Lecture d'auteurs beiges 1 2014 Portraits des personnages pour les roles types du roman policier ä enigme Le roman Legitime defense, ecrit par Stanislas-Andre Steeman en 1942, presente une galerie de personnages, parmi lesquels plusieurs correspondent aux roles-types des personnages dans le roman policier ä enigme, tels que les presente Yves Reuter, dans son ouvrage Le roman policier1. Les quatre roles principaux rencontres generalement dans les romans ä enigmes sont ceux de la victime, de l'enqueteur, du meurtrier et du ( ou des) suspects. L'actualisation de chacun de ces quatre roles dans le roman de Steeman (dans les chapitres 1 ä 14) a ete examinee ci-dessous, en relation avec les indications theoriques presentes chez Reuter. 1) La victime Nous allons montrer comment le personnage de la victime correspond, dans notre roman, avec ce röle-type dans le roman policier ä enigme en general. Pour la comparaison, nous allons utiliser l'essai theorique de Yves Reuter: Le roman policier. Un premier aspect du personnage de la victime est sa disparition rapide, parce que, sans victime on n'aurait pas de recit. Dans notre roman, la victime, alias Judas Weyl, etait tuee dejä dans la deuxieme chapitre, au premier jour de la narration (p. 23, In : Legitime defense). Ainsi, I'enquete qui constitue la structure fundamentale du recit peut commencer. En ce qui concerne le caractere de Judas Weyl, nous ne faisons sa connaissance qu'indirectement. Grace aux autres actants, nous apprenons qu'il etait un personnage plutöt negatif. II etait riche et il aimait s'entourer de faste : « ...n'avaient plus d'autres buts dans /'existence que celui d'enrichir diverses collections de tableaux... 11 habitait, en bordure du Bois, une grande maison de style rococo... » (p. 18, in : legitime defense). Le journal annoncant sa mort disait qu'il etait « le dernier mecene » (p. 33, In : Legitime defense), mais cela n'etait pas ä fond la verite comme nous savons des dires de ses amis et proches : « Le musee Weyl regorgeait de toiles et d'oeuvres d'art achetees pour un morceau de pain. » (p.33, In : Legitime defense) Tout cela confirme la supposition que la victime a une haute valeur sociale et qu'elle est « ...dote de valeur dans le microcosme social considere. » (p. 48, In : Le roman policier) comme le presente notre document theorique. En relation avec presque tous les autres personnages, Judas se trouve dans leur centre. II etait ami de Noel, Belle et Renee (p. 41, In : Legitime defense), mari de Judith et pere de Joan. Le seul personnage qu'il ne connaissait pas etait bien evidemment le commissaire Maria. Meme si toutes les relations semblent intimes, la realite etait le 1 Yves Reuteur, Le roman policier, 2e ed. Paris, Armand Colin, 2013, pp. 47-51. 1 Lecture d'auteurs beiges 1 2014 contraire. Comme Judas seduisait Belle (p. 14, In : Legitime defense), Noel n'estimait probablement pas beaucoup leur amitie. Avec sa fille, Weyl se trouvait « en perpetuel conflit» (p. 64, In : Legitime defense). De plus, il etait coureur des jupons ( « ...avait beau etre a sa facon une sorte de don Juan, nous aurons vite fait le tour de ses relations feminines » p. 118, In : Legitime defense) et sa femme en souffrait : « .../'/ m'imposait chaque jour un nouveau lien. Quand je criais enfin, il etait trop tard. » (p. 74, In : Legitime defense) Deux autres personnes avaient des relations conflictuelles avec lui : Abdon Chambre (57), son secretaire etait en relation avec sa fille ce qui ne rendait Weyl pas du tout content. Ensuite, Klein qui lui a demande une faveur, mais sans succes ä cause de sa cupidite (p. 126, conflictuelles). Pour conclure, nous pouvons dire qu'il ne respectait pas beaucoup les autres hommes. II etait avide d'argent et il voulait profiter de toute occasion pour s'enrichir (p. 75, In : Legitime defense). Le personnage de Weyl represente de facon adequate les caracteristiques du role de victime. Pour recapituler, voici ces points principaux: la victime disparaTt de la scene pour laisser place ä l'enquete. Ä partir de ce moment-lä, on ne I'evoque plus qu'au travers des autres personnages. La raison de sa mort est souvent mise en relation avec son mauvais caractere et ses faits mechants. La victime est en relation directe ou indirecte avec tous les autres personnages. Nous connaissons ainsi non seulement leur relation avec la victime, mais aussi des relations entre eux-memes grace aux dires de ceux-ci. Dans ce roman-ci, le role de victime correspond notablement avec les traits definis par la theorie. (Barbora Kosäkovä) 2) L'enqueteur Le commissaire Maria est un des personnages principaux du livre « Legitime defense » d'apres lequel un film « Quai des Orfevres » a ete adapte. Ce livre est ecrit par I'auteur beige Stanislas-Andre Steeman en 1942. Nous allons done analyser le personnage de l'enqueteur Maria qui represente un role-type du roman policier a enigme. Cette analyse sera soutenue par le document theorique qui s'appelle « Le roman policier » et qui est ecrit par Yves Reuter. D'abord, selon le document theorique « La victime etant hors jeu et le coupable se dissimulaient, l'enqueteur occupe, avec les suspects, le devant de la scene. »2, ce qui correspond a la situation dans le livre. Le commissaire Maria n'apparaTt qu'au chapitre VII. Avant, le lecteur fait connaissance avec lui par le journal ou par les mentions des autres 2 citation du document theorique : REUTER,Yves: Le roman policier, Armond Colin, 2013 2 Lecture ďauteurs beiges 1 2014 personnages. En ce qui concerne la presence du commissaire par la suite, il n'apparait qu'avec les autres personnages, essentiellement quand Noel est present. Le commissaire est un personnage essentiel du roman á énigme, car I'auteur nous décrit, grace au commissaire, le déroulement de 1'enquéte, selon la théorie. Mais dans notre roman, nous pouvons remarquer que les lecteurs sont accompagnés dans le roman par Noel Martin. Par exemple, dans le chapitre XIV, le probléme de Klein est décrit aux lecteurs par le dialogue entre Klein et Noěl, chez Noěl, et c'est seulement aprěs que le commissaire Maria entre en scene. Par rapport au document théorique, Maria est commissaire : il n'est done pas hors de I'institution policiěre. Par contre, son apparence physique correspond au document théorique. «II devait peser dans les cent kilos et sa courte ascension I'avait visiblement essoufflé. »3\\ a done des problěmes physiques, mais il ne prend pas de risques physiques done cela ne pose pas des problěmes. Mais en ce qui concerne ses capacités intellectuelles, le commissaire est au-dessus des autres personnages principaux et il fait sentir cela aux autres personnages. Je le cite : « Je ne le suppose pas, j'en suis sur ! »4. II est done sůr de sa vérité et il montre que c'est lui qui est plus fort. II faut, en plus, mentionner I'objet typique du commissaire : le chapeau. Enfin, il faut s'interesser á ce que le commissaire fait, il observe, écoute et pose des questions, ce qui correspond au document théorique. Mais nous voyons que, á la page 115, pendant le discours avec Noěl, il lui dit beaucoup de choses. Mais ce bavardage n'est pas un trait caractéristique du personnage de I'enqueteur. Pourtant, nous pouvons supposer que par ce trait approprié du commissaire, I'auteur du roman joue avec les personnages et les lecteurs á un jeu ďéchees. II veut savoir ce que les personnages sont capables de maitriser. En conclusion, le personnage du commissaire Maria est un personnage typique du roman á énigme et il correspond á la description presentee par le document théorique. Pourtant, nous avons pu remarquer quelques differences. (Kateřina Poláková) 3) Le meurtrier Un des personnages les plus importants est le meurtrier sans lequel I'histoire n'aurait pas de sens. Ce livre est percu surtout par les idées et le comportement de Noel qui se trouve á la place du crime. Le probléme se pose au moment oú il pense qu'il est celui qui a commis ce crime. On peut voir les deux points de vue, celui du lecteur qui sait que Noel est innocent et celui de Noel qui est persuade que son geste a cause la mort de Weyl. {Noel s'en .... Frappa. p. 23} 3 citation du livre : STEEMAN, Stanislas-Andre : Legitime defense, Labor, 1999 - p. 60 4 citation du livre : STEEMAN, Stanislas-Andre : Legitime defense, Labor, 1999 - p. 132 3 Lecture ďauteurs beiges 1 2014 En general, le meurtrier en un individu isolé. II est toujours en relation avec la victime et la plupart du temps avec les suspects aussi. Cest un « amateur» qui n'est pas du tout quelqu'un de plus intéressant que les autres. {II ne s'agit.... culpabilité. p.50} Ses motifs varient, certains concernent le manque de choses matérielles, d'autres leurs traits de caractěre. {Ses mobiles.... Justice, p. 50} Les méthodes qu'il utilise varient selon son motif. {Les moyens.... Sophistiqués. p. 50} II y a des cas spéciaux qui n'apparaissent pas fréquemment oú il y a plusieurs meurtriers {II peut ětre multiple, p.51} ou il n'y en a aucun. {En effet.... Du tigre. p.56} Noel, le personnage qu'on prend pour le meurtrier est peintre. Présenté comme un homme jaloux, il est marié depuis longtemps á Belle, femme jolie et séduisante. Děs le moment ou il frappe Weyl á la téte avec un maillet, il se considěre comme un meurtrier {Je suis meurtrier! p.24} et, pendant toute I'histoire, il invente des alibis pour ne pas étre accuse. Au moment de I'enquete, c'est la nervositě et le peur qui I'accompagnent. Premiěrement, il s'assure qu'il n'a perdu aucun objet personnel en flagrant dělit {Restait... personnel, p.24..} et qu'il a son seul alibi en forme de petit ticket de cinema. {Sinon.... gilet. pp.26-27} Quelques jours aprěs, quand il rencontre Renée, une amie de Noel et Belle, elle lui offre une proposition imaginaire pour assurer leurs alibis. {Vous eussiez.... Fourni un alibi? p. 41} Au moment ou I'enquete commence, Noel sent un peu menace. II est le premier qui est interrogé par le commissaire Maria. Tout va bien, Noel assure son alibi {Non, je suis allé.... place de la Bourse, p.67} et I'alibi de sa femme sans problěmes. {Elle a pris.... de la rue du Mail. p.67}, Mais les mots ne désignent rien pour Maria. II revient chez les Martin pour questionner Belle aussi. Quand Noel les interrompt, la situation semble curieuse. II defend sa femme quoiqu'il doute de son innocence. {Et vous avez.... d'examen, oui. p.84} En méme temps, il veut garantir son alibi par le ticket qu'il pense se trouver dans sa poche, mais au moment de la presence du commissaire il ne peut pas le trouver. Lá, on peut voir le comportement curieux de Noel; il essaie de défendre tous les gens autour de lui, sa femme, Renée, Klein qui pourraient étre éventuellement les coupables, au lieu de se défendre lui-méme. Nous pouvons admettre que Noel est plein de curiosité est c'est ce qui rend la lecture du roman intéressante. En comparant Noel avec un meurtrier « académique », I'auteur a suivi le modele de ce personnage. II n'est ni riche, ni beau, ni quelqu'un ďimportant; étre artiste ne signifie aucun emploi de prestige. Les techniques utilisées par I'auteur sont classiques; la jalousie qui est un motif de ce roman présenté děs la premiére page de ce livre et qui est une caractéristique sur laquelle cette histoire est basée et un maillet, instrument des meurtriers utilise comme arme pour frapper la victime. « Legitime defense » se présenté comme un roman policier classique, mais nous sommes sůrs qu'il apporte quelque chose de nouveau á chaque lecteur. (Katarína Cvancigerová) 4 Lecture d'auteurs beiges 1 2014 4) Les suspects L'objectif de ce travail est d'analyser un de ces roles, notamment 'les suspects', dans le roman policier de Steeman 'La legitime defense'. Ce role est tenu par trois personnages dans le roman : Joan, la fille de la victime, Abdon Chambre, son amoureux et en meme temps le secretaire de la victime, et Klein, un peintre et une connaissance de la victime. Selon le texte theorique, ce que nous savons de ce role est que '...ils occupent, avec le detective, le centre du texte. Chacun est un suspect pour I'autre et pour le lecteur. Et c'est un des suspects qui est, de fait, le coupable' ('Les personnages', p.51). Nous allons done verifier, si ces traits sont appliques dans le roman. Avant de traiter les personnages, on doit mentionner que la condition 'un de ses suspects est coupable' ne s'applique pas a ce roman, parce que le lecteur sait deja qui est le meurtrier. Lorsque les deux premiers personnages fonctionnent ensemble, ils seront egalement presentes ensemble. Ensuite, nous presenterons Klein. Les personnages de Joan et d'Abdon apparaissent dans le roman juste a partir du chapitre VI, au courant de I'enquete, done apres que le meurtre a ete commis. Ces deux personnages fonctionnent ensemble, e'est-a-dire qu'ils sont lies : 'la police n'ignore plus rien des tendres sentiments qu'elle nourrit pour Abdon Chambre, le secretaire de son pere' ('La legitime defense', chapitre VI, p. 56). Ils sont done amoureux et evidemment ils vont se proteger I'un I'autre. Cependant, ils n'ont pas d'alibi solide : '...ni Joan, ni Chambre ne peuvent justifier de leur emploi du temps, la nuit du crime, de facon satisfaisante' ('La legitime defense', ch. VI, p. 56). Toutefois, il est encore possible de les analyser separement en terme de motif et d' alibi. Joan semble avoir un motif direct: '...Joan, qui a toujours deteste son pere - n'avait pas interet a sa disparition' ('La legitime defense', ch. VI, p. 57). Concernant son alibi, elle declare 'avoir dine en route, dans une auberge dont elle ignore I'emplacement exact et le nom' ('La legitime defense', ch. VI, p. 57). Abdon a aussi des motifs pour tuer son chef : 'Abdon avait un passe charge' ('La legitime defense', ch. VI, p. 56); 'Abdon lui doit une petite fortune' (ch. VI. P. 58). Son alibi est aussi peu credible que celui de Joan : 'il pretend s'etre couche a neuf heures et avoir dormi d'une traite jusqu'au matin' ('La legitime defense', ch. VI, p. 57). Ils sont done des 'bons suspects', mais le lecteur ne les soupconne pas tellement, parce qu'il sait qui est le vrai meurtrier. Un autre trait du role des suspects propose par le texte theorique - 'chacun est un suspect pour I'autre et pour le lecteur' - ne convient pas completement dans ce cas-la, puisque le lecteur, comme e'etait deja mentionne avant, ne les soupconne pas, eux-memes 5 Lecture d'auteurs beiges 1 2014 ne se soupconnent non plus, les autres personnages, sauf I'enqueteur, ne les soupconnent pas. Le 'suspect' suivant qu'on va analyser ici est Klein, connaissance de la victime et du meurtrier, un peintre pauvre, dont la femme vient de mourir. On peut dire qu'il a des motifs pour tuer Weyl : il voulait reprendre sa toile qu'il a vendue a Weyl quand il n'avait pas d'argent et Weyl ne voulait pas la lui revendre : 'Mais j'ai achete regulierement cette toile, elle vaut aujourd'hui cent fois ce que je vous I'ai paye, elle vaudra plus encore un jour. De toute facon, je n'ai pas I'intention de m'en defaire' ('La legitime defense', ch. XIV, p. 129). Dans ce cas-la on peut aussi dire que ni le lecteur ni les autres personnages, sauf I'enqueteur, ne le soupconnent: 'Niez tout!' - dit Belle, un autre personnage ('La legitime defense', ch. XIV, p. 129). En conclusion, on peut dire que I'hypothese sur le role des suspects pour ces trois personnages qui est presentee dans le texte theorique ne semble pas se confirmer, parce que circonstances de ce roman particulier donnent I'impression d'etre differentes des circonstances plus generales indiquees par la theorie : on paraTt connaTtre deja le meurtrier, les suspects ne se soupconnent pas I'un I'autre, personne parmi les suspects analyses ne semble etre coupable. (Hanna Mykytyn) 6