III.              La société I

   III.        La société.. 1

   III.a.      Villes et campagnes, centralisation et diversité. 2

   III.b.      La population. 3

   Évolution de la fécondité depuis 1970. 4

   Répartition par âge de la population (en %)  4

   III.b.i.        La jeunesse. 4

   III.b.ii.        Le troisieme âge. 5

   III.c.      La femme et ses conquetes. 5

   Les femmes dans la Chambre basse ou la Chambre unique des pays de l’Union européenne (mars
   2002 - en %)  6

   III.d.      La famille. 6

   III.d.i.        Le couple. 6

   III.d.ii.        La parentele. 7

   III.e.      Le travail  8

   III.e.i.         Les agriculteurs. 8

   III.e.ii.        Les ouvriers et les employés. 8

   III.e.iii.       Les cadres. 9

   III.f.       Classes et inégalités. 9

   III.g.      Solidarités. 10

   III.g.i.        La protection sociale. 10

   III.g.ii.        La protection sociale. 11

   

   

   Depuis les années soixante-dix, la société française, comme les autres sociétés occidentales,
   a connu des transformations économiques et sociales majeures, aussi bien en matiere de
   territoires, de famille, que de travail ou d’école, pour ne citer que ces domaines.

   Les différences autrefois nettes entre le rural et l’urbain tendent `a diminuer. Les zones de
   peuplement industriel ou urbain se sont considérablement étalées et elles ne laissent plus
   hors de leur champ ce qu’on appelait le rural profond. La mobilité quotidienne des Français a
   augmenté, et ils sont de plus en plus nombreux `a habiter une zone rurale pour aller
   travailler dans les centres urbains.

   Les frontieres entre jeunesse, âge actif et troisieme âge sont moins tranchées. La période
   d’entrée dans la vie adulte s’est allongée, la naissance du premier enfant a été retardée et
   les débuts dans la vie active sont souvent marqués par des emplois précaires qui repoussent
   l’installation dans une vie stable. Parallelement, le jeu combiné de l’avancement de l’âge de
   la retraite, des mises en préretraites, et l’allongement de la vie ont prolongé le temps de la
   retraite active, et les retraités animent de plus en plus la société française.

   Les femmes ont investi massivement le marché du travail et les domaines culturels, et elles
   ont pris l’habitude de créer de nouveaux contacts et d’organiser de plus en plus la
   sociabilité de la cellule familiale. Dans la sphere privée, les nouveaux modeles matrimoniaux,
   célibat, concubinage, famille monoparentale, apparus apres 1968, sont reconnus et
   institutionnalisés. La famille " recomposée " a conduit les beaux-parents et les beaux-enfants
   `a sans cesse inventer leur rôle pour chaque situation particuliere, créant des réseaux
   différents pour chaque conjoint, ex-conjoint et pour les enfants. La courbe des divorces s’est
   envolée, tout comme la courbe des naissances hors mariage. Le mariage monogame pour toute la
   vie est remis en question.

   Le monde du travail, avec l’individualisation de la gestion des carrieres, a aussi
   profondément changé. Les ouvriers dont les catégories se sont multipliées dans tous les
   secteurs, y compris dans le secteur tertiaire, perdent le sentiment d’appartenance `a un meme
   groupe. Dans le meme temps, l’insécurité de l’emploi a distendu le lien entre l’entreprise et
   ses salariés, meme chez les cadres.

   Parallelement `a l’élévation du niveau d’instruction, l’offre de sorties culturelles a
   augmenté considérablement. Les visites de musées, de châteaux, d’expositions ont
   considérablement augmenté, et les festivals et manifestations folkloriques se multiplient. Une
   culture populaire se structure, avec ses modeles, ses genres et ses regles, qui répond au gout
   du grand public tandis qu’une minorité est de plus en plus attirée par la culture
   traditionnelle.

   Les grandes institutions nationales ont perdu de leur magistere et, en meme temps, le
   mouvement de décentralisation laisse plus de champ `a une structure en réseaux sociaux, noués
   dans des institutions locales. La croissance de l’abstention aux diverses élections montre un
   relatif désintéressement des Français pour la chose politique institutionnalisée. En revanche,
   ils sont de plus en plus actifs dans les associations défendant les intérets particuliers et
   dans les organisations humanitaires. La confiance des Français dans leurs élus semble
   diminuer ; ils tendent `a préférer l’action directe `a travers les associations ou les
   manifestations.

   

III.a.  Villes et campagnes, centralisation et diversité

   

   La France a longtemps été le pays le plus rural et le plus centralisé de tous les pays
   d’Europe. En 1945, un tiers de la population était paysanne et les villes ne réunissaient pas
   la moitié des Français. Avec cinq millions d’habitants, Paris était la seule grande métropole
   suivie par Lille, Lyon et Marseille ; toutes les autres capitales provinciales ne dépassaient
   guere cent mille habitants.

   La centralisation du pouvoir monarchique puis républicain faisait de Paris le centre de toute
   la France, d’ou partaient les ordres du gouvernement, mais aussi les innovations ou les
   révolutions. Le maillage en étoile des routes et des chemins de fer en est encore aujourd’hui
   une des preuves. Curieusement, cette centralisation autoritaire n’a pas rendu les sociétés
   provinciales homogenes. Bien au contraire, malgré un pouvoir central fort, l’autorité unique
   de l’Église catholique, le Code civil, une administration préfectorale omnipotente, une école
   primaire et des lycées soumis aux memes programmes et méthodes pédagogiques, malgré Louis XIV,
   Napoléon, la Révolution et la guerre de 1914-1918, qui fit de tous les Français des soldats,
   malgré tout cela, la diversité des langues, des structures familiales, des orientations
   idéologiques, des mœurs, des formes de hiérarchies sociales ont perduré et continuent `a
   structurer la société française.

   Depuis le milieu du XXe siecle, la place du monde rural n’a cessé de diminuer et la société
   française est devenue urbaine : les trois quarts de la population habitent en ville, meme si
   cette distinction a perdu une grande partie de son sens. La ville est, en effet, davantage un
   mode de vie qu’un lieu d’habitation et les différences entre ruraux et campagnards,
   banlieusards et citadins s’estompent. Plus récemment, les Français ont redécouvert le Sud :
   Toulouse, Marseille, Montpellier, les villes de la vallée du Rhône, Aix-en-Provence ont connu
   un développement lié au tourisme, mais aussi `a l’expansion du tissu économique et au
   développement du train `a grande vitesse (TGV).

   L’héliotropisme doit composer depuis les années quatre-vingt-dix avec une attractivité de plus
   en plus forte de l’Ouest. Parallelement, un mouvement de " thalassotropie " se dessine ; les
   côtes attirent de plus en plus et la construction d’habitations y augmente s’étendant jusqu’`a
   trente kilometres `a l’intérieur des terres.

   L’urbanisation grignote petit `a petit le territoire, et des zones ou villes et villages se
   succedent sans discontinuer se développent, notamment dans les vallées de la Loire, du Rhône
   et de la Garonne.

   Depuis vingt ans, les capitales régionales connaissent un essor remarquable. Elles s’entourent
   de zones industrielles, d’universités, de centres de formation, grâce `a la collaboration
   entre les chefs d’entreprises, les élus et les services extérieurs des ministeres qui ont joué
   un rôle décisif de stimulant et de conseil. Les chambres de commerce et d’industrie et les
   chambres des métiers se sont étoffées de services aux entreprises et de centres de formation
   technique. C’est peut-etre le systeme bancaire qui s’est le moins bien adapté pour servir la
   croissance des petites et moyennes entreprises parce qu’il est tres centralisé et hiérarchisé.
   Les universités ont été plus attentives aux débouchés de leurs étudiants et ont créé des
   spécialisations d’administration des entreprises et de gestion. Les instituts universitaires
   de technologie et les écoles de commerce se sont multipliés. Les professeurs et les chefs
   d’entreprises se rencontrent pour organiser des stages pour les éleves ou les apprentis. Les
   maires des grandes villes, tres tôt conscients des exigences culturelles des cadres, ont
   effectué des aménagements de haut niveau : une salle de concert, un opéra, un orchestre
   paraissaient nécessaires pour attirer les entreprises modernes, et fixer des techniciens,
   ingénieurs et cadres commerciaux.

   Des villes moyennes comme Montpellier ou Rennes deviennent de véritables capitales économiques
   et culturelles. Ainsi, Montpellier a connu une telle expansion que son agglomération atteint
   aujourd’hui 450 000 habitants et s’étend presque jusqu’`a la mer. Frontignan, Lunel, Lodeve,
   Béziers... se tournent vers cette métropole qui, au-del`a des frontieres de son département,
   attire population et activités économiques.

   Outre leur croissance démographique, économique et culturelle, ces villes deviennent autant de
   sieges de décision et de stratégie qui étendent leur influence sur toutes les communes
   environnantes, voire la région. Leur avenir commun dépend de la capacité de ces métropoles `a
   continuer d’attirer les entreprises.

   La principale vertu de la plus petite des 36 000 communes françaises est d’etre le premier
   maillon ou se nouent les liens entre les réseaux techniques, politiques et idéologiques
   départementaux et nationaux et les réseaux familiaux et micro-locaux de voisinage et
   d’associations. C’est cette capacité `a mettre en relation et `a créer ces réseaux qui fait la
   force de la commune et lui a permis de survivre. Conscientes de l’intéret de se regrouper pour
   œuvrer dans certains domaines de leurs compétences, les communes ont créé des syndicats
   intercommunaux spécialisés ou `a vocation multiple (SIVOM) qui assurent la plupart des
   services municipaux.

   La commune est aussi le lieu d’épanouissement de tres nombreuses associations qui se féderent
   souvent `a l’échelle régionale et nationale et forment un tissu social tres vivant que les
   conseillers municipaux n’hésitent pas `a solliciter au bénéfice des habitants. Depuis trois
   siecles, la commune est le lieu de la démocratie directe par excellence. Ainsi, la France a
   conservé cette microstructure locale alors que la plupart des pays voisins ont regroupé leurs
   communes en unités plus vastes.

   

III.b.  La population

   

   La population française continue de croître et atteint au 1er janvier 2003 61,4 millions
   d’habitants (59,6 en France métropolitaine et 1,8 million dans les départements d’outre-mer).
   Il y a eu ainsi 796 000 naissances pour 550 000 déces en 2002 ; le solde migratoire étant de
   l’ordre de quelque 62 000 individus, on compte au total un accroissement de la population de
   313 000 individus. La tendance est toutefois `a une baisse car la progression de
   l’augmentation de la durée de vie va se ralentir et les jeunes couples ont moins d’enfants.
   Quant au flux migratoire il ne cesse de baisser, comme dans l’ensemble des pays occidentaux.
   L’espérance de vie `a la naissance est actuellement de 83 ans pour les femmes et de 75,5 ans
   pour les hommes - par comparaison, elle n’était respectivement que de 47 et 43 ans au début du
   XXe siecle. D’abord lié `a la baisse de la mortalité, l’accroissement de l’espérance de vie
   est depuis les années soixante le résultat des efforts de lutte contre les maladies
   cardio-vasculaires et les cancers. Aujourd’hui, 84 % des hommes et 93 % des femmes peuvent
   espérer atteindre 60 ans et, `a cet âge, il leur reste encore respectivement 20 et 25 ans en
   moyenne `a vivre.

   L’écart d’espérance de vie entre les hommes et les femmes est le plus important d’Europe (7,5
   ans). Les Françaises ont l’espérance de vie la plus élevée du monde apres les Japonaises. Les
   hommes connaissent une surmortalité prématurée (avant 65 ans) notamment liée aux morts
   violentes - accidents et suicides - aux âges jeunes, et aux comportements `a risque - alcool
   et tabac - vers 55-60 ans. Les progres de l’espérance de vie ne bénéficient pas `a tous de la
   meme maniere. L’écart moyen de vie est de 8 ans entre les ouvriers non qualifiés et les cadres
   supérieurs, et de 5 ans entre les hommes du Nord-Pas-de-Calais et ceux de Midi-Pyrénées.

   Les femmes françaises sont dans l’Union européenne celles qui ont le plus d’enfants (191
   enfants/100 femmes en 2001) apres les Irlandaises (198 enfants/100 femmes) loin devant la
   moyenne européenne (147 enfants/100 femmes). Si l’on observe les générations au moment ou
   elles ont 24 ans révolus, on constate une baisse continue de la fécondité (de 0,9 enfant par
   femme de la génération 1930, `a 0,32 par femme de 1973) ; en revanche, si on les observe `a 39
   ans révolus, on constate un fort rattrapage : les femmes nées en 1930 ont eu en moyenne 2,63
   enfants, celles nées en 1950 ont eu 2,07 enfants et celles nées en 1958 en ont 2,08. Les
   femmes ont en moyenne leur premier enfant `a 28 ans. On estime que les femmes nées apres 1965
   auront en moyenne moins de 2 enfants, et selon toute vraisemblance, le rattrapage ne sera pas
   aussi important pour ces générations d’apres 1965. L’une des spécificités de la France en
   matiere de fécondité est le tres faible nombre de femmes qui `a terme n’auront pas d’enfants :
   elles ne sont que 10 %, tandis que 25 % des femmes mariées allemandes de 50 ans ne sont pas
   meres.

    Évolution de la fécondité depuis 1970

             +-----------------------------------------------------------------------+
             |Années|Age moyen `a la maternité|Part de la fécondité hors mariage ( %)|
             |------+-------------------------+--------------------------------------|
             |1970  |27,2                     |6,4                                   |
             |------+-------------------------+--------------------------------------|
             |1980  |26,8                     |11,4                                  |
             |------+-------------------------+--------------------------------------|
             |1985  |27,5                     |19,6                                  |
             |------+-------------------------+--------------------------------------|
             |1990  |28,3                     |30,1                                  |
             |------+-------------------------+--------------------------------------|
             |1995  |29,0                     |37,9                                  |
             |------+-------------------------+--------------------------------------|
             |1996  |29,1                     |39,3                                  |
             |------+-------------------------+--------------------------------------|
             |1997  |29,2                     |40,5                                  |
             |------+-------------------------+--------------------------------------|
             |1998  |29,3                     |41,3                                  |
             |------+-------------------------+--------------------------------------|
             |1999  |29,3                     |42,3                                  |
             |------+-------------------------+--------------------------------------|
             |2000  |29,4                     |43,2                                  |
             |------+-------------------------+--------------------------------------|
             |2001  |29,4                     |-                                     |
             +-----------------------------------------------------------------------+

                                    (Source : INED, Population, no 4-5, 2002.) Les âges de la vie

   

   Toutes les sociétés occidentales sont en train de recréer des catégories d’âge comme les
   sociétés tribales en connaissaient. La jeunesse est devenue une époque de transition dans
   toutes les classes de la société. Entre la fin de l’adolescence et de l’école jusqu’`a
   l’entrée définitive dans la vie active et l’établissement conjugal vers 30 ans, les jeunes
   vivent un genre de vie instable fait de culture, de sociabilité, de voyages, qui n’existait
   autrefois que pour les plus privilégiés. A l’âge de la retraite, l’allongement de la vie crée
   une période de quinze `a vingt ans ou les loisirs et les activités diverses se font `a la
   guise de chacun. Ainsi, les étapes de l’existence se différencient, se succedent et
   s’institutionnalisent : enfance, adolescence, jeunesse, âge actif, troisieme et quatrieme
   âges. Cette réorganisation de la société en catégories d’âge est commune `a tout l’Occident,
   mais chaque nation l’interprete en fonction de ses traditions culturelles.

    Répartition par âge de la population (en %)

+--------------------------------------------------------------------------------------------------+
|Groupes d’âge           |1980        |1985       |1990        |1995       |2000       |2002       |
|------------------------+------------+-----------+------------+-----------+-----------+-----------|
|0-19 ans                |30,6        |29,2       |27,8        |26,1       |25,6       |25,3       |
|------------------------+------------+-----------+------------+-----------+-----------+-----------|
|20-59 ans               |52,4        |52,7       |53,2        |53,8       |53,8       |54,1       |
|------------------------+------------+-----------+------------+-----------+-----------+-----------|
|60 ans ou plus          |17,0        |18,1       |19,0        |20,1       |20,6       |20,6       |
|dont :                  |            |           |            |           |           |           |
|                        |14,0        |12,8       |13,9        |15,0       |16,0       |16,2       |
|65 ans ou plus          |5,7         |6,3        |6,8         |6,1        |7,2        |7,6        |
|75 ans ou plus          |            |           |            |           |           |           |
|------------------------+------------+-----------+------------+-----------+-----------+-----------|
|Ensemble                |100         |100        |100         |100        |100        |100        |
+--------------------------------------------------------------------------------------------------+

                                                        (Source : INED, Population, no 4-5, 2002)

  III.b.i.  La jeunesse

   Les générations de jeunes d’apres-mai 68 ont inventé la jeunesse, en tant que catégorie d’âge.
   Alors que bon nombre de garçons des générations précédentes commençaient `a travailler des 14
   ans sans réelle transition entre l’enfance et la mine ou l’usine, la génération du baby-boom a
   été la premiere `a bénéficier d’une scolarisation jusqu’`a 16 puis 18 ans, voire 22 ans. Cet
   allongement de la durée de la scolarité, et la baisse `a 18 ans de la majorité ont favorisé
   l’émergence de la jeunesse comme période d’apprentissage. L’emploi et la vie conjugale se
   stabilisent plus tard, vers la trentaine, souvent `a la naissance du premier enfant.

   Cette période de transition avec l’âge adulte favorise les expériences et les apprentissages
   sentimentaux, sociaux ou professionnels pour tous les jeunes, qu’ils étudient jusqu’`a 25 ans
   ou qu’ils travaillent des 16 ans. Depuis trente ans, le chômage affecte davantage les plus
   jeunes, meme si les plus diplômés sont moins touchés par le chômage et qu’il est de plus
   courte durée.

   Comme toutes les autres périodes de la vie, la jeunesse n’est pas vécue de la meme maniere
   selon l’origine sociale. Meme si la culture jeune est commune et bâtie autour de l’amitié, la
   musique, les sorties, le cinéma..., les revenus, le niveau d’études ou le lieu de résidence
   créent des différences.

  III.b.ii.            Le troisieme âge

   La retraite n’est plus synonyme de vieillesse, de fin de vie et d’inactivité. L’allongement de
   l’espérance de vie laisse espérer une durée de vingt ans entre le départ `a la retraite et le
   risque de dépendance physique. En 2002, les plus de 60 ans représentent un cinquieme de la
   population française contre 18 % vingt ans plus tôt, ils devraient etre 33,7 % en 2050. Quant
   `a la proportion de personnes de 85 ans et plus, elle s’est accrue, passant de 500 000
   personnes en 1975 `a plus d’un million au début de 2001, soit pres de 2 % de la population.
   Les inégalités selon les catégories sociales se retrouvent pour le troisieme âge, ainsi un ma-
   nœuvre a moins de chance de feter son soixante- dixieme anniversaire qu’un cadre
   supérieur et la durée de sa retraite sera en moyenne de cinq années plus courte. Le mode de
   vie dépend aussi beaucoup de l’origine sociale, de l’activité professionnelle exercée avant la
   retraite, les inégalités se trouvent meme accentuées par la vieillesse et la dépendance.

   Le revenu des retraités est aujourd’hui supérieur au revenu de la moyenne des Français
   notamment grâce aux revenus du patrimoine et les professionnels du marketing s’intéressent de
   plus en plus `a cette catégorie d’âge renommée " seniors ", terme supposé plus flatteur et
   dynamique que " troisieme âge ".

   Le mode de vie des retraités d’aujourd’hui n’a plus rien de commun avec celui de leurs
   parents. En bonne santé, ayant des revenus plus élevés, ils voyagent, s’initient `a
   l’informatique, s’investissent dans la vie associative ou municipale et le bénévolat, sans
   pour autant négliger la famille et les amis. Disponibles, ils gardent les petits-enfants. Les
   anciens cadres conservent souvent de leur vie professionnelle un gout de l’action et de
   l’efficacité, et ils sont parmi ceux qui participent le plus aux associations et aux conseils
   municipaux.

   

III.c.  La femme et ses conquetes

   

   Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Françaises ont gagné progressivement le droit
   de maîtriser leur vie : droit de vote en 1944, droit `a la contraception (1967) et `a
   l’interruption volontaire de grossesse (1975) ou possibilité d’exercer une profession sans
   autorisation de leur mari (1965).

   En 1954, les femmes représentaient environ un tiers de la population active, aujourd’hui
   quasiment la moitié (47,9 %) et presque toutes les femmes âgées de 15 `a 49 ans (80 %) ont un
   emploi. Leur activité professionnelle diminue avec le nombre d’enfants et avec la présence
   d’enfants en bas âge. Huit femmes sur dix travaillent dans le secteur tertiaire, et elles sont
   plus nombreuses que les hommes `a etre `a temps partiel (une femme sur trois est `a temps
   partiel, huit travailleurs `a temps partiel sur dix sont des femmes). Contrairement aux autres
   pays de l’Europe occidentale, l’emploi des femmes n’a pas entraîné de baisse de la natalité.
   Elles ont acquis les memes droits que les hommes, meme si des progres restent `a faire en
   matiere d’égalité des salaires, de parité dans la vie politique et d’acces aux plus hautes
   responsabilités.

    Les femmes dans la Chambre basse ou la Chambre unique des pays de l’Union européenne (mars 2002
    - en %)

             +------------------------------------------------------------------------+
             |Suede                  |43          |                                   |
             |-----------------------+------------+-----------------------------------|
             |Danemark               |38          |        |Finlande        |37       |
             |-----------------------+------------+--------+----------------+---------|
             |Pays-Bas               |36          |        |                |         |
             |-----------------------+------------+--------+----------------+---------|
             |Allemagne              |31          |        |                |         |
             |-----------------------+------------+--------+----------------+---------|
             |Espagne                |28          |        |                |         |
             |-----------------------+------------+--------+----------------+---------|
             |Autriche               |23          |        |                |         |
             |-----------------------+------------+--------+----------------+---------|
             |Portugal               |19          |        |                |         |
             |-----------------------+------------+--------+----------------+---------|
             |Royaume-Uni            |18          |        |                |         |
             |-----------------------+------------+--------+----------------+---------|
             |Luxembourg             |17          |        |                |         |
             |-----------------------+------------+--------+----------------+---------|
             |Irlande                |12          |        |                |         |
             |-----------------------+------------+--------+----------------+---------|
             |France                 |11          |        |                |         |
             |-----------------------+------------+--------+----------------+---------|
             |Italie                 |10          |        |                |         |
             |-----------------------+------------+--------+----------------+---------|
             |Grece                  |9           |        |                |         |
             +------------------------------------------------------------------------+

                                (Source : Union interparlementaire et Observatoire de la parité.)

   

   

   Les femmes ont aujourd’hui acces `a tous les métiers meme ceux traditionnellement considérés
   comme masculins, mais il leur est toujours plus difficile d’accéder aux postes les plus élevés
   de la hiérarchie. Elles subissent cependant davantage que les hommes, quelle que soit leur
   catégorie socioprofessionnelle, les effets du chômage. En 2002, 8 % d’hommes sont au chômage
   et 10 % de femmes, 25 % des femmes actives sans diplôme cherchent un emploi alors que 19 % des
   hommes non diplômés sont en recherche d’emploi.

   Il reste toutefois deux domaines ou il n’y a guere eu de changement : la politique et les
   tâches ménageres. La France se situe tres en deç`a de la majorité des pays européens pour ce
   qui est du nombre de femmes élues députés. Il a fallu la révision constitutionnelle du 28 juin
   1999 concernant les partis politiques pour faire progresser l’idée que les femmes devaient
   partager avec les hommes tous les pouvoirs. Mais cette réforme n’a pas eu les effets qu’on
   pouvait espérer : aux élections de 2002 le pourcentage des femmes parmi les députés est passé
   de 10,9 % `a 12,3 %. En revanche, dans les conseils municipaux, elles ont presque atteint la
   parité avec 47 % de conseillers.

   Enfin, il reste encore bien des progres `a faire pour le partage des tâches ménageres. En
   1999, l’activité domestique représente en France 7 heures par couple et par jour dont 2 heures
   45 pour l’homme (un progres d’un quart d’heure depuis la fin des années quatre-vingt !). Les
   besognes les plus ingrates restent l’apanage des femmes (courses, ménage...), les hommes
   préférant le bricolage. Quand on demande quelle innovation a le plus changé la vie quotidienne
   des femmes, ces dernieres plébiscitent en premier le lave-linge et les couches jetables alors
   que les hommes évoquent en premier le micro-ondes et les surgelés.

   

III.d.  La famille

  III.d.i.  Le couple

   La famille peut se concevoir de deux manieres : d’une part, le groupe conjugal des parents
   (pere et mere) et de leurs enfants ; d’autre part, la parentele, le réseau qui réunit tous les
   parents liés par le sang, ayant un ancetre commun. La famille conjugale s’est considérablement
   fragilisée depuis cinquante ans par l’augmentation des divorces, des unions libres, des
   célibataires, des naissances hors mariage, et des familles monoparentales ou recomposées. Le
   couple a perdu cette remarquable stabilité voulue notamment par l’Église catholique et qui
   caractérisait la famille française.

   Pourtant, la fidélité est de plus en plus valorisée au sein du couple : de 1981 `a 1999, le
   pourcentage de ceux qui la jugent " importante " est passé de 72 % `a 81 %, et ceux qui
   considerent une aventure extraconjugale " injustifiable " passent de 51 % `a 60 %. Les jeunes
   sont particulierement attachés `a cette valeur : chez les 18-26 ans l’importance de la
   fidélité passe de 50 % `a 85 % et le refus d’aventure extraconjugale de 37 % `a 60 %.

   Le mariage, longtemps fondement de la famille, ne symbolise plus le passage `a l’âge adulte ni
   le rite obligé avant la fondation d’une famille. La cohabitation hors mariage se développe ;
   plus de la moitié des premieres naissances ont lieu hors mariage (57 % des premiers enfants,
   45 % des naissances). Le nombre des mariages baisse (280 000 en 2002) et les Français se
   marient de plus en plus tard, en moyenne `a presque 29 ans pour les femmes et 31 ans pour les
   hommes. En 1999, a été créé le pacte civil de solidarité (PACS), contrat conclu entre deux
   personnes majeures, de sexe différent ou de meme sexe, pour organiser leur vie commune. En
   2002, on estime approximativement que huit PACS ont été signés pour cent mariages.

  III.d.ii.            La parentele

   Face aux structures familiales bouleversées par les ruptures ou les recompositions, les jeunes
   grands-parents sont le lien et le point de repere entre les membres de la famille. Ils
   préservent le contact avec les petits-enfants. Ayant un revenu plus élevé ils aident
   matériellement leurs enfants. Enfin, ils maintiennent les liens entre les membres de la
   famille (arrieres grands-parents, freres et sœurs, oncles et tantes...) en organisant
   repas et fetes de famille. Par leur intermédiaire la continuité et la solidarité des
   générations sont maintenues. Le gout des Français pour la recherche généalogique, véritable
   phénomene de société, montre l’importance de pouvoir s’inscrire dans une lignée et de
   préserver la mémoire familiale.

   Les Français restent tres attachés au patrimoine et `a l’héritage qui ont longtemps été le
   fondement économique des familles bourgeoises et paysannes. Les bourgeois et les paysans ne
   représentent plus qu’une faible proportion de la société française, mais les cadres, la
   catégorie sociale en pleine expansion, ont profité de l’enrichissement des cinquante dernieres
   années pour reconstituer un patrimoine, meme minime, dans le but de le transmettre `a leurs
   enfants. 55 % des ménages sont propriétaires de leur résidence principale et, depuis quinze
   ans, le nombre de propriétaires d’épargne mobiliere a fortement augmenté.

   Les jeunes quittent le foyer familial de plus en plus tard, vers 22 ans pour les filles et
   autour de 27 ans pour les garçons, tout en y restant liés, et certains, étudiants ou chômeurs,
   reviennent le week-end. Plusieurs générations ne cohabitent plus sous le meme toit, mais la
   proximité des résidences s’impose comme évidente pour les trois quarts des jeunes couples
   mariés ou non qui habitent en moyenne `a moins d’une demi-heure de voiture d’un ménage de
   parents, le plus souvent ceux de la femme. La distance n’est cependant pas un obstacle aux
   rencontres et les petits-enfants vont chez leurs grands-parents les plus proches le mercredi
   et le week-end, et chez les plus éloignés `a chaque vacance scolaire.

   La famille reste la raison majeure de l’acquisition ou de la reprise de la résidence
   secondaire qui est aussi la maison de famille. D’un été `a l’autre, elle rassemble les membres
   d’une famille géographiquement dispersée. Le 1er novembre est une date qui donne lieu `a des
   retrouvailles familiales puisque de tres nombreuses familles vont sur la tombe de leurs
   défunts. L’augmentation rapide de la crémation n’a, semble-t-il, pas encore entraîné de baisse
   de la fréquentation des cimetieres. Le mois de novembre, avec la Toussaint, le jour des morts
   et le 11 novembre, est le grand moment du culte des morts religieux, familial et patriotique.

   

III.e.  Le travail

   

   La population active compte 26 millions de personnes. Sa croissance continue liée `a la
   démographie et `a l’augmentation de l’activité des femmes, devrait décroître `a partir de
   2006, avec le départ `a la retraite des générations du baby-boom. Depuis trente ans, le monde
   du travail en France a connu des transformations majeures, comme dans les autres pays
   européens. L’emploi salarié s’est développé au détriment du travail indépendant, notamment des
   exploitants agricoles. De la meme maniere, la croissance du secteur des services marchands
   liée `a la tertiairisation s’est faite au détriment du secteur industriel. Ces transformations
   se sont accompagnées d’une montée du chômage et de la précarité, et d’un accroissement des
   inégalités.

   La durée de la vie active se concentre sur une période plus courte de l’existence : le taux
   d’activité des 15-25 ans et des plus de 50 ans a davantage baissé en France que dans le reste
   de l’Europe ; et seulement 15 % des 60-64 ans traivaillent encore. De 1975 `a 2001, les 30-54
   ans sont passés de 53 `a 70 % de la population active. 47 % de la main-d’œuvre est
   féminine. Le niveau de qualification augmente et le nombre des professions intermédiaires et
   des cadres croît alors que celui des ouvriers non qualifiés ne cesse de diminuer.

   Le modele de l’emploi salarié `a plein temps, `a durée indéterminée, a fortement régressé et
   les statuts d’emplois précaires (intérim, contrats `a durée déterminée, stages rémunérés et
   emplois aidés) se multiplient et sont le plus souvent proposés aux jeunes, aux femmes et aux
   chômeurs. Pour bon nombre de jeunes, ces statuts sont devenus une sorte de passage obligé pour
   entrer dans la vie active.

   17 % de la population active travaille `a temps partiel, surtout des femmes, mais le travail
   `a temps partiel paraît plus subi que choisi dans 40 % des cas. Contrairement `a d’autres pays
   de l’Union européenne (Allemagne et Pays-Bas), le travail `a temps partiel se développe peu en
   France.

   La durée du travail a globalement baissé entre 1995 et 2001 de 1 h 20 pour les salariés `a
   temps complet, passant de 41 h 10 `a 39 h 50 en moyenne. Cette réduction de la durée du
   travail résulte de modifications législatives incitant `a passer `a la semaine de 35 heures
   (voir chapitre " L’économie ").

  III.e.i.  Les agriculteurs

   En quarante ans, le nombre d’agriculteurs a été divisé par quatre, ils ne sont plus que 600
   000 aujourd’hui (un Français sur trois en 1945). Les exploitations, moins nombreuses, se sont
   agrandies et ont été restructurées : leur surface moyenne a presque triplé en quarante ans (14
   hectares en 1955, 42 hectares aujourd’hui). Les agriculteurs sont devenus de véritables chefs
   d’entreprises, qui passent beaucoup de temps `a la gestion de leur exploitation. La gestion en
   société est encore minoritaire, mais elle a fait une percée et on dénombre 56 000
   exploitations sous forme d’exploitation agricole `a responsabilité limitée (EARL) et 41 500
   sous forme de groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC). La plupart des agriculteurs
   completent leur propriété par des terres en fermage, qui sont de plus en plus nombreuses. La
   mécanisation et l’utilisation des produits chimiques et biologiques ont fait de l’agriculture
   française une des plus modernes et productives du monde, elle est la deuxieme exportatrice
   apres les États-Unis.

   Le nombre des salariés agricoles n’a cessé de décroître. Plus jeunes, ils ont acquis une
   qualification professionnelle et sont devenus de véritables techniciens. Parallelement les
   exploitants font de plus en plus appel `a des entreprises de travaux agricoles.

   Les agriculteurs forment la profession la plus syndiquée, et le syndicat majoritaire est la
   Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Malgré leur petit nombre,
   les agriculteurs pesent d’un poids particulier dans les campagnes électorales ; aujourd’hui 20
   % des maires de France sont des agriculteurs. Les Français (90 % selon les sondages) sont
   toujours prets `a payer le cout supplémentaire d’une agriculture traditionnelle, par exemple
   l’élevage de poulets en liberté.

  III.e.ii.            Les ouvriers et les employés

   Les récentes mutations du travail ont eu un impact incontestable sur la classe ouvriere. La
   communauté ouvriere, homogene, capable d’affronter la domination patronale au nom de son
   utilité sociale a disparu. Le sentiment d’appartenir `a une classe est en forte baisse et la
   nouvelle génération ne s’identifie plus du tout `a ce monde ouvrier. Bien qu’il reste beaucoup
   d’ouvriers industriels soumis au travail `a la chaîne, de plus en plus d’ouvriers travaillent
   dans de petites ou moyennes entreprises, et leur nombre diminue.

   De nombreux secteurs industriels, le textile, la confection, le travail du cuir, la
   métallurgie, la mécanique, gros employeurs de main-d’œuvre ouvriere plutôt non
   qualifiée, ont du réduire leurs effectifs. Et cette main-d’œuvre peu qualifiée s’est
   déplacée vers des emplois dans les services et le commerce, rendant la profession ouvriere
   hétérogene.

   De meme l’augmentation de la demande de service en assistantes maternelles, travailleurs
   familiaux, caissiers, serveurs, agents de sécurité, ouvriers du tri ou d’agents de services
   d’entretien ont permis `a beaucoup de personnes non qualifiées de se reclasser. Pour ces
   professions peu qualifiées, le contrat d’intérim est devenu un mode de gestion, flexible pour
   l’employeur, précaire pour l’employé.

   Pour les emplois qualifiés, l’instabilité est moins grande. Si les systemes automatisés de
   l’industrie ont fait disparaître certains métiers comme les chaudronniers, les monteurs, les
   ajusteurs et soudeurs, en revanche, ils ont permis la création de postes de régleurs des
   équipements et de maintenance ou des professions concernant la logistique. Les ouvriers de
   l’industrie sont devenus les ouvriers du tertiaire.

   De meme pour les employés, les emplois administratifs ont chuté pour etre remplacés par des
   emplois de bureautique et d’informatique ; parmi cette catégorie, les employés du commerce et
   du tourisme ont connu une progression remarquable.

   Les enfants d’ouvriers ont poursuivi leurs études et la différence de niveau entre parents et
   enfants a pu aboutir `a déconsidérer la position des parents et `a remettre en cause
   l’identité ouvriere.

  III.e.iii.           Les cadres

   La catégorie des cadres rassemble des individus tres divers : diplôme, parcours professionnel,
   revenu, origine sociale, genre de vie, opinion politique..., tout les distingue et pourtant
   ils forment un groupe, qui malgré une tres grande hétérogénéité, se retrouve dans leurs
   préoccupations face `a l’évolution des conditions de travail et leur parcours professionnel.
   Dans les années quatre- vingt-dix, la crise économique a fait connaître le chômage aux cadres
   (4,5 % d’entre eux en 1999) et a développé un malaise parmi eux, lié `a la définition meme du
   cadre qui était jusque-l`a claire - il encadrait du personnel et était membre de la direction
   - et `a leurs conditions de travail, qui se sont dégradées (stress, surcharge de travail,
   impact du chômage...). Aujourd’hui, le rôle du cadre s’oriente de plus en plus vers des
   fonctions d’animation et d’organisation, d’ou une certaine dilution des fonctions de direction
   et d’autorité, et le sentiment que la frontiere cadre/non cadre a tendance `a devenir plus
   floue. Le malaise des cadres se traduit par une modification de leur relation avec
   l’entreprise et une certaine prise de distance avec elle. Ils ont l’impression que leur statut
   se banalise. Actuellement, l’acces au statut de cadre se fait par promotion interne pour un
   cadre sur deux et un cadre sur trois l’obtient des son premier emploi.

   

III.f.  Classes et inégalités

   

   Le pouvoir d’achat moyen a augmenté de façon continue depuis un demi-siecle et a été multiplié
   par cinq. Pour l’ensemble des ménages, la moyenne mensuelle des revenus se situe aux alentours
   de 2 100 euros brut (non compris les revenus du patrimoine). Parmi les actifs salariés, les
   célibataires perçoivent en moyenne un peu plus de 1 200 euros, les couples sans enfant 2 400
   euros et les couples avec deux enfants un peu plus de 2 700 euros. Le revenu médian est de
   moins de 1 900 euros.

   En 1956, on observait une fraction importante de population tres pauvre et une fraction tres
   riche assez nombreuse. Au milieu des années quatre- vingt, la proportion des riches,
   relativement au reste de la population, a fortement diminué, la situation des plus pauvres
   s’est nettement améliorée et les classes moyennes se sont développées de façon massive.

   Sur la période 1985-1995, la part des revenus d’activité a baissé de 6 % dans le revenu des
   ménages passant de 64,5 % `a 58,5 %, tandis que les revenus du patrimoine progressaient de
   10,5 `a 13 %, et les retraites de 16,7 `a 19,8 %. Le revenu des personnes âgées a donc
   augmenté beaucoup plus rapidement que celui des actifs. Les inégalités ont progressé depuis le
   début des années quatre-vingt-dix au détriment des salariés et des chômeurs. L’écart entre les
   Français les plus pauvres et les Français les plus riches tend `a augmenter. En 2000, les 10 %
   des ménages les plus fortunés détiennent 44 % du patrimoine total ; cette concentration du
   patrimoine s’atténue avec les nouvelles générations. La moitié des ménages de salariés possede
   un patrimoine supérieur `a 67 000 euros et celui des 10 % les plus riches est d’environ 242
   000 euros. Les revenus des catégories les plus aisées disposant d’un patrimoine plus important
   ont augmenté nettement plus vite que ceux des ménages les moins favorisés.

   La pauvreté, évaluée `a 10 % de la population, n’a pas augmenté, mais elle a changé de nature.
   La pauvreté de type traditionnel, celle des taudis, des personnes âgées ou de certaines
   professions en déclin (petits commerçants ou agriculteurs), qui se perpétuait souvent de
   génération en génération, a été prise en charge grâce au développement de la protection
   sociale. En revanche, l’apparition du chômage de longue durée a multiplié les situations
   d’exclusion : surtout des jeunes peu ou pas qualifiés `a la recherche d’emploi, des familles
   monoparentales ou des chômeurs de plus de 45 ans. Les dépenses de l’État consacrées `a la
   lutte contre l’exclusion ne cessent d’augmenter (6,87 millions d’euros en 2002). Des progres
   substantiels ont été réalisés dans la lutte contre certaines formes de pauvreté avec notamment
   l’amélioration des retraites pour les plus défavorisés, l’évolution du salaire minimum
   interprofessionnel de croissance (SMIC), l’instauration du revenu minimum d’insertion (RMI) ou
   de la couverture maladie universelle (CMU). Le RMI a été mis en place en 1989 avec pour
   objectif d’assurer aux plus démunis un revenu minimum et de leur apporter un soutien pour
   sortir de l’assistanat et se réinsérer professionnellement et socialement. Actuellement,
   environ un million de personnes bénéficient du RMI, la moitié ont moins de 30 ans. Les
   bénéficiaires sont de plus en plus souvent diplômés et chargés de famille. Ces dernieres
   catégories sortent plus facilement du RMI, alors que les bénéficiaires du RMI depuis plus d’un
   an, de plus en plus nombreux, qui basculent dans une pauvreté durable sont des travailleurs
   non qualifiés, des femmes seules, des familles monoparentales ou nombreuses. Souvent l’extreme
   pauvreté est le résultat d’un cumul de difficultés : une mauvaise santé, des conditions de
   logement dégradées, un isolement social... qui peut conduire `a la marginalisation, notamment
   si le réseau familial ne fonctionne pas.

   Globalement, si l’on regarde l’évolution des professions depuis trente ans, on assiste `a ce
   que les Anglais nomment le upgrading, un mouvement de glissement vers le haut. L’élévation des
   besoins en matiere de production ou de fonctionnement de la société réclame de plus en plus
   d’emplois moyens ou supérieurs et une diminution tres nette des postes non qualifiés. Cela
   correspond `a l’augmentation du niveau moyen de formation scolaire et universitaire.

   

III.g.  Solidarités

  III.g.i.  La protection sociale

   Le systeme de protection sociale français est un des plus performants au monde et il répond `a
   des besoins fondamentaux comme la santé, l’indemnisation du chômage, les minima sociaux, la
   politique familiale ou les retraites. Fondé sur le principe de la solidarité nationale, il
   couvre l’ensemble de la population résidant en France contre les conséquences financieres des
   risques de la vie. Il a accompagné la société et s’est adapté aux nouveaux besoins. Il connaît
   actuellement des difficultés de financement, et pour rétablir les comptes, les entreprises
   comme les ménages ont été mis `a contribution mais il devra répondre aux défis liés `a la
   lutte contre les exclusions, les évolutions familiales, le vieillissement de la population et
   la prise en compte de l’intéret des générations futures.

  III.g.ii.            La protection sociale

   La protection sociale recouvre le paiement des retraites, les dépenses de santé, les
   indemnités de chômage, les prestations familiales, l’aide au logement et les dépenses liées `a
   l’exclusion sociale comme le RMI. Ces dépenses représentent 28,5 % du PIB en 2001.

   Les dépenses de la protection sociale ont augmenté deux fois et demi plus vite que la richesse
   nationale depuis 1945. Cette augmentation est due au nombre plus élevé de retraités avec des
   niveaux de pension aussi plus élevés (44 % du total des dépenses en 2001), `a la progression
   des dépenses de santé avec la couverture universelle, l’allongement de l’espérance de vie et
   les progres médicaux (34,8 % du total), la détérioration de l’emploi et l’augmentation des
   indemnités de chômage qui deviennent presque aussi importantes que les dépenses liées `a la
   famille.

   Les recettes provenant principalement des cotisations perçues sur les revenus d’activité ne
   suffisant pas, la contribution sociale généralisée (CSG) a été créée en 1991 et la
   contribution pour le remboursement de la dette sociale (CRDS) en 1996. Elles élargissent les
   contributions prélevées sur d’autres revenus. Ainsi les cotisations sur les revenus d’activité
   ne représentent plus que 66,5 % des revenus de la protection sociale en 2001.

   

   

   

                                                                                                 

                                  Source : d’apres le site du  Ministere des Affaires étrangeres.