Tournures et contractions *-*-^ans le parier courant, les Quebecois s'expriment des tournures et des contractions de mots qui ' surprendre. Ainsi, ces tendances ä faire dis-quelques particules ou ä emboutir les mots dans !es autres sont sans doute des aspects uqucs de la maniere de parier quebecoise. Bien entendu, ces usages sont souvent critiques. Voici quelques exemples typiques. Articles supprimes Habitude de supprimer 1'article dans certaines expressions courantes: A prochaine! (A la prochaine !) Autres exemples: // est entre dans maison. Cet animal habile dans jungle. Dans vie, üfaut s 'atten-dre ä tout. I! s'est rendu jusqu'ä fin du trajet. On en retrouve ä grandeur du pays. A place de Fernand, je n 'irais pas. Compression, deformation, escamotage... Dans la langue orale, certains mots courants sont comprimes, modifies, escamotes. A vous de juger: Chu content. (Je suis content.) Ch't'en vacances! (Je suis en vacances.) J'a memoire courte. (J'ai la memoire courte.) J'y ai dit souvent. (Je lui ai souvent dit.) J'me sus mis ä lire. (Je me suis mis ä lire.) M'a t'dire une chose. (Je vais te dire une chose.) J'vas etre absent. (Je vais etre absent.) Est habile. (Elle est habile.) A va s'en aller si t'a r'gardes trop. (Elle va s1en aller si tu la regardes trop.) Me semble qu'i'e parti. (II me semble qu'il est parti.) Y'en a pas deux pareils. (II n'y en a pas deu pareils.) Faut l 'faire commefaut. (IJ faut le faire comme faut.) Quand etait jeune, avail peur. (Quand elle eta jeune, elle avait peur.) C't'une belle fdle. (C'est une belle fille.) Y ont trouve la solution. (lis ont trouve 3 solution.) Pousse-le pas comme ca. (Ne le pousse pi comme ca.) Fais-moi'Z-en pas manger. (Ne m'en fais p; manger.) Je veux avoir elle. (... celle-ci.) Prends ce chemin, je vais prendre lui ä droit (... celui qui est ä droite.) C'est ben correct. (Bien.) Mets ca su 'V buffet. (Sur le.) La troupe de folklore arrive su'a scene, (Sur la.) J'aimepas me faire marcher su'e pieds. (Sur ies T'as pas besoin de grimperdin rideaux. (Dans les Es-tu capable d'e tenir ? (De les.) // devrait revenira'ec elle. (Avec.) Veux-tu j'conduise ? (Veux-tu que je conduise ? J'ai toujours aime c'te pantalon-la. (Ce...) lis ont donne leu' chemise. («Leu'», qui lit avec «bleu».) Elle est brillante dans tou'e sens du mot. (,.. to les...) C'est queuqu'un que je connais. {... quelqu'un. Je le cherche. L'as-tu vu queuqu' part ? I queique part.) A toue fois qu'a vient, la chicane pogne. toutes les fois qu'elle...) C'est pas tä faitt' parfait! (... pas tout ä fait...) J'aimerais que tu viennes tusuite. (... tout suite.) J'irai avec toi, t'a I'heure. (... tout ä I'heure.) C'est ben qu'trop dur. (.,. bien trop dur.) On est tet' ben arrives trop vite. (... pem-e bien...) Petit qui de du parler quf.becoss 208 209 a \SK' Un m'ment 'nne.j'en ai eu assez! (A un moment donne...) ^ Tends tipeu, j'arrive. (Attends un petit peu...) ons u-ti correct la ? (Suis-je correct ?) T'as-tu bien saisi ? (As-tu bien saisi ?) fa vous fait-tu plaisir ? (Est-ce que ca vous fait plaisir ?) Ya-tu exagere ? (A-t-il exagere ?) Je Vsavais-tu, moe ? (Comment pouvais-je savoir ?) Qu'ess-tu veux encore? (Qu'est-ce que tu veux encore ?) Qu'osse qu'y a qui va pas ? (Qu'est-ce qui ne va pas?) Qu'osse fa prendpour y arriver? (Qu'est-ce que ca prend...) Sais-tu ousse qu'y s'en va ? (... ou il s'en va?) Les syndicats, qu'ossa donne ? (Les syndicats, qu'est-ce que 5a donne ?) C'est qui qui a fait ca ? (Qui a fait 9a ?) Tournures a I'anglaise Les cours que j'etais bon dedans. (Les cours dans lesquels j'etais bon.) Les ressources que les jeunes peuvent compter dessus. (Les ressources sur lesquelles les jeunes peuvent compter.) La fille que je sors avec. (La fille avec qui je sors.) Conjugaisons singulieres AU CONDITIONNEL // serait capable s'il voudrait. (... s'il vouJait.) Sij'aurais le temps... (Si j'avais le temps...) Erreur sur l'auxiliaire Je m'ai inscrit a des cours de natation. (Je 1 suis inscrit...) Autres exemples: Je m'ai reveille de bonne heu Tu t'en avais occupe hier. Je m'ai mal explique. s'avait trompe. Je m'ai apercu de rien. Je m'ai ic les mains. Et d'autres cas... Certaines des phrases qui suivent ont ete dites j des enfants, encore insouciants des caprices de langue. II n'est pas impossible cependant qu'on entende, a 1'occasion, dans la bouche de certa adultes. Ces tournures en font rigoler plusieurs a! que d'autres se sentent irrites. // se serait fait abaitu par la pegre. (Abattre.) J'aimerais ca si on y allerait aujourd'h (Allait.) Au moins, Us apprennent des choses quand allent a t'ecole. (Vont.) L'eau bouille a 100 °C. (Bout.) Faut qu'y continussent comme ca. (Continuent J 'espere que qa va vous conviendre. (Convenir. Je I'aidecouvri tout seul. (Decouvert.) 11 fallait que les choses soyaient bien fail (Soient.) Les animaux sontaient disparus. (Etaient.) J'ai eteindu la lampe avant de me couch (Eteint.) J'aime beaucoup la soupe que vous fais (Faites.) Les enfants jousent dans la rue. (Jouent.) // dit qu 'il a li son livre au complet. (Lu.) J'aimerais que tu louses unfilm demain. (Loue J'avais ouvri la porte. (Ouvert.) Les compagnies qui pollusent les riviet (Polluent.) Avez-vous ete repondu ? (Est-ce qu'on vou repondu ?) Est-ce qu 'on vous a repondl (Repondu.) Petit guide du parler quebecois 210 Les jurons (les «sacres») Elle a beaucoup souffri. (Souffert.) // ne nous a pas sui. (Suivi.) v-le s 'est teindu les cheveux. (Teint.) 'as tiendre la corde. (Tenir.) 'oublions pas qu'on disait autrefois en France ^je voirai», tres proche du verbe infinitif «voir», contrairement ä ce qui est devenu la regie aujour-d'hui: «je verrai». Des mots tombes en desuetude Au Quebec comme ailleurs, la langue evolue, Ainsi, divers mots et expressions, courants au Quebec au debut du siecle, ont pratiquement disparu aujourd'hui. En voici quelques-uns, proposes pour la plupart par Louis-Philippe Geoffrion, dans Zigzags autour de nos parlers: un cavalier (un amoureux); une creature (une jeune femme); une saucisse ä cor-billard (un hot dog); ä tout le reste (absolument); parier tout ä clair (distinctement); etre bagoulard (bavard); une sante casuelle (fragile); un ouvrier deplet (prompt, expeditif, habile); aller hucher quelqu'un (appeler ä haute voix ou frapper ä la porte); se pieter (se hausser sur ses pieds, se depecher, se raidir, faire un effort); faire le renard (faire l'ecole buissonniere, s'absenter du travail); tomber en demence (en ruine); apporter son butin (ses effets personnels); un barbier (un coiffeur); une bombe (une bouilloire); un haim (un hamecon); une pelle-a-feu (une sage-femme); etc. Tires du vocabulaire liturgique, les «sacres »■ f intimement partie du lexique quebecois, Ces jur< semblent constituer une reaction populaire ironiqu la domination religieuse qu'a connue le Quel pendant de nombreuses decennies, jusqu'aux ann soixante. Les Quebecois utilisent un eventail de m a saveur religieuse la ou les Francais prefereront expressions a caractere sexuel. Avec le temps, les sacres ont perdu de leur asp blasphematoire, meme s'ils demeurent d'un nivs de langue vulgaire. lis sont devenus pour Quebecois une maniere populaire de se reconna: entre eux. Plusieurs jeunes les emploient com pour affirmer leur personnalite en defiant un inter; et ils continuent de s'en servir en vieillissa Certains observateurs affirment toutefois que jurons cachent, chez ceux qui en usent a profusi un manque de vocabulaire pour exprimer diver nuances de la realite. Les sacres permettent avant tout de mettre de 1 tensile, de Femotion dans ce qui est dit. Ce s souvent des interjections qui expriment l'etonneir ou ie mecontentement. II n'est pas necessaire toi fois d'etre tres fache pour s'en servir... On parseme ses propos de differentes manieres: cifa qu'il fait froid; une ostie de belle photo; cris quelqu'un dehors; cdlisser un livre au bout de bras; le tabarnak, il est fou... En general, ils ; interchangeables. Les sacres sont utilises plus souvent par hommes que par les femmes, plus dans les cla: populaires que dans les classes instruites. Mais les retrouve dans tous les milieux. Le phenom s'apparente aux jurons a saveur religieuse en u; en Ttalie ou en Espagne. Gilles Charest, dans Le I des sacres et blasphemes quebecois, fait le tour a question. Petit guide du parler quebecois 212 213 A.m.ne.1 Les plus « graves» des jurons sont: batéme, cälisse, calvaire, crisse, ciboire, crucifix, ostie, sacrament, saint-simonaque, tabamak, viarge, etc. Voici ''•s types d'utilisations courantes, avec equivalent "oximatif: i paries d'une crisse de belle fille! (Super.) .'est un crisse ď idiot! (II est drolement idiot.) Je crisse mon camp demain pour la Floride. (Je pars, je me taille.) lis l'ont crissé dehors pour incompetence. (Congédier, saquer, virer.) Je suis en tabamak! (En furie.) Ostie que ca m'ecanire cette affaire-lä! (Merde! Bördel!) R. On entend aussi «estie». Ah ben, saint-simonaque, si c 'est pas mon ami Gilbert! (Putain!) II faut que je recommence tout, ciboire. (Bördel!) // au rait du lui cälisser une bonne volée ä cet imbecile. (Donner une räclee.) Voyons sacrament! J'ai encore un probléme. (Merde!) Ostie de crisse de cälisse de tabamak! Tassez-vous gang ďépais! Salauds! (Poussez-vous! Con-nards! Enfoirés!) D'autres jurons, dont certains sont de simples derives des precedents, s'averent plus légers, plus «acceptables», socialement parlant. lis peuvent épicer bien des conversations: batéche, batinse, bondance, bonguienne, bonyeu, bozwell, cäliboire, cáíique, cäline, caltor, calvasse, calvinse, carrosse, Christophe, ciarge, cibole, clif, cristal, cristi, jériboire, jéritole, joual vert, maudit, mautadit, mosusse, ostinätion, ostindebeu, sacrifice, saint-crěme, sainte-bénite, saint-croche. souffrance, tabarnache, tabarnouche, taba-rouette, tabarslak, torpinouche, torrieu, torvis, verrat, viande ä chien, vinguienne, vlimeux, etc. C'est un beau blues en caline! (C'est vraiment un beau blues.) C'est une torrieuse de bonne idee! (Geniale.) Tabarouette que tu cours vite! (Oh !) Les Quebecois trouvent en general amüsant c des etrangers saisissent le role et 1'utilisation ( « sacres » dans le langage oral. Cependant, si etranger se met ä en abuser, les Quebecois pourraii penser qu'il veut se moquer d'eux... Les Quebec ont en general un bon sens de l'humour. lis n'hc tent pas ä rire de leurs propres travers. Par com lorsqu'on parle de langue, de politique, de no riture, de religion et d'attraits touristiques, c tains sont plus susceptibles, plus chatouilleux c d'autres. Masculin ou feminin ? A.u Quebec, des mots (notamment ceux qui com-mencent par une voyelle) changent parfois de genre dans le langage courant. Voici done Ies plus frequents qui passent occasionnellement du masculin au feminin: une accident, une acetate, une acompte, une aéroport, de la bonne air, une annuaire, une bonne appétit, une aquarium, de la grosse argent, une arret, une ascenseur, une asphalte, une autobus, une avion, une cantaloup, une diabete, une eclair, une éeran, une échange, une entracte, une escalier, une escompte, une étage, une été, une exemple, une gang, une habit, une haltete, une harmonica, une hélicoptěre, une hiver, une höpital, une nouvelle horaire, une hotel, une grosse impact, une intervalle, de belles jeans, une job, une belle orage, une orchestre, une oreiller, une grosse orteil, une pamplemousse, une pétale de fleur, une pore de la peau, une radis, une rail de chemin de fer, une sandwich, une tentacule, une testicule, une toast, etc. II arrive que Ton entende des phrases du genre: C'est dans la metne ordre ďidée. Cest la seule endroit oil on pent en trouver. II reste juste une petite espace. II a une belle avenir devant lui. Iis ont la meine age. Par ailleurs, les Européens sont toujours surpris de la forte tendance, chez les Québécois, ä féminiser. La «mairesse» y est bien une femme qui a élé élue ä la mairie et non la femme du maire. Une «pro-fesseure» y est aussi respectable qu'un professeur. On dit une « distributrice ä sandwichs». On fait parfois «de la motocross». II n'y a qu'au Quebec qu'un regroupement profes-sionnel, l'Association des orthopédagogues du Quebec, aura i'audace de publier un dépliant qui présente ses membres au feminin seulemcnt, avec une mention coquine: «le feminin inclut le masculin», sous pretexte que plus de 80 % de • membres sont des femmes. Parfois, le masculin prend sa revanche. II air que Ton entende: J'ai regu un circulaire, au lieu une. J'ai été opéré pour un hernie discal. J'ai j un erreur. Je veux faire agrandir mon garde-ro. On trouve ici un bel atmosphere. J'ai utilise du pi de verre. Pareillement: un abeille, un ambulance, araignée, un armoire, un cellophane, un écharpe, entrevue, un étabie, un horloge, un bypothěse. un ' un jeep, un moustiquaire, un offre, un once, orange, un radio, un tumeur, etc. 21 7 Annexe Vautomobile et le garage Dans le domaine de l'automobile, les angli-cismes abondent au Quebec. Les efforts sont louables pour franciser les termes techniques. Preuve que c'est possible: «J'ai un pneu crevé» parvient souvent á remplacer «Mon tire est ftat». «Mon pare-brise est félé et mes essuie-glaces ne fonctionnent plus» se dit autant que «Mon windshield est pété et mes wipers marchent pus». Malgré tout, le vocabulaire anglais est difficile á déloger... Se rendre au garage au Quebec est souvent 1'occasion de faire connaissance avec les mots suivants, caiques de 1'anglais pour la plupart: B: le balancement des roues (équilibrage), le ball joint (joint a rotule), les basses (feux de croisement), le bazou (guimbarde), les bearings (roulements á billes), booster (survolter), braker (freiner), les brakes (freins), le bumper (pare-chocs); C: le camshaft (arbre a cames), le cap de roue (enjo-liveur), le char (voiture), chauffer (conduire), checker (verifier), le check-up (verification), le choke (étrangleur, starter), la clutch (pédale d'embrayage), le coffre á gants (boíte), cramper les roues (braquer), le crankshaft (vilebrequin), le criard (klaxon); D: le dash (tableau de bord), déclutcher (débrayer), defroster (dégivrer), á la dump (á la ferraille); E: s 'écarter (se perdre), embarquer (monter en auto), V embouteillage (bouchon), V exhaust (systéme ďéchappement); F: la/íí« (ventilateur),/Zas/íďr (clignoter), les flasheurs (clignotants), leflat (crevaison), le frame (chassis); G: le gaz (essence), peser sur le gaz (appuyer sur 1'accélérateur), prendre du gaz (prendre de 1'es-sence), le gasket (joint), la gear (roue d'engrenage), grafigne (raye), la gratte (grattoir), la grille (ealai dre), le gauge (controleur de pression, jauge); H, I, J: les hautes (feux de route), le hood (capot changer d'huile (vidanger le carter), Vintak (tubulure d'admission), le jack (eric); L: les licences (plaque d'immatriculation, permis d conduire), le lift (pont elevateur), les lumieres (feu de circulation); M: le manifold (collecteur d'echappement), I miroir (retroviseur), la minoune (bagnole), le millag. (kilometrage), le mufflettr (pot d'echappement); N, O: etre au neutre (au point mort), la nut (ecrou le one-way (sens unique); P: le pick-up (camionnette), faire du pouce (d l'auto-stop), le power-brake (servo-frein), ie powei steering (direction assistee), pucke (bossele); R: le rack (porte-bagages), la remorqueuse (depar neuse), la ride (randonnee), le rim de roue (jante). ] rocker (culbuteur), la roulotte (caravane), le rus (heure de poirtte); S: le shaft (arbre de transmission), shirer (glisser les shocks (amortisseurs), souffler (gonfler), la piec de spare (piece de rechange), le spare (roue d secours), les springs (ressorts), staller (cale; etouffer), starter (faire demarrer), le starter (dema reur), le steering (direction), la strap (courroie); T: timer l'allumage (regler), la tank d gaz (reserve; a essence), la tete de cylindre (culasse), les tire (pneus), lever le top de l'auto (capote), towe (remorquer), le trafic (circulation), le traile (remorque), la tripe (chambre a air), ie trouble a moteur (panne), le tune-up (mise au point); U, V, W: le u-turn (demi-tour), la valise (coffre), S valve d'exhaust (soupape d'echappement), 3a va (camion lourd), le windshield (pare-brise), le wipt (essuie-glace), etc. Petit guide du farler qisébécois 218 On pent aussi savourer des perles du genre : Passe-moi le wrench (cle), y a une bolt (boulon) qui est slack (relachee). Ou bien: Tcheque (verifie) done si la drill (perceuse) est dans /'truck (camion). Peser sur la suce veut dire: accelerer. Rouler a ptanche signifie: avoir la pedale d'acceleration au plancher. Les premiers contacts avec la langue parlee au Quebec Deux Frangais et deux Africains temoignent C^u'a-t-elle a de si special la langue parlee Quebec? Comment s'y adapte-t-on? Voici qos jeunes adultes etrangers, s'exprimant courammenl francais, qui ont eu ä vivre l'experience d'immers dans la culture quebecoise. Deux viennenl France, les deux autres sont africains. Thomas (de Paris), Philippe (de Lille), Mimoss (de Yaounde) et Roger (de Libreville) ont sejou au Quebec, Quelies ont ete leurs premieres imps sions ? Quelles difficultes ont-ils rencontrees ? V? brievement le bilan qu'ils font de leur integration. Le «hood du char» C'est dans un garage que Thomas a vécu Fex rience linguistique la plus «exotique» durant son séj au Quebec. La voiture qu'il s'etait achetée a eu bes un jour de quelques reparations, et ce sont des gs gistes qui I'ont initié á un lexique qui a beaucc emprunté á 1'anglais. «Ouvre le hood.» «Ta strap fan est usée.» «Est-ce que ta tank á gaz est pleinc Le bumper, le tire, le station-wagon, les wipers choke, etc. II a du demander des explications plus ď\ fois et, heureusement, on lui a répondu gentiment. Cependant, dans ses lectures, Thomas voit s autre difference de fond entre le francais de Frai et celui du Quebec. Et ce n'est pas d'abord á ca du vocabulaire. «En France, explique-t-il, ií important de tenir compte de 1'esthétique quand éerit. Dans une revue ou un journal, par exemple forme, la beauté du style ont autant de valeur qm contenu. Aux Etats-Unis, ce qui est important, c! 1'efficacité ďun texte, son pragmatisme. Celui doit avant tout dire quelque chose, et la maniěre Petit guide du pakler québécois 220 221 ann! presenter ce contenu est secondaire. En cela, je crois que les Quebecois, meme avec leur caractere latin, sont plus proches des Americains que des Francois. Et cela se reflete dans leur maniere de parier, de tra-vailler.» Pour un etranger, affirme Thomas, les Quebecois sont plus difficiles ä comprendre lorsqu'ils parlent entre eux. «Iis s'expriment alors tres vite et laissent tomber quelques syllabes. Ce qui devient plus difficile ä saisir pour une oreille peu habituee.» II constate aussi que tout le contexte culture! est different entre le Quebec et la France. «Je vais voir des films francais avec des amis quebecois et je me rends compte qu'on ne rit pas toujours aux memes endroits. II y a des jeux de mots, des references qui sont typiquement francais.» Quelques particularites ont frappe Thomas. Ainsi, au Quebec, on compte les etages generalement ä la maniere americaine. Le rez-de-chaussee equivaut au premier etage; le deuxieme 6tage au Quebec, c'est comme le premier en Europe. Pareillement, 1'expression «cette fille est ben fine » ne se comprend pas de la meme facon partout. Au Quebec, le terme a le sens de: gentille, aimable. En France, l'expression peut equivaloir ä: svelte, equilibree, ou meme culti-vee, sophistiquee. Thomas croit que les Quebecois ont interet a mettre en valeur leurs expressions typiques, leurs tournures de phrases. Par contre, il pense que les Quebecois devraient faire davantage attention ä leur pronunciation et faire plus d'efforts, lorsqu'ils s'expriment, dans la recherche du mot juste. II deplore aussi que quelques-uns ne connaissent pas le bon genre de certains mots: «ascenseur», «autobus», « avion » et « exemple » sont des mots masculins. Choc culturel Philippe savait, en arrivant au Quebec, que le francais de France et celui du Quebec puisaient aux mémes racines. Mais il s'est vite rendu compte «la langue parlée au Quebec est rattachée a identitě culturelle trěs differente». Ce fut avant un choc culturel. «Dans le quotidien, les tourai de phrases n'etaient pas les měmes. II y a des n que je ne comprenais pas. Je découvrais un nou\ monde. J'essayais de deviner le sens exact certains mots, de certaines expressions. Ce n'est seulement 1'accent qui est different. Ca pc quelque temps avant de se sentir vraiment famiiie Ainsi, explique-t-il, une serveuse dans un res rant lui a dit, sur un ton aimable mais vif: «C'e votre goüt?» Ce sont des mots tout ä fait franc mais les serveuses et serveurs en France n'oni 1'habitude d'utiliser cette formule. On y enti plutot: «C'est bon?», «Ca va bien?», «Ca v plait ? » ou quelque chose du genre. Philippe a du f répéter trois fois avant de comprendre. Pareillemer n'a pas saisi du premier coup quand la meme serve lui a dit: «Est-ce que vous voulez payer tout de m: J'ai fini mon chiffre [mon quart de travail]». Philippe trouve amüsantes des expressions q n'avait jamais entendues avant de venir au Quel «Tranquillement pas vite» (lentement); « C'est pire» (c'est bien); «Ca n'a pas de sens» (c stupide); «Je suis tanné» (fatigue, lasse); etc. II a s'habituer ä la prononciation particuliěre de re comme: pain, Päques, lentement, etc. Philippe croit que les Québécois oni une tenda naturelle ä épurer leur langue lorsqu'ils parlent a des francophones venant d'autres pays. «Iis font efforts pour qu'on les comprenne plus facilemei II lui est arrive, par exemple, d'ecouter des g parier rapidement ensemble, et, dit-il, «j'avoue ■ j'ai eu, ä certains moments, le sentiment d'enten une langue etrangere». Pour lui, le visiteur doit, i comme le Québécois, faire son bout de chemin p trouver un terrain de comprehension mutuelle. Philippe se dit surpris, agacé de voir que certs Québécois se moquent du chanteur Roch Voisi Petit guide du parier québécois 223 Anne? iorsqu'il va en France, simplement parce qu'il parle francais en uíilisant un niveau de langue plus international. «En France. Roch Voisine se considére davan-tage comme un francophone que comme un Franco-Québécois ou un Acadien. Richard Desjardins, lui, se présente en France comme un Québécois typique, avec sa personnalité propre. Voisine a deja dit: "Je parle en France pour me faire comprendre par eux." Je ne vois pas ce qu'il y a de mal dans cette approche.» Philippe conclut: «Ä mon avis, les Québécois ont intérét ä garder leur identite culturelle, leur originalite, tout en se rattachant ä une langue francaise internationale. Les deux aspects me semblent compatibles. » Un chant nasillard Lorsque Mimosette a mis les pieds pour la premiére fois au Québec, arrivant de son Cameroun natal, elle a eu ľimpression que les gens chantaient. Mais le chant n'était pas toujours mélodieux: les sons étaient parfois nasillards et certains mots sem-blaient articulés avec une certaine paresse. Mimosette n'a pas été surprise ďentendre les Québécois utiliser une langue différente de celie de France. «Au Cameroun, en plus du francais et de ľanglais, il y a prés de 500 dialectes. II y a done beaueoup de variations et de melanges de langues.» Elle donne l'exemple suivant d'une expression francaise typique de son pays, inspirée ďun dialecte local: «Regarde comment il fait son visage», qui signifie «Regarde la mine qu'i! a». Aprés un certain temps, ce qui ľa étonnée le plus au Québec, e'est le phénoméne de «traduction ». «Souvent, par exemple, quand j'ai une discussion avec un groupe de Québécois, on prend la peine, ä certains moments, de me traduire dans un francais plus general ce qui a été dit, pour que je comprenne bien. C'est amüsant.» Pourquoi ce phénoméne de repetition? Deux raisons, constate-t-elle. D'une pa parce que les propos de la discussion entre Quel cois sont dits rapidement. D'autre part, parce qu existe souvent un double vocabulaire, Fun pour langue de tous les jours, 1'autre pour la langue pi conventionnelle, plus normalises. Mimosette a ete surprise un jour d'entendre a voisine lui dire qu'elle allait «chercher son chai Elle a imagine un instant qu'il s'agissait d'un er d'assaut! N'empeche qu'apres quelques semains dit-elle, on s'habitue ä la langue quebecoise. <■ m'arrive meme de sacrer un peu, juste pour rigoler... «J'en aipas pantoufle...» Originaire du Gabon, Roger a fait ses etudes col: giales et universitaires au Quebec. II se rappe: encore quelques expressions et intonations quet coises qui les surprenaient, lui et ses amis, ä le arrivee: «II y avail un professeur de biologic c parlait du " sang " et je comprenais " sein ",. prononcait "grope" au lieu de "groupe". Et quand disait "pantoute", j'entendais "pantoufle", et je i demandais ce que ce mot venait faire dans la convi sation !» II se souvient aussi du mot « areopor (plutot que «aeroport») et de quelques expressio curieuses: «II n'y a pas personne» ou «Peux-barrer la porte?» «J'ai longtemps pense que voulait dire simplement "refermer" la porte, el a pas la fermer ä cle...» Heureusement, Roger a toujours pu compter sur sympathiques amis quebeeois ä qui il pouvait faei; ment demander le sens des nouvelles expressions qu entendait, ce qu'il considerait comme un enrichsx ment culturel. Cependant, il avoue avoir eu beaueo de difficulte ä comprendre certaines emissio d'humour ä la television... Des jeux de mots parft intraduisibles, dans une langue souvent brouillonne.. «Malgre la distance avec la France, affirme-t-les Quebeeois se debattent avec vigueur po Petít guide du parler québécois 224 225 Anne preserver la langue francaise en Amérique du Nord.» Ce qui le surprend le plus, par contre, c'est que beaucoup de gens au Quebec ne font pas la difference entre les niveaux de langue, ne savent pas quand changer de degré: le niveau populaire, 1'argot, et le niveau francais international, conventionnel. «Ca donne 1'impression que certains ne maítrisent ni 1'un ni l'autre. C'est difficile parfois de situer le niveau de la conversation avec les Québécois: arnica! on officiel ? přivé ou public ? II y a comme un manque de conventions qui surprend un étranger.» Dans plusieurs pays de l'Afrique noire (sur la cöte ouest du continent), le francais est la langue offi-cielle, utilisée ä 1'école, au travail et dans les médias. « Par rapport au francais parlé en France, il y a quelques differences dans 1'intonation, ie debit des phrases, mais il y a peu de differences dans le voca-buiaire, sauf dans quelques expressions d'argot. Beaucoup d'enseignants francais travaillent dans nos écoles, et nous avons le méme systéme ď education qu'en France. Le francais parle au Gabon ressemble beaucoup plus, selon moi, au francais de France que le francais qui est parlé au Quebec.» Dans les pays de l'Afrique noire francophone, il existe, en plus du francais, des dizaines de langues indigenes. «Entre nous, Africains, il arrive que Ton utilise plusieurs langues dans une méme conversation, selon les personnes ä qui on s'adresse, mais on melange rarement les mots de deux langues dans une méme phrase. Les Québécois, eux, s'adressent ä un étranger en ajoutant ä leurs phrases des mots anglais et des tournures de "joual". Cela m'a toujours surpris.» Sa conclusion: «Je crois qu'il est important de savoir qu'il y a dans une langue un niveau conventionnel qui facilite la communication. Tout en con-servant leur langage typique, les Québécois auraient intérět ä instaurer une discipline auprěs des jeunes, par i'entremise des éducateurs, des parents, des médias. II faudrait leur enseigner: 5a, c'est la langue populaire, la langue de la rue, et 9a, c'est la langue officielle, pour les occasions speciales: en classe, travail, ä la radio, etc. Par exemple, les professes devraient faire connattre les expressions correct* on peut sans doute dire, entre amis, un "bumpe; des "pads" ou "pantoute", mais les jeunes devraa savoir qu'il y a des occasions oü il faut dire ""pa chocs", "jambieres" ou "pas du tout". Je crois q les Quebecois auraient interet, pour l'avenir de langue, ä faire la part des choses entre les de niveaux. C'est tout ä fait possible.» * ** Les Quebecois semblent avoir, au fil des ans, p une place importante sur la scene internationale fn cophone, grace aux relations culturelles, politique? economiques. «Lorsque je suis parti de France p< venir ici, explique Thomas, le Canada, pour m c'etait un grand pays francophone, avec quelqt anglophones ä chaque bout.» Mimosette ajoui «Au Cameroun, j'avais la meme impression»... En reaiite, le Quebec compte plus de 7 miJlic d'habitants, dont plus de 80 % sont francophon Mais dans Fensemble du Canada, on recen 30 millions de personnes, et ä peine 25 % sont fn cophones. 227 ANNE Les cousins d'Acadk Meme si la plupart des Acadiens vivent en dehors du Quebec, les liens sociaux et culturels entre les deux communautes sont importants. Ce sont des voisins et des cousins. Et leur accent est facilement identifiable par les Quebecois. Les ancetres des Acadiens provenaient en majorite de la region du Poitou (LaRochelle), au centre-ouest de la France, alors que les premiers Quebecois sont partis prmcipalement du nord de la France. Aujourd'hui, l'Acadie se definit comme un pays sans frontieres. Le foyer des Acadiens occupe tout le nord et la cote est du Nouveau-Brunswick. Des Acadiens vivent egalement au Quebec (plus d'un demi-million, principalement dans le sud de la Gaspesie, aux Iles-de-la-Madeleine, a Montreal, a Trois-Rivieres), en Nouvelle-Ecosse (sur-tout au nord de Yarmouth), a Ottawa, a l'Ile-du-Prince-Edouard, a Terre-Neuve, en Nouvelle-Angleterre, en Louisiane, au Texas... Une diaspora. Plus on s'eloigne du Quebec et du nord du Nouveau-Brunswick, phis le francais parle par les Acadiens est malaise et plus il est influence par la langue anglaise. D'ailleurs, la majorite des Acadiens parlent egalement Fanglais et ont, de par leur statut minoritaire, une experience de societe tres differente de celle du Quebec. Ainsi, aussitot qu'un anglophone arrive dans un groupe d'Acadiens, il est d'usage de passer a la langue anglaise. De la meme facon, les Acadiens ne sont pas trop offusques lorsque les affiches ou le service a la clientele dans un restaurant ou un magasin ne sont offerts qu'en anglais, ce qui ferait sursauter (et rous-peter) tout Quebecois francophone dans son propre milieu. Cela n'empeche pas les Acadiens d'etre tres Hers de leur langue et de leur ascendance. L'ete, chaque village acadien organise son festival, et le drapeau aca dien flotte partout au coeur des rejouissances. La tens cite des Acadiens a conserve!" leurs racines mente vm admiration profonde. Et l'accent? En Acadie, les « an» ressemblent a de «on»: « comprondre» (comprendre), «je p_onse>> (is pense), «donser» (danser). Les «i» sont percants comme en Gaspesie: «une viiille» (une vilie). Le an « k » vient davantage du fond de la bouche et soi comme un coup de fouet: «Karonte ons» (quaran* ans), «en tont k'Akadiun)) (en tant qu'Acadien). Oi entend parler de « droa» et de «loa» (droit et loi), alor qu'au Quebec on prononce « droe» et«loe». Les mot «demain» et «de rien» sonnent comme: «deman;- € de «de nan». On dit «tu ayas» pour «tu avais». E: Nouvelle-Ecosse, les «ch» se changent resolument ei «h»: «va fhanher» (changer), «deha» (deja), le heveux» (cheveux). Pour dire des expressions comme «un pjti pern? o1 «ch'te rappelle plusse tor (plus tard)», les Acadien mettent un accent tonique sur «p'ti» et «plus», alor qu;au Quebec l'accent dominant va sur le deuxsem mot: «peu» et «tard». Un Acadien dira: «C"a ete dj fun de jaser avec vous»: le Quebecois dira: « C'a ete 1 fun de jaser avec vous» (plaisant). L'Acadien dira « c'est pas 9a en toute!» plutot que «... pantoute i» (pa du tout). II existe dans les regions acadiennes des mots et de expressions pratiquement inconnus au Quebec. En vok quelques-uns: «basir» (disparaitre d'un coup), >xs faire flauber» (se faire voler), « frolic » (fete chaaa petre), «haller» (tirervers soi), «leche» (vers de terre « ngolet» (petit ruisseau), « partir sur une ripoiissc (a toute vitesse),« sourd» (egout), la « cabale »(les eloc tions), etc. Les Acadiens utilisent egalement certains mot anglais moms courants au Quebec, comme la « gm%y (sauce), la « groceiyr» (epicene), la « pantry » (depensg Petit guide du parliír québécois 228 ou un «take-out» (service á Fauto, meís pour apporter). Ort utilisera des termes comrae: « participer dans... » (á),«je vais vous parler sur...» (de) ou «le point que je veux faire... » (je veux faire le point sur...). 11 arrive que Ton entende, dans les milieux les plus anglicises, des tournures comme: « Veux-tu backer dans piscine ? » (go back, retoumer), « As-tu registre bétót ? » (registered, ťes-tu inscrit tout á Fheure ?), « J'ai été enseigné á cette école» (j'ai étudié...) ou « de treize trente á seize » (de treize heures trente á seize heures). Et bien entendu, dans Fafiichage public (dans les commerces privés particuliéremení), on trouve plus qu'au Quebec des expressions non traduites en fran-9ais : les « No vacancy » (complet), les « Dairy bar » (comptoir laitier), les « Fish market » (marché de poisson), les « Real estate » (maison á vendre), les « Service center » (centre de service), les « Cashstop» (guichet automatique), les «Open»; « Close », « Entrance » et « Exit» (ouvert, fermé, entrée, sortie) sont courants. Au Bureau de renseignements touristiqucs de Shé-diac, un guide peut, gentiment et en francais, inviter un touriste á consulter la « map » (carte routiěre) pour verifier quel« exit» (sortie) il faut prendre pour circuler sur la « route cénique » (caique de 1'anglais : « scenic road », qu'on traduit généralement en francais par « route panoramique »). L'important, c'est que les Acadiens, les Québécois et les francophones du monde entier réussissent á bien se comprendre, á partager leurs experiences, á s'enrichir mutuellement de leur diversité. Qui, dans la franco-phonie d'aujourd'hui, n'utilise pas de mots anglais dans son vocabulaire ? Quelques elements dltistoire 1534: Jacques Cartier debarque ä Gaspe, puis frequeiife les Amenndiens de Stadacone (Quebec) et d'Hochelaga (Montreal). 1608: Samuel de Champlain fonde la ville de Quebec. 1642: Paul de Chomedey de Maisormeuve etablit un site de colonisation ä Montreal. Dans les decennies qm suivent. quelques milliers de colons, avec leurs accents varies, arrivent de diverses regions de France (pnncipa-lement de Normandie et du Centre-Ouest) pour s'implanter sur les territoires bordant le fleuve Saint-Laurent. Ces gens, souvent de condition modeste, auront une progeniture nombreuse. En plus de se multiplier sur les rives du Saint-Laurent, ces Francais com-mencent ä explorer FAmerique du Nord vers le sua et Fouest. Cependant, les relations tendues entre la France et l'Angleterre auront des repercussions jusqu'en terre d'Amerique. 1755: Les Acadiens sont deportes du territoire quils occupaient dans l'actuelle Nouvelle-Ecosse. 1759 : Les Anglais gagnent la bataille des Flames d'Abraham, ä Quebec. 1763: Avec la signature du traite de Pans, la Conquete anglaise met fin au regime fran9ais en Amerique ds Nord. Une partie de Felite francophone est retotimee es France. Le pouvoir politique et economique apparüent maintenant aux Anglais. Les liaisons entre la France et le Quebec deviennent alors tres limitees. Le Quebec est. orphelin. De France, seuls quelques riches aventurierset quelques cures en quete de conversions viendront i Voccasion constater que Fon parle encore un francais de belle qualite outre-Atlantique. (Selon Henriette Waller., dans son livre Lefrangais dans tons les sens, ce n'eiail pas du tout, ä la fin du xvmc siecle, le francais pur a.