hashOverlay-FullResolve.png HD-ShadowLong.png HD-ShadowShort.png La langue française au Québec hashOverlay-FullResolve.png HD-ShadowLong.png HD-ShadowShort.png Octave Crémazie, 1867 •Plus je réfléchis sur les destinées de la littérature canadienne, moins je lui trouve de chances de laisser une trace dans l’histoire. Ce qui manque au Canada, c’est d’avoir une langue à lui. Si nous parlions iroquois ou huron, notre littérature vivrait. Malheureusement nous parlons et écrivons d’une assez piteuse façon, il est vrai, la langue de Bossuet et de Racine. Nous avons beau dire et beau faire, nous ne serons toujours, au point de vue littéraire, qu’une simple colonie; et quand bien même le Canada deviendrait un pays indépendant et ferait briller son drapeau au soleil des nations, nous n’en demeurerions pas moins de simples colons littéraires. Voyez la Belgique, qui parle la même langue que nous. Est-ce qu’il y a une littérature belge? Ne pouvant lutter avec la France pour la beauté de la forme, le Canada aurait pu conquérir sa place au milieu des littératures du vieux monde, si parmi ses enfants il s’était trouvé un écrivain capable d’initier, avant Fenimore Cooper, l’Europe à la grandiose nature de nos forêts, aux exploits légendaires de nos trappeurs et de nos voyageurs. Aujourd’hui, quand bien même un talent aussi puissant que celui de l’auteur du Dernier des Mohicans se révélerait parmi nous, ses oeuvres ne produiraient aucune sensation en Europe, car il aurait l’irréparable tort d’arriver le second, c’est-à-dire trop tard. Je le répète, si nous parlions huron ou iroquois, les travaux de nos écrivains attireraient l’attention du vieux monde. Cette langue mâle et nerveuse, née dans les forêts de l’Amérique, aurait cette poésie du cru qui fait les délices de l’étranger. On se pâmerait devant un roman ou un poème traduit de l’iroquois, tandis que l’on ne prend pas la peine de lire un livre écrit en français par un colon de Québec ou de Montréal. Depuis vingt ans, on publie chaque année, en France, des traductions de romans russes, scandinaves, roumains. Supposez ces mêmes livres écrits en français, ils ne trouveraient pas cinquante lecteurs… hashOverlay-FullResolve.png HD-ShadowLong.png HD-ShadowShort.png F. Dumont, août 1982 •La langue n’est pas le revêtement de nos vies, leur traduction en paroles. La langue constitue en quelque sorte notre existence puisqu’elle est l’outil indispensable pour la comprendre, pour la reprendre jusque dans ses déterminismes les plus lointains, pour en tirer des intentions et des projets, pour partager aussi avec autrui une conquête commune de nos sentiments et de nos pensées. hashOverlay-FullResolve.png HD-ShadowLong.png HD-ShadowShort.png Père Charlevoix (1744) •Les Canadiens, c’est-à-dire les Créoles du Canada, respirent en naissant un air de liberté qui les rend fort agréables dans le commerce de la vie, et nulle part ailleurs, on ne parle plus purement notre langue. On ne remarque même ici aucun accent. hashOverlay-FullResolve.png HD-ShadowLong.png HD-ShadowShort.png Prononciation - voyelles •[a] a tendance à devenir [ɑ] et à s’allonger: • Canadâ, chât, quârt, mârdi, radâr, guitâre. • Faut gongner! • Différence sonore entre «pâte» et «patte», «tâche» et «tache». •[ɛ] peut devenir [a]: •[ɛ] s’allonge: baêête, faêête. Cf. belle / bêle •[ɔʁ] est diphtonguée en [aɔʁ]: Encaore, maort. •[wa] se prononce [wɛ], [we] or [waɛ̯]: bonsouèr, bouère, rouè, drouète. Moé, toé, je te cré, ça doué. «Le roé, c’est moé». •[ɔ] penche vers [a]: J’arais dû y aller. • • hashOverlay-FullResolve.png HD-ShadowLong.png HD-ShadowShort.png Prononciation des consonnes et des syllabes •[t] et [d] sont affriqués vers [t͡s] et [d͡z] devant [i], [y], [j], [ɥ], et ses allophones [ɪ], [ʏ]: •Petsit, tsigre, bâtsiment, tsunnel, tsunique, penitsure •[r]|[rw] (roulé, apical) x [ʁ] (parisien, standard, guttural) x [ʀ] (grasseyé, uvulaire) : •Rover, char, très •Tendance à laisser tomber une lettre ou deux dans certaines syllabes finales qui contiennent deux ou trois consonnes. Souvent l, t ou r: •Planter un arb’, un artic’ de sport, être capab’, tirer son éping’ du jeu •Le [t] final deviant sonore dans certains mots: •Nuitt’, litt’, pissenlitt’, deboutt’, c’est pas toutt’ icitt’, il fait frett’ •Beaucoup de verbes en français commence par re-. Dans le langage courant, au Québec, la plupart de ces verbes changes en [aʀ]: arcommencer à jouer, arfaire un travail, arlire un paragraphe, arvenir demain •Parfois, une jota [x] s'entend pour le son de la lettre ou doux dans certaines régions (Saguenay–Lac-Saint-Jean, Beauce, Mauricie, Lanaudière) : • Georges se prononcera [xorx] • hashOverlay-FullResolve.png HD-ShadowLong.png HD-ShadowShort.png Anglicismes •Les anglicismes intégraux sont le résultat d'un emprunt direct (ex. : wiper pour « essuie-glace »). •Les anglicismes hybrides consistent à ajouter au mot anglais un élément morphologique français (ex. : checker pour « vérifier » ou spotter pour « repérer »). •Les anglicismes sémantiques sont constitués par des mots qui sont français mais qui prennent le sens d'un mot anglais qui leur ressemble et qui a un sens différent (ex. : définitivement au sens de « certainement » plutôt qu'au sens de « pour toujours »). •Les anglicismes syntaxiques sont des agencements de mots français reproduisant une structure anglaise (ex. : siéger sur un comité, calquant to sit on a committee au lieu de faire partie d'un comité ou siéger à/dans un comité). •Les anglicismes morphologiques sont des traductions littérales d'une expression anglaise donnant naissance à une expression équivalente en français qui n'existerait pas sous cette forme autrement, parce que son sens est déjà couvert par un autre vocable. Par exemple, un Québécois peut dire qu'il fera « un [appel] longue distance » (traduction littérale de long distance [call]) plutôt qu'un « interurbain ». •Le cas de week-end est particulièrement intéressant. Jusqu'aux années 1980, les Québécois parlaient uniquement de fin de semaine pour désigner les deux jours de congé que sont le samedi et le dimanche. Parallèlement, le week-end étant une réalité britannique avant d'être française, les Français ont jugé préférable et légitime de faire un emprunt direct (autour des années 1920). Dans les années 1980, les Québécois, constatant que le mot week-end était dans les dictionnaires français et non le mot fin de semaine, se sont mis à répandre l'idée selon laquelle fin de semaine était un calque erroné, et qu'il fallait lui préférer l'emprunt francisé week-end. Depuis, le mot week-end est en concurrence avec fin de semaine au Québec. L'OQLF recommande fin de semaine23. •Les anglicismes phraséologiques sont des expressions calquées directement de l'anglais, comme « au meilleur de ma connaissance » (to the best of my knowledge) plutôt que « pour autant que je me souvienne » ou simplement « à ma connaissance ». (Wikipedia: Français québécois) hashOverlay-FullResolve.png HD-ShadowLong.png HD-ShadowShort.png Devinettes : cherchez le mot «français» •On s’est croisé sur la Main à Montréal. •Les policiers pensent le squeezer dans les prochains jours. Il y a un char de police devant la maison 24/7. •Je vais nettoyer mon windshield. •Peux-tu tchéquer pour voir si elle va passer prendre son livre? •Je n’ai pas de confiance. Il m’a déjà bitché plusieurs fois. •Ce vélo est de la scrap. Je vais le domper. •On a eu un fonne noir avec cette histoire. •Je déteste manger des bines à cette binerie. •Les enseignants se sont fait enfirouâper avec cette politique. hashOverlay-FullResolve.png HD-ShadowLong.png HD-ShadowShort.png Devinettes : cherchez le mot «français» •On s’est croisé sur la Main à Montréal. (main street, rue principale) •Les policiers pensent le squeezer dans les prochains jours. Il y a un char de police devant la maison 24/7. (to squeeze, coincer) •Je vais nettoyer mon windshield. (pare-brise) •Peux-tu tchéquer pour voir si elle va passer prendre son livre? (vérifier) •Je n’ai pas de confiance. Il m’a déjà bitché plusieurs fois. (joué dans le dos, fait une vacherie) •Ce vélo, c’est de la scrap. Je vais le domper. (de la ferraille, dump=jeter) •On a eu un fonne noir avec cette histoire. (fun, grand plaisir) •Je déteste manger des bines à cette binerie. (beans, fèves) •Les enseignants se sont fait enfirouâper avec cette politique. (in fur wrap, rouler) •A la fin de la soirée, ils ont tous chanté une toune bien connue. (tune=chanson) hashOverlay-FullResolve.png HD-ShadowLong.png HD-ShadowShort.png Mots en –oune: particularité morphologique intéressante •La… minoune, pitoune, poupoune, nounoune, toune, toutoune, balloune, baboune, guidoune. •Les… foufounes, gougounes. • • • • •http://oreilletendue.com/2011/12/03/ounes/