před sedmi lety stëhovali na Manhattan. Udël| krok zp|tky a posadí se na bílou umëlohmotnou židli, zam|čkne cigaretu a zap|lí si další. Dnes večer v televizi zaslechla, že ve středu se přižene silný vítr. Hned r|no bude třeba přenést kvëtiny dovnitř. Večer přijde Camille a ona nebude mít čas. Upije pepsi-koly a vstane. Zatlačí nedopalek hluboko do plného popelníku. Než opustí terasu, ještë si vezme z police v rohu sirénu z růžo-vozeleného plastu, kter| vyfukuje bubliny. Položí ji vedle popelníku. Camille bubliny zbožňuje. Její milované dëť|tko. Není už ale ž|dné mrnë. Je to velk| čtyřlet| slečna. Bëhem léta se jí ztratilo bříško a od n|vratu z Francie nepoužív| koč|rek. V nedëli byla tak roztomil|, když vzala dëdečka za ruku a řekla mu francouzsky: „Dëdo, zatancuj si se mnou!" M| dëdečka tak r|da! Jakobovo mlčení ji nedësí. Neust|le mu nëco vypr|ví. Opravdu je úžasné dítë — líbezný a veselý skřítek. Helen se vr|tí dovnitř, zamíří rovnou do kuchynë a stiskne vypínač. Na kuchyňské lince není nic. Ž|dné pilulky ani stříbrný papír. Otevře skřínku pod dřezem a zkontroluje odpadkový koš. Jsou tam obaly od léků. Nezapomnël. Vydechne si úlevou a tv|ř jí rozz|ří úsmëv. Tak je tedy st|le ještë nadëje. Mëla být dnes večer milejší. Zítra r|no ho pochv|lí. Jde si vyčistit zuby, zhasne svëtlo a lehne si. Dveře od FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. matin. Elle va se brosser les dents, éteint la lumière et se couche. La porte de la salle de bains s'ouvre, puis se referme. Ce sera encore une nuit mouvementée. L'obscurité n'est pas complète gr}ce { l'écran lumi-neux de la télévision et aux lumières des tours Trump. Les yeux ouverts, elle regarde la pièce en l'imaginant d'ici six { huit semaines avec les nouveaux meubles, débarrassée de ces lourds canapés marron qui étaient parfaits pour le New Jersey, mais qu'elle ne peut plus supporter. Elle est surtout contente du fauteuil { trois positions. Elle a écume tous les magasins de meubles de Manhattan avant de trouver ce qu'elle cherchait { un prix raisonnable, Jacob aura enfin un siège confortable pour lire, écouter de la musique et regarder la télévision. Quant { la banquette, elle a une structure en aluminium si légère qu'on peut la déplacer sans effort. Elle n'aura pas besoin de se pencher pour balayer dessous. Helen ouvre les yeux. Elle a dû s'endormir. La télévision est toujours allumée, sans le son. Une femme blonde sourit, exhibant deux rangées de dents blanches éclatantes, et la caméra se rapproche de son cou jusqu'{ montrer un petit pendentif en diamant. 29 dollars 99 seulement, et une parfaite imitation. Ce serait un bon cadeau de Noìl pour Marie. Helen entend tirer la chasse d'eau et appuyer sur l'interrupteur, une fois, deux fois, trois fois. Il n'arrive pas { éteindre la salle de bains. Elle a pourtant mis ces plastiques fluorescents rouges et verts sur les interrupteurs, afin qu'il sache où appuyer. Dans la journée il y arrive sans problème, même avec ses mains tremblantes. La nuit, son trouble s'accroît. Quand elle rouvre les yeux, il est quatre heures vingt. La pièce est silencieuse. Quelque chose a dû la réveiller. La chasse d'eau peut-être. Elle aussi a envie d'aller aux toilettes. Elle a du mal { s'extirper de son lit gonflable au niveau du sol et { se lever. Elle met ses chaussons. En sortant de la salle de bains, elle entre { pas de loup dans la chambre. Les meubles blancs se distinguent nettement dans Sa pénombre. La température s'est rafraîchie. Jacob a repoussé la couverture et dort découvert. Comme si tous ses maux ne suffisaient pas, il va attraper un rhume. Elle s'approche, attrape la couverture et le recouvre. Il ne peut vraiment rien faire sans elle. Même pas dormir. Elle s'éloigne quand la pensée l'effleure que le visage de Jacob est étonnamment blanc. Elle se retourne brusquement et s'avance vers le lit. Elle pousse un cri. Il y a un sac en plastique sur sa tête. Elle croit qu'elle halluciné. Mais ses yeux s'habituent { l'obscurité et elle distingue nettement le sac en plastique blanc marqué AS en grosses lettres vertes, du supermarché Associated Supermarket en bas de leur immeuble. Il couvre jusqu'au cou le visage de Jacob. Elle fait un pas en avant. « Jacob ! Jacob ! » Il ne bouge pas. Elle tend la main, s'empare d'une poignée, et tire. Mais le sac est coincé sous la tête. Elle s'arrête, paniquée. Elle a peur de voir ce qu'il y a dessous. Et elle laisse partout ses empreintes... Sa main reste suspendue. Impossible de poursuivre son geste et sa pensée. Trop menaçant, trop affreux. Elle court hors de la chambre, jusqu'{ la table d'ordinateur dans le salon sur laquelle est posé le téléphone. Malgré son tremblement, elle réussit { appuyer sur les touches 911. Une femme lui répond après deux sonneries. « Mon mari ! Oh, oh, oh ! Il... il a un sac sur la tête, un sac en plastique ! Il est conscient, madame? Je ne sais pas! Il dormait, je l'ai entendu aller aux toilettes, je couchais dans le salon, je me suis levée et comme il faisait froid je suis entrée dans la chambre... et il avait un sac... » Elle éclate koupelny se otevřou a pak se zavřou. Zase ji ček| neklidn| noc. Díky z|řící televizní obrazce a svëtlům z Trumpových vëží není úpln| tma. M| otevřené oči, rozhlíží se po místnosti a vybavuje si, jak si do ni před šesti až osmi týdny nechali přivézt nový n|bytek, zbavili ji tëžkých kanapí z kaštanu, jež se jim v New Jersey dokonale hodila, ale jí už vadila. Hlavnë m| radost z křesla nastavitelného do tří poloh, Prošmejdila všechny obchody na Manhattanu, než našla za rozumnou cenu, co hledala. Jakob bude mít konečnë pohodlné sezení při čtení, poslechu hudby a sledov|ní televize. A nové sed|tko je z hliníku a tak lehounké, že si je lze bez n|mahy přesunout kamkoli. Nemusí se shýbat, až pod ním bude chtít zamést podlahu. Helen otevře oči. Musela na chvíli usnout. Televize s vypnutým zvukem st|le bëží. Blondýnka na obrazovce se usmív| a ukazuje dvë řady z|řivë bëlostných zubů. Kamera najíždí k jejímu hrdlu, takže je zřetelnë vidët diamantový přívësek. Tak dokonal| imitace za pouhých třicet dolarů. To by byl skvëlý v|noční d|rek pro Marii, Helen slyší spl|chnutí a cvaknutí vypínače, jednou, dvakr|t, třikr|t. V koupeme se mu nepovedlo zhasnout, přestože na vypínače nalepila červené a zelené svëtélkující fólie, aby vëdël, kam s|hnout. Ve dne s tím nem| ž|dný problém, přestože se mu třesou ruce. V noci zmatkuje mnohem víc. Když znovu otevře oči, je za deset minut půl p|té. V pokoji vl|dne ticho. Nëco ji muselo probudit. Možn| spl|chnutí. I jí se chce na z|chod. Z nafukovací postele na úrovni podlahy jí dël| potíže vst|t. Nazouv| si papuče. Poté, co vyjde z koupelny, vklouzne jako myška do pokoje, V pološeru se zřetelnë rýsuje bílý n|bytek. V místnosti je chladnëji. Jakob se odkopal a spí odkrytý. Jako kdyby tëch starostí nebylo dost, ještë chytne rýmu. Přistoupí blíž, uchopí deku a přikryje ho. Bez ní už je opravdu nemožný. Už nedok|že ani s|m sp|t. Chyst| se vzd|lit, když vtom ji napadne, že Jakob m| podivnë bílý obličej. Prudce se otočí a vykročí k lůžku. Z úst se jí vydere výkřik. Jakob m| přes hlavu navlečenou igelitovou tašku. Připad| jí, že blouzní. Oči však přivykají tmë a ona jasnë vidí bílou igelitovou tašku a na ní velk| zelen| písmena AS ze supermarketu Associated Supermarket, který mají v přízemí domu. Zakrýv| Jakobovi tv|ř až po krk. Přistoupí ještë o krok blíž. „Jakobe! Jakobe!" Nepohne se. Nat|hne ruku, uchopí tašku za ucho a zat|hne. Ta však nepovolí, drží pod hlavou. Helen propad| panice a přest|v| tahat. Bojí se, co uvidí pod ní. A všude nech|v| otisky... Zastaví ruku uprostřed pohybu. Nedok|že ho dokončit, stejnë jako myšlenku, Je to příliš hrozivé, příliš strašné. Vyrazí z ložnice a bëží ke stolu s počítačem v obývací místnosti, na nëmž leží telefon. Navzdory třesoucí se ruce se jí podaří vymačkat číslo 911. Po dvojím zazvonëní se ozve žena. „Můj manžel! Ach, ach... M|... na hlavë pytel, igelitovou tašku!" „Paní, je při vëdomí?" „J| nevím! Předtím spal, slyšela jsem ho jít na toaletu, j| jsem spala v obýv|ku. Pak jsem vstala, a protože byla zima, vešla jsem do pokoje a... on mël na hlavë tu vëc..." FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. en sanglots. « Madame, calmez-vous. Donnez-moi votre adresse. Parlez clairement. » Elle indique son adresse, le numéro de l'appartement, le numéro de téléphone. « Vous avez ôté le sac ? demande l'opératrice. Non ! Je n'ose pas... Enlevez-le tout de suite. Il faut que j'aille dans la chambre, l{ je suis dans le salon, je... Allezy. Enlevez le sac, revenez au téléphone et faites ce que je vous dirai. » Elle pose le combiné près du téléphone et retourne dans la chambre. Elle a du mal { respirer. Contournant le lit, elle s'approche de Jacob. Sans le regarder, elle met ses mains sur le sac, près du haut de sa tête, prend le plastique entre ses doigts et tire. Le sac ne bouge pas, bloqué par le poids de la tête. Elle doit agripper le plastique de ses deux mains et bander ses muscles pour réussir { l'ôter, Jacob n'ouvre pas les yeux. Elle fait le tour du lit pour décrocher le téléphone sur la table de chevet de l'autre côté. « J'ai enlevé le sa. Il respire? Je ne sais pas, je ne sais pas, ooooh... Madame, tenez bon, j'ai besoin de vous. Il faut que vous basculiez sa tête en arrière. Vous m'entendez? Mettez vos doigts sous son menton et basculez sa tête en arrière. » Helen retourne de l'autre côté du lit. Elle ne peut toujours pas le regarder. Que doit-elle faire? Elle revient prendre le téléphone. « Je ne sais pas, je ne comprends pas ce que vous dites, je ne peux pas le faire, je ne sais pas... Madame, écoutez-moi. N'ayez pas peur, Vous avez déj{ pris un cours de secouriste? De quoi? De secouriste. Vous devez basculer sa tête en arrière pour qu'il n'avale pas sa langue. Ensuite, vous lui pincez le nez et vous lui faites du bouche-{-bouche. Puis vous appuyez très fort sur sa poitrine. » Cette femme lui parle chinois. « Je suis désolée, je ne sais pas, je ne peux pas, oh, s'il vous plaît... — Madame, j'entends les sirènes dans le téléphone. Les secours arrivent. Ils seront { votre porte dans quelques minutes. Ouvrez-leur. D'accord? » Les sirènes? Helen n'entend rien. Juste le silence. Chapitre 2 1941 LA PETITE FILLE DE BESSARABIE Il y a l'avant et l'après. L'avant. Pieds nus courant sur l'herbe. L'odeur de terre mouillée après la pluie. Les boutons-d'or qu'elle cueillait. Pour sa mère? Elle imagine le visage aux pommettes écartées, le sourire, le fichu couvrant les cheveux ch}tain clair attachés en chignon, la robe bleu ciel et le tablier b!anc. « Les enfants! Venez goûter ! » L'image de mère qu'elle a dû voir, plus tard, dans un livre pour enfants. Il y avait des animaux. Elle en est sûre. Les moutons contre lesquels elle se pelotonnait, les agneaux qui mangeaient des feuilles dans le creux de sa main. Elle les entend bêler. Et des vaches. Elle voit Bunica sur un tabouret de bois, en train de les traire. « Tiens, Nounoush. Bois. C'est bon pour toi. » Elle n'aimait pas le lait. Elle obéissait. Elle se rappelle l'église en bois blanc avec sa longue flèche. Sur le banc elle était assise { côté de sa grand-mère. « Chuuut... » grondait Bunica. Qui faisait du bruit ? Les deux garçons ? Elle rozvzlykala se. „Pani, uklidnëte se. Řeknëte mi svou adresu. Mluvte klidnë," Nadiktuje adresu, číslo bytu, telefonu. „Sundala jste mu tu tašku?" pt| se oper|torka. „Ne! Bojím se..." „Okamžitë ji sundejte." „To bych musela jít do ložnice, teď jsem v obýv|ku, j|..." „Bëžte tam. Sundejte ten pytel a vraťte se k telefonu, dëlejte, co v|m řeknu." Položí sluch|tko vedle telefonu a vr|tí se do ložnice. Tëžce dých|. Obejde postel a přiblíží se k Jakobovi. Nedív| se na nëj, jen položí ruce na tašku v horní č|sti hlavy, uchopí ji mezi prsty a pot|hne. Ta však pevnë drží tíhou hlavy a ani se nepohne. Musí igelit popadnout obëma rukama a napnout svaly, aby ho dok|zala st|hnout. Jakob neotvír| oči. Helen obejde lůžko a zvedne sluch|tko telefonu položeného na druhé stranë nočního stolku. „Sundala jsem tu tašku." „Dých|?" „J| nevím, j| nevím, |||..." „Paní, vydržte, potřebuju v|s. Musíte mu zvr|tit hlavu dozadu. Slyšíte më? Dejte mu dva prsty pod bradu a zvraťte mu hlavu dozadu." Helen jde zpët ke druhé stranë lůžka. St|le se na nëj nemůže podívat. Co m| dëlat? Vrací se k telefonu a znovu bere do ruky sluch|tko. „J| nevím, nerozumím tomu, co mi řík|te, nemůžu to udëlat, j| nevím..." „Paní, poslouchejte më. Nebojte se. Absolvovala jste kurz první pomoci?" „Čeho?" „První pomoci. Musíte mu zvr|tit hlavu nazad, aby mu nezapadl jazyk. Pak mu zacpëte nos a dejte mu umëlé dých|ní. Potom mu velmi silnë stlačíte prsa." Ta žena snad na ni mluví čínsky. „Je mi líto, j| nemůžu, j| nemůžu, ach prosím v|s..." „Paní, v telefonu už slyším houkačku. Každou chvíli k v|m dorazí pomoc. Za p|r minut budou u vašich dveří. Otevřete jim, ano?" Houkačka? Helen neslyší nic. Jenom ticho. 2. 1941. Dívenka z Besarábie Je předtím a potom. Předtím. Bosé nohy bëžící v tr|vë. Vůnë mokré hlíny po dešti. Pryskyřniky, které trhala. Pro maminku? Představovala si tv|ř s nachovými líčky, úsmëv, š|tek zakrývající svëtle kaštanové vlasy sv|zané do drdolu, šaty barvy nebeské modří a bílou z|stëru. „Dëti! Svačina!" To byl obr|zek matky, který musela nëkdy pozdëji vidët v knížce pro dëti. Byla tam zvířata. Tím si je jist|. Ovce, k nimž se tuhla, jeh-ň|tka, jež jí žrala z dlanë listy. Slyší je pobek|vat. A kr|vy. Před očima m| Buniku,3' jak je dojí vsedë na dřevëné stoličce. „Na, Nunuš. Napij se. To je pro tebe dobré." Mléko jí nechutnalo. Ale vždycky poslechla. Vzpomín| si na bílý dřevëný kostel s prot|hlou špicí. V lavici sed|vala vedle babičky. „Pst...," napomínala Bunica. Kdopak to asi vyrušoval? Ti dva chlapci? Nevidí je, ale mëli by sedët na lavici kousek od ní. Bunica mëla širokou sukni FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. ne les voit pas, mais ils devaient être assis près d'elle sur le banc. Bunica avait une jupe large avec deux grandes poches où Elena jetait ses boutons-d'or en rentrant de la messe. Le dimanche, elle n'avait pas le droit de courir. Elle portait sa jolie robe et des chaussures. Le dimanche soir, Bunica préparait les raviolis au fromage. Les koltunach. Moelleux et sucrés dessus, presque acides dedans. Bu fromage blanc crémeux dans une p}te { nouilles. Plus tard elle en mangerait aussi mais ils restent associés { l'herbe, { la terre mouillée, { la flèche blanche de l'église, { la robe d'été, aux boutons-d'or et aux bêlements des agneaux. Et aux cerises. Vertes mais sucrées, juteuses. Les yeux clos, elle voit la lumière qui décline sur la ferme. Elle sent l'odeur écœurante du lait qu'on vient de traire. Elle voit sa grand-mère sur le tabouret de bois, sa jupe étalée autour d'elle. Il est probable que Bunica trayait les vaches { l'aube et pas au crépuscule. Alors pourquoi se rappelle-t-eSle ce moment de la journée, quand la lumière dorait, bleuissait, devenait nuit? Il y avait une grande cour. Un sol en terre battue. Les enfants jouaient l{ toute l'année. [ cache-cache. [ chat perché. Unu, dot, trei... Et une route sinueuse { travers la campagne. [ la fin de la route, une maison vers laquelle elle se dirigeait. Sa maison? Quelqu'un { qui ils rendaient visite ? Elle ne sait plus. Elle voit juste la route, et sait qu'il y avait une maison au bout. C'est tout ce qui reste. Rien ne dit que ce soit de vrais souvenirs. Cette ferme, c'est peut-être celle de ses livres d'enfant. L'après : la grosse villa rose { Kichinev, la capitale, où elle s'est retrouvée d'un jour { l'autre avec sa grand-mère, chez son oncle et sa tante. Des gens de la ville, qu'elle n'avait jamais vus { la ferme. Son oncle travaillait dans un hôpital. Sa tante, la sœur de sa mère, portait des chaussures { talons hauts. Bunica lui dit que sa mère avait eu un accident et qu'elle était au ciel, d'où elle voyait Nounoush { toute heure du jour et de la nuit. Pour plaire { maman il fallait être une petite fille très gentille et très sage. Elle était polie, gentille, calme, reconnaissante. Bonjour tata, bonjour tonton, merci beaucoup, de rien et s'il vous plaît. En face de la chambre qu'elle partageait avec sa grand-mère se trouvait l'immense salon aux murs recouverts de soie bleue. Elle apprit { ne pas déranger les franges des tapis persans. Le revêtement des fauteuils Louis-XV était assorti aux rideaux. Elle admirait les ornements dorés de la commode et du secrétaire. « Style Empire », l'informa sa tante, flattée que la petite s'intéresse { ses meubles, du moment qu'elle n'abîmait rien. Il y avait un petit chien blanc, Papusha. Il grognait, aboyait et montrait les dents quand elle embrassait son oncle et sa tante avant d'aller se coucher. Un animal jaloux et possessif. En sortant de l'école, elle galopait pour avoir le temps de jouer avec lui avant que son oncle et sa tante rentrent de l'hôpital. Trente fois de suite elle jetait le ballon dans le jardin et le chien le rapportait, pantelant. Elle aimait sentir la boule de poils sous sa paume. Un après-midi pluvieux, elle entra dans la maison en portant le chien dans ses bras quand Papusha lui échappa et bondit en aboyant dans le salon. Elle se précipita, craignant que le chien ne laisse la trace de ses pattes boueuses sur la soie des fauteuils. « Papusha ! Ici ! — Elena! » Elle se figea. Sa tante, rentrée plus tôt que d'habitude. Papusha avait sauté sur ses genoux. Les yeux noirs de se dvëma velkými kapsami, kam si Elena odkl|dala kvëty pryskyřníků natrhané cestou z kostela. V nedëli mëla zak|z|no bëhat. Oblékli ji hezounké šatičky a botky. V nedëli večer vařila Bunica tvarohové taštičky. Kolcunaše. Nahoře lahodnë sladké a uvnitř skoro kyselé. Smetanový tvaroh v nudlovém tëstë. Bude je jídat i pozdëji, ale už navždy je bude mít spojené s tr|vou, mokrou hlínou, bílou špicí kostela, letními šatičkami, žlutými kvëty pryskyřníků a bečením jehň|tek. A také s třešnëmi. Zelenými, ale sladkými a plnými šť|vy. Se zavřenýma očima vidí svëtlo sl|bnoucí nad hospod|řstvím. Cítí odporný z|pach mléka tësnë po dojení. Vidí babičku na dřevëné stoličce, se sukní rozprostřenou kolem sebe. Je docela pravdëpodobné, že Bunica dojila kr|vy za úsvitu, a nikoli za soumraku. Tak proč si připomín| pr|vë tuhle chvíli dne, kdy svëtlo zl|tlo a barvilo se do modra, než přešlo v tmu? Byl tam velký dvůr s udusanou, hlínou. Dëti si na nëm hr|valy po celý rok. Na schov|vanou. Na babu. Unu, dol, trei... A klikat| cesta mezi poli. Na konci cesty dům, k nëmuž míří-vala. Byl to jejich dům? Nebo tam jen chodívala na n|vštëvu? Netuší. Vidí jen cestu a ví, že na jejím konci st|l dům. To je všechno, co zbylo. Nic nedokazuje, že to jsou opravdové vzpomínky. Ten statek možn| zn| ze svých dëtských knížek. Potom. Velk| růžov| vila v hlavním mëstë Kišinëvë, kde se ocitla ze dne na den spolu s babičkou u strýčka a tety. Lidí z mësta, jež na statku nikdy nevidëla. Strýc pracoval v nemocnici. Teta, matčina sestra, nosila boty na vysokém podpatku. Bunica jí řekla, že její maminka mëla nehodu a teď je v nebi, odkud se div| na Eluš každou chvíli, ve dne i v noci. Aby z ní mëla maminka radost, musí být moc hodn| a chytr| holčička. Byla zdvořil|, mil|, klidn|, vdëčn|. Dobrý den teto, dobrý den strejdo, dëkuji mnohokr|t, r|do se stalo, prosím. Naproti pokojíku, jejž sdílela společnë s babičkou, se nach|zel ohromný salon se zdmi pokrytými modrým hedv|bím. Naučila se necuchat tř|snë na perských kobercích. Potahy na křeslech ve stylu Ludvíka XV. ladily se z|clonami. Obdivovala zlaté ozdoby na komodë a sekret|ři. „Empírový styl," poučila ji teta, polichocen| z|jmem maličké o n|bytek za předpokladu, že nic nezničí. Ničeho se nedotýkala. Mëli tam malého bílého pejska, Papuša4) se jmenoval. Vrčel, štëkal a cenil zuby pokaždé, když strýčka a tetu políbila, než si šla lehnout. Ž|rlivé a majetnické zvíř|tko. Cestou ze školy uh|nëla co nejrychleji domů, aby získala čas a mohla si s ním hr|t, než se strýček s tetičkou vr|tí z nemocnice. Třicetkr|t mu v zahradë hodila míč a pes ho aportoval, sotva popadal dech. R|da se té chlupaté koule dotýkala dlanëmi. Jednoho deštivého odpoledne se vr|tila domů s psíkem v n|ručí, když vtom se jí Papuša vytrhl a se štëkotem se vtrhl do obývací místnosti. Rozbëhla se za ním s obavou, aby na hedv|bných potazích křesel nezanechal stopy po zabl|cených tlapk|ch. „Papušo! Ke mnë!" „Eleno!" Strnula. Teta se vr|tila z pr|ce dřív než obvykle a FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. Iulia étaient fixés sur elle, durs et sévères. Elle baissa la tête. « Qu'est-ce que tu fais, Elena? On t'a dit de ne jamais courir dans le salon ! Tu aurais pu casser un vase. Des Rosenthal! Ils sont très précieux, très chers ! Ton oncle sera furieux s'il l'apprend ! Ne dis rien { mon oncle, tata Iulia ! Pardon ! Je ne le ferai plus, c'est promis ! Va dans ta chambre. N'en sors que quand je te le dirai. » Sa grand-mère qui pliait des vêtements dans la petite chambre fronça les sourcils. Elena s'assit sur l'unique chaise. Ses pieds ne touchaient pas le sol. Les aboiements de Papusha et la voix de sa tante lui parvenaient du salon. « Papusha, ici, mon chien! Assis ! Arrête de jouer. Assis! Tiens, mon bébé, regarde ce que je t'ai apporté... » Papusha avait le droit de courir, de sauter, de s'asseoir partout dans la maison, même sur les fauteuils tapissés. C'est sa maison, songea Elena. Pas la mienne. Chapitre 3 1943-1945 LA FUITE Un train pour animaux. Ils étaient assis directement sur le plancher entre les valises. Les semaines précédant le départ, la villa rose s'était remplie de conversations sérieuses, de visites, de murmures, de disputes et de larmes. Son oncle et sa tante passaient leurs soirées { écouter la radio. Personne ne faisait attention { Elena, bannie du salon. Sa grand-mère avait fini par lui expliquer que la Bessarabie, son pays, allait être occupée par la Russie. Son oncle et sa tante ne voulaient pas devenir russes et vivre sous un gouvernement soviétique. Ils devaient quitter la Bessarabie avant qu'il soit trop tard, pour émigrer dans un pays voisin où l'on parlait la même langue, la Roumanie. Elena avait très peur. Elle se représentait les Russes comme des géants prêts { envahir son pays, { voler les enfants et { les manger. Le voyage était long. Le train avançait lentement et s'arrêtait souvent. [ chaque arrêt un homme ouvrait la porte de leur wagon pour qu'ils puissent respirer l'air frais et faire pipi. Des paysans des villages qu'ils traversaient leur apportaient du thé chaud et du rhum. Quelqu'un fourra un verre sous le nez d'Elena. L'odeur était si forte qu'elle se mit { tousser, et tout le monde éclata de rire. D'humiliation, les larmes lui montèrent aux yeux. Avant de partir, son oncle avait réussi { envoyer leurs plus beaux meubles en camion { une connaissance vivant { Bucarest, la capitale de la Roumanie. M. Ionescu. Sa tante avait empaqueté chaque meuble avec précaution. Elena savait combien sa tante était inquiète sur le sort de son mobilier. Rien ne disait qu'elle le reverrait. Ils descendirent du train dans une ville dont Elena déchiffra le nom sur un panneau : AIUD. Le nom aux sonorités rondes lui plut. Les rues de la nouvelle ville étaient boueuses après la pluie. Sa tante se plaignait. la ville était provinciale, la maison petite et mal meublée. Elena pensait { Papusha qu'ils avaient dû laisser { leurs voisins de Kichinev. Le chien était-il triste lui aussi? Les chiens ont-ils une mémoire? La maison était silencieuse sans ses aboiements. Elle entra en CP dans une école catholique. Chaque matin les petites filles priaient une demi-heure dans l'église { côté de l'école. Elena n'avait aucun problème { rester silencieuse. Elle passait sa demi-heure de méditation { examiner une immense statue derrière l'autel, qui représentait Marie tenant Jésus sur ses genoux. Une "piet{", lui dit la sœur qui les surveillait. Elena s'agenouillait parfois devant la statue. Le bois avait une bonne Papuša jí skočil na kolena. Do tv|ře se jí zabodl pronikavý pohled Iu-liiných přísných černých očí. Svësila hlavu. „Eleno, co to dël|š? Přece jsme ti říkali, že v salonu nem|š nikdy bëhat! Mohla bys nëco rozbít. Jsou tady v|zy Rosenthal! Strašnë vz|cné a drahé! Tvůj strýček bude zuřit, až se to dozví!" „Teto Iulie, neříkej strýčkovi nic. Odpusť mi to! Už to nikdy neudël|m, slibuji!" „Bëž do svého pokoje a nevych|zej odtamtud dřív, dokud ti řeknu." Babička, kter| skl|dala šaty v komůrce, pokrčila obočí. Elena se posadila na jedinou židli. Nohama nedos|hla na zem. Z obývacího pokoje k ní doléhal Papušův štëkot a tetin hlas: „Papušo, pojď ke mnë, pejsku! Sedni! Přestaň dov|dët. Sedni! Na, dëť|tko, podívej, co jsem ti přinesla..." Papuša smël bëhat, sk|kat a sedat si všude v dome, dokonce i na čalounën| křesla. To je jeho dům, napadlo Elenu. Můj ne. 3. 1943—1945. Útěk Vlak s vagóny pro dobytek. Sedëli přímo na podlaze mezi kufry. Bëhem týdnů, jež předch|zely odjezdu, plnily růžovou vilu v|žné rozhovory, n|vštëvy, šepoty, h|dky a slzy. Strýc a teta tr|vili večery u r|dia. Eleny, vyhoštëné ze salonu, si nikdo nevšímal. Babička jí nakonec vysvëtlila, že její zemi, Besa-r|bii, bude co nevidët okupovat Rusko. Strýc a teta se nechtëjí st|t Rusy a žít pod sovëtskou vl|dou. Musí odejit dřív, než bude pozdë, emigrovat do sousední zemë, kde se mluví týmž jazykem, tedy do Rumunska. Elena se hroznë b|la. Představovala si Rusy jako obry, kteří se chystají přepadnout její zemi, kr|st dëti a jíst je. Cesta byla dlouh|. Vlak se vlekl a často zastavoval. Na každé zast|vce otevřel jakýsi muž dveře jejich vagónu, aby se mohli nadechnout čerstvého vzduchu a odskočit si na toaletu. Obyvatelé vesnic, jimiž projíždëli, jim nosili horký čaj s rumem. Kdosi sklenku strčil pod nos i Elenë. Aroma n|poje bylo tak silné, že se rozkašlala, což všechny ostatní rozesm|lo. Vyhrkly jí slzy. Nelíbilo se jí, že si z ní utahují. Ještë než odjeli, podařilo se strýci poslat jejich nejkr|snëjší n|bytek n|kladním vozem ke zn|mému, který žil v Bukurešti, hlavním mëstë Rumunska. Jmenoval se Ionescu. Teta každý kus opatrné zabalila. Elena dobře vëdëla, jakou starost si teta dël| o osud svého mobili|ře. Nemëla ž|dnou z|ruku, že ho ještë uvidí. Z vlaku vystoupili ve mëstë, jehož jméno si Elena přečetla na tabuli—AIUD. Líbilo se jí pro svou oblou zvučnost. Po dešti byly ulice nového mësta samé bl|to. Tetička si stëžovala, že je to venkovské mësto a že dům, v nëmž se ubytovali, je malý a špatnë zařízený. Elena myslela na Papušu, kterého museli nechat v Kišinëvë u sousedů. Stýsk| se i pejskovi? Mají psi pamëť? Bez jeho štëkotu vl|dlo v domë tísnivé ticho. Nastoupila do přípravné třídy v katolické škole. Každé r|no se holčičky půl hodiny modlily v kostele vedle školy. Elenë nedëlalo ž|dné potíže vydržet bez mluvení. Půlhodinu rozjím|ní tr|vívala prohlížením ohromné sochy FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. odeur, et Jésus reposait si confortablement sur les genoux de sa mère qu'il n'avait pas du tout l'air mort. Marie avait des joues toutes rondes et un doux sourire. Une sœur qui savait sculpter le bois fabriqua une mini-piet{ qu'elle lui donna le jour de sa fête. Les traits du visage et les plis de la robe n'étaient pas aussi raffinés que ceux de la grande statue, mais c'était Marie, douce et maternelle, tenant sur ses genoux son fils crucifié. Elena ne pouvait s'endormir sans sa petite statue. Chaque soir elle la posait sur son oreiller entre elle et sa grand-mère. Quand elle ouvrait les yeux, c'était la première chose qu'elle voyait. Elle lui parlait. Son adoration pour la Vierge faisait rire Bunica. Mais ils repartirent. En rentrant de l'école un aprèsmidi, elle vit toutes les valises dans l'entrée. Le lendemain matin, ils quittèrent Aiud, l'école catholique, les sœurs et la grande piet{. La nouvelle ville ] n'était pas loin : { peine une heure de train. Ils se précipitèrent pour descendre valises et paquets avant que résonne le coup de sifflet du chef de gare. Quand ils reprirent leur respiration, Elena ne retrouva pas sa statue. Elle fouilla dans son sac et dans celui de sa grand-mère, et les vida même sur le quai. En larmes, elle supplia sa grand-mère d'appeler le contrôleur, d'arrêter le train qui filait au loin. « Arrête de pleurnicher, Elena. Je suis fatiguée et j'ai mal { la tête », dit sa tante. Bunica l'embrassa. « Si tu l'as perdue, on t'en trouvera une autre, ma chérie, ne t'inquiète pas. » Elle s'accrocha en sanglotant aux jupes de sa grandmère. Son oncle lui donna une fessée, pour qu'elle ait une raison de pleurer. Elle n'aimait pas la nouvelle ville au nom de vache, Turda. C'était l'été. Leur maison était sombre et humide, avec une petite cour grise. « Va jouer dehors », lui disait Bunica. Elena s'asseyait dans un coin de la cour poussiéreuse. Elle entendait des enfants rire dans des jardins voisins. Pour la fête de l'Assomption, le 15 août, sa tante lui offrit une statuette en porcelaine de la Vierge Marie, peinte { la main par un artiste local, avec une robe bleu azur et des traits délicats. Elena la laissa sur l'étagère. Elle avait déj{ perdu son intérêt pour la religion, conclut Iulia. Ils déménagèrent { nouveau. Cette fois, elle fut contente de partir. Sa tante aussi. Le voyage dura toute une journée, avec deux changements de train et des heures d'attente. Ils roulaient vers l'est. Il faisait nuit noire quand ils arrivèrent. Craiova. Une ville au nom grave, noble. La gare était beaucoup plus grande que celle de Turda. Elena entra en CE1 dans une école privée. Elle devait porter un uniforme. Une robe bleu marine, un manteau bleu, un chapeau bleu, des chaussettes blanches et des chaussures vernies. Elle se trouvait jolie dans son uniforme. Elle avait une gentille maîtresse, avec un nom de fleur et de beaux cheveux noirs. Elle devint bonne élève. Toujours la première { lever la main. Une excellente mémoire en poésie. Elle courait vite malgré sa petite taille, et les autres filles voulaient « la nouvelle » dans leur équipe lors de la course-relais. Elle se fit une amie, une fillette aux nattes brunes attachées par des rubans bleu clair. Elles jouaient { la marelle ensemble { la récréation. Son amie l'invita { déjeuner un dimanche. Elle stojící za olt|řem, jež zn|zorňovala Marii držící na klínë Ježíše. To je „pieta", řekla jí ř|dov| sestra, kter| na në dohlížela. Elena před sochou občas poklekla. Dřevo příjemnë vonëlo a Ježíš spočíval na matčinë Mínë tak pohodlnë, že vůbec nevypadal jako mrtvý. Marie mëla kulaté tv|ře a nëžné se usmívala. Jedna sestra, kter| umëla pracovat se dřevem, vytvořila maličkou pietu a vënovala ji Elenë k sv|tku. Rysy v obličeji ani ř|snëní šatů nemëla tak vytříbené jako velk| socha, ale byla to Marie, nëžn| a mateřsk|, chovající na klínë ukřižovaného syna. Elena od té doby bez své sošky nemohla usnout. Každý večer si ji pokl|dala na polšt|ř mezi sebe a babičku. Jakmile otevřela oči, první, co uvidëla, byla pr|vë ona. Mluvila na ni. To, jak Pannu Marii zbožňovala, bylo Bunice k smíchu. Ale pak odtamtud odjeli. Když se Elena jednoho dne odpoledne vr|tila ze školy, vidëla všechna jejich zavazadla srovnan| u dveří. Nazítří r|no opustili Aiud a s ním i katolickou školu, sestřičky a velkou pietu. Nové mësto nebylo daleko, sotva hodinu cesty vlakem. Museli si pospíšit s vykl|d|ním zavazadel a ranců, než zazní píšťalka výpravčího. Když se mohu" opët nadechnout, Elena zjistila, že jí soška chybí. Prohledala svou tašku i babiččinu kabelu, vysypala je přímo na n|stupištë. Se slzami v očích babičku prosila, aby zavolala průvodčího a ten zastavil vlak, který už mezitím mizel v d|lce. „Přestaň fňukat, Eleno. Jsem unaven| a bolí më hlava," napomenula ji teta. Bunica ji políbila. „Jestli jsi ji ztratila, najdeme ti nëjakou jinou, zlatíčko, netrap se tím." S pl|čem se povësila babičce za suknë. Strýček jí dal na zadek, aby mëla proč brečet. Nové mësto, Turda, které mëlo stejné jméno, jaké se d|v| krav|m, se jí nelíbilo. Bylo léto. Bydleli v temném vlhkém domë s šedivým dvorkem. „Bëž si hr|t ven," vybízela ji Bunica. Elena sedala v koutë zapr|šeného dvorku. Slyšela, jak se v sousedních zahrad|ch smëjí dëti. Ke sv|tku Nanebevzetí 15. srpna jí teta vënovala porcel|novou sošku Panny Marie s azurovë modrými šaty a jemnými rysy, kterou ručnë nabarvil místní umëlec. Elena si ji uložila na poličku. Z|jem o n|boženství ji už přešel, uzavřela Iulia. Opët se stëhovali. Tentokr|t byla r|da, že odch|zejí. Její teta rovnëž. Cesta trvala celý den, dvakr|t přesedali a dvë hodiny čekali na další spoj. Putovali na východ. Pozdë v noci dorazili do mësta s v|žným, ušlechtilým jménem Craiova. N|draží mëlo mnohem vëtší než Turda. Elena nastoupila do druhé třídy soukromé z|kladní školy. Musela nosit uniformu. Tmavomodré šaty, modrý kab|t, modrou čepici, bílé ponožky a lakované střevíce. V uniformë si připadala hezk|. Mëla hodnou paní učitelku s kr|snými černými vlasy, kter| se jmenovala jako kvëtina. Stala se dobrou ž|kyní. Vždycky se hl|sila jako první. Mëla výbornou pamëť na b|sničky. A třebaže byla malého vzrůstu, rychle bëhala, takže při štafetovém bëhu byla ostatní dëvčata r|da, když „tu novou" získala do svého družstva. Našla si kamar|dku, drobnou holčičku s hnëdými copy sv|zanými svëtle modrými mašlemi. O přest|vce si spolu hr|valy nebe-peklo-r|j. Jednou v nedëli ji spolužačka pozvala na obëd. Bydlela v blahobytném domë ve středu FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. habitait une maison cossue du centre-ville, avec une chambre { elle pour dormir et une autre juste pour ranger ses poupées Elles déjeunèrent dans une vaste pièce, servies par une domestique, autour d'une table ancienne qui rappelait { Elena la table de Kichinev. Quand la mère l'interrogea sur sa famille, Elena donna quelques réponses vagues. [ huit ans, elle avait compris qu'il valait mieux ne pas dire qu'elle venait de Russie, qu'elle dépendait de la charité de son oncle et sa tante, et qu'elle avait changé de ville quatre fois. La bonne apporta un dessert qui arracha { l'amie d'Elena des cris de plaisir. Des beignets fourrés { la prune, une spécialité de leur cuisinier. Elena n'avait jamais rien mangé d'aussi bon, pas même les merveilleux raviolis sucrés au fromage de sa grand-mère. Elle aurait été capable de dévorer tout le plat, mais contrairement { sa camarade qui en avait déj{ mis cinq ou six dans son assiette, elle attendit que la mère lui propose de se resservir. Elle souhaitait qu'on la réinvite. Le jour où sa merveilleuse maîtresse annonça { ses élèves qu'elle passerait en CE2 avec elles, Elena rentra en courant de l'école pour proclamer la nouvelle. Elle vit les valises ouvertes sur les lits et fondit en larmes. Iulia, qui était en train d'empaqueter, leva la tête, irritée. « Ne fais pas le bébé, Nounoush. Tu crois qu'on a le choix ? On doit aller l{ où ton oncle trouve du travail. C'est gr}ce { lui qu'on a un toit et de quoi manger, et que tu peux aller { l'école. » Deux jours après, ils partirent. Brăila. Une grande ville près de la frontière avec la Russie. Son oncle avait un poste d'administrateur dans un hôpital et sa tante avait obtenu un emploi de secrétaire. Ils emménagèrent dans une maison agréable avec un petit jardin aux tonnelles couvertes de vigne. Pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté la Bessarabie, ils recommencèrent { avoir une vie sociale. Elena aimait que son oncle et sa tante invitent des gens { déjeuner sous les tonnelles du jardin, Elle prenait des leçons de piano chez une vieille dame qui organisait deux fois par an des concerts dans son salon élégant. Elle était fière de marcher vers le piano { queue, vêtue de la robe noire que sa grand-mère avait cousue pour elle. Un après-midi, en rentrant du cinéma où elle avait le droit d'aller seule depuis ses neuf ans, elle aperçut de la fumée au bout de la rue, { l'emplacement de sa maison. Elle se précipita, le cœur galopant. Mais la maison était l{, entière, et sa tante et Bunica n'étaient pas assises en larmes { côté d'un tas de ruines fumantes. Les volutes venaient d'un jardin voisin où l'on brûlait des feuilles- Elena rit de sa panique. Le soir où son oncle et sa tante la convoquèrent dans leur chambre, elle y entra { reculons. Elle savait ce que ça voulait dire : un autre départ, une autre ville, une autre maison, une autre école. Sa tante était allongée sur son lit, entre son oncle assis dans un fauteuil et sa grandmère sur une chaise de l'autre côté. « Elena, lui dit son oncle, on a deux nouvelles importantes. La première, c'est qu'on va déménager { Bucarest, la capitale. J'ai obtenu ma mutation. Ta tante est ravie. » Iulia sourit, rayonnante. Elena contint ses larmes et entendit { peine le reste : « Et voici l'autre nouvelle. On ne voulait pas t'en parler avant d'avoir résolu tous les problèmes légaux. On a reçu une lettre officielle aujourd'hui. C'est fait. Ta tante et moi, nous t'adoptons. Dorénavant tu es notre fille. — Tu dois nous appeler papa et maman «, ajouta sa tante. Un rayon de soleil passant par !a fenêtre faisait briller l'oiseau d'or et de rubis piqué sur le chemisier blanc de Bunica, mësta, kde mëla pro sebe jeden pokoj na spaní a druhý na panenky. Při obëdë je obsluhovala služebn|. Odehr|val se v rozlehlé místnosti u starobylého stolu, který Elenë připomínal stůl v Kišinëvë. Když se kamar|dčina matka zeptala na její rodinu, odpovídala Elena spíš neurčitë. Ve svých osmí letech už vëdëla, že o nëkterých vëcech je lepší se nešířit — že přišla z Ruska, je odk|zan| na strýcovo a tetino milosrdenství a v kr|tké dobë se čtyřikr|t stëhovala. Poté, co služka přinesla dezert, zavýskla Elenina kamar|dka radostí. Byly to koblihy plnëné povidly, specialita jejich kuchaře. Elena nëco tak dobrého nikdy nejedla, dokonce se ani nedaly srovn|vat s babiččinými sladkými taštičkami plnënými tvarohem. Byla by schopn| spolykat koblihy všechny do jedné, avšak na rozdíl od své kamar|dky, kter| si jich na talíř naložila pët nebo šest, Elena čekala, až ji kamar|dčina matka vyzve, aby si přidala. Doufala, že ji zase nëkdy pozvou. V den, kdy její b|ječn| učitelka ž|kům ozn|mila, že je bude vyučovat i další rok, přibëhla Elena cel| šťastn| s dobrou zpr|vou domů. Na postelích uvidëla otevřené kufry a rozplakala se. Iulia pr|vë balila vëci a popuzenë zvedla hlavu. „Nebuď jako mal|, Eluš. Myslíš si, že m|me na výbër? Musíme jít tam, kde tvůj strýc najde pr|ci. Jen díky nëmu m|me co jíst, kde sp|t a ty můžeš chodit do školy." O dva dny pozdëji odjeli do Brˇaily, velkého mësta poblíž hranic s Ruskem. Její strýc tam dostal místo spr|vce nemocnice a teta získala zamëstn|ní jako sekret|řka. Nastëhovali se do příjemného domu se zahr|dkou s loubím obrostlým vínem. Poprvé od doby, co opustili Besar|bii, začali vést společenský život. Elenë se líbilo, že strýc a teta zvou zn|mé na obëd do zahrady. Chodila na hodiny klavíru ke staré paní, jež ve svém elegantním salonu poř|dala dvakr|t ročnë koncerty. Hrdë kr|čela ke křídlu, oblečen| do černých šatů, které jí ušila babička. Když se jednou odpoledne vracela z kina, kam mohla od svých devíti let chodit sama, uvidëla na konci ulice v místech, kde st|l jejich dům, stoupat dým. S bušícím srdcem se tam rozbëhla. Ale dům st|l na svém místë, celý, a teta ani Bunica nesedëly v slz|ch vedle kouřících trosek. Kotouče kouře vych|zely ze sousední zahrady, kde se p|lilo listí. Elena se v z|chvatu paniky sm|la štëstím. Jednou večer si ji strýc a teta zavolali k sobë do pokoje. Vstoupila tam, jako kdyby ji vedli na popravu. Už vëdëla, co to znamen| — další odjezd, další mësto, další dům, další školu. Teta ležela na lůžku, mezi strýcem sedícím v křesle a babičkou na židli z druhé strany. „Eleno, m|me pro tebe dvë důležité zpr|vy" spustil strýc. „První je ta, že se budeme stëhovat do hlavního mësta, do Bu-kurešti. Získal jsem povolení k převodu majetku. Tvoje teta je nadšen|." Iulia z|řila radostí. Elena zadržovala slzy a jen stëží vnímala zbytek: „A ještë další zpr|va. Nechtëli jsme ti to říkat, dokud nebudeme mít splnëné všechny podmínky stanovené z|konem. Dnes jsme dostali úřední dopis. Už je to vyřízené. Tvoje teta a j| të adoptujeme. Od téhle chvíle jsi naše dcera." „Musíš n|m říkat tatínku a maminko," dodala teta. Oknem pronikl do ložnice sluneční paprsek a oz|řil zla- FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. ses deux ailes pointées vers le haut comme s'il allait s'envoler. Sa grand-mère avait promis de lui donner le bijou quand elle serait grande et avait ri lorsque Elena lui avait dit avec conviction : « Je suis déj{ grande. » Elle remarqua soudain une tache rouge { côté de la petite broche — de censés, de sauce ou de vin. Bunica toujours si propre n'avait pas dû s'en apercevoir. « Oui, tata Iulia. — Petite cruche! Qu'est-ce que je viens de te dire ? Maman ! Viens nous embrasser. » Elena s'approcha. Sa tante lui prit la tête entre les mains et la serra { lui faire mal. Elle déposa un gros bisou bruyant sur le front de sa nièce, y laissant sûrement une trace de rouge { lèvres. Son oncle aussi l'embrassa. Sa grand-mère la pressa contre elle. « Elle ne dit rien ! s'exclama son oncle. Ça ne te fait pas plaisir, Elena ? — Bien sûr que si ! répondit Bunica. Elle est juste trop émue pour parler! » Le lendemain, pendant l'appel, la maîtresse passa directement de « Bucur Ottilia » { « Dumitrescu Antonia » en oubliant le quatrième nom sur la liste, « Cosrrsa Elena ». Elena haussa les sourcils, trop timide pour l'interrompre. Aucun des autres enfants ne parut remarquer l'erreur. Vers la fin de la liste, la maîtresse prononça un nom qu'Elena n'avait jamais entendu, comme s'il y avait une nouvelle élève. « Tiberescu Elena. » Personne ne leva le doigt. Les deux autres Elena de la classe ne semblaient pas plus concernées qu'elle. « Tiberescu Elena a, répéta la maîtresse en regardant Elena, qui s'avisa soudain que le nom aux sonorités vaguement familières était celui de son oncle, et donc le sien dorénavant. Elle leva une main tremblante, les joues rouges de honte. [ la récréation, un cercle d'enfants curieux se forma autour d'elle : "Elena, pourquoi t'es plus Cosma ? C'est quoi, ce nouveau nom ? » Elena mit les mains sur ses oreilles et s'enfuit dans un coin de la cour Elle ne voulait pas dire qu'on venait de l'adopter, qu'elle n'avait pas de parents, qu'elle n'était personne. Chapitre 4 1988-1989 VOUS PENSEZ QUE VOTRE FILS EST QUELQU'UN DE FIABLE? Jeudi 16 juin, dix-huit heures vingt. Helen est en train de mettre la dernière main { la version finale d'un projet qu'elle doit rendre { son patron le lendemain — un programme en langage Assembler qui connectera les gros ordinateurs aux micro-ordinateurs, dont on prédit que l'usage va s'universaliser — quand le téléphone la fait sursauter. Ce n'est sûrement pas Jacob. Il sait que chaque minute compte ce soir et qu'elle a besoin de toute sa concentration. Elle décroche, agacée par l'intrusion. « Helen Tibb. — Maman? » La voix de son fils lui donne une joie instantanée, qui se teinte aussitôt de crainte. Il est rare qu'il l'appelle au bureau. « Alexandru ? Tout va bien ? Oui. Je pensais venir demain, avec quelqu'un. Ce serait merveilleux ! » Par discrétion, Helen évite de demander qui est ce « tého pt|čka s rubíny, připíchnutého na babiččinë halence, který mël obë křídla vzepjat|, jako kdyby se chystal vzlétnout. Babička jí kdysi slíbila, že jí ten šperk d|, až bude velk|, a od srdce se zasm|la, když jí tehdy Elena ubezpečila: „J| už jsem velk|, babičko." Vtom vedle drobné brože zaznamenala červenou skvrnku—od třešnë, om|čky nebo vína. Bunica, vždy tak čisťounk|, si jí určitë nevšimla. „Ano, tata Iulia." „Ty mal| hlupačko! Co jsem ti pr|vë řekla? Maminko přece! Pojď n|s políbit." Elena přistoupila blíž. Teta uchopila její hlavu dlanëmi a stiskla ji tak, až to zabolelo. Dala neteři na čelo hlučnou pusu, po níž jí na nëm zůstala skvrna od rtënky. I strýc ji políbil. Babička ji k sobë pevnë přivinula. „Nic neřík|!" zvolal strýc. „Eleno, copak z toho nem|š radost?" „Jistë že m|!" odpovëdëla Bunica. „Je tak dojat|, že ani nemůže mluvit..." Když nazítří učitelka vyvol|vala jména kvůli prezenci, přešla po Bucurové Otilii přímo k Dumitrescové Antonii a Cos-movou Elenu úplné přeskočila. Elena zvedla obočí, byla však příliš nesmël| a neodv|žila se třídní přerušit. Ž|dné z dalších dëtí jako by si té chyby nevšimlo. Ve chvíli, kdy se vyučující blížila ke konci seznamu, vyslovila jméno, jež předtím Elena nikdy neslyšela, jako kdyby tam byla nov| ž|kynë. „Tiberescov| Elena." Nikdo nezvedl ruku. Obë další Eleny ve třídë se tv|řily, jako by se jich to týkalo stejnë m|lo jako jí. „Tiberescov| Elena," opakovala učitelka a dívala se při tom na ni. Elena si n|hle uvëdomila, že příjmení, které jako by jí vzd|lenë připomínalo cosi důvërnë zn|mého, patří jejímu strýci a nyní tedy i jí. Zvedla třesoucí se ruku, tv|ře zrudlé studem. O přest|vce kolem ní zvëdavé dëti utvořily kruh. „Eleno, proč už nejsi Cosmov|? Co m| to nové jméno znamenat?" Elena si přitiskla dlanë na uši a utekla do kouta školního dvora. Nechtëla říct, že ji pr|vë adoptovali, že je sirotek, že není nikdo. 4. 1988—1989. Myslíte si, že váš syn je někdo, na koho se lze spolehnout? Čtvrtek 16. června, osmn|ct hodin dvacet. Helen pr|vë dotahuje poslední verzi projektu, který musí n|sledujícího dne odevzdat šéfovi — jde o program v jazyce Assembler, který by mël propojit velké počítače s mikropočítači a podle prognóz by mël mít univerz|lní využití - když vtom ji ze soustředëní vytrhne zvonëní telefonu. Jakob to určitë nebude. Ví, že tenhle večer je pro ni důležit| každ| minuta a že se potřebuje plnë koncentrovat. Zvedne sluch|tko, rozladën|, že ji nëkdo vyrušuje od pr|ce. „Helen Tibbov|." „Mami?" Když uslyší synův hlas, pocítí na okamžik radost, ale vz|pëtí ji vystříd| obava. Syn jí do pr|ce vol|v| jen vz|cnë. „Co je Alexandru? Je všechno v poř|dku?" „Ano. Napadlo më, že bych zítra přijel a nëkoho s sebou vzal." FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. quelqu'un ». Mais le ton joyeux d'Alexandru semble indiquer qu'il s'agit d'une femme, Elle espère qu'après dix mois il sort enfin de son hibernation. Elle raccroche et retourne travailler, le cœur léger. Quand elle rentre chez elle { minuit et que Jacob vient la chercher { la gare, c'est la première chose qu'elle lui dit en s'asseyant dans la Buick : « Alexandru vient nous voir demain, avec quelqu'un. — Avec quelqu'un. Ha ha! » répète Jacob d'une voix suggestive. Helen se fait du souci pour son fils. Il ne s'agit pas de son avenir professionnel, même si elle souhaiterait qu'il reprenne des études après avoir obtenu sa licence de Harvard il y a quatre ans. Il travaille comme reporter pour un journal local de Cambridge : sans un diplôme supérieur, ce poste ne débouchera sur aucune carrière. Mais il suffit qu'il se décide. Il est brillant : toutes les portes s'ouvriront devant lui. Jusqu'ici, il a fanchi toutes les barrières. Alors que l'anglais n'était pas sa langue et que sa mère n'était pas juive, il a été accepté comme boursier { l'excellente école orthodoxe juive de Queens en 1975. Deux ans plus tard, il a réussi l'examen d'entrée au lycée public le plus compétitif de New York, Stuyve-sant. De l{, la route était pavée jusqu'aux meilleures universités, mais encore fallait-il être sélectionné parmi les étudiants qui étaient la crème de la crème des États-Unis. Helen n'oubliera jamais le soir où Alexandru leur a lu la lettre de Harvard : « Cher Alex Franklin Tibb, nous sommes heureux de vous annoncer, etc. » Harvard : le sommet des sommets. Ce sont les femmes qui inquiètent Helen. [ vingt-six ans, Alexandru a vécu deux grands amours; deux fois il a eu le cœur brisé. « C'est une leçon de vie, Lenoush. Il s'en remettra », a dit Jacob la première fois, quand Alexandru avait vingt ans et que Lisa, son premier amour, l'a quitté au bout d'un an. Cet été-l{ il est rentré chez ses parents et a passé deux mois sans sortir de sa chambre, allongé sur le canapé-lit, { fumer et écouter de la musique sur son walkman. Helen n'a posé aucune question mais son cœur a saigné pour lui. Deux ans plus tard, après une série d'aventures sans suite, il a rencontré Ximena. Elle était argentine, divorcée, et plus vieille qu'Alexandru de cinq ans, mais dès le premier instant, son sourire radieux et chaleureux a conquis Helen. Elle était aussi blonde et lumineuse qu'Alexandru était brun et sombre. Ils formaient un beau couple. Elle avait des ancêtres allemands sur lesquels la taquinait Alexandru : « Ton grand-père nazi. » Son grand-père avait en fait quitté l'Allemagne pour l'Argentine trois ans avant la guerre parce que la politique de son pays ne lui plaisait pas. Helen a accueilli Ximena dans son cœur comme la fille qu'elle n'avait pas eue. Mais en septembre dernier, alors qu'Alexandru et Ximena sortaient ensemble depuis trois ans et que leur relation semblait destinée { durer — il était allé deux fois { Buenos Aires et avait rencontré toute la famille, qui l'adorait —, il a soudain cessé d'appeler ses parents. Helen ne s'est pas inquiétée de son silence jusqu'{ ce qu'elle lui laisse un message, puis un autre, sans qu'il rappelle. Écoutant son instinct, elle a convaincu Jacob de se rendre { Cambridge le week-end suivant. [ une heure de l'après-midi, ils ont sonné au rez-de-chaussée de la maison en bois gris sur Peart Street, près de Central Square. Alexandru a fini par ouvrir. Il clignait des yeux comme s'il venait de se réveiller et que la lumière le gênait. Il avait une „To by bylo skvëlé!" Helen se z taktnosti radëji nept|, kdo ten „nëkdo" je. Avšak synův radostný tón jako by naznačoval, že jde o ženu. Zadou-fala, že se konečnë po šesti mësících probouzí ze zimního sp|nku. Zavësí a s lehkým srdcem se vr|tí k pr|ci. Když o půlnoci dorazí domů a Jakob ji vyzvedne na n|draží, je to první vëc, kterou mu ozn|mí, jen co usedne do buicku. „Zítra přijede Alexandru a nëkoho s sebou přiveze." "Nëkoho. Cha, cha!" zopakuje Jakob sugestivnë. Helen si o syna dël| starosti. Nejde o jeho profesion|lní budoucnost, i když by si samozřejmë př|la, aby se po ukončení studia na Harvardu před čtyřmi roky na školu ještë vr|til. Pracuje jako reportér pro místní noviny v Cambridgi, jenomže bez nejvyššího diplomu ho sotva ček| kloudn| kariéra. Stačí jen, aby se rozhodl. V učení je brilantní — když půjde d|l, bude mít otevřené všechny dveře. Veškeré přek|žky doposud překonal. Třebaže angličtina není jeho mateřština a nem| matku Židovku, přijali ho v roce 1975 jako stipendistu na excelentní ortodoxní židovskou školu v Queensu. O dva roky pozdëji uspël v přijímací zkoušce na Stuyvesantu—nejprestižnëjší veřejné střední škole v New Yorku. Odtud už mël umetenou cestu na nejlepší univerzity, ale ještë bylo třeba, aby ho vybrali mezi studenty, kteří jsou elitou Spojených st|tů. Helen nikdy nezapomene na večer, kdy jim Alexandru přečetl dopis z Harvardu: „Milý Alexi Frankline Tibbe, s potëšením V|m oznamujeme atd." Harvard, špička mezi vrcholy. Helen však dëlají starost ženy. Alexandru prožil v šestadvaceti letech dvë velké l|sky a dvakr|t mël zlomené srdce. „To je životní zkouška, Eluš. Však se z toho sebere," uklidňoval ji Jakob poprvé, když bylo Alexandrovi dvacet let a po roční zn|mosti ho opustila jeho první l|ska Lisa. Tehdy v létë přijel k rodičům na pr|zdniny a za dva mësíce nevyšel ze svého pokoje ani jednou. Ležel na pohovce, kouřil a poslouchal hudbu z walkmana. Helen se ho na nic nevypt|vala, ale srdce jí kvůli nëmu krv|celo. O dva roky pozdëji, po řadë dobrodružství, kter| nemëla pokračov|ní, potkal Ximenu. Byla Argentinka, rozveden|, o pët let starší než on, ale tak ušlechtil| a srdečn|, že si svým z|řivým úsmëvem Helen od prvního okamžiku podmanila. Mëla svëtlou pleť a blond vlasy, zatímco Alexandru byl snëdý a tmavovlasý. Tvořili spolu kr|sný p|r. Mëla nëmecké předky, kvůli kterým si ji Alexandru občas dobíral, když říkal: „No jo, ten tvůj fašistický dëdeček". Její dëdeček totiž odešel z Nëmecka do Argentiny tři roky před v|lkou, protože mu nevyhovovala politika jeho zemë. Helen přijala Ximenu do svého srdce jako dceru, kterou sama nemëla. Ale loni v z|ří, kdy spolu Alexandru a Ximena chodili už tři roky a zd|lo se, že mají trvalý vztah—dvakr|t byl Alexandru v Buenos Aires a setkal se s celou rodinou, jež si ho oblíbila—n|hle svým rodičům přestal volat. Helen si z jeho mlčení nedëlala hlavu do chvíle, kdy mu nechala v z|znamníku nejdřív jednu zpr|vu, poté další, a on se vůbec neozval. Poslechla vnitřní hlas a přemluvila Jakoba, aby se o příštím víkendu vypravili do Cambridge. V jednu hodinu po poledni zazvonili v přízemí šedivë natřeného FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. barbe de plusieurs jours et portait une chemise en flanelle fripée dans laquelle il devait dormir. Une odeur aigre émanait de son corps. Dans le salon, le futon { même le plancher devant la télévision était entouré de bouteilles de bière et de whisky vides, de verres sales, de cartons de pizzas, de paquets de Marlboro, et de cendriers si pleins que leurs cendres débordaient sur le plancher. Il s'est excusé de ne pas avoir rappelé. Il avait eu une forte grippe mais se sentait déj{ mieux. El n'a pas prononcé une seule fois le nom de Ximena. Il a mis sept mois { dire { ses parents qu'elle l'avait quitté pour un très bon ami { lui, Jorge, argentin comme elle. Il a recommencé { se raser et { prendre des douches, et il est retourné travailler. Il a eu vingt-six ans. Mais pendant dix mois la même tristesse a voilé ses yeux. Le vendredi soir, Helen réussit { rentrer chez elle { sept heures et demie après avoir achevé son projet. Elle se change et met une élégante robe gris sombre sur laquelle elle pique l'oiseau d'or et de rubis. Elle attache autour de son cou le pendentif en verre de Murano que son fils lui a rapporté d'Italie. De la cuisme, elle guette les bruits de moteur dans la rue. Alexandru a dit qu'il arriverait vers huit heures [ huit heures vingt, elle entend une voiture ralentir et se précipite sur le porche. La petite Ford jaune est déj{ garée derrière la voiture de Jacob. La porte du côté passager s'ouvre, et quelqu'un en descend. Une femme. Helen sourit. Son instinct ne l'a pas trompée. « Hello ! Bienvenue, s'écrie-t-elle de sa voix la plus aimable. Vous avez fait bon voyage? » La jeune fille lève la tête. Elle a de longs cheveux blonds, comme Ximena. Il fait très chaud et elle porte une tenue légère, minijupe et débardeur turquoise. Alexandru sort de voiture { son tour, vêtu d'un jean et d'un tee-shirt dont le vert vif dénote son changement d'humeur. Ils montent tous deux l'esca-lier vers Helen. Son grand fils se penche vers elle pour l'embrasser, puis se redresse. « Maman, je te présente Marie. Nice to meet you, dit la jeune fille avec un accent qu'Helen identifie aussitôt. Vous êtes française ? Oui. Vraiment S C'est merveilleux ! » La France ! En un éclair lui revient la vision de la bibliothèque de Mme Weinberg, doublée de celle des jolies serveuses en minijupe de la cafétéria de Saclay. Alexandru est de toute évidence attiré par les étrangères. Une Française, c'est encore mieux qu'une Canadienne ou une Argentine. Comme elle n'a pas eu le temps de cuisiner, ils vont au restaurant. Elle a réservé dans le meilleur du quartier, celui où Jacob et elle célèbrent leurs anniversaires, Ils se dirigent vers la voiture de Jacob, mais en apprenant que le restaurant est peu éloigné, 3a Française dit qu'elle préférerait marcher après toutes ces heures de route. Ils traversent l'autoroute en empruntant le pont pour les piétons et la longent sur cinq cents mètres. Le parking du restaurant est plein. Ils entrent dans la salle Art déco, d'une fraîcheur agréable gr}ce { la climatisation. Comme c'est vendredi soir, les tables recouvertes de nappes blanches sont déj{ presque toutes occupées et les serveurs dřevëného domu na Pearl Street poblíž Central Square. Nakonec jim Alexandru otevřel. Mhouřil oči, jako by se pr|vë probudil a denní svëtlo ho oslepovalo. Mël nëkolikadenní strništë a na sobë zmuchlanou flanelovou košili, v níž nejspíš i spal. Z tëla mu vych|zel pronikavý pach. V salonu mël přímo na zemi před televizí položenou matraci a kolem ní se povalovaly pr|zdné lahve od piva a whisky, špinavé sklenice, kartony od pizzy, pr|zdné krabičky od marlbor a tak přeplnëné popelníky, že se z nich popel sypal na podlahu. Omluvil se, že nezavolal. Prodëlal tëžkou chřipku, ale už se cítí lip. Ani jednou nevyslovil Ximenino jméno. Trvalo mu sedm mësíců, než rodičům přiznal, že ho opustila kvůli Jorgemu, jednomu z jeho nejlepších kamar|dů, taky Argentinci jako ona. Od toho dne se začal znovu holit a sprchovat a vr|til se do pr|ce. Bylo mu šestadvacet let. Bëhem deseti mësíců mu oči zastřel stejný smutek. V p|tek večer se Helen podařilo vr|tit domů o půl osmé, poté, co dokončila projekt. Převlékla se a vzala si na sebe elegantní tmavë šedé šaty, na nëž si připnula zlatého pt|čka s rubíny. Kolem krku si povësila sklenëný přívësek z Murana, který jí přivezl syn z pobytu v It|lii. V kuchyni číh| na zvuk motoru z ulice. Alexandru řekl, že přijede kolem osmé. V osm dvacet slyší zpomalovat vůz a spëch| ke dveřím. Malý žlutý ford mezitím zaparkoval za Jakobovým autem. Dveře na stranë spolujezdce se otvírají a nëkdo z nich vystupuje. Žena. Helen se usmív|. Její vnitřní hlas ji nezradil. „Hello! Buďte vít|ni," zvol| co možn| nejsrdečnëji. „Jak| byla cesta?" Mlad| dívka zved| hlavu. M| dlouhé svëtlé vlasy jako Ximena. Je hrozné horko a ona m| na sobë lehký úbor, minisukni a tyrkysové tílko. Poté vystoupí Alexandru v džín|ch a tričku, jehož z|řivé zelen| barva prozrazuje zmënu n|lady. Oba jdou po schodech nahoru k Helen. Její velký syn se k ní skloní, aby ji políbil, a pak se napřímí. „Mami, představuju ti Marii." „Nice to meet you," pozdraví dívka s přízvukem, který Helen okamžitë identifikuje. „Vy jste Francouzka?" „Oui." „Opravdu! To je úžasné!" Francie! Bleskovë si vybaví knihovnu paní Weinbergové a obraz, který m| před očima, zn|sobí vzpomínka na servírky v minisukních, obsluhující v saclayském bufetu. Alexandru m| zcela zjevnë slabost pro cizinky. Francouzka je poř|d lepší než Kanaďanka nebo Argentinka. Jelikož nemëla čas uvařit, půjdou do restaurace. Zamluvila stůl v nejlepší čtvrti, té, v níž s Jakobem slavívají narozeniny. Zamíří k Jakobovu vozu, ale když se Francouzka dozví, že ten podnik je jen p|r kroků odtamtud, prohl|sí, že by se po všech tëch hodin|ch jízdy radëji trochu prošla. Přejdou d|lnici nad-chodem pro chodce a pak podél ní pokračují ještë pët set metrů. Parkovištë restaurace je plné. Vstupují do s|lu zařízeného v secesním stylu, kde je díky klimatizaci opravdu příjemnë. Vzhledem k tomu, že je p|tek večer, stoly pokryté bílými ubrusy jsou témëř do posledního obsazené a číšníci FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. courent de tous les côtés. " Quelle idée, cette climatisation! s'exclame la Française. Il fait bon dehors, et dedans on gèle. L'été, ici, il faut toujours avoir un pull avec soi. » Heureusement, elle a pris le sien. Helen est étonnée. Il ne lui était jamais venu { l'idée qu'on pût se plaindre de la climatisation. C'est un des conforts qu'elle apprécie le plus aux États-Unis. « Marie est parisienne », leur apprend Alexandru après que le serveur a apporté les entrées. « Quelle belle ville ! s'exclame Helen. J'y suis allée en 1968. » La Française hausse les sourcils : « En mai 68 ?» Helen sourit. « Non. En octobre. Paris était très calme. Il n'y avait aucune trace des événements de mai. J'ai marché partout. Et j'ai acheté des chaussures pour Alexandru. Tu te rappelles, Alexandru? Bien sûr, maman. Les mocassins. En chevreau gris, fourrés de lapin. Personne { Bucarest n'avait de si belles bottines ! Vous étiez libre de voyager { l'ouest ? demande la Française. J'étais invitée { un colloque international { Saclay. Vous connaissez Saclay ? » Elle prend garde { prononcer le mot { la française, avec l'accent sur la dernière syllabe. « Juste de nom. Un colloque de quoi ? Physique. J'étais physicienne nucléaire. Ah bon ! » La Française a l'air impressionnée. « Mais... je croyais que vous travailliez dans les ordinateurs ? » Helen et Jacob se regardent en riant. « C'est une longue histoire, dit Helen. Pour résumer, on s'est reconverti en arrivant ici. Il fallait la nationalité américaine pour être embauché dans une usine nucléaire. Ça n'a pas été si simple que ça, intervient Jacob avec un sourire. Lenoush pensait que l'informatique, ce serait trop difficile. J'ai eu du mai { la convaincre d'essayer. Et maintenant elle est la meilleure des programmeuses ! Je croyais que le niveau de maths serait trop élevé. Mais pas du tout. C'était très amusant. Comme d'apprendre une langue étrangère. » Le dîner se passe vraiment bien. Alexandru a l'air détendu et heureux, pour la première fois en dix mois. Discrète, Helen ne pose pas de questions, mais la jeune Française parle d'elle spontanément. Elle explique qu'elle vient de passer deux ans comme lectrice de français { Harvard et s'apprête maintenant { repartir pour la France, où l'attend un poste dans un lycée de la banlieue parisienne. Ces informations renseignent Helen et Jacob sur l'avenir de la liaison de Marie et de leur fils : de toute évidence, il s'agit juste d'une aventure pour l'été. Helen en est soulagée. Quelque chose chez la Française la gêne. Sur le chemin du restaurant, les jeunes gens ont marché enlacés, et Marie a embrassé Alexandru sur les lèvres sans se soucier de ses parents qui suivaient juste derrière. Elle est maintenant en train de lui caresser la main, comme si elle ne pouvait pas se passer d'un contact physique. Il y a autre chose. Helen reconnaît dans les yeux de son fils la lueur qu'elle y a vue briller du temps de Lisa et de Ximena. Elle est contente qu'il s'amuse enfin après ses dix mois de deuil, mais elle sent intuitivement que la Française n'est pas la femme pobíhají sem tam. „To je n|pad, pouštët klimatizaci!" zvol| Francouzka. „Venku je kr|snë a vevnitř všichni mrznou. V létë tady človëk s sebou vždycky musí mít svetr." Naštëstí si ten svůj vzala. Helen je udiven|. Nikdy ji nenapadlo, že by si nëkdo mohl stëžovat na klimatizaci. Ta skýt| komfort, který ve Spojených st|tech oceňuje snad ze všeho nejvíc. „Marie je Parížanka" oznamuje Alexandru poté, co číšník přinesl talíře s prvním chodem. „Paříž je kr|sné mësto!" zvol| Helen. „Byla jsem tam v roce 1968" „V kvëtnu 1968?" zvedne Francouzka obočí. Ne. V říjnu," usmëje se Helen. „Paříž byla velmi klidn|. Po kvëtnových ud|lostech tam nezbylo ani stopy. Prochodila jsem úplnë celé mësto. A synovi jsem koupila boty. Vzpomín|š, Alexandru?" „Samozřejmë, mami. Mokasíny" „Z šedivé kozinky a s kr|ličí kožešinou uvnitř. Tak kr|sné boty tehdy v Bukurešti nemël nikdo!" „Vy jste mohli cestovat na Z|pad?" zajímala se Francouzka. „Byla jsem pozvan| na mezin|rodní konferenci v Saclay. Zn|te Saclay?" D|v| si pozor, aby to jméno vyslovila spr|vnë, s přízvukem na poslední slabice. „Akor|t to jméno. Ta konference byla o čem?" „O fyzice. Byla jsem jadern| fyzick|." „No ne!" Na Francouzku to zjevnë zapůsobilo. „Ale... myslela jsem si, že pracujete v oblasti informatiky..." Helen a Jakob se na sebe se smíchem podívají. „To je dlouh|, historie," povzdychne si Helen. „Když to m|m říct stručnë, po příjezdu sem jsme se přeškolili. Na to, abych mohla být zamëstnan| v jaderné tov|rnë, bych musela mít americkou n|rodnost." „Nebylo to tak snadné," zapojil se do hovoru Jakob s úsmëvem. „Lenuš si myslela, že pracovat v oblasti počítačů bude moc tëžké. Dalo mi hodnë pr|ce, než jsem ji přesvëdčil, aby to zkusila. A teď je z program|torek ta nejlepší!" „Myslela jsem si, že budou požadovat velmi vysokou úroveň matematiky. Ale vůbec ne. Bylo to moc z|bavné. Jako učit se cizí řeči." Večeře se vskutku vydařila. Alexandru vypad| poprvé za posledních deset mësíců uvolnënë a šťastné. Helen nechce být netaktní, a tak se ho na nic nevypt|v|, ale mlad| Francouzka o sobë mluví úplnë spont|nnë. Vysvëtluje, že str|vila dva roky jako lektorka francouzštiny na Harvardu a nyní se chyst| odjet do Francie, kde ji ček| místo profesorky na lyceu na pařížském předmëstí. Z tëchto informací se Helen a Jakob dozvídají leccos o budoucnosti zn|mosti Marie a jejich syna — zcela evidentnë jde jen o letní rom|nek. Helen se ulevilo. Nëco na té Francouzce jí vadí. Cestou do restaurace šli mladí s paží ovinutou kolem pasu toho druhého a Marie políbila Alexandra na ústa, aniž si dëlala hlavu s tím, že jeho rodiče kr|čejí tësnë za nimi. Nyní mu hladí ruku, jako kdyby si ani FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. qu'il lui faut. En juillet, Alexandru leur annonce qu'il part en vacances en Europe afin d'y retrouver Marie et de voyager en Grèce avec elle. Il a l'air amoureux. Vers la fin du mois d'août, Helen appelle son fils un soir { Cambridge, et tombe sur une voix féminine avec un accent : il est clair que la Française lui rend visite ou s'est même installée chez lui Mais le mois de septembre arrive, puis octobre, et i! ne parle plus jamais d'elle. S'il descend voir ses parents, c'est seul. Apparemment, ils ont rompu. Helen ne pose aucune question. Son fils semble malheureux. Fin novembre, gr}ce au succès du programme en Assembler auquel elle travaillait en juin, elle est promue vice-président de sa compagnie. Elle a maintenant le même statut que Jacob, et un salaire aussi élevé, ce qui n'est pas évident même en Amérique, où les femmes, comme partout dans le monde, sont souvent moins payées que les hommes pour le même travail. Jacob est très fier d'elle, Alexandru aussi. Ils fêtent l'événement dans le meilleur restaurant italien de Manhattan — elle aurait aimé un restaurant français, La Côte basque, ou La Grenouille, mais craignait de raviver chez son fils de mauvais souvenirs. Au bureau, il y a un cocktail en son honneur : on sert du Champagne français et le P-DG de la compagnie prononce un discours flatteur. Ses collègues lui offrent une fleur de magnolia blanche et lui expliquent que c'est la fleur qu'on donne aux lycéennes américaines qui viennent de passer leur bac. Helen se sent aussi fière et émue qu'il y a huit ans, le jour où elle a ouvert la lettre des Services d'immigration leur accordant la nationalité américaine et le droit de porter le nouveau nom, Tibb- Elle garde la fleur plusieurs semaines dans son réfrigérateur. Elle est heureuse d'être appréciée, reconnue et aimée. Elle découvre les privilèges des vice-présidents : si elle travaille tard le soir, elle peut appeler une limousine avec un chauffeur pour l'accompagner { la gare — voire dans le New Jersey si elle reste au bureau après dix heures. Au dernier étage de l'immeuble où se trouvent les bureaux de la compagnie, il y a une cafétéria réservée aux cadres supérieurs : sous une cloche de verre, c'est un lieu spectaculaire avec des meubles ultramodernes, tout blancs, dessinés par Philippe Starck, et une vue panoramique de Manhattan, de l'East River { l'Hudson. Quand elle va y boire un café et fumer une cigarette, c'est un moment de pur bonheur. Gr}ce { son augmentation de salaire, ils peuvent acheter une nouvelle voiture, leur première voiture neuve, afin de remplacer la Buick d'occasion qui leur a rendu de bons et loyaux services pendant dix ans, mais qui a déj{ trois cent mille kilomètres au compteur. Jacob choisit le modèle — Helen ne conduit pas et ne connaît rien aux voitures — et elle, la couleur, un bleu métallisé raffiné pour la carrosserie et un blanc crème pour le cuir des sièges. La Lincoln a une boîte de vitesses automatique, une climatisation bienvenue pendant les mots d'été, une chaîne stéréo avec un son excellent, et des dossiers merveilleusement confortables qui épousent la courbure du dos. « Madame la Vice-Présidente », lui dit Jacob avec un hochement de tête en ouvrant la portière du côté passager, et chaque fois Helen émet un petit rire joyeux. Alexandru passe Noìl avec eux, et leur annonce qu'il va reprendre des études. Helen s'en réjouit. C'est juste ce qu'elle espérait. Il est en train de rassembler les pièces pour son dossier de candidature. Il n'est ni gai ni triste. Comme plusieurs na chvíli nemohla odepřít tëlesný kontakt. Ale je tady ještë nëco jiného. Helen v synových očích pozn|v| svëtlo, jež tam vídala z|řit za časů Lisy a Xi-meny. Je r|da, že po deseti mësících smutku se konečnë dok|že zabavit, ale intuitivnë cítí, že ta Francouzka není žena, jakou potřebuje. V červenci jim Alexandru oznamuje, že odjíždí na pr|zdniny do Evropy za Marií a s ní pak pojede do Řecka. Vypad| zamilovanë. Ke konci srpna vol| jednou večer Helen synovi do Cambridge a padne na ženský hlas s přízvukem — je jasné, že Francouzka je u nëj na n|vštëvë, nebo se k nëmu dokonce nastëhovala. Jenže pak přijde z|ří, potom říjen, a on už se o ní vůbec nezmiňuje. Když přijede za rodiči, tak pokaždé s|m. Očividné se rozešli. Helen se na nic nevypt|v|. Syn vypad| nešťastnë. Koncem listopadu je jmenov|na — díky úspëchu programu v Assembleru, na nëmž pracovala v červnu —, viceprezident-kou společnosti. Teď m| stejné postavení jako Jakob a stejnë vysoký plat, což není samozřejmé ani v Americe, kde bývají ženy podobnë jako všude ve svëtë placeny za tutéž pr|ci ménë než muži. Jakob je na ni velmi pyšný, Alexandru také. Radostnou ud|lost všichni tři společnë oslavují v nejlepší restauraci na Manhattanu. Jí by se sice líbila francouzsk| restaurace, La Côte basque nebo La Grenouille, ale b|la se, aby v synovi neoživila bolestné vzpomínky. V pr|ci na její počest uspoř|dali pohoštëní s francouzským šampaňským a ředitel společnosti pronesl lichotivý proslov. Kolegové jí dali kvët bílé magnólie a vysvëtlili jí, že tuhle kvëtinu dost|vají americké lyceistky po složení maturity. Helen se cítí stejnë hrd| a dojat|, jako když před osmi lety otevřela dopis od imigračního úřadu a četla, že jim bylo udëleno americké občanství a pr|vo nosit nové jméno, Tibbovi. Nechala si kvëtinu nëkolik týdnů v lednici. Je šťastn|, že je ocenën|, uzn|van| a milovan|, Objevuje privilegia viceprezidentů — pokud pracuje dlouho do noci, může si zavolat limuzínu se šoférem, který ji doveze na n|draží, nebo dokonce domů do New Jersey, jestliže se v kancel|ři zdrží po des|té hodinë. V posledním patře budovy, kde se nach|zejí kancel|ře její společnosti, je bufet pro vedoucí pracovníky —je to pozoruhodné místo pod sklenëným poklopem, zařízené výhradné bílým ultramoderním n|bytkem, který navrhoval Philippe Starek, s panoramatickým výhledem na Manhattan od East River po Hudson. Pokaždé, když si tam zajde vypít k|vu a vykouřit cigaretu, zažívá, chvíli čistého štëstí. Díky zvýšení platu si mohou koupit nové auto, jejich první nové auto, a nahradit tak starý buick z bazaru, který jim dobře a vërnë sloužil deset let, ale na počitadle už m| tři sta tisíc kilometrů. Jakob vybral model — ona neřídí a vůbec se v autech nevyzn| — a Helen barvu, jemnë modrou metalízu na karosérii a krémovë bílé kožené potahy na sedadlech. Lincoln m| automatické řazení, klimatizaci, kter| přijde vhod v letních mësících, stereo přehr|vač s vynikajícím zvukem a úžasnë pohodln| opëradla, kter| se plnë přizpůsobí zakřivení zad. „Paní viceprezidentko," praví Jakob s úklonou hlavy a otevír| dveře na stranë spolujezdce, zatímco Helen se pokaždé šťastnë zasmëje. Alexandru tr|ví V|noce doma a oznamuje jim, že se opët vr|tí ke studiu. Helen se raduje. Pr|vë to od nëj FJIIA971 – Interpretace a překlad literárního textu 2011 Catherine CUSSET, Un brillant avenir, Gallimard, Folio, 2008. Catherine CUSSET, Skvělá budoucnost, Jota, Brno, 2010, přel. Š|rka Belisov|. mois se sont écoulés et qu'il n'a plus l'air de penser { la Française, sa mère lui demande un soir ce qu'elle est devenue. Quand elle voit son fils tressaillir comme si elle l'avait piqué avec une aiguille, elle regrette aussitôt sa question. « Ça n'a pas marché, maman. Sa vie est { Paris. » Une nouvelle année commence. Le téléphone sonne un dimanche matin de février vers dix heures. De la contre-allée où elle est en train d'aider Jacob { déblayer la neige tombée pendant ta nuit, Helen entend la sonnerie et rentre en courant par la porte du garage. Elle monte vite l'escalier et décroche dans la cuisine, { bout de souffle. — Helen? Bonjour! » Helen se demande a qui appartient cette voix féminine. Une assistante marketing ne l'appellerait pas par son prénom. « Excusez-moi de vous déranger, continue la voix. Je suis Marie, l'amie d'Alex. Vous vous rappelez? On s'est rencontrées cet été. — Bien sûr ! » Elle éprouve un malaise immédiat et pressent un danger. « Alex m'a dit que vous aviez été promue vice-présidente. Félicitations. C'est formidable ! s'exclame Marie avec un enthousiasme forcé qui donne { Helen la chair de poule. — Oh, merci. C'est très aimable { vous. » Helen est interloquée. La peur envahit chaque particule de son corps. Sa paume sur le combiné est moite. Pourquoi la Française l'appelle-t-elle deux mois après sa promotion pour la féliciter? Que veut-elle? « Vous sauriez où est Alex, par hasard ? dit la Française du même ton anodin. — Chez lui, { Cambridge, sans doute, répond Helen, soulagée par la simplicité de la question. Je lui ai parlé il y a dix minutes, et comme il a la grippe, il n'avait pas l'intention de sortir. » Cette fois-ci, le silence dure plus longtemps. Helen se demande comment raccrocher sans paraître impolie. « Il était supposé me rendre visite { Paris il y a une semaine. Il n'est jamais arrivé et ne m'a pas appelée », reprend Marie, d'une voix trop calme. Helen reste muette. Elle souhaiterait pouvoir interrompre sur-le-champ cette conversation. Elle ne veut pas savoir ce que son fils a fait. Elle ne veut pas entendre cette femme pleurer au téléphone. Il s'écoule une minute avant que la Française ajoute : « Vous pensez que votre fils est quelqu'un de fiable? » La flèche atteint Helen en plein cœur. Elle rit faiblement. « C'est mon fils », dit-elle. oček|vala. Její syn si shromažďuje doklady pro svou kandidaturu. Není veselý ani smutný. Jelikož ubëhlo p|r mësíců a on vypad|, jako by tu Francouzku už pustil z hlavy, zept| se ho matka jednou večer, kam se podëla. Když vidí, jak to se synem trhne, jako kdyby ho píchla jehlou, ihned zalituje, že se zeptala. „Nefungovalo to, mami. Její život je v Paříži." Začne nový rok. Jednoho únorového dopoledne kolem deseti hodin zazvoní telefon. Helen to zvonëní zaslechne z postranní aleje, kde pr|vë Jakobovi pom|h| odklízet sníh, který napadl přes noc, a rozbëhne se do bytu přes gar|ž. Rychle vybíh| schody a na konci s dechem zvedne sluch|tko. „Haló?" „To je Helen? Dobrý den!" Helen přemýšlí, komu by ten ženský hlas mohl patřit. Asistentka marketingu by ji křestním jménem neoslovovala. „Promiňte, že v|s ruším," pokračuje hlas. „Tady Marie, Alexova přítelkynë. Vzpomín|te si? Setkali jsme se v létë." „Samozřejmë!" N|hle pocítí nevolnost a jako by tušila nebezpečí. „Alex mi řekl, že v|s jmenovali viceprezidentkou. Blahopřeji. To je úžasné!" zvol| Marie s nuceným nadšením, z nëhož Helen naskočí husí kůže. „Ach, dëkuji. To je od v|s moc hezké." Helen je zaražen|. Strach jí pronik| do každé č|stečky tëla. Zvlhla jí dlaň, v níž drží sluch|tko. Proč jí ta Francouzka vol| dva mësíce po jejím povýšení, aby jí pogratulovala? Co asi chce? „Nevíte n|hodou, kde je Alex?" pt| se Francouzka r|doby lhostejným tónem. „Nejspíš u sebe doma, v Cambridgi" odpoví Helen s úlevou, že položen| ot|zka je tak prost|. „Mluvila jsem s ním před deseti minutami, a protože m| chřipku, nemël v úmyslu jít ven." Tentokr|t trv| mlčení déle. Helen přemýšlí, jak hovor ukončit a nebýt přitom nezdvořil|. „Vypadalo to, že më před týdnem navštíví v Paříži. Ale on nepřijel, ani mi nezavolal," pokračuje Marie až příliš klidným hlasem. Helen onëmí. Nejradši by ten rozhovor okamžitë přerušila. Nechce vëdët, co její syn udëlal. Nechce slyšet tuhle ženu plakat do telefonu. Ubëhne minuta, než Francouzka dod|: „Myslíte si, že v|š syn je človëk, na kterého se lze spolehnout?" Ten šíp trefil Helen přímo do srdce. Slabë se zasmëje. „Je to můj syn," řekne.