Jean-Arthur Rimbaud (1854-1891) Dormeur du Val 1 C’est un trou de verdure où chante une rivière 2 Accrochant follement aux herbes des haillons 3 D’argent; où le soleil, de la montagne fière, 4 Luit; c’est un petit val qui mousse de rayons. 5 Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, 6 Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, 7 Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, 8 Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. 9 Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme 10 Sourirait un enfant malade, il fait un somme: 11 Nature, berce-le chaudement: il a froid. 12 Les parfums ne font pas frissonner sa narine; 13 Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine 14 Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Introduction Le Dormeur du Val est un sonnet impressionniste écrit par Jean-Arthur Rimbaud en âge de 16 ans. Il s´agit d´une description d´un soldat semblant dormir dans la nature. La nature du sonnet est calme avec des motifs de la nature et le sommeil. À la fin du sonnet, il est impliqué le soldat n´est pas dormant, mais il est en effet mort. L´auteur met en juxtaposition la calme de la nature et l´horreur de la mort. En même temps il illustre la mort comme une réalité semblant le sommeil. Le sommeil étant une action vit jour à jour, il est possible de proclamer que la mort ici est pour l´auteur une affaire qui est nécessaire et ordinaire. Comme un individu endort chaque nuit, il faut aussi qu´il meurt un jour. Dans le contexte historique, l´auteur a choisi un soldat pour attirer les lecteurs à la présence de la guerre, dans ce cas la guerre franco-prussienne de 1870. Forme externe Ce poème, comme il est déjà déclaré est un sonnet. Le sonnet a une structure fixe, cela veut dire, il est composé par deux quatrains, quatrain étant une strophe contenant quatre vers et deux tercets, tercet étant une strophe contenant trois vers. La versification ici est plutôt claire. L´auteur a utilisé l´alexandrin, donc chaque vers a douze syllabes, alexandrin étant un symbole de la poésie française. Les deux premiers quatrains utilisent le rimes croisés (ABAB), suivie par une rime plate (CC) et une rime embrassée (DEED). Concernant le temps l´auteur a utilisé le présent qui n´assigne pas une certaine période, alors le lecteur peut s´imaginer ce qui se passe dans ce qui l´auteur a écrit. Motifs La nature est omniprésente dans le poème. Dans l´époque de l´impressionnisme, il était important de créer une sensation dans le lecteur en utilisant des couleurs, des phénomènes naturels et des sentiments connus. Cela est illustré par le champ lexical de la nature (rivière, soleil, verdure, herbe, cresson). Les sensations sont aussi illustrées par une rivière qui chante et des couleurs (verdure, argent, bleu, glaïeuls) et les parfumes. L´auteur a essayé de créer une peinture dans le poème. La description de la scène, qui se trouve dans la nature est très détaillé, dans le sens que le lecteur est submergé dans ce monde crée par l´auteur. La nature décrite est calme, tranquille et omniprésente. Dans cette tranquillité, l´auteur illustre un soldat dormant. Il est aussi décrit comme tranquille, le sommeil étant une activité normalement tranquille. Le lecteur observe une scène très agréable, un homme dormant dans l´herbe. C´est qu´à la fin du poème, que l´auteur dévoile que le soldat dormant est blessé, et apparemment mort. Forme interne 1 C’est un trou de verdure où chante une rivière 2 Accrochant follement aux herbes des haillons 3 D’argent; où le soleil, de la montagne fière, 4 Luit; c’est un petit val qui mousse de rayons. Dans la première strophe, ou quatrain, le lecteur est introduit à la scène de la nature qui est créé par l´auteur. «..un trou de verdure où chante une rivière..» (vers 1) est la première phrase du poème. Ce vers donne l´accent du poème. Le mot « trou » qui se trouve ici, est aussi dans le dernier vers « deux trous rouges », donc il fonctionne comme un encadrement de ce sonnet. Ce quatrain est une description de la nature gravement détaillée. Jean-Arthur Rimbaud étant un écrivain de symbolisme et impressionnisme, les descriptions du lieu étaient importantes. Les éléments de l´impressionnisme sont notamment dans les couleurs et la « rivière chantante » qui provoquent le lecteur à se situer dans cette scène qui est décrit. Le lecteur pourrait s´imaginer totalement ce qui se passe, comme l´auteur voit la situation. Cette description est très agréable et tranquille. Le lecteur est capté et veut s´avoir plus de ce qui pourrait se passer dans ce monde illustré par l´auteur. Les locutions comme « la montagne fière » (vers 3) et « val qui mousse de rayons » (vers 4) symbolisent une certaine forme du paix et de la tranquillité. 5 Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, 6 Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, 7 Dort; il est étendu dans l’herbe, sous la nue, 8 Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Dans ce deuxième quatrain l´auteur introduit un nouvel élément. Un soldat allongé dans l´herbe. L´auteur continue avec la description détaillée. «.. Un soldat jeune ..» la première description du soldat est qu´il est jeune. Cette information est notamment intéressante, parce qu’à l´époque que Jean-Arthur Rimbaud a écrit cet œuvre, il a eu seize ans et il s´est passé la guerre franco-prussienne. Il est possible de faire un lien entre l´auteur et le soldat. Il est possible d´observer une peur de l´auteur de la guerre, et de la possibilité que cela pourrait être lui, mort (comme il est dit à la fin du poème) dans sa jeunesse. Continuant avec la description du soldat, il est staté qu´il dort. En même temps il y a plusieurs signes qui indiquent la mort du soldat. Certains descriptions pourraient être un double sens, par exemple «..bouche ouverte..» (vers 5) et «..Pâle dans son lit vert ..» (vers 8) ces deux descriptions peuvent aussi décrire une personne morte, notamment le mot « pâle », car après la mort les gens devient plus pâles que normalement. Dans ces petits descriptions l´auteur prépare le lecteur à ce qui va arriver. L´auteur continue avec cette peinture tranquille qui a créé dans le premier quatrain. 9 Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme 10 Sourirait un enfant malade, il fait un somme: 11 Nature, berce-le chaudement: il a froid. Ce premier tercet devient sombre au contraire des quatrains précédents. Le soldat est toujours décrit comme dormant. L´auteur utilise un comparaison « ..Souriant comme ..Sourirait un enfant malade,.. » (vers 9 et 10), ici est le point où le poème devient sombre. La vision agréable du lecteur est rompue par ce comparaison. La scène donc se change dans ce tercet. Il est impliqué que le soldat « ..a froid.. » (ligne 11), cela n´est pas ordinaire, parce qu´il était déjà établi que le soldat est allongé au-dessous le soleil. C´est un phénomène qui fait réfléchir à lecteur. Sur l´un côté le soldat dort dans la chaleur du soleil, mais en même temps il a froid. Ce paradoxe rompre la scène créée dans les premiers quatrains. Dans le dernier vers il se trouve une expression « ..Nature, berce-le ..» (ligne 11), qui est un retour à l´arrière, ou l´auteur a constaté que le soldat est jeune. Normalement les petits enfants sont ceux qui sont bercés, mais ici cette expression est utilisée avec le soldat dormant, qui n´est pas un petit enfant. Il est possible d´observer un certain motif de l´enfance dans ces deux expressions. Ce sonnet pourrait servir comme une réflexion de la vie de Jean-Arthur Rimbaud, un jeune homme entouré par la guerre franco-prussienne, qui ne sait pas ce qui va arriver dans son futur. 12 Les parfums ne font pas frissonner sa narine; 13 Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine 14 Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Le dernier tercet de ce sonnet est une grande révélation à laquelle le lecteur a été déjà préparé par le tercet précèdent. Dans le premier vers l´auteur dénonce que « ..Les parfums ne font pas frissonner sa narine ..», qui signifie que le soldat a perdu le sens de l´odorat. C´est la première indication que le soldat ne dort pas, mais il est en réalité, mort. Dans le deuxième vers l´auteur utilise l´expression «.. la main sur sa poitrine .. » ce qui pourrait aussi servir comme un double-sens, la main de la poitrine peut impliquer que le soldat a essayé de radoucir sa douleur avant qu´il meurt, mais il peut aussi symboliser une certain forme de patriotisme. Le mot «.. Tranquille .. » (ligne 14) souligne l´importance du paix qui était créé par l´auteur au long du poème. Le dernier vers contient la locution «.. deux trous rouges au côté droit .. », comme il est déjà staté dans l´analyse du premier quatrain le mot « trou » encadre le poème. L´auteur a choisi de ne pas utiliser le mot « sang » mais au contraire une allégorie pour enforcer la tranquillité de la peinture qui a déjà créé. Ce dernier vers est le mot de la fin pour ce sonnet, parce que le lecteur finalement découvre l´importance du poème et le sujet de la mort. Conclusion Le Dormeur du Val est un sonnet typiquement impressionniste. Jean-Arthur Rimbaud utilise le thème de la nature omniprésente pour souligner l´horreur de la guerre et la mort qui l´accompagne. Il peut aussi signifier une réflexion sur la vie du jeune auteur, qui se trouve dans le monde de la guerre, une incertitude dans son futur. Le sonnet est tellement intéressant dans le sens qu´au cours de la première lecture, le lecteur n´attend pas ce qui va arriver, la mort du soldat, mais après quelques lectures il est possible de trouver des petites nuances que Jean-Arthur Rimbaud a utilisé pour préparer le lecteur à la fin du sonnet. Adam Drábek, 498071