VI CORRESPONDANCE 53. Les Langrois. A MADEMOISELLE VOLLAND 1-2 aout 1759. Lcs habitants de ce pays out beaucoup d'esprit, trop de vivacite, une inconstance de pirouettes cela vient, j: crois, des vicissitudes de leur atmosphere qui passe en vingl-qualre beures du froid a"u chaud, du ealmc a l'orage, du serein au pluvieux. II est impossible que ces e£fets ne se (assent sentir sur eux, et que leurs a.ues soient quelque temps de suite dans une meme assiette. Elles s'accoutument ainsi, des la plus tendre enfance, a tourner a tout vent. La tete d'un Langrois est sur ses ppaules comrae un coq d'eglise au haul d'un clo-cher elle n'est jamais fixe dans un point, et si elle revient a celui qu'elle a quitte, ce n'est pas pou • s'y arreter. Avec une rapidite surprenante dans les mouve-ments, dans les desirs, dans les projets, dans les fan-taisies, dans les idees, ils ont le parler lent. Pour moi, je suis de mm pays seulement, le sejour de la capitale et l'application assidue m'ont un peu corrige. Je suis constant dans mes gouts re qui m'a plu une fois me plait toujours, parce que inon clioix est toujours motive : CORRESPONDANCE. 285 que je haisse ou que j'aime, je sais pourquoi. II est vrai que je suis porte naturellement a negliger les del'auts el a m'enthousiasmer des qualites. Je suis plus affecte des charmes de la vertu que de la difformite du vice je mc detourne doucement des mediants, et je vole au-devant des bons. S'il y a dans un ouvrage, dans un caractere, dans un tableau, dans une statue, un bel endroit, c'esl la que ines yeux s'arretent; je ne vois que cela je ne vois que cela je ne me souviens que de cela; le reste est presque oublie. Que deviens-je lorsque tout est beau'.' Vous le savez, vous, ma Sophie, vous le savez.vous, mon amie un tout est beau, lorsqu'il est un en ce sens, Cromwell est beau, et Scipion aussi, et Medee, et Arria ', et Cesar et Brutus. Voila un petit bout de philosophic qui m'est ecbappe ce sera le lexte d'une de vos cause-ries sur le banc du Palais-Royal-. Adieu, mon amie dans huit jours d'ici j'y serai, je l'espere.... 54. Paysage et souvenirs de Langres. A LA MEME A Lansres. Ie 5 aoiit 1759. Kous avons ici une promenade charmante e'est une grande allée d'arbres touffus, qui conduit á un bosquet il'arbres rassemblés sans symetrie et sans ordre. On y trouve le l'rais et la solitude. On descend par un esca-lier rustique á une fontaine qui sort d'une roche. Ses eaux, recues dans une coupe, coulent de la, et vont former un premier bassin elles coulent encore, et vont en remplir un second ensuite, recues dans des canaux, I. Arria. Omme dti PiEtns. qui vouluL mourt? avec son mari. sous t'empereur (llaudo. 2. V. plus liaut, p. -2-26, a. 1.