Principes. — Troisiesme Partie. 123 43. Qu'il n'efl pas vray-femblable que les caufes defquelles on peut déduire touš les Phainomenes, foient fauffes. Et certes,fi les principes dont je me fers font tres-éuidens,fi les confequences que j'en tire font fondées fur l'euidence des Mathe-matiques, & fi ce que j'en déduis de la forte s'accorde exaftement auec toutes les experiences, il me femble que ce feroit faire injure ä Dieu, de croire que les caufes des effets qui font en la nature, & que nous auons ainfi trouuées, font fauffes : car ce feroit le vouloir rendre coupable de nous auoir créez fi imparfaits, que nous fuffions fujets ä nous méprendre, lors mefme que nous vfons bien de la rai-fon qu'il nous a donnée. 44. Que je ne veus point toutefois affurer que Celles que je propofe font vrayes. Mais pource que les chofes dont je traite icy, ne font pas de peu d'importance, & qu'on me croiroit peut eftre trop hardy, fi j'aflu-rois que j'ay trouué des verite^ qui n'ont pas eße découuertes par d'autres, j'aime mieux n'en rien decider, & afin que chacunfoit libre d'en penfer ce qu'il luy plairä, je defire que ce que | j'écriray foit 165 feulement pris pour vne hypothefe, laquelle eft peut eftre fort éloi-gnée de la verité; mais encore que cela fuft, je croiray auoir beau-coup fait, fi toutes les chofes qui en feront déduites, font entiere-ment conformes aux experiences : car fi cela fe trouue, eile ne fera pas moins vtile á la vie que fi eile eftoit vraye, pource qu'on s'en pourra feruir en mefme f aeon pour difpofer les caufes naturelles ä produire les effets qu'on defirera. 45. Que mefme j'en J"uppoferay icy quelques vnes que je croy fauffes. Et tant s'en faut que je vueille qu'on crqye toutes les chofes que j'écriray, que mefme je pretens en propofer icy quelques vnes que je croy abfolument eßre fauffes. Afcauoir, je ne doute point que le monde n'ait efté ereé au commencement auec autant de perfection qu'il en a", en forte que le Soleil, la Terre, la Lune, les Eftoiles ont efté deílors, & que la terre n'a pas eu feulement en foy les femences des plantes, mais que les plantes mefmes en ont couuert vne partie; & a. Voir Correspondance, t. V, p. 168-9.