Le droit á l'erreur, pour qui, pour quoi ? mimmmiimmmmmimmmmmimmmimmmmimiiiiiiiiiiiiiimiiiiii Document 1 Le droit ä l'erreur Le droit á l'erreur... qui peut étre contre ? Cette formule sympathique est pourtant une mauvaise réponse ä une bonne question ! [...] Les entreprises sont obsédées par la qualité des produits et services livrés, par leur fiabilité. Parce que Le Client doit étre protégé de tout ennui ! Le Client, lui, ne tolěre pas l'erreur I Le Client n'achete pas l'erreur I Le droit ä l'erreur n'existe done pas ! Ce qui existe, ce sont des personnes qui commettent des erreurs, simplement parce qu'avec les meilleures intentions du monde, nul n'est parfait et done ä I'abri... Le reste est une question de bon sens. II taut étre intolerant vis-á-vis des erreurs, mais tolerant vis-ä-vis des personnes qui les ont commises. C'est aux managers qu'il appartient de faire vivre dans la pratique cette distinction vitale, pour libérer la parole, encourager les progres et obtenir la performance attendue. http://www.cpe-reseau.org/news/le-droit-a-i-erreur Document 2 L'universite reconnaft le droit ä l'erreur [...] Parmi les 80 % d'etudiants qui obtiennent un diplöme dans le superieur, beaucoup ont commence un cursus puis se sont rendu compte que ce n'etait pas leur voie. lis se sont alors reorientes vers un autre parcours. L'universite accorde de plus en plus souvent une deuxieme chance. Le droit ä la reorientation est d'ailleurs enonce dans un arrete du 9 avril 1997. Ce texte precise, en particulier dans son article 14, que chaque etablissement est tenu de le mettre en place. Nombre d'universites vont plus loin et proposent meme une reorientation des le deuxieme semestre, histoire de ne pas laisser filer une annee. Si son etablissement le lui permet, I'etudiant pourra ainsi passer de la Psychologie ä l'histoire, de la gestion au droit ou encore de l'economie ä la geographie. L'universite pourra neanmoins exiger I'obtention d'un nombre minimal de credits d'etude europeens (ECTS) ou le rattrapage de certains d'entre eux. [...] Et la methode semble efficace. II y a quelques annees, l'universite avait suivi une cohorte d'etudiants qui avaient demande ä se reorienter : 40 % d'entre eux reussissaient bien alors qu'auparavant ils etaient en difficulty. [...], Nathalie Brafman Le Monde de education. 07 fevrier 2013 http://www.lemonde.lr/enseignemenr-superieur/article/2013/02/07/l-universite-reconnait-le-droit-a-l- erreurj 827822J 473692.html Document 3 Accordons-nous le droit a I'erreur Nous preferons souvent nier nos « derapages - plutot que les reconnaitre. Dommage, car, a condition de les regarder avec indulgence, ils nous aident a faire « entrer de I'air >• dans une vie trap cadree. Si les bacte'ries n'avaient pas faitd'erreur, nous ne serionspas la. >• Le Quebecois Jean- Francois Vezina, psychologue et essayiste, donne le ton. L'apparition de la vie, explique-t-il, est le produit d'un accident dans le grand silence cosmique. » Par consequent, selon lui, petits ou grands, nos <• d&apages » ne sont pas un bug de notre fonctionnement mental, dont le paradigme serait une ligne continue et sans heurts, bien au contraire : ils en sont I'essence, I'expression meme. Issus du chaos, nous restons chaos. Pourtant, nul, ou presque, n'est vraiment pret a entendre ce point de vue : nous sommes tous accroches a nos certitudes, tels des coquillages a leur rocher. Et comme les erreurs sont associees a I'idee de faute, de culpabilite, que nous leur attribuons une valeur morale, cela ne nous facilite pas la vie pour les envisager d'un autre ceil. [...] Des impairs qui nous font perdre la face L'erreur est done toujours une aberration par rapport a une norme. Quelle qu'elle soit - scientifique, artistique, morale, religieuse, etc. -, si nous en faisons une, meme sans consequence, meme brievement, nous nous mettons a cette occasion hors du groupe. [...] Et Jean-Frangois Vezina d'indiquer: « Nous vivons dans la recherche de la perfection, de la performance, personnels, sociale, familiale. ..Tout pas de cote nous plonge dans la crainte de ne plus exister dans le regard des autres.»L'une des consequences de cette peur est que nous avons tendance a nous identifier a notre impair, a nous confondre avec lui. Ä tel point que nous ressentons de temps en temps l'envie de mourir, ou du moins de disparattre, aprěs en avoir commis un. [...] Kathryn Schulz, journaliste, essayiste et « erreurologue » américaine, analyse cette reaction dans son dernier ouvrage, Cherchez I'erreurI: « Le souhait de quitter le monde constitue l'une des réponses récurrentes aux erreurs que nous commettons [...]. Comme si une taute pouvait réellement nous priver de visage; comme si étre en tort risquait ďeffacer notre identitě. » Nous préférons en consequence <• ne rien savoir », et traversons une phase de déni [...]. <• Le děni agit comme un mécanisme de defense, il nous protege de ce que nous vivons lorsque nous nous trompons », explique Jean-Francois Vézina. Or, personne n'a envie d'etre confronts á ces moments. Des « monstres » qui nous ouvrent ä la créativité Voilá notre probléme. Refuser d'admettre que nous pouvons nous tromper, nous raidir face á cela peut, dans les cas les plus graves, aboutir ä des catastrophes : de nombreuses erreurs judiciaires sont le produit du déni et de 1'entštement de certains juges face á leurs propres fautes, l'affaire d'Outreau en est un dramatique exemple1. En niant, nous nous enfermons, nous nous asphyxions, nous fermons la porte á I'imagination, á la créativité. Bien des découvertes et des inventions sont le résultat de maladresses, de méprises. Kathryn Schulz affirme que nous devrions en ětre fiers, puisque •• I'erreur est humaine, [qu'] eile est l'apanage de l'homme, seul ětre ä en étre conscient ». « Raison pour laquelle nous devons baisser la garde, cesser de vouloir contröier, plaide Jean-Francois Vézina. Acceptons ces " monstres " qui nous montrent nos limites. »[...] Des lapsus qui nous éclalrent Nos connaissances du monde et de nous-méme évoluant sans cesse, Saverio Tomasella, psychanalyste, ouvre une piste interessante. Selon lui, I'erreur est au cceur měme de la cure analytique. •• Elle agit comme une dynamique etrenforce 1'avancée de la prise de conscience de I'analysant. [...] L'analyse est une cure de I'erreur par I'erreur. •• Benjamin Franklin I'avait déjá bien compris, qui écrivait: « L 'erreur est ďune diversité inépuisable, eile n'a pas de realitě, mais eile est la creation pure et simple de I'esprit qui I'invente2. » Christina Pelle-Douel. Psychologies Magazine, juillet-aoüt 2012, pages 118-122. 1- Dans I'affaire d'Outreau, au debut de 2001, dix-huit personnes ont été mises en accusation et écrouées pour actes de pédophitie. Elles ; seront acquittées en décembre 2005, aprěs que ťerreur judiciaire a été reconnue tors du proces en appet. 2. in « Rapport des commissaires charges par te roi de t'examen du magnetisme animal», Paris, 1784.