Séminaire de traduction Propositions de traduction - Le Conte paresseux/fainéant Il fut une fois un royaume. Il ne le fut qu’une fois parce qu’un royaume comme celuilà ne peut exister plusieurs fois. Le roi eut quelques fils mais il ne sut jamais exactement combien car tant que la reine était encore en vie, il fut paresseux à lui en poser la question et maintenant il était paresseux à les compter et il ne voulait pas poser cette question à des étrangers./Il était une fois un royaume. Il était seulement une fois car tel royaume ne peut se répéter/se reproduire deux fois. Le Roi avait plusieurs fils mais ne savait précisément combien car, quand la Reine était encore de ce monde, il était paresseux pour le lui demander/l’interroger à ce sujet et maintenant, il était paresseux pour les dénombrer et il ne voulait pas le demander à des inconnus. Parfois/Quelquefois, quand il n’était pas paresseux pour méditer/réfléchir, il se plongeait dans ses pensées. Mais aussitôt il oubliait pourquoi et ce sur quoi il s’était mis à réfléchir et au lieu de/plutôt que de faire l’effort de s’en souvenir/de se le rappeler, il se mettait à penser à tout autre chose. Plusieurs fois il se prit à réfléchir à quel fils/auquel de ses fils devrait lui succéder mais étant d’un naturel paresseux/en raison de sa paresse innée/congénitale, ses pensées glissaient/se tournaient/penchaient toujours vers quelque chose de plus aisé/de moins compliqué ou bien/alors il s’assoupissait en raison d’un tel effort/ou un tel effort l’endormait. Mais, une fois pourtant, il parvint à prendre une décision qu’il oublia, heureusement, d’oublier. Il prit en lui la décision/résolution que le plus paresseux d’entre tous ses fils deviendrait/serait roi/,lui, monterait sur le trône. Il manda de convoquer tous ses fils et pour ne pas oublier l’heure dite/quand il les convoquait/avait convoqués, il ordonna qu’ils vinssent/viennent/se présentassent/se présentent sur le champ/immédiatement/instantanément/tout de suite. Et tous ! Se présentèrent/Arrivèrent/Vinrent alors trois garçons/jeunes hommes bien gras. Le roi les invita à s’asseoir/prendre place. Il attendit sans rien dire/en silence un moment mais comme aucun/pas un seul autre garçon gras n’arrivait/ne se présentait, il dit : « Etes-vous tous bien là/Etes-vous bien tous là, mes chers fils ? » « Oui », répondirent les garçons/jeunes hommes. En entendant cela/A ces paroles,/Une telle réponse donna au roi l’assurance qu’il avait bien trois fils/le roi acquit la certitude qu’il avait bien trois fils et sa confiance en lui augmenta dûment/comme il convient/il se doit. Rien ne réduit/diminue/dégrade autant la confiance en soi/l’aplomb d’un homme que de ne pas être sûr/certain de savoir combien il a d’enfants. « Je vous aime tous les/tous trois d’un même amour/autant/pareillement », dit-il, une larme à l’œil/les larmes aux yeux. Mais il ne se mit pas à pleurer à chaudes larmes parce que pleurer à chaudes larmes fatigue énormément/donne beaucoup de peine/est très pénible. Puis il expliqua aux garçons qu’un royaume sans traditions est pire que, par exemple, une république avec traditions et que c’était précisément pour cela/pourquoi il léguerait le/son royaume et le/son trône à celui qui était en accord avec la tradition/par tradition/traditionnellement le plus paresseux. « Que l’aîné parle ! », conclut-il/dit-il pour finir/conclure. Les garçons se regardèrent l’un l’autre, attendant que l’un d’entre eux prenne la parole/lequel d’entre eux prendrait la parole. « Vous ne savez même pas lequel d’entre vous est l’aîné ?/Vous ne savez donc pas qui est le plus âgé ? », demande le roi. « Bah/Voyons, c’est qu’ça d’mande ben trop d’efforts d’s’en souvenir, papa », dit le plus gras. C’était un début prometteur/plein de promesses/Cela sonnait bien. Le roi montra/indiqua alors un de ses fils du doigt/pointa le doigt vers l’un de ses fils : « Eh bien, toi par exemple, commence…. Comment tu t’appelles…. Ouais/Bon, c’est égal/peu importe/c’est tout un. Parle ! » « Papa », commença le jeune homme, « moi, je suis très/extrêmement/fort paresseux. Je suis tellement/si paresseux que je dors les yeux ouverts. Fermer les paupières/mes mirettes/quinquets (pendant) la nuit et les rouvrir/ouvrir de nouveau le matin, tu admettras/admets donc que c’est peine perdue/une rude besogne/une corvée bien inutile. » Le roi restait/était assis, bayant aux corneilles/regardant dans le vide/au loin. Comme il restait silencieux depuis/resta sans dire mot pendant une heure, le deuxième fils se mit/commença à évoquer/parler de sa paresse. « L’autre jour, je me suis/m’étais assis près du foyer… », ânonna-t-il/bredouilla-t-il lentement, « … et mes bottes/godasses/croquenots ont pris/prirent feu et puis aussi les bas de mon pantalon/mes bas de pantalon. Eh ben, j’l’ai laissé riffauder, attendant de voir si j’ cramerais pas tout entier. J’me chu pas cramé. Ça/Il s’est arrêté/éteint aux chevilles/mollets. » Le roi bayait aux corneilles/regardait au loin. Une heure après/plus tard, le troisième prince prit la parole. Il parlait si paresseusement qu’il était à peine intelligible/compréhensible. « Moi, je dirais que ça, ce… haha/hé hé… comme si par exemple j’étais sous un gibet, hein ? Ouais/C’pas ? Et tiens… maintenant on m’tire sur… comment ça s’appelle… ma caboche se tient/se trouve/crèche sur c’te chose-là… tu vois c’que c’est/sur quoi, c’pas ?... Et maintenant quelqu’un m’donne un chourin ou bien/alors un couteau, hein ?… pour se… pour que j’me la coupe. Comme ils s’raient surpris… Ouais ! Ah ! la gorge, ça s’appelle la gorge… mais où est-ce que j’en étais ? » « Qu’ils s’raient surpris », dit/reprit le plus gras. « I s’raient surpris que j’me laisserais pendre ! Ha, ha ! Eh, papa, lever le doigt jusquelà, comme ça jusqu’à la gorge, pouah !... C’est qu’c’est un effort bougrement/drôlement/fichtrement grand… » Le roi était assis, bayant aux corneilles. Comme il ne disait mot depuis trois heures/ne prononça pas un seul mot en trois heures, les garçons commencèrent à se demander lequel d’entre eux serait roi. « Dis donc/Alors, papa, c’est qui le plus paresseux ?/lequel d’entre nous est le plus paresseux ? Qui montera sur/aura le trône/la couronne ? » Le roi cessa de bayer aux corneilles/de regarder dans le vide/au loin et dit : « J’étais trop paresseux pour vous écouter parler et maintenant je suis paresseux pour demander ce dont il fut/était question/de quoi vous avez/on a parlé. » Et il resta roi/régna encore de longues années parce qu’il était trop/bien paresseux pour mourir.