1 Le 18e siěcle : siěcle des Lumiěres Pourquoi le 18e siěcle porte-t-il le nom de siěcle des Lumiěres ? Contextes historique et philosophique Ce siede est marque par un rationalisme philosophique tres fort. D'une part, la Philosophie est en plein essor. Plusieurs philosophes tres influents developpent une pensee axee sur la raison. Ces philosophes s'inspirent en partie de Kant et de Descartes. D'autre part, le 18e siede favorise autant l'emergence que l'exaltation des sciences. Tout au long du siede, ce sont done les sciences et la Philosophie qui ont domine. Le terme Lumieres est dejä utilise par des ecrivains de l'epoque qui sont convaineus que ce siede represente l'entree dans une nouvelle ere illuminee par la raison, la science et le respect de l'humanite. Des expressions similaires sont employees partout en Europe : en France, en Angleterre, en Allemagne et en Italie. Contexte historique En France, on parle du siěcle des Lumiěres pour nommer l'epoque qui suit le rěgne de Louis XIV. Ce dernier a régné seul sur la France pendant plusieurs décennies. II contrölait les arts, les lettres, les guerres et la politique. Suivant le principe de la monarchie absolue, Louis XIV était le seul a prendre toutes les decisions. Ä la fin de son rěgne, les philosophes désirent repenser les notions d'Homme, de societě et de droits individuels. Iis désirent ainsi développer des idées qui influenceraient la structure de la societě tout en contribuant au bonheurde chaque individu. La monarchie absolue Dans une monarchie absolue, seul le roi a le pouvoir. II détient d'ailleurs les trois types de pouvoir : judiciaire, législatif et exécutif. Le roi est vu comme le representant de Dieu sur la terre, profitant done de ce que I'on appelle le droit divin de régner. II dirige ainsi le pays a sa guise avec deux principaux mandats : maintenir I'ordre dans le royaume et rendre le commerce florissant. La revolution anglaise (1642-1649+1688) L'Angleterre a connu deux grandes revolutions. La premiere a ete radicale et sanglante alors que la seconde a ete plus moderee. C'est cette derniere revolution qui a pose les jalons du regime politique tempere (la mobarchie parlementaire ) que les philosophes des Lumieres vont utiliser comme modele. En plus de modifier la structure politique du pays, les Anglais ont egalement elabore une declaration des droits. Cette derniere limitait le pouvoir des rois au nom des droits des individus. Le pouvoir anglais reconnaissait dorenavant la liberte individuelle, la liberte de pensee et la liberte de presse. De plus, les rois se voyaient dans I'obligation de gouverner avec le parlement. Apres quelques annees, le pouvoir du parlement augmenta tandis que celui des rois tendait a diminuer. On peut dire que I'Angleterre fonctionnait avec une monarchie parlementaire limitee. Contexte philosophique 2 Le mouvement des Lumiěres débuta tout d'abord par une vague de revendications venant notamment de la bourgeoisie. Les bourgeois réclamaient la possibilité de régner et de détenir une partie du pouvoir. Ce mouvement de revendication inspira une remise en question de la monarchie absolue. De plus, ces revendications menerent au desir de combattre les inegalites sociales et l'intolerance religieuse. Selon la nouvelle Philosophie, chaque citoyen pouvait choisir sa religion. La Philosophie des Lumieres est nee d'un besoin de changement et d'innovation. La Philosophie des Lumieres est d'abord et avant tout une facon de penser, une attitude qui remet tout en question et qui explore de nouvelles idees. Principalement, c'est cette Philosophie qui a mene a la Revolution francaise. Les idees principales de la Philosophie des Lumieres Tous les philosophes des Lumiěres mettent en avant-plan le pouvoir de la raison humaine et le pouvoir du progres. Par progres, les philosophes entendent le progres des connaissances, le progres des techniques et le progres de la morale. Contrairement aux croyances Hees aux philosophies antérieures, la connaissance, selon ces philosophes des Lumiěres, n'est pas innée. La connaissance vient de ľexpérience. Ľéducation, en donnant accěs a la connaissance, a done le pouvoir de rendre les hommes meilleurs et ďaméliorer la nature humaine. Les philosophes des Lumieres partent a la recherche de la verite. Cette verite ne se trouve pas dans les sources attestees et sacrees telles que les textes d'Aristote, de Platon ou bibliques. Cette quete va permettre de garder les hommes loin des prejuges et de I'intolerance tout en favorisant leur ascension vers le savoir et le bonheur. En ce qui concerne la religion, de maniere generale, les philosophes croient en Dieu tout en rejetant la theologie chretienne, les dogmes et l'institution. Iis attaquent l'Eglise, sa richesse, son pouvoir et sa volonte d'entraver la liberte. Les Lumieres designent le mouvement culturel et philosophique qui a domine en Europe, et particulierement en France, le XVIMe siecle auquel il a donne, par extension, son nom de siecle des Lumieres. Les penseurs, scientifiques et ecrivains ont imprime sur cette epoque leur esprit critique, se donnant pour tache d'eclairer par la "Raison" une humanite plongee aussi bien dans les "tenebres" de I'ignorance, que dans l'"arbitraire" politique, aveuglee par T'obscurantisme", la "superstition" et le "fanatisme" religieux autant que par les "prejuges" moraux. 3 Les membres de ce mouvement, se voyaient comme une élite avancée oeuvrant pour le progres de 1'humanité. En refusant de reconnaítre, á priori, pour vrai et bon ce qui a toujours été reconnu tel, ils ont procédé á un renouvellement des connaissances scientifiques, et á une refondation de 1'éthique et de la société de leur temps. L'influence de leurs écrits a été determinante dans les grands événements de la fin du que sont la Declaration ďindépendance des États-Unis ďAmérique et la Revolution francaise. Ce mouvement des Lumieres est aussi europeen. II est connu en anglais sous le nom d'Enlightenment, en allemand sous celui d'Aufklärung, llustraciön en espagnol, Verlichting en neerlandais, llluminismo en italien. La pensee des Lumieres est issue d'un contexte specifique de maturation des idees heritees principalement de la Renaissance et de la Reforme. Revolution dans les sciences et programme de la Philosophie des Lumieres Les precurseurs Le mouvement des Lumieres a ete, en grande partie, un prolongement des decouvertes de Copernic au XVIeme siede, peu diffusees de son vivant, puis des theories de Galilee (1564-1642). Une quete d'axiomes, de certitudes eprouvees scientifiquement, accompagne la diffusion du cartesianisme tout au long du XVIIIeme siede oü les idees innees, le mecanisme du monde physique et la theorie des animaux machines vont trouver un retentissement considerable. Leibniz (1646-1716) developpa les mathematiques et le calcul infinitesimal. Sa Philosophie des monades se demarquait egalement de celle de Descartes. Les philosophes britanniques, comme John Locke, Thomas Hobbes ou David Hume, adopterent une demarche empirique, leur theorie de la connaissance est fondee sur la sensation et ('experimentation, au detriment de la raison pure. Spinoza prit parti pour Descartes, surtout dans son Ethique. II se demarqua pourtant de son aine dans son Traite de la reforme de I'entendement (Tractatus intellectus amendatione), ou il montra que le processus de perception engage non seulement la raison, mais aussi les sens et I'intuition. La conception de Spinoza etait centree sur une vision pantheiste de I'Univers ou Dieu et la Nature ne font qu'un. Cette idee deviendra centrale au siecle des Lumieres, depuis Isaac Newton (1642-1727) jusqu'a Thomas Jefferson (1743-1826). Un changement notable fut I'emergence de la Philosophie naturaliste ä travers toute I'Europe, incarnée par Newton. Ses idées, sa réussite indéniable a confronter et assembler les preuves axiomatiques et les observations physiques en un systéme coherent, source de predictions, donněrent le ton de tout ce qui allait suivre la Philosophiae Naturalis Principia Mathematica (1687). L'exemple de Newton illustre le passage de I'Age de la Raison au mouvement des Lumieres: le scientifique utilisa des faits observes empiriquement, comme la dynamique des planetes de Johannes Kepler ou I'optique, pour construire une theorie sous-jacente expliquant ces faits a priori : la theorie de la gravitation universelle. 4 Ce mouvement correspond ä I'unification d'un pur empirisme, comme celui de Francis Bacon et de l'approche axiomatique de Descartes (1596-1650). Fondements de la pensée des Lumiěres Cette Constance a rechercher et énoncer des lois, a determiner les comportements particuliers, fut également un element important dans la constitution ďune Philosophie oů le concept ďindividualité prévalait, oů l'individu avait des droits bases sur ďautres fondements que la seule tradition. Cest 1'avěnement du sujet pensant, en tant que l'individu peut juger et decider par son raisonnement propre et non plus sous le seul joug des us et coutumes. Ainsi, John Locke rédigea ses deux Traités du gouvernement civil dans lequel il avance que le droit de proprietě n'est pas familial, mais totalement individuel et fruit du travail consacré au terrain concerné, ainsi que de sa protection face a autrui. Line fois 1'idée emise qu'il y avait des lois naturelles et des droits naturels, il devenait possible de s'aventurer dans les domaines nouveaux qu'on appelle maintenant I'economie, l'anthropologie et la Philosophie politique. Les Lumieres se fondent done sur la croyance en un monde rationnel, ordonne et comprehensible, exigeant de I'homme I'etablissement d'une connaissance egalement rationnelle et methodique. Des lois gouvernent, aussi bien la nature, que les societes et le pouvoir du Prince doit y etre soumis. La conception de I'origine de la societe, theorise par Jean-Jacques Rousseau dans le Contrat social, et celle de la loi comme expression de la volonte generale des individus et non des corps, etats ou groupes, s'accompagne du souci de preserver la liberte individuelle comme droit imprescriptible - le seul droit tire de Dieu. La pensee des Lumieres cree ou reinvente done les idees de liberte, propriete et rationalite, et son influence reste predominate dans la pensee contemporaine. La comparaison entre Thomas Hobbes et John Locke montre quels changements interviennent réellement entre « I'Age de Raison » et le « mouvement des Lumiěres ». Hobbes, qui traverse les trois quarts du XVIle siěcle, a entrepris de classer de facon systématique les emotions humaines, ce qui I'amene á construire un systéme rigide garantissant, par coercition, la stabilitě du chaos primaire et justifiant le pouvoir absolu(voir le Leviathan). A I'inverse, Locke voit en la Nature la source de I'unite et de tous les droits individuels et la fonction du pouvoir est de les protéger, non de les étouffer. Ainsi, la « revolution » culturelle entre les deux siěcles fait intervenir la relation de I'homme á la Nature : on passe d'une vision noircie et chaotique, á une admiration de I'ordre naturel fondamental: du pessimisme á I'optimisme. Religion naturelle et déisme La croyance en un Dieu chretien, ä la fois un et trine, Providence d'un monde intelligible, intelligibility fondee sur les prineipes de la Philosophie scolastique et de sa metaphysique, qui fournit les "preuves" de l'existence de Dieu, a ete radicalement remise en cause par la Philosophie des Lumieres. D'un cöte, la theologie chretienne affirmait des dogmes comme celui de la Trinite, recus par une Revelation exterieure ; de l'autre, le deisme soulignait que le monde etait comprehensible a la seule raison humaine et que les lois le gouvernant l'etaient tout autant. En effet, la raison ne peut admettre un Dieu en trois personnes: "Pourquoi done exiger de moi, que je croie qu'il y a trois personnes en Dieu, aussi fermement que je croie que les trois angles d'un triangle sont egaux a deux droits". La revelation est contradictoire avec I'idee meme de Dieu : "Si Dieu s'est revele dans le temps, il a cesse des lors d'etre immuable, il a voulu dans un temps ce qu'il n'a point voulu dans I'autre". 5 La representation de Dieu comme « Grand Horloger » penetre alors les esprits, et les observateurs rationnels du monde prenent conscience que ce dernier semble bei et bien ordonne, selon des lois immuables que le createur a mis en mouvement par une chiquenaude initiale. La perfection des lois physiques le dispense de se fatiguer a se preoccuper d'un monde qu'il a lui meme pourvu afin qu'il puisse fonctionner sans son intervention. Cependant, l'utilite d'une religion naturelle, debarrassee des contradictions de la pensee metaphysique et des absurdites de la Bible, apparait necessaire pour fonder une morale qui est avant tout sociale. Voltaire souhaite une religion "pour le peuple"; Rousseau "une profession de foi civile". II importe que la morale de la "religion civile" rende I'homme conforme a la societe tout en preservant sa liberte : " L'homme vertueux n'est done point celui qui sacrifie ses plaisirs, ses habitudes et ses plus fortes passions a I'interet public, puisqu'un tel homme est impossible, mais celui dont la plus forte passion est tellement conforme a I'interet general, qu'il esr presque toujours necessite a la vertu". Le culte, en tant que sacrifice offert a Dieu, devient alors immoral, car d'aucune utilite sociale. "On a cru qu'en caressant Dieu comme un enfant, on mettrait des entraves a sa justice et qu'on jouirait de toute sa bonte. De lä ces expirations, ces sacrifices, ces initiations qui ont perdu la morale". Critique de l'organisation sociale Les critiques des philosophes s'appuient sur des injustices et des abus. Leur ton est badin, brillant, souvent dröle avec un sens consommé de la formule assassine qui séduit le public et terrasse l'adversaire: ils sont des écrivains a succěs qui dominent l'opinion publique, de Voltaire et Diderot, a Grimm, Marmontel ou la Harpe, pour n'en citer que quelques uns. Ceci dans une société oů la fidélité monarchique et une forte pratique religieuse restent majoritaires. Cette société était subdivisée en trois Ordres : le clergé, la noblesse, et le tiers etat. En Droit, les ordres, héritées de la periodě medievale correspondaient a des functions sociales: prier, combattre ou produire. Cette repartition trifonctionnelle reposait sur les privileges octroyés a des personnes individuelles ou collectives en compensation de charges assumées au service de la chose publique. Les trois ordres jouissaient de privileges, en principe révocables quand ils n'etaient plus justifies par des charges reelles.Or ce systéme avait été en partie denature par I'instauration de la vénalité des offices (1604) qui avait abouti, de fait, a leur heredité sans qu'une charge reelle y corresponde nécessairement. De plus, I'usage, un des principaux fondements de I'ancien droit, incitait les rois, lors de leur avěnement, a confirmer des privileges qui, parfois, n'avaient plus de justification, méme si au XVII le siěcle ces abus tendent a disparaitre. Enfin, une nouvelle classe se formait avec le développement des échanges commerciaux : la haute bourgeoisie, qui, souhaitant davantage de liberté dans le domaine économique et qui était culturellement proche de I'aristocratie, aristocratie dont une partie contestait la monarchie absolue, aspirait aussi a jouer un role politique. Ces elites, noblesse liberale et gens de finances, se distinguaient souvent par une liberté de moeurs qui représentait une contestation implicite de la monarchie absolue fondamentalement attachée a la religion et a sa morale. Enfin le jansenisme politique et parlementaire fut aussi, pendant tout le siěcle, une source de contestation. Triomphe des Lumiěres 6 Le milieu du 18° correspond á 1'apogée de la philosophie des Lumiěres,. Le mouvement des Lumiěres trouva alors un certain équilibre, entre la Raison « naturelle » et la reconnaissance de la legitimita du plaisir: "la vie est dans I'elan, I'affirmation de soi, il n'y a pas de vertu sans passion et seule une ame superbement emportée peut mériter la gloire de se dire vertueuse". "M. de Voltaire", issu de la bourgeoisie, fréquentant les plus grands noms de I'aristocratie rěgne alors sur la république des lettres. Exile en Angleterre entre 1726 et 1729, il y a étudié les travaux de John Locke, Isaac Newton et la monarchie anglaise. II se rend populaire par sa dénonciation des injustices et de l"archaísme ďun systéme judiciaire ou subsiste I'usage de la "question" dans les (affaires Calas, Sirven, de La Barre, Lally-Tollendal).. II devient le promoteur ďune monarchie parlementaire, inspirée du modele anglais et le conseiller des despotes éclairés comme Frederic II de Prusse qui ne lui menage pas les honneurs. L'influence de la Philosophie des Lumieres dans les changements politiques Des la fin du XVIIeme siecle, John Locke avait defini la separation des pouvoirs entre I'executif et le legislatif. Montesquieu reprit cette distinction et I'etendit a un troisieme pouvoir, le pouvoir judiciaire dans De l'esprit des lois (1748). Dans les annees 1750, les despotes eclaires tentent, en Angleterre, en Autriche, en Prusse et ou en Russie, de « rationaliser » les monarchies et leurs lois. L'idee lumineuse d'un gouvernement « rationnel » s'incarna dans la Declaration d'lndependance americaine et la Constitution de 1787. Dans une moindre mesure, le programme des Jacobins releve de cette conception. Les Lumieres, source de la Revolution francaise ? A mesure que se developpait I'esprit philosophique, dans les salons, les cafes ou les clubs, I'autorite monarchique se delitait, sapee tant par des tentatives de reformes sans lendemain que par I'opposition aristocratique. Pendant la periodě révolutionnaire, les idées des philosophes ont inspire les débats politiques. La plupart des deputes de 1'Assemblée nationale sont des bourgeois cultivés qui se sont nourris des valeurs de liberté et ďégalité. Par exemple, Robespierre est un rousseauiste convaincu. Pourtant, la plupart des philosophes francais sont morts avant d'avoir vu l'oeuvre de la Revolution francaise, sauf Condorcet, mort en 1794 et I'abbe Raynal, mort en 1796, qui connaitront tous des déboires avec la Revolution. La Terreur, en particulier, représente une application violente des principes de la philosophie des Lumiěres, notamment lors de la brěve periodě de pouvoir des Jacobins et la dictature du Comité de Salut public. Le désir de rationalité conduisit a une tentative ďéradiquer 1'Église et le christianisme dans son ensemble ; ainsi, la Convention nationale changea le calendrier, systéme de mesure du temps, et fonde le systéme des assignats sur la nationalisation des biens du clergé, tout en placant 1'idée ďégalité, sociale et économique, au plus haut point des priorités de 1'État. Les Lumieres, source de la Revolution americaine ? En Amerique du Nord, l'influence de la philosophie des Lumieres transparait nettement dans la Declaration d'independance des Etats-Unis d'Amerique du 4/juillet/1776 qui proclame que les hommes ont ete crees egaux en droit et qu'ils peuvent s'opposer a la tyrannie. La Constitution des Etats-Unis d'Amerique (1787) reprend les principes de Montesquieu de la separation des pouvoirs legislatif, executif et judiciaire, qui forment la base de toute democratie. 7 Thomas Jefferson, redacteur de la Constitution des Etats-Unis. Ce planteur originaire de Virginie, cultive et instruit, etait tres marque par le philosophe anglais (John Locke) et francais (Jean-Jacques Rousseau). La diffusion des Lumieres Les progres de I'alphabetisation et de la lecture permettent le developpement de ce qu'on a appele un « espace public », les debats intellectuels et politiques depassent le cercle restreint de I'administration et des elites, impliquant progressivement des secteurs plus larges de la societe. Le processus de diffusion des idees nouvelles se trouva amplifie par le progres des techniques de diffusion de I'information. Les passages de I'Encyclopedie sont lus par les nobles, les dues, et les bourgeois dans des salons, les personnes presentes donnent leur avis sur les ecrits des philosophes. Les journaux et la correspondance permirent des echanges plus rapides dans toute I'Europe, realisant une nouvelle forme d'unite culturelle. Ceci ne fut pas sans poser des questions sur la liberte d'acces et de diffusion de ces informations. On connaTt le role joue par la presse dans la diffusion des idees, pendant la Revolution francaise notamment. Cependant, les Lumieres n'ont touche que les elites aristocratiques et les fractions montantes des bourgeoisies. L'echo, dans ces milieux dominants, est certes considerable en Angleterre et en France, mais plus restreint en Allemagne et en Italie ; le public eclaire est tres peu nombreux en Espagne ou en Russie, ou seuls quelques intellectuels, hauts fonctionnaires et grandes families participent au mouvement. Le peuple, lui, n'est pas touche : I'immense majorite des paysans, meme francais, n'a jamais entendu parler de Voltaire ou de Rousseau. Diffusion du savoir- I'Encyclopedie Un second changement important dans le mouvement des Lumieres par rapport au siecle precedent, trouve son origine en France, avec les Encyclopedistes. Ce mouvement intellectuel defend I'idee qu'il existe une architecture scientifique et morale du savoir, une structure prevalente et ordonnee et que sa realisation est un moyen de liberation de I'homme. Le philosophe Denis Diderot et le mathematicien d'Alembert publient en 1751 I'Encyclopedie ou Dictionnaire raisonne des sciences, des arts et des metiers. Les salons et les cafes Ce sont d'abord les cafes, ou on lit et on debat, comme le cafe Procope, a Paris qui sont le rendez-vous nocturne des jeunes poetes ou des critiques qui discutent passionnement des derniers succes de theatre ou de librairie. Mais ce sont surtout les salons mondains, ouverts par tous ceux qui ont quelque ambition, ne serait-ce que celle de paraTtre. lis sont caracterises par la mixite intellectuelle ; les gens s'y expriment, y trouvent une occasion de satisfaire leur soif de savoir et y entretiennent leur vision du monde. Mais il faut y etre introduit. Les grandes dames recoivent artistes, savants et philosophes. Chaque hotesse a son jour, sa speciality et ses invites de marque. Le modele est I'hotel de Madame de Lambert, au debut du siecle. Les gens de talent s'y retrouvent réguliěrement pour confronter leurs idées ou tester sur un public privilégiá leurs derniers vers. Mondaines et cultivées, les créatrices de ces salons animent les soirées, encouragent les timides et coupent court aux disputes. Ces fortes personnalités, trěs libres par rapport a leurs consoeurs, sont souvent elles-mémes écrivaines et épistoliěres. 8 La mixite est particulierement reussie en France, au , dans ces « Etats Generaux de l'esprit humain » oü s'epanouit la Philosophie des Lumieres. Des femmes cultivees, intelligentes y sont de veritables partenaires avec qui on peut remettre en question des idees religieuses, politiques, scientifiques, qui sont capables de donner un elan aux debats ; on cite par exemple l'intervention d'Anne Dacier dans la querelle des Anciens et des Modernes et les oeuvres d'Emilie du Chätelet. Les colporteurs La diffusion des idees des Lumieres est egalement permise grace aux differents marchands ambulants. En effet, ces derniers, allant de province en province, colportaient les informations et, par extension, les idees aux analphabetes. Les Academies, les bibliothěques, les loges et la presse Les Academies étaient des sociétés savantes qui se réunissaient pour s'occuper de Belles-lettres et de sciences et contribuer á la diffusion du savoir. En France, aprěs les fondations monarchiques du XVIlěme siěcle (Academie francaise, 1634 ; Academie des inscriptions et belles-lettres, 1663 ; Academie royale des sciences, 1666; Academie royale d'architecture, 1671), naissent encore, á Paris, I'Academie royale de chirurgie (1731) et la Société royale de médecine (1776). Le clergé et, dans une moindre mesure, la noblesse y prédominent. Ces societes provinciales regroupent les representants de l'elite intellectuelle des villes francaises. Leur composition sociale revele que les privileges y occupent une place moindre qu'ä Paris : 37 % de nobles, 20 % de gens d'Eglise. Les roturiers constituent 43 % des effectifs : c'est l'elite des possedants tranquilles qui siege lä. Marchands et manufacturiers sont peu presents (4 %). Voisines des Academies, souvent peuplees des memes hommes avides de savoir, les bibliotheques publiques et chambres de lecture se sont multipliees, fondees par de riches particuliers ou a partir de souscriptions publiques. Elles collectionnent les travaux scientifiques, les gros dictionnaires, offrent une salle de lecture et, a cote, une salle de conversation. Toutes ces sociétés de pensée fonctionnent comme des salons ouverts et forment entre elles des réseaux provinciaux, nationaux, européens, échangeant livres et correspondance, accueillant les étrangers éclairés, lancant des programmes de reflexion, des concours de recherche. On y parle physique, chimie, mineralogie, agronomie, démographie. Dans les Treize colonies britanniques en Amérique du Nord, James Bowdoin (1726-1790), John Adams (1735-1726) et John Hancock (1737-1793) fondent I'American Academy of Arts and Sciences á Boston durant la Guerre ďindépendance des États-Unis d'Amerique. En 1743, Benjamin Franklin fonde la Société philosophique américaine. Au debut du XIXe siěcle, Thomas Jefferson avait I'une des plus riches bibliothěques privées du pays. Parmi les réseaux éclairés, le plus développé est celui de la franc-maconnerie, quoique reserve aux couches supérieures. Née en Angleterre et en Écosse, la franc-maconnerie, groupement a vocation humanisté et initiatique, concentre tous les caractěres des Lumiěres : eile est théiste, tolerante, liberale, humanisté, sentimentale. Elle connaít un succěs foudroyant dans toute l'Europe oů l'on compte des milliers de loges en 1789. Les milieux civils, militaires et méme religieux, lies aux appareils ďÉtat, y sont tout particulierement gagnés. Ni anticléricales (elles le seront au XlXěme siěcle) ni révolutionnaires, les loges ont contribué a répandre les idées 9 philosophiques et I'esprit de reforme dans les lieux politiquement strategiques. La discussion intellectuelle I'emporte sur le caractere esoterique ou sectaire. Surtout, les elites y font, plus encore que dans les Academies, I'apprentissage du primat de I'egalite des talents sur les privileges de la naissance. La presse a facilite la diffusion des textes philosophiques (notamment I'Encyclopedie de Diderot et d'Alembert), et a declenche les processus de la reflexion chez le peuple. La presse contribue enfin a la constitution de I'opinion publique, malgre la censure, toujours active. Le Journal des Scavans, le Mercure de France, les periodiques economiques comme les Ephemerides du Citoyen redigees par Nicolas Baudeau du parti des Economistes (parti des philosophes politiques ou les Physiocrates comme aussi Francois Quesnay), sont en fait plutot ce que nous appellerions des revues. Par le recensement d'ouvrages et par les abonnements collectifs des societes de pensee, un public eloigne des centres de creation peut prendre connaissance des idees et des debats, des decouvertes du mois, sinon du jour. Valeurs et representations sociales des Lumiěres Changement de representation Les valeurs essentielles defendues par les hommes des Lumieres dans toute I'Europe sont la tolerance, la liberte, I'egalite. Ces valeurs debouchent, en Angleterre, en Amerique et en France, sur la definition de nouveaux droits naturels et sur une separation des pouvoirs politiques, "On peut dire que cette periodě marque I'avenement de nouvelles representations sociales, ce que Michel Foucault appelle une épistémě, et qui répond, á certains égards, au phénoměne qui s'est produit á la Renaissance". Cette citation de Montesquieu est revelatrice de ce changement: "Aujourd'hui nous recevons trois educations differentes ou contraires : celles de nos peres, celles de nos maitres, celle du monde. Ce qu'on nous dit dans la derniere renverse toutes les idees des premieres". Ideal du philosophe La figure ideale des Lumieres est le philosophe, homme de lettre avec une fonction sociale qui exerce sa raison dans tous les domaines pour guider les consciences, proner une echelle de valeurs et militer dans les problemes d'actualite. C'est un intellectuel engage qui intervient dans la societe, un « honnete homme qui agit en tout par raison » (Encyclopedie), « qui s'occupe a demasquer des erreurs » (Diderot). 10 Pármi les figures des Lumiéres ä avoir critique ľesclavage et la colonisation, on compte, entre autres, Denis Diderot dans le Supplement au voyage de Bougainville, Voltaire dans Candide, mais surtout Guillaume-Thomas Raynal et son Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, veritable encyclopédie de ľanticolonialisme au auxquels ont collaboré, pármi ďautres, Diderot et d'Holbach. Coexistence des sentiments et de la raison Le rationalisme des Lumiěres n'exclut en aucun cas la sensibilitě. Raison et sentiment dialoguent au sein méme de la Philosophie et de la littérature des Lumiěres. Ses penseurs sont capables de rigueur intellectuelle et de sensibilitě, mais comment concilier les extases du Cceur avec le bonheur serein de la Raison? Sans doute est-il sage de chercher á les concilier, par I'alternance dans le temps ou le compromis :"Le sentiment designe souvent á lui seul un compromis entre la raison et la passion, le repos et le mouvement, la liberté de 1'esprit et la fatalitě de la nature". Pour Rousseau ce conflit n'existait pas dans l'etat de nature de meme qu'il aura disparu dans la realisation de T'etat social ideal. Le divorce entre Tun et I'autre, fruit de l'histoire et de la civilisation, est cause de souffrances Ideal encyclopedique : tout connaTtre Cette epoque cultive un gout particulierement prononce pour les ecrits totalisants qui rassemblent I'ensemble des connaissances de leur temps, les bilans generaux du savoir. Cet ideal va trouver sa realisation dans I' Encyclopedie de Diderot et D'Alembert, publiee entre 1750 et 1770, dont le but etait de sortir le peuple de I'ignorance par une diffusion tres large du savoir. Prosopographie des philosophes des Lumiěres Comme les humanistes de la Renaissance, les philosophes des Lumiěres s'interessent a divers domaines : I'Americain Thomas Jefferson avait recu une formation juridique mais pratiquait également 1'archéologie et I'architecture. Benjamin Franklin eut une carriěre de diplomate et de physicien. Condorcet écrivit sur des sujets aussi différents que le commerce, les finances, 1'éducation ou la science. Les origines sociales des philosophes sont diverses : beaucoup sont issus de families bourgeoises (Voltaire, Thomas Jefferson), d'autres de milieux plus modestes (Emmanuel Kant, Benjamin Franklin, Denis Diderot) ou encore de la noblesse (Montesquieu, Condorcet). Un certain nombre d'entre eux avaient recu une education religieuse (Denis Diderot, Louis de Jaucourt) ou une formation juridique (Montesquieu, Thomas Jefferson). Les philosophes constituaient des reseaux et communiquaient par lettres. On connaTt la correspondance violente entre Rousseau et Voltaire. Les grands esprits du XVIIIeme siecle se rencontraient et discutaient dans 11 les salons, les cafes ou les academies. Parce qu'ils critiquaient I'ordre etabli, les philosophes etaient poursuivis par les autorites et devaient recourir a des subterfuges pour eviter la prison. Francois-Marie Arouet prit le Pseudonyme de Voltaire. Thomas Jefferson redigea en 1774 un rapport destine aux delegues de Virginie du Premier Congres continental, qui se reunissait pour discuter des griefs des colonies a l'egard de la Grande-Bretagne. En raison du contenu du texte, il fut contraint de le publier anonymement. La Lettre sur les aveugles a l'usage de ceux qui voient valut a Denis Diderot d'etre emprisonne au fort de Vincennes pour sa remise en cause de la religion. Accuse d'avoir redige des pamphlets contre le regent Philippe III d'Orleans, Voltaire fut emprisonne a la Bastille. Montesquieu publia de facon anonyme les Lettres persanes en 1721 en Hollande. De 1728 a 1734, il visita plusieurs pays d'Europe. Les penseurs et les savants formaient une communaute internationale. Ben Franklin, Tom Jefferson, Adam Smith, Hume ou Galiani sejournerent plusieurs annees en France. Face ä la censure et aux difficultes financieres, les philosophes recouraient souvent ä la protection d'aristocrates et de mecenes : Malesherbes et la marquise de Pompadour, favorite de Louis XV, soutinrent ainsi Diderot. Marie-Therese Geoffrin (1699-1777) subventionna une partie de la publication de l'Encyclopedie. Elle organisait un salon bihebdomadaire, recevant des artistes, des savants, des gens de lettres et des philosophes, de 1749 a 1777. L'autre grand salon de l'epoque des Lumieres etait celui de Claudine de Tencin. Dans les annees 1720, Voltaire dut s'exiler en Angleterre oü il s'enquit des idees de John Locke. Les philosophes luttaient generalement moins contre le pouvoir royal que contre I'hegemonie ecclesiastique et nobiliaire : dans sa defense de Jean Calas, Voltaire defendait ainsi la justice royale contre les exces d'une justice provinciale jugee plus fanatique. Bien des monarques europeens - Charles III d'Espagne, Marie-Therese et Joseph II d'Autriche, Catherine II de Russie, Gustave III de Suede - lisaient et appreciaient les philosophes. . La suite des evenements devait montrer aux Philosophes les limites de leurs ambitions chez des souverains plus despotes qu'eclaires. Seul Rousseau revendiqua avec Constance I'egalite politique, qui devint par la suite un ideal revolutionnaire. Une esthétique des Lumiéres ? « D'une facon générale, la sensibilité des Lumiéres porte a une sentimentalite morale : le temps de I'ironie voltairienne passé, on veut s'apitoyer, avec Rousseau (la Nouvelle Héloíse, 1761) et les tableaux de Greuze, chercher le beau et le bon éternels. Plus le siécle s'avance, plus la littérature et ľart répudient la gratuité des formes, la légéreté, regardées comme aristocratiques et mondaines, pour aller vers le sérieux, I'authentique et le naturel, c'est-ä-dire vers ce qui est conforme a la morale utilitaire du public bourgeois d'ou le gout croissant pour le néoclassicisme, qui met en avant ľantique, non pas ľantique allégorique de ľépoque classique mais un antique historique plus sobre, a la facon du peintre David. Ceci se traduit dans les reflexions sur l'urbanisme. La ville des Lumieres est le fruit des efforts conjoints des pouvoirs publics et des architectes soucieux de realiser des bätiments administratifs ou utiles (hotels de ville, hopitaux, theatres, intendances) tout en amenageant des perspectives, des places, fontaines, promenades. L'Academie royale d'architecture reste un des centres de la reflexion sur la theorie: pour eile le beau est ce qui plait. Pour l'abbe Laugier, au contraire, ce qui est beau est conforme a la raison. Le modele naturel de toute architecture est la cabane primitive soutenue par quatre troncs d'arbre, avec quatre parties horizontales et un toit qui deviennent respectivement colonnes, entablements, frontons. Le modele du temple grec se repand alors jusque dans le decor et le mobilier. Ce paradigme se traduit par un changement de style au milieu du siecle: le rococo est abandonne, la Grece antique et Palladio deviennent les principales references du style neo-classique : 12 - la place Stanislas de Nancy est le cceur d'un ensemble urbanistique classique, inscrite depuis 1983 sur la liste du patrimoine mondial de I'UNESCO, ainsi que d'autres places de cette ville comme la place de la Carriere et la place d'Alliance, autour desquelles s'articulent administrations et services de I'epoque. -Claude Nicolas Ledoux (1736-1806), membre de I'Academie d'architecture est sans doute I'architecte dont les projets incarnent le mieux I'utopie d'un habitat totalement rationnel. II dirige, a partir de 1775, I'edification de la Saline royale d'Arc-et-Senans, dans le Doubs, veritable cite usiniere. Le regime politique en France : Le regime politique en France était la monarchie absolue, c'est un regime politique dans lequel I'autorite est détenue par le roi qui doit respecter les privileges des corps et des ordres qui composent le pays et prendre conseil mais il possěde les 3 pouvoirs : judiciaire, législatif et exécutif. II est le representant de Dieu sur terre, il est roi de droit divin. Le pouvoir était centralise entre les mains des souverains (ex : Louis XIV). lis étaient soutenus par une classe moyenne, ou bourgeoisie, grandissante qui tirait profit d'un gouvernement central fort, capable de maintenir I'ordre et de créer une ambiance propice á 1'épanouissement du commerce. C'est une époque de reflexion et de contestation. Principaux axes de revendication Les parlements composes des bourgeois ne voulaient pas etre seulement consultes mais ils voulaient aussi gouverner. Cette mise en cause de la monarchie absolue debuta en Angleterre, puis en France. Plus ďinégalités sociales. Plus d'intolerances religieuses : chaque citoyen peut choisir sa religion et non pas la religion d'Etat. Protagonistes Montesquieu, Charles de Secondat, baron de (1689-1755), homme de lettres et philosophe francais. II fut notamment I'auteur De I'esprit des lois. (1748) et des Lettres persanes Diderot, Denis (1713-1784), philosophe et ecrivain francais. II fut le maitre d'oeuvre de I'Encyclopedie (1751-1772) et I'un des principaux representants de I'esprit des Lumieres. Voltaire (1694-1778), homme de lettres et philosophe francais, auteur de tragedies,d'epopees mais aussi notamment d'essais et de contes philosophiques qui temoignent de son souci de verite, de justice et de tolerance. Rousseau, Jean-Jacques (1712-1778), ecrivain et philosophe genevois de langue francaise, auteur des Confessions,de la Nouvelle HeloTse, du Contrat Social,des Reveries,de I'Emile qui fut I'une des principales figures du siecle des Lumieres. 13 Chronologie Le XVIIIe siede. 1715-1789 1715 : A la mort de Louis XIV, la France se trouve ruinee par la guerre. 1715-1774 : Regne de Louis XV. 1723 : Louis XV atteint sa majorite. 1716-1720 : Pour relever les finances, on fait appel un Ecossais, Law, qui cree la premiere maison de credit. Cette tentative se termine par une gigantesque banqueroute. 1723-1726 : Ministere du Due de Bourbon, cousin de Louis XV. 1725 : Louis XIV epouse Marie Leczinska, fille du roi de Pologne dechu, Stanislas Leczinski. 1726-1743 : Ministere de Fleury. 1733-1738 : Guerre de succession de Pologne. Louis XV veut rendre ä son beau-pere, Stanislas Leczinski, la Pologne conquise par les Russes et les Autrichiens. 1738 : Traite de Vienne. La Lorraine est donnee ä Stanislas Leczinski en echange de la Pologne. A sa mort, eile reviendra ä la France. 1740-1748 : Guerre de succession d'Autriche ä la suite de la mort de l'empereur d'Allemagne Charles VI qui n'a qu'une fille Marie-Therese. 1740 : Victoire des Frangais sur les Autrichiens ä Prague. 1742 : Les Frangais perdent la Boheme. 1743 : Mort de Fleury. Louis XV assume ä lui seul le pouvoir. 1745-1764 : Liaison de Louis XV avec une bourgeoise, Jeanne Poisson, qu'il fait marquise de Pompadour et l'installe officiellement ä Versailles. Pendant 20 ans, c'est eile qui gouvernera. 1745 : Victoire de Fontenoy contre l'Angleterre alliee de l'Autriche. La Belgique est conquise. . 1748 : Traite d'Aix-la-Chapelle. La France rend tous les territoires conquis. 1751-1772 : Publication de l'Encyclopedie de Diderot et d'Alembert; dictionnaire universel. La plupart des ecrivains et savants ont contribue ä sa redaction (Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Buffon, Quesnay, Turgot, etc). 1756-1763 : Guerre de sept ans. Les alliances s'inversent. L'Angleterre s'allie ä la Prusse et la France ä l'Autriche. La Grande-Bretagne entreprend une guerre coloniale et maritime contre la France. 1757 : Defaite de Rosbach. 158-1770 : Ministere de Choiseul. 1759 : Conquete de l'lnde par Dupleix. La Grande-Bretagne prend le Quebec. 1761 : Defaite de Dupleix ä Pondichery (Inde) devant les Anglais. II doit capituler. 14 1763 : Traité de Paris qui met fin ä la guerre de sept ans. Louis XV cede aux Anglais le Canada, la rive gauche du Mississipi, une partie des Antilles frangaises, les comptoirs du Senegal et renonce ä I'lnde. 1768 : La France acquiert la Corse. 1772 : Frederic II, la tsarine Catherine II et Marie-Thérése concluent un accord de morcellement de la Pologne : la Galicie revient ä I'Autriche, la Prusse polonaise ä la Prusse et une partie de la Lituanie ä la Russie. 1774 : Mort de Louis XV. 1774-1792 : Régne de Louis XVI. Ministére de Turgot et Malesherbes qui tentent de relever la France en entreprenant de vastes réformes. 1774 : Le commerce des grains est libéré. 1775 : Guerre des farines. Suite ä une mauvaise récolte le prix du pain monte. Des bandes armées pillent les boulangeries de Paris et de Versailles. 1776 : Abolition des corporations et de la corvée royale. Disgrace de Turgot ä la suite de ces mesures qui lui ont valu beaucoup d'ennemis. 1776 Ministére de Necker qui poursuit les réformes comme I'abolition du servage. 1778 : Alliance frangaise avec les Etats-Unis. Guerre ďlndépendance américaine 1783 : Traité de Versailles qui consacre ľindépendance des Etats-Unis. L'Angleterre rend le Senegal ä la France. 5 mai 1789 : Convocation des Etats Généraux. Le Tiers Etat demande dans ses Cahiers de Doléances la mise en place d'une constitution qui limite les pouvoirs du roi, définit les droits du peuples et abolit les privileges de la noblesse et du clergé. Littérature 1721 Montesquieu : Lettres persannes 1722 Marivaux : La surprise de I'amour 1730 Marivaux : Le jeu de I'amour et du hasard 1731 Abbé Prévost: Manon Lescaut 1734 Voltaire : Lettres philosophiques 1739-1749 Saint-Simon : Mémoires 1748 Montesquieu : Ľesprit des lois Voltaire : Zadig 1750-1772 Ľencyclopédie 1759 Voltaire : Candide 1761 Rousseau : la nouvelle Héloíse 1762 Rousseau : Du contrat social 1775 Beaumarchais : Le barbier de Seville 1782 Choderlos de laclos : Les liaisons dangereuses 1782-1789 Rousseau : Les confessions 1784 Beaumarchais ; Le mariage de Figaro 1788 Bernardin de Saint Pierre : Paul et Virginie