Introduction générale : Quatre crises mondiales du système capitaliste


Sous nos yeux, la crise économique mondiale débutée en 2007 tisse son nouveau monde. Les sociétés sont déstabilisées par des périodes de chômage élevé et des inégalités sociales de plus en plus insupportables (Brésil, Europe…). Les finances internationales sont déréglées : faillite de banques mais aussi injection massive de capitaux. Le bilan de la Banque Européenne est passé de 1 500 à 4 157 milliards d’euros en 10 ans. La BCE a ainsi créé plus de 300 milliards d’Euros de liquidités par an depuis 2007 pour soutenir les banques européennes menacées de faillite et relancer l’économie européenne. C’est un record absolu ! Des actualités politiques inquiétantes, comme l’élection de D. Trump aux Etats-Unis, de Jaïr Bolsonaro au Brésil, l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir en Italie, en Autriche, sont le signe d’un profond désarroi des populations. Des crises sociales inédites comme la crise des Gilets Jaunes en France mais aussi au Soudan, en Algérie, en République Tchèque … secouent les pays et les continents. Des guerres, nées du ressentiment de peuples abandonnés, déstructurent des sociétés (Irak, Syrie…).

La dernière crise n’a pas fini de faire sentir ses effets.

Pourtant, cette crise a vu une réaction rapide des Etats. Pourtant, les leçons du passé ont été tirées et les gouvernements disposent de moyens pour empêcher les catastrophes économiques, sociales et politiques du passé. Mais les conséquences sont toujours aussi terribles.

Les crises sont très présentes dans l’évolution économique du monde depuis la Révolution Industrielle. Depuis 1850, se sont succédées : la grande dépression (1873-1896), la crise des années trente (1929-1939), la crise de 1973 puis celle de 2008 dernière en date.

Les économistes se sont très vite penchés sur ce qui apparait comme une aberration dans le déroulement normal de la croissance en économie capitaliste. Les théories libérales n’envisageaient guère les crises, sinon comme un évènement passager lié à des dysfonctionnements dans le fonctionnement du marché censé être pur et parfait.

Des théories de cycles économiques naissent, pour tenter de comprendre les épisodes d’alternance entre crise et croissance.

Dès 1862, C. Juglar a – le premier – émis l’idée de cycles dans l’évolution de l’économie capitaliste. Fernand Braudel (La Dynamique du capitalisme, "Champs", Flammarion -1988) évoque des trends de longue durée (environ 1 siècle) caractérisant l’évolution du capitalisme. Entre ces deux auteurs, d’autres économistes ont travaillé sur ces théories.

Nicolas Kondratiev, en 1922 démontre l’existence de cycles de 40 à 50 ans. Il est rejoint par J. Schumpeter (Business Cycles, 1939) qui propose d’y voir l’influence de l’innovation sur l’activité économique.

Ce schéma met aussi en valeur le rôle de facteurs exogènes dans la théorie des cycles. Les guerres sont des facteurs de croissance au même titre que les innovations. Pour Schumpeter l’innovation est le moteur du changement de conjoncture économique.

Les cycles analysés par C. Juglar sont plus courts, entre 6 et 10 ans. Ils sont liés, pour l’auteur, à des causes conjoncturelles. Enfin, selon Kitchin (Joseph Kitchin, « Cycles and Trends in Economic Factors », Review of Economics and Statistics, vol. 5, no 1,‎ 1923, p. 10–16), il existe aussi des cycles de 40 mois qui correspondent à des anticipations des entreprises sur l’évolution de la conjoncture.

Pour simplifier tout cela, le graphique suivant montre l’ampleur des fluctuations économiques :

Graf

Si les cycles économiques sont acceptés pour les périodes passées, jusqu’au début du XXIe siècle, l’enchainement des retournements de tendances depuis la fin des trente glorieuses interroge les économistes et inquiète légitimement ceux qui s’y intéressent. Car si les théories de cycles permettent de décrire les crises, force est de constater qu’elles ne les prévoient pas et, surtout, qu’elles en évacuent les conséquences. Or, la succession de crises en moins d’un siècle et demi mérite de mettre ces évènements en perspectives : Est-ce qu’il existe des points communs ? Des différences ? Comment les crises ont-elles bouleversé les sociétés ? Les conséquences de ces crises sont-elles les mêmes ?

Il ne s’agit pas ici de faire un cours d’économie, ce n’est pas l’intérêt ni le domaine de prédilection de l’histoire. En revanche, les conséquences économiques, sociales et politiques voire culturelles des crises sont le pain quotidien de l’historien de la période contemporaine !

A partir d’une démarche en quatre points : contexte, déclenchement, déroulement et surtout conséquences, le cours tentera de dresser un tableau des quatre crises et d’en faire émerger les caractéristiques essentielles. Il s’agit ici de faire réfléchir sur des évolutions lourdes de menaces.

Exercice de synthèse : lire ce texte et répondre aux questions.

Text
Manuel Magnard première ES 2004
  • Quelles sont les différentes phases du cycle selon J. Schumpeter ?
  • Quelles sont les nouveautés qui modifient l’économie ? Comment les classer ?
  • Quels sont les dangers de cette évolution ?

Une définition : un cycle économique est une période plus ou moins longue, caractérisée par l'alternance d'une phase de hausse et d'une phase de baisse de l'activité économique. Mais ces deux phases se divisent en plusieurs étapes :

Pater Tenebrarum is an independent analyst and has been active in the financial markets for 28 years. He writes economic and market analyses for independent research organizations and a European hedge fund consultancy. His articles are regularly published at the blog 'Acting Man'. The blog presents articles on the markets and the economy in a mixture of commentary on current events as well as on economic theory and history from an Austrian School of Economics point of view.