TO 2 Literature amerinditnne du Quebec sakihitin*. Au passage de ces mots, la nature sen acca-pare et se nourrit avec allegresse.Timidement, une petite brise nocturne vient de me lancer un defi arnica!... Je menveloppe d'un aripikoraf* pour me tenir au chaud. Debout face a I'Est, je termine cette ccremonie par un rituel d'usage. Une derniere fois,je crie... Kir ni Manitom***. Ni kicteriten ni coweriten kitici- Seule la fumee qui monte indique une presence. Je ramasse les branches seches et les mets sur la braise. Je souffle sur la braise et la lumiere est. Comme la coutume le veut, je mets une poignee de tabac sur le feu. Les etoiles semblent me faire des clins d'ceil. La position de rnatotasiioatekw^ symbolise beaucoup de nos croyances. Tambour, donne-moi la note pour chanter ma chanson du courage. Oui... vraiment je me sens bien. {Binderies sur mocassins, Cfiicoutimi JCL, 1988, p. 48-49) Je t'aimeen atikamekw. Couverture en atikamekw. Toi, mon Createurtn atikamtkw. Je respecte et j'aime ton nam en atikamekw. Sudation cn atikamekw. Poemes 103 Myra Cree Ne'e en jyjy, Myra Cree est originaire de Kanesatake (Oka) oil elle detneure encore aujourd'hui. Sa carriere d'animat rice pour la radio de Radio-Canada lui vau/ plusieurs prix et distinctions. Les deux satires qui suivent fontpartie d'une se'rie intitulee Les bouts rimes de Myra Cm,publiee duns la rexwTeHes cn vues entre rpgj et 1996 comme une sorte d'tditorial alternatif. Mym Cree y etale tout son humour, son ironic, son eloquence, sous un mode satirique, caricatural cu pamphlet aire. La fete a Arthur Flaubert disait «la vie nest tolerable qu'avec [ une marotte» ; Les autochtones furent et demeurent [ celle d'Arthur Lamothe. Sur son sujet de predilection, Arthur est disert, Nest pas ne celui qui le rerait taire. Impermeable aux «tu nous les bassines avec [ tes Innu », tu nous escagasses*. Micux que le Seigneur, Arthur est parmi nous [ — plus efficace. Quittant sa Gascogne natalc, comment aurait-il pu [ imaginer 1'extraordinaire aventure Qui I'attendait au Quebec, en cette terre [ d'amerindienne culture ? Comment pouvait-il deviner qu'il prendrait les Montagnais en plein cceur Dans ce pays qui les avait plutot sur le cceur? Qu'il deviendrait le chantre de leur histoire, Le depositaire de leur memoire? Escagasser signirie assoinmcr (regionalisme du Sud-Est de la France). 104 Literature amerindieiine du Quebec Aux vues imprenables sur bouleaux et epinettes, 11 a prefere leur paysage interieur, leur petite [ musique secrete, Temoignant des injustices dont ils etaient victimes, Leur accordant demblee ce que d'autres | leur refusaient: ioi et estime. Un createur, dit-on, est son ceuvre : Arthur en est la vivante preuve. Dans l'attente qucclate Le Silence des fusils* Nous avons fait la fete a notre noble ami, Nous permcttant meme de taquiner [ ce grand distrait Qui a frole le decor d'un peu trop pres, Lui rappelant affectueusement que mieux vaut [ vin et cote d'amour assuree Que ravin et cotes cassees. {Terres en vues, vol. 3, n' 2,1995, p. 22) Mon pays reve ou la PAX KANATA Mon pays reve commence, a 1 evidence, au lcndemain d'un ultime referendum, unc fois le « verduct rendi» pour ecrire comme l'ineffable Jean Chretien parle. I .';iutonomie nous est acquise, nous avons notre propre Parlement, il y a dorenavant trois visions de ce pays. Poemes io5 Au Quebec, on est copains comme cochons avec [ la communaute francophone qui sest mise a letude des langues autochtones. Nos reserves, sur lesquelles nous en emettions tant, sont devenues des colonies de vacances et nos chefs, qui se repartissent egalement entre homines et femmes, de gcntils organisateurs. A Kanesatake, ou j'habitc, y'a du bouleau et du pin pour tout le monde. Le terrain de goll a disparu et tous, Blancs et Peaux-Rouges (je reve en [ couleurs) peuvent, tel qu'autrefois, profiter de ce site [ enchanteur. Nos jeunes ne boivent plus, ne se droguent pas, la scolarisation a fait un bon prodigieux. Tout va tellement bien dans nos families (il n'y a plus trace de violence) que 1'association Femmes autochtones du Quebec sest recyclee en cercle litteraire. Le Deuxieme sexe de Simone de Beauvoir vient d'etre traduit en mohawk ; I'XYde ridentite masculine, d'Elizabeth Badinter, devrait letre en montagnais pour le Salon du livre qui se tiendra a Kanawake, et L'Amant de Duras, en inuktitut (ca va degivrer sec dans les iglous). II est question que Marie Laberge soit jouee en cri et Denys Arcand s'apprete a tourner [ unc comedie musicale, musique de Pierre Letourneau, inspiree de la vie [ d'Ovide Mercredi, qui a accepte de jouer son propre role. Titre provisoire : Je veux t'aimcr tous les jours [ de la semaine. * Titrc d'un film d'Arthur Lamothe. Liítératurc amérindienne du Quebec Bre£ c est beau comme 1 antique, tout le monde il est content, tout le monde [ il est gentil, on est trěs bien TRAITÉ. Je me pince pour y croire, trop fort sans doute, car cest ä ce moment-lä que je me suis réveillée. Avec mes meilleurs vceux, que lan prochain, si nous ne sommes pas plus, nous ne soyons pas moins. (Terrcs en vnes, vol. 3, n 4,1995, p. 23) Poéntes Jean Sioui Jean Sioui, né en 1948, est Wen dat (Huron), 11 demeure ä Wendake oy il coneoit desprojets pour promouvoir lecrituri'par ks Amérindiens. Le langage simple, clair et con cis de Jean Sioui, perme t au lede ar ďinterpréter ses Pen sees wen dates de multiples faeons. Comme des maximes, eltes deviennent universelles et rappellent a choc un d'etre ä lécoute de l'environnement, de porter une attention partkuliěre aux moindres details de la vie. lie pas de ['Indien]* Le pas de f Indien est léger son empreinte est inefFacable (Le Pas de llndien. Pen sees wendates, Quebec, Le Loup de Gou triefe, 1997, p. 12) [Garde le silence] Garde le silence si tu crains que le vent n'emporte tes paroVes au mauvais endroit Arrete-toi un moment ecoute les bruits de la foret regards la hauteur des arbres respire l'odeur du bois touche la fraicbeur du sol et repars enivre de vie (Le Päs de llndien. PetiséeS ivendates, Quebec, Le Limp de Gouttiere, 1997, p, 50) Les litres emre crocheta; um été ajoutés pour rendre les extraits plus faci-IcmeElt reparables. Litt&rature amerindierme du Quebec [Le brin de paille] Le brin de paille foule a tes pieds ne te semble ricn mais loge dans lceil par un leger vent il epargne le chevreuil du tir du chasseur aveugte (Le Pas de f'Indien. Pensees wendates, Quebec, Le Loup de Gouttierc, 1997, p. 51) fl.c bon chasseur] Le bon chasseur sait ecouter les bruits de son territoire Le bon pere sait ecouter les bruits de sa maison {Le Pus de f'Indien. Pensees -wendates, Quebec, Le Loup de Goutticre, 1997, p. 53) [J'avais un bel arbrel J'avais un bel arbre devant ma maison je meditais a lbmbre de ses branches un grand vent brusque Pa fait tomber II m'a manque longtemps Aujourd'hui je me souviens de lui en regardant les pousses nouvelles a 1 endroit meme ou il etait I'oi'r/ns 109 Mon peuplc est semblable je sais qu'il survivra [Le Pas del'Indien. Pensees wenda/es, Quebec, Le Loup de Goutticre, 1997, p. 34) [Dans ces temps] Dans ces temps on nous donne des droits artiflciels sous reserve Dans nos temps on possedait des droits naturels sans reserve (Le Pas de ilndicn. Pensees WentbtSS, Quebec, Lc Loup de Goutticre, 1997, p. 73) [Lorsque tu es venu) i-/Orsque tu es venu tu as ete accueilli tel que tu etais Parce que tu es reste tu nous a voulus tel que tu etais Nous ne voulons pas que tu partes mais nous serons toujours tels que nous sommes (Le Pus de/'hidien. Pensees ■wendatcs, Quebec, Le Loup dc Goutticre, 1997, p. 76) Littérature amérindienne du Québec [Ä taňte Lucia] Ä taňte Lucia, je dis: Assise dans ta berceuse ä la cuisine tu perlais des mocassins ä la journée longue ton éternelle pipe au bec bourrée du tabac que tu avais haché Tes silences me parlent encore {l.e Pas deľlndien. P/nsées wendates, Québec. Lc Loup de Gouttiere, 1997, p. 85) [On nous a longtemps percus bien calmesl On nous a longtemps percus bien calmes on nous a longtemps trouves bien silencieux C'est le naturel de notre peuple Aujuurd'hui on nous accuse de vouloir parler (if Pas de I'lndicn. Pensees wendates, Quebec, Le Loup de Gouttiere, 1997, p. 92) IU11 jour] Un jour, un sage me dit: J'ai parle et la nature meme sest rue Jecoute la cet homme qui veut parler mais un klaxon me dit qu'il faut avancer {Le Pas dc t'lndien. Pens/res Wtmdatf*, Quebec, Lc Loup dc Gouttiere, 1997, p. 99) Poimes in Sylvie-Annc Sioui-Trudel Wcndat (Huronne) d'originc, Syhie-Anne Sioui-Trudel nait en /05Ö. Elle vi/ a Montreal od eile dirige sa propre compagnie: Aatacntsk Masques &. Theatre. Les poemes de Sylvic-Anne Sioui-Trudel degagent une barmo-nietat musicalitefonde'e sur divers procedes stylistiques tela I'asso-nance, I'alliteration, la rime, les jeux dc mots. On comprend quelle les integre sans difficulte dans ses pieces de theatre, pour quils vivent intense'ment sur la scene interpre'te'spar des comediens. Plomb et azur Des mains pointant I'honzon Des yeux percant le temps Trois outardes crispées en sang Ont entendu leclat tueur Out attend téte-béche Dans la boue des marécages Silence partout A bout portant Fusil claquant Charge d'acier L'aile plombéc La pluie de sang La neige perdue On ncspere plus Regard ďun pere Silence d'un nom Silence dune mere Et sur leur front s'inscrit mon nom {Ecrire centre le racism,-: kpouvoirde fart, Montreal, Les 400 coups, 2002, p. 44)