Deux femmes s'ecrivent. De Paris ä Paris, L une est nee au Canada anglais, lautre dans l'Alge-rie franqaise. Elles quittent le pays natal vers vingt ans pour la France, la langue et l'universite franchises, Paris. Pour Tune c'est une rupture radicale, pour l'autre c'est ä peine un deplacement geographique... jusqu'au moment ou elles se demandent si elles sont en exil, dix ou quinze annees plus tard. La premiere dit que non, la seconde dit que oui. Alors, elles s'ecrivent. Decident de s'ecrire des lettres sur 1'exil. Elles habitent la meme ville, Paris, et se connaissent depuis bientot dix ans. Elles se voient pour travailler avec d'autres femmes. Elles pourraient se voir plus souvent mais ne le font pas. Si elles se telephonent, ce n'est pas pour bavarder... c'est rapide, efficace. La premiere fois, elles se sont rencontrees dans une brasserie, ä cause des petites filles..., pour un travail collectif sur I'education des filles — et presque aussi-t6t, elles ont fait un journal avec des femmes: Histoires d'ettes de 1977 ä 1980. Trois annees particulieres, dans un elan unique. En marge, elles aimaient la marge, un autre exit, joyeux et subversif, Elles ont ecrit dans Sor-ci&res, une revue de femmes, litteraire et singulare, Les Cahiers du GRIF, une revue de recherches feministes, chacune reconnaissant ä l'autre sa voix, sa gravite, ses travers. Elles ont ecrit et publie ailleurs, parallelement, des essais, des recits, des romans. Proches et ä distance. Un jour de l'annee 1983, apres les difficultes et les 5 *s«T0* ^XTde ľe»L Po»»l* premiere fois, C|U, s*ot^«F*£l s^ule 4 seule. par lettres, sach;m, « r^^'rir^TespondaTice ne sera pas secímu e, iCK^m Kronf ľhistoire dune vie il ďjtftro »i ^ YexJL reel ou imaginaire. ^"s-écrivent parce que raconter. au narterd'enfance et damour, de hvres. mats aussi de la langue. de la CS! áme--- Lettre II Pans, te2juin 1983 Chere Leila, Contrairement a toip je n'ecris pour ainsi dire jamais dans les cafes, et cela par principe (certainement lie a mon «exil» a moi): j'aurais peur de ressembler a une «Amencaine a Paris », une de ces jeunes femmes qui me ressemblent trop, justement, avec leurs yeux si bleus et leur peau si maladivement saine, et que je vois attablees aux terrasses en train de griffcnner ostensi-blement dans leur journal intime (« Aujourd'hui: Mono. Lisa*) ou de remplir des aerogrammes («Cher John, le croirais-tu ?, je t ecris depuis une terrasse de cafe a Montparnasse!»)... Toi, tu ne risques pas de tomber dans ce cliche-la... Mais pourquoi ? Est-ce que tu porterais ton appartenance au Vieux Monde sur le visage, sur le corps? C'est assez enigmatique... De meme, ca a toujours 6t6 un mystere pour moi que les blue-jeans des Am^ricains les trahissent en tant que tels, alors que des millions de jeunes Europeens portent des blue-jeans eux aussi. Moi, je n'en porte pas. Et j'ai tendance a fuir ces creatures qui sillonnent Paris avec leur sac a dos en tissu bleu synthetique: s'ils me demandent en anglais leur chemin, je leur reponds presque en chuchotant pour qu'on ne puisse pas, 11 encore une fois, m'epingler conime «une cfcs L ricaines qui parlent fort ». Ls ton* D'abord parce que je ne suis pas une America nous amies Lfliiauinu "^wiun,i p^e assiinii < ä nos voisins du Sud précisément puree qiR. eem2 nous sont lellemeni proches: nous parlons la menu langue queux, nos médias et nos programmes scolaires sont envahis par leur culture bruyante et imperialisté; nous faisons de notre mieux pour leur résisler et poUr définir notre spéciBrité par rapport á eux. Mais cest toujours «par rapport» : et 90 % de la population cana-dienne est concentrée á moins de cent cinquante kilometres de la frontiěre américaine; certes, il y fait moins froid que plus au nord, mais quand méme, cest dire. Méme en admettant qu'a toutes fins utiles je sois américaine, c'est-á-dire née et élevée en Amérique du Nord, ce continent anglo-saxon, riche et irrémédiabk-ment modeme, je ne voudrais pas étre repérée comme une ■ Américaine á Paris»; les connotations de cette épithěte me sont trop étrangěres: bohéme chere, vacances chics, épatement, éclatement, fláneries fiéres le long des quais de la Seine, familiarité snob avec les vinš des difiérentes regions (savais-tu que le mot fran-cais de «connaisseur« est repris tel quel par la langue anglaise?)... Parce que je ne suis pas francophile. Depms que je vis en France, je me suis presque fait un CČí^&k? darendre * distingr un de uL les fronCelTní ***** connaílre le n°™ teaux de la L«£?Ut^T VÍSÍter tous les chf mon exil volontaire, se sitUe su présence ÍC1' de je vais tenter de définir, pen a JlUn autre plan... que Tu me connais depuis si i0JJ' avec toi-remarques probablement plus mom*1?1*8 ílue tu ne pas de méme du premier passant d^^- 11 n'en va **** la rue. QUand 12 i'essaie de decourager un dragueur, par exemple, ma orononciation impariaiie devient un pretexte pour relancer la conversation: «Ah! Vous etes anglaise? C'est voire premier sejour k Paris?» L'autre jour, distraite, j'ai depose trop ou trop peu de monnaie ä la caisse d'un tabac; une diente franchise m'est venue jmm^diatement en aide en traduisant: « Seventeen francs and forty Centimes»; il ne me restait qua la remercier et ä men aller, penaude. Or Q'd fait dix ans que je suis !ä. Je me souviens, petite, d'avoir trouve pitoyable qu'un vieil ami hollan-dais de mes parents ne süt toujours pas prononcer correctement le r anglais. Apres tout, il n'avait qu'ä imiter ses propres enfants! A part moi, je l'accusais de mauvaise volonte: les adultes me semblaient par definition superieurs en tout aux enfants et je ne pou-vais pas admettre que l'apprentissage des langues fasse exception ä cette regle. Maintenant, mon accent ä moi aussi est lä, inextir-pable; je sais que je ne m'en debarrasserai jamais. II devient plus fort quand je suis nerveuse, quand je parle ä des inconnus, quand je dois laisser un message sur un repondeur, quand je prends la parole en public. Si j'ecoute ma voix enregistree au magnetophone, j'en-tends exaetement quels sons je deforme. Mais rien n'y fait, j'ai appris le franc,ais trop longtemps apres ma langue maternelle; il ne sera jamais pour moi une deuxieme mere, mais toujours une marätre. (II m'est arrive d'entendre mes propres textes en franqais lus ä haute voix par d'autres et d'etre frappee de ce que ces mots que j'avais penses et ecrits avec un accent pou-vaient etre dits avec une prononciation impeccable... £a ressemblait ä du vrai francais!) Mais mon accent, au fond, j'y tiens. II traduit la friction entre moi-meme et la soci6te qui m'entoure, et cette friction m'est plus que precieuse, indispensable. Bien que j'aie de sot mais la double national! te, cana-dienne et francaise, bien que j'aie donne naissance ä n une fílle qui, elk, sera francaise jusqu'au boui ongles et parlera sans accent, je n ai aucurtu t Mv, úi me sentir, moi, francaise authentique, dc |ajlx> s' ll« blant d'etre née dans ce pays, de revendk,m., , mien son heritage. Je naspire pas. end aut res tó, á étre vraiment naturalise. Ce qui ni importe ei „v,..' téresse cest le culturel et non le naturel |.;n|iln, Canada, et plus tard adolescente aux Etats,Tjnis j'avais le sentiment que tout y etait (par trop) naturel' Vivre á 1'étranger ma permis d avoir, vis-á-vis t|u navs ďorigine et du pays d adoption, un petit recul critique: je les percois lun et 1 autre comme des cul tures La méme chose vaut pour la langue: ce n'est qua partir du moment oú plus nen n'allait de soi _ ni le vocabulaire, ni la syntaxe, ni surtout le stylu á partir du moment oú était aboli le faux naturel dc la langue maternelle, que j'ai trouvé des choses á dire. Ma «venue á 1 'écriture* est intrinsěquement lice á la langue francaise. Non pas que je la trouve plus belle ni plus expressive que la langue anglaise, mais, étran-gere, elle est suffisamment étrange pour stimuler ma curiosité. (Encore aujourďhui, si je dois íaire un article en anglais, je le rédige ďabord en írangais pour le traduire ensuite: perversion peut-étre, perte de temps sans doute, mais sans cela j'aurais 1'impres-sion de me noyer dans des evidences trompeuses.) Tu dis que je sais assimiler et utiliser des « codes »... Cest vrai que j'ai été tres séduite, au debut de mon séjourici(quinedevaitétrequun«séjour», uneannée d études universities), par les discours qui pullu-larent alors; 3 ai assisté avec avidité aux séminaires en vogue, j a, consommé goulúment quantité de livres et de revues ťhéoriques i'ai aval* i„, , nvies cl de Lacan avec. ^LfeffJ^f de BartheS et cette marátre quetaitpoKSfffi^ň» lait de cest á travers eux que^ai SfeZS* šance du subjonetif. En mé^^f^l^S-la «servilité» que suscitaient autourďeux ces Par 14 litres pčnseurs, Méme šije Vavais voulu. je nauraiíi jamais pU wc glisscr dans une é" '-----oir ]a Jjs. ciple Icrventc ďune de "í»řce que, de Vautre cr •avais voulu.je ri «*■, de ces chapelles. *f^£** h ces divinites intellectuelles ^ ferven£ ra;itrc Jote de l'Ocean et toujours preparer que, deUutre rWrique du Nord. Les sente dans ma tetc. 11 y n-aaient pas recevables ^ÄibSSÄla^ la langue, chaque lä.bas; us maoana fceMrm«em«m. Je me fOJS ^ISÄÄs**» matin oü je me suis fW|ÄSt new-yorkais, dans les brasd un EÄjS^rmWr la"veille m'avait fait defailhr 5° to e je^ suis dit en anglais: . Pourtant Lacan pretend^ n'y a pas de rapport sexuel » - et ja» n tout haut follement heureuse de trouver cette idee parfai-tement imbecile dans mon contexte amencain. ( Ce qui m'a toujours impressionnee chez toi, c est que tu parviennes ä parier et ä ecrire le francais comme une langue etrangere. Tu sembles avoir une allergie pour la rhetorique academique, les lieux com-muns en tout genre: combien de fois, ä Histoires d'elles ou ailleurs, je t'ai entendue dire par exemple: «Je me sens interpellee, comme on dit, euh, interpellee tres fort, tres, tres interpellee » — pour te moquer des expressions qui etaient justement ä la mode. Comment se fait-il que tu aies su eviter ces pieges de ce que tu appelles la culture dominante (qui etait quand meme celle de ta mere) et t'inventer une langue si fraiche, si personnels, un idiome ä la fois libre et precis? Les aller-retour frequents au pays d'origine qui m'aident ä maintenir la France en perspective n'ont pas pu jouer ce role pour toi: ta vie est vraiment divisee en deux (premiere moitie Algerie, deuxieme moitie France)... Comment fais-tu, alors, pour garder tes distances? Quel effet a produit sur toi le premier retour en Algerie l'annee derniere? Ii faudrait que nous disions, l'une et lautre, la bizarrerie qu'il y a ä «rentrer chez soi» en touriste... Nancy. Lettre III Paris, le 4 juin l 983 Nancy, C'est a ma table que j'ecris, cette fois. Une table ronde cernee a droite de panneaux surcharges d'images. de photographies de presse, de cartes pos-tales, de portraits de la Sabine et de la Marianne des timbres francais, de textes et de fiches dont je ne te dirai pas le detail, de cartons plats de plumes Sergent-Major, de plaquettes de minuscules boutons de mcrce-rie, de tes chameaux envoyes ou rapportes des U.S.A., dune reproduction de tombeau mauresque ancien, d'un portrait photographique de D. dont la beaute m'emeut toujours et, a gauche, des tables mobiles ou s'empilent des chemises qu'il taut toujours classer, des livres a lire et des photos exposees provisoirement pour le travail du moment (exposees a mes yeux seuls: photos de guerre, de massacres, d'exode, Algene Afnque noire, Liban, Viet-nam)..., juste a portee du regard, le jardin de Manet, celui que je t'ai envove il v a quelques jours, au-dessous du visage cacn-./j-soldat en armes. Sur la table, des panier^ f- U° divers, desordonnes et la photo double pLe gn^' glace dun enterrement arabe... Ce qui J?rPaPier l'instant ou je t'ecris, dans ce lieu precis c- 0nne. & 16 ' ***** nuissc le faire, alors que je pensais ne pouvoir écrirc de I exil que dehors, dans l'anonyrnat des lieux publics dont je te parlais, qui peuvent ětre du desert ou Babel suivant le besoin et I'humeur... Mais le telephone sonne, on sonne á la porte, les enfants entrent en turbulence et je bascule. J'aurais beau former la porte, m'enfermer, me coller á ma table, á ma chaise, leurs cris, leurs voix m'ancrent et m'enfoncent dans le quotidien domestique, dans une réalité qui me tient ici á ce beton, á ce quartier, á cette rue, á cette mai-son ou je n'ai pas de refuge géographique qui me séparé et me protege... Je sais que je vais poser mon stylo et ranger les feuilles dans la chemise des lettres, pour ťécrire quand je serai seule et ailleurs. Ces lettres, jc les écrirai je crois toujours dehors... Et puis ma mythologie affichée, méme si je suis la seule á la voir et si elle m'est nécessaire, vitale, me pěse la maintenant... Heureusement, je n'ecris pas á la machine. Le 7 \uin Tu vois, tu léprouveras avec Léa, et peut-ětre déjá avec son frere et elle, les enfants, la maison, le quotidien m'ont tenue jusqu'a ces 2 heures oil je ťécris de La Coupole, sur le beau papier á l'effigie de La Coupole avec femme 1920 nue assise comrae un modele au milieu de palettes et de livres..., sur fond de coupole stylisée —je n'y reconnais pas une coupole mauresque — et, au-dessous, « Bar américain » me fait rire á cause de ce que tu disais dans ta lettre: ton horreur d'etre «une Américaine á Paris», du stereotype que je ne redoute pas comme toi lorsque j'ecris dans une brasserie, lettres au méme, toujours lui, j'aime aussi lui écrire des cafes, des gares et des hotels; nouvelles, notes prises á la háte... Je pense toujours que si je per-dais mon stylo-plume, un Parker, le méme depuis plus 17 de dix ans... Chaque fois que je crois I'avoi, n Centre en hvsteric et je me sens la loive el |a ■*1 COmme Par miracle< taper sans mobihte du «tvl« i Peut avoir en po<^™ On n Importe oü on ^ ä lafoU ZtT* Papier' et partir. Le passage a \* ™ \. P 1 a 6cnre et nr^t * n*™** „; B a la machine me few * pnH ä nahte, une autre prationp ^> une autre m^.' abstrait, je crois. Ä^f^ manuelle ä la lettre ! . d une attachftesf ?*P manuelle ä la lettre au " * Une **^achl . tr°P 18 Uni^ |0S touches, If mot qui sc forme ä coups successes un'il rant verifiei snr le papier el corriger par des „mim-meiils tie niceartique, je me sentirais une fois de plus lUtmturte. Je crois lavoir ete suffisamment clans les passages de l'une ä lautre culture, d'un pays a lautre, d'une langue de l'ecole et de ma mere ä lautre langue que je n'ai pas apprise, que je n'ai pas voulu apprendre ni pratiquer, ni lire ni ecrire, que je veux toujours seulement entendre. Car ce que je sais, apres tant d'annees de pratiques multiples de la langue maternelle, le francais. e'est que si j'avais su l'arabe, la langue de mon pere, la langue de Yindi-gene, la parier, la lire, 1 ecrire..., je n'aurais pas ecrit. De cela je suis sure aujourd'hui. Si j'etais restee dans le pays de mon pere, mon pays natal avec lequel j'ai une histoire si ambigue, je n'aurais pas ecrit, parce que faire ce choix-lä, e'etait faire corps avec une terre, une langue, et si on fait corps, on est si pres qu'on n'a plus de regard ni d oreille et on n'ecrit pas, on n'est pas en position d'ecrire. Tu parlais dans la fin de ta lettre de «rentrer chez soi», de retour au pays natal. Tu vois, j'ai differe la reponse jusqu'ä cette page et je ne me sens pas la force d'en parier en fin de lettre; tu veux bien qu'on en parle la prochaine fois. Ce que j'aime dans une lettre, e'est l'absolue liberte d'ecrire, de repondre ou non, de reprendre ou pas, tel ou tel point de la lettre rec,ue, de revenir sur ce qui tient ä cceur, meme si ce n'est pas le sujet... Ces reprises comme en couture, ces raccommodages dont parlait Dani, ces digressions ä I'infini, ces bavardages qu'on aimait tellement dans les reunions de femmes pour Histoires d'elles surtout et qui n'excluaient pas le serieux, la gravite. L'humour, le rire. la sagesse, tout cela se liait chez toi, dans ces reunions de travail. Je te reparlerai du retour au pays natal..., mais toi avant... Leila. ,.....^^^m^^^ «n styl« de Preference des feutres verts Lettre IV Pans, le l6jUln Chere Leila, Si je t'envoie des lettres dactylographies, tu ne dois pas ten offenser: pour moi la machine ä ecrire n'a rien d'impersonnel, eile sert simplement ä me conyaincre que ce que je fais a quelque chose ä voir avec ecrire. A vrai dire, je ne tape rien directement ä la machine, meme pas les lettres; moi aussi, je tiens (dans un pre, mier temps) ä ce reflet des meandres de mon esprit quest la page manuscrite, avec ses ratures et ses reprises, ses fleches et ses faiblesses. Mais eile me semble justement trop faible, trop tenue, trop vulnerable ; la taper ensuite lui confere une (sans doute illu-soire) consistance. J'ai peur, je crois, de tout ce qui est epars, flottant et impossible ä fixer — e'est pourquoi je ne note pas (comme le ferait un «vrai ecrivain») les choses qui me passent par la tete quand je suis dehors; il me semble que je n'arriverais jamais ä y mettre de l'ordre... Je ne transporte jamais avec moi un attirail d ecrivain, meme minimal. Une maitresse d'ecole de mon enfance aimait ä dire: «Un menuisier ne se deplace jamais sans marteau, un ecolier ne doit pas deplacer sans stylo»: cette sagesse stupide m'a ^ cee, et du coup je me retrouve une fois sur denv ga~ ^ sans 20 štvló fetiche, J tens avec ies wu>» — --|t-s plus anonyn.es, de preference des feutres verts on tioirs, parce que c;a glisse bien et que c'est propre; mais je les égarc et je dois en racheter sans arret... C'est petil-ôtrc I 'ostentation de ľécrivain que je cherche á éviter ainsi. (Le comble, dans le genre, a été attcint un jour ä San Francisco quand j'ai vu un type installé ä la terrasse ďun café tittéraire eclebre, en train de taper furieusement sur sa machine ä ecrire... comme quoi cetle-ci peut significr tout ce qu'on veut!) Si ce sont les lieux publics qui incarnent et main-tiennent en vie pour toi ľ«exil», ä ľécart de la vie familiale, du domicile conjugal dans lequel tu ne peux qu etre une Francaise somme toute conventionnelle, chez moi, c'est un studio qui remplit la meme fonc-tion: chaque matin, je quitte la «maison de M.» (que j'appelle toujours ainsi, meme si j'y passe presque toutes mes nuits depuis quatre ans) pour venir dans «ma maison» ä un quart d'heure de marche. J'y suis scule la plupart du temps, je m'y sens tout ä fait chez moi, et pourtant toujours un pen dépaysée. C'est sure-ment une des raisons pour lesquelles j'ai choisi de vivre dans le Marais, l'un des quartiers les plus bigar-rés de Paris: ici, mon «étrangé'ité» ne peut jamais s'effacer, ne serait-ce que parce que les commerc.ants parlent entre eux des langucs que je ne comprends pas (l'arabe et le yiddish) et parce que les magasins sont fermés selon des horaires insolites. Depuis six ans maintenant que j'habite la rue des Rosiers, j'ai bien súr fait des connaissances: je peux bavarder avec mon boulanger ou mon kiosquier (sur tout sauf des sujets politiques); la concierge et certaines voisines me demandent réguliérement des nouvelles de ma fille; mais il est clair que je ne fais pas partie de lew monde. On se sourit, on se rend des petits services, et ca s'arréte lá. Eux aussi sont expatriés, dune f aeon ou dune autre — souvent ils «rentrent» en Israel ou au 21 Maroc pendant lélř —, mais A Paris ffs ř(1 cux une communautč. avcv lour ec "1 implique d habitudes lamihdiw c( dp " , „., ir< indlctn*' "I" mw t,1,MS a,'H MM''Y' regarde cela avec une nostafg.c d,ř|u., "l,">r, . Titot^r «'*'«^< r,,M' k '"'"í^ * cable - car méme dan, mononla, t"*'" 4 1 E^J&ES P"-.......« * ^ fJ'X connu, ce .sentiment de rfcmill* ' r«| g?* W* V* < * "f* 1 tic i-henusf ■ — -t— ce sentiment u- -•«■.....« m#»*ic« Si je M.is entente de le aMow, fcails v . ; ^rfo^lon me demande si je nc souhaiterais pas Tntrer chez moi». et quand je reponds qm. fe ,' Susd'uTchezmoi que Paris, on est eberlue. SS je n'ai vecu dans aucune autre viHe aUssj fnnSemas (le record a ete battu il V a trois ans deja); je n aHamals vecu la ou habitent nontenant ma mere e, nere (ce o'est d'ailleurs pas la meme ville, ni le SZvsV pendant les neuf ans qua dure leur ^Tont^menage dix-huit fois (c etait lune des raisons du divorce); j'ai quit* mon pays natal il y a ouinze ans maintenant, e'est a-dire la moitie de ma vk Non On ne comprend toujours pas. Pour un Europeen, il est inconcevable que Ton ne ressente pas, loin de chez soi, le «mal du pays >» et a fortiori que 1 on n'ait pas de pays pour lequel le ressentir. J'envie parfois leur attachement a leur province ou a leur patrie; j 'en-vie aussi les «vrats» exiles, ceux qui disent aimer pas-sionnemeni leur pays d'origine, sans pouvoir pour des raisons poliuques ou economiques y vivre; dans ces moments, mon exil a moi me semble superficial, capri-cieux, individuaUste..., mais il n'en est pas moins reel, et de plus en plus reel a mesure que le temps passe. Comment texpliquer, a toi qui as grandi au sein d une civwsation ancienne pour passer ensuite dans une autre toi qmn as jamais mis les pieds au «Nou veau Monde„, 1'absence d'attaches qui est la-bas £ regie plutot que ^exception? Dans U province h'a berta ou je suis nee, on vante une eriise n,7 7 AI' ment public comme « historique » s'il date a»S hiti' XX? siecle. Tout le monde est exotique en a butdu fdentité nationale, comme si le iu.< était en soi une vertu. On le voit souvent au enema, dans des films aussi différents que StnnUhka et vfis-sine- «Je suis un citoven améncain. vous ne pouve/. pas me faire cela!» Et. n'etant pas entourée de unites parts par des pays ä langues differentes. I'Amerique, malgré son heritage polyglotte, est convaincue que la langue anglaise est universelle ou devrait l'etre. C est pourquoi, dans les cafés europěens. les touristes ameri-cains n'essaient pas de traduire leurs demandes quand ils voient qu elles restent incomprises, mais les repetent dune voix plus forte: «/ said a HAM SANDWICH'. » Je rougis chaque fois que cela se produit; je rougis de comprendre et d'appartenir ä un peuple si peu compré-hensif. Du reste — á propos de crier fort —, je trouve que vivre á 1 etranger m'a civilisée. Non pas parce que la France est un pays plus civilise que I'Amerique (ce qui est sans doute vrai), mais parce qu'il y a toujours quelque chose de ridicule á s'emporter dans une langue étrangěre: l'accent s'empire, le debit s'emballe et achoppe, on n'arrive pas ä vraiment «gueuler», ä vraiment « se défouler », on emploie les jurons ä tort et á travers — et, du coup, on doit singénier ä trouver des moyens plus raifinés pour exprimer sa colěre... J'ai lair bien hostile ä l'egard de I'Amerique du Nord, mais en fait c est plus complexe que ■ temDS Iégěrement «dep!ace». Cette sensati0ll t, "<■ rés peu de temps, quelques jours tout au P|us. remplacée par letouffement. Je commence á corps., comme tu le dis st bien. avec cette maternelle et avec cette měre patné. Tout en Jg metouffe, toutes les nuances de niaisene depuis \t% nrévisions météorologiques a la radio jusquW conversations dans la me. Je comprends trop bien, me colle á la peau: cest moi — le moi que jaifui _ ce sont toutes les platitudes de mon enfance dans les Prairies plates, les mémes inanités religieuses, le* mémes chansons débiles — et je panique. Lá, pour le coup, j'ai le mal du pays, mais comme on dít le mal de mer: mon pays me donne la nausée. Cette periodě sachěve généralement au bout ďune quinzaine de jours. Ensuite je deviens plus raison-nable. Je me rends compte qu'ici aussi il y a des gens merveilleux, une littérature qui s ecrit et que je ne lis plus, une vie musicale plus riche qu'en France... Je me détends, monhumeur massaerante se dissipe, je rends visitě aux parents et aux amis, je les embrasse avec une tristesse sincere (qa, cest le pire: toujours renouveler 1'amitié et 1'amour, toujours rouvrir les portes en sachantquellesserefermerontaussitótaprěs, rouvrir et reformer á hnfmi)..., et je men vais. Et dans 1'avion - les avions décollent invariablement en fin ďaprés-d une beauté déchirame - je pleure. Je pleure d£2? á quitter ces étres qui me connaissent et me Zl aV°ir nent, au fond, mieux que les Francais ne uipren-jamais; je pleure 1 immense, 1'incomparable ť i 1X1111 dien; je pleure la langue anglaise qui mí, e,cana- 3 accuemie avec ttwft de iiaturcl. qui a coule de mes levres avec laiit t\v facilire, je pleure mes parents qui vieilliront encore ^brsqftejfe ne serai pas la , je pleure mes petits licres et sceurs qui ne sont plus petits et que je ne connais plus ; jc pleure d'etre la femme tetuc et preten-tieuse que je me scrnble alors, la femrne sans coeur qui a tout balance pour aller s'eclater a Paris. De retour a Koissy, je hais la France. L'accent des Parisicns (surtout par contraste avec celui des Quebe-cois) est grineant, pince et snob. Les gestes. les regards, lout est a 1'avenant: assise a une terrasse de cafe, je me rends compte que je ne pourrai plus etendre mes jambes de la meme facon qu'en Amerique et je suis envahie d'un ressentiment sans bornes... La petitesse et les rudoiements des commergants francais, venant apres la bonhomie indiscriminee des Americains, me revollent et me donncnt envie de taper — meme si je sais que cette meme bonhomie me semblera gratuite. exageree et tout aussi revoltante des que je retounierai aux Etats-Unis... Bref, ce n'est pas pour moi une chose joyeuse que laller-retour d'un pays a l'autre. Je ne fais pas partie du jet-set, cette population apatride qui vit la transition d'un monde a ('autre dans l'allegresse, la legerete. Pour moi e'est lourd, et j'en veux aux avions qui effec-tuent le trajet en sept heures comme si de rien n'etait: il me faudrait au moins les sept jours du bateau pour me preparer au «choc des deux cultures», comme nous disons dans ma langue. Nancy. 24 Lettre Ví Ardenais, le 5 juillet 19§3 Chere Leila, francais, je n'ai pas encore B* Canada, SSRStaSSSH (Pour^nt laccent d'ici re, sembe un peu au quebecois, mcmc s ,1 est nvraisenv Stqu 'ily ait eu, au win" siecle, une emigrate Zuis cette province sans la moindre cote maritime.) Bien sur, je ne me sens pas authentiquement berri-chonnc, pas plus qu authentiquement pansienne, mais il se trouve que par une serie de coincidences je suis toujours venue ici pour mes vacances, quasiment depuisqueje suis en France. Le premier homme avec qui j'ai vecu a Paris etait de Bourges et ses parents avaient une petite maison a une trentaine de kilometres au sud de la ville. C etait deja une coincidence, parte que moi aussi j'avais eu, quand j'£tais etudiante a New York, une «passion passagere» pour George Zh\Jnm&> 'C,rit Un lone dev^ sur elle (il me t^Z^TJ- "S** mais je n'en ! piece de Sr'J miS meme essaY^ d'^crire ^ MussTSe^8011 S'jOUr A Venise avec le 32 ;' K est done avec emoi , slljs alléc pour la premiere fois ä Nohant (je me q Vieris d'uvpir pris en photo une dróle de pancarte TvenU-éc du village : « Nohant O » -— comme si le nom Mail iransformé en Néant) et que j'ai visité le chä-S^u oil elic avail vecu, petite fillc, avec sa grand-\e et te^Li. adulte, lant de visitcurs prcstigieux. "'(Apres, pUÍSque |rhomme avec qui je vivais était gau-■histe jái uompris qu'il ne fallait pas aimer George Sand parce que c etait une grande bourgeoise; et plus tard le mouvement des femmes m'a appris quil ne fallait pas aimer George Sand parce quelle était individualisme et opportuniste, ayant travesti son sexe afin d'ecrire... Maintenanl que j'ai plus de distance vis-a-vis des moralismes gauchiste et féministe, je devrais peut-étre relire George Sand pour voir si oui ou non je peux 1 aimer, toute seule comme une grande.) Bref, deuxieme coincidence: en 1979, je rencontre M. et il s'avere qu'il a une maison de Campagne située ä quinze kilometres de 1'autre, que certains de mes nouveaux voisins connaissent mes voisins d'avant, etc. C etait cocasse, le premier été que nous avons passé ici: un homme de i'Europe de l'Est et une femme de I'Amerique du Nord qui se disputaient pour savoir lequel d'entre eux était le plus berrichon: mots de patois, boudin chaud vs boudin froid, pate de pornmes de terre v$ galette de pommes de terre, et j'en passe. Nous avons tous les deux la nationalité frangaise et nous n'avons jamais parle que le francais entre nous; e'est notre langue d'amour mais aussi notre langue d ecriture^ nous faisons tous les deux des fautes mais pas les mémes, ainsi nous pouvons nous corriger 1'un lautre; nos accents sont trěs différents, surtout nos r. que j'ai tendance ä racier exagérément alors que lui les roule, au contraire, sur le palais... Qa m'impres-stonne de penser qu'on peut réver cóte á cote dans deux autres langues, pour se réveiller et se raconter nos réves dans une troisiěme, commune. 3* j] est certain que V«éitúng&téa jpm (J je ne dirais pas dans notre entente l'i mais sera pence-la i-v r - ---------« nwcs tftfto tout, fi par/e rres bien /a mienne), mais a * fop* passecs dans des pays on ne pent pjus ft^T aupres d'itres que /'autre ne connaitra jamais ? ^kt experiences ineffabies des premieres annees dJa Mfe pavsaaes, ecofcs, colonies de vaeances am, V3 ^ ■s et Sty s^urs nourriture, chansons, hisioircs drdles ^ cela doit etre mediatise par la Jangue errajigere meme si Ion se posait des questions pour !c resW| Rochcuses, ä vivttýt moment paroxystique avec symbole universe! de la Ville I u m i ere sous les veux? S-íŕnfľ qUM J entavfla r&vé' atestem*, de la tour Ei lei Quand. au lycee, ma prof de franca is montrait é Iaelasse des photos de Paris, je hi demandats sľe/ié avaif vu tout cela de ses propres veux L Arc ri* triomphe vraiment? Le Moulin-Rougc? Le Louvre? Ei quand elle repondatt que oui, j'aUrais pleuré de jalousie ľ Uť notre vit, on n auraií pas /'impression d a ľim chez /'autre, cette richesse. Cest contre r'f/f Ja trunsparence ŕpeut-etre ce que ru appeiíes ] \ „S* * rr^^^j j it united treunification») que nous sommes proteges aínsi. Le passe qui appartient en propre á 1'autre est devenu en quelque sorte lemblěme de son indépendance, do sorte que, dans la vie quotidienne non plus, nous ne cfaerchons pas á tout savoir, ä tout prendre ni á tom donner ä lautre. Nous sommes des strangers, feitdus proches par je ne saís quel miracle. Celadit, ů est certain que notre fille sera parisicnne, comme le sont dejä tes deux fils- Lea est encore trop petite pour que sa socialisation m'ait entraínée dans ks omiěres de la normalité, inevitables mais teni-nantes: rapports obligators avec les systfme scolaire dont j'ignore tout ei lite si soigneusemem préservée Mais je me smiv^-J ■ parents ďélěves ou ma margina- —MlCIll preserve s'effritera force'ment... Aais je me souviendrai toujours de mon accouchement parisien.. Depuis les fenetres de la salle de travail deux vagues de douleur, |e pouvais contempler, lieu dun coucher de soleil sanglant, la tour Bif da me paraissait incroyable; une sorte *» ***** es.„ Comment ^ y ^ .,, la, moi —- entre au 34 ^ *uis née ü PossibJ, au Pied des sorte de conte e?uf Jen sois am-morjtagnes I 4s tii cu une époque «touristique», au tout debut, nnand tti ěš venue vivre ä Paris ? Moi qui ne pensais y Sr qu'un an, je marchaís partout, je visitajs tous Ies quartiere presque toutes les rues, persuadee que fcne/esreverraisplus jamais. Theatres, pares, musées, concerts: je consomrnaís tout sans discrimination, me disanf (comme se le di.sent les AmérícainsJ que j etais en train ďacquérir de I'« experience ». Curieusement, íc ne pense pas que, tneme ä 1'époque. j'aie été Iran-eophiíe. Je n'essayais pa.s d'apprendre l'histoire de la culture francaise tu / histoire fran^aisc tout court, de comprendre á queJIes institutions pohtiques corres-pondaient ces magnin'ques bátiments qui s'appelaient Je Palais de Justice ou 1'Assembřée nationale {tout était également magnifique, du reste, depuis íe Troca-déro jusquau Sacrc-Cteur; cest seulement plus tard que j'ai compris qu'il falíait trouver certains monuments de mauvais goňt). Je crois que ce qui me subju-guait, e'etait le monumental ä Jetat pur, une sorte ďintensité produite par ia supeiposition de plusieurs siécíes sur les memes lieux. Ces années-Iá, les premieres á Paris, je tenais atissi un journai intime. En fait, j'en tiens un depuis toujours, mais a ce moment-Já il était assez singuíier. Pendant ma grossesse i'an dernier, j'ai voulu relixe tous ces cahiers disparates afi'n de faire une sorte de btJan de ma vie «entre vierge et mere». (Et quel moyen ai-je trouvé pour les relire? Tu fas deviné... je les ai tapes — pres de míHe pages de bavardages de jeune fille; la 35 preuve que la machine A ecrire n*g , pour moi.'J Le journal commence 6n%flC 'kM avpc des entrees irrceiilivr^c A***, i. .. t**> ''N d'i " " * peu p.es .e mcmc corn siect la jeunesse en moins. Mais au ttnheu, verV? '"' |i y a eu un crescendo spectaculaire: je rni souvent dix a quinze pages par jour avee mes & sions detaiilecs de Paris, des gens queje renc^^ des idees nouvelles qui m enthousiasmaient..,, e1 ^ precisemenl lepoque a laquclle s'est opere mon d-,"v gement de langue. Les entrees sont tantot en angl2 bntot en francais; parfois la langue change d',In p.lr. graphe al'autre, voire a I'inteneur de la tneme phr^, Le processus de mutation est presque pbysiquement sensible a chaque page. L'un des effets de cette mutation, e'est que les liques ont peu a peu, elles aussi, change de bord. Avani. c etaient les expressions francaises dans un textc anglais queje soulignais consciencieusement, et main tenant e'est linverse. Autrement dit, dans les pages que j ecris maintenant, ce sont les mots de ma langue maternelle qui sautent aux yeux, eux qui sont mis en valeur, eux dont le caractere exotique est systemati-quement pointe. Ne trouves-tu pas que e'est un peu.,. bizarre ? J'ai hate que tu me paries de l'Algerie: de ton image de a France pendant que tu vivais la-bas, de tes amours et tes hames toutes bites a propos de ce pays. Paris devait represent*, pour toi tout sauf la Ville lumiere et etre represents par tout sauf la tour Eiffel! Lettre VII Cargise. le 23 juiUet 1983 Nancy, Les cloches de 1 eglise latine ici sonnent plusieurs fois par jour et je ne reussis pas a identifier d'apres le rythme la raison de la volee. La messe, e'est le dimanche matin a 10 heures un dimanche sur deux; un manage ? un bapteme ? le glas. Je reconnais le glas, pas le reste. Done elles sonnent et j'aime les entendre, U me semble que celles de 1 eglise grecque (ce village a ete peuple au xvmc siede, je crois, dune colonie grecque descendue de la colline quand les conflits avec ies Corses se sont apaises) ne sonnent pas. Le son vient plut&t de I'eglise blanche, la latine qui lui fait face. Si je le pouvais, je t'ecrirais des bancs de 1'une des eglises qui ouvrent chacune sur une terrasse terreuse plantee de micocouliers, et chaque terrasse surplombe des jar-dins privets, jardins potagers avec grenadiers, figuiers et roseaux qui descendent vers le cimetiere marin el le port, Mais voila. C'est dans un cafe que je t'£cris. Pas de la maison. Elle est grande et vide, je n y ai pas de coin a ecrire et elle est pleine d'enfants. Et ce cafe, je ne Tai'me pas, Non qu'il soit laid, il est plutot inhospita-lier. Tenu par des Corses qui haissent les touristes 37 qn'un pen plos i Je pcnx träte »ame sž j'étais, or que j aime dans W metro: Ce que je ne fass pasia a e- Le cafe est vide. 1 et ďs soot partis. Cest rahnr Je pont ■nás il est tard. Les enfaocs twnbrnl IV L Ik viennem cherch _ le catňer. J y vais. Je le parterat de la Dor-a toL Berrichoone dadopôoD et ä qui ces 33882138^^ mill,, f Impossible ilo piuii-Miiviv pendant inns ,*„* ' commc daW les *nc P*» '»a CVS' V,aÍmni1 ,a Cf1 aident ce matin me pi'se au botu d uric seniaiiw. Void Ui (.,, (|| !" ^ ne«tfaíité í|U',nas font á fait d. jisienic somainc. Je ivviens a Paris ou jc ,>n,x Je fargese ne^endan!s de Ore M ca me pese au bowl dune sciname Voici |a (,,, j(( j troisieme semaine. Je ivviens a Pads ou ft* p,-,,x _u limpression d'etre moins vide, moins V