Peche originel ou « vigueur du sang » ? ■ * C'est done sur ces frontieres imprecises -separant l'austere freudo-marxisme viennois des annee et ce vitalisme torrentiel present dans la evolution tobre, que se situent en r6alit6 toute l'ceuvre de Reich et sa posterity. Apres sa rapture consommee Freud et son rejet de la psychanalyse, jugee par lui«t sive », Reich est a l'intersection troublante de deux gia| courants ideologique et culturel qui ensanglanteron siecle. Michel Foucault, sans jamais citer Reich, a so a plusieurs reprises rimportance capitale, dans la psy nalyse, de cette reference a la hi que Reich, precis&ij rejette. Importance, notamment, a cause de la r6sis qu'opposera ainsi la psychanalyse au vitalisme fasof « C'est l'honneur politique de la psychanalyse - oi moins ce qu'il y a pu y avoir de plus coherent enej 29. Raoul Vaneigem, Le Livre des plaisirs, £d. Labor, 1979. VIIHK M 68 Is s AJ On* t JKI,. ■ TRENTE ANS APRÉS... i!- Foucault, ď avoir suspecté (et ceci dés sa naissance, -ä-dire dés sa ligne de rupture avec la neuropsy-ftrje de la dégénérescence) ee qu'il pouvait y avoir IAA" > rréparablement proliférant dans ces mécanismes de Ipoir qui prétendaient contrôler et gérer le quotidien |ä sexualite: de lä ľ effort freudien (par reaction Sans 1 íéä la montée du racisme qui lui était contemporain) IMonner comme principe ä la sexualite la loi - la loi palliance, de la consanguinité interdite, du Pére-Sou- grain -, bref pour convoquer autour du désir tout Van- ^prdre du pouvoir. A cela, la psychanalyse doit is ' ä quelques exceptions prés et pour ľessen- ävpir ete u 'ill en opposition théorique et pratique avec le fas- É&é™.» Ihelm Reich recuse quant ä lui toute idée de «loi» Ipinterdit en matiére sexuelle, écarte merne ľ idée, jprésente chez Platón, d'une regulation nécessaire i^ette force du désir, de cette énergeia tyrannique, Station nécessaire non point parce qu'elle serait áuvaise » en elle-méme, mais tout simplement parce est portée ä ľexcés. Rejetant la loi, Reich venture jusqu'ä l'orée de ces territoires qu'occupent 1 1 f*f*Ĺ ■ ■ •T. douteux apologistes de ľhédonisme paíen et de ľes-foitaLt jjpyons plus precis. Certes, il serait absurde d'accuser |h de complaisances avec le nazisme. II consacrera au itraire ľun de ses livres, et non des moindres31, ä dénon- Ifes liens étroits entre le fascisme hitlérien et le refou- REVOLUTION DANS LA REVOLUTION essentiellement la transcription de fantasmes nés de 1'inhibition sexuelle. D n'empeche que deux passages au moins de La Revolution sexuelle, écrits en novembre 1935, deux passages jamais commentés par ses exégětes, laissent trarisparaitre une fugitive empaťhie pour le vitalisme nazi. Fandil considérer celle-ci comme anecdotique ? ^ «L'ideologie national-socialiste, écrit ďabord Reich, posséde un jioyau rationnel, exprimé dans le slogan de "fidélité aiílang^tála teřře", qui confere un élan excep-tionnel au mouvement réaetionnaire. La pratique national-socialiste, en revanche, ne cesse ď adherer aux forces sociales qui contrarient le principe de Taction revolution- naire, ä savoir 1'unification de la société, de la nature et de la technique. Elle ne cesse ďadhérer au principe de la société de classes, nullement éliminées par 1'illusion de 1'unité du peuple, ainsi qu'ä la proprietě privée des moyens de production, nullement eliminee par l'idee de "bien public". Le national-socialisme exprime par son ideologic, de facon mystique, ce qui constitue le noyau rationnel dans le mouvement revolutionnaire: l'id6e d'une societe sans classe et d'une vie en harmonie avec la nature.» ■ Un peu plus loin, il ajoute de facon plus nette: « La vie vegetative fit a nouveau irruption avec ce n6o-paganisme qu 'est le national-socialisme allemand. La pulsion vegetative fut mieux comprise par l'ideologie fas-ciste que par l'Eglise et arrach6e au domaine du surnaturel. A cet 6gard, le mysticisme national-socialiste de la "vigueur du sang" et de la "fidelite a la terre" mar-quait un progres par rapport a la vieille idee chr6tienne d'un pech6 originel; cependant il fut etouffe par une nou-velle efflorescence mystique et par une politique reac-tionnaire. Ici aussi, Taffirmation de la vie se tourne en ■ * negation de la vie sous la forme d'ideologies ascetiques de sacrifice de soi, d'altegeance et de devoir. Nonobstant 70 TRENTE ANS APRES... ceci, on ne peut pref erer 1 'enseighement de la theorie du peche originel ä celui de la "vigueur du sang" qui devra Stre aiguillee sur la bonne voie 31. »\ En d'autres termes, dans ces lignes de 1935 - mais relues et approuvees par le Wilhelm Reich de mars 1949 - s'il a reproche par ailleurs au stalinisme son «moralisme sexuel», il ne reproche au nazisme que sa « pratique politique de classe». Cette extraordinaire confusion dans V ordre des valeurs est d'ailleurs moins illogique qu'on pourrait le croire. En effet, la politique repressive ulterieure du regime hitlerien ä regard des minorites sexuelles, la haine qu'il manifestera pour la permissivitö et ses eloges lyriquement natalistes de la famille aryenne ont fait oublier qu'il n'en allait pas de meme ä l'origine. Dans les annees 20 et 30, le national-socialisme se presentait encore volontiers comme une force subversive, opposee au moralisme petit-bourgeois, soucieuse de combattre la famille au nom de la communaute de sang en quete d'espace vital, d'organiser, sous l'egide de l'Etat, des filiations eugeniques (les fameux lebensborn), etc. Au demeurant, c' est la gauche allemande qui denonqait ä Vipoque Vamoralite;, et notamment les . complaisances homosexuelles que manifestaient certains nazis. Au point qu'ä gauche on citait fröquemment une phrase attribute (par Reich) ä Gorki:« Faisons disparaitre tous les homosexuels et le fascisme disparaitra.» Dans un temoignage ötonnant, public le 24 novembre 1934 dans la revue Europaische Hefte de Prague, l'ecri-vain Klaus Mann s'en prend justement ä la gauche allemande qu'il/juge haineuse et repressive ä l'6gard des homosexuels, au nom pr6cis6ment de l'antifascisme. « En Union sovietique, ^crit-il, une legislation promul-guee r6cemment soumet 1'homosexuality ä de lourdes condamnations. Voilä qui surprend, et l'on se demande * ■ ■ 32. Id., La Revolution sexuelle, op. cit, p. 331. 4 ■ t REVOLUTION DANS LA REVOLUTION ■Ii ť3P f tri ■ .V ■ En France, le Minitel rose a degage" a lui seul sept cents millions de francs de recettes globaJes en 1994, dont deux cent cinquante millions de royalties pour France-Telecom. i? 1 '1 Poiir quelques dollars de plus... ■■ jK.hr. JS§5fi -J ivy f PS ME i. j Cette industrie nouvelle exhibe, elle aussi, ses figures emblématiques, ses pionniers enrichis, tycoons mirobo-lants ou conquérants victorieux, qui ont pris place dans la grande saga people de la chronique économique mon-diale. Ainsi le milliardaire américain Larry Flint, roi du j porno, á qui Miloš Forman a consacré un film (The People vs. Larry Flint). Cet homme, en qui le magazine People avait vu «la version cauchemar du révě américain », s'est transformé en un respectable homme d'af- j faires du porno. II avait gagné son premier million deS ■Va- t ■i 1 * i. ji** dollars en publiant des photos de Jacky Onassis nue dans j une íle grécque. Victime ďun attentat, il vit depuis 1978 dans un fauteuil roulant, plaque or, ä Beverly Hills. Ainsi encore cette sepťuagénaire allemande de soixante-j seize ans, Beate Uhse, ancienne pilóte de chasse de la Luftwaffe pendant la Seconde Guerre mondiale, régnant sur une entreprise de vente par correspondance - Beate Uhse Inter-; national - qui vend chaque année pour quarre cents millions de francs ďarticles érotiques et sexuels.« Connue par prés SM -m.4 H ♦ t* '7m ví — It % -••JiřŽS de 98 % d'Allemands, Beate Uhse est un modele du miracle economique d!apres guerre. Plus d'un million de clients sup-1 plementaires conquis ä la chute du Mur, une cinquantaine de magasins en franchise sont repartis en Allemagne, aux-quels s'ajoutent des filiales de vente par correspondance eir-Grande-Bretagne, Suisse, Autriche et Slovenie17.» r: rr 'VÍ i-l Si ■ ■ ^ i Tí AU VRAI BONHEUR DU CAPITAL i E Hl ■vr**. Vri " * Chaque pays ou presque possede ses propres champions |de l'industrie du sexe, notamment les anciens pays com- munistes d 'Europe centrale (Hongrie surtout) et de 1 'ex- fURSS, qui ont occupy ces creneaux avec une brütalite et ET* i 'V BE fell Ši 1,. EH un cynisme sans precedent. Un peu partout á l'Est, cette industrie, tout comme la drogue et les trafics d'armes, fait já fortune des mafias qui proliférent sur la ruině des États. Best vrai qu'a l'Est, et depuis pres de dix années, l'actua-lité ramene sans cesse sur le devant de la scene média-tique le méme spectacle. Celui des anciennes sociétés communistes puritaines, faméliques et fliquées, qui se retrouvent saisies par la liberté mais aussi par la précarité, lila pornographie et la prostitution sur une grande échelle. linages emblématiques s'il en est: ces Polonaises, Tchěques, HonUes ou Russes transforms en bétail humatapour les bordels ď Istanbul, ďArábie ou d'Europe; ces anciens militants des Komsomols (Jeunesses communistes) jetés $ur le trottoir; ces jeunes filles d'Ukraine ou de Lituanie i*' t tourneboulées par 1'argent facile et traquées par les rabat-jeurs venus de l'Ouest. Tel est le revers ďune nouvelle permissivité, affranchie ides pudibonderies totalitaires mais déjá gouvernée par JPargent. Et plus cruellement que prévu! Dans le méme " temps, la progression des inégalités et de la pauvreté, á l'Est, apparait comme sans precedent dans l'Histoire18. % a- Si; S .. 4 L SE? v* LU ■-.ft s'accompagne ďun recul de ľespérance de vie des us pauvres, d'une elevation de la mortalite infantile, etc. Les anciens pays communistes offrent ainsi un cas (unite de «revolution sexuelle» accomplie selon un me accéléré, pour ne pas dire délirant. Cet aspect fMcatural des choses nous renvoie ä nos propres décon-lenues. Et encore, une telle instrumentalisation mere an- 5" JA»** 'I ■f 18. Cest ce que soulignait explicitement, en juin 1997, le rapport piu PNUD (Programme des Nations unies pour le d6veloppement). iL ,* . 'Jiř ,J. - fr REVOLUTION DANS LA REVOLUTION \ vi vi tile des nouvelles libertés sexuelles n'est-elle pasy nous, le plus troublant de 1'affaire. T * V 1 La recuperation du discours permissif]ui-mem&^ commerce Test davantage, car eile touche au entraine une compromission de la parole. Du sex^ catalogue de vente par correspondance, de la sousr du porno-video a celle d'Internet ou du Minitel rose ne propose ses services ni ses produits sans les ace(| gner d'un preche «liber6 » qui emprunte sa publicitaire a la vulgate revolutionnaire d'avant-hif merchandising du sexe repand quotidiennement UB| sion racoleuse, cauteleuse pour ne pas dire era des professions de foi des annees 70. II les parodiei un efficace savoir-faire publicitaire. II ne sera moins habile ä mettre en forme une denoneiatio. f «1'ordre moral»; il ne manquera jamais une oeeasj celebrer publicitairement cette fois, ä coup dei demagogiques, la noble souverainete du plaisir. m en plus souvent, e'est 1'argent qui convoquera eii pulera les manifestations et contestations permis:! relayees par les madias. . Ä Ainsi, fermer un Eros Center, demanteler uniJ> gere par un caid, intefdire un commerce pomograj ou rafler quelques cassettes video sera denonc| emphase comme un ralliement au puritanisme. Le naifs se laisseront abuser par ce tapage publicitajl vesti en protestation progressiste. On n'evoquerat pas, ici, l'hypothese - averse dans certains cas corruption pure et simple d'une tribune mediataqil del'argent lie a ces commerces. 3WB La se revele la veritable obsc6nit6 contemporainä consiste non pas en la provocation deliberee parli? d'un « spectacle » 6rotique, mais en 1'appropriation^ revolte, d'une Utopie et d'un langage par les tenants,*] fit, resolument indifferents, quant ä eux, ä ce qui oil 116 " ■ -r "ň ,,h, £5 t> f *1 4*: y. I Ulf' ■ AU VRAI BONHEUR DU CAPITAL loitable ni quantifiable. Vive le sexe, a condition qu'il fjaxable! « La bourgeoisie, 6crit Vaneigem, d6voile le jjjeche qui soit [...] a ses yeux inexpiable: celui de ne ayer. La jouissance sans contrepartie est le crime eco- CS que absolu19.» Cette confiscation du discours amou-§|par les hommes ďargent aboutit ä un téte-ä-queue Jogique dont on ne dénoncera j amais assez ľextrava-É EUe rabat pathétiquement une revolte sur son point mri ■Zŕ.-i J3& g£ne. Elle prend au pied de la lettre une « demande » lui servir une « offre ». Obscenitě et crime parfait de prnement d'utopie! Lorsque Marx s'en prenait aux songes du moralisme bourgeois, c'etait avec le projet Iberer 1'amour et non de le condamner ä un nouveau , « Si le manage fonde sur 1'amour est seul , notait-il, seul Test aussi celui oü l'amour persiste.» ih§me, en 6crivant« Jouissez sans entraves » ou « Pre-pos d6sirs pour des realties » sur les murs du quartier feles etudiants de Mai 68 ne se doutaient pas qu'ils ptaient, par anticipation, un slogan publicitaire pour le 'gno business. C'est pourtant tres exactement ce qui s'est La publicity pour la Ford Fiesta proclame: « Exi- itiut tout de suite.» JS&k (|ptis en guerre contre ľargent, voilä qu'on se retrouve řvir ses intéréts. Le voyage était tentant mais son ié'incline ä la mélancolie... i ****** r m Tří Ca» ■" mm. he pas á mon marché ! ecces quelques rappels, on demeure malgre tout dans . C'est a une autre profondeur que, ce grand IHiaement produit ses plus durables effets. La preva- BT* J**| + * L r ^ ■ - * ff* lÄRaoul Vaneigem, Le Livre des plaisirs, op. cit. i «SP-v JE- •' 117 l LA MEMOIRE PERDUE analyses que l'historien americain John sacrSes au Moyen Age chr&ien. Militant it lui-m£me que sa demarche est engagee! t de r6habiliter FhomoseXualite\ y compris croyants, en montrant qu'elle 6tait a V6p$ ľrí58 ■ M. r, I * mieux tolérée par l'Égl acceptée. D'oú ľenthousiasme avec lequel épingle tel ou tel exemple. Certaines de ses observatilÉ malgré tout difficilement réfutables Quand ľ homosexualite fut légalement réprimée 533, par ľempereur Justinien, ce ne tut nulleme&f demande de l'Église. «Aucun texte, écrit-il, ne indique que des dignitaires ecclésiastiques aient sugg ^^^^" + mesure imperiale visaňt les homôsexúl personnes nommément comme ayant sexuels sont des évéques éminents,4.» De méme, en 6 le souverain des Wisigoths d'Espagne adopta une leg tion théoriquement trěs sévěre á 1'égard des hó sexuels, puisqu'elle prévoyait la castration des cl pables. Mais, note Boswell, ils civile. L'Eglise n'a pas pris part «[Aux xie et xne siěcles] 1'Église refusa catégoriq: ment et á maintes reprises, ajoute Boswell, ďimposéř sanctions pour homosexualitě ou méme ďappliquef hí ',1 existantes et la majorite du clergé refusa f plement de préter ľoreille aux rares plaintes émanaňl chrétiens antihomosexuels15.» Ľhomosexualité n'es comme une raute mineure homosexuels devinrent effectivement pij les recueils juridiques ä partir du xme i 4 ' • 14. John Boswell, Christianisme, tolerance sociale et homosek. lité, op. cit. 15. Ibid. 252 rv1 **: .--«Ml 1 m %LA VERITABLE INVENTION DU PURITANISME Sov- sil y a loin des textes & la r6alite. On possede fort renseignements sur l'application effective de ces pures. Tout laisse a penser, estime Bos well, qu'elle fut ime. « Les sources publics nous font connaitre un bre infirne d'exemples d'application de la peine Ji&le pour le seul crime de "sodomie"I6.» Ste;. aríagc, Uberte et plaisir feminin pst au xne siěcle, aprěs la reforme grégorienne, que se parvient ä imposer sa conception du mariage un sacrement et declare indissoluble. Vers 1150, Lombard inšcrit definitivem ent le mariage au jfjbre des sept sacrements. Ľ esprit moderne retient pntiers le caractěre contraignant de cette reforme. En , ce n'est pas ainsi qu'elle est vécue ä ľépoque. Au IT. má des traditions paiennes encore en vigueur, il s' agit tot d'une spectaculaire conquéte de 1'individualisme. Jette conception correspond ä la volonte de faire pré-Jmt, ä pröpos du mariage, le consensus facit nuptias fié du droit romain. C'est Hugues de Saint-Victor (mort 1141) qui donnera le premier grand exposé théologique ariage interprete comme «le consentement spontane fgitime par lequel l'homme et la femme se constituent Iteurs l'un de l'autre ». Pierre Lombard de son coté ue la double conjunction des époux « selon le consen- fönt des ämes et le melange des corps ». pglise s'oppose ainsi directement ä une pratique en vigueur, celie du mariage arrange. Dans la iété de ľépoque, il n'est pas question pour un homme r*: m. e femme de choisir son conjoint. Chez les nobles comme chez les pay sans, et depuis des temps immd riaux, ce sorit les parents qui decident. En privilegiaflf consentement individuel, l'Eglise fait oeuvre subversi| « Le consentement qu'elle valide n'est plus, en princj celui de deux families mais de deux personnes; c 'esfc ^ nouveaut6 radicale et dangereuse pour 1'ordre social manage chretiert s' oppose a la conception traditionniji [et paienne] de la famille11. »j L'engagement resolu du christianisme du cdt6 de lj" dividu contre le holisme social aboutira parfois a j conflits ouverts avec le pouvoir temporel. La royals cherchera a plusieurs reprises a defendre les droits .de famille contre cette liberty du consentement persona «II y a eu en France, ecrit Jean-Louis Flandrm J* xvie au xviip si&cle, une forte tension entre la doctrin^ l'6glise et celle de l'Etat. Celui-ci a constamment che" a renforcer le pouvoir parental au detriment liberte des enfants et de la sacralit6 du lien conjugal tournant les lois de l'^glise tout en affectant a leureg le plus profond respect. [/..] La plus c61ebre des lois Ku ont ainsi renfbrcé 1'autorité paternelle est l'edit d'Heufl de 1566 sur le manage des enfants de famille18.» ví II faut se souvenir egalement que cette sacralisatioRf manage donne a l'figlise les moyens de sanctionner 4 taines pratiques royales, comme la repudiation ou l'ad tere impose, dont les epouses etaient victimes.« En aci|& tant la mainmise de l'Eglise sur le couple et la famille,' rois avaient aussi accepts que soient exhum6s et r6gen|* leurs propres secrets d'alcove19.» D'oü les innombra|| •;::% ■TZ? fin 17.Michel Sot, «La genese du manage chretien», in Amóuá Fr' 1. PlJll Sexualite en Occident, op. ciL 18. Jean-Louis Flandrin, Les Amours paysannes (xvie-xtxe siiQ op.cit. t. . ' 19. Christiane Olivier, Fils ďOreste ou la question du Flammarion, 1994. 254 m SSL 4Ty LA VERITABLE INVENTION DU PURITANISME %elles qui vont d6sormais opposer les papes catho-ues et les souverains francais sur des questions d'adul-p Philippe Ier et Urbain II en 1094, Philippe Auguste et Ifcent III en 1200, Philippe le Bel et Boniface VIII en i Louis XIV et Clement X, etc. MM *** I mi ■ conception chretienne du manage apparait comme tant plus subversive qu'elle se revele, au sujet de cer-j|es questions comme l'adultere, moins misogyne que roit romain ou les coutumes germaniques. L'Eglise |te en effet les epoux sur un pied d'6galite\ et juge dultere du rnari aussi reprehensible que celui de la e.« Dans l'optique lai'que au contraire (et done dans legislation civile), e'est I'infid61it6 de la femme marine seule compte: elle est jugee comme une menace §tre l'equilibre de la famille, par l'intrusion possible nfants etrangers au sang de l'epoux. Cette conception celle du droit romain, qui ne reprimait generalement l'adultere de la femme, et du droit germanique selon pel le mari infidele n'encourait aucune peine, sauf la If- -' .1. -t I * de quelques avantages pecuniaires 20 » gMitemporains des troubadours et de 1'amour courtois, theologiens se montrent plus indulgents encore a ard de 1'amour, tout en defendant le « bien des families i e la collectivity ». Le cas le plus cefebre est celui de igrre Lombard, d6ja cit6, dont les Sentences seront com-"||it6es par les etudiants jusqu'au xvie siecle. ais e'est surtout au sujet du plaisir feminin, de l'or-§me, que la r^alite du christianisme medieval est aux podes de ce que sera, au xix? siecle, la pudibonderie ^geoise et clericale. La theologie chr6tienne se trouve pffet dans la position de defendre bee et ongles le ©it au plaisir » de la femme mari6e. L'affaire, assez iaordinaire, merite d'etre contee, tant elle est peu 11 J8» • ■ * ■ m j-Jacques Berlioz, L'Histoire, n° 180, op. cit. LA MEMOIRE PERDUE »1. ■v m m ífl - r'J 'vr ♦o ■ .Víl connue en dehors du cercle des historiens special! II faut savoir que, jusqu'au xiie siécle, le savoir médf se ramene ä celui ďun des grands médecins de F quite: Galien. Né ä Pergame vers 131 de notre ére,