Madeleine Bourdouxhe Bio-bibliographie Madeleine Bourdouxhe naît le 25 septembre 1906 `a Liege. Son pere, Julien Bourdouxhe, est chef de sa propre entreprise de machines-outils, qu’il fonda apres avoir été successivement technicien puis chef de fabrique pour la construction de locomotives. Des le début de la Premiere Guerre mondiale, la famille Bourdouxhe se réfugie en France. Madeleine y poursuit sa scolarité ; avide[1] de lectures, elle lit tout ce qu’elle trouve. En 1915, naît sa sœur Rosine qui sera artiste peintre. Plus tard (en 1920), naîtra son frere, Hubert. A la fin de la guerre, en 1918, les Bourdouxhe retourne `a Liege avant de déménager `a Bruxelles ou Madeleine fait ses études secondaires. Elle manifeste tres tôt son intéret pour la politique, la peinture et le cinéma. A l’Université Libre de Bruxelles, ou elle s’inscrit en 1926, elle suit des cours de philosophie. Devenue épouse de Jacques Muller, professeur de mathématiques, elle fréquente avec ce dernier le milieu des surréalistes. Elle devient l’amie de Marcel Lecomte et de Camille Goemans. En 1936, sa maison accueille un dissident[2] du communisme russe, Victor Serge. Madeleine Bourdouxhe reverra cet homme en compagnie d’Henry Poulaille, une des figures marquantes de la littérature engagée de l’époque et dont M. Bourdouxhe partage les idées politiques. Cette meme année, elle dépose chez Gallimard le manuscrit de La femme de Gilles. Jean Paulhan, créateur de la Nouvelle revue française, accueille le roman avec enthousiasme. Parallelement, un extrait d’un roman resté inédit – Vacances – est publié dans la revue Le rouge et le noir. La femme de Gille paraît en 1937 chez Gallimard (Paris). Le Figaro Littéraire la cite parmi les dix « jeunes romanciers dans l’attente de la gloire et dont on parle pour le prix de décembre » (cfr illustration). Durant le Deuxieme Guerre mondiale, M. Bourdouxhe refuse de faire publier ses nouvelles chez des éditeurs contrôlés par les nazis (comme Grasset, Gallimard,…). Son roman A la recherche de Marie paraît aux éditions Libris, `a Bruxelles et 1943 et, en 1944, son récit Sous le pont Mirabeau (dédicacé `a Apollinaire) est édité aux Éditions Lumiere (Bruxelles). Elle participera `a la résistance active en transportant des feuillets antinazis de Paris `a Bruxelles. Elle et sa famille cacheront chez elle une femme juive. En 1947, Jean-Paul Sartre publie sa nouvelle Les Jours de la femme Louise dans sa revue Les temps modernes. Simone de Beauvoir, qui publie Le deuxieme sexe l’année suivante, cite La femme de Gilles en exemple de la femme qui désire une fusion amoureuse alors que l’homme impose la séparation et la domination. Madeleine Bourdouxhe va se lier d’amitié pour Sartre et de Beauvoir, qu’elle reverra souvent dans les cafés et bistrots parisiens. Madeleine Bourdouxhe continue toujours `a écrire mais essentiellement des nouvelles publiées dans diverses revues belges et françaises : en 1950, parution de la nouvelle L’aube est déj`a grise dans la revue Empédocle (Paris) ; en 1956, la revue du Monde nouveau (Bruxelles) publie les Temps passés, début du roman Mantoue est trop loin. Ce roman fut d’abord accepté par le comité de lecture de Gallimard avant d’etre refusé sans justification… A partir de ce moment, l’auteure se désintéresse du monde de l’édition. Mantoue est trop loin et Le voyageur fatigué resteront inédits. En 1964, elle trouve un nouveau pôle d’activité puisqu’elle devient secrétaire perpétuelle `a la Libre Académie de Belgique. Mais elle écrit encore : en 1974, la nouvelle Blanche paraît dans la revue Voyelles ; 1985 voit la parution des Sept nouvelles réunies aux éditions Tierce-Littérales. Cette meme année, La Femme de Gilles est réédité par les éditions Labor dans la collection Espace Nord : cette réédition la fera découvrir aupres d’un grand nombre de lecteurs. A la recherche de Marie est également réédité (en 1989) sous le titre Wagram 17-42, Marie attend Marie. Madeleine Bourdouxhe décede en 1992. En 2003, Frédéric Fonteyne porte `a l’écran La femme de Gilles (avec Emmanuelle Devos, Laura Smet et Clovis Cornillac). Par le biais du cinéma, un nouveau public découvre cette œuvre touchante. Résumé de l’intrigue Le roman met en scene un couple marié, Élisa et Gilles, leurs deux petites jumelles et un bébé qui naît au cours du récit. Ceux-ci forment au départ une famille tres unie, un modele du genre. Tout est éclairé par l’amour, qui donne sens `a chaque geste, chaque tâche, chaque parole, si insignifiants soient-ils. L’accent est mis des le départ sur le personnage d’Élisa, entierement absorbée dans cette relation d’amour pour son mari. Le titre invite déj`a `a voir en elle avant tout la femme de Gilles, et l’on pressent tout de suite que c’est l`a, dans ce glissement d’identité, que le tragique va pouvoir prendre racine. Tres rapidement le récit bascule lorsque Gilles trompe sa femme avec Victorine, la plus jeune sœur d’Élisa, jeune fille tres attirante, volage et peu impliquée dans ses actes. Élisa d’abord soupçonneuse, finit par reconnaître l’évidence et son calvaire solitaire commence. Sa premiere réaction sera de chercher `a savoir et ce en devenant la confidente attentive et discrete du mari, rôle ambigu et cruel mais qui semble pour elle le seul moyen d’obtenir une légere influence sur le cours des choses. Les relations orageuses puis violentes entre Gilles et Victorine tournent mal et, une fois la rupture consommée entre les deux amants, Élisa retrouve pour quelques temps l’espoir de voir son mari lui revenir guéri et `a nouveau amoureux. Mais Gilles est resté brisé et désormais incapable d’amour et d’émotion. Élisa alors perd pied quand elle réalise qu’en elle et autour d’elle, apres tant d’efforts, il n’y a plus que la ruine et le vide. Elle se suicide. ------------------------------- [1] Qui désire avec passion. [2] Qui cesse de se soumettre `a une autorité politique.