Chapitre XIII LES RELATIVES 1. PROPOSITIONS RELATIVES ET TERMES RELATIFS Les propositions relatives sont des propositions subordonnées qui sont introduites par un pronom relatif (ou plus rarement par un determinant relatif). Celui-ci peut étre un relatif simple: qui, que, quoi, dont, ou; ou un relatif compose, pronom ou determinant: kquel, qui s'amalgame avec les prepositions ä et devour former auquelet duquel; et qui varie en genre et en nombre (laquelle, lesquels, lesquelles), contrairement au relatif simple. Toutes ces formes (VI: 5.6), sauf dont, sont communes aux relatirs et aux interrogatirs; toutefois, leurs emplois comme relatirs et comme interrogatirs peuvent étre différents; ainsi qui, toujours sujet (animé ou non) comme relatif, est toujours animé (sujet ou non) comme interrogatif simple. Quant ä que, Íl a évidemment ďautres emplois, dont le plus important est celui de conjunction de subordination (XII: 3.4). Le pronom relatif cumule deux roles: • II introduit la relative, dont il constitue ľopérateur de subordination ou subordonnant. C'est la raison pour laquelle il vient se placer en tete de la relative, quelle que soit sa fonction grammaticale dans la structure de celle-ci (ce \ déplacement peut provoquer la postposition du sujet: le médecin que Pierre a vu, ou bien: le médecin qua vu Pierre). • II est coréférent ä son antecedent (sauf dans le cas de la relative substantive, voir 3). A ce titre, il constitue un substitut du GN et assume une fonction dans la relative. Sa forme est essentiellement conditionnée par cette fonction: qui en position de sujet, que comme complement direct du verbe, quoi et lequel aprěs preposition, dont et oü comme groupes préposkionnels. D'autre part, son emploi depend de la nature de ľantécédent. Ainsi, si celui-ci est un groupe nominal dont la téte est un nom commun, ce GN doit obligatoire-ment comporter un determinant: Us est conduit avec bravoure. Ilsest conduit avec une bravoure que j'admire. Mais non : * // s est conduit avec bravoure que j 'admire. Et pas davantage: *// a pris peur qui était exagérée. — *Il est en maison de santé dont je ne saispas ľadresse. 480 Grammaire méthodique dufranqais Le pronom simple, aux formes qui et que, bien qu'il ne soit marqué lui- méme ni en genre, ni en nombre, ni en personne, commande les mémes accords que le ferait son antecedent; et lorsqu'íí est complement indirect, il peut dans certains cas varier selon que son antecedent est un étre humain (La personne ä qui je pense) ou non (Le projet auquel je pense... Une chose ä quoi je pense). Le pronom compose s'accorde en genre et en nombre avec son antecedent. Remarques. —1. Ces deux functions solidaires du relatif (subordonnant et pronom) font parfois probléme pour les sujets parlants. On observe alors, dans la langue parlée populaire, ou bien le decumul de ces deux functions (d'une part un que fonctionnant comme pur subordonnant; de ľautre un pronom): j'ai acheté les allumettes que j'en ai besom; ou bien au contraire une redundance (deux pronorns, I'un relatif, ľautre personnel, ayant le méme referent): j'ai acheté les allumettes dont j'en ai besoin. La forme correcte est bien súr: J'ai acheté les allumettes dont j'ai besoin. Relěvent du méme phénoměne : Voici ľhomme que (ou dont) tu connais son fils, ou encore : C'esf un iivre oü on y trouve de belles pages. Et enfin, combinant décumul et utilisation d'une preposition sans regime : La fille que je vis avec (Renaud). 2. Dans la suite, la coréférence obligatoire du relatif et de son antecedent sera representee, pour les besoins de ľexposé, par la presence d'un démonstratif en téte du GN ä relativiser dans fa phrase ä enchässer. Par exempie: Phrase matrice (qui deviendra la phrase régissante): Elle est ä la Campagne chez des amis. Phrase ä enchässer (qui deviendra la phrase Constituante): Nous connaissons cesamts. Phrase résultante (complexe): Elle est ä la Campagne chez des amis que nous connaissons (j. Preverí, Dialogue de Drôle de dráme). Bibliographie. —E. Benvenäste, 1996, p. 225-236 (La phrase relative, probléme de syntaxe generale) -D. Godard, La syntaxe des relatives en frangais, Editions du CNRS, 1988 - Langages, Les types de relatives, 88, 1987 - C. Touratier, La relative. Essai de théoríe syntaxique, 1980, Klincksieck. 2. LES RELATIVES ADJECTIVES Ces relatives sont dites adjectives parce qu'elles fonctionnent commetks adjectifs épithětes (VI: 4.2 et 4.6). 2.1. La relativisation du groupe nominal sujet: QUI * Ce type est ä la fois le plus courant et le plus simple, puisqu'il n'implique aucun déplacement. Le relatif a la forme qui et sans porter lui-méme aucune marque de nombre, de genre ou de personne, il commande dans la relative les mémes accords que son antecedent. Je fais un probléme. Ce probléme est difficile. —> Je fais un probléme qui est difficile. Il est venu vers nous. Nous sommes ses amis. —> Il est venu vers nous qui sommes ses amis. L'emploi de lequel (pronom ou determinant), archai'sant et rare, est reserve aux énoncés juridiques oü il supprime ľambiguité qui serait produite par qui (VI: 2.4 et 5.6): Le terrain est légué au neveu de Madame Untel, lequel s 'engage ä verser une soulte aux cohéritiers — II s'agit d'une maison avec une terrasse, lequel edifice est en pierre de taille. Remarque. — Comme on le voit par le dernier exempie, lequel (determinant) permet la reprise par un hyperonyme (cf. XVIII, 2.4). XIII- Les relatives w: ^i^mr^Cp 481 2.2. La relativisation du groupe nominal complement direct: QUE II s'agit en fait aussi bien du complement direct du verbe (complement ď objet) que des autres syntagmes qui partagent avec lui la position postverba-le et la pronominalisation définie de la forme le, la, les: sujets reels des verbes impersonnels et GN attributs du sujet (ou encore adjectif attribut du sujet du verbe kre, dans le cas du procédé stylistique de renforcement d'un adjectif en position détachée, ex. 6). Le relatif a la forme que. II vient se placer en tete de la relative. Lorsque le sujet de la relative est un GN plein (et non un pronom personnel proclitique) ľinversion du sujet est possible mais facultative (ex. 2). [X) Je regrette chacun des baisers. Je donne ces baisers. -» Je regrette chacun des baisers que je donne. (G. Apollinaire) (2) Je lis un //Vre que ma soeurm'a offert. (2b) Je lis un iivre quem'a offert ma soeur. ^ (3) iladitlemotqu'ilfailait. (4) Je connais le gargon que voilä. (5) Je félicite le hóros que vous éŕes. (6) Presse que j'étaisde vous voir, je suis venu aussitôt. Remarque. — La relativisation en que du sujet reel des verbes impersonnels est d'un usage restreint (XI. 8.3.1). Un tel groupe nominal doit étre en effet, dans la plupart des cas, muni d'un determinant indéfini, ce qui bloque la possibilité d'une relative. On préférera en ce cas la forme personnelle, impliquant I'emploi du relatif qui. Exemple : Tu connais ľhistoire. II m'arrive une histoire ou : Cette histoire m'arrive. -čpiůttyd mais : Tu connais ľhistoire qui m'arrive. et non : *Tu connais ľhistoire qu'ii m'arrive. ' *' ^0*ľ,<5!-*' 2.3. La relativisation d'un groupe prépositionnel r , i a 2.3.1. Regies generates La regle generale de pronominalisation est celle-d: [Prep + GN —> Prep + lequel], que le GP soit complement de phrase, de verbe, de nom ou ďadjectíf (attribut). Le groupe forme par la preposition et le relatif est toujours place en téte de la relative. (1) La guerre est une periodě pendant laquelle les gens montrentleur vraie nature. (2) Cette écoie est celie dans laquelle j'ai appris ä lire et á écrire. (3) Tu n'as pas revú les personnesauxqueiles j'ai parle hier? (4) J'ai rencontre la title pourlaquelle tu te meurs d'amour. (5) Voiciles auteursparmi lesqueis sera choisile laureát du Goncourt. (6) Ce sont des parentes éloignées, desqueltesie n 'aiplus denouvelles. , (7) Void un bijou auquelie suis trěs attachée. La plupart de ces phrases connaissent des variantes qui seront exposées ci-dessous. Toutefois lequel est obligatoire: aprěs parmi (ex. 5); lorsque ľantécé- 482 Grammaire méth&dique dufrancais dent n'est pas un étre humain, et que l'emploi de dont, oü, ou quoi n'est pas grammatical par suite des regies ci-dessous (ex. 7). D'autre part, une regie generale d'ordre (comparable ä celie mentionnée en 2.2) autorise ľinversion du sujet lorsque celui-ci est un GN plein et lorsque le verbe est intransitif ou employe intransitivement. Cette regie s'applique aussi dans les cas particuliers décrits plus loin (2.3.2 et 2.3.3): // a revú lespersonnes awcquelles Pierre aparléIII a revú lespersonnes awcquelles a parlé Pierre. 2.3.2. Regies parttculieres obligatoires • Lorsque le GP ä pronominaliser est lui-méme inclus dans un GP, c'est la totalite de ce dernier qui est píacée en tete de la relative, et les seuls pronoms autorisés sont lequel ou qui (dont est exclu). Jaime la riviére. Nous avons pique-niqué sur le bord de cette riviere. —> Jaime la riviére sur le bordde laquelle nous avons pique-niqué. Le meunier me pourchasse. Jai donne un baiser ä la fille de ce meunier. —> Le meu-nier ä lafille duquel (ou: de qui) j'ai donne un baiser, me pourchasse. • Lorsque ľantécédent est un pronom démonstratif indéfini ne representant pas un étre humain {cela, quelque chose, Hen), le pronom ä utiliser comme relatif est exclusivement quoi: Je ne vois que cela. II peut prétendre ä cela. —> Je ne vois que cela h quoi Upuisse prétendre. Remarque: Ľantécédent peut étre une phrase entiěre. On a alors affaire a un veritable relatif de liaison et on glisse du domaine de la subordination dans celui de la coordination (XVI): // est venu me voir pour me demander de I'argent. Aprěs quoi il est parti sans merne dire merci. 2.3.3. Regies parttculieres fakultatives • Lorsque le GN ä relativiser est precede ď une preposition et représente un étre humain, lequel peut étre remplacé par qui. (3b) Tu n 'as pas revu fes personnes ä guij'ai parle hier. (4b) J'ai rencontre la fille pour qui tu te meurs ďamour. (6b) Ce sont des parentes éloignées de qui je n'aiplus de nouveiles. • Lorsque le GN ä relativiser est precede de la preposition de (et qu'il ne fait pas lui-méme partie ďun syntagme prépositionnel), on emploie dont (plus fréquemment que duquel ou de qui). Ce sont des parentes éloignées dont je n'ai plus de nouvelles. - C'est la vieiile cousine dont j'ai hérité. - Je suis pourchasse par ce meunier dont ľai embrassé la fille. - C'est une chose dont je suis fier. Lorsque le GN ä relativiser représente un lieu, ľensemble forme par la preposition locative et le GN est pronominalisé en oü (sauf si la preposition est de: on a. alors d'oü): (2b) Cette école est celie ou j'ai apprise lire et ä écrire, - C'est la vilieďouje viens. XIII— Les relatives 483 Lorsque le GP ä relativiser représente un complement circonstandel de temps, on peut le pronominaUser également en oü, mais aussi en que dans certaines expressions: Ľépoque oü jallais ä ľécole... - La premiere fois que je ľai vue... — C'était au temps que les bětesparlaient. 2.4. Les relatives du second degré (dites « imbriquées ») II est possible de relativiser un GN (sujet ou complement) qui fait partie d'une proposition completive (conjonctive introduite par que, groupe infinitif ou interrogative indirecte). Dans ce cas, c'est le bloc constitué par la subordonnée completive et sa principále qui est enchässé dans la phrase matrice. On a ainsi, par integrations successives: Vous vous intéressez ä cettepersonne. —> Je suis que vous vous intéressez ä cette personne. —> Void la personne ä qui je suis que vous vous intéressez. Ce sont la des noms que je vois bien que je ne retiendrai jamais. (A. France) ► Dans les cas oú le GN ä relativiser est autre que le sujet, il prend la forme pronominale prévue par les regies déjá décrites et se place en téte du bloc, qu'il s'agisse: •du c.o.d. d'un infinitif ou ďune conjonctive: II est parti pour la ville qu 'il veut visiter — Ecoute la melodie que je lui ai entendu chanter — C'est bien le prix qu 'il pensait pouvoir en obtenir — Partons pour Venise, que je veux que tu visites avec moi; • d'un attribut: Tu es le champion que je souhaitais que tu deviennes\ • du complement d'un adjectif: Teiles sont lesjoies dont je pense que la vie est p leine; • ou enfin d'un complement indirect du verbe ou d'un complement de phrase: Kyoto est une ville oü je me demande sij'irai unjour ~ C'est un ami auquel je ne sais pas comment témoigner ma reconnaissance — J'ai fait un grand feu pres duquelje veille ä ce que notre ami se repose. ► Dans le cas oü ce GN est le sujet, il est représenté en son lieu par un pronom personnel, tandis qu'apparait en téte du bloc ä enchásser un dont qui fait le lien entre ľantécédent et ce pronom: C'est moi dont tu veux que je visitě Venise ? — Pierre est I'ami dont je ne savais pas quand il viendrait — C'est un livre dont je sais qu'il aura du succes. II existe une variante plus rare et difficilement analysable: C'est un livre que je sais qui aura du succes. Bibliographie. — R. Kayne, French relatives que, Recherches linguistiques, 2, 1974, p. 40-61 ; 3, 1975, p. 27-92 - J.-M. Léard, « L'hypothese que je crois qui est negligee ». Le statut de que, qui et cfonrdans les imbriquées, Travaux de linguistique, 20, 1990, p. 43-72 - M.-L. Moreau, « L'homme que je crois qu'il est venu »- Qui, que: relatifs et conjonctions, Langue frangaise, 11, 1971, p. 77-90. 2.5. La sémantique des relatives C'est par rapport au GN dont la relative est ľexpansion (le modificateu|, voir VI: 4.1 et 4.6), autrement dit ľantécédent du relatif, que se pose le probléme du sens référentiel de la relative. 484 Grammaire méthodique dufrancais ► Si ľantécédent est une expression définie (nom propre ou nom commun precede d'un determinant défini): La relative est determinative (ou restrictive) si eile est nécessaire ä ľiden-tification referentielle de ľantécédent (VI: 1.3 et 4), qu'il s'agisse d'un individu ou ď une classe, ďétres reels ou virtuels. Autrement dit, eile restreint ľexten-sion (VI: 4 Rem.) de ce GN; et son effacement aurait pour consequence de modifier complětement le sens de la phrase en étendant son champ d'applica-tion ä un ensemble référentiel plus important, voire ä la totalite des étres qui peuvent étre désignés par le nom: Le román que je viens definir me plait beau-coup (sens spécifique) / Le roman me plait beaucoup (sens générique). - Les Aha-ciens qui boivent de la biere sont obéses (une partie) / Les Ahaciens sont obéses (la totalite). Autres exemples: Le philosophe qui est digne de ce nom napas de pre-jugés (referent: le representant typique d'un sous-genre) / Le philosophe n a pas de préjugés (referent: le representant typique de la totalite du genre) - Les can-didats qui ont obtenu la moyenne ont été declares recus (referent reel) / Les candi-dats qui auront la moyenne, s'ily en a, seront declares recus (referent virtuel). La relative est explicative (ou appositive) lorsqu'elle ne joue aucun role dans ľidentification referentielle de ľantécédent. Elle peut aiors, sans dommage pour cette identification, étre supprimée. Elle peut aussi étre rempiacée par une proposition coordonnée ou étre reprise par le pronom cela: Ce roman, que je viens de finir, me plait beaucoup. Ce roman me plait beaucoup (le referent ne change pas). - Les Alsaciens, qui boivent de la biere, sont obéses. LesAlsaciens sont obeses (ies deux phrases ont la méme valeur generale, qui admet d'ailleurs des exceptions: dies décrivent seulement un cas typique). A partir des exemples Mes éléves, qui s'étaient bien prepares, ont tous été recus et La démocratie, qui est fragile par nature, doit étre défendue on peut subsumier aux relatives des coordonnées sans change-ment notable de sens: Mes éfeves ont tous été recus, car ils s'étaient bien prepares et Mes éleves s'étaient bien prepares et ils ont tous été recus. La relative explicative peut aussi faire ľobjet d'un commentaire particulier, ce qui montre son indépen-dance vis-ä-vis du reste de ľénoncé: La démocratie, qui est fragile par nature (cela nest pas douteux), doit étre défendue. Ces relatives sont marquees sur le plan proso-dique par une melodie spécifique, celie de la parenthése (II: 3.5); et sur celui de la ponctuation, dies sont encadrées par deux virgules (IV: 3.1.3). N'ayant pas de role référentiel, dies sont disponibles pour exprimer routes sortes de nuances circons-tancielles: cause, condition, concession, etc. Remarque. — Les noms propres et les norm communs precedes d'un determinant possessif sont en principe auto-déterminés. Aussi les relatives qui leur sont adjointes sont-elles en principe toujours explicatives. Cependant des relatives determinatives sont possibles lorsqu'on applique ä ces antecedents un prélěvement partitíf: Le Paris que j'ai connu n'est plus (opposition avec : le Paris que nous voyons). - Ceux de mes élěves qui se sont bien prepares ont été regus. ► Si ľantécédent est une expression non-définie (nom commun precede d'un determinant indéfini): On ne peut dans ce cas tirer argument de ľ identification referentielle pour distinguer deux sortes de relatives, puisque le propre de telies expressions XIIIr^fM m/0&gí ■,:-:* vis&ww&ú "v est ďavoir un referent qui n'est pas identifiable (au moins pour le récep-teur). Cependant, dans la perspective communicative, certaines des relatives considérées apparaissent essentielles, et leur suppression a pour effet de produi-re un énoncé non pertinent, généralement tautologique: íly a des moments dans I'histoire oil tout bascule/IIy a des moments dans I'histoire. (!) - L'enfance est une perióde de la vie qui est determinante / Uenfance est une perióde de la vie. (!) -Kawabata a écrit un livre que jaime beaucoup IKawabata a écrit un livre. (!) D'autres apparaissent accidentelles (ou accessoires), et leur suppression ne remet pas radicalement en cause la pertinence de ľénoncé; mais on se trouve ici sur un terrain essentiellement pragmatique et, pour préciser le degré ď acceptability de teís effacements, il faudrait tenir compte ďune maniere plus precise des différents paramětres de la situation ďénonciation: Un livre, qui se trouvait sur la table, attira mes regards —Jdi fait un probléme que jat trouvé difficile — Nous avons remarqué dans lepré quelques vaches qui broutaient. Remarques.— 1. La distinction entre relatives determinatives ou essentielles d'une part, explicatives ou accidentelles ďautre part, ne diffěre pas de celie qui a été faite entre les expansions du GN (adjec-tifs, syntagmes propositi on nels) ä valeur determinative et ä valeur caractérisante (VI: 1.3 et 4.1). 2. Les relatives explicatives ou accidentelles sont susceptibles d'exprimer diverses valeurs circons-tancielles (temporelles, causales, conditionnelles, etc.), qui peuvent étre explicítées par ľinsertion de ahrs, en effet, certes, pourtant, done, etc. Bibliographie. — C. Kleiber, «Relatives spécifiantes et relatives non spécifiantes», Le fran$ais modeme, 3, 1981, p. 216-233 - G. Kleiber, Relatives restrictives et relatives appositives : une opposition « introuvable », Tübingen, Niemeyer, 1987 - Langages, 88, 1987, « Les types de relatives ». ► II existe encore une autre possibilité d'insertion d'une relative dans la phrase matrice : on trouve comme attribut du complement d'objet des verbes voir, regarder, entendre, écouter, sentir des relatives introduir.es par qui qui constituent le propos de la phrase (XXI: 1): ce sont des relatives predicatives (ou attributives) : J at entendu un oiseau qui chantait~Je lai entendu qui chantait. On peut trouver également une relative de ce type aprěs les présentatifs void et ily a: Void le train qui arrive/Le void qui arrive — IIy a un bébé qui pleure/Ily en a un qui pleure. Remarque. — De telies relatives ne peuvent étre considérées comme predicatives que si elles ne torment pas un syntagme avec leur antecedent. Cest pourquoi le test de pronominalisation doit leur étre systématiquement appliqué; si le résultat de ce test est négatif, la relative est une relative « ordinaire » : j'ai entendu un oiseau qui est dans le jardin/* }e i'ai entendu qui est dans le jardin -Void le gargon qui a realise cet exploit/* Le void qui a realise cet exploit. Bibliographie, — F. Benzakour, Les relatives déictiques, Recherches en pragma-sémantique, (Recherches Hnguistiques, 10) Université de Metz, 1984, p. 75-100 - M. Rothenberg, Les propositions relatives predicatives et attributives: problěmes de finguistique generale, BSIP, 74 (1), 1979, p. 351-395 - J.-]. Brunner, Ces relatives qui n'en sont pas, [.'information grammaticale, 8, 1981, p. 12-16 - H. Prebensen, La proposition relative dite attributive, Revue Romane, XVIII, 1, 1982, p. 89-117. 2.6. Le mode dans les relatives Le mode ordinaire du verbe dans la relative est ľindicatif. Toutefois, dans les relatives determinatives ou essentielles on peut trouver le subjonctif (VII: 2.4.2.3): 486 Grammaire métktdique dujrancais * lorsque ľantécédent comprend un superlatif ou les adjectifs seul, premier, dernier■; Cest la seule explication qui convienne\ • lorsque la phrase matrice impiique une ídée de volonte ou ďhypothese qui a pour effet de placer le GN dont fait partie la relative hors du champ du constat: Je cherche une maison qui ait un grandjardin - Connais-tu des gens qui saient contents de leur sort ?-Je ne connais personne quipuisse t aider. Remarque. — Du fait que le referent du GN n'est pas ici con^u comme une entite spécifique identifiable, on ne peut pas le reprendre par un pronom {sauf si celui-ci est rnodalisé. XX: 2). On ne peut dire : * Je cherche une maison qui ait un grand jardin et ceile-ci est difficile ä trouver. Bibliographic — C. Touratier, 1996, p. 167-171. On trouve également ľinfinitif lorsque le GN relativísé est préposition-nel, par efFacement du verbe pouvoir: Je cherche une maison ou dormir (= ouje puisse dormir) - Connais-tu des gens sur lesquels compter? -Je nai pas de quoi payer. 3. LES RELATIVES SUBSTANTIVES Le point commun de ces relatives est que le pronom qui les introduit n'a pas ďantécédent et n'est done pas anaphorique. Contrairement ä ce qui se produit pour les relatives adjectives, e'est la relative elle-méme qui donne un contenu référentiel au pronom relatif. Certaines equivalent ä un GN, éven-tuellement precede d'une preposition ou amalgamé avec eile (dans le cas de ou): anticipant děs maintenant sur ľétude de leur sens, nous les appellerons indéfinies. Les autres constituent l'expansion d'un démonstratif (ce ou celui) de maniere ä former avec lui ľéquivalent d'un GN: elles ont done un statut intermediate entre celui des relatives adjectives et des substantives propre-ment dites; elles peuvent étre indéfinies ou non; nous fondant sur leur emploi en discours, nous les appellerons périphrastiques. 3.1. Les relatives indéfinies ► Les unes représentent un étre humain. Elles sont introduites par le pronom sans antecedent qui (éventuellement precede du determinant fíctif tel) ou sa variante quiconque. Ce pronom est en position de sujet et commande toujours ľaccord du verbe au singulier. La relative elle-méme remplít dans la phrase matrice la fonction de sujet, de complement direct ou indirect (precede de ä ou de pour). C'est une forme qui a fourni beaucoup de proverbes, mais qui reste vivante: Qui veut voyager loin menage sa monture - J'aime qui maime - Tel qui rit vendredi dimanche pleurera - // répétait cela ä qui voulait bien I'entendre - Cette piece sera pour qui ľattrapera au vol - // me regarda avec ľironie de qui savait tout. Elle peut étre soumise ä la dislocation (XI: 6.1) et étre XIII — Les relatives 487 reprise par un pronom comme la plupart des GN: Qui sefait brebis, le loup le mange. Remarques. — 1. On trouve également qui en position de complement direct (objet ou attribut) ou indirect dans une relative dont le verbe principal, généralement vou/o/r (ou pouvoŕr) regit une completive identique ä ía phrase matrice et le plus souvent eŕfacée en raison de cette identite : Embrassez qui vous voudrez (embrasser). - je serai qui vous voudrez (que je so/s). - Parlez ä qui vous voulez (parier). 2. Qui vous savez, de méme que ä qui de droit, á qui mieux mieux est une locution figée. 3. On ne trouve que I'indicatif dans ces relatives, excepté aprěs ä qui oü I'infinitif est possible (2.6): je n'ai pas ä qui parier. ► Les autres représentent un non-animé. Celles qui sont introduites par le pronom quoi obéissent ä de trěs fortes contraintes: quoi est obligatoirement precede de ä ou de ; la relative est a ľindicatif (ou a I'infinitif) apres les présen-tatifs voicilvoilä et cest; eile est ä ľinfinitif aprěs U y a et certains verbes tran-sitifs: C'est ä quoi je pensais - Voilä de quoi U est capable - íl y a de quoi étre fier — Je n'ai pas de quoi payer — Heureusement, U avait ä quoi se raccrocher — Apportez-moi de quoi manger. Remarque. — Aprěs les présentatifs voici/voHä, on peut trouver qui representant un inanimé: Voilä qui est interessant. On trouve en outre des relatives sans antecedent introduites par oü: le pronom est complement de lieu dans la relative; la relative est complement du verbe de la principále, eile occupe la position de complement indirect ou de complement direct et dans ce dernier cas est trěs proche de certames constructions interrogatives indirectes : J'irai oü vous allez — Cet objet égaré se trouvait oü personne ne le cherchait -Je n aipas oü passer la nuit. Remarques. — 1. Introduites par lä oü ces relatives jouissent d'une plus grande mobilite et entrent plutôt dans la catégorie des expressions circonstartcielies (4) 2. On peut rapprocher des relatives sans antecedent les subordonnées introduites par quand lorsque celles-ci, en particulier aprěs une preposition sont des Substituts d'un GN (quand peut étre remplacé par le moment ou}: J'ai mis de ľargent de côté pour quand je serai ä la retraite. Toutes ces relatives ont été dites indéfinies. L'existence de leur referent reste purement virtuelle. 3.2. Les relatives périphrastiques Elles n'ont pas de veritable antecedent; le terme qui les introduit, celui ou ce, n'a qu'un sens trěs general (le trait humain ou non-animé). Quant au pronom relatif, il constitue une variable dont les dirferentes valeurs sont détermi-nées par le contenu de la relative. Celui qui cosse les verres les paie a la méme structure sémantique (et en ľoccurrence le méme sens) que Les casseurs seront lespayeurs. -.-.. 488 Grammaire méthodique dufřangais ► Les unes représentent un étre humain. Elles sont introduites par celui, variable en genre et en nombre (selon le sexe et le nombre du referent), suivi ďun pronom relatif: qui, que, dont, ou lequel precede d'une preposition (selon les regies formulées en 2): Celui qui a écrit La Chanson de Roland est un génie — Celui qui maime, le voilä (Nerval, Sylvie) - Celle quej'aime, la voi-ci — C'est celui dont on vous a parle—Je vous présente celui aux livres duquel vous vous intéressez tant —Je ne suis pas celie que vous croyez. Remarques. — 1. Bien que la syntaxe en soit semblable, i! ne s'agit pas ici des cas ou celui a lui-méme un antecedent, qui ne designe pas forcément un étre humain (anaphore lexicale, XXI: 3.1): Votre maison et celie que je me suis fait construire... 2. Ces relatives sont trěs proches de celieš qui ont pour antecedent les pronoms nominaux quelqu'un ou personne (mai's ces pronoms, contrairement ä celui, peuvent étre employes de facon autonome); ainsi que de celieš qui ont été décrites au paragraphe precedent (3.1), dont elles constituent parfois des variantes : cependant elles ne sont pas toutes indéfinies (leur referent est spé-cifique et presuppose dans touš les exemples cites ci-dessus). ► Les autres représentent un inanimé. Elles sont introduites par ce, invariable, suivi d'un pronom relatif: qui, que, dont, ou quoi precede d'une preposition: Cest ce qui vous trompe — Voilä ce quej'avais ä vous dire —Jeferai ce que vous me direz (de faire) - Je n ai pas oublié ce dont vous m 'avez parle, et en fonction appositive avec une phrase comme antecedent: // avait un compte en Suisse, ce que merne sa femme ignorait. Remarques. — 1. Ces relatives sont trěs proches de celieš qui ont pour antecedent les pronoms quelque chose ou rien et de celieš qui ont été décrites au paragraphe precedent 3.1 (mais les constructions avec ľinfinitif sont exclues). 2. La tournure ce qui m'arrive est preferable ä ce qu'il m'arrive (2.2. Rem.}. Bibliographie. — M. Noailly, « Qui m'aime me suive. Quelques remarques sur les relatives indéfinies en francais contemporain », Cahiers de grammaire, 11,1986, p. 68-95 - M. Pierrard, La relative sans antecedent en francais moderne, Peeters, Louvain, 1988. 4. LES RELATIVES COMME EXPRESSIONS CIRCONSTANCIELLES Les relatives explicatives ou accidentelies peuvent apporter des nuances circons-tancielles diverses. Mais elles ne sont pas mobiles. En revanche, il existe des syn-tagmes constitués exclusivement ou principalement par des relatives qui ont toutes les caractéristiques sémantiques et formelles des propositions circonstancielles. ► Les relatives complements circonstanciels de lieu II s'agit de relatives périphrastiques qui, introduites par lä ou, jouissent d'une plus grande autonomie que celieš qui sont seuiement introduites par ou (3.1): Lä oü je suis, le soleil brille. ► Les relatives complements circonstanciels de concession • Les unes sont introduites par qui que, quoi que, oü que suivis du sub- '•v jonctif: le premier element peut s'interpréter comme un pronom indéfini caractérisant une catégorie sémantique (animé, inanimé, lieu), le second Xlíľ- Les relatives 489 est le reiatif qui luí assure une place et une fonction dans la subordonnée de sens concessif: Qui que ce soit, cest un malin. - Quoi qu'il fasse, on ľaime bien, — II est bien recu, ou qu 'il aille. • Les autres sont introduites par quelque (invariable)... que ou quel (variable) que et concernent toujours des phrases ä verbe etre et au sub-jonctif, les premieres avec un adjectif attribut (qui s'intercale), les secondes incluant une proforme attributive {quel): toutes expriment un haut degré dans la qualification, mais dans un sens concessif (causalité déniée, XV: 2.2): Quelque patient que je sois, il vaut mieux que tu nexageres pas — Quelle que soit ma patience, ne me pousse pas ä bout. Remarques. — 1. Dans les deux exemples precedents le pronom que reprend non un GN mais un adjectif {patient ou quel). On peut en rapprocher le tour tout... que... (avec ľindicatif en princípe). Tous sont de simples variantes de celui qui a été décrit plus haut (2.2. ex.6}: Tout patient que je suis, je vais me fächer, 2. Ces relatives ne sont pas reconnues comme telies par la grammaire traditionneHe qui les ciasse purement et stmplement comme des propositions circonstancielies maigré ľabsence de veritable conjunction de subordination.