Sociülecte de la uille de Brno (traduit du tcheque par RIena PODHORNfl-POLICKFI) nahe KRCriOUR < Uniuersite Masaryk / krcmouaHiphil.muni.cz > Lors d'une conference qui se tient ä Brno et qui a pour sujet l'etude des sociolectes, un linguiste - surtout un Tcheque - ne pouvait pas se passer de traiter un sujet concernant le hantec parmi les themes proposes. Le hantec est un parier specifique ä cette ville : il s'est forme dans des conditions sociales et nationales propres ä Brno ä partir d'un parier forme dans un passe eloigne, qui a su renaitre malgre une modification des conditions socio-culturelles lors des decennies suivantes et il est toujours vivace aujourd'hui. II fonctionne me me comme Symbole identitaire de la ville. Proposons d'abord un eclairage sur ce qu'est le hantec. En ce qui concerne ses racines, il peut etre decrit sans aucun doute comme sociolecte c'est-ä-dire un parier substandard caracteristique d'un groupe social particulier. Vu la tradition linguistique, les etudes sur le hantec sont amenees ä cibler son cote lexical : on recherche les etymologies des lexemes, on s'interesse ä ses caracteristiques phonologiques et (dans le cas des langues flexionnelles) morphologiques, voire meme formelles. Les sociolectes vivants, eventuellement naissants, sont limites en realite ä l'etude synchronique ; les sociolectes historiques - comme par exemple les parlers des metiers - proposent en plus une observation du processus de leur mort lente qui va de pair avec la disparition du metier lui-meme. Or, reste ä l'ecart une analyse du groupe social qui l'utilise et qui - ä la difference des faits proprement langagiers - permet une differenciation entre les jargons professionnels et l'argot sociologique, eventuellement encore entre l'argot au sens etroit (c'est-ä-dire le parier des groupes marginalises par la societe ou qui se differencient sciemment de cette derniere). Cette differenciation, ä laquelle s'ajoute une differenciation terminologique, n'est malheureusement pas pratiquee dans toutes les approches linguistiques. Le hantec de Brno est, dans cette perspective, un peu particulier : en effet, on peut observer ä la fois son etat actuel, y compris les dessous sociaux et les applications communicatives, et son passe de plus de cent ans, au moins dans certains de ses traits. Quoique discordants ä l'oreille par rapport au tcheque standard, les moyens d'expression du hantec ne sont pas un melange aleatoire : en ce qui concerne le lexique, il s'agit d'un amalgame qui trouve ses racines geographiques, sociales et politiques dans la ville meme. Le hantec a pourtant encore ses specificites en phonetique, en phonologie ou en morphologic Si l'on ne parle pas des specificites au niveau de la syntaxe phrastique ou © Sociolecte de In u i 11 e de Brno Karie KHCHOUH suprasegmentale, c'est seulement ä cause du fait qu'il s'agit ďune varieté d'un discours spontane dont la construction phrastique est difficilement comparable avec les textes écrits qui servent de base de connaissance de la syntaxe dans différentes langues. Le hantec ďaujourďhui porte en lui ľhistoire de la ville ainsi que son actualité, il se transforme sans prendre en compte revolution du tchěque standard ni sa codification et peut méme, comme récemment, se trouver en opposition envers eile. II a ses périodes ďépanouissement et ďaffaiblissement, de 1'intérét concentre et de ľindolence. Dans cet aspect, sa vie est analogue ä la vie d'autres langues. Sa phase la plus ancienne, surnommée « le parier de plotna [lit. fourneau] », passait d'une generation ä ľautre de facon naturelle, sous forme de différents lexemes univerbaux ainsi que pluriverbaux dans la communication spontanée en famille ou entre amis. Dans un groupe de pairs, ses spécificités vieillissent et, dans d'autres, elles se renouvellent. Dans ces mémes groupes, il remplit également le rôle principal : fonction langagiěre qui soude le groupe et qui le différencie des autres. Les Brnois qui ne sont pas membres de ce groupe connaissent certaines expressions mais ne sont pas porteurs de ce parier spécifique. Au contraire, ils ne se rendent souvent méme pas compte qu'une certaine expression qu'ils utilisent est particuliére ä Brno {hákovat, hoknit « bosser », zacálčit/zacólčit « claquer les sous », gample « champignons » ; les expressions courantes pour certains quartiers comme, par exemple, Kénig / Kénik « quartier de Královo Pole », stati « centre-ville »). Revenons maintenant aux sources de ce parier. Le parier spécifique de Brno le plus anciennement attesté est designe comme le parier de plotna, c'est-ä-dire celui ďun groupe ä la marge de la société ďune ville industrielle, auquel appartenaient les gens peu ancrés ďun point de vue social, les travailleurs manuels, souvent occasionnels, susceptibles ďenfreindre la loi. Ces groupes étaient traditionnellement formés par de jeunes hommes qui avaient (ä la difference des filles) une liberté plus grande en ce qui concerne la possibilité de se regrouper. Iis passaient leur temps au travail, s'ils en avaient un. lis n'avaient pas ďintéréts culturels plus intellectuels et passaient leur temps libre dans les bistrots ä boire ou ä discuter de tout et de rien. Cette marge de la société existe dans chaque grande ville, son parier existe certainement dans d'autres plus grands centres industriels aussi et il est trěs éloigné de la forme cultivée de la langue nationale ä laquelle inclinent les gens plus instruits. Une partie des expressions qui étaient notées pour le parier de plotna (plotňáčtina) correspond aux situations communicationnelles décrites supra ; par une sorte de désinterprétation, elles sont comprises comme typiques de ce parier ancien ainsi que de celui du hantec ďaujourďhui : les denominations des activités non-cultivées telies que la thématique de ľalcool, des activités sexuelles - bref, toutes ces thématiques que les couches sociales plus élevées se refusaient de traiter. La ville de Brno avait des conditions spécifiques pour la creation du parier spécifique plotna : malgré son caractěre industriel depuis le 18e siěcle, il restait toujours relié ä son entrourage rural oú existaient les dialectes de Haná, remarquables par rapport ä la langue standard. D'un côté, ces dialectes influencaient le sens et la forme de mots qu'on trouvait également ailleurs en Moravie (udělě to - en tchěque standard : 'udělej to' « fais ca ! », má nakopený - en tch. st. : 'má nakoupeno' = lit. : « il a fait ses achats », ici plutôt au sens d'« il est saoul », ščasné - en tch. st. 'šťastný' « heureux ») et ils introduisaient des mots dialectaux dans le sociolecte (ščukat/štukat - en tchěque standard : 'skytat' « avoir le hoquet », podělat něco - en tchěque standard : 'udělat' « faire (un bout de travail) », zdělat něco - en tchěque standard : 'sundat' « décrocher » et beaucoup d'autres). De ľautre côté, ces dialectes ont influence la variation de la forme phonique des mots. Section Rrgotologie generale Dans cette derniěre, les aspects dialectaux et standard se mélangent (voir supra). Ces particularités surgissent uniquement en comparaison avec le tchěque standard ou le tchěque commun1. Un facteur important de la spécificité sociolectale est le caractěre bilingue de la ville dans les époques précédentes : 1'administration et la bourgeoisie étaient allemandes ; pendant longtemps la scolarité élémentaire était également allemande : méme un Tchěque savait lire et écrire uniquement en allemand - et encore, s'il en avait vraiment besoin. Ce n'est que depuis les derniěres décennies du 19e siěcle que la bourgeoisie tchěque commence á se former, notamment autour du Lycée slave. L'existence de 1'élément allemand, á lui seul, n'aurait pas pu donner naissance á ces spécificités parce que cette influence était fréquente dans les villes tchěques (la population allemande habitait Brno depuis la fondation de la ville). La spécificité brnoise a été conditionnée par le fait qu'il existait un bilinguisme total des couches sociales inférieures ainsi que de la population rurale. Un bilinguisme au moins passif était (disons) nécessaire pour la survie dans la ville. Cette situation s'est écroulée définitivement seulement aprěs la creation de la Tchécoslovaquie. L'influence de 1'allemand a été renforcée par le lien créé entre Brno et Vienne en tant que centre culturel le plus proche, cette derniěre étant considérée comme une ville socialement différenciée : les couches inférieures de Brno ne pouvaient avoir de contacts qu'avec la pěgre viennoise et étaient ainsi influencées par une varieté régionale de cette langue, tandis que les gens instruits y acquéraient 1'instruction et s'identifiaient avec 1'allemand cultivé. Les influences allemandes sur le tchěque étaient refusées á partir du 19e siěcle, cependant uniquement dans le cas des gens instruits qui, par leur expression en tchěque, manifestaient leur orientation nationale. Tout ce qu'on mentionnait jusque-lá était vrai non seulement pour la société marginalisée mais également pour ďautres couches citadines ; méme les gens instruits utilisaient beaucoup ďexpressions ďorigine allemande dans le cadre familial : au printemps, on « faisait le ménage » : rámovalo se2, dans les « bonnes » families, on embauchait une « bonne » : štumédla3 et une « garde d'enfants » : kindrmédla4, une laveuse lavait le linge dans une « buanderie » : vaškuchla5, etc. Nous répertorions ici expres des expressions dérivées de 1'allemand afin de montrer que les racines des mots allemands entraient dans le systéme morphologique tchěque, voire méme dans son sous-systěme dialectal. II ne s'agissait done pas de 1'allemand au sens propre du mot. Pour certaines expressions, leur utilisation était fréquente également en dehors de Brno (gábl « casse-croůte », štrikovat « tricoter », necovat « crocheter », pucovat « nettoyer », etc.6). Nous n'avons malheureusement aucune preuve éerite de cette forme originále du parler de la ville. Ainsi, il ne nous reste qu'á déduire sa forme á partir des stylisations fortuites rencontrées dans la littérature ou encore á partir de souvenirs. Or, une source éerite existe pour le parler des couches marginales de la société, ceci grace á un ouvrage ďO. Nováček qui s'intitule Brněnská plotna [« Fourneau » de 1) Le tcheque commun est une Variante interdialectale du tcheque non standard (note de la traductrice). 2) Ramovat vient de l'allemand (außräumen, de meine sens (note de la traductrice). 3) Stumedla vient probablement de l'allemand : die Stube « chambre, piece » et das Mädchen « mademoiselle » (note de la traductrice). 4) Kindrmedla vient de l'allemand das Kindermädchen, de meme sens (note de la traductrice). 5) Vaskuchla ou vaskuchle vient de l'allemand die Waschküche, de meme sens (note de la traductrice). 6) Les quatre expressions viennent de l'allemand, ä savoir des mots : gabeln (« casse-croüter »), stricken (« tricoter »), das Netz (« un filet »), putzen (« nettoyer ») (note de la traductrice). Sociolecte de In uille de Brno Marie KHCHOUH Brno] (1929) et qui comporte un petit dictionnaire. C'est justement cette liste des mots qui a mené ce sociolecte en dehors de son encerclement communicatif groupal et qui a permis de créer « une image » de ce parier pour un spectre plus large ďintéressés. Cette image est, fort probablement, assez déformée puisque l'auteur a pu se limiter uniquement ä ses enquétes auprěs des locuteurs et une recherche complexe n'a pas été possible, ce qui a été du ä une relative fermeture du groupe : en effet, ce groupe n'existait plus réellement lors de la publication de l'ouvrage. Mais cette recherche approfondie n'etait pas, non plus, dans l'intention de son auteur. Datant de cette époque également, 1'idée que le parier du « fourneau » a été un vrai argot, c'est-a-dire un parier volontairement cryptique, s'est figée progressivement. Si Ton prend en compte le parier d'autres couches de la société, exposé supra, nous pouvons douter du bien-fondé de cette idée recue. Une evolution se fait remarquer děs la creation de la Tchécoslovaquie indépendante en 1918 : les ethnies commencent ä se séparer les unes des autres, la population citadine se présente comme exclusivement tchěque, tout en écartant les mots issus de 1'allemand et en évitant cette langue grace ä 1'enseignement élémentaire en langue tchěque. Elle écarte également les traits du dialecte qui semble « rude » pour un vrai citadin et, comme il s'agit ďun dialecte de Haná, également comique. Les sujets tabouisés ne sont, bien évidemment, plus traités en public, ce qui implique que de nombreuses expressions affectives, voire méme vulgaires, si typiques des marginaux, ne sont plus recherchées auprěs ďeux. Or, les couches sociales basses persistent dans un usage non-contröle du langage, les bandes, essentiellement masculines, continuent ä utiliser leurs parlures sans se soucier d'une quelconque reference ä une culture de la langue standard. Les petits mots de l'ancien « fourneau » amusent, les récits deviennent ainsi plus intéressants et, de plus, il est possible de créer de nouvelles expressions sur leur modele et ces derniěres peuvent passer du statut de mots d'auteurs aux mots collectivement utilises. L'heritage survit alors, méme si cela ne suscite pas 1'intérét du public scientifique. Bien évidemment, quelques mots isolés passent méme dans l'usage des gens en dehors des groupes de pairs, ä cause de leur caractěre original ou insolite. A la difference des parlers professionnels, ou l'expression va de pair avec la notion, le contenu notionnel n'est pas trop complexe ici, il est communément acceptable et ceci provoque une installation rapide de l'expression en question. Une nouvelle vie n'est redonnée ä ce parier traditionnel qu'au moment ou ce dernier se met ä inspirer le parier des bohěmes-branchés de Brno - ä savoir ä partir des années 1960. Le message du « fourneau » y est transmis par le biais de quelques individus mais ce motif est développé dans ce milieu groupal créatif : la creation de nouveaux mots devient un jeu de langage, les nouveaux textes sont créés sous forme de narration réécrite des thěmes traditionnels. En réalité, il ne s'agit pas de quelque chose d'extraordinaire, ce jeu de langage s'est toujours effectué et s'effectue encore de cette maniěre. Mais sa spécificité repose sur cette origine, ce parier du « fourneau », qui provient de Brno et qui s'oppose ainsi ä un autre centre culturel, Prague. C'est ä cette époque que le hantec est né, sociolecte qui se nomme lui-méme, qui est consciemment percu et qui est délibérément diffuse en dehors de la communication privée. Suite au statut prestigieux du groupe de ses premiers locuteurs, les autres, notamment les jeunes, sont tentés de participer, de connaitre des textes, recopiés spontanément, et ďen créer de nouveaux. II s'agit néanmoins toujours d'un sociolecte. Mais ce sociolecte n'est plus Section Rrgotologie generale celui de la marge de la société. Le taux de néologismes y augmente, grace á la créativité de ses locuteurs, les chaines synonymiques s'elargissent. Ainsi, pour la thématique de l'argent, par exemple, un dictionnaire du hantec de 2002 énuměre le lexique suivant : bakule, dublony, dukáty, háky, chechtáče, chechtáky, krópy, krupka, krupóny, love, lováče, many, mergle, porašky, patrony, písek, prašule, rantále, škvára, vraný. Cette liste ne recense pas á la fois le mot neutře peníze et le mot substandard frequent prachy ; toutefois, le repertoire contient les items ďorigine autochtone aussi bien que ceux empruntés, y compris des mots empruntés á des argots étrangers. II contient également des variantes morphologiques, des denominations créées par des procédés sémantiques et peut-étre méme des occasionalismes. Ce petit exemple montre pourtant que le but de la creation lexicale n'est pas une denomination de la réalité mais un jeu de langage qui renforce le contact avec les récepteurs du message. La liberation sociétale aprěs 1'année 1990 a promu une nouvelle ěre dans la vie de ce sociolecte : un usage intentionnel du hantec en dehors du groupe replié sur soi. De nouvelles parutions et de nouveaux textes en hantec se multiplient et ce parler spécifique est délibérément développé. L'actualisation lexicale joue un role important. En méme temps, il y a un veritable intérét économique puisque les textes se vendent et trouvent toujours acheteurs. Ces textes représentent, pour les Brnois, un lien fort á leur ville bien-aimée, et ceux-ci que Ton peut qualifier de « patriotes au niveau local » vont toujours y trouver « leurs » mots á eux et méme de nombreux mots nouveaux ; pour ces derniers, il est en réalité difficile de dire quand ils ont commence á circuler et comment ils sont passes dans l'usage commun. Le développement du hantec ainsi que 1'attention envers lui - notamment de la part des amateurs de langue non-spécialistes - sont portés par la vague ďintérét aux lexiques spécifiques des différentes regions (méme des dictionnaires non-académiques de quelques dialectes moraves ont été créés). D'un cóté, on voit apparaitre de petits dictionnaires qui comportent généralement une des variantes ďun lexeme et une acception possible de son sens (par exemple, véška et non plus vejška comme forme au sens ď« un policier » et non plus au sens frequent « une universitě »7 ou bien sežrat někomu něco au sens de « gober » (un propos mensonger envers qqn) et non plus seulement « bouffer » (un repas). De 1'autre cóté, les récits écrits en hantec sont des variantes des thěmes traditionnels et on relěve un nombre assez restreint de textes qui raconteraient des situations quotidiennes. Une catégorie relativement récente de la production en hantec semble étre une écriture parallěle en tchěque standard ďun cóté de la page et en hantec de 1'autre, comme si c'etait une preuve de 1'existence de ce dernier en tant que langue á part entiěre, capable de remplir toute les fonctions langagiěres. Dans cette forme, on connait á present deux ouvrages : Storky z Erbecu [Les contes d'Erbec8] de 2001 et un recueil de légendes de la region de Brno, réécrites en hantec (Bronislav Marek 2005). Cest notamment pour raconter des légendes que les auteurs sont obliges de completer le lexique existant avec des items créés de toutes pieces en rapport avec les sujets spécifiques au contenu. II n'est pourtant pas evident de dire jusqu'a quel point ces néologismes passeront dans l'usage commun. Ce genre de textes renforce 1'idée que la substance primaire ďune langue repose uniquement sur le lexique, c'est-á-dire que les « petits mots » d'un sociolecte sont cryptés á tel point qu'il faut les traduire vers les equivalents standard. Et, d'autre part, cela renforce 1'idée que 7) Le mot etant derive de l'adjectif « grand, haut » ou le seme « position superieure » est actualise dans le premier sens et « enseignement superieur » dans le second. 8) II s'agit d'un surnom d'une station de radio emettant de Brno - Radio Brno Vale (note de la traductrice). Sociolecte de la uille de Brno fíarie KfíČIIOUFl l'on peut traduire les textes en langue standard sans trop de peine vers le hantec sans aucun glissement du sens ou d'interpretation textuelle. Et il renforce egalement l'idee que ce drole de hantec - quoi qu'il represente pour l'un ou pour l'autre - est une chose etrange et occulte et, de plus, amusante. Le role actuel du hantec, son statut, son application pour et en dehors de la communication spontanee ainsi que son emploi dans des recits divers indiquent que l'etude scientifique des sociolectes ne devrait pas etre limitee uniquement au recueil et a l'analyse du lexique. II est tout aussi important d'explorer son fonctionnement, ses fonctions sociales en tant que langage qui delimite et qui reunit une communaute sociale ou autre ; et ceci sans prendre en compte la question de savoir si ce langage est reellement et pleinement utilise. Cette communaute de locuteurs peut varier et evoluer mais elle reflete une continuite langagiere qui perdure, celle d'un langage qui etablit des ponts non seulement entre les locuteurs actuels mais egalement entre les generations. Résumé des étapes et des sources pour le materiel lexical Étape précurseure du hantec — données sur le langage du plotna Des mentions ponctuelles sont recueillies pour les années 1920 et 1930, des données plus anciennes ne sont pas disponibles. • Hantýrka. Vědecká revue pro studium argotu, slangu a reci lidové vůbec. [« Hantýrka ». Revue scientifique pour 1'étude sur l'argot, le jargon et le parier populaire en general], Brno, octobrel935 - février 1936 [revue mensuelle]. • NOVÁČEK Otakar, Brněnská plotna [« Fourneau » de Brno], Brno, édité par 1'auteur, 1929. Aucun materiel accessible n'est disponible pour la periodě datant de la Seconde Guerre mondiale aux années 1960. Le dépouillement des belles-lettres n'apporte qu'un minimum de mentions ponctuelles, des textes cohérents ne sont pas (pour le moment) disponibles. Bibliographie en hantec et sur le hantec A partir des années 1960, des textes particuliers qui stylisaient ä l'aide de traits spécifiques du langage apparaissent - ce ne sont plus les couches marginales de la société au sens socio-culturel ou socio-économique qui sont concernés, mais les groupes de la bohéme - voilä la naissance du hantec. Les textes se répandent en copies, ils pénětrent sporadiquement dans des journaux régionaux et dans ďautres médias. Pour le public, les porteurs de cet argot sont les groupes de folk ä Brno (par exemple Los Brnos, Karabina) et les petits personnages de la ville. Pendant les années 1980, certains textes apparaissent dans des editions privées samizdat. © Section Rrgotologie generale Un plus grand nombre de publications en hantec est paru aprěs ľannée 1989. Ä côté des porteurs originaux de ce langage, ďautres auteurs se mettent ä écrire en hantec -méme pármi les nouvelles generations. Le hantec reste (tout comme les autres sociolectes) un langage de la communication groupale spontanée. En plus, dans les textes écrits, il devient une source de ludicité langagiére pousée jusqu'ä ľabsurde. • ČIČA JELÍNEK Pavel, Štatl. [Le štatl9], 3e éd., Brno, Rozrazil, 1996. • ČIČA JELÍNEK Pavel (éd.), Velká kniha lochecu. [Le grand livre de lochec10], Brno, FT Records, 2001. • ČIČA JELÍNEK Pavel, Velká kniha podělávek aneb nikdy jsem nelhal. [Le grand livre ďemmerdes ou bien je n'ai jamais menti], Brno, FT Records, 2003. • DVORNÍK Petr & KOPŘIVA Pavel et al., Velký slovník hantecu. [Le grand dictionnaire du hantec], 2e éd. revue et augmentée, Brno, FT Records, 2002. • KOPŘIVA Pavel & ČIČA JELÍNEK Pavel & DVORNÍK Petr, Velká kniha hantecu. [Le grand livre du hantec], Brno, FT Records, 1999. • MAREK Aleš, Mezi Svratkou a Svitavou I, II. [Entre la Svratka et la Svitava I, II], Tišnov, Sursum, 2005. • Storky z Erbecu [Les contes ďErbec], Tišnov, Sursum, 2001. • TOMAN Leoš et al., Špígl hantecu. [Le « špígl11 » du hantec], Tišnov, Sursum, 1999. Presque chaque habitant de Brno a des elements de hantec dans son idiolecte, sans méme s'en apercevoir. Ce fait se retrouve également dans les romans modernes, qui, ä ľexception de quelques livres intentionnellement écrits en hantec, retiennent par endroits quelques elements largement répandus. L'examen des blogs créés par les jeunes habitants de Brno n'a apporté aucun nouveau materiel pertinent ; un dépouillement détaillé est néanmoins presque impossible. Le public non-professionnel témoigne ďun grand intérét en matiěre de hantec. Fin 2015, le moteur de recherche Google a trouvé 247 000 references au mot-clé « hantec » : toutefois plusieurs se referent aux mémes textes. A cause de leur ampleur, on ne peut pas envisager ďutiliser ces ressources comme corpus linguistique. La preuve de ľintérét des amateurs de langue pour le hantec se trouve dans la publications de nombreux petits glossaires sur Internet. Voici les liens suivants disponibles : □ ictionnaires des amateurs de hantec sur Internet • http://www.hantec.cz/hantec/slovnik/slovnik - auteur Bronislav Marek, derniěre modification le 27 aoůt 2007. • http://web.telecom.cz/kh - un petit dictionnaire et des nouvelles courtes, derniěre modification le 7. 9. 2000. 9) Signifie « le centre de la ville de Brno » (note de la traductrice). 10) Signifie « le rire » (note de la traductrice). 11) Signifie « un miroir » (note de la traductrice). © Sdcicilecte de In u i 11 e de Brno fíarie KfíČfíOUFI • http://morce.slovniky.org - auteurs Jan Jurásek et al., derniěre modification en 2000-2001. • http://necyklopedie.wikia.com/wiki/hantec - les matériaux de ce site sont modifies conti-nuellement. • http://www.hantec-pgnext.estranky.cz - notamment actualisées entre 2005 et 2009. • http://ploteny.euweb.cz/Slovnik.htm - derniěre modification le ler juillet 2000. • http://www.sepl.rulez.cz/slovniky/hantec/hc_a-d.htm - un petit dictionnaire et des textes ; derniěre modification le ler aout 2009 • http://www. stahuj, centrum, cz/podnikáni _a_domacnost/slovníky/cesko-hantecky-a-hantecko-cesky-slovnik/ - un dictionnaire téléchargeable En ce qui concerne les autres sources bibliographiques en hantec et sur le hantec, elles comprennent deux groupes de textes : les textes publicitaires, qui n'utilisent le hantec que pour une documentation, « actualisation » des feuilletons et autres textes de ce genre. Bien sur, ils n'aspirent pas ä une veritable analyse. Les ouvrages specialises sont peu nombreux et ils sont, dans la plupart des cas, accessibles dans des actes de colloques specialises, dans des actes de jubilés, etc. - il s'agit alors ďéditions limitées. II est done difficile de s'y référer parce que les recueils sous-mentionnés ne sont pas souvent accessibles méme dans des bibliothěques relativement bien fournies. Ces études ne traitent que ďun probléme isolé, le materiel du hantec sert parfois méme seulement ä illustrer un thěme traité ďune maniere plus générale. En parallěle des études ponctuelles, plusieurs mémoires de diplome et des travaux de séminaires ont été écrits, ä Brno ainsi qu'ä ľétranger. S'il ne s'agit pas de mémoires récents, leur accessibilité reste limitée. En somme, le hantec en tant que sujet linguistique ä part entiěre attend encore sa veritable analyse. Selection d'ouurages linguistiques sur le hantec • BENEŠ Bohuslav, « Brněnský 'hantec' a folklór » [Le hantec de Brno et le folklore], in HLOŠKOVA Hana (éd.), Folklór v kontextoch, Bratislava, Ustav etnológie SAV, 2005, pp. 129-140. • KRČMOVÁ Marie, « Funkce slangu » [Les fonctions de 1'argot], in KLIMEŠ Lumír (éd.), Sborník přednášek ze W. konference o slangu a argotu, Plzeň, Pedagogická fakulta, 1989, pp. 79-91. • KRČMOVÁ Marie, « Brněnská městská mluva - odraz kontaktů etnik ». [Le parler urbain de Brno - reflet des contacts interethniques], Sborník prací filozofické fakulty brněnské univerzity A 41, 1993, pp. 77-86. • KRČMOVÁ Marie, « Hantýrka jako jazykový reprezentant města » [« Hantýrka » (jargon) en tant que representant linguistique de la ville], in KLIMEŠ Lumír (éd.), Sborník přednášek z 5. konference o slangu a argotu v Plzni, Plzeň, Pedagogická fakulta, 1995, pp. 48-53. • KRČMOVÁ, Marie, « Jazyk města, v němž žijeme » [La langue de la ville oú nous vivons], Universitas, 28, 1995, n° 1, pp. 65-68, n° 2, pp. 66-70, n° 3, pp. 67-71, n° 4, pp. 67-71. ® Section Rrgotologie generale • KRČMOVÁ Marie, « Proměny brněnské městské mluvy » [Les métamorphoses du parier urbain de Brno], in DANES František et al. (éds.), Český jazyk na prelomu tisíciletí, Praha, Academia, 1997, pp. 225-230. • KRČMOVÁ Marie, « Psaná podoba sociolektu » [La forme écrite du sociolecte], in MISLOVIČOVÁ Sibyla (éd.), Jazyk v komunikácii, Bratislava, Jazykovedný ústav Ľudovíta Štúra, 2004, pp. 54-62. • KRČMOVÁ Marie, « Hantec jako fenomén dnešních dnů » [Le hantec en tant que phénoměne actuel], in Profesor Lumír Klimeš jubilující, Plzeň, Pedagogická fakulta ZČU, 2005, pp. 91-98. • KRČMOVÁ Marie, « Co přináší literární stylizace » [Qu'apporte la stylisation littérai-re], in JANDOVÁ Eva (éd.), K diferenciaci jazykových prostředků, FF Ostravské univerzity, (a paraitre). • NOVÁK Pavel, « Brněnské šalina/šelina ('tramvaj') » [« Šalina/šelina » de Brno (« le tramway »)], in HOSKOVEC Tomáš & ŠEFČÍK Ondřej & SOVA Radim (éds.), Teorie a empirie. Bichla pro Krčmovó, Brno, Masarykova univerzita, 2006, pp. 177-186. • OBERPFALCER František, « Argot a slangy » [Argot et Jargons], in Československá vlastivěda III Jazyk, Praha, Sfinx, 1934, pp. 311-375. • PODHORNÁ-POLICKÁ Alena, Universaux argotiques des jeunes : analyse linguistique dans les lycées professionnels francais et tchéques, Brno, Munipress, 2009. • UTĚŠENÝ Slavomír, « Od plotny k hantecu : areaologické poznámky k vývoji podloží brněnské lidové mluvy » [Du plotna au hantec : les remarques territoriales sur ľévo-lution du substrát du parier populaire de Brno], in KLIMEŠ Lumír (éd.), Sborník přednášek ze 4. konference o slangu a argotu, Plzeň, Pedagogická fakulta, 1989, pp.355- • VALČÁKOVÁ Pavla, « K brněnské hantýrce » [Ä propos du « hantýrka » de Brno], in HOSKOVEC Tomáš & ŠEFČIK Ondřej & SOVA Radim (éds.), Teorie a empirie. Bichla pro Krčmovó, Brno, Masarykova univerzita, 2006, pp. 63-70. • TROŠT Pavel, « O pražském argotizování » [De ľargotisation pragoise], 1936, reproduction in : Studie o jazycích a literature, Praha, Torst, 1995, pp. 7-9. • TROST Pavel, « K slovníku brněnské mluvy » [Ä propos du vocabulaire du parier de Brno], Naše řeč, 56, 1973, pp. 182-184. Abstract Sociolect of the city of Brno This article deals with the evolution and the specific features of "hantec", a sociolect used by the inhabitants of Brno. While the sociolect derives from the so-called "plotna", the original language of the underclass during the period between the two world wars, it has been developed under the term "hantec" among artists and the young. Despite the hype in the media and the resulting caricaturization, this sociolect has become a symbol of identity not only for the inhabitants of Brno but also the traditional local language marker. 370.