FJIA022 Littérature française III (XXe sicle) IV.A. Le roman avant 1914 1 IV) LE ROMAN AVANT 1914 - Ľre des métamorphoses ; Évolution générale du genre IV) LE ROMAN AVANT 1914 - ĽERE DES METAMORPHOSES ; ÉVOLUTION GÉNÉRALE DU GENRE ....1 IV.A. LA CRISE DU ROMAN NATURALISTE .............................................................................................................1 IV.A.1. Le manifeste des Cinq......................................................................................................................................1 IV.A.2. Ľévolution du réalisme ...................................................................................................................................1 IV.A.3. Les romanciers de la réaction idéaliste...........................................................................................................2 IV.A.4. Le roman exotique et poétique.........................................................................................................................3 IV.A.5. Un réalisme symboliste, Jules RENARD .........................................................................................................4 IV.A.6. Le roman psychologique..................................................................................................................................4 IV.A.7. Les avatars du roman ......................................................................................................................................5 IV.A. LA CRISE DU ROMAN NATURALISTE IV.A.1. Le manifeste des Cinq Le 18 aot 1887, cinq écrivains, qui étaient jusqu'alors considérés comme les disciples de Zola, firent savoir, par une lettre ouverte publiée dans Le Figaro, qu'ils condamnaient les excs par lesquels ľauteur de La Terre leur paraissait compromettre le mouvement naturaliste. Était-ce une manoeuvre dirigée contre Zola ? Les cinq signataires du manifeste, Paul BONNETAIN, ROSNY aîné, Lucien DESCAVES, Paul MARGUERITTE et Gustave GUICHES devaient, par la suite, se repentir de leur geste. Ce geste, vrai dire, n'était qu'un des premiers symptômes de la crise du roman naturaliste. Ľéreintement de Zola par Anatole FRANCE, ľarticle de BRUNETIERE sur La Banqueroute du naturalisme, ľEnqute de Jules HURET sur ľévolution littéraire, la conférence de Léon BLOY sur Les Funérailles du naturalisme sont, parmi beaucoup ďautres, les signes ďun affaiblissement des positions intellectuelles et esthétiques de ľécole que Zola avait groupée autour de lui une dizaine ďannées auparavant. Cette école n'avait jamais été trs unie. Edmond de GONCOURT avait voulu ľorienter vers la peinture des milieux ďéducation et de distinction . MAUPASSANT avait toujours marqué son indépendance. Avec A Rebours (1884), HUYSMANS avait eu le sentiment que ľesthétique de Médan conduisait une impasse : les premires pages de L-bas, en 1891, fustigeaient un art dont il cherchait s'échapper. Il n'était pas le seul dénoncer les insuffisances esthétiques, spirituelles et morales du naturalisme. BRUNETIERE s'y employait, depuis 1875, au nom des valeurs classiques. De VOGUÉ, dans la préface du Roman russe, en 1886, discréditait le réalisme français en le comparant celui de romanciers comme Dostoevsky ou Tolsto qui, selon lui, avaient su ajouter leur observation de la vie les leçons ďune pitié évangélique ou, en tout cas, ďune large sympathie humaine. Au moralisme ďEugne Melchior de Vogué venaient bientôt se joindre toutes les valeurs nouvelles du symbolisme et de ľidéalisme. La description des objets ou la peinture des moeurs paraissaient dérisoires des esprits persuadés que le rôle de ľécrivain était de déchiffrer le sens caché des apparences. On remettait en question une conception du roman qui avait prévalu en France de Balzac Zola : une vaste enqute sur la nature et sur ľhomme. BARRES, en 1888, tournait en dérision une entreprise comme celle des Goncourt, qui cherchaient amasser le plus de renseignements possibles sur la vie commune. On reprochait au roman réaliste de se confiner dans le particulier étroit , de s'en tenir des dehors accidentels . Quand on faisait grief aux romanciers réalistes ou psychologues de se perdre dans le détail des minuscules contingences ďune anecdote vulgaire, on était bien prs de condamner le genre mme du roman. Il paraissait vain de faire concurrence ľétat civil. IV.A.2. Ľévolution du réalisme Bien des romanciers ont joué leur rôle entre 1887 et 1914 dans le dépassement des dogmes de FJIA022 Littérature française III (XXe sicle) IV.A. Le roman avant 1914 2 Médan, commencer par les naturalistes eux-mmes ou leurs héritiers. Il y avait, déj, un écart entre leurs théories et leurs oeuvres. ZOLA avait prétendu dresser des procs-verbaux ; ses romans révélaient un puissant architecte et un grand pote. MAUPASSANT, ds ses débuts, faisait sa part ľémotion qui naissait de ľagencement mme des événements. Les auteurs des Soirées de Médan s'orientaient vers ľétude psychologique, vers un réalisme spiritualiste, poétique ou fantastique. Zola, avec Lourdes et Rome, abordait sa manire le surnaturel. Maupassant passait du roman de moeurs au roman psychologique. HUYSMANS proposait, dans les premires pages de L-bas, un naturalisme spiritualiste . Il y avait chez MIRBEAU, dans Le Calvaire, Sébastien Roch, ĽAbbé Jules, du cauchemar la Goya et de la verve cruelle la Swift . Léon HENNIQUE, dans Un Caractre, faisait intervenir des phénomnes de télépathie. En 1890, dans la préface de Trois Coeurs, Edouard ROD exposait les raisons pour lesquelles il s'était, comme beaucoup ďesprits de sa génération, détourné du naturalisme. ROSNY aîné, lassé de ľesthétique de Médan, ressentait le besoin ďautre chose , ďune littérature plus vaste et plus haute . Rosny aîné est un exemple significatif. En bon élve de ľesthétique naturaliste, il a ďabord peint des milieux, observé la réalité, dans Nell Horn, par exemple, ou dans Le Bilatéral ; et il ne devait pas se priver par la suite de revenir, ľoccasion, au roman social, par exemple avec La Vague rouge. Mais cet autre chose dont il pariait, il ľa cherché ďabord dans le roman ďhypothse scientifique qu'il aborda avant Wells. Il se proposait de trouver dans les acquts de la science et de la philosophie des éléments de beauté plus complexes, plus en rapport avec le développement ďune haute civilisation . La Force mystérieuse, Les Xipéhuz, La Mort de la terre, constituaient autant ďillustrations saisissantes ďun univers pluralistique. Par ailleurs, ROSNY aîné mettait en oeuvre, dans ses romans préhistoriques, les connaissances de paléontologie qu'il avait acquises. Vamireh, Eyrimah, Les Origines, La Guerre du feu, Le Félin géant, appuyés sur une érudition souvent solide, développaient des intrigues faciles rehaussées par la puissance ďune imagination capable de ressusciter les temps disparus, et, dans les meilleurs endroits, de communiquer au lecteur une sorte ďeffroi. IV.A.3. Les romanciers de la réaction idéaliste Tout un courant de littérature romanesque idéaliste traversait les décennies pendant lesquelles s'affirmait le triomphe du réalisme. Au temps du romantisme, George SAND s'était opposée BALZAC et Eugne SUE. Plus tard, Octave FEUILLET, Georges OHNET, Victor CHERBULIEZ proposaient un univers édulcoré qui flattait les rveries complaisantes ďun public petit bourgeois. Les auteurs de romans romanesques ont été, sous le Second Empire, les représentants dérisoires de ľidéalisme. Bien au-dessus de ces auteurs de troisime ordre, mais qui ont connu de gros succs de librairie, les oeuvres de GOBINEAU, de BARBEY ĎAUREVILLY, et surtout de VILLIERS DE ĽISLEADAM manifestaient un beau mépris pour le monde moderne. Ďailleurs, ils écrivaient plutôt des contes, ils n'avaient gure ďestime pour un genre qui s'adressait un vaste public et qui s'attachait généralement peindre les moeurs contemporaines. A côté des Nouvelles asiatiques, Gobineau a laissé un grand roman, Les Pléiades, o des héros exceptionnels, et se tenant pour tels, poursuivaient travers leurs aventures un certain idéal de vie qui les confirmait dans leur singularité et qui les détournait des moeurs du plus grand nombre. Dans les années mmes o Zola et Goncourt s'appliquaient peindre les moeurs de leur temps, Gobineau s'abandonnait un rve aristocratique et sentimental. Villiers de ľIsleAdam connut de grands succs avec ses Contes cruels. Mais il fut aussi le romancier de ĽEve future. Il devançait Wells dans ľutilisation logique ďune donnée savante. C'était un étrange roman que celui-ci. Villiers prtait Edison de curieuses inventions. Le livre cinquime exposait avec un grand luxe de détails le systme vivant , le médiateur plastique , la carnation , bref, tous ces disques, cylindres, moteurs électromagnétiques, fluides, ľaide desquels le savant construisait une femme idéale. Le bricolage génial au service de ľéternel féminin ! Mais Hadaly n'était pas seulement une poupée articulée. Elle surprenait parfois son constructeur, nouvel apprenti sorcier, car ľoccultisme venait relayer le scientisme positiviste : une âme venait habiter cette machine corporelle. Ľunion ďun principe immatériel et ďun organisme pouvait, seule, faire naître une personne. Villiers de ľIsle-Adam affirmait dans cette fable bizarre ses positions spiritualistes. Il se livrait aussi des méditations sur le mystre de FJIA022 Littérature française III (XXe sicle) IV.A. Le roman avant 1914 3 la personnalité, des railleries pleines ďune verve glacée sur ľautomatisme de la plupart des conduites humaines. Ľannée mme o paraissait ĽEve future, en 1886, Léon BLOY publiait son chef-ďoeuvre, Le Désespéré. C'était le témoignage pathétique ďune vie illuminée par la grâce. Marchenoir, le héros, qui ressemblait beaucoup Léon Bloy, finissait par crier aux hommes le mépris qu'ils lui inspiraient. Léon Bloy s'emportait dans ses romans, en de violentes invectives contre le monde moderne. Loin de consentir peindre les moeurs, il les dénonçait. Il y a dans ses livres les accents ďune spiritualité exigeante qui, par-del le catholicisme social et raisonnable de Paul BOURGET, et mieux que le christianisme esthétique de HUYSMANS, annonçait les chefs-ďoeuvre de BERNANOS. On n'en finirait pas de citer des exemples de romanciers de la réaction idéaliste. Ľévolution de certains esprits, qui avaient commencé par subir ľinfluence du naturalisme, est trs significative : Paul ADAM a débuté par un roman naturaliste, Chair molle, dont les audaces lui valurent un procs. Mais il passa aussitôt au roman psychologique, voire symboliste. Il y a beaucoup de déchet dans son immense production. Mais Le Mystre des foules, en 1895, chronique ďune campagne électorale sous ľaction boulangiste, cherchait susciter chez le lecteur ľémotion de pensée qui devait, selon Paul Adam remplacer ľémotion de fait . Le Mystre des foules a été, six ans aprs Le Disciple de BOURGET, une date dans la réaction contre le scientisme et le naturalisme. Edouard ROD, lui aussi, a débuté en 1881 par un roman naturaliste dédié Emile Zola, Palmyre Veulard, ľhistoire ďune fille. Son évolution vers ľidéalisme passa par un certain nombre ďétapes : La Course la mort, en 1885, Le Sens de la vie, en 1889, Les Trois Coeurs en 1890. Aprs 1890, Rod abandonnait le roman de la qute philosophique pour se livrer des études psychologiques et il était attiré, comme tant ďautres, par un moralisme édifiant. De Vogué avait, on le sait, porté de rudes coups au naturalisme avec la publication du Roman russe. Quand il aborda lui-mme le roman, il y chercha ďabord ľoccasion de s'abandonner un lyrisme passionnel avec Jean ďAgrve. Puis il tenta ensuite ďincarner dans les personnages ďune fable romanesque les idées qui lui tenaient coeur. Il a contribué, lui aussi, au confluent de deux sicles, faire du roman un instrument ďétude psychologique, morale, sociale, philosophique. IV.A.4. Le roman exotique et poétique Ďautres romanciers apportaient leurs lecteurs une part de rve et ďémotion que les oeuvres naturalistes étaient incapables de leur procurer. Pierre LOTI a été un de ceux-l. Son got de ľexotisme ľécartait de la peinture des moeurs du temps. Un immense public de gens simples a cherché des émotions dans sa prose. Ce qu'il y avait en lui ďesprit fin de sicle pouvait aussi séduire les raffinés. On lui a reproché son manque ďimagination. Ses livres, tirés du journal, transposent ses aventures personnelles quand ils ne se contentent pas ďévoquer directement ses souvenirs ou de recueillir ses notes de voyage. Beaucoup de ses romans, quel que soit leur degré de transposition, présentent le mme schéma, mme si les décors varient : un officier de marine, débarqué dans un port lointain, séduit une jeune indigne qu'il est obligé de quitter. Loti ne se faisait pas faute, propos ďAziyadé, de déclarer que ce n'était pas un roman, et il attachait peu ďimportance cette étiquette, ne demandant un ouvrage qu'une seule chose : ďavoir la vie et ďavoir le charme . Il s'est efforcé parfois, dans Le Roman ďun spahi, Pcheurs ďIslande, Ramuntcho, ses seuls romans organiques, ďatteindre ľobjectivité du romancier-né. Mais la pente de son tempérament ľa conduit renoncer presque définitivement ľaffabulation, et il est significatif que la confession de Fantôme ďOrient vienne constituer la suite du roman vécu ďAziyadé. Mon Frre Yves, qui forme avec Pcheurs ďIslande un cycle breton, est le premier grand succs de Loti. Il y campait un type de matelot, coeur généreux et marin scrupuleux, mais dont les mauvais instincts se déchaînent ds qu'il est sous ľemprise de la boisson. Le mariage, une heureuse paternité, une amitié diligente finissent par le guérir. On le compare ĽAssommoir, qui était antérieur de quelques années. Loti s'affranchissait des vulgarités naturalistes qu'il devait si véhémentement stigmatiser dans son discours de réception ľAcadémie française. En mme temps il s'attachait (et mieux encore dans Pcheurs ďIslande, son chef-ďoeuvre, que dans Mon Frre Yves) dépasser ľanecdote pour en faire un symbole de la condition humaine. On pouvait voir dans Pcheurs ďIslande le drame de FJIA022 Littérature française III (XXe sicle) IV.A. Le roman avant 1914 4 ľexistence humaine saisie dans ce qu'elle comporte de fragilité menacée. IV.A.5. Un réalisme symboliste, Jules RENARD Le premier roman de Jules RENARD, Les Cloportes, était achevé en 1889, mais il ne devait tre publié chez Crs qu'en 1919. Fidle ľesthétique naturaliste, il présentait un milieu et racontait les aventures ďune jeune servante séduite. C'est seulement partir de 1890 que Renard prenait conscience de son originalité. Au nom de la vérité, il refusait les formes conventionnelles. Aprs Les Cloportes, il devait s'ingénier éviter toute dramatisation. ĽÉcornifleur était mi-chemin entre le roman et ľabsence totale ďaffabulation. ĽÉcornifleur a été jugé, en 1952, ľun des douze meilleurs romans français du XIXe sicle. Tout y est montré sur le fait, en scnes vives et directes o ľauteur, qui s'interdit les dissertations morales, les analyses ou les tirades, note la fois silhouettes, gestes, propos des personnages. Tout était vu travers la conscience de cet Henri qui n'était pas sans rapports avec Jules Renard. La principale originalité du roman était ľironie ďun héros qui déclarait : Je n'aime pas qu'on m'en fasse accroire . Léon Guichard a montré, chez Renard, un constant refus de ľinexactitude, de ľexagération, de ľembellissement. Renard excelle présenter une attitude conventionnelle de façon assez appuyée pour en marquer la dérision. Il se plaît opposer aux idées en ľair le démenti de la réalité. Ni le pote, ni la jeune fille, ni la femme, ni ľamour, ni la mer ne sont, dans la réalité des choses, au niveau que leur assignent les préjugés du langage. C'est ľenfant qu'il a été qu'il se proposait de peindre dans Poil de Carotte pour mieux peindre ľenfant tel qu'il est, et non ľenfant parfois conventionnel de Hugo, de Sand ou de Daudet. Jamais il n'a été mieux inspiré que par ľunivers de son enfance : la famille, la servante, les voisins, ľécole, la nature, les btes. C'est le livre ďun enfant privé ďaffection, vite habitué se recroqueviller sur lui-mme ; c'est le livre des petites misres ďune enfance qui frôle souvent une grande détresse. Mais ce qu'il y a chez Poil de Carotte de tendresse inassouvie ne doit pas faire oublier une sensualité précoce, bien peu angélique, et avec les btes, parfois, une cruauté inquiétante. Déj dans Poil de Carotte, mais mieux encore dans les Histoires naturelles, Renard a été, au sortir du naturalisme, sur la voie ďune esthétique nouvelle : mélange du réel et de ľidéal, du sérieux et de ľironie, du réel et du rve, qui devait s'épanouir, avant 1914, chez Francis de MIOMANDRE, GIRAUDOUX et COLETTE. Écrivain noué par son enfance ? Rendu stérile par une observation desséchante ? Incapable de s'affranchir des cadres de la pensée tainienne et contraint de se contenter de ce qui pouvait rester décrire, aprs Balzac et Zola, Maupassant ou Daudet ? Nous continuerons écrire, disait Renard en 1896, mais notre plume se promne sur les fleurs comme ľabeille écoeurée . Plus il allait, plus ce réaliste du silence était conduit se taire, convaincu que le meilleur reste incommunicable , et aboutissant la sécheresse idéale, puisqu'il avouait : Je n'ai plus besoin de décrire un arbre, il me suffit ďécrire son nom . IV.A.6. Le roman psychologique On accordait volontiers ZOLA ľart de donner vie des réalités matérielles, mais on lui reprochait de se contenter ďune psychologie sommaire : ses personnages paraissaient mus seulement par leurs instincts, moins qu'ils ne fussent grossirement représentatifs du groupe social auquel ils appartenaient. Ds 1883, dans une chronique du Parlement : Vers ľidéal , Paul BOURGET exprimait une condamnation du naturalisme. Dans ses premiers romans, ĽIrréparable, Cruelle Enigme, André Cornélis, Mensonges, il se faisait une spécialité de ľétude psychologique et morale. En 1889, Le Disciple rencontrait un grand succs. Paul Bourget se tenait au courant des acquisitions de la psychologie moderne ; il avait lu Taine et Ribot, et il faisait effort, dans ses romans, pour éclairer les complexités de la conscience. Mais il abusait de ľanalyse ; il ne réussissait pas faire vivre ses personnages. Ďailleurs, au lieu de manifester les fondamentales ambivalences de la conscience, il raffinait sur les états ďâme. Enfin, il héritait, malgré qu'il en et, de certaines traditions du roman idéaliste : ses intrigues romanesques, les milieux conventionnels qu'il présentait faisaient penser Cherbuliez ou Octave Feuillet en plus ďun endroit. Il reste qu'il a obtenu un grand succs et qu'il a joué un rôle important dans ľévolution du roman français : il a retrouvé la lignée du roman ďanalyse par-del les succs du roman FJIA022 Littérature française III (XXe sicle) IV.A. Le roman avant 1914 5 de moeurs, et il a beaucoup contribué, avec Le Disciple, en posant un grand problme moral, faire entrer les idées dans le roman. IV.A.7. Les avatars du roman La remise en question des dogmes de Médan aboutissait une crise du roman. Le naturalisme avait constitué la dernire école du roman. Il n'y avait, aprs lui, que des efforts dispersés. La multiplicité des avatars du genre devient considérable. Quel rapport y a-t-il entre La Femme pauvre de Léon Bloy et le roman wagnérien ďElémir Bourges, Les oiseaux s'envolent et les fleurs tombent ? Entre les livrets métaphysiques que Barrs proposait dans son Culte du Moi et les complaisances fin de sicle de Jean Lorrain dans Monsieur de Phocas ? Chaque année de nouvelles tentatives, moins que ce ne fussent de nouveaux slogans, proposaient un renouvellement du genre. Aux études psychologiques ou sociales de Zola et de Bourget, Marcel Prévost, en 1888, entendait substituer le roman romanesque. Beaucoup ďesprits estimaient que le roman futur chercherait peindre la fois les individus et les masses, le moi et le monde. Il réconcilierait ainsi naturalisme et psychologisme, la peinture des moeurs et ľanalyse des sentiments.